L A V I E
PEINTRES
FLAMANDS,
ALLEI/IANDS ET HOLLANDOIS, AVEC DES PORTRAITS
Gravés en Taille-donce, wne inrlication de leurs
principaux Ouvrages, 8c des Réflexions fur
leurs différentes manieres.
Par Mr. j n T)KS_C 4MPS Pe:/!tre> Membre de
V'AcadémieImperialeFranciscienhe, de celle des Sciences, Belles-Ijetlres et Ai ts de Honen, et Professeur de PEcole ■ du Dessein de la ménie Ville. |
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T O M E TROISIEME:
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A PARIS,
DssiiKret S-iit-LiST rue ^e S# Jean de Beauvais,
rue du Foin. |
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Chez
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M DCC LX.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE PU ROL |
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.-,
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A MONSIEUR
DE LA LIFE DE JULLY,
INTRODUCTEUR
DES AMBASSADEURS, HONORAIRE
DE L'AGADÉMIE ROYALE
DE PEINTURE & DE SCULPTÜRE.
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ONSIEUR,
Les Ouvmges qui parlent des
Artijlcs & des Arts, ne pcuvent ai ij parou
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paroitre fous de meilleurs aiifpices
que fous les noms de ceux qui les cultlvent y qui les honorent, & qui les protégent comme vous. La Peintiire & la Gravure font vos amufeménts, MONSIEUR, (a) & c'eflau milieu
(a) M. de la Live peint en minia-
turc, et il a gravé pres de cent Pïanefees, que les meilleurs Artistes ne désavoue- roient pas. Tout Ie monde connoit son Cabinet de Tableaux des Ecoles Flamande et Hollandoise. En Amateur instruit, il a formé encore un Cabinet uniquement de nos Maitres Franc;ois, anciens et moder- nes; il y a ajouté les terres cuites des ré- ceptions des Sculpteurs qui composent 1'Académie Royale, et d'autres morceaux aussi précieu^ : ensorte que ce seul Cabi- net renferme une partie des chef-d'ceuvres ^deJ'Eedle Fransoise, et justitie 1'estime de 1'Europe pour elle. |
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milieu des produclions des plus célé-
bns Artifles que vous vous fakes un plaifir de recevoir ceux qui viennent pour les admirer & les imker: Et vous ne fakes cette immenfe collec- tion avec tant de dépenfe & de choix, que pour Ie pro fit des Arts , & de ceux qui cherchent a parcourir cette carrière longue & difficile, dans la- quelle vous leur ferve^ pour ainji dire, de guide, en leur procurant des modeles rares en tous genres. Je fe- rois trop heureux,MONSIEUR, Ji èclairè & 0.000000e+000lé comme vous Vetes t vous daignie^m'accorder uneparde a iv de
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de cette ejiime qui ejl Ji propre a
encourager ceux qui s9occupent des beaux Arts. |
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Jefuis avec
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MONSIEUR,
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Votre très-humble & très-obéiiïant
Serviteur, J. B. DESCAMPS. |
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Tij
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AVERTISSEMENT.
Crire la Vie des Peintres de
Flandre, d'Hollande et d'Al- lemagne, c'est écrire en partie 1'histoire générale de la Peintu- re, et 1'histoire particuliere de 1'Ecole Fla- mande. Comparer les Ouvrages des Ar- tistes qui ont vécu depuis 1 époque heu- reuse de la Peintm^e a 1'huile, c'est-a-dire depuis les freres van Eyck jusqu'a nous, c'est tracer 1'origine et les progrès, les ré- volutions et les changements, et alternati- vement la chute et la renaissance de cette célébre Ecole. Voila quel a été mon dessein dans eet
utile Ouvrage, dont les deux premiers vo- lumes sont la premiere partie. On a du re- marquer dans presque tous les grands hom- mes, dont j'ai donné la vie, qu'ils ont eu Ie même objet, qui est de représenter la nature, mais qu'ils ont presque toujours eu des manieres différentes de la représenter : on voit notre Art changer continuellement |
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x AJ^ER TISSEME1S T.
depuis les freres van Eych jusqu'a Ru-
hens , et se perfectionner par degrés. Estimables par leurs soins dans la recher-
clie des couleurs, nos premiers Peintres n'a- voient d'autre mérite que celui d'une imita- tion froide de la nature, mais sans ehoix et sans gout. La couleur presque toujours sans harmonie, n'offre jamais que Ie mëme éclat dans les lumieres et dans les ombres ; elles nc changent pas méme par la réflexion des couleurs que doivent rendre les corps voisins. Les tableaux sans dégradation sont privés d'air, 1c dessein est sans véiïté et, sans finesse; les tètesont quelquefois de 1'expres- sion, mais Ie reste de la figure est inanimé. Il est assez rare de trouver des composi-
tions qui plaisent; lesgrouppes séparés sans plan, sans ordre, sans liaison, donnent a peine a ces compositions une supériorité réelle sur des découpures; les draperies sont presque toujours ridicules, des plis boudi- nés et trop multipliés, peu naturels, ont encore Ie défaut de dérober a la vue 1'cx- pression du nu. Quand nos Artistes eurent apportés d'Ita-
lie lc gout qu'ilsy avoient puisé, cettc séche- resse disparut insensiblcment; et ce n'est qu'au temps d' OtLovenius que nous remar- quons une süreté dans la distribution des |
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AJ^ERTISSEMENT. xj
ombres et des luraieres. Cet Artiste spiri-
tuel avoit saisi dans la nature une vérité qu'il communiqua bientöt a son éleve jRu- bens. Celui-ci a enchéri sur sonMaitre, en fixant les regies du clair obscur} qu'il a transmises a son Ecole, jadis célébre, mais dont il n'existe presque plus que Ie nom. L'Académie d'Anvers, en perdant son
Protecteur, [a) se vit abandonnée de ses Maitres et de ses Eleves; les Peintrcs mé- diocres remplacercnt ceux que leur mérite enleva dans les Cours étrangeres, et ce fut alors que Ion substitua la belle couleur ala vraie. Cettc contagion fut presque univer- selle 5 les Artistes étoient esclaves du mau- vais gout des Amateurs, et de 1'avidité du gain. Les Flamands ne francbissoient plus les Alpes pour atlcindre au degré de mé- rite de leurs Maitres, dont les ouvrages ne les toucboient pas même assez pour les cor- riger. La vraie couleur étoit un secret connu a peine de quelques bons Peintres, trop babiles pour se laisser cntrainer par la multitude. C'est au zèle de ceux-ci et de quelques
Amateurs éclairés, que cette Ecole doit son existence. Les premiers se sont prètés (a) Maximilien, Duc de Baviere.
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xij AVERTISSEMENT.
a 1'instruction de la jeunesse, les autres 3
couronner les succes : cependant ce travail pénible et continuel d'enseigner restoitsans récompensc, et n'étoit soutenu que par Ie plaisir que goüte Ie vrai Citoyen, lorsqu'il peut être titile a sa Patrie; ce plaisir auroit même suffit, s'il n'étoit pas démontré que tout corps, sans proteclion et sans autori- té, ne peut subsister long-temps. Telle étoit 1'ombre de 1'ancienne Acadé-
mie d'Anvers, lorsqu'en i^5ó Son Altesse Royale Ie Prince Charles de Lorraine, Gouverneur des Pays-Bas, touche du sort des Arts qu'il aime, fit son entree dans 1'Académie, s'en déclara Ie Protecteur, dis- tribua des prix aux Eleves dans les diffé- rens concours, et accorola des Privileges a tous ses Membres. Cette Ecole a pris un nouveau lustre sous un Protecteur aussi éclairé; les Eleves s'y multiplient ; plusieurs d'entr'eux donnent de grandes espérances de voir renaitre des hommes égaux a ceux qui ont rendu 1'ancienne Ecole si recom- mandablc. La Hollande a joui plus long-temps de
sa réputation; ellea produit jusqu'a présent des Artistes célébres : il est vrai que Ie grand nombre ne s'est distingué que dans un petit genre, dun précieux fini: peuont |
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AVERTISSEMETSIT. xiij
osé s'élever au stile sublime de 1'histoire;
mais si nous en jugeons par quelques ou- vrages de ceux qui s'y sont exercés, et qui sont publics, nous pouvons assurer que la |
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Fe
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upart y auroient réussi. Ce qui a persuadé
s Hollandois de peindre en petit, et ce |
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qui a forcé leur patience a finir leurs Ta-
bleaux, c'est qu'étant d'un volume peu con- sidérable, ils sont plus aisés a transporter, plus séduisants aux yeux des Amateurs, plus faciles a distribuer dans les apparte- ments, et a orner les cabinets des Curieux : avantage que ne peuvent avoir les ïableaux d'histoire en grand, si ce n'est dans les Egli- ses et dans les Palais. L'opulence de la Hollajnde toujours sou-
tenue et ranimée par son commerce, et par 1'affluence des Ministres étrangers qui y at- tirent de toutes parts des Artistes, par 1'es- pérance de s'enrichir de leurs productions, eet encouragement y fait toujours fleurir les Arts qu'elle a enlevés a la Ville d'An- vers avec son Commerce. L'Allemagne conserve toujours sa gloï-
re; plus voisine de 1'Italie que la Flandre el la Hollande, elle peut envoyer plus ai- sément ses Eleves étudier les anciens et les modernes a Rome, a Venise, etc. : aussi voit-on régner dans leurs ouvrages un gout |
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xiv AVER TI SS E MENT.
sage pris dans la nature, et déterminé par
les modeles antiques, ces modeles qni gui- dent les Artistes, et les empêchent d'adop- ter des nouveautés inventées par Ie raau- vais gout. Elle compte un grand nombre d'Académies, protégées par des Souve- rains et des Princes, et ceux qiü les coni- posent sont employés a embellir les Pa- lais, et a les enricbir de collections précieu- ses. Ce n'est pas seulement aux AHemands
célébres que leurs Princes accordent des faveurs et des distinctions; on verra plu- sieurs fois dans cette Histoire les Princes inviter encore les Peintres Flamands et Hollandois par des pensions et par des hon- neurs. L'Empereur vient de donner des preuves de son estime pour les Arts, en comblantl'Académie Impériale d'Ausbourg de francbises, de privileges, de titres hono- rables; mais Ie plus glorieux de tous, est celui de porter son nom. (6) Je n'ai fait que parcourir rapidement ces
différentes Ecoles, et qu'indiquer leurs principaux cbangements; mais cette His- toire pourra suppleer a un plus long dé- (b) Les Lettres-Patent es sont du 3 Juillet 1755,
données a Vienne. Voyez Ie Jonrnal étranger du mois de Juillet 1756, page 119. |
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AVER TSISEMENT. xv
tail, et portera une lumiere plus süre et plus
eclatante sur les mérites différents des Mai- tres et des Eleves. J'espere obtenir pour cette seconde Par-
tie la même indulgence que Ie Public m'a j accordée pour la premiere; encouragé par
plusieurs Académies célébres, et sur-tout par celle de Paris; éclairé des lumieres des meilleurs Artistes dans les jugements que je porte des Peintres et de leurs ouvrages, je dois assurer encore que je n'ai rien écrit au hazard; que je ne me suis point fié aux traductions ni aux récits suspects; que j'ai vérifié moi-même les faits et les dates que je cite, soit en consultant les originaux, soit en voyageant sur les lieux; et j'aurois voulu pouvoir faire mieux pour mériter son approbation. Le quatrieme Volume ne tardera pas a.
suivrc celui-ci; plusieurs Portraits sont déja gravés, et on ne sera pas long-temps a finir les autres. |
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XV)
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ERRATA.
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JT Age 12, ligne i,PVauwermans,lisezFFouwermans.
Page 18, ligne 1 o, un, lisez une.
Page 49, ligne 34, ees lisez ces,
Page i8o,ligue 33, Marie, lisez Marye.
Page i85, ligne 9, Vendyck, lisez Vandyck.
Page 198, ligne 34, TVauwermans^ lisez TVouwermans.
Page 2^9, ligne 20, Dominicus Gqfridus, lisez Domi-
nus Godfridus.
Page 298, ligne, 19, mouvements, lisez monuments.
Page 327, ligne 6, nature, lisez7a nature. Page 348, ligne 2, Duven, lisez Douven, Page 381 , ligne 21 , au dessus, lisez au dessous. Page 35a, ligue 38, capuleux, lisez crapuleux. |
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ANTOINE-
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ANTOINE-FRANgOIS
V A N D E R
M E U L E N,
Ê L E V E
DE PIERRE SNATERS. ANDER MEULEN a fait
autant d'honneur a la Peinture qu'a la Ville de Bruxelles, oü il naquit en 1634. Ses parents, ri- ches etpleins de gout, fe preferent a faire valoir fes grands talents; ils confierentfon intruftion a Pierre Snayers, Pein- tre estimé de Batailles. Les progrès de Vander Tornt III. A Meuten |
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La Fie des Peintres
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. Meulen furent fi rapides, que fes premiers effais
passerent pour d'assez bons Tableaux. Il pei- gnoit, comme fon Maitre, des Paysages et des Batailles, et il Tégaloit avant que de sortir de fon Ecole. Ses dispositions naturelles, et une étude affidue fortifïerent fa maniere, et on lui remarque dès ces commencemens cette touche facile et légere, qui cara&érise fes Ouvrages. Quelques Tableaux de F'anderMeulen portés
en France furent la cause de fa fortune. M. Col- bert lui commanda quelques Ouvrages que Ie Brun jugea dignes d'entrer dans la colle&ion de ce Ministre : il lui conseilla même d'attirer Ie Peintre Flamand a Paris. M. Colbert, qui n'a- voit d'autres vues que la gloire du Roi, charme d'avoir trouvé un Artiste capable de transmet- tre a la postérité les a&ions mémorablcs de ce grand Prince, fit faire des offres a Pander Meu- 7en3 qui Ie déterminerent a quitter Bruxelles.A fon arrivée il fut logé aux Gobelins, et on lui afïïgna une penfion de 2OOO liv. indépendamment du prix de fes Ouvrages. Il eut depuis 1'honneur de fuivre S. M. dans toutes (es campagnes; de recevoir d'Elle-même chaque jour fes ordres, et fut défrayé par-tout. Jamais Peintre, depuis les fiecles d'Alexandre
et de César, n'eut plus d'occafions de fe distin- guer. La vi&oire qui vola par-tout au devant du Monarque, donnoit fi rapidement a Vander Meulende nouveaux fujets a traiter, qu'il avoit a peine Je temps de les observer et de respirer. Il deffinoit aflidüment et avec la plus grande exaftitude, les campemens, les attaques, les batailles, les marches de 1'armée, et les vnes diffé-
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Flamands, Allemands et Hollandois. 3
différentes des lieux oü les troupes du Roi
s'étoient iïgnalées; les Villes investies, leurs fiéges et leurs prifes. On fcait avec quelle ra- pidité tout fut foumis a Louis XIV. Notre Ar- tiste n'a eu a faire, pour s'immortaliser, qu'a laisser a la postérilé des copies fidelles des vic- toires du Roi. Vander Meuten composa fesTableaux d'après
ces études fi exactes et faites fur les lieux mêmes: il étoit étroitement lié avec Ie Brun, qui de fon cóté travailloita embellir lesPalaisdeVersailles et du Louvre, &c. Tous deux pleins du defir de mériter les bontés d'un fi grand Maitre, cher- cherent a fe furpasser, et Ie chercherent de bonne foi. lis ne fe cacherent rien de leur art; et cette noble émulation , fondée fur Ie mérite, les unit tellement, que Ie Brun donna fa niece en mariage a Vander Meulen devenu veuf. Sa fortune doja très-assurée par les seuls Ouvrages qu'il faisoit pour Ie Roi, ne pouvoit qu'aug- menter par la nouvelle faveur que lui donnoit ce fecond mariage. Il eut cependant quelques fujets de chagrin qui balancerent les honneurs et les ri- chesses dont il jouissoit. Les Ecrivains Hollan- dois, Houbraken & FVeyermans, attribuent fes peines a 1'inconduite de fa derniere femme. Quoi qu'il en foit, il mourut a Paris en 1690, agé de 56 ans, et fut inhumé dans 1'Eglise de S. Hyppo- lite fa Paroisse; il laissa trois enfants, deux filles et un gar9on qui embrassa 1'Etat Ecclésiastique. Vander Meulen avoit un frere appellé Pierre Vander Meulen, qui a eu de la réputation dans la Sculpture; il passa avec fa femme en Angle- terre en 1670, oü Pierre van Bloemen & Lar- gilliere Ie fuivirent. A z On |
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4 La Vie des Peintres
~~~---- On peut regarder V^ander Meulen comme un
I°34' imitateur exaft de la nature; fa couleur est ex-
— cellente, fon Paysage, fes lointains et fes ciels, tout est clair et fuave, rien n'y est outré Quoi- que fes figures foient habillées felon la mode du temps, il les disposa fi bien au profit de la Pein- ture, il les grouppa fi heureusement, que fesTa- bleaux font toujours un très-grand efïet: fon des- sein est correö et fa touche fpirituelle. Il avoit 1'art de répandre fes lumieres fi a propos, et de leur opposer fi avantageusement fes ombres,qu'on est fnrpris des prestiges de cette magie dans quel- ques-uns de fes Tabieaux, et fur-tout dans ceux dont les plans uniformes avoient besoin de eet artifice. Comme la plupart des Ouvrages de eet Artistefont gravés, nous ne nous étendrons pas davantage fur fa maniere, qui est connue. Voici une liste des plus considérables de fes Tabieaux. On voit au Chateau de Marly vingt neuf Ta- bieaux peints fur toile; les prises de Luxembourg, de Dinan, deDouay, de Lille, de Valencien- nes, de Mastrick, deTournay, de la Citadelle de Cambray, d'Oudenarde, de Dole, de Cour- tray, de Naerden, de Leuve, de Charleroy, de Salins, de Joux, d'Ypres, de Condé et de Besancon; une autre vue de Luxembourg; Ie Roi passant fur Ie Pont-Neuf; 1'entrée de la Reine dans Arras; les vues des Chateaux de Fontainebleau, de Vincennes, de Saint Ger- main, de Versailles; trois Batailles; les qnatre conquêtes qui font peintes fur les murs du grand escalier de Versailles, représentent les prises de Valenciennes, de Cambray, de Saint Omer, et la bataille de Mont-Cassel. Les conquêtes du Hoi
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Flamands, Allemands et Hollandois. 5
Roi font dans lestrois Réfedoires desinvalides.
On voyoit du même a Paris, chez M. de la
Bouexiere un beau Paysage, Louis XIV y e*t. dans un carrosse, fuivi dun nombre considéra- ble des principaux de la Cour. Chez M. de la Live de Jully, Louis XIV
dans fon carrosse; plufieurs Seigneurs accompa- gnent ce Prince. Chez M. Lempereur, une Bataille fur Ie pas-
sage d'une riviere. Chez M. de Julienne, une etnbuscade dans une
Forêt, oü Louis XIV commande en personne. Chez M. d'Argenville, Maitre des Comptes,
Monsieur, frere unique du Roi, allant au Siége de Saint Omer. A Bruxelles, chez Ie Prince Charles de Lor-
raine, cinq Batailles du bon temps de Vander Meulen. |
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BERNARD SGHENDEL.
ON fcait fi peu de la vie de ce Peintre né a
Harlem, qu'il ne fera cité que pour avoir vu un de fes Tableaux en Hollande : il repré- sente une fête bachique bien deffinée et bien co- loriée. On vante beaucoup les Ouvragcs de eet Artiste qui a formé de bons Eleves. |
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A 3 CORNILLE
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La Vie des Peintres
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CORNILLE KICK.
—7— 17" IC K auroit fait une grande fortune par fon
35' JVpinceau, s'il n'avoit eu inalheureusement ----' une indolence plus forte encore que fon talent.
Il répondoit a fes amis, qui fouvent la lui re-
prochoient, qu'il croyoit qu'il n'y avoit qu'une femme et un ménage qui pussent Ie rendre plus vigilant. Il fe maria et n'en fut pas moins pares- seux. Il naquit a Amfterdam en 163 5; Houbra- Teen pretend que fon pere étoit Peintre, Weyer- mans assure qu'il étoit Sculpteur. Quoi qu'il en foit, on ne fcait qui lui a appris a peindre; mais il commenca par une grande réputation dans Ie Portrait; fes Ouvrages font du plus beau fini. La jalousie qu'il eut de la perfeöion des Ta- bleaux de fleurs de Dehéem, lui fit essayer ce même genre, et il y réuffit; il abandonna Ie Por- trait, et fes Tableaux de fleurs eurent tant de vogue, et furent vendus fi chers, qu'il Je mirent a portee de trouver un très-bon parti: il épousa la fille de M. Spaaroog, homme considérable et tevctu d'une Charge honorable au Mont de Pié- té {a). Enfr'autres biens, Kick en eut en dot un très-beau jardin, qu'une recherche curieuse de fleurs
(a) C'est un endroit oü 1'on prête sur gage avec un
trcs-petit intéiêt. Il s'en trouve oü 1'on prête sans in- téiéi, il y a uu temps fixe pour retirer ses effet : ce temps passé on vend publiquement ce qui n'a point e'té retiié ; on vous rend Ie surplus de la vente, c'est-a- dire, ce qui excéde ce que 1'on a donné en pret. |
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e L__
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Flamands, Allemands et Hollandois. 7
fleurs rendoit pour lui un fonds inépuisable de
richesses, s'il avoit f511 en tirer parti; mais fa paresse 1'empêcha d'en profiter. Plein de génie, il passa presque fa vie a ne rien faire; il lui étoit plus agréable d'admirer la nature que de 1'imi- ter; il crra de maison en maison, de Ville en Ville, et revint enfin a Amfterdam, oü il mou- rut fans qu'on ffache en quelle année. Il peignit admirabletnent les fleurs, et sur-
tout les Tulipes et les Hyacinthes. Son peu d'amour pour le travail, qui lui fut fi nuifible pendant fa vie, a rendu fes Ouvrages très-rares et très-chers après fa mort. Sa maniere est facile, fa couleur fraiche, fon
pinceau flou, qualités requises pour ce genre de peinture. Il est fingulier qu'avec un fond in- corrigible de paresse , il eüt une patience incon- cevable a bien terminer. Ses Ouvrages font efti- més et recherches dans toute la Hollande; mais a peine font-ils connus en France. |
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CORNILLE BRISÉ
ET N. BLEKERS.
VO n d E l , Poëte Hollandois très-connu,
a célébré dans ses vers Brizé & Blekers; le premier eut un talent supérieur a représenter des objets inanimés, tels que des bas-reliefs, des inftruments de Musique, &c. Le morceau le plus surprenant de ce Peintre dans ce genre, est nn amas de Registres, de liasses de papiers en forme detrophées, que Ion voit dans un Hotel A 4 de
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8 La Vie des Peintres
1635. de Ville enHollande; il sembleque 1'air enfafle
■——^remuer et tourner les feuillets, tant la nature est bien saisie. II ne réuffit pas moins bien a pein- dre des cuirasses, des piques, des carquois, des boucliers, &c. Il faut que ses Tableaux rendent bien parfaitement ce qu'ils représentent, puis- qu'ils sont tres-recherches, malgré la petiteffe de sujets, tant ia nature eft précieuselorsqu'elle eft imitée. Blekers , natif d'Harlem, eft connn pour un
bon Peintre d'Hiftoire. On trouve dans .ses O11- vrages du feu, du génie et un?1 grande correc- tion de deffein. Vondel a fait des vers sur la Danaë de Blekers, peinfe pour M. van Halte- ren. Son plus beau Tableau étoit Ie triomphe de Vénus; il Ie fit pour Ie Prince d'Orange. On ne f^ait rien de plus de eet Artifte eftimé. |
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FRANgOIS POST,
ÊLEVE BE SON P E RE JE AN POST.
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FflAN^Ols Post, issu d'une familie d'Ar-
tiftes, naquit a Harlem de Jean Post, Pein- tre sur verre; il commenca sous son Pere. On ne connoit pas Ie Maitre qni Ie perfeöionna. II avoit un frère Archite&e du Prince Maurice qui Ie fit connoitre. Quelques tableaux procuré- rent au Peintre une Penfion de la part du Prin- ce qui même peu de temps après 1'admit a sa suite dans son Voyage aux Indes en 1647. Fran- $ois Post y resta plusieurs annés avec son Pro- tedeur; il y avoit defliné les vues les plus fin- gulieres
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Flamands, Allemands et Hollandois. <)
gulieres de cette contrée, et a son retour il en 1635.
fit des Tableaax qui furent places dans la mai- -ma*— son de Ryksdorp, pres de Wassenaer. Un de ses principaux dontparle Houbraken, ornoit la maison cTHonstaardyk, et rien n'est plus agréa- ble que ses Paysages. Un choix heureux des fi- tuations, un etnploi fcavant des arbres, des plan- tes el des terrasses de ces lieux sauvages et in- connus; une grande variété, une bonne couleur une légéreté admirable dans la touche, flrent la réputation et la fortune de Francois Post : il mourut a Harlem Ie 17 Février 1680. Il eft sur- prenant que Ie génie de nos Peintres se borne a I'Europe, que leur pinceau semfaleavoir épuisée. La peinture devroit a son tour étendre ses con- quêtes aux deux Indes, et prendre possession d'une nature ü dirTérente de Ia nötre : il ne de- vroit être permis qu'a la Religion et aux Arts de faire des conquêtes. JAGQÜES RÜISDAAL.
RU 1 S D A A L naquit a Harlem. Son pere, qui
étoit Ebénifte, voulut placer son fils dans un état plus élevé. Ruisdaal fit assez de progrès dans les Ecoles latines; il étudia la Médecine et la Chirurgie. Si nous en croyons Houbraken , Ruisdaal s'étoit déja diftingué par plusieurs opérations brillantes et heureuses, avant que de commencer la Peinture, oü il a acquis un nom qui nest point équivoque. Il est certain qu'il y a des Tableaux de lui qu'il a faits a l'age de douze ans, qui surprendront tous les Artistes. Les
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La fie des Peintres
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J63 ?. Ouvragesdei?ergAe/n,compatriote deRuisdaal,
■■■■■ii 1"i plurent beaucoup, il sembloit même qu'il y avoit quelque rapport entre leur génie; il fut Ie chercher a Amfterdam, et lui fit part de 1'ex- trême envie qu'il avoit de peindre. On ne dit pas que Berghem fut son Maitre, mais on assure qu'ils devinrent étroitement lies d'amitié. C en est assez pour nous faire croire que cette union intime a contribué a l'avancement de Ruisdaal. Un soupcon devient certitude quand, en exa- minant ses Ouvrages, on reconnoït la touche et la couleur de celui qui a été son guide. Ruisdaal deflina daprès nature des vues qu'il a placées dans ses Tableaux; il peignoit d'après eux-mê- mes des arbres, des plantes et des ciels: c'eil une attention et une étude, sans lesquelles il n'y a jamais de grands succès.SesTableaux furent ache- tés chers, et places parmi ceux des Peintres les plus renommés. Ruisdaal & Berghem, toujours lies d'amitié, ne copierent que les environs d'Amfterdam, et n'ont jamais sorti de leur pays, malgré certains Ecrivains qui les ont promenés a Home. Mais pour ceux qui s'en tiennent au Pay- sage, dira-t-on que les voyages sont assez inu- tiles, qu'il y a par-tout des terrasses,des plan- tes, des arbres, des eaux et des montages : il faut cependant convenir que la difFérence des ciels pour leur touche, les fituations difFérentes, des fits plus riches par de belles fabriques, et sur-tout par les ruines des Palais, des amphi- théatres et des anciens monumens, enrichissent 1'imagination du Peintre et ses Tableaux, de facon qu'a talent égal on distinguera toujours celui qui a vu beaucoup de choses et de gran- des,
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Flamands, Allemands et Hollandois. il
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des, de celui qui n'a regarde que son canton. 1635.
Ruisdaal a mérité, outre Ie nom de bon Pein- -«—
tre, celui de Fils estimable; il eut Ie plus grand soin de son pere pendant sa vieillesse; ce fut peut-être Ie motif qui l'empêcha de se marier. Cet habile Artiste a vécu trop peu pour ses ta- lents et pour sa vertu; il alla demeurer a Har- lem, oü il mourut peu de temps après, Ie 16 Novembre 1681. Nous ne ferons que citer Salomon Ruisdaal,
frere ainé de Jacques de pres de 20 ans. Salo- mon étoit un froid imitateur de van Goyen et de Schoeft: ses Paysages ne seront jamais compa- rés a ceux de son frere, fi ce n'eft par des demi- Connoisseurs qui n'achetent que les noms; celui- ci possédoit une composition ressemblante au Marbre; elle 1'égaloit en dureté, et étoit propre a recevoir Ie poli: il eft mort avant son cadet en 1670. Jacques Ruisdaal peignoit Ie Paysage et des
Marines; il fcavoit imiter la nature , mais il ajoutoit a la vérité un grand éclat par des oppo- fitions de lumiere bien contraftées; sa couleur eft chaude et dorée, la touche de son pinceau eft fine et décidée, et représente et termine bien Ie feuillé des arbres, Presque tous ses Tableaux représentent des Ports et des Rivages de la Mer. Il y a dans la pluparc de ses Paysages un canal ou quelque ruisseau : étoit - ce par Ie rapport quun courant d'eau avoit avec son nom, qui fignifie en Francois chute bruyante? Si c'étoit-la son idee, il falloit, pour la suivre, des casca- des, des cours rapides, des torrens. Comme il ne peignoit pas bien la figure, il empruntoit la main
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12 La Vie des Peintres, etc.
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1646. main des Wauwermans, de Vanden Velde, &c.
qui n'y garoient rien. Ses Tableaux commencent a être connus en France, oü ils sont auffi efti- més qu'en Hollande. On voit de lui dans Ie Ca- binet de M. Ie Comte de Vence, a Paris , un Tableau très-piquant; il représente un Paysage et un moulin a vent, au bas duquel est un ca- nal, &c. Chez M. Lempereur, un Rivage de Ia Mer,
avec beaucoup de figures, et deux autres Paysa- ges du même. Chez Ie Prince de Hesse, en Hollande, un
beau Paysage avec figures. A la Haye, chez M. van Slingelandt, Con-
seiller, une Chute d'eau dans un Paysage. Chez M. Lormier un Paysage, dans lequel eft
un pont sur un canal, et dans Ie lointain eft une écluse. Chez M. Henri Verschuring, une vue d'Harlem dans Ie fond d'un Paysage; un Pay- sage avec une eau courante; quatre autres Pay- sage dans lesquels est une Chute d'eau. Chez M. van Brémen, un beau Paysage. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, Ie de-
dans d'une Eglise, avec des figures de Philippes Wouwermans; deux autres Paysages, dont 1'un représente un Hy ver. A Roterdam, chez M Bisschop , un Paysage
avec des figures par Adrien Vanden Velde. Et chez M. Horutner Ie jeune, a Rouen, un
Paysage avec une eau calme, un Clocher et deux Moulins. |
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FRANCOIS
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MIERI S,
É L E V E
DE GERARD DAUJV. I E R I S fi connu, fi célébre "
par sa maniere de peindre, s'est, immortalisé, quoique dans un petit genre; il a surpassé par un beau fini, ceux-mêmes qui ont eu la noble et pénible ambition de bien terminer leurs Ouvrages. Franqois Mieris illuftra la Ville de Delft par
sa
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i4 La Fie des Peintres
1635. sa naissance Ie 16 Avril (a) 163 J. Il naquit de
' cation : son pere étoit Orfévre et Lapidaire; il destinoit son fils a sa Profession, mais entrainé par un penchant invincible, ce fils ne put se con- tenir dans les bornesoü 1'on vouloitl'assujettir. On Ie vit bientöt couvrir les murailles de la maison de figures d'hommes et d'animaux,mais avec plus de gout que n'en ont les essais infor- mes des enfants. On fit entendre au pere que les plus grands Peintres s'étoient ainsi annonces; ilcéda, en apparence, a eet inftinót de son fils pour Ie dessein; mais il pensoit au fond, qu'en Ie laissant se perfe&ionner dans eet Art, il n'en seroit que plus propre a son Métier. 11 Ie placa chez Abraham Toornevliet, Peintre habile sur verre, et Ie meilleur Dessinateur du pays. Les progrès de 1'Eleve furent fi rapides, et sa voca- tion pour Ie pinceau conlinuad'être fi décidée, que son pere, enfin convaincu, Ie livra tout en- tier et sans reftriction a son génie. GerardDauw fut choisi pour son Maitre; ce fut lui qui Ie nom- ma Ie Piince de ses Eleves. On craignit ensnite de réduire a de petits sujets un jeune homme qu'on voyoit capable des plus grands, et réel- lement la facilité et la fermeté de la touche s'ac- quierent plutót en traitant THiftoire. On Ie mit donc chez Adrien Taanden Tempel, mais Mieris avoit déja choisi sa maniere. Celle de Gerard Dainv étoit celle qu'il aimoit, et la plus con- forme (a) Houbraken fixela naissance AeMieris au ïGAvril,
et Weyermans qui a écrit depuis, Ie croit né ie i o Avril i635 : très-petite et très-peu importante diffe'rence. |
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Flamands, Allemands et Hollandois. i5
forme a son génie : il rentra dans cette Ecole, 1635.
et il ne la quitta que quand il n'eut plus rien a xa«r apprendre que de la nature. Sorti de chez son Maitre, a peine Mieris eut-
il montré quelques-uns de ses Ouvrages, qu'ils furent admirés et recherches. MM. Vredenburg, Gerard, et Ie Professeur Silvius , marquerent entr'autres Ie plus d'empressement; Ie dernier même, pour éviter toute concurrence, oirrit non-seulement de prendre tous lesTableaux que feroit Mieris, mais de les prendre au prix que 1'on y mettroit. Gette hardiesse, de la part d'urt Connoisseur, fit ouvrir lesyeux, et redoubla l'émulation des Acheteurs; mais loin de donner a l'Artifte cette présomption fi contraire aux progrès des talents, elle redoubla en lui 1'atten- tion et les soins de mériter de plus en plus cette eftime générale. Silvius d'admirateur de Mieris devint son ami; il eut la delicatesse, pour la gloire duPeintre, de ne pas vouloir posséder seul ses Ouvrages; et dans la vue d'étendre sa réputation, il lui fit faire pour FArchiduc un Tableau dont voici Ie sujet: Une jolie Mar- chande dans sa boutique, développe des étoffes de soie a un homme bien mis; on voit que s'il les regarde, il eft moins occupé de leur beauté que des graces de celle qui les lui présente. LArchiduc, enchanté de 1'Ouvrage, fit payer mille florins a TArtifte, lui proposa un établifle- ment a Vienne, un prix considérable de chacun de ses Tableaux, et de plus une pension de mille Rixdaelers. Mieris remercia lePrince, et s'ex- cusa sur 1'attachement qu'avoit sa femme pour Ie pays de sa naissance. Les
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i6 La Jf'ie des Peintres.
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i6">c. Les Hollandois, touches de ce sacrifice, en
*^—ar marquerent plus de confidération a leur com- patriote, et lui procurerent toutes sortes d'agré- ments: il vécut familierement avec les gens les plus qualiflés et les plus riches du pays; et cette société, en lui faisant honneur, lui procura aufli un débit très-avantageux de ses Tableaux. M. Cornille Poots lui fit peindre Ie Portrait
de sa femme; Mieris y travaiüa long-temps, il y épuisa tout son Art : c'eft peut-être Ie plus prccieux de ses Tableaux. Il entreprit pour Ie même un snjet très-piquant; il représente une jeune Dame évanoiiie, un Médecin pres d'elle qui cherche a la ranimer par ses remèdes, tan- dis qu'une vieille femme en pleurs semble de- mander du secours. Mieris fut payé un ducat par heure pendant Ie teraps qu'il y travailla, et il couta quinze cents florin.s Le Grand Duc de Florence étant pour lors en Hollande, en offrit 3COOflorins, sans pouvoir 1'obtenir. Ce Prince honora souvent notre Artifte de ses visites, et lui fit finir pour lui un Tableau, dont 1'ébauche 1'avoit extrêmement frappe : c'est une Femme très-jolie qui est debout, et qui tient un Luth; son habit est de satin blanc; derriere elle est un fauteuil de velours verd, dans lequel est une autre Dame dans un deshabillé galant, qui consiste en un petit manteau de velours, de cou- leur de pourpre, doublé d'hermine : elle tient un verre qu'elle porte a sa bouche; un Domes- tique attend avec un plat d'argent pour recevoir le verre vuide; un jeune Homme en manteau de velours nuir eft pres d'une table couverte d'un beau tapis; il s'y amuse a voir un Singe qui man- ge |
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Flamands) Allemands et Hollandois. f]
ge des confirures qui sont sur cette table; un ri-
deau de soie entr ouvert décuvre au fond d Tableau une galerie d'une b< lle archirefture, dans laquelle un homme et une femme s'eutre- tiennent a 1'écart. Le Grand Duc fut fi content de ce Tableau,
qu'il le paya mille Rixdaelers, et lui en corrt- manda plusieurs autres. Mieris lui envoya son Portrait en grand; il y tient un petit Tableau qui représente un Maïtre de Clavecin, qui donne lecon a une jeune personne:ce Poitrait futrec,u froidement etsans récompense. Mieris, peuins- truit des intrignes des Cours, se trouva sacrifié pour avoir refusé de peindre un Courtisan avant son Maïtre; il soutint cette mortification avec assez de philosophie; il n'en marqua aucune al- tération, et bientöt ses talents supérieurs le mi- rent a l'abri des brigues: mais s'il fcavoit se met- tre au dessus des injustices, il ne (ut pas assez en garde conlre un amusement dangereux. Le plaisirqueMzm^prenoit a entendre Jean
$léen(bon Peintre, conteurplaisant, maiscra- puleux) manqua de le perdre. Il aimoit tant a vivre avec lui, qu'il lesuivoit dans des débau- ches, qu'ils pousserent souvent a 1'excès; il passoit des nuits a 1'écouter et a boire. Cette mauvaise habitude fit bien perdre du temps a Mieris, et pent-être abrégea ses jours; cependant il amassa de grands biens; et, ce qu'on ne peut concevoir sans avoir connu les contradiflions dont le coaur humain est capable, c'est que Mie- ris débauché lui-même, ne pouvoit soufFrir ce vice dans les autres. Il retira son fils de chez Lairesse, grand Peintre d'Histoire, qu'il crutca- Tome III. B pable? |
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l8 La Vie des Peintres
pabie de lui donner un fi manvais exemple. Jean
Slcen fut a sesyeux ü sévéres d'ailleurs, Ie seul privilegie : on ne peut expliqner cette bizarre- rie, qu'en disant que Mieris avoit plus d'amitié pour Steen, que de gout pour son vice. Je ne puis m'etnpêcher de mettre ici une aven-
ture que ce commerce oocasionna; elle est maus- sade, mais elle n'est pas hors de place, par- ce qu'elle donne une idee du talent et du carac- tère de Mieris. En quittant Jean Steen par une nuit fort obscure,il tomba dans un cloaque que des Macons avoient laissé ouvert : il y auroit péri, fi un Savetier et sa femme qui travailloient dans une boutiquo voisine, ne reussent entendu se plaindre : on Ie tira, on Ie lava, on Ie mit dans un lit bien chaud, et on Ie ranima avec un coup d'eau-de-vie. Le lendemain Mieris s'ha- bille et sort, mais non sans bien remarquer la maison oü on lui avoit rendu un fi grand ser- vice. Il s'enferma chez lui, et travailla a ua petit Tableau qu'il porta un soir a ses Libéra- teurs; c'est, leur dit il, de la part dun hom- me que. vous avez tiré nne nuit du plus vilain pas oü il se soit trouvé de sa vie; s'il vous prend fantaisie de vous en défaire, portez-le a M. Paats qui vous en donnera un bon prix. La bon- ne femme, qui avoit plus de confiance en son an- cien Maitre, le Bourguemestre Jacques Maas, fut lui montrer le lendemian le Tableau, et lui conta toute 1'aventure : il reconnnt Mieris a son Ouvrage; et assura sa protégée qu'elle ne devoit pas ceder ce morceau a moins de huit cents flo- rins; et réellement on les lui compta sur le champ. Ce trait fait, ce me serable, honneur au
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Flamands t Allemands et Hollandois. 19
#li talent et a la générosité deMieris. Quel au-
tre que lui pouvoit donner un Tableau li pré- cieux, etqui valoit une Lettre de change? Peut- on avoir plus de delicatesse dans sa libéralité, que de faire un présent ficonsidérable, sans mê- me vouloir être connu ï Mieris se corrigea, me- na une vie plus rangée, mais ne survécut gueres a eet accident: il mourut Ie 12 Mars 1681, a peine agé de 46 ans. Il fut enterré a Leyden, dans 1'Eglise de Saint Pierre. Ses deux fils Jean & Guillaume furent du nombre des grands Ele- ves qu'il a formés : il en sera fait mention dans Ja suite de eet Ouvrage. Mieris a surpassé Gerar Douw son Maitre;
il dessinoit mieux et avoit plus de finesse; sa touche est très-spirituelle, sa couleur avec plus de fraicheur est moins tourmentée, et ses Ta- bleaux ont plus de force. Comme il peignoit sou- vent en plus petit que Gerard Douw, ses com- positions dans Ia même espece sont d'une plus grande étendue, ses plans sont plus vagues, et on se promene a 1'entour des objets qu'il a re- présentés. Il copioit, comme lui, ses modèles avec Ie verre Concave, sans se servir des car- reaux pour les dessiner. Uoubraken & ffejermans ont fait la des-
cription de plusieurs Tableaux de Mieris, et entr'autres une Sainte Familie qui étoit destinée au Marquis de Bethume, par Ie prix de ijoo florins: elle étoit a Leyflen, chez M. Desoubrie. Ce Tableau n'étoit pas fini a la mort de Mieris, Guillaume son fils y peignit 1'Enfant Jésus, ce qui fut cause que Ie Marquis de Bethume refusa de Ie prendre au même prix, Les Ouvrages de B 2 Mieris
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ïo La Vie des Peintres
1635. Mieris sont recherches et payéstrès-cher; on en
trouve dans les plus beauxCabinets en France; mais ils sont en plus grand nombre en Hollande. Dans la riche collettion du Roi de France, on en voit trois d'une grande beauté •■, une Dame a sa toilette; un jeune Homme faisant des bou- teilles de savoii; et un Marchand de volaille et de gibier. Chez M. Ie Duc d'Orléans, une Femme qui
mange des huitres qu'un Homme lui présente; elle est habillée d'un manteau d'Ecarlate doublé d'hermine, et assise pres d'une table couverte d'un tapis de Turquie: une Bacchanale de deux Femmes nues, et de deux Satyres qui jouent de la flüte; un Chymifte; un Enfant qui fait des bouteilles de savon; et Ie Rotisseur. Chez M. Ie Comte de Vence, Ie Portrait de
Mieris peint par lui-même en 1674. Chez M. de Julienne, Chevalier de S. Mi-
chel, un Tableau représentant la Mélancolie auprès d'une figure de marbre, et des instru- mens de musique. Chez M. de la Bouexiere, un Tableau ou
Mieris est dans son attelier assis devant son chevalet, peignant Ie Portrait d'une Dame (c'eft sa femme) qui se tient debout habillée en satin blanc. Chez M. de Gaignat, un Fumeur et une fem-
me avec un Perroquet. Chez M Ie Marquis de Vojer, une femme a
sa toilette, pres d'elle est un Maure. Chez l'Ele&eur Palatin, une Femme qui ca-
resse un Chien; une Femme évanouie, pres d'elle est une vieille er deux jeunes Filles qui paroissent
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Flamands, Allemands et Hollandois. 21
paroissent inquietes, tandis qu'unMédecinexa- 1635.
mine 1'urine de la malade; un Officier tenant ^mmr une pipe; la Fuite en Egypte; un Villageois Hollandois qui fume et qui tient une bouteille de liqueur; deux Figures pres d'une table, sur laquelle est uneBarbue; Ie Portrait de Mieris et celui de sa Femme. Chez Ie Prince Charles, a Bruxelles, une con-
versation oü se trouve Ie Portrait du Peintre; un autre Sujet a la lueur du flambeau. Chez Ie Prince de Hesse, un Tableau avec
deux Figures et deux Marchandes de légumes. A la Haye, chez M. van Slingelandt, Rece-
veur général de la Hollande, notre Peintre dans son attelier; sa Femme est assise pres de lui, elle agace un jeune Chien que la mere veut défendre : Ie Portrraitdun Professeur enBota- nique. Chez M. Fagel, GrefEer, un petit Por- trait; un Oiseau dans sa cage. ChezM. Ie Lor- mier. Ie Portrait d'un Seigneur assis, et auprès de lui un Negre et un Chien; une Dame a sa toilette, une Negresse lui verse de 1'eau avec une aiguiere d'argent; une Femme avec son en- fant et un petit Chien; Lucréce mourante, une vieille Femme consternée auprès d'elle; Ie reste du Tableau est fort riche : une Musicienne qui joue de la Guittare, plusieurs figures dans Ie fond éclairées par un flambeau; une Madeleine pénitente. Chez M. Benjamin d'Acosta , un Homme et une Femme qui boivent; son Pen- dant est une jeune Femme qui lit la gazette, un Homme écoute la lefture, et un Domestisque est dans Ie fond. Chez M. Braamkamp, a Amfterdam, lePor-
B 3 trait
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2» La Vie des Peintres
trait d'un Homme; et un autre d'une Femme,
Chez M. Lubbeling, un Concert d'Amateurs de Musique de fix Figures, avec des détails assor- tissants. Ce Tableau est un des plus considéra- bles de ce Peintre. A Middelbourg,chezM. Cauwerven, la Ma-
deleine pénitente; et une Dame qui écrit une Lettre qu'un Domestique attend. |
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JEAN VAN NES,
ÊLEVE DE MIEREFELT.
JEan VANNESeftundes Eleves diftingués
du célébre Mierevelt. Quelques Portraits par 1'Ecolier faits sous les yeuxdu Maitre fa- rent d'abord si goütés du Public, quon les mit au dessus de tous les Portraits qonnus;mais dans 1'age oü l'amour propre est si écouté, van Nes, se défia sagement de ces louanges excessives. Mierevelt aussi habile dans Fart de persuader ses Eleves, que dans celui delesformer, luicon- seilla d'aller étudier la nature a Rome, a Veni- se, &c. La nature est une beauté modeste, lui disoit il, elle ne découvre ses charmes secrets qu'a cenx qui ont assez de courage et de per- sévérance pour la forcer de les leur montrer. L'Eleve,profltant desavis de son Maitre, voya- gea en France et dans toute 1'Italie, oü il se distingua par la douceur de son caracrere et la beauté de ses talents. Il est seulement a regret- ter que, capable de traiter 1'Histoire, il les ait bornés au Portrait; il dessinoit correftement, il
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Flamands, Allemands et Hollandois. 2 3
il colorioit bien, et il faisoit bien ressembler. 1635.
LaHollande admire encore ses Ouvrages. >■—■» |
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PIERRE FRIÏS.
PTerre Frits, contemporain de van
Nes, après avoir voyagé long temps en Ita- lië et dans plusieurs Cours de 1'Europe , revint s'établir a Delft, oü il peignit avec plus de ta- lent que de succes. Ses Tableaus, quoique quel- qïiefois composés avec assez de sagesse, sont trop souvent bizarres. Gette singularité ienoit de son génie plus hardi que judicieux. Il ai- moit a peindre des sujets extraordinaires, sans s'embarrasser s'ils plaisoient au Public; aussi finit-il par Ie commerce de Tableaux et d'Es- tampes, oü il paroit qu'il gagna beaucoup d'ar- gent (foible ressource pour ceux qui renoncent a la gloire.) 11 est mort a Delft, sans qu'on ic,a- che en quelle année. |
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THIERRY VAN DELEN,
ÊLEFE DE FRANQOIS HALS.
VAn Delen vivoit a peu pres en ce temps,
il naquit a Heusden, et fut instruit dans l'E- cole de Frangois Hals, oü il apprit a peindre *. mais entrainé par son gout dominant pour 1'Ar- chitefture, il en étudia les plus belles parties; B 4 &
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»4 La Vie des Peintres
1635. &pour unir ces deux talents, ilsemlt a peindre
' des Eglises et des Edifies publics, et des Sal- lons ornés de p^igures. Comïlle de Bie, qni con- noissoit particulierement les Ouvrage de eet Artiste, en a fait Ie plus grand éloge; bier» loin de Ie contredire, nous souhaitons que ses Tab'eaux rares en France y deviennent com- muns, pour qu'on en puisse juger en connois- sanco de cause. No.ns ne feavons rien de plus de eet Artiste,'
sinon q i'il se re/ira dans un age mür a Armui- den en Zélande, ou il fut élu Bourguemeftre, et oü vraisemblablement il esl mort. Voici une note sur quelqucs uns de ses Ta-
bleaus qui sont places avec distin&ion dans les Cabinets les plus recherches. On voit a Rouen, chez M. Ribard, ancien
Juge-Consnl, iine Grande Eglise, avec des Fi- gures d'un beau fini. A la Haye , chez M. Fagel, on voit un Tem-
ple d*un bon gout d'Archite&ure. Ch^z M. Bmamkamp . a Amsterdam, Ie de^
dans d'une Eglise, avec Figures. Chez M. Léender de Neufville, tine Galerie
oü 1'on voit une assembKe nombreuse, exécu- tant et écoutant un concert, Ie Portrait de Ru- bens et celui de sa Femme. Chez M. Bisschop, a Roterdam, 1'intérieur
d'une Eglise, avec des Figures; 1'intérienr d'un Sallon, oü 1'on voit beaucoup de personnes a table : c'est une espece de nóce; dans un autre Tableau, des Joueurs d,e cartesdans unsuperba Appartement. JEAN
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-C*»iï*-^^
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Flamands, Allemands et Hollandois. 2 5
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JEAN VAN HAGEN.
CE Peintre habile a eu tort de se servir de
couleurs qui n'ont pu transmettre ses Ta- bleaux jusqu'a nous. Son Paysage et ses Ciels sont devenus noirs : il peignoit tout a la eendre bleue. Ses Tableaux eurent, en sortant de sa main, 1'harmonie et la douceur qui se voient dans la nature, mais ils sont a présent dur.s et sombres, et pen recherches. On a acheté, en revanche, fort cher les Desseins qu'il faisoit d'a- près les campagnes entre Cléves et Nimegue: il les lavoit sur Ie crayon avec plusieurs couleurs. C'est un des plus habiles dessinateurs d'après na- ture; la plupart et les meilleurs de ses Desseins sontceux qu'il a faits depuis i6jo jusqu'en 1662. On fcait, a n'en pas donter, qu'il eft né a la Haye, mais on ignore oü il eft mort, et en quel temps. |
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JEAN
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J E A N
STEEN
ÉLEVE
DE VAN GOYEN. EAN STEEN naquit a Ley den
en 1636, il eut pour pere un Brasseur de Bierre, homme assez sensé pour chercher a se:onder la disposition et Ie gout qu'il remar- qua dansson fils pour laPeinture; il Ie mit d'abord chez Kxwfft r, Peintre a Utrecht, ensuite chez Brauwer, et enfin chez van Goyen, Paysagiste d'une grande réputation. L'Eleve par son
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La Vie des Peintres, etc 17
son cara&ere badin et par ses saillies, plut tartt 1636.
a ce dernier Maitre, qu'il lui donna Marguerite ^wggr- van Goren sa flUe en mariage. Jean Steen, quoi- qu'avec un talent déja assez connu par des Ou- vrages estimés, n'osa pourtant s'y fier, pour se flatter d'en pouvoir vivre commodément: il ac- cepta donc la proposition que lui fit son pere, de 1'établir dans une Brasserie a Delft; Ie profil qu'il en eüt tiré, s'il avoit f511 prendre garde a ses affaires, suffisoit pour faire aller honnête- ment sa maison, et il auroit pu trouver Ie temps de s'amuser a peindre, et de faire de nouvelles études et de plus grands progrès dans un Art pour lequel il paroissoit né : mais 1'aisance qui lui offroit ces avantages, fut cause de sa perte; il en abusa et se livra a une telle crapule, et a une dissipation fi folie, qu'au bout de 1'année mème il fut ruiné; son pere Ie rétablit plus d'une foissans Ie corriger, et 1'abandonna. Enfin, de Brasseur Jean Steen devint Cabaretier : ce fut encore pis, il trouvoit chez lui ce qu'il alloit chercher par la Ville, c'étoit lui qui buvoit Ie plus de son vin; quand la cave étoit vuide, il ótoit 1'Enseigne, il s'enfermoit chez lui, pei- gnoit a force, ef de quelques Tableaux qu'il vendoit bien, il achetoit du vin qu'il buvoit en- core : tous les Hóteliers n'ont pas cette ressour- ce.On ne concoit pasaisément comment un hom- me,le plus souvent ivre,pouvoit produire d'aufli belle choses; mais au défaut d'application y et sans presqu'aucune étude, son génie lui en te- noit lieu; il sembloit qu'il eüt deviné les regies de son Art: personne n'en parloit si bien et ne les mettoit mieux en pratique. On ne sera pas étonné,
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a8 La Vie des Peintres
1636. étonné, qu'avec la maniere de trafiquer, pres»
^——y que tous les ouvrage de ce Peintre fussent alors chez des Marchands de vin. Jean Steen perdit sa femme, dont il lui étoit resté six enfants, et il épousa une veuve qui en avoit deux : ce ne fut qu'un surcroit de misère, dont sont Art auroit pu aisément Ie tirer, s'il avoit pu se con- traindre. Il mourut en 1689, agé de f3 ans. Parmi ses enfants, on ne connoit d'autre Ar- tiste que Thierrj Steen, Ie plus jeune de ceux qu'il eut de sa seconde femme : ce Thierrj s'eft: distingué dans la Sculpture, et eut une pension dans une Cour d'AHemagne. La plupart des sujets des Tableaux de Jean
Steen sont bien conformes ason gout dominant: ce sont des Gens ivres dans des Tabagies. Peu de Peintre ont mieux caraftérisé leurs compo- sitions, et donné plus de vie a leurs Figures : on reconnoit en tout qu'il a eu la nature pour guide; il traita auffi avec succes quelques mor- ceaux d'Hiftoire, oü il n'a manqué ni de no- blesse ni de sentiment. Les plus habiles de ses Contemporains lui accordoient les plus heureu- ses dispositions; son dessein eft correft et sa couleur eft bonue.S'il s'eft démenti quelquefois, et s'il a peint un peu noir, on doit s'en prendre a quelques bouteilles de vin bues de irop; mais en général, ses Ouvrages sont marqués au coin d'un pinceaufacile, et d'une touche pleine d'ex- pression. On commence a connoitre ce Peintre en
France. M. Ie Comte de Vence en possede a Paris un
Tableau; ceft une Familie assiseala porte d'une belle
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Flamands] Allemands et Hollandoisi 29
belle maison, Ie fond représente la vue d'une 1636.
Ville d'Hollande. «g» J'ai vu du même, chez M. de la Bouexiere,
une Collation oü plufieurs personnes a table boivent et mangent. Chez M. de Gaignat, un Homme qui pré-
sente une pipe a une Femme. Je vais parier de ceux que je connois en Hol-
lande. Chez Ie Prince de Hesse, ala Haye, plu-
fieurs Personnes qui jouent a un jeu appellé les trois Rois. Chez M. Ie Comte de Wassenaer 3 une Femme endormie, pres d'elle sont deux au- tres Figures; une Fête de Village. Chez M. van Slingelandt, Receveur général de la Hollande, un Médecin visite une Femme malade, pres d'elle sont plusieurs Figures. Chez M. van Slin- gelandt, Bourguemestre de la Haye, David et Bethsabée. Chez M. Lormier, des Joueurs d'é- checs; une Femme qui présente des oeufs a son Mari, et d'autre Figures; une Mere avec sa Fille, qui sont auprès d'un Enfant malade dans son lit; un Maitre d'Ecole entouré d'Enfants; plufieurs personnes qui font battre des coqs; une Assemblee de jeunes Gens et de Vieillards qui se réjouissent; dans un Tableau, un Repas oü respire la joie, il y ades Hommes,des Fem- mes et des Enfants; dans un autre, un Médecin tate Ie pouls d'une jenne Personne d'une main , et de 1'autre main il écrit son Ordonnance, oü 1'on lit: 11 ne fautpoint de remede, car c'est une maladie d'amour^ Moyse qui frappe Ie Rocher, Tableau bien peint dans Ie gout de l'antique; une Collation de plufieurs Parson- nes;
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3 o La Fie des Peintres
1636. nes j Jean Steen lui-même qui mange des hui-
•^mmm tres, sa femme lui présente un verre de vin; un Arracheur de dents entouré de beaucoup de Fi- gures; un Operateur sur un théatre, Tableau piquant et capital. Chez M. van Hét eren, un Tableau représentant la S. Nicolas; ce jour les peres et meres mettent dans les souliers des en- fants toutes sortes de joujoux et de confitures : trois Joueurs d'échecs; une Femme avec son Do- mestique, etun jeune Garcon quidonne a man- ger a un Perroquet. Chez M. Halfwassenaer , la mort d'Ananie et Saphira. Chez M. Benjamin d'Acosta, un Tableau représentant la Vie hu- maine, les Figures sont a Ja moderne. Chez M. Verschuring, deux bons Tableaux: 1'un repré- sente une Maison de débauche, oü des Filles et des Hommes jouent aux cartes; leur but paroit êtrede volerl'argent d'unPaysan; les uns jouent et les autres montrent dans un miroir Ie jeu de celui qu'ils cherchent a friponner: 1'autre elt une Assemblee oü l'on joue et l'on boit. Chez M. van Brémen, une Compagnie fortgaie; un autre Ta- bleau dont Ie sujet est singulier, on enleve la tnarque qui a été donnée a un Voleur; des Vil- lageois qui dansent a la porte d'un Cabaret; cinq Tableaux représentant les sens; une Assemblee de la S. Nicolas; la moitié de ce Tableau est peinte par Brakenbourg. A Dort, chez M. Van- der Linden, van Slingelandti une Femme ja- louse qui trouve son Mari dans une Guinguette, elle est derriére un rideau oü elle épie ce qu'il fait avec une Servante a qui il présente un verre de vin; il y a dans la même salie plusieurs Mu- siciens qui jouent des inftruments; 1'Apparte- ment
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Flamands, Allemands et Hollandois. 3l
ment d'une jeune Femme en couche, la Nour-
rice préparé la bouillie pour l'Enfant qui est sur les bras d'un Vieiliard qui s'en dit Ie pere; Jean Steen s'eft peint a coté, mettant par derriére ses deux doigts au haut de la tête du bon Homme: autre Tableau oü Steen joue ëncore un róle, il avoit mené un Artisan avec lui au Cabaret, la Femme les trouve, elle tient son Mari par les cheveux, et Ie frappe avec sa savate, un petit Enfant pleure, et Jean Steen eft pamé de rire. Chez M. Braamkamp, a Amsterdam, la Nais-
sance de S. Jean; un Maitre d'Ecole au milieu de 29 Enfants; une Femme sortant de son lit et chaussant ses bas; plusieurs jeunesGensqui font cuire une espece de galette. Chez M. Lubbeling, des Joueurs de tri&rac; un Paysan qui boit du vin avec sa Femme, un autre lui présente une galette. ChezM. Zeers., aRoterdam, une composition
piquante; des Joueurs de tri&rac; un Charlatan faisant une opération; une Assemblee de Pay- sans; et une Nöce de campagne, on ramene la Bru. Chez M. Bisschop, une Assemblee ou Ker- messe de Vil lage; et leRoi boit. A Middelbourg, chez M. Gauwerven, S. Jean
qui prêche dans ie Désert; et une Marchande de légumes. |
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JEAN
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3 ft La Vie des Peintres
JEAN BÉELDEMAKER,
ET FRANgOIS CARRËE.
tEan BÉeldemaker naquit a la Hiye
il en 1636, et Frangois Carrée dans la Frise en la même année: Ie premier peignoir des Chasses au cerf et au sanglier; ses Ouvrages eurent une grande vogue. Il fit quelque Tableaux de Ca- binet; mais plus occupé a orner des Apparte- ment, Ie plus grand nombre de ses O.ivrnges ne peut être transporté hors de son pays, c'eft pourquoi il efl peu connu ailleurs. Sa facilité et un bon gout de couleur lui ont donné de la cé- lébrité. II a fait beaucoup d'Eleves, parmi les- quels on compte ses deux fils qui paroitront dans eet Ouvrage. On voit de lui a Dort une belle Chasse au
cerf, dans Ie cabinet de M. f^ander Linden, van Slingelandt: ce Tableau a beaucoup de feu et une bonne touche. Carrée étoit fort avance dans 1'étude des Lan-
gues, et se deftinoit a entrer dans une Commu- nauté Religieuse; mais un gout décidé pour la peinture Ie retint dans Ie monde : on ne con- noit pas son Maitre. Son habileté lui acquit la place de premier Peintre du Prince Guillaume- Frédéric Stathouder de la Frise; il eut Ie bon* heur de plaire par ses Ouvrages a son Maitre, aux Artiftes et au Public : moyen certain de se faire un nom, et de fixer sa fortune. A la mort du Prince, Carrée fit conflruire un catafalque magnifique
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Ftamands, AllemanAs et Hollandois. 33
magnifique sur ses de.^seins, et i! grava a 1'eau
forte ce monument de son attachement : cette Estampe fait assez connoitre son mérite. Il avoit bien dn génie, il a bien réussi a peindre des Fê- tes de Village; il eut deux fils , Henri & Michel Carré, qui trouveront ici leur place a leur tour. Francois Carré, après avoir perdu son Protec- teur, resta au service de la PrincesseDouairiere Albertine. et fut depuiss'établir a Amsterdam, oü il est mort en 1669. |
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JEAN LE DÜC,
ÉLEVE DE PAUL POTTER.
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JEaN le DüC, né a la Haye en TÓ36, fut
Eieve de Paul Potter, si connu par ses ex- ceiienres produdions. Le plus grand éloge qu'on puisse donner a 1'Ecolier, c'e.st qu'il imita la ma- niere de son Maitre, a s'y méprendre : il eut et la facilité de son pinceau, et la finesse de son dessein. LesTalileaux et les Desseins d'animaux de le Duc sont fort recherches; la seule diffé- rence qu'il y eut entr'eux fut dans le caractere. Pot/er ne quitta jamais la Peinture qui le fa- vorisoif; et le Duc, par une ingratitnde mar- quée, abandonna sa Bienfaiftrice pour prendre le pa: ti des armes : il eut uno place d'Enseigne, et devint Capitaine^ on pretend même qu'il ac- quit le titre de brave, mais il ne dessina ni ne peignit plus, et c'est ce qui cause nos regrets. Il fut Directeur de 1'Académie de Peinture de Tome 111. C la |
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3A La Vie des Peintres
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1636. 'a Haye en 1671 , oü il avoit vécu long-temps:
^m^m on ne fcait point 1'année de sa mort. Le Duc a gravé a 1'eau forte avec un grand
succes : ses Tablcaux ne sont point connus a Paris; j'en ai vu un très-beau a la Haye, chez M. van Héteren; il représente plusieurs Cava- liers avec des Femmes dans un Corps-de-Gar- de, ere. |
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DANIEL HARING.
V\ N G o o L qui a écrit la vie de Daniel
Haring, conjeclure qu'il étoit né vers 1'an- née 1636, et 1'Historien se fonde sur ce qu'en commencant a étudier le dessein a 1'Académie en 1703 , Haring étoit fort agé. Quoi qu'il en soit, Haring exerca la Peinture a la Haye , oii il fut nommé plusieurs fois Direfteur de 1'Aca- démie. Il peignoit bien IePortrait en grand; et quoiqu'infërieur a Netscher, il lui fut souvent préféré par ceux qui ne vouloient pas mettre un prix si excessifau plaisir d'avoir leur ressem- blancc II avoit de la réputation autant qu'on en peut avoir, quand on n'est pas Ie premier; il s'en falloit bien qu'il ne fut riche. Une Ecole de Dessein, très-fréquentée, qu'il tenoit chez, lui, et quclques Portraits, lui formoient par an un revenu assez considérable pour vivre honnê- tement avec une nombreuse familie; il n'avoit qu'a continuer, et il se seroit soutenu jusqu'a la fin; mais il se dérangea, et s'étant émancipé a suivre trop souvent a la chasse les Comtes de Bentheim, ses Eleves, il négligea son Art et son
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Flamands , Allemands et Hollandois. 35
son Ecole, rjui demandoient de 1'assiduité: il 1636.
mouruttrès pauvre en 1706. Ce nVst pointaux ^mmmm Ai tistes a vivre familierenient avec les Grands, a moinsqu'ils ne s ient aussi Artistes qu'eux. Ses Portraits sont estimés, il n'y a guere de
Families considérables en Hollande, oü Ton n'en voie de sa main. |
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DANIEL MYTENS.
MYtevs fait honneur au lieu desa naissan-
e, et il ne tint pas a ia nature qu'il ne lui en ut davanlage : il n iquit a la liaye en 1636. On ne conoit pas son Maitre; il rut a Rome encore fort jeune- on croit qu'il y étudia avec Doudyns et V^ander 5j4uur.admirateur éclairé, jamais rassasié des chefs-d'ueuvres antiques et modernes, att.iché a son Arl par son gout natu- rel , et par la société des grands Artistes C ulo Mara/tictÓQ Carfo Lothi Possesseurd'ungrand bien dans .sa patrie, maitre de se fixer a son gré, il resta long temps dans cette grande Ville, il y fit les pius grands progrès dans Ia Peniture; mais la nobie ambition de se distinguer dans son Art. céda bientöt a la pptite vanité de bril- ler par Ie luxe, la dépense et Ie plaisir; ce qui lui attira de la part de la Bande Academir\ue, ou de ses Compagnons d'étude, Ie nom satyrique de lu Corneille Bigarrée, a cause apparemment de la recherche et de la qiumtité de ses habits. Après avoirdemeun* plusieursannées en Italië, il revint a la Haye en 1664; il y fut admis avec C a applau-
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36 La Fie des Peintres
\6\6. applaudissement dans 1'Académie de Peinture :
mmjmt' il en fut plusieurs fois Dire&eur, et fut nommé Enseigne d'une Compagnie Bourgeoise. Cette petite marque de distin&ion de la part de ses Compatriotes, n'est rien auprès del'admiration générale que dans ses commencements lui mé- rita son pinceau. Il réussit et dans 1'Histoire et dans Ie Portrait : mais bientöt ce premier pen- chant pour Ie plaisiret pour la dépense, qn'on luiavoit reproché dans sa jeunesse, prit Ie des- sus, lui fit négliger son talent, et Ie plongea dans la débanche, qui détruisit et sa fortune et sa santé. Il muurutgarcon Ie lo,Mars 1688,agé de 52 ans. Sans ces défauts, Mytens auroit été un des
plus grands Peintres. 11 avoit de si heureuses dispositions, que tant qu'il les seconda dans sa jeunesse, il fit de très-belles choses : il avoit de 1'imaginafion, et composoit bien; son dessein était exaft et facile, son coloris tres agréable. On cite son bon temps a son retour de Rome : c'étoit alors un Peintre distingué •, quelques an- nées avant sa mort, ce n'étoit plus qu'un Peintre ordinaire. Je puis justifier ce jugement par Ie pla- fonds de la salie de Peintres a la Haye, qu'il ébaucha a son arrivée : il lui acquit la plus gran- de réputation; malheureusement il ne Ie termi- na que plusieurs années après, et il eut bien mieux valu, pour sa gloire, qu'il ne 1'eüt jamais fini. Ce n'étoit alors plus qu'un Peintre ordinai- re, parce qu'il regardoit moins la Peinture com- me un moyen d'acquérir de la gloire, que com- me une ressource dans Ie besoin. DAVID
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Flamandi, Jllemands et Hollandois. 37
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DAYID DE CONINCK,
ÉLEFE DE FYT.
LE s Ecrivains Flamands et Hollandois n'ont
fait aucune mention de ce Peintre, qui ne méritoit cependant pas d'être oublié; j'ai eu be- soin d'avoir recours a d'autres sources, pour y puiser ce que j'en vais exposer. Il naquit a Anvers : on ne fgait pas précisé-
ment en quel mois ni en quelle année. On n'est gnere mieux informé des détails de sa premiere éducation, on est seiilement assez sur qu'il fut admis dans 1'Ecole de Jean Fyt, qu'il y fut assez long-temps, et qu'il y fit d'assez grands progrès sous ce Maïtre pour lui donner de la jalousie; et réellement leursOuvrages ont été pris les uns pour les autres, et souvent achetés Ie même prix dans les ventes des Cabinets. Arrivé a ce point de perfeöion, de Coninck
voyagea en France et en Allemagne, et par-tout fut employé par les grands Seigneurs; mais Ie but de tous ses voyages étoit 1'Italie. Il vint a Rome en 1668,'et y fut rec,u des Artistes et des Amateurs , comme il Ie méritoit. Il fut invite d'entrer dans la Bande Académique, dont nous avons parlé plus d'une fois dans Ie cours de eet Ouvrage, et on lui donna Ie nom de Romme- laer, mot qui fait allusion aux lapins qu'il se plaisoit a mettre dans tous ses Tableaux. De Coninck sentit bientót ce que les visites
C 3 et
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38 La F ie des Peintres
1630. et les amusement.'lui faisoient perdre du temps
^■gjr que 1'on pet mieux employer. tl s'eoferma chez lui. n'en sortit plus qu avec im ou deux Ta- bieaux qui étoient payés avant même que d'être finis. La vogue des ses Ouvrages fut tel ie qu'il gagna plus que les plus hnbJes Peintres d'His- toire. II avoit bien Ie projet de retourner dans sa patrie, mais Ie d 'sir dachever ses Ouvrages commencés, retarda son voyage : on croit qn'il y mourut riche, sdn* doute, puisqu'i] y fit toujours une assez belle figure, et d'autint plusraison- nable, qu'elle n'interrompit point un travail qui lui procura son aisance. LesTableaux de de Coninck sont assez dans
la maniere de Fytson Maitre : comme lui, il pei- gnit des animaux vivants et morts, des fleurs et des fruits. Comme Fyt, il excella a peindre les oiseaux; sa touche est ferme et facile, sa cou- leur naturelle et vigoureuse. La supériorité de Fyt sur de Coninck sera cependant toujours sen- tie par les flus Connoisseurs. Les Ouvrages du dernier sentent toujoiirs plus la palette que ceux du premier. J'ai eu 1'occasion de voir leurs Ou- vrages, a cóté les uns des autres, et de les com- parer; et 1'avantage restoit au M.utre snr 1'Ele- vp, qui sera cependant toujours regarde comme un grand Peintre. Les deux plus beaux morceaux que je connois-
se de de Coninck sont a Bruges, dans Ie Cabi- net de yi.TVaepenatr , Con^eillcr au Franc de Bruges : on y voit des Cygnes vivants du Gi- bier et des Poissons grands comme nature. Un autre Tableau du même, merite 1'atten-
tion j dans Ie Cabinet du Prince Charles, a Rru- xelles;
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Flamands f Allemands et Hollandois. 3g
xelles; il représente quantité d'Oiseaux vivants
et morts. On voit encore de la même main, chez M.
Baut, Chanoine a Gand, un grand Tableau d'Animauxde toutes les especes; et il y a autant de profit a faire a l'examiner, que de plaisir. |
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JEAN HAKKERT.
ON croit Jean HaJckert né a Arasterdam, il
étoit Peintre de Paysages. Il a voyagé en Allemagne et en Suisse : c'est dans ce pays de montagnes qu'il fit les études de ses Tabieaux. On Ie trouvoit au milieu des rochers, a 1'entrée des cavernes, a copier les efFets de Ia nature, tantót agréables , tantót bizarres, raais toujours interessants par leur ressemblance. Un jour occupé a dessiner sur une des monta-
gnes de la Suisse, il fut appercii par quelques Ouvriers qni travailloient dans les environs; ils furent d'abord étonnés de voir quelqu'un qui regardoit toujours au même endroit, et qui leur sembloit écrire sur du papier; ils s'appro- chent, mais n'y ayant appergu au lieu de let- tres qu'un griffonage de crayon, ils ne douté- rent plus que ce nefussent des cara&eres et des signes magiques; ils 1'accablerent d'injures, sans qu'il put en deviner la raison. Il céda cependant a leur colere, et croyant qu'elle venoit de ce qu'il étoit trop pres d'eux, il fut se placer plus loin; ils 1'observerent, a peine eut-il repris son crayon et son papier, et fut-il assis, que la mê- C 4 me
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4o La Vie des Peintres
mr troupe 1'ayant encore apptrcu, 1'investit et
Ic sai'it. Ii eut betai vouloir leur faire entendre raison, et se jnsnfier, on ne 1 écouta pas, et il fut conduit a la Ville au milieu d'une foule qui augmenta toujours. Arrivés chez Ie premier Ju- ge, ils dénoncerent un Magi/ien qn'ils avoient trouvé fai>ant des sortiléges coutr'eux et leur pays dans les Montagnes. Le Magistrat recoonut Ie Peintre, il appaisa le peuple, ot leur ayant apprisqu'un desseinn'étoitqn'une imitationplus agréable que dangereuse, il les renvoya et don- na au prétendu Sorcier la liberté de sa personne, et d'aller dessiner oii bon lui sembleroit. De retour eu Hollande, il peignoit de très-
beaux et tres- singuliere Paysages d'après ses Desseins. Il fut étro]tementliéavec^cf/-z'e« ban- den Velde, qui peignit les Figures dans la plu- part des Tableaux d''Hakker. Cette association de talents a rendu les Ouvrages d'Hakker phis précieux. Ii est mort en Hollande, on ne fcait en que ie annce : ses Tableaux ne sont ;>as con- nusen France: on les estime dans son pays, oii ils sont la plupart. |
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J. W E Y E R M A N.
OM n'est pas bien sur si pfet erman n'étoit
;>a.s de la familie de Carnpo Weyerman, Ptintre et Auteur de trois volumes de la Vie des Peintres Hoilandois. Tous deux ctoient instruits, bons Artiites, et ont eu a peu pres les mêmes défauts. J. Wererman
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Flamands, Allemands et Hollandois. 4l
J. PFeyerman avoit, sans doute, fait Ie voya- 1636.
ge de Rome. puisqu'il fut nommé par la Bande ^— Académique Compaviva. Il paroit qu'il avoit eu une excellente éducation. On pretend qu'il en- tendoit très-bien sept langues; il avoit Ie don de conter agréablement, et Ie talent dangereux de rire aux dépens de ceux qui prenoient plaisir a 1'entendre. Il peignoit bien des fruits et des fleurs : c'est ce que nous tenons d'Houbraken. Je n'ai jamais rien vu de lui, et n'ai pu fcavoir oü il est mort, ni en quel temps. |
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PIERRE GYZEN,
ÊLEVE DE BREUGIIEL DE FELOUR.
PIerre Gyzen, natifd'Anvers, fut Ele-
ve de Jean Breughel, On ne dit rien de sa vie, on ne fait que louer son talent; il auroit égalé son Maatre, s'il avoit pu mêler davantage ses couleurs, qui sont trop crues : Ie beau verd, Ie beau rouge, Ie beau jaune dominent dans ses Tabieaux; au lieu de donner de 1'éclat a ses Ou- vrages, ces couleurs tranchantes en ótent tout 1'accord. Sans 1'harmonie, qu'est ce que c'est que la Peinture? Les petits Paysages de Gyzen sont finis comme ceux de Breughel, les Figures sont tonchées avec esprit et sans sécheresse. Nous avons de lui quelques Tabieaux assez dans Ie gout de Zaft-Leven, et qui sont autant re- cherches. Nous ne pouvons marquer avec cer- titude 1'année de sa mort. Les
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42 La Vie des Peintres
1636. Les Ouvrages de ce Peintre ne sont pas bien
'connus en France; on les trouve plus commu- nément en Hollande : en voici un petit nombre. Il y a dans Ie Gabinet du Prince de Hesse un joli Paysage, entierement dans la maniere de Breughel. A la Haye, chez M. d'Acosta, un Paysage très-fin avec desFigures. ChezM. Vers- churing, un Paysage : on y voit une Chasse, beaucoup de figures, du Gibier mort et vivant. Chez M. van Brémen, un Paysage oü il a re- présenté une Riviere rapide. |
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DROST, YAN TERLÉE,
POORTER, GELLIG ET SPALTHOF.
CE s cinq Artistes ont vécu dans Ie même
tomps. Drost avoit appris a peindre dans 1'tcole de Rembrant.XJn assez long séjour a Ro- me lui avoit donné un meilleur gout de dessein que n'avoii son Maitre. Houbraken a vu un Ta- bleau de Drost; il représentoit S. Jean prêchant dans Ie Désert. Cet Ecrivain assure que Ie colo- ris et Ie Dessein étoient dignes d un grand Maï- tre. Je n'ai vu aucun de ses Ouvrages. Van Terlée, selonlemèmeHoubraken,pzi-
grioit bien 1'Histoire : un Enlevement d'Europe a fait Tadmiration de notre Ecrivain. Poorter, aussi Peintre d'Histoire, a mérité ce
nom du même Historiën; il en connoissoit un Tableau qui représentoit la Reine de Saba. ó/m/^o/peignoit 1'Histoire et d'autres sujets.
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Flamands, AUemands et Hollandois. 43
II a fait Ie voyage de Rome trois fois : ses Ta- 1636.
bleaux y furent recherches; il ne traitoit pres- <— que d'autres sujets que des Places publiques de Rome, des Marché« de Flandres, oü il intro- duisoit beaucoup de Figures bien dessinées et bien peintes. |
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MELGHIOR
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MELCHIOR
HONDEKOETER, ÉLEVE BE SON PERE.
Elchior Hondekoeter, issu
d'une Familie noble , naquit a Utrecht en 1636:11 estFils etEle- ve de Gisbrecht Hondekoeter, et petit fils de Gilles Vinkenbooms et de Savery. Le jeune Hondekoeter étudia sous son pere
jusqu'a l'age de 17 ans; il apprit de lui a peindre toutes sortes d'oiseaux, et particulierement des poules, des coqs, &c. La mort de son pere, qui arriva en 1653,1e laissa entierement a lui-même; il
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La Vie des Peintres] etc. 4^
il eut recours a la nature et aux avis de J. B. 1636.
PVeeninxs son oncle. Il surpassa bientót pere. Melchior joignit a ce talent une qualité encore bien plus essentielle, une sagesse exem- plaire, et une étude approfondie etméditée de sa Religion. Il pronouc,a dans l'Eglise de S. Jean un Sermon si pieux, si fcavant et si eloquent, qu'on tacha de Ie déterminer a quitter la Pein- ture pour se faire Ministre. Quile croiroit! Gette vie réglée se changea de-
puis en une crapule abominuble; il eut Ie malheur d'épouser une méchante femme, dont les soeurs ne valoient guere mieux. Il employa d'abord la douceur pour les ramener, et toute sa raison pour leur résister; maisil neput vaincre leur humeur insociable. Et ne trouvant d'autre asyle contre leur fureur que Ie Cabaret, et d'autre consola- tion que dans la débauche, il s'y livra tout en- tier ; Ie plus sobre et Ie plus sage de tous les hom- mes en devint, par la persécntion de sa femme, Ie plus intempérent et Ie plus déréglé. Conservant, au milieu de sa débauche, un
fond de piété, ses remords et ses exces abrege- rent ses jours, et terminerent bientöt une mal- heureuse vie a Utrecht en 169$. Presque tous les Tableaux de ce Peintre .sont
d'oiseaux, la plupart vivants : personne n'avoit jusqu'a lui mieux peint des poules, des coqs, des paons, &c. Il avoit accoutumé un coq a se tenir pres de son chevalet, aussi long-temps et de telle facon qu'il Ie vouloit. Ce animal obéissoit au moindre mouvement de 1'apui main, et étoit si au fait de eet exercice, qu'il auroit detneuré dans la même attitude des heures en- tieres
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46 La Vie des Peintres, etc.
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1636. tieres sans se déranger. Hond' koet ravoit une
■•■■■^ touche particuliere pour imiter les plumes, et une fort bonne couleur; il ornoit de plus ses fonds de Paysages bien flnis, et dont rh;rmo- nie augmentoit Féciat des Sujets qui faisoient la principale partie de son Tableau. On en voit un de ce Maitre, a Paris , dans Ie
Cabinet de M. Bhndelde Gagny, il représente deux Perdrix mortes. M. Léers, a Roterdam, a de lui pïusieurs
Coqs qui se battent, &c. Et M.Bissc/iop, des OiseaiiK de riviere dans un beau Paysage. JEAN VAN NECK
ÊLEVE DE JACQUES DE BAKKER.
JEaN Van NecK, fils d'un Mtdecin, na-
quït a Narden, et ent pour Maitre dans la Peinture Jacques de Bakker; il apprit d'abord a bien copier les Ouvrages de Bakker, et il a fini par s approprier sa maniere, au point qu'il btilance les snffrages. Ses commencements an- noncerent des dispositions. heureuses, et furent des marques d'un génie élevé. Il peignit des Tableaux <1 Histoirp. Houbra-
ken fait 1 éloge d'une belle composition de van Neck :elle représente,dit cetHisloi ien, Siméon dans Ie Temple, tenant 1'Enfant Jésus sur ses bras. Ce Tableau très-bien peint et très-bien dessiné est a Amfterdam, dans 1'Eglise Romaine de la Nation Francoise. Il a peint aussi, avec un grand succes, des Nymphes et autres Figures d'un tres beau coloris. Il est mort a Amsterdam en 1714. HEYMAN |
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HEÏMAN
DULLAERT,
ÉLEVE DE REUBRANT.
U L L A E R T annori9a son j6i6.
talent dès sa plus tendre jeuneffe; ■—<^**
il barbouilloit de figures les mu- railles de fa maison. Son pere, fj Marchand de Tableaux, voyoit avec plaifïr 1'inftinft de fon flls fe développer infenfiblement pour l'Art qui faifoit fa fortune; auffi fe hatoit-il de Ie placer chez Rembrani: 11 fit tant de progrès fous ce Maitre, que Ie génie de 1'un pafla dans 1'autre. En ef- fet, il ne s'eft jamais écarté de la maniere dont Rembrant
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48 La Fie des Pemtres
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i6ï6. Retnbrant colorioit & difpofoit fes Tableaux.
*«w De même Houbraken & Wej errnan nous af-
furent qu'ilsy ont été trompés; Ie dernier cite un petit Tableau repréfentant un Hermite a ge- noux, qui étoit fi bien dans la maniere de Rem- brant, quil auroit paffe pour être de ce Maïtre, ü on n'y avoit trouvé Ie nom de l'Eleve écrit deffiis. Dans une vente publique a Amfterdam, on vendit un Tableau de Dullaerf, pour être de Hembrant, il représentoit Mar;> en cuirafle. Ceci fuffit pour indiquer la maniere & Ie mérile de notre Artifte. Il avoit de 1'esprit, et il joi- gnoit a une connoiffance profonde de la Mu- fique, Ie don brillant d'une belle voix. Né a Roterdam en 1636, il mourut Ie 6 Mui 1684. |
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JEAN YANDER HEYDEN,
"«r Ander Heyden, né en 1637 a Gor-
» kiun, n'eut pour Maitre qu'un Peintre sur verre, peu 011 point connu : aussi eut-il tant de dispcsition pour la Peinture, quil parvint seul, avec tres peu de secours, a un très-haut degré de perfe&ion. La nature, qui seule 1'avoit fait bon Peintre,
fut aussi toujours son unique objet; il sembloit qu'elle ne Tinspiroit que pour elle-même, c étoit avec elle qu'il s'instruisoit, qu'il parvenoit a la copier, ou plutót c'étoit par lui qu'elle se re- produisoit. f^ander ffeyden commenqa par dessiner très-
exa&ement les Chateaux anciens et modernes, des
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Flamands, Allemands et Hollandois. 49
des Eglises, des Palais, &c. II porta ses études
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sur U toile et Ie panneau, et
tion de les terminer d'après nature, mais avec tant de préciiion qu'on compteroit presque les briques, les pierres et les plus petits détails. Ses Tableaux furent regardes comme des pro- diges de patience, on les acheta un grand prix : ce fut pour lors qu'il peignit des Sujets plus con- sidérables, tels que I Hotel de Vilie d'Amfter- dam , qu'il représenta de différents cótés; la Bourse de la même Ville; Ie Bureau du Poids public; 1'Eglise neuve; la Bourse de Londres; son Mont Calvaire est une vue de Cologne, &c. La plupart des vues furent ornées d'un nombre de Figures par Adrien Vanden Velde, qui aug- mentent de prix les Tableaux de Vander Hey- den. II se plaisoit encore, pour se délasser, a peindre, et a représenter des Sujets inanimés. Il avoit la même patience a finir les plus petits détails; les Auteurs citent comme surprenant, un Tableau dans ce genre : on y voit une Bible entr'ouverte, qui n'a que 4011 J pouces de hau- teur, et dans laquelle on lit exeëtement Ie texte comme s'il etoit imprimé. Cet habile Artiste ne borna point ses recher-
ches a la seule perfeöion de son Art, il avoit en vue de s immortaliser, et il y parvint en perfec- tionnant les Pompes a inoendies. 11 ne fut pas 1'Inventeur do ces Pompes, comme 1'avancent les Ecrivains Hollandois, mais il augmenta leur produit, leurs forces, et en diminua les frotte- ments :il les rendit même plus commodes a trans- porter. Les Magistrats d'Amfterdam n'eurent pas plutot reconnu les effets de ces Pompes, TomelIL D qu'ils |
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So La Fie des Peintres
cp'üs gratifïerent 1'Auteur d'une pension, avec
Ie titre de Dire&eur des Pompes a incendies. Il fit depuis moins de Tableaux; mais ceux qu'il a faits après sont auffi finis. Quoiqu'on ait lieu de regretter que Ie temps qu'il étoitobügé d'em- ployer aux fonöions de sa Charge, nous ait privé de quantité de beaux Tableaux, que vraisem- blablement nous aurions de plus, on en est de'- dommagé par la perfe&ion qu'il a donnée a ces machines utiles; car enfin 1'utile l'emportera tou- jours, aux yeux de la raison, sur 1'agréable, et Ie nécessaire sur Ie beau. Après avoir mérité la considération et des Citoyens et des Amateurs de la Peinture, il mourut a Amflerdam Ie z8 Septembre ijfl, agé 75 an?. Ce qu'ü y a de plus surprenant dans les Ou-
vrages des Vander Heyden, c'est Ie détail mi- nutieux des matériaux, et de tant de petites par- ties distinöement apperc,ues. Sans nuire a 1'ac- cord du tout ensemble, et sans être peiné ou sec, sa touche est précise et pourtant pateuse. Un travail, en apparence servile, devient aux yenx facile et précieux. Il poussoit l'exa&itude jusqu'a la diminution des briques, des murailles, suivant les régies de la perspeftive; des tons gris et roussatres , mêlcs ensemble, produisent des masses, tantöt vigoureuses, tantöt vapo- rées et toujours dorées. L'intelligence de la cou- leur et du clair obscur est observée dans tout ce qu'il a peint. J'ai vu des Tableaux de lui, oü il n'y avoit pour tout qu'une petite Maison , et on ne se lassoit point d'examiner par quelle magie il avoit fait valoir un fond de Paysage, dont Ie plan uniforme n'avoit nul intérêt; c'étoit un local
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Flamands t Allemands el Hollandois.
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local exaft, auquel on n'auroit pu rien ajouter; 167
ce n'étoit qu'un chemin 011 quelqu'objet auffi peu *i— frappant, et sous son pinceau la représentation n'en est point froide : il a fi. bien f911 répandre la lumiere, et opposer en même temps les om- bres , que ces oppositions font Ie même effet que s'il y avoit plusieurs plans; une Prairie a diffé- rentes couleurs dans la nature, mais il faut un grand talent pour les rendre, et lui óter cette verdeur monotone qui choque dans une imita- tion médiocre. Vander Heyden deflïnoit bien, il mettoit
beaucoup de teraps a faire des études qu'il finis- soit la plupart autant que ses Tableaux. Voici les plus connus. A Paris, chez M. Ie Comte de Vence, on voit
au bord d'un canal, une jolie Maison et des Figu- res pur A. Vanden Velde. Chez M. Ie Comte de Choiseul; une vue de
la Ville de Cléves, et des Figures et des Ani- maux, par A. Vanden Velde. Chez M. de Julienne, un Tableau agréable:
c'est un Village pres duquel passé une riviere , sur laquelle est un Pont, &c. Chez M. de la Bouexiere, la vue d'une rue
d'une Ville d'Hollande, et deux autres vues , avec beaucoup d'Architefture. Chez M. Blondelde Gagny, trois TabSeaux;
1'un est la vue de la Ville de Delft; 1'autre, 1'en- trée de la Ville de Cologne; et Ie troisieme, Ie Chiteau de Rolindal. Les Figures et les Ani- maux sont de A. Vanden Velde. A Dusseldorp, chez l'Ele&eur Palatin, une
vue de Rome. D 2 A
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5 a La Vie des Peintres
1637. A Amsterdam, chez M. Jacques Bierens, la
«——> vue du Marché-Neuf, et de la Maison du Poids public.
Chez M. Léers, a Roterdam, une vue de plu-
sieurs Eglises. Et chez M. Bisschop, un Paysa-
ge; et dans Ie fond une Portede la Ville d'Ara-
fterdam.
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ABRAHAM MIGNON,
ÉLEFE DE DAFID DE HEEM.
MTgnon naquit a Francfort d'un pere qui
eut Ie malheur de perdre tont son bien dans Ie commerce. Cette disgrace priva son fils des commodités fi nécessaires a ceux qui veu- lent étudier les Arts. Il retrouva ce que la for- tune lui avoit öté, dans la générosité de Jac- ques Murel, Peintre de fleurs. Gelui-ci prit Ie jeune Mignon chez lui, quoiqu'il n'eüt encore que sept ans. Il lui donna des lecons, et il Ie garda chez lui dix sept années. Murel faisoit commerce de Tableaux, et dans un voyage qu'il fit en Hollande, il engagea David de Heem de se charger de Mignon : c'étoit Ie moment de lui donner un Maitre de ce mérite. L'affiduité et les progrès de 1'Eleve redoublerent les attentions et Tamitié du Maitre. Mignon acquit bientót de la réputation, et ses Ouvrages commencerent a être recherches. Il ne lui falloit plus, pour se perfettionner, que de consulter la nature. Il la consulta depuis dans des détails qui ne sont pe- tits qu'aux yeux du vulgaire des Peintres; et ce
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Flamands, Allemands et Hollandois. 53
ce fut la derniere et la plus grande obligation 1637.
qu'il eut a de Heem, que de 1'avoir bien con-«—— vaincu de cette excellente maxime. Mignon, parvenu a mériter 1'estime des Con-
noisseurs, quitta son Maitre pour partageravec sa mere une fortune naissante, qui augmenta sou affiduité et son application au travail. Il s'éta- blit a Wedzlar oü sa mere demeuroit, et ne la quitta qu'a sa mort. II s'y maria et vécut estimé par son talent, et aimé pour sa douceur dans la société; il fut un des plus habiles dans son genre. Il mourut en 1679, et laissa deux filles. Ce Peintre est un de ceux qui ont Ie plus joui
pendant leur vie de leur talent; Ses Ouvrages furent bien payés, et auroient augmenté de nos jours, ü van Jluysum n'avoit pas fait voir qu'il étoit poffible de Ie surpasser. Mignon colorioit avec véricé et chaleur les fruits et les plantes» Ses fleurs ont la fmicheur de la nature: sa tou- che facile leur donne de la legéreté. Il faut avouer qu'il n'a pas eu les ressources dont van Hujsum nous a donné 1'idée. La lumiere n'est pas toujours répandue avec autant d'harmonie que dans les Ouvrages de ce dernier; 1 accord des couleurs opposées moins bien entendues, a di- minué Ie mérite de quelques-uns des Tableaux de Mignon, fi dignes d'ailleurs d'entrer dans les meilJeures collecitions. On voit de luien France, dans Ie Cabine! du
Roi, deux beaux morceaux : l'un représente un Bouquet de fleurs dans un bocal de verre ; 1'au- tre, plusieurs Plantes différentes, des Poissons, et un Nid d'oiseaux. D 1 Chez
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La Vie des Peintres, etc.
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1637. Chez M. Ie Duc 0" Orléans, un amas de fleurs,
^—w sur lesquelles sont qaelques Inse&es. Deux chezM. de Julienne, dont 1'un repré-
sente un Panier avec des Fruits; et 1'autre un Vase et des Fleurs. A Dusseldorp, chez l'Ele&eur Palatin, une
Table sur laquelle sont des Huïtres, des Lima- 9ons, des Perdrix et du Pain. Chez Ie Prince de Hesse, deux Pendants oü
ne sont que des Fruits. Chez M. Fagel, a la Haye, un Tableau de
Fruits. Chez M. Lormier, des Animaux, des Oiseaux,
des Fleurs et des Plantes 5 et un Tableau de Flenrs. Chez M. d'Acosta, un Tableau oü 1'on voit
des Couleuvres et des Souris qui rongent des fruits. A Roterdam, chez M.Bisschop, une Corbeille
de Fruits; Ie fond est un Paysage fort clair. PVeyerman, qui a vu beaucoup de Tableaux
de Mignon, nous en cite un comme Ie plus pré- cieux : il étoit dans Ie Cabinet de M. de la Court Vander Voort, a Leyden, et portoit, par dis- tin&ion, Ie titre de Tableau de Mignon au Chat; un Chat de Chypre renversoit un vase rempli de fleurs qui étoient dispersées sur une table de marbre; 1'eau qui sortoit du vase étoit fi bien représentée, et avcc tant de vérité, qu'on crai- gnoit d'en être mouillé. |
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JACQUES
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JACQCES
VAN OOST, ÉLEVE DE SON PERE.
ACQUES VAN OOST,
surnommé Ie Jeune, parce quil est fils deJacques van Oost, dont il est parlé dans Ie second volume. VanOost Ie jeune naquitPeintre, et dès qu'il eut la liberté d appren- dre Ie dessein, il abandonna tout ce qui auroit pu 1'en distraire : il fut 1'exemple de TEcole, et par son ardeur a s'instruire, il redoubla celle de son pere a 1'avancer dans ses études. Il est D 4 rare
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La Vie des P§intres
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1637. rare d'avoir une fi viveancünation fans talent;
•—°™- et avec l'un et 1'autre on eft für du progrès. Van
Oost acquit donc de bonne heure de la répu- tation; il defira et obtint la permiffion d'aller a Rome; il prit fa route par Paris, oix il demeura deux ans, et de!a futc'i Rome. Il copia les Anti- ques, il étudia la maniere de chaque Maitre, et toiijours avide d'apprendre, il fit chaque jour de nouveaux progrès, parce qu'il ne perdit pas un feul jour. Après plufieurs années ü bien em- ployees, il quittaavecregret l'Italie, (cetasyle de tous les Arts) pour revoir fa Patrie. Arrivé a Brtiges chez fon pere, il fit qiïelques Tableau*, et malgré 1'envie que 1'on eut de 1'y fixer, il préféra Paris qui éioit pour lors, comme a pré- ïent, la premiere Ville du monde, par Ie gout pour les Arts, et par Ie grand nombre de ceux qui y excellent. Van Oost, en paflant par Lille, s'arrêta a y
voir quelques amis Artiftes, mais ils lui donné- rent 1'occafion de peindre plufieurs Portraits, qui eurent tant de fuccès, que les premiers de Ja Ville 1'engagerent a abandonner Ie projet d'al- ler a Paris. Il n'y auroit peut-être pas renonce, mais les Ouvrages qu'on lui proposa fe fuccé- derent au point qu'il y auroit eu de la folie de quitter Ie certain pour 1 incertain. Il fe détermi- na donc a refter a Lille; il y épousa Mademoi- felle Marie Bourgeois, et il demeura 41 ans dans cette Ville qu'il n'auroit pas quittée fans la mort de fa femme. Van Oost devemi veuf,reiourna a Brnges, oü il mourut peu de temps après, Ie 29 Décembre 1713, agé de 76 ans. Il eft enterré dans 1'Eglise des Jacobins. Il laiffa après lui un fils
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Flamands, Allemanis et Hollandois. 5^
fils qui portoit fon nom, mais qui n'a jamais été 1637.
un grand Peintre. i»i « La maniere de Van Oost Ie jeune approche
de celle de fon pere; il eft c 'pendant plus pa- teux; et sa touche eft plus franche; il drapoit de plus grande maniere; fes compofitions ne font pas abondantes, mais réfléchies; fes flgnres font correftes et exprefllves; fon gout de deflein tient de la grande Ecole; fa couleur eft bonne et pro- duit de beaux efFets. Comme fon pere. il pei- gnoit très-bien Ie Portrait; quelques Partisants zelés or.t osé comparer quelques-uns de fes Ta- bleaux de ce genre a ceux de van Dyck. La com- parai,«on eftoutrée, mais il étoit Ie meilleur de fon pays dans fon temps.U n'a jamais aimé lesTa- bleaux de chevalet. On ne trouve de fes grands Ouvrages que dans les Eglises ou dans les Pa- lais : Voici les principaux. A Lille, dans 1'Eglise de S. Etienne, Ie Mar-
tyre de Siinte Barbe, Tableau d Autel dans la Chapelle du même nom. On Ie regarde comme ie plus beau de eet Artifte. Dans 1'Eglise de S. Sauveur, une Transfigura-
tion au Maitre Autel. La Résurreöion du Lazare, au Grand Autel
de 1'Eglise de la Madeleine. Autre Tramfis;iiration, Tableau d'Autel dans
Ie Cho2iir de 1 Eglise deS.André. Dans 1'Eglise des Carmes, fïx grands Ta-
bleaux, trois d'un cóté, représentant la Vie de S. Jean d cruce; et les autres la Vie de Sainte Thérese. Aux Capucins, plufieurs morceaux dans leur
Eglise; Ie plus beau eft dans Ie Chceur : on y voit
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58 La Vie des Peintres
j/j, voit 1'Enfant Jésus a qui on présente les Inftru-
mmm ments de la Paffion; lesautres font de fon der- nier temps, et marquent la foibleffe de fon age. Une Sainte Familie dans 1'Eglise de Saint
Maurice. A Bruges, dans 1'Eglise des Récollets, dans
la Chapelle de Sainte Marguerite, cette Sainte tenant un Dragon enchainé. Dans 1'Abbaye aux Dunes, Ie Portrait d'un Abbé:c'eftun tres beau Tableau. |
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MINDERHOUT.
MInderhout naquit a Anvers : on ne
fgait a qui il a du. fon inftruftion, et on ne connoit que très-peu de particularités de fa vie. Il fut admis a 1'Académie d'Anvers; on y voit encore fon Tableau de réception : c'eft une belle Marine; il efi place entre les croisées, dans la Salie de TAcadémie, et fert de pendant au Ta- bleau de réception de Rubcns. On na pas fc.u pourquoi ce Peintre a quitte
fon pays natal, oü 1'on recherchoit fes Ouvra- ges. Il eft certain qu'il alla s'établir a Bruges, oü il entra dans la Société des Peintres en 1662. Il a fini fes jours dans la mome Viile, fans qu'il ait été poffible de foavoir en quelle année. Minderhout fe plaisoit a représenter des Ports
de Mer, des Baffins remplis de Vaiffeanx : il a peint plufieurs fois la Ville et Ie Port d'Anvers, et plus fouvent la Ville et Ie Baffin de Bruges. On juge de 1'étude particuliere qu'il avoit faite des
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Flamands, Allemands et Hollandois. 5g
,1111 M.
des Vaiffeaux, de leurs formes, de leurs agrès, 1637.
par fa maniere vraie de les rendre. ■»—— Ses compofitions font abondantes, et toujours
avec de grands effets et de belles oppofitions. Quefejtiefois fes Ouvrages mérirent de grands éloges; quelquefois ils font faits avec tant de facilité et de promptitude, qu ils paroiffent n'ê- tre que des ébauches; ies Figures, dont il y a par-tout grand nombre, n'ont pas Ie même mé- rite; fesCiels font médiocres et fans légéreté.Ses Ouvrages font très-peu connus en France; on voit cependant a Paris, deux bonsTableaux de ce Peintre, chez M. Ie Marquis de la Bour- donnaye, Conseiller d'Etat, etci-devant Inten- dant de Rouen : 1'un eft un Port de Mer du Le- vant; et 1'autre la Ville et leBaffin de Bruges. A Rouen, chez feu M. Ie Comle de Varne-
ville, Ie Baffin de Bruges, Sujet qu'il a fouvent répété. Dans la Salie de 1'Académie d'Anvers, un
Port de Mer, avec beaucoup de Vaiffeaux; ce fut fon Tableau de réception. A Malines, dans TEglise des Religieuses de
Leliendael, une belle Marine, mais retouchée par Huysmans. A Bruges, dans TEglise Collegiale de S. Sau-
veur, une autreMarine, avec beaucoup deVais- feaux, paffe pour être un ex voto; il eft dans la Chapelle de Notre Dame de Lorette. C'eft dans cette Ville qu'on trouve Ie plus d'Ouvrages de ce Maitre. Et a la Haye, chez M. Verschuuring, un Port
d'Italie, d'une riche compofition. NICOLAS
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6o La Vie des Peintres, etc.
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NICOLAS RYCKX.
N croit avec quèlqu'apparence ffiwolas
Ryckx flls de Jean Ryckx, né a Bruges; fon Maitre eft inconnu; jeune encore il voyagea & parcourut une partie de 1'Orient. Son plus grand féjour & fes études furent a Jérufalem & aux environs: il deffina les lieux les plus connus & les plus propres a entrer dans fes Tableaux; il obferva avec foin les caravannes & les habii- lementsdes Habitants du pays.De retour a Bru- ges; il fut admis dans la Société des Peintres Ie 9 Septembre 1667. C'efl: tout ce qu'on a pu dé- couvrir de la vie de ce Peintre. Quant a fes Ouvrages, ils font connus & efti-
més en Flandres : il peignoit avec une grande facilité; fa maniere tient de celle de Vander Ka- bel. Il eft cependant plus clair & plus vague , fon Payfage eft de bon gout. Prefque tous (es Tableaux repréfentent des Caravannes & des Vues de la Paleftine. Sa compofition eft abon- dante, les Figures, les Chameaux, les Che- vaiix, &c. font deffinés & touches avec efprit. fa couleur eft fort bonne; en général, c'eft un bon Peintre, & dont en Flandres on fait cas avec juftice. |
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JOSEPH
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J O S E P H
W E R N E R, É L E V E
DE MATHIEU MERIAN. OSEPH WERNER naqnit a
Berneen 1637, Son Pere, Pein- tre estimé, eut la satisfa&ion de voir son fils montrer la plus forte inclination pour tout ce qui étoit art ou fcience; il lui donna les principes du Dessein, mais sans négliger ses autres dispositions. Et comme il remarquoit qu il avoit un attrait décidé vers les fciences, il leut habilement
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62 La Vie des Peintres
i6V7. habilement en faire lobjet deses henres de ré-
. création. Cet aimable Eleve fut envoy.'- a Balie, sous les Professeurs distingué.s, qui depuis long-
temps rendoient célébre cetre illustre Ecole : et au bout de deux ans il surpassa tous ses Condis- ciples, et n'eut presque plus besoin de ses Mai- tre.s: de la on Ie mit chez Mathieu Merian, Ie premier Peintre de Francfort. TVerner, dont 1'esprit solide et pénétrant ne
visoit jamais a moins qu'a la perfection dans ce qu'il étudioit, éronna bientöt son Maitre par ses questions, par ses observations fries de la natu- re, et par ses progrès rapides dans 1'art de 1'imi- ter. Il est certain que si les grands succes dans la Peinture, ainfi que dans tous les Arts, peuvent être attribués a la maniere donf un Maitre en donne des lecons, ce talent d'instruire seroit presque a pure perte, sans les dispofitions et l'application de 1'Ecolier. Il se formoit presque seul, semblable a ces terrains naturellement fer- tiles, qui doivent plus leurfécondité a leur pro- pre fond qu'a la main qui les cultive. Merian frappe des dispofitions du jeune Wer-
ner, non-seulement lui inspira la curiofité de voyager en Italië, mais voulut lui en procurer la commodité et les moyens; il saifit 1'occafion de Ie présenter a M. Muller, homme riche et plein de gout, qui étoit prêta partir pourRome. La complaisance de M. Muller, en se char-
geant de ce jeune homme, qui étoit fort aima- ble, devint bientót une estime tendre; non-seu- lement il Ie défraya, mais il 1 aida de ses con- seils, et lui commoniqua les connoissances et Ie gout qu'il avoit lui-uiême pour son Art. AicJé de
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Flamands, Allemands et Hollandois. 63
de sessecoiirs, rien néchappa a PVerner de ce 1637.
qui méritoit son attention, et il rut toutle temps ~^—w et toute la commodité d'en profiter. Dans ce pays oü chaque lieu, chaque instant pré,sentent de nouveaux modeles, fVerner ne fut pas un mo- ment oisif; il dessina, il copia avec une telle fa- cilité et une fi grande promptitude, qu'il étonna par la quantité de desseins et de ïableaux qu'il fit en fi peu de temps. Il Iravailla quelques Ou- vrages a fresque; mais la nécessité oü 1'on eft de les terminer tres vite, et Ie gout décidé qu'il avoit pour Ie beau fini, Ie dégouterent de cette maniere de peindre. Il quitta la fresque el 1'huile pour se livrer tont entier a la Miniature; et par Ie degré oü il la porta, il fut depuis aisé de con- noitre qu'il avoit suivi, en la préférant, son in- clination et son véritable talent. S'il réussit a parfaitement traiter Ie Portrait,
il traita également bien 1'Histoire; et on fgait a. quel point il est difficile de conserver, dans un fi petit cspace, la dégradation des Plans, la pro- portion des Figures , l'expres>ion vive des Pas- sions, et tout 1'efFet d'un grand Tableau. La recherche que firent de ces morccaux les
Connoisseurs et lesCurieux, Teftime dts Itaüens, furent une preuve convainquante du mérite de ses Ouvrages. La réputation de 1'Artiste s'étendit jusqu'a
Paris, deja Ie rendez-vous des Arts; et 1'honneur que fit a PVerner Ie Prince de l'Univers. qui avoit Ie plus de gout ( Louis Ie Grand) de 1'ap- peller a sa Cour, acheva sa célébrité. Il ne fal- loit pas moins qu'un ordre fi glorieux, et qu'un pays aussi renommé que la France, pour dé- dommager
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64 La Vie des Peiulres
J637. dommager Werner de la peine qu'il a eue a quit-
' ter Rome. Arrivé a Versailles, il fit plufieurs Portraits
du Roi, et tous ceux de la Cour. Ce n'étoit en- core qu'une des preuve.t frappantes d'un talent qui n'est pas tres-rare, celui de faire ressembler; il Ie rendoit supérieur par celui de parfaitement peindre. Il montra son esprit par des Sujets allé- goriques, bien composéa, et a la louange de Louis XIV. Entre plufieurs amis, tous fcavants ou grands
Artistes, avec lesquels il s'étoit lié, il Ie fut plus intimement avec Quinaut; il fit pour lui qnan- titéde jolis Tableaux, dont voici quelques Su- jets principaux : Les Muses sur leParnasse; des traits de la Mythologie concernant Pallas, Ju- non, Diane, Flore; la mort de Didon; Arthé- mise avalant les cendres de son mari; les restes du Colisée; les Monstres que vainquit Cad- mws, &c. Infatigable dans Ie travail, JVerner en fut
souvent récompensé par la présence du Roi. qui prenoit plaisir a voir ses compositions ingénieu- ses, et Ie soin qu'il se donnoit de les bien ren- dre. Louis XIV voulut se 1'attacher comme tant d'autres Etrangers qui, attirés par les libéralités de ce grand Prince, et retenus par ses bontés, contribuoient a orner la France. Les uns pretendent que W^erner céda a son
amour invicible de la Patrie, qui est si puis- sant sur la plupart des hommes, et que pour retourner dans son pays, il refusa les avantages de Phonneur et de la fortune que lui offroit un Roi magnifique, dans la Cour la plus brillante; d'autres
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Flamands, Allemands et Ilollandois. 65
dautres croyent que ce furent la jalousie et les 1637-
intrigues de Ie Brun, premier Peintre du Roi, ^mmp qui obligerent Werner a sortir deFrance. Quel- qu'envieux que Ton suppose te Brun, lestalents de ces deux Peintres étoient d'un genre ü diffé- rent, qu'on ne peut guere se prêter a croire que Ie Brun ait pu en concevoir de l'ombrage. Wer- ner avoit beau exceller dans ses petits Ouvra- ges, et y mettre la finesse de Fallégorie, les ren- dre précieux par un beau fini; tous ces mérites approchent-ils de ce feu poétique qui fait admi- rer les riches et grandes compositions de Ie Bruxü II y avoit entr eux 1'inégalité qu'il y aura tou- jours entre la delicatesse de 1'esprit, et lasubli- mité du génie. ^Ftfraerallas'établir en Allemagne, il épousa
a Ausbourg en 1667, Mademoiselle Suzanne Meyer. Il travailla d'abord pour 1 Archiducheffe de Baviere; il fit pour cette Princeffe sept Ta- bleaux tirés de la vie de la Vierge, qui lui furent payés7OOducats.Malgré laquantiléprodigieuse de Portraits qu'il ne put se dispenser de faire, il trouva Ie temps de se livrer quelquefois a son Ouvrage de prédile&ion, a ces jolis petits Ta- bleeiux d'imagination, et ils lui furent toujours payés Ie prix qu'il y voulut affigner. Il ne put se défendre de ceder aux instances
de la Cour d'Inspruck; il y fit Ie Portrait de 1'Archiducheffe, qui fut envoyé a 1'Empereur : eet Ouvrage lui valut récompense et honneur, une somme considérable, une Medaille et une Chaine d'or. Vers ce temps il se remit a peindre a 1'huile
qu'il avoit abandonnée, et il réuffit ü parfaite- Tome III. E ment,
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66 La Vie des Peintres
1637. ment, que ce morceau mérira d'être place dans
m demanda. Ce grand Tableau représentoit Thétis dans son char sur la mer, et 1'Amour en 1'air qui Ie précédoit. Cette facilité heureuse a passer de la Miniature a 1'htiile, prouve que qui possede Ie fond de son Art, Ie fcait mettre en oeuvre de toutes les manieres. L'inquiétude d'esprit naturelle a eet Artiste
lui fit encore quitter la considération très-lucra- tive qu'il s'étoit attirée dans les Cours d'Alle- magne. Pour revoir sa Patrie, il partit d'Aus- bourg en 1682, et revint a Berne avec sa fa- milie; mais il eut bientöt lieu de s'en repentir, 1'indirTérence et la froide réception de ses com- patriotes lui firent sentir vivement la folie de son retour. Plus de loisir et de tranquilité ponr se livrer a son Art chéri, furent son seul dé- dommagement. Il se présenta cependant une oc- casion de faire connoitre ce qu'il valoit, et il la saifit ïl peignit pour 1'HÖtel de Villo un grand Tableau, oü il rendit de la facon la plus ingé- nieuse 1'union nécessaire de la Justice avec la Prudence. Son peu d'occupation lui laissa bienrót beau-
coup de temps; il n'en vouloit point perdre, et il ne ernt pouvoir mieux 1'employer, par re- connoissance pour la Peinture, que de lui for- mer des Eleves. Il établit dans sa maison une Ecole, oü il rassembla des jeunes gens et des gens de gout. André Morell, Antiquaire eélé- bre, fut Ie seul des citoyens de Berne quicher- cha a distraire Werner de sa mélancolie. Cet ami sentoit trop qu'elle étoit causée par Ie des- ceuvremenï
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Flamands , Allemands et Hollandois. 67
oeuvremenf. et la solitude, pour ne pas saifir 1637.
1'occafion qui se présenta de Ten tirer. >wr Frédéric III. Ele&eur ck- Brandebourg, et pre-
mier Roi de Prusse, a la sollicitation é'/Éngus- tin Terwesten, son premier Peintre, établit une Académie de Peinture et d'Architeclüire; et Ter- westen, parce que lui-même étoit surchargé d'Ouvrages, en fit nommer Professeur Werner. Dankelman, premier Ministre de Prusse, a qui Tf^erner avoit été recommandé par Ie célébre Spanheim, lui en expédia *ur Ie champ la Pa- tente,sous Ie titre dedire&eur perpétuel de cette naissanle Ecole, avec une peniion de 1400 ifot- daelers. FF'erner partit sur Ie champ, et transporta sa
familie a Derlin: c'étoit en 1696. Il forma cette Académie sur Ie plan de l'Académie Royale de Peinture de Paris; maïs quelquc-tcmps après, quand eet établissement commencoit a prospérer, la disgrace du premier Ministre occasionna celle de Werner son protégé,dont la pension et la place de Directeur furent suprimées. Les Artistes du pays, jaloux qu'un Etranger fut a leur tête, firent entendre au nouveau Ministre, Ie Président Kclb de Wartemberg, que ïFerner n'en étoit pas digne. Cette direaion devintannuelle et al- ternative entreux, et l'Académie, a peine éle- vée, tomba bientót: ce ne fut que lorsque Ter- westen en fut uniquement chargé, qu'elle acquit une consistance durable et un nouveau lustre. JVerncr eut de quoi se consoler un peu de Ce
facheux evenement, par une augmentatfon de bien que lui procura une succession a Munich; il y envoya son ülsJoseph Wernerla recueillir, E z &
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68 La Vie des Peintres
i6\h. & seretiradanssaPatrie, oüil mourut en 17Io»
■ agé de 73 ans. L'e.sprit changeant de Werner, 1'imprudence
qiül ent de ne pouvoir se fixer dans les heux qui lui offroient fortune et distinftion, un peu de hauteur dans Ie caractere qui lui faisoit peu ménagcr ses Confrères, contribuerent aux trou- bles et aux disgraces de sa vie; ce furent ses torts, nriis qui n'obscurcissent point aux }Teux justes son esprit et son Uilenr.il a laissé des preu- ves du premier par ses compositions; et du se- cond par la maniere de les mettre en oeuvre. Ses Ouvrages a Thuile sont peu nombreux.
M. Fuesly, Peintre habile, qui nous a donné cette vie, assure que Ie plus beau Tableau a 1'huile de Werner, est a Bafle, dans la collec- tion de M. Jean Lucas Hrffman : il représente Adam et Eve dans la Paradis Terrestre; Ie dessein en est correft et la couleur tres-natu- relle. La familie de Grafenrie/te conserve auffi plu-
fieurs de ses Ouvrages, tant a Thuile qu'en mi- niature : c'est dans ce dernier genre qu'il a mé- rité une d^s premières places parmi les Artistes. |
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THEODORE ROOS,
ÉLEVE D'ADRIEN DE BIE.
—-----nnHÉODORE Roos, frere de Jean-Henrl
1630. JL j{oos } naquit a Wezel au mois de Septem-
? bie 1638. Deux mois de dessein dans 1'Ecole
iïAdnen de Bie, lui parurent suffire pour com-^
meneer
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Flamands, Allemands et Hollandois. 6$
meneera peindre. Deux ans après il refourna
chez son pere, oü il renconfra fon frerequi avoit de la réputation; il prolita de fes avis, et ils tra- vaillerent enfemble. Quelques Portrait de leurs mains portés a la Cour de Heffe , y flrent for- tune, et Ie Landgrave engagea les freres Roos a fe rendre auprès de lui. lis y furent employés a de grands Ouvrages, et y peignirent beauconp de Portraits pendant les trois années qu'ils y demeurerent. Théodore fut a Manheim, lorsqu'il vit fon
frere en 1^57 parvenu a un établiffement avan- tageux, il voulut effayer de voler de ses pro- pres ailes, et il y réuffit. Il débuta dans cette Cour par un grand Tableau, oü il avoit repré- fenté les Officiers en chef de trois Régiments de la Milice Bourgeoise. On Ie voit encore dans la Salie du Conseil. L'Elefteur Palatin trouva ces Por traits fi reffemblants, qu'il combla d'élo- ges l'Artifte; il lui fit donner des préfents et Ie choisit pour peindre Ie Duc d'Orléans et la Prin- cefle Palatine, qui venoient d être mariés en- femble. Roos fe furpaffa, il fut richement ré- compensé et gratifié d'une Chaine et d'nne Me- daille d'or, qui portoit 1'empreinte du Duc et de la Ducheffe d'Orléans. Les Cours de Birkenfeld, de Bade, de Ha-
nau et de Nafïau, chargerent notre Artifte de plufieurs Ouvrages; Ie Duc de Wirtemberg lui commanda huit grands Tableaux, dont tous les fujets étoientpris dans 1 Hiftoire. Cesbeaux Ou- vrages lui valurent Ie titre de premier Peintre de chaque Conr. On ne f^ait par quel hazatdThéodore fe trouva
E 3 a
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70 La Vie des Peintres
1638. a Strafbourg, lorsque les Franc,ois en fïrent la
^■1111 1- conquête. Cette Nation, qui n'a jamais fait la guerre aux Arts, donna des marques senfibles de fon eftime a notre Peintre; on Ie traita avec diftin&ion, il eut des Sauve-gardes, et il fut exempt de logement de Gens de guerre, et de toute autre contribution. Les plus grands Sei- gneurs Ie vifiterent; il en avoit peint pluneurs,1 et ceux qui n'avoient pas de (es Ouvrages, s em- preflerent d'en obtenir. Il acq ut, par fes talents, une grande fortune, et la réputution plus flat- tenfe dun Artifte célébre : on ignore Ie lieu et 1'année de sa mort. Ce Peintre avoit une maniere facile et large,
fa couleur eft vigoureufe. S'il avoit vécu quel- que-temps a Rome, il auroit peut être furpaffé ceux de fon fiecle; maïs il n'étoit pas aufli bon Deffinateur que grand Colorifte: on en peut at- tribuer la caufe au pen de ternps qu'il employa au Deflein. Il n'efl que trop ordinaire aux jeu- nes Artiftes, et sur-tout ceux qui ont du génie, de s'impatienter des Eléments. Ebiouis par 1'é- clat de la Peinture, 1'étude pénibJe du Deffein leur paroit minutieufe et ennuyeufe. Ses compo- fitions font pleines de génie. Il étoit fort eftimé en Allemagne, oü font prefque tous fes Ouvra- ges, fur-tout pour les Portraits qu'il faisoit par- faitement reflemblants. |
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GUILLAUME
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Flamands, Allemands et Hollandois. •) i
GÜILLAÜME DE HEUS,
ÊLEVE DE JEAN BOTH.
DE Heus naquit a Utrecht. Il alla de bon-
ne heure en Italië pour y étudier la Pein- ture Jean Bol/ie, fut son Maitre,et ce fut lui qui lui apprit a voir la nature, et a la repréfen- ter fi agréablement. Son Eleve réufïit dans fa maniere; fesTableaux furent recherches et ven- dus cher,ce qui Ie détermina a rester long-temps a Rome, pour y finir Ie grand nombre d'ouvra- ges qu'il avoit entrepris; il revint cependant finir fes jours a Utrecht, oü il a vécu fort agé. Ses Tabieaux font d'une très-bonne couleur.
Il peignoit presque toutes fes vues d'après natu- re, (bonne et excellente methode) auffi Ton reconnoit bien fes Tablcaux : ce font des vues du Rhin, on autres prefque toujours frappan- tes. Il fcut choifir les endroits cü les oppofitions fe trouvoient comme placées expres; il ornoit fes Payfages de jolies Figures, de Chaffes, de Fêtes ou de Moiffons. Ses Tableaux font plus coinmuns en Italië que par-tout ailleurs. Voici les plus connus. On voit chezl'Ele&eur Palatin, quatre jolis
Paysages, avec fignres et animaux. Chez M. Fagel,A la Haye, un Paysage re-
présentant une vue dn Rhin. Chez M. Ver schuuring, un Payfage avec
des Chaffeurs a cheva : un autre Payfage pres d'une chute d'eau; des Bergers y conduifent leurs troupeaux. E 4 ADRIEN |
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ADRIEN
VANDEN VELDE,
ÉIEVE
DE JEAN WINANTS. E L O N les Auteurs Hol.'an-
dois, Vanden Joelde composoit des Tableaux, avant même que d'avoir eu des Maitres. Il for$a, pour ainsi dire, son Pere a Ie faire Peintre; car comment con- trarier la vocation d'un Enfant qui, malgré les menaces, a toujours Ie Charbon a la main, et barbouille de la cave au grenier les murail- les
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La Vie des Peintres, etc. 7 3
les d'une Maifon. Non-seulement cette fureur 1639.
de grifFonner indiqiioit un penchant bien déci- dé; mais ce qu'il y a de fingulier, c'eft que fon acharnement a tracer les mêtnes objets,mon- troit a n'en pas douter, Ie genre dans lequel il excelleroit. Il deflinoit déja avec goiit, et par préférence des Chevres, des Moutons, des Va- ches, &c. Wynants en fut étonné; il Ie prit dans fon école, bien für de fon fuccès : de fi ra- res difpcfitions ne font guere trompeufes. La Femme de Wynants fut encore plus hardie dans fes conje&ures, et voyant tous les deffeins de Panden Velde, eUe dit a fon mari : Vous croyez avoir un Ecolier, ce fera votre Maitre : la fuite a vérifié fa prédi&ion. Wynants étoit un des nvilleurs Payfngifles
dHollande; il joignoit a ce talent une bonne foi que la crainte dv former un Rival n'admet guere. Il ne cacha rien de fon Art a font Eleve; il lui révéla fon grand fecret; c'éroil d'imiter en tout la nature. Le jeune Artifte en profita, et ne s'en départit jamais. Il n'y eut point de jour, depuis, quil n'al'at dans la Campagne peindre ou deffiner des Vues, des Nnages, des Arbres, des Animaux, &c. Les idees les plus heurenfes du plus beau génie, n'ont jamais la variété, 1'abondance ni Ta vérité de ces richeffes quétale a nos yeux une belle fitualion. L,es progrès que fit Fanden Velde, par cette
route fi abrégée et fi füre, lui faisoient fentir de plus en plus les obligations qu'il avoit a Wy- nants, de la lui avoir indiqnée, et le mirent bientöt a portee de s'en acquitter. Il avoit remar- qué avec autant d'étonnement que de peine, que
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74 La Vie des Peintres
n'ie fon Maitre étoit reduit a avoir recours a
Wouwermans pour orner fes Payfages de figu- res. Il offayad'en faire: fa reconnoiflance et fon application rendirent fes tentatives fi heurenfes, que ïfjnantó n'eut plus besoin de s'adreffer a d'autres qu a lui. Fanden loeide rendit ce même fcrvice a Vander Heide,i, a Hobbema, et a Moucheron. &c. Fanden F Ide & Wynants, fe féparerent
également obligés 1'un a l'autre; mais on ne s'attendoit pas qu un Payfagifte, en fortant de Fattelier d'un Peintre de même genre pafferoit tout de fuite a des Tableaux d'Hiftoire, et pein- droit pour une des Eglifes Romaine d'Amfter- dam, une Defcente He Croix, Tableau d'Autel eftimé. II traita fans interruption , et avec fuo cès, plufieurs autres Sujets tirés de la Paffiort de Notre-Seigneur. On juge par fes compofitions, que s'il s'étoit livré a THiftoire, il y auroit ex- cellé, comme il a fait dans Ie Payfage. Des ta- lentsfi décidés, joints a desmoeurs, et aux qua- lités aimables de la fociété, ne firent qu'augmen- ter les regrets de fa mort prématurée. On Ie per- dit Ie 21 Janvier 1671, a peine agé de 33 ans. Nous parlerons dans la fuites de eet Ouvrage, de Thierry van Bergen, fon meilleur Eleve. Le mérite des Payfages de Fanden Velde,
confifte en une couleur excellente, en une ex- preflion vive qui rend to 11 jours certains effets aufli frappans que finguliers, et ingénieufement faifis dans la Nature. Ses Giels pétillants, bril- lent a travers les arbres; fa touche eft franche, et termine les formes avec fineffe; fon feuillé eft pointu, et dun grand travail. 1 i
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Flamands, Allemands et Hollandois. 7!»
II régne un flou et une chaleur rare dans tous 1639.
fesTableaux, et c'eft peut-être dans cettepartie ■^■w» qu il n'a point été furpafle. Ses figures font bien deflinées; il n'y a rien a defirer pour la correc- tion de fes chevaux, des chevres et des moutons; ils font coloriés avec beaucoup de vérité; ils répandent de la gaieté, du mouvement et de la viedans tout ce que nous avons de lui. Des Ouvrages d'un fi beau fini et fi nombreux, font juger, par Ie peu qu'il a vécu, de l'affiduité et de la facilité avec lefquelles il travailloit. On voit a Paris, chezM. de Julienne, qua-
tre Payfages, avec des animaux. Chez M. Ie Marquis de Vorer, des petites
vaches, et un fond de Payfage Chez M. Blondel de Gagni, un Tableau ca-
pital, Payfage avec des figures et des animaux; et un autre payfage, avec figures. A Dusseldorp, chez TElefteur Palatin, un
Paysage, avec des figures et des animaux : un autre Payfage; on y voit des bergers et des ber- geres qui ménent paitre leurs troupeaux; Ta- bleau précieux et agréable. Chez Ie Comte de Wassenaer, a la Haye;
deux jolis Payfages, avec des figures, des va- ches et des moutons. Chez M. van S Un gelandt, Conseiller a Ia
Haye; plufieurs animaux dans un Payfage. Chez M. Fagel, un Payfagp, un autre de
Fander Heyden et de Vanden Velde. Chez M. Ie Lormier, huitbeaux Tableaux,
donr un Payfage avec des mafures et des ani- maux différenrs; un autre Payfage, avec des animaux, et un jeune homme qui paffe un ruif-
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76 La Vie des Peintres
1639. 'iiiffeau; un autre Payfage avec des fïgures et
**■■«?• et des vaches couchées parmi d'autres animaux; un Payfage dans lequel on voit deux figures et plufienrs animaux; une Chaffe; un autre Pay- fage fort étendu, avec figures et animaux, et un aulre fort clair avec figures, &c. Chez M. van Héteren, une femme a cheval,
et un homme monté fur une bourrique; quel- ques autres figures conduifent des animaux dans un Payfage. Chez M. Halfwassenaar, une Place de Ro-
me, dans laquelle eft une foule de peuples, et des animaux de toutes espéces; c'eft un Marché. Chez M. d'Acosta, un beau Payfage avec
des figures et des animaux. Chez M. P^erschuuring, un Tableau repré-
fentant un homme qui conduit avec fon chien des boenfs dans un Payfage fort étendu; et un autre Payfage, avec figures et animaux. Chez M. van Brémen, trois Tableaux avec
figures et animaux; Ie Payfage eft de Wynants fon Maitre. A Amsterdam, chez M. Braamkamp, cinq
Tableaux, dont les figures, fon de taanden Vel- de, et les fonds de Vander Heyden; un autre d une femme, on y voit figures et animaux; un autre oü font des mafures et un payfage (1'été ) il y a beaucoup de figures; un autre eft un hiver avec des figures ; et un autre du même fujet. Chez M. Léender de Neunlle. Jacob qui
quitte Laban; Tableau capital, il y a plus de cent animaux. Chez M. Lubbeling, des bergers qui condui-
fent différens animaux; et un autre Payfage d'animaux. Chez |
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Flamands, Allemands et Hollandois. 77
ChezM. Bierens, deux beauxPaysages, avec 1670.
des figures et des animaux. -^—■» A Roterdam, chez M. Leers, trois Paysages
ornés de figure«. Chcz M. Bisschop, trois Paysages avec des
figures et des animaux. |
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GASPARD
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GASPARD
NETSCHER AQUIT a Heyddbergen 1639;
il étoit fils de JeanNelscher,Scv\- pteur, qu'un enchainement mal- heureux de circonstances rédui- sit presque continuellement, a errer de Ville en Ville, pour évi- ter les calamités de la Guerre. Après sa mort, sa Familie se trouva encore dans cette facheuse situation; sa Veuve obligée de quitter Hei- delberg avec quatre enfants, et de se retirer dans un Chateau fortifié, eut la douleur de voir deux de ses fils mourir de faim dans ses bras : mais cette horrible perte ne fit que re- doubler
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La Fie des Peintres, etc. 79
doubler fa tendreffe pour ce qui lui reftoit d en- 1639.
fants. Elle eut 1'adrefle et Ie courage de fe fauver w avec fa petite fïlle et fon fils Gafpard qui n'a- voit que deux ans; une nuit obfcure la déroba a la famine et aux yeux des ennemis, dont Ie CMteau étoit environné. Aprèsbien des crain- tes et des fatigues, elie arriva a Arnheim , oü elle ne trouva de fecours que dans lacharité de quelquos perfonnes. La figure aimable de notre p^tit Netfcher,
toucha Ie Médecin Tullekens qui étoit fort ri- che: 1'efprit qu'il lui découvrit, 1 attacha fi fort a eet enfant, qu'il 1'adopta pour fon fils. II n'en ef- péroit pas moins que de Ie rendre capable un jour de Ie remplacer. Il lui donna lesmeilleurs Maï- tres; les progrès rapides que fit Netscher, dans les éléments de la langue latine, juftifioient les vues favorables que Ie Médecin avoit fur lui; mais bientöt fon attachement opiniatre au def- fein, malgré les défenfes réitérées qu'on lui fai- foit, de perdre ainfi fon temps, décela fon gé- nie pour eet Art, et prouva qu'il étoit plus né pour imiter les objets, que pour apprendre les langueset la médecine. Ce penchant fi différent de celui que Tu/le-
liens eut voulu lui infpirer, n'altéra point les fentiments tendres qu'il avoit congus pour Ie jeu- neNetscher, plus né pour être Pcintre que pour être Médecin; il auroit cru faire une injuftice que de s'opposer a uneinclination auffi décidée. Dès qu'il Tent affez éprouvé, pour s'en affu- rer, il Ie placa chez Koster, dont un des talents principaux étoit de peindre des OifeauK et du Gibier. Netscher fut admis dans cett Ecole, a la
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8o La Vie des Peintres
1639. 'a recomma»dation d'un Parent de Terburgh ;
^■y Bonrguemeftrede Deventer; ladouceur et Tha-
bileté du Maitre redoubla 1'ardeur de Netscher: il furpaffa bientót fes compagnons, et bientót Koster lui même n'eut plus de le^ons a lui don- ner. L'Eleve réuffit fur-tout dans Timitation des Draperies, des Etoffes de foie. Au fortir de cette Ecole, Netscher travailla
qnelque tems pour les Marchands de Tableaux; mais fentant qu'il étoit leur dupe, et par Ie peu qu'il recevoit de fes Ouvrages, et parce que cette fervitude rétréciffoit fon génie, il résolut de paffer en Italië : il s'embarqua dans un Vaif- feau qui alloit a Bordeaux; il y lia connoiffance avec un Liégeois, nommé Godjn; fa rille lui plut, il 1'époufa en 1659, et au lieu de paffer les Alpes, il s'étabüt dans cette Ville. Il y a apparence qu'il y fut refté, fi les Proteftants, de la Religion defquels il étoit, n'y ouffent pas été inquiétés; fon départ n'en fut retardé que par les couches de fa femme qui lui donna un fils. Il retourna en Hollande, et fixa fon féjour a la Haye : il s'y attacha d'abord a com- pofer des petits fujet qui furent fort recher- ches , mais toujours trop peu payés pour Ie temps qu il y emploj-oit. Le befoin de fubvenir a une familie de jour en jour plus nombreufe, lui fit préférer un genre qui eft plus prompt et plus lucratif; il fe mit a faire le Portrait, et il eut bientót a peindre tous les Ambaffadeurs et les Princes Etrangers, dont la Haye eft le rejx- dez-vous. M. Temple, chargé alors des affaires d'Angle-
tcrre, fit a notre Artifte des propoütions de la part
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Flamandsy Allemands el Hollandois. 81
part de Charles II son Maitre, pour 1'engagcr 1639.
a s'établir a Londres. La mauvaise santé de "^—' Netscher, jointe peut-être a 1'amour de sa Pa- trie, les lui fit toutes refuser; et la premiere de ses excuses n'étoitque trop bonne,puisqueiVeA?- cher fut reduit bientót a garder Ie lit: il a même peint plufieurs Portraits dans cette incomaode fituation. Dès sa jeunesse il avoit été attaque de la gra-
velle : sa vie réglée n'avoit pu Ie guérir d'une maladie ü cruelle; la goute dont il fut fort tour- menté, acheva de 1'accabler; il rnourut a la Haye, Ie 15 Janvier 1684, agé seulement de 45 ans. Il laissa après lui sa Veuve et neuf En- fants, dont deux, Thiodore & Constantin, fu- rent Peintres; j'en ferai nipntion. Sa succession montoit a pres de 83 mille florins. Sa Veuve épousa un Maitre en fait d'armes, qui la rendit malheureuse. Netscher peignoit dans Ie genre de Koster son
Maitre, et de Mieris. 11 a fort bien traite quel- ques sujets de 1'Histoire Romaine et de la Fable; c'étoit Ie genre qu'il aimoit Ie mieux; il ne s'at- tacha a celui du Portrait que pour gagner plus de bien : encore la pkipart sont histories 011 enrichis de quelques figures épisodiques, qui aident a faire d'un sujet froid une compofition agréable et riche. Il avoit un meilleur gout de dessein que son Maitre, et plus de génie; sa touche est moëlleuse et fondue, sa couleur naturelle et dorée : il a surpassé l^s Peintres de son pays dans Timitation des étoffes, etsur-tout du satin blanc; il en a fi bien rendu Ie luisant et les tons argentins, qu'on croit les toucher, et Tome III. F qu'on
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82 La Vie des Peintres
qu'on est surpris de 1'illufion; ses flgures ont uu
air fimple, souvent de la grace, et toujours une expression naturelle; ce qui environne 1'objet principal de ses Tableaux. est très-fini, êt fait avec Ie plus grand soin. II peignoit très-bien les Animaux, les Fruits e( les Fleurs : il y en a dans presque tous ses Tableanx. Il ne peignoit gnere que des flgures distinguées, ce qui donna a tout ce qu'il a fait, une certaine élévation; ses drapen'es sont jettées en piis larges. Comme la Nature fut toujours son modele, il n'a jamais 1'air maniere \ on trouve par-tout du gout et un beau choix. Quoique Netscher peigt it ordinai- rement en petit, il a fait quelques Portrails en grand, qui ne sont pas sans mérite, raais ils sont inférieur* a ceux d'une moinHre grandeur; en général ses ouvrages ont Ie mérite d'une grande intelligence du clair obscur. Voici une partie de ceux que nous connoissons de ce grand Maï- tre. On en voit deux dans la fameuse colle£tion
du Roy deFrance; Ie premier est un Muficien, qui montre a une Dame a jouer de la Basse de Viole; Ie second, un Muficien qui joue du Luth. Chez M. Ie Duc d'Orléans, Ie Portrait de
Netscher, peint par lui-même; Ie fond da Ta- bleau est un sallon en arende : une femme qui inontre a lire a une jeune fiile ; a cóté d'elle est un petit gai-^on: Sara qui présente Agara Abra- ham; on y voit une table couverte d'un riche tapis, avec un bassinet. une «iguiere: Ie fond est un Pay vige: une jeune fille richement vitue avec une Viellc, dans un appartement, regar- de |
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Flamands f Allemands et Hoïlandois. 83
de un jeune garcon; derriere lui est un petit 1639.
enfant; Ie fond est un Paysage : deux enfants , ', qui se jouent avec un oiseau, dans un Paysage, 1'amour a cöté de Vénus sur un piédestal orné de bas-reliefs; au bas sont trois femmes a ge- noux, Ie fond est un Paysage. Chez M. VEmpereur, a Paris, une petite
femme qui tricote des bas : peint en 1666. Chez M. de Juiienne, une mere qui montre
a lire a ses enfants; et une petite Dentelliere. Chez M. Ie Marquis de Foyer, deux Tableaux
1'un représente une femme qui tient sa mon- tre ; 1'autre un enfant qui fait des bouteilles de savon. Chez feu M. Ie Marquis de Lassai, Ie Portrait
de Netscher, par lui-même. Chez M. Blondel de Gagny, une jeune fille
qui se nettoie les dents. Chez M. Ie Comte de Vence, Ie Portrait du
Peintre, ceux de sa femme et de ses deux filles; et Ie plus beau qu'il y ait peut-être de lui en France, est une Cléopatre piquée par 1'aspic; dans Ie fond est une Suivante en pleurs, quica- che son visage de douleur; c'est une belle et ri- riche composition oü tout est également pré- cieux, belle tête, belles mains, étoffe de satin bien rendue, fruits et meubles, tout y est fini, et d'un bel accord. A la Haye, chez M. van Slingelandt, Rece-
veur général de la Hol'ande, Netscher, sa fem- me et une autre figure. Chez M. Fagel, Vertumne et Pomone; un
Portrait de femme a l'italienne. Chez M. k Lormier, Ie Portrait d'une Prin-
F 2 cesse
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84 La Vie des Peintres, etc.
1639 cesse d'Orange, Reine d'Angleterre; un Sei-
gnenr qui fait voir une Medaille d'or a deux Dames; Tune habillée en satin blanc est assise; 1'autre avecune espece de mantelet de velours doublé de peau, est debout; une Nymphe nue et endormie surprise par un Satyre; deux en- fants faisant des boules de savon. Chez M. van Héteren, une femme très-jolie
habille 011 coëfle deux enfants; une servante apporte de 1'eau dans une aiguiere; on y voit un chat : Ie fond est un bel appartement bien meublé. Chez M. Hafïwassenaar, deux Portraits de
femmes en pied dans un petit Tableau, avec un chicn: Ie fond est un jardin. Chez M. cFjlcosta, deux enfants qui font
des boules de savon; une petite couturiere. Chez M. Verschuuring, une jeune femme a sa
toilette, et un enfant qui se mire dans son miroir. Chez M. van Dreinen, la femme de Netscher,
qui donne a tetter a son nis ainé: Ie Portrait de Marie Stuart. Chez M. Lubbeling, a Amsterdam, une belle
femme dan son appartement bien décoré : au- tre Tableau de méme. Chez M. Bisschop, k Roterdam, une Dame
donnant a manger a un perroquet; pres d'elle est un jeune cavalier, Tableau richement orné. A Dusseldorf, chez 1'Elefteur Palatin, un
berger et une bergere dans un Paysage; deux hommes et deux femmes qui font de la musi- que; une petite fïlle que se joue avec un perro- quet, &c. JEAN
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JEAN
RUDOLF WERDMÜLLER.
A Familie de Werdmuller est très-
distinguée dans les Arts et dans les Sciences; beaucoup se sontil- lustrés dans la Peinture; d'autres ont protégé les Artiste.'.Du notn- bre des derniers est Georg s TVerdmuller ,feld-Capitaine, Colonel des In- génieurs de l'Elefteur Palatin, Colonel au Ser- vice de la Répnbiique de Venise; enfin nommé Général d'Artillerie par ses compatriotes, chez lesquels il se fixa dans laVille de Zurich,il en for- tifia 1'enceinte, et inventa une machine hydrau- lique, qui porte les eaux a 11 J pieds de hauteur, depuis la riviere de Z-wza^ 'nisqu au Linden Hof F 3 II
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La Vie des Peintres
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1639. Il invenra aussi une Pompe pour les incendies,
ij—r qui donnoit de 1'eau a 8opieds de hauteur, et plusieurs antres machines hydrauliques, &c. Ce bon Officier partageoit ses études entre la Pein- ture et les Sciences: il s'étoit fair construire une galerie, dans laquelle il avoit amassé les Ou- vrages des plus habiles Peintres anciens et rao- dernes. Il ne se borna pas a acheter des Ta- bleaux; il devint Ie Ptre et Je Prote&eur de Ar- tistes : ce fut lui qui fixa long-temps. avec une bonne pension, Ie célébre Jean Hakaert, Pay- sagisre Hollandois. La Vil Ie de Zurich conser- ve avec Je plus grand soin les Ouvrages de ce Maitre. C'est de ce Général d'Artillerie, et SAnne
TVerdmuller (de la même familie) que naquit en 1639, dans la Vilie de Zurich, Jean Rudolf TVerdmuller. 11 fut, avec son frere ainé, confié aux meilleurs Maitres: ils convinrent tous qu'ex- cepté Ie De,ssein, les antres exercices ne tou- choient pas assezleur Eleve pour qu'il s'y ap- pliquat. Son pere ne balanca pas un instant a cultiver son gout; et pour Ie mettre a proflt, lui mit sous les yeux une colleftion de Desseins et d'Estampes; il lui paria souvent de la néces- ité de dessiner, et fut lui-même son Maitre pen- nt trois ans: il ie fit aussi essayer d'après na- ture. On conserve des desseins Ju jeune Werd- muller qu'il fit dans ce temps, et qui ne sont pas a mépriser. On confia ce jeune Artiste aux ins- tru&ions de Conrard Meyer, très-bon Peintre, homme d'esprit et d une grande vertu. Encore trois ans dans cette Ecole Ie mirent en état de suivre la nature et son génie. Il copia dans Ie Cabinet
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Flamands, Allemands et Hollandois. 87
Cabinet de son pere, une Suzanne de Paul Ve-
roneze; un beau Paysage; 1'Histoire de Ciicé et celle de Mercure. On npperc,ut tant de faci- lité dans ses copies, que 1'on auroit plutöt soup- c.onné qu'il les avoit composées en imitation de Ja maniere des Maitres qu'il avoit eus en vue. Un nombre de Portraits et de Tableaux de
fruits, beaucoup de Paysages d'après nature, dans lesquels il avoit introduit des rochers, des chutes d'eau, des débris d'Archite&ure; tout fut d'abord dessiné sur les lieux. Ces Ta- bleaux étoient des Vues locales 011 d'autres, composées avec des études dont il fit choix, et qu'il fc.ut unir ensemble. Lorsque son pere fut nommé Bailli de Waedenschwcil, il y peignit tous les Sous-Baillis de ce Bailliage; la vue du Vieux-Chateau, et Ie Sac de Zurich. Plusieurs de ces Portraits se voient encore chez M. Ie Bailli Lovater, a Zurich. II ne négligea, ni 1'Architec- ture civi'e . ni la militaire. L'envie de voir les Pays-Bas, les Maitres et
leurs Ouvrages, lui fit demander la pormission d'y aller, qu'il obtint. Francfort 1'arrêta pen- dant l'hyver auprès de Morell, bon Peintre de Fleurs. Après la Foire de Paques, il accompa- gna plusienrs Négociants a leur retour a Am- fterdam. L'air de ce pays étoit contraire a sa santé; il essuya une maladie qui lui öta l'usage des sens pendant quelques mois : enfin revenu a une meilleure santé, il retourna chez son pere, oü il copia un beau Paysage de Claude Ie Lor min; il modela en terre les Bustes d'Apol- lon et de Pallas; Milon de Crotone en grand, et F 4 une
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88 La Fie des Peintres
1639. une Sirene, figure dfstinée a uneFontaine pu-
^■■■rblique pour jetter 1'eau en 1'air. On nous assure que ces morceaux étoient d'une grande perfec- tion. Il fit, a 1'imitation de son pere, une Pom- pe pour éteindre les incendies, d'une invention simple et ingénieuse. Voilases délassements; Ia Peinture a l'huile et en détrempe faisoient son occupation capitale : tont son esprit ne se por- toit que vers eet Art. Ce fut en 1668 qu'il fit des efforts pour aller
visiter les Artistes et les Arts en France. Sa maladie en Hollande donna trop d'inquiétude a sa familie, on s'opposa a cette résolution.On craignit encore que Ie Service militaire n'eüt quelques appas pour lui, par Ie succes qu'il avoit eu, et les applaudissemenrs que les In- génieurs lui avoient donnés de ses projets de fortifications, &c. qui avoient été admis et ap- prouvés. Son temperament délicat n'étoit nul- ïement propre au Service, et il ne paroft pas qu'il y ait pensé. Ce refus ne fit qu'augmenter son envie; il ne put fuir sa malheurensedestinée. Résolu de partir, sans dire adieu a personne, il voulut profiter du retour de Bernard JTerd- muller, Capitaine au Service de France : mais ce parent prudent ne voulut point s'y prêter, il partit. Notre Peintre monta a cheval, suivi de son domestique, résolu d'atteindre son pa- rent dans la route. Il Ie suivit Ie lfindemain, et a la veille de 1'atteindre, tonjours occupé de son évasion et du chagrin que cela occasionneroit a ses parents, son devoir 1'emporta sur tout; il retourna sur ses pas. Accablé de sommeil vers les onze heures de nuit, il descendit de cheval et
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Flamandi, Allemah&s et Hollandois. 89
et Ie fit conduire devant lui par son domesti- i
que. A l'approche de la nviere de Sihl, qui *crt - a flotter des bois vers la Ville, Pl^ercfmul/er endormi ne pensoil pas être si pres de 1 eau : il vit cepcndant son cl'eval liane un.peu devoot, au lieu d'enfïler Ie Pont il prit a cóté, et se précipita clans 1'eau : il appella a son secours, mais i'obscurité Ie fit périr, Cette nouvelle se répandit par-tout et affligca se familie, et tous ceux qui 1'avoient connu. Son Enterrement suf- fit pour montrer a quel point il étoit regretré; les Premiers de la Ville, et ceux des environs, de tous lesEtats, .s'empresserent a lui reudre les derniers devoirs. Ceux qui ne 1'avoient pas connu, vegretté-
rent dans sa Ville cette mort, parce qti'a cel'e du pere, qui arriva Je 25 Oftobre 1Ó7B on vit disperser son beau Cabinet. La fin trag'que de notre jeune Peintre on 1668, a l'age de 29 ans, nous fait voir qu'il auroit été Ie premier de son siècle, s'il avoit vécu pius long remps. Tous ses Ouvrages en differents genres pubüent sont mérite : bon Coloriste. bon Dessinateur, il ne lui manqnoit qu'une carrière plus longue» Ce Peintre avoit encore troisfreces, Jac(]ues} Henri &c Conrad, tous Peintres et Architeöes. Le dernier s'est immortalisé par sa défense cou- rageuse dans Ie Fgrt Hutten, dont il étoit Com- mandant. |
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DOMINIQUE
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go La Vie des Peintres
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DOMINIQUE NOLLET.
OLLET naqnit a Bruges, vers 1'an 1640,'
et fut re^u (ians |a soci .te des Peintres de même Ville Ie 19 Juin 1687. Sa réputation
Ie fit choisir par Maximilien Duc de Baviere, pour son premier Peintre, avec une forte pen- sion. Le Duc de Baviere ctoit pour lors Gouver- neur des Pays - Bas; il fit rechercher dans ce pays natal de la Peinttire a i'huile les plus beaux Tab^eaux qu il put trouver a vendre, et les acheta. Nollel fut nommé, comme Artiste et co urne Connoisseur, Sur Intendant du Cabinet des Arts du Prince. Ce Peinlre rtst<< totijours atfaché au Service
de Maximilien- il le suivit même dans ses dis- graces, et fut üvec lui a Paris. II retourna en Ba- viere , lorsque l'Eledeur rentra dans ses Erats, et ne le quitta plus. Après la mort de ce Prince, Nollet retomna a Paris, oü il mourut en 1736, agé de 96 ans. Cet Artiste peignoit lHistoire, le Paysage
et des Batailles. Il paroit que ce dernier genre est celui oü il a le mieux réussi; ses Paysages sont tres variés, les arbres sont touches et de fort bonne couleur; ses Batailles, ses Campe- ments, ses Siéges de Villes, ses Marches d'armées sont traites avec feu et avec une grande vérité. On nepeut avoir plus de facilité,il semble de pres que quelques uns de ses Tableanx ne soient qu'a moitié faits. A peine la toile ou le panneau sont- ils couverts de couleur; mais a une certaine distance
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Flamarids, Zillemands et Hollandois. 91
distance on est frappe de ('harmonie et de la
chaleur qui régnent partout.Son Dessein est cor- reót et spirituel; sa maniere approche de celle de Vander Meulen. Quant au merite de 1'idée et de 1'exécution, il y a peu de différence entre Vander Meulen & Nollet: je donnerai cepen- dant la palme au premier. Quoique Nollet ait demeuré long-temps a Paris, la plupart de ses Ouvrages sont en Baviere , en Allemagne et en Flandres : il est peu connu en France; on ne croit pas même qu'il y ait travaillé depuis son retour de Baviere, a cause de son grand age. Voici les principaux Tableaux que je connois
de Nollet: dans 1'Eglise Paroissiale de S. Jac- ques, a Bruges, plusieurs morceaux en petit, dont lesSujets sont tirésdu Nouveau Testament. Tous sont encadrés dans du Marbre noir et blanc. Le plus estimable de ses Tableaux représente une bataille, et est si bien dans la maniere de Vander Meulen, que 1'on peut y êtretrompé. Dans 1'Eglise des Carmes, un Tableau fort bien composé, qui représente S. Louis re^u par Jes Religieux Carmes, en débarquant a la Terra Sainte, &c. |
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ABRAHAM
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ABRAHAM
G E N O E L S,
É L E V E
DE JACQUES BAKERÉEL.
A Ville d'Anvers vit naitre en
1640 Abraham Genoefs.Jac- ques Bakeréel fut son premier Maitre; il resta chez lui depuis onze ans jusqu'a l'agedequinze. Son ambition d'abord sebornoit a peindre Ie Portrait; mais encouragé par quel- ques essais, il s'appliqua au Paysage : c'étoitce genre auquelle destinoit la nature.Il aimoit sur- tout
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La Vie des Peintres', etc. g3
tout a orner Ie devani de ses Tableauxde la vue 1640.
d'un grand chemin, ou de quelque vue de cam- "—^ pagne; et il traita bien ces sortes de morceaux qui, bien entendus, amusent Ie spectateur, a qui ils donnent la curiosité d'examiner et de chercher oü menent ces chemins, et oü ils abou- tissent. Enfin, déterminé a se consacrer unique- ment au Paysage, Genoels fut trouver Firelans de Bois le-Duc, qui passoit pour Ie plus habile de son temps dans la Perspeöive; il l'apprit de lui aussi bien que les Mathématiques; il Ie sur- passa bientót, et Ie quitta. Muni de bons principes, capable de réfle-
xions justes, qui rendent les études encore plus utiles, il songea a visiter les grandesEcoles, et a suivre les Artistes célébres pour se perfec- tionner. Paris étoit déja 1'Ecole du monde, les Pous-
sins, les lc Brun, les Mignards, &c. y étoient a la tête des Arts: c'étoit oü Genoels vouloit se fixer. La guerre entre 1'Espagne et la France Tempêcha de partir sur Ie champ; peu après il se rendit a Amsterdam, oü il s'embarqua pour Dieppe sur une Flotte marchande, escortée par des vaisseaux de guerre. Il arriva enfin a Paris, il y trouva Laurent Franck, son neveau, et Francisque Milé. La même envie d'étudier et d'avancer les lia étroitement; ils ne connois- soient de plaisir que celui de se communiquer leurs réflexions et leurs découvertes. Genoels fut bientót connu, et ses Ouvrag»s furent esti- més. De 5epe,Peintre de TAcadémie, chargé de faire les modeles pour les Tapi-^series de M. de Louvois, se fitaider par Genoe/s, qui peis;nit 'e Paysage
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94 La Vie des Peintres
1640. Paysage de buit grands Tableatix, dans lesquels
^—r il y avoit des jtux d'enfant>. Il travailla au Temple, oü Ie Grand Prieur lui avoit denné un Appartement et un Attdier; il y fut visite par les principaux Artistes. Il peignoit des Paysa- ges pour la Princesse de Condé«t pour 1'Am- bassadeur d'Angleterre; le.s Jurés de l'Acadé- mie de S. Luc voulurent Ie forcer a se faire re- cevoir parmi eux. lis joignirent des menaces a ces prétendues marques d'estime; mais leur ja- lousie ne servitqu'a son avancement Genocls inquiet et crnignant qu'on en vint aux efFets, en porta ses plaintes a de Seve, qui en paria a Ie Brun. Ce grand Peintre demanda a voir des Ou- vrages de Genoeh; il en fut si satisfait, qu'il lui conseilla de se présentera l'Académie Roya- le, et linvita a travailler aux Gobelins. Genoels fut re$u a l'Académie : c'étoit une
distindion a laquelle il n'auroit jamais osé pré- tendre sans Ie Brun, qui y ajouta celle de Ie présenter lui-même. Plusieurs Acedémiciens employerent lepinceau de notre Paysagiste dans leurs Ouvrages, et Ie Brun lui fit faire les fonds de plusieurs de ses Batailles d Alexandre. Ze Brun aussi plein d amitié que d'estime
pour Genoels, en paria si favorablement, qu'on Ie nomma pour aller dessiner Ie Chateau de Ma- rimont pres de Bruxelles, II fut accompagné dans ce voyage par Huchtenburg, Peintre de Batailles, et par Boudcuyns. S'ils parrageoient la gloire de sa commission, du moins avoit-il Ie plaisir de paroitre dans sa Patrie décoré du ti- tre honorable de Membre de l'Académie Roya- le de Peinture de Paris, et de venir travailler pour
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pour Ie Roi. Il dessina Ie Chateau de Mari-
mont de troiscótés, et fut a Anvers, oü -ses arais et les Artistes Ie recurent avec une gran- de distinöion : c'étoit en 1669 ou en 1670. Bar- tholet Flemaël quitta Liege pour voir son ami; il eut beau vouloir 1'engager a fixer sa demeure a Liége, Genoels revint a Paris, et peignit d'après ses Desseins Ie Cbateau de Marimonts pour être exécuté en Tapisserie. Mais bientót, malgré les honneurs et les conditions avan- tageuses qu'onluioffroitenFrance, 1'amour de sa Patrie 1'emporta, il retourna a Anvers; son dessein étoit d aller dela en Italië, il en fut mê- me vivement sollicité; mais Ie Comte de Mon- tereï, Gouverneur des Pay-Bas, lui ordonna plusieurs Tableaux pour être imités en Tapisse- ries, et Genoels ne put Ie refuser. Cependant plein de son projet et pour être plutót en état de faire son voyage, il y employa a 1'Ouvrage qu'il avoit entrepris plnsieurs bons Artistes, tels que Baptiste Munojer, pour les fhurs; Ie vieux Bod & Nicasius, pour les animaux; BoiLé, pour les bas reliëfs; Furmi et trois au- tres pour les ornemenf». II présida a ce grand travail, qui fut torminé avec succes, et qui lui fit honneur. Il fit présent a 1'Académie d'An- vers dun beau Tableau : ce fut son dernier et son adieu. Le 8 Septembre 1674. il partit pour Rome
accompagné de Pierre Ferbwg >en . Sculpteur habile, de C/ovel, Graveur, de Marsefis Libre- chts de Francais Afoens, $A'braliam VcrnJen Heuvel, Négociant Nanolitain: de 'o/danio, Négociant Vénitien, et d'un Chanoine de Liere. Leur
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t)6 La Vie des Peintres
Leur route fut très-agréable en aussi bonne conl*
pagnie : il 1'assure dans une de ses Lettres. Ii étoit connn a Rotno, et fut bientöt visite
par les Amateurs er les Artistes. Le 3 Janvier suivant, il fut inscrit dans la Bande Académi- que ei Tiommé Archimede, parce qn'il étoit habile Mathématicien. II se tira bientöt de cette dissipation et decegr.'ind monde, pour suivre son projet et son hut, cjui étoit d'étudier les grands Maïtres et la nature. Il passa, tous les ans rrois mois a la campagne, oü il a fait quan- tité de beaux Desseins et grand nombre d'étu- des. Ii paroit quil étoit plus curieux de se per- feftionner que de gagner, car il ne fit que peu d'Ouvrages a Rome: ils se bornerent a deux grands Tableaux et nn moindre pour le Cardi- nal Jacomo Rospigliosi, et au Portrait de cette Eminence. L'Ambassadeur d'Espagne Marchese del Corpio j ne put obtenir de lui que deux Ta- bleaux. Les plus grands trésors, aux yeux de Genoets,
qu'il emporta de Rome, furent les morceaux qu'il avoit faits dans les campagnes, d'après na- ture : il les encaissa très-soigneusement avec ses desseins, et les envoya, par 1'occasion de plu- sieurs moules sur Tantique, et quelques figu- res de marbres, &c. destinés pour la France. Ils furent embarqués; il en prit aussi la route par terre le 25 Avril 1682. Arrivé a Paris, il y resta jusqu'a 1'arrivée de ses ballots; ses caisses débarquées, il fit présent a M. Colbert d'un beau Paysages, et d'un autre a le Brunj et quoi qu'on put lui offrir pour le retenir, il retourna a An- vers oü il se fixa le 8 Décembre 1682. Il y est mort
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mort fort agé. Il aima tant soa Art, qu'étanf 164O.
hors d'état de travailler , il donna, par amuse- ^—— ment, des lecons gratuites de Perfpedive, de Geometrie et d'Architecture. L'éloge des talents de Genoe/s seroit suffisam-
ment établi par Ie choix que lê Brun cftant d'autres Maitres célébres firent de lui pour tra- vailler a leurs Oiivrages. Les compofitions qui nous restent de lui, sont d'un homme de gé- nie : on s'appercoit aisément a la vérité de ce qu'il a représenté, qu'il n'a jamais rien fait que d'après nature; il (gat seulement enchérir sur les détails, lorsque Ie local ne lui en fournissoit pas assez, industrie nécessaire aux Artistes, et en- core plus a un Paysagiste qu'a tout autre Imita- teur. Sa couleur est naturelle et vigoureuse, fa- cile dans 1'exécution. On découvre aisément, dans sa touche réfléchie, qu'il ne devoit pas tant a ceux qui lui ont servi de modele, qu'au génie qui fcait se plier, quand il examine cha- cune des formes que présente la nature. Il n'é- toit point maniere, chaque touche de son pin- ceau est différente selon la diversité des objets. Il fut bien au-dessus du médiocre dans Ie
Portrait, mais bien meüleur Paysagiste. C'est par ce dernier genre qu'il est Ie plus considéré; ses études sont la plupart a 1'encre de la Chine, avec des touches a la plume d'une facilité éton- nante; les efFets de la lumiere bien entendus rendent interessants les Desseins qu'il nous a laissés: quelques-uns ont Ie précieux et la finesse des plus grands Maitres. Ses Oiivrages sont communément en grand,
et assez connus, pour ne pas les indiquer par- Tome III. G ticu-
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La Fie des Peintres
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1640. ticulierement, et pour que ce que nous venons
^bbmt d'en dire ne suffise pas. |
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SAMÜEL BOTSGHILD.
SAmuel Botschild , originaire de Sanger-
hausen en Saxe, parvint a être nommé Peintre de la Cour, et Inspe&eur de la Galerie de Dresde.Dotschild, aimoit tantson Art, qu'il établit chez lui une petite Académie pour son instru£tion et celle de ses Eleves. Il enseigna la Peinture a son cousin Fehllng, qui 1'accompa- gna en Italië. Ce Peintre avoit Ie génie élevé; ses compo-
«itions sontd'un bon stiJe et noble, les Plafonds du grand Jardin de Dresde sont de sa main. |
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PIERRE
YAN SLINGELANDT,
ÉLEVE DE GERARD DOU.
PIERRE VAN SLINGELANDT, fils de
Cornille et de Catherine Polane, naquit Ie 20 Oöobre 1640, dans la Ville de Lejde. Voila lont ce qu'on peut dire de certain sur la vie de ce Peintre. Il fut Eleve de Gerar Dou, qu'il a snrpassé en patience, et peut-ctre en mé- rite. Il prit si bien la maniere de son Maitre, que 1'on se méprenoit a leurs Ouvrages, avant même qu'il quittat son Ecole. On I'engagea a se
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Flama7ids} Allemands et Hollandois. 99
se retirer et a travailler ponr son compte. 11 fut 1640.
surchargé d'Ouvrages sans faire beaucoup de -mamm Tableaux, puisqu'il employa trois années de suite, sans discontinuer, a peindre la Familie de Meerman, et qu'il fut un mois entier a faire un rabat de Dentelle. Cette froideur n'annonce pas un grand génie, sur-tout quandon s'attache a une espece de fini, qui tient moins de 1'esprit que de la patience : ses Ouvrages ont tous les défauts de la gêne et de la roideur; Houbraken fait un éloge du travail singulier de deux Ta- bleaux de Slingelandt: 1'un représente une jeu- ne rille qui tient une Souris par la queue, et qu'un Chat cherche a prendre; on distingne les poils du Chat et de la Souris: 1'autre est un Matelot, qui a sur la tête un bonnet tricoté, dont on compte les mailles, &c. Slingelandt fut admiré de son temps, comme
ses Ouvrages Ie sont encore : mais il fut si long- temps a achever ses Tableaux, que, quoique bien payés, Ie gain fut toujoim très-médiocre. Sa vie tranquille et sedentaire lui fit passer 51 ans en ce monde sans être connu : il mourut Ie 7 Novembre 1691. Slingelandt borna ses vues a bien finir; il
imita bien la nature, maispresqne tout ce qu'il a fait est roide et sans finesse. Il cnmposoit assez bien, et sa couleur est bonne:son dessein est sans gout. Malgré ces défauts, on doit Ie considérer comme un Peintre precieux et rare, et qu'il est difficile de surpasser. Ses Ouvrages sont presque sans prix, et ne sont pas eticore communs en France : voici ceux qui sont les plus connus. Chez Ie Duc dOrléans, un enfant qui cher-
G 2 che
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ioo La Vie des Peintres, etc.
l64o. che a prendre un oiseau sur un chevre-feuille,
<mmmm un Laquais tient une aige ouverte derriere Ie jeune homme. Dans Ie Cabinet duPrince de ffesse, on voit
un enfant dans son berceau : Tableau piquant. Dans un aiitre, une femme pres d'un berceau, dans lequel un enfant dort: Ie fond est une cui- sine. Chez M. Fagel, a la Haye, une femme qui
fait de la Musique. Chez M. Ie Lormier,une femme debout, deux
hommes assis, et trois enfants sur la porte qui regardent dans la rue; un jeune homme pêche un poisson. Chez M. van Héteren, une femme qui éplu-
che des herbes; un homme joue du violon, et d'autres se réjouissent: Ie fond est une cuisine. Chez M. d'Acosta, un homme qui examine
sa montre. A Dort, chez M. van Slingelandt, une Dame
qui donne de l'argent a sa cuisiniere pour faire la dépense : on remarque dans ce Tableau pré- cieux un tapis de Turquie en bas pres d'une ta- ble: il est surprenant pour Ie n"ni. Chez M. Braamkamp, a Amsterdam, trois fi-
gures dans une cuisine. ChezM. BierenS) une Dentelliere, auprès de
laquelle sont deux enfants. Et chez M. Cauwerven, a Middelbourg, un
Négociant dans sön comptoir. |
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GERARD
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GERARD
DE LAIRESSE,
ÉLEVE DE SON PERE
RENIER DE L A1RESSE. AIRESSE mérita d'être assez gé- ~~Z
néralement nommé Ie Poussin de mi,,,,,' sa Nation. C'est un grand éloge, maïs souvent justifié par ses Ou- vrages. Il naquit a Liége en 1640; il est fils de Renier de Lairesse, bon Peintre au service du Prince deLiége, pour lequel il travailloit avec Bartholet. La fagon d'opérer de ce dernier étoit plus agréable; sa G 3 couleur
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103 La. f ie des Peintres
164O. couleur étoit plus fondue; et c'est Ie seiil avan-
^—^ fage ga il eut sur Renier. Les Historiens sont assez partagés sur Ie pre-
mier Maiue de norre jeune Lairesse; les uns veu- lent que ce fut son pere, et il y a assez d'apparen- ce; les autres que ce fut Bartholet. et il est vrai- semblable qu'il ent aussi des instructions de 1'arm de son pere. Ce qui e.^t trèvcertain, eest que Guerard profita des lumieres detousle.s deux; il avaitdevant lui leurs Tablcaux: mais animé prin- cipalement par la maniere savantc et agréable dont Bartholet parloit des monuments antiques, il sentit Ie besoin qu'il avoit d'exciter et de per- feöionner son génie par la ledure de 1'Histoire, et par l'étude des Medailles et des E<-tampes. Les études de Bariho/el (ïnprès 1'antique et d'a- près les ruines de Rome, son Recueil d'Estampes choisies des Ouvrages du Poussin et de Pielre Teste, acheverent de déterminer la maniere de Guerard de lairesse. 11 pril ces deux grands Maitres potir modeles, et il les a toujours suivis comme ses guides; il en ^uroit encore plus ap- proché, s'il avoit été a Rome, et s'il eut eu da- vant les yeux les Originaux mêmes. Peu occupé a Liége, Lairesse crut mieux faire
d'alier h Utrecht; mais il y eut pour toute res- source, de peindre des Enseignes et des Para- vents. Un de ses amis, touche de sa malheureuse Mtuation, Tengagea a faire deux Morceaux; ils furent envoyés a Uytenburg, Marchand de Ta- bleaiixa Amsterdam, qui, frappe de la beauté de ces Ouvrages, les fit voir a Jean van Pee, et a Grebber, qui peignoient pour lui, et les paya cent flonns. Le Marchand fcut de la Femme qui
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Flamands, Allemands et Hollandois, io3
qui les lui avoit aportés, I2 nom de leur Auteur $ 1640.
et ne voulant se fier qu'a lui-mcme, du soin d'a- ^aav voir chez lui un Artiste de ce mérite, il s'embar- qua lemême jour avec laCommissionnairepour Utrecht, y vit Lairesse, et fit si bien par ses louanges et par ses promesses, qu'il fammena avec lui a Amsterdam. Dès Ie lendemain de son arrivée, Lairesse
monta a 1'attelier chez Z/ylenburg, on lui pré- sente une toile, des crayons et une palette; il resta quelque-tempsdevant Ie chevalet sans par- Ier ni remuer de sa place, et il surprit fort Uy- lenburg, van Pée & Grebbcr, quand, au lieu de se mettre a dessiner et a peindre, il tira de dessous son mantean un Violon avec lequel il joua quelques airs; et ensuite saisis.sant Ie orayon et les pinceaiiK, il ébaucha Ie sujet d'un Enfant- Jésus dans la Crèche; il reprit son violon, et en joua de nouveau; il cessa, reprit la palette, et en deux heures il peignit la tête de 1'Enfant, de Marie, de Saint Joseph et du bceuf, au premier coup, et d'un si beau fini, qu'il laissa les Spec- tateurs dans l'admiration de Ia facilité, et de la beauté de son travail, et dans l'étonnement de la maniere dont il s'y disposoit. Il passa deux mois chez Uylenburg, et pen-
dant cetemps il lui fit une grande quantité d'Ou- vrages, dont leMarchand tira unprofitconsidéra- ble. Mais soit qu'on enviat au Marchand unHóte qui lui avoit fait sa fortune, soit que Lairesse eüt les yeux désiliés sur son propre mérite, par la réputation qn'il se fit, il se retira de chez Uylen- burg, et devint enfin son maitre. Il profita lui- mème de son talent, et de la rapidité de son G 4 pinceau
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io4 La Vie des Peintres
1640. pinceau. On a peine a décrire et a croire tont
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sez court; il peignit plnsieur.s grands plafonds;
il remplit les appartements et les cabinets de ses Tableaux; il fit unequantité prodigieuse de Des- seins au crayon et la vés; il grava un oeuvre com- plet. Un seui exemple de son extreme facilité, rend vraisemblable tout ce qu'ofi en raconle; il fit Ia gageure de peindre en un jour, sur une grande toile, Apollon et les Muses sur Ie Par- nasse, et il en vint a bout; 011 ajoute rru-meque FApollon étoit Ie Portrait très-ressemblant d'un de ses amis. Que! dommage que tant de génie et de ta-
lent tussent ob>-curcis par la plu.s honteuse cra- pule! 11 donna dans tous les exces : il déponsoit presqu'en entier chaque jour ce qu'il gn^noit, quoiquecelafuttrès-considérable.Ce/u//<zjeu/e et mul/ieureuse régularité qui resta dans sa conduite. Il en fut bien puni par laffli&ion qu'il épouva; il pcrdit la vue en 1690. Cet affreux malheur ramena , maïs trop tard, 1'infbrtuué Lairesse k lui-mêrae : il disoit souvent en pleu- rant, qu'il ne voyoit clair sur ce qu'il auroit du voir, que depiüs Ie temps qu'il étoit aveugle. En perdant Ja facnlté d'exécuter les idees que lui suggéroit son génie, il lui resta pour son Art ce gout invincible, qui est la vraie marque du grand talent. Le plaisir d'en parier fur sa ressour- ce et sa consolation : c'en est une que de commu- niqner ses connoissances, quand on est hors d'é- tat d'en faire usage; il accorda un jour par semai- ne aux Artistes et aux Amateurs pour 1'en- tendre : i! mit de 1'ordre a ses conférences, et 11
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Flamands, Allemands et Hollandois. io5
it traita Tune après I'autre, toutes les parties 1640.
de la Peinture; il imagina, pour suppleer al'im- ■ _ ■ possibiüré oü il étoit d'écrire, de certains signes plus aisésque lescara&eres, ponr exprimerdes idees qu'il craignoitde perdre; il les tracoitsur une grande toüe imprimée qu'on avoit placée a cöté de lui: son fils, qu'il avoit instruit de la valeur de ces signes, ent grand soin chaque jour d'en écrire la sigtiification; et de ces lambeaux et des lecons que Lairesse avoit diftés, furent composcs et donnés au Public, après sa mort, par la société des Peintres, deux volumes qui étoicnt enrichis de Pianches. L'Auteur dans Ie premier traite de tout ce qui a rapport au Des- sein, et dans Ie second de tout ce qui concerne la Peinture. Lairesse cessa enfin d'être malheureux. Il fut
enterré a Amsterdam Ie ^8 Juillet 1711, agé de 71 ans. Il laissa trois fils; J'ainé Andrè prit Ie parti du Commerce , et passa aux Indes, Abra- ham & Jean7 furent sesEIeves, ainsi que son neven. Il ent aussi trois freres, Er nest, Jac- ques & Jean. Ernest étoitson ainé, il peignoit les Animanx a gouasse, et passa quelques an- nées en Italië; il est mort a 1'age de 4Oans au service du Prince de Liége. Jacques & Jean peignoient les fleurs et des
fïgures en bas-relief et en camaïeux : ils furent s'établir a Amsterdam, oü étoit leur frere. On donna a Lairesse, Ie titre flatteur du Pous-
sin Hollandois, parceque dans ses compositions il avoit beaucoup du génie, de la capacitéetde la maniere de 1'illustre Peintre Francois ; maïs il s'en fallut bien qu'il n'eiit la correttion de son dessein,
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io6 La Vie des Peintres
1640. dessein, et la régularité de sa conduite : on a
^mgmm même lieu de s'étonner que la dépravation de? niceurs de Lairesse n'ait pas corrompu son gout. A force de génie, il paroit dans ses Ouvrages historiën sage et éclairé, et quelquefois SPoëte sublime. 11 peut être comparé ;uix plus habiles Artistes qui ont employé ['allegorie : il est sa- vant, ingénieux et toujours tres - intelligible dans ses idees; les figures principales de ses Ta- bleaux sont toujours distinguées de la multitu- de, et a 1'air, a 1'attitude, a la passion qui la caraöérise, en reconnoit, sans s'y méprendre , Ie Horos ou Ie Dieu qu'il a représenté. Quand Ie fond de son Tableau a demandé de
l'archite&ure, il 1'a traite en Maitre, et com- me s'il avoit eu continiiellement sous les ypux les restes d'Athénes et de Rome. Ses composi- tions sont abondantes; chaque Sujet est orné et embelli, selon qu'il 1'exige. La vérité de 1'His- toire n'y est point alterée, il a f511 saisir les mo- ments les plus interessants, il ne s'est point écar- té des regies du Costume. Son Dessein, bienau- dessous de celui du Poussin, est cependant quel- quefois très-exaö; rnais de temps en temps on regrette que plusieurs de ses Tableaux n'ayent pas 1'élégance qu'on trouve dans Ie plus grand nombre. 11 connoissoit a fond les mouvements de I'ame; il les a exprimés dans la plupart des Figures qui en étoient susceptibles; son gout de draper est celui des bons Maitres d Italië; ses plis sont amples, simples, et ne sont point niciniérés. On s'appercoit par-tout quil fc,avoit choisir dans 1'imitation; sa couleur est bonne, dorée et vraie; une touche légere et ferme, rend
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Flamands, Allemands el Hollandois.
rend aimable et précieux tout ce qu'il a peinr. [640.
Qnand Lairesse n'auroitpas e'té un aussi grand ^—■■ Peintre, il auroit mérité des éloges par ses gra- vures ; il a gravé plusieurs de ses compositions et beaucoup de Desseins d'après les composi- tions des autres. On voit un Volume in-folio qni compo.se son oeuvre, et dont la plupart des Su- jets sont de sa main. Sa facon de graver est fa- cile et large, elle donne une grande idee de sa belle maniere. Voici les principaux Tableaux que nous connoissons de eet habile Artiste. 1 A Paris, chez M. de Julienne, un Tableau
capital, représentant Achilles déguisé en Fille, .vous Ie nom de Pyrrha a la Cour de Lycomede, Ie fond est une belle Archite&ure. Chez M. Blondel de Gagny, deux Tableaux
très-fini, représentant les Eléments. Chez 1'Eleöeur Palatin, a Dusseldorp, la
Naissancede Jésus-Christ; Ulysse attaché au mat d'unNavire, pouréchapper a renchantementdes Sirenes; Ulysse reoonnu par sa Nourrice ; la Sa- maritaine; la Vierge, 1'Enfant Jésus et un Ange. ChezlePrincer/e Hesse, laMortd'Alexandre.
A laHaye, chez M. Ie Lormier, Moyse qui
foule une couronne sous les pieds devant Pha- raon : Tableau capital et d'une belle maniere. Chez M. van Héteren, Antiochus qui recoit
de son pere, Stratonica dont il étoit amoureux, et si Couronn°. * Chez M. Half Wassenaar, Alexandre et
Roxane dans la chanibre nuptiale. Chez
* Nous avons vu ce même Sujet traite par Lairesse
a Paris, dans ]e Cabinet de M. de la Bouxiere. |
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La Vie des Peintres
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IÓ4O. Chez M, Braamkamp, a Amsterdam, Abra-
»■ - ham visite par les Anges, Tableau piquant; Notre-Seigneur couronné d'épines; un Sacrifice a Saturne. Chez M. Léender de Neufville, une Fête de
Bacchus; et un Sacrifice de Rome. Chez M. Cauiverven, a Middelbourg, Paris
et Helene: belle et riche composition. Houbraken nous a laissé une description fort
ample des Ouvrages que Lairesse avoit faits pour décorer la maison de M. de Flines. C'est 1'Ouvrage d'un beau génie et d'un fcavant; il suffiroit seul pour immortaliser son Auteur. Lal- resse a lui-même rendn compte de eet Ouvrage dans son Traite de la Peinture, et il Ie regardoit comme ce qu'il avoit fait de plus beau et de plus considérable. Il a peint Ie Sallon du Chateau de Socfdick, en Hollande, et Ie nouveau Théatre d'Amsterdarn. On voit du même a Liége, dans 1'Eglise de
Sainte Ursule, la Pénitence de S. Augustin, et son Baptême : ce sont deux grands Tableaux. Le Martyre de Sainte Ursule, dans 1'Eglise de
ce nom,a Aix-la-Chapelle. Voila a peu pres ce que je connois des Ta-
bleaux de ce grand Mailre. |
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Surf*
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BERNARD APPELMAN.
APPELMAN naquit a Ia Haye en 1640. On
ne fcait presqn'aucune particularité de sa vie; ila excellé, sur-tout, a représenter des Vues d'Italie. Son Paysage est du meilleurgont3ainsi que
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Flamands, Allemands et Hollandois. log
que les figures qu'il y a introduites. Estimé un
des plus habiles Peintres de son temps dans ce genre, on ne fgaif par quellefatalité Appelman ne fit point la fortune qu'il devoit f<*ire; on Ie vit reduit a peindre la partie du Pajsage dans les Tableaux des autres Maitres. Z>e Baan em- ploya Ie pinceau d1'Appelman jusqu'a sa mort qui arriva en 1686, agé de 46 ans. Une Salie du Chateau de SoesdicJc, ornée de
Paysages avec des Figures, peintes en entier par Appelman, a été de tout temps vantée par les Connoisseurs, et suffit pour 1'éloge de son Au- teur. |
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N. STEENWYK.
LA plupart des Ecrivains ont confondu Ie notn
de ce Peintre avec celui de Henri Steen- ivyk Ie fils, comme nous 1'avons fait remarquer dans Ie premier volume de eet Ouvrage, pa- ges 384 & 385. N. Steenwyk, dont nous parJons, a passé sa
vie dans laVille de Breda : on nefcait s'il y est né; son talent consistoit a peindre des sujets inanimés. La plupart de ses Tableaux sont des Emblêmes sur la mort: on y voit Ie plus sou- vent des objets qui désignent Ie luxe auprès d'une tête de mort, une bougie qui estpresqu'é- teinte, des boules de savon, &c. Ses allégories sont composées avec esprit;
mais ce qui fait voir combien les Ouvrages des Artistes sont des garants peu silrs de leurs sen- timents,
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11 o La Vie des Peintres, etc.
1640. timents, ce Peintre si moral, si grave dans ses
- ■ ut pensees, étoit très-déréglé dans sa conduite.
Livré pendant toute sa vie a la crapule la plus
honteuse, il mourut dans la plus grande misere.
On estimoit amant ses Ouvroges de son vi-
vant, qu'on les estime aujourd hui.
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CARLE
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C A R L E
D ü JARDIIf,
ÉLEVE DE N. BERGHEM.
OICI encore un de ces Artistes-------
qui font un grand honneur a 1640.
leurs Maitres. Carle dujardin ^K^" naquit a Amsterdam vers 1'an- née 1640. Il fut Eleve de Nico- ____ las Berghem, et il est, sans con-
tredit, Ie plus célébre qui soit sorti de eet Ecole.
Du Jardinalla de bonne heure en Italië, oii il se livra alternativemeiit a l'étude et au plai- sir. S'il ne manquoit pas une occasion d'etudier et de copier Ie beau, il ne négligea pas une assemblee
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La Vie des Peintres
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III
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1640. assemblee de la Bande joyeuse Académique; il
"■■yji y futnommé Barbe, deBouc. Tous les Tableaux de du Jardin furent recherches dans Rome , et payés fort cher. Les Itaüens estiinerent ses ta- lents au-dessus de tous ceux de sa nalion; il quitta cependant cette Ville si convenab'e a ses goüts pour la Peinture, et pour les plasirs qu'elle lui offroit. Il retourna dans sa patrie: en passant a Lyon,
il trouva quelques amis quichercherent a 1'y fï- xer. Il y fit beauconp d'Ouvrages; mais Ie gain, quelque considérable qu'il fut, nesuffit point a son excessive dépense; il se vit accablé de det- tes, et pour y satisfaire, il fut reduit a épouser sonHötesse déjaagée, mais riche. Revenu a lui- même, et honteux de son mariage, i! partit pour Amsterdam avecsa femme:on lerecut avec joie. On Ie pressa de travailler, et on se disputa ses Tableaux, dont il fixoit Ie prix a son gïé. Du Jardin n'auroit peut-être jamais quitte Amster- dam, si cette vieille femme ne lui en avoit ren- du Ie séjour désagréable. Un Curieux, M. Renst, son ami et son voi-
sin, pdrtant pour voir 1'Italie, engagea du Jar- din a 1'accompagner jusqu'au Port du Texel, oü il devoit s'embarquer pour Livourne : notre Peintre 1'y suivit, et s'embarqua dans Ie même Vaisseau. Il écrivit a sa femme qu'il reviendroit bientöt, mais elle ne Ie revit plus. De retour a Rome, du Jardin reprit sont mê-
me train de vie; il y trouva ses anciennes con- noissances qui 1'engagerent dans les mêmes plai- sirs; et les beanx Tableaux de sa facon qu'il y avoit Iaissé. lui procurant beaucoup de nou- veaux
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Flamands, Allemands et Hollandois. 113
veaux Ouvrages, lui fournirent les moyens de 164O.
faire une tres-grande dépense. Son ami R parcourut les Villes d'Italie, et au bout de qirel- que temps revint a Rome pour reprendre da Jardin, et pour Ie ramener en Hollande; mais du Jardin, sous Ie prétexte d'études encore a faire, et de Tableaux a copier, et d'autres a ü- nir, Ie chargea de complimenfs pour sa femme, et Ie laissa partir. Du Jardin passa de Rome a Venise, oü la
réputation de son talent l'avoit devancé, et avoit disposé les esprits en sa faveur. Il y fut recu avec accueil, et sur tout de la partd'un Négo- ciant Hollandois, qui, espérantun grand profit des Tableaux que feroit ce grand Peintre, et qu'il lui céderoit, obtint qu'il logeroit chez lui. J)u Jardin, sans pénétrer dans les vues inté- ressées de cette proposition, préféra de demeu- rer chez son compatriote; mais il y tomba pres- qu'aussitót malade, et a peine commencoit-il a se rétablir, qu'une indigestion l'enleva a la fleur de son age, Ie 20 Novembre 1678. Si la Villede Venise, célébre a si jaste titre par les grands Peintres qu'elle a vlis naitre, et par les chefs- d oeuvre de Peinture qu'elle possede, avoit re- cu favorablement ce grand Artiste, elle lui don- na encore des marques de son estime par ses re- grets. Il fut honorablement enterré dans une Ville Catholique, quoique Protestant. Du Jardin a la louche et a la couleur de Berg-
hern, son maitre si connu dans cette partie de son Art, avoit ajouté une certaine force qui distingue les grands Peintres de 1'EcoIe Italien- ne; il semble que la plupart de ses Tableaux Tome III. H emprun-
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114 tta Viè des Peintres
164O. empruntent la chaleur du soleil dans Ie plein
'w midi; la lumiere vive qui dore ses Ouvrages, éblouit Ie spectateur -, des lumieres larges et des ombres rendent ses Ouvrages pétillants : il y a peu d'Ouvrage, quelques figures, quelques ani- maux, un fond de Paysage, font Ie plus com- munément Ie sujet de ses compositions; il en a cependant fait de plus considérables et de plus étendus, qui ne peuvent laisser douter de son génie. Mais pour satisfaire a rempressement qu'on avoit d'avoir des morceaux de sa main, peut-être aussi par son gout pour la dissipation, il ne s'assujettissoit pas volontiers a un travail de longue haleine. Son dessein est de bon gout, correft et spirituel; ses produ&ions sont aussi recherchées que difficiles a acquérir. Voici quel- ques-unes des plus connues. A Paris, chez M. Ie Gomte de Vence, un
jeune Homme conduisant un ane; Ie fond est un Payage : ce Tableau est très-agréable. Chez M. de Julierme, un Homme couché,
pres de lui est un cheval et un chien. Chez M. Blondel de Gagnj, des Charlatans
sur un théatre, environnésde peuples: Tableau capital. Chez M. SHngelandt, Receveur général de
Holland?, a la Haye, un Départ pour la chasse: il y a des Cavaliers qui accompagnent des Da- mes a cheval. Chez M. Fagel, un Paysage avec des figu-
res, des vaches et des moutons. Chez M. Ie Lotwier, trois Tableaux, un
troupeau de boeufs conduits par des hommes a cheval; un Paysage ayec des figures et des vaches;
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Flamands, Allemands et Hollandois. n5
vaches; un autre oü sont plusieurs fïgures, un 1640.
cheval blanc et des vaches, &c. ~<mmmm Chez M van Héteren, un Homme a cheval
devant une hötellerie, 3'hötesse lui verse a boire. Chez M. d'Acostdf un Paysage avec diffé-
rents animaux. A Amsterdam, chez M. Braamkamp, quel-
quesfïgures pres d'une boutique dans unPayfage. Chez M. Léender de Neujville, deux Paysa-
ges; dans un des deux une femme qui passé dans 1'eau avec plusieurs animaux. Chez M. Luóbeling, un Paysage avec fïgures
et animaux. Et chez M. Bisschop, a Roterdam, quelques
animaux d^ns un Paysage, &c. |
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F R A N Q O I S
VAN
CÜYCK DE MIERHOP.
MI e r H O P issu d'une familie illustre de
Klandres, naquit a Bruges vers 1640. Son éducation fut telle qu'elle convient a ceux de sa qualité. Le Dessein et la Peinture qu'il n'apprenoit d'abord que par amusement, furent les seuls talents qui lefïxerent dans la suite, et qui contribuerent a le faire vivre avec plus d'ai- sance. Mais ne réfléchissant pas assez, combien il est beau a la Noblesse indigente de culti- ver les beaux Arts pour subsister, et que bien loin qu'elle déroge, en se consacrant a ce H 2 travail,
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1x6
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La Vie des Peiittres
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1640. travail, il semble au contraire qu'elle ajoute k
^My la noblesse de la naissance la noblesse plus réel- le des talents et du mérite. Il eut la foiblesse de rougir aux yeux de sa familie, d'avoir re- cours a son Art pour se soustraire a l'indigence. 11 se retira a Gand, Ville plus considérable que Bruges, et il eut lieu den être content. Admis dans les meilleures compagnies, il vit bientöt ses Tableaus recherches de ces nouveaux ci- toyens et des Etrangers : il méritoit ces deus tivantages, et pour son travail assidu et par sa naissance. Il est d'usage en Flandres que les Corps de
métier se choisissent un ChefouProtecteur par- mi les principaux d'une Ville: cette éle&ion est très-honorable; parce qu'elle suppose, dans Ie Chef nommé, un esprit conciliant pour termi- ner les différents des Particuliers, et de la con- sidération pour soutenir leurs Privileges. Le Corps des Bouchers choisit Mierhop. A cette occasion il fit un grand Tableau, oü sont repré- sentés les Doyens et les anciens Bouchers; il s'y est peint lui-même de grandeur naturelle et en pied. Il leur fit présent de ce Tableau, et il est encore place dans la Chapelle de la Boucherie : on voit écrit dessus, peint en 1678 par Fran- cois van Cujck, dit Mierhop, Chef de la Com- munauté des Bouchers. Nous n'avons pu f§avoir 1 année de la mort de eet Artiste. Son talent étoit de peindre les animaux, et
particulierement les poissons. Snejders 1'a sur- passé, mais il faut être bien connoisseur pour ne s'y pas méprendre : même facon de compo- ser, même couleur, et a peu de chose pres, la même
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Flamands, Allemaiids et Hollandois. 117
meme touche. Plus de liberté dans les ouvrages
de Mierhop acheveroit 1'illusion. Il paroit que la fignre n'étoit pas son talent, a en juger par le Tableau qu'il fit pour la Chapelle des Bou- chers; la couleur en est grise et lourde, les tein- tes locales en sont fausses, son dessein est sans choix. Nous ne Ie considérons que comme bon Peintre d'animaux; et c'est a ce titre qu'il est fait mention de lui dans eet Ouvrage. Parrai les Tableaux de Mierhop, dans la
Ville de Gand, on en voit un tres - estimable chez les Freres de la Charité: différents peissons de mer, un panier de fruits et un beau chien, bien grouppés, forment un bon Tableau, qui passeroit facilement pour être de Frangois Sneyders. Il y a dans la même Ville, chez M. Ie Baron
van Huyssen, cinq grands Tableaux d'ani- maux, de poissons et de fruits. Et chez M. Vanden Henden, un autre Ta-
bleau de différentes sortes de poissons, de ce même Artiste. |
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JEAN WYCK,
ÉLEVE DE SON PERE
THOMAS W YCK. JE AN ?YCKétoit fils de Thomas Wyck.
Les lecons du Maitre firent tant d'effet sur 1 Eleve, qu'il eut une réputation singuliere. A peine fcavoit-on qu'il étoit Peintre, qu'il pei- H 3 gnoit
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La Vie des Peintrés
gnoit des Chasses au ceif, au sanglier et autres
êtes fauves. Ses Tableaux sont agréables; de joiias femmes habillées en Amazones, des cava- liers habülés aussi magnifiquemevit, tout y res- pire la galanterie : son dessein et sa couleur, surtout les chevaux sont très-bien; son Paysa- ge est varié, ses arbres de choix et de bonne couleur; ses ciels et ses loinrains sont légers et vaporeux. Son talent le fit desirer a Londres ; ce fuf lui qui f Vit choisi pour peindre le cheval de bataiiie, sur lequel Kneller avoit peint le Duc de Schomberg. On le voit gravé par Smith. Jean WycTi est mort a Londres. |
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ARY DE VOYS,
ÊLEVE DE VANDEN TEMPEL.
DEvoys, contemporain et ami de Slinge-
landt, dut sa naissance a la Ville de Leyde eu 1'année 1641 \ son pere étoit unOrganistecé- lebre, qui eut d'abord une envie assez commu- ne a tous les parents, de se voir remplacé par son fils, dans un poste oü il avoit acquis de la réputation. Le jeune de Foys montra si peu de gout pour la Musique, et une si vive in- clination pour la Peinture, que son pere, qui ne vouloit pas le contraindre, 1'envoya chez Knufer, Peintre habile d'Utrecht, et ensuite il le pla^a chez abraham Fanden Tempel: de Voys s'y fit une maniere de peindre particulie- re, et qui n'appartenoit qu'a lui seul. Naturel- lement studieux, il ne s'étoit permis que la fré- quenta-
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Flamandst Allemands et Hollandois. tig
i—mm
quentation de ceux qui, comme lui, étoient 1641.
uniguement occupés de leur talent. Il se fit par "*££* cette appljcation, et la réputation d'un bon Peintre et d'un homme sage; et ces deux qua- lités lui valurent un établissement fort avanta- geux. Une personne fort riche lVpousa; mais sa bonne fortune lui tourna la tête. II ne tra- vailla plus, il-se livra aux amusements et a 1'idéc trompeuse que Ie bien qu'on lui avoit ap- porté ne pouvoit jamais lui manquer. Il Ie dis- sipa; bientót la misere, qui Ie mena^oit, Ie ré- veilla de ce dangereux assoupissement. Il est honteux pour les Arts qu'on ne les cultive presque toujours que par intérêr, comme si Ie plaisir pur qu'ils inspirent, et la gloire qu'ils procurent, n'étoient pas un motif suffisant] et une assez grande récompense. Il n'est pas éton- nantqu'avec des sentiments pareils, la plupart de Artistes atteignent rarement au sublime. Il n'avoit fait qu'un Tableau pendant treize ans que dura sa paresse; et au grand étonnement desConnoisseurs, ses Ouvrages nouveaux qu il reprit avec ardeur, ne se sentirent point de ce long intervalle qu'il avoit mis a ses étndes. En homme qui sentoit sa faute, et qui vouloit la réparer, il ne fut jamais si laborieux. II traita 1'Histoire et Ie Paysage avec succes; il y pla- coit des petites figures nues, qui animoient des fonds agréables par leur situation. Il vendoit très-cher ses Tableaux; et malgré leur piix, il n'en pouvoit assez faire pour ceux qui lui en demandoient. On ne fcait point 1'année de la mort de ce Peintre, ni Ie Hen de sa sépul- twre. H 4 Quant
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La Vie des Peintres, etc.
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1641. Quant a son talent, ce qui est plus intéres-
<vnpr sant, on est sur que de Voys fut un des meil-
""""" leurs Peintres d'Hollande; son dessein est cor-
te&, sa couleur tres-bonne, ses compositions
sont spirituelles: il imitoit tantót Poelembourg
tantöt Brauwer, souvent Teniers y maïs s'il
prenoit quelquefois leur maniere, c'étoit en Ar-
tiste plein de génie. On connoit peu ses bons
Ouvrages en France.
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JACQUES
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JACQÜES
TORENVLIET. ORENVLIET naquit a Leyde ——
en 1641. On ne ffait point Ie 1 nom de fon Maitre; on fcait seu- ^^ lement que fon pere Ie voyant fenfible a l'éclat des habits et des ajuftements, 1'engageoit au tra- Vail, en flattant fon goütpour cette vanité, qui fuppofe ordinairement auffi peu de foii-iité dans 1'espritque d'élévation dans 1'ame. » Quand je » ferai un grand Peintre, difoit Ie jeune To- » renvliet, aurai- je un bel habit, un phimet, ?> uneépée?» Oui3 mon fils, répondoit ce bon pere :
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_____isa La Vie des Peintres
1641. pere: il devoit ajouter, mais de plus, vous
'*C55r ferez eftimé des Artiftes, conlidéré des Grands,
et vous acquerrez une gloire immortelle.
L'envie d'être mis magnifiquement Ie porta
plus particulierement a peinrlre Ie Portrait, parce que Ie profit en eft plus prompt et plus für. Il y réuffit, fes Ouvrages eurent 1'avantage fur ceux de plufieurs Artiftes de fon temps; il travailla beaucoup et affiduement. A mefure qu'il avancoit en age et en talents,
Ie gout des parures cédoit infenfiblement a 1'a- mour de la gloire, et il devenoit peu a peu moins fenfible a 1'intérêt qu'a 1'eftime. Il abandonna bientót la Hollande pour Tltalie. Nicolas Ro- sendael, Peintre d'Hiftoire, fut fon compagnon de voyage. Le motif d'étudier les grands Mai- tres les conduifit a Rome; ceux qui 1'occnperent le plus, furent Raphaely Paul Veronese & le T'mtoret. Il s'appliqua tant et fi heureufement,' que fa réputation fe répandit dans lltalie. Il paffa enfuite a Venife, oü il étudia encore plus particulierement la couleur; il y demeura quel- ques années. Son talent et fes manieres nobles lui donnerent acces dans les bonnes maifons et lui procurerent un mariage fort au deffus de ce qu'il pouvoit efpérer. Il ramena fa femme dans fa patrie: ce fut le feul avantage marqué qu'il re- tira de fon voyage. Ses talents augmentés n'aug- menterent point le prix de fes Ouvrages : on en ignore la raifon; peut-être qu'a force d'imiter ces grands Peintres, fa touche devenue plus cor- recte, paroiffoit plus fervile et moins originale. Il eft mort a Leyde en 1719, a 1'age de 78
ans. Torenvliet deffinoit facilement, il étoit au deffus
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Flamanis] Zillemands et Hollandois. ia3
deflus du médiocre dans Ie Portrait, et peignoit 1641.
affez bien 1'Hiftoire. Tous fes Tableaux fe ref- ■ ■ fentent de 1'Ecole d'Iralie qu'il avoit frequen- tie : une bonne couleur, de la curre&ion, et une belle difpofition dans (es compofitions, ca- ra&érifent aflez communément (es Ouvrages peu connus en Fiance. Un de fes plus beaux Tableaux eft un Portrait de la familie de Cor- nille Schrevelius, oü font repréfentés enfemble Ie pere, la mcre et les enfants. |
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J E A N
VAN HAANSBERGEN,
ÉLEFE DE POELEMBURG.
HAansbergen, Eleve de Poelemburg,
naquit a Utrecht Ie 2 Janvier 1642. Ilapprit pur 1'exemple et les difcours de fon Maitre, que Ia nature feule peut inftruire un Peintre, et c'eft la plus grande le^on qu il en peut rece- voir. Le prix confidérable des Ouvmges de Poe- lemburg, augmenta le nombre de fes copiftes et de fes imitateurs. Haansbergen fut un des plus diftingués; il approchoit de fi pres de la maniere de Poelemburg, que les plus fins Connoiffeurs s'y méprenoiont; mais cette imitation fi par- faite coütoit trop de temps a Haansbergen pour 1'enrichir. Il fe mit a peindre le Portrait, genre plus lucratif, et dans lequel, avec un« touche aifée et un beau coloris, on eft prefque für de réuffir. Houbraken dit, en parlant de ce Peintre,
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'124 'ïo V'ie des Peintres] etc*.
1642. Peintre, que fes Portraits n'étoient que des lys
"vaar et des rofes. La fortune d Haansbergen augmen- ta confidérablement, et il trouva Ie fecret de la flxer, en faifantle commerce de Tableaux. Il avoit choifi la Haye pour fa demeure en 1669; il y mourut Ie ioJanvier 1705. On a lieu de regretter, que Ia néceffité et
depuis l'avarice, ayent fait d'unbon Peintreun Artifte médiocre, Ses premiers Ouvrages ont Ie mérite de ceux de Polemburg, la même flneffe de couleur et autant d'inteliigence. Il peignoit fouvent comme fon Maïtre, des Nymphes nues, et il ornoit fes fonds de Payfages agréables; il compofoit avec génie THiftoire et la Fable. Il a laiffé trop peu de Tableaux de fon bon temps, et trop de ceux qui ont ccntribué a fa fortune. On en trouve beaucoup en Hollande, et fort peu en France. J'en connois un chez M. van S Un ge landt,
Bourguemeftre a la Haye: il repréfente une Bai- gneufe et deux autres d un beau fini. Chez M. Bisschop, a Roterdam , 1'un repréfente une Dame afa toilette; 1'autre un Enfant et fa Nour- rice, avec quelqu'autres figures. |
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ARNOULD
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ARNOÜLD
DE V U E Z, ÉLEVE BE FRERE LUC. \.
E VU EZ naquit a Oppenois,
pres de Saint Omer, Ie 10 Mars 1642. Son pere né a Vérone en [talie, étoit un des plus habiles Tourneurs en différents métaux; mais fa débauche 1'avoit contraint de s'engager foldat. Sa mifere étoit très-grande, avec dix enfants, et obligé de fuivre fon Re- giment, il ne trouvoit pas par-tout de 1'ou- vrage pour s'occuper. Arnould étoit fon fils ainé,
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12.
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La Vie des Peintres
1642. ainé, il vouloit 1'élever dans fon talent de
>—r Tourneur; mais Ie voyant deffiner, ii jugea que Ie Deffein ne Ie rendroit que plus habile. Il Ie pla^a a S. Omer, chez un Juif qui étoit affez bon Peintre: en deux ans il marqua tant de dif- polition, que fon Maitre lui confeilla d'aller a Paris. Il y alla muni d'une Lettre de fon Maitre qui Ie fit recevoir dans 1'Ecole du Frere Luc, Récollet, qui avoit du mérite: en trois ans d'é- tude, il montra qu'il étoit né Peintre. Le defir de fe perfeftionner a Rome, joint
a celui de voir fes parents qu'il ne connoiffoit pas, mais qu'il fc.avoit être en état de 1'aider par leurs rieheffes, lui fit naitre le projet de voyager en Italië, qu'il communiqua au Frere Luc qui 1'applaudit. Il lui donna un Certificat de fa conduite et de fon application a 1'étude. Ainfi muni, il alla droit a Venife, oü il fut très- bien recu par fon oncle, Chanoine de la Cathé- drale. Cette réception le rnit au comble de fa joie; il fit quelques Tableaux qui plurent, il en fit auffi pour fon oncle; mais i'envie de voir Rome fut approuvée de ce digne parent: il en rec,ut des Lettres de recommaudation et une bourfe de 50 ducat; fecours qui fit fa réputation et fa fortune. De Vuez, arrivé a Rome, fe vit tout a coup
frappe de tant de beaurés, que les premiers jours il ne put faire autre chofe qne de rappel- ler a lui fes fens étonnés. Revenu de fon enchan- tement, il régla fes heures d'étude avec tant d'ordre et fi peu d'intervalle, qua peine il don- noit au fommeil le temps confacré au repos. A mefure que les Tableaux iortoient de fes mains,
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Flamands, Allemands et Hollandois. 127
tnains on decouvroit en lui de nouveaux pro- J642.
grès; et Ie premier prix qu'il remporta fit con- «v cevoir de lui les plus grandes efpérances, fort opiniaueté a 1'étude, une facilité inouie. Il fit une copie de 1'Ecole d'Athenesd'après/?a/}Aaè7, et il porta ce Tableau a Venife, pour marquer fa reconnoiffance a fon oncle. Il en fut bien re- 511, (on Ouvrage loué et fuivi d'une bourfe de cent dticats. Notre Peintre fatisfait, retourna a Rome pour augmenter et fortifier fes talents. Il étudia les Ouvrages de Raphaël, il copia d'a- près 1'antique; tout ce qu'il put approcher fut peint ou deffiné. Le Prince Pamphile^ Gou- verneur de Rome, ne pouvoit quitter ce jeune Flamand. il le recommanda et le fit connoï- tre aux Princes et Cardinaux qui fe trouvoient dans la Ville; on admiroit fes Ouvrages, et encore plus les peines qu'il prenoitpour réuffirJ II fut cité comme une exemple, et propofé com- me un modele aux autres Artiftes : c'étoit le perdre que de l'élevtr autant qu'il le méritoit. Il avoit remporté le premier Prix de Deffein, dès-lors il s'étoit attire une foule de jaloux; fes progrès en augnentoient le nombre, et fa bon- ne conduite les déiarmoit. I!s tramerent en- tr'eux le complot le plus noir de fe défaire de lui par 1'affaffinat, ou de ie forcer par menaces ou par d'autres moyens de fortir de Rome. La Providence qui veille ftir les hommes ver- tucux, le fauva plufieurs fois des mains de fes perfécuteurs. Contraint fouvent de ft battre, il s'en tira toujours avec honneur; le malheur voulut qu'il tua un de ces efpeces d'afTdfïïns. Cette mort 1'obligea de fe cacher; on connoif- foit
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128 La Vie des Peintres
1642. kit ^a conduite, et on fcavoitaufli 1'injuftice
<m» de fes ennemis; enforte qu'il n'y eut point de pourfnite. Il ne put cependant fe montrer en. public, il auroit été affaffiné par tout oü ils au- roient pu Ie joindre. Dans Ie moment qu'il fe croyoir accablé par 1'envie. il reent la récom- perfe que lui avoit attiré fon application et fa bonne conduite. Le Brun, premier Peintre de Louis XIV. fur-
chargé de travaux immenfes, aidé de grands Artiftes de la France, fit venir de toutes parts des grands Artiftes pour les pattager avec lui, et remplir les vaftes projets qu'il avoit concus, et qui ont éternifé fa mémoire. Le Brun qui connoflbit les talents de de T^uez, 1'invita a ve- nir a Paris, en 1'aflurant d'une penfion de S. M. Une invitation auffi glorieufe le détermina a quitter une Ville oü il avoit tout a craindre, et dont il ne feroit jamais forti, s'il eüt été moins habiie. Il prit congé fecrétement de fes amis, et arriva en pofte a Florence, oü il par- courut, pendant quelques jours, les excellentes Peintures qu'on y conferve. Il en fit autcint a Bologne, k Milan et a Lyon. Arrivé a Paris, il fut très-bien reen par le Brun, qui le préfenta au Hoi, et lui fit obtenir la penfion promife. De Vuez acquit en le Brun un ami et un Pro- tefteiir; il lui offrit une parente pour femme. Cetre marque d'oftime fufEt pour faire 1'éloge de de Vuez. Il n'accepta pas cette propofition, il s'excufa fur fon peu davancement et fur fa jeunefle. Ce refus ne diminua ni l'amitié, ni les attentions de le Brun, lorfque le malheur, qui fuivoit par tout notre Flamand, Téloigna en- core
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Flamands, Allemands et Hollandois. 'i 29
core une fois d'une Cour oü il avoit les plus 1642.
belles efpérances. ^——'9 De P~uez fe trouva dans un CafFé, il fut in-
fulté par un Officier qui le forca a fe battre; 1'aggrefleur fut tué en préfence de vingt perfon- nes qui attefterent 1'innocence du Peintre. La fa- miJle du mort fit des pourfuites: cette affaire fut portee au Roi. De Vuez partit pour Conftanti- nople a la fuite da 1'Ambaffadeur de France; il revint 1'année fuivante, rentra dans la place qu'il avoit quittée, et continua (es travaux. Une nouvelle Prote&rice fe déclara en fa fa-
veur; c'étoit la mere du Prince Eugene. Cette Princefle lui fit faire plufieurs Ouvrages qui eu- rent toujours les mêmes fuccès; elle poufla fa bonté jufqu'a lui donner en mariage Mademoi- felle Anne Degré, fille de Bertolphe Degré3 mort Gouverneur de Calais, et ci-devant Co- lonel au fervice de France, qui avoit 1'honneur d'appartenir par le fang a cette Princeffe. Ce mariage augmenta le crédit du Peintre, le Mi- niftre Louvois fe 1'attacha, il 1'envoya a Lille pour y faire un Tableau, dont il fit préfent a 1'Eglife de lTIopital. Le peu de féjour qu'il fit dans cette Ville, lui procura de grands Ouv- rages de tous cótés. On le follicita vivement pour y refter; il y foufcrivit, après en avoir écrit au Miniftre. Il préféroit d'être le premier dans une Ville oü les Arts étoient eftimés, a n'être qu'au fecond rang a Paris. La réponfe du Mi- niftre fut pleine de bonté, et lui laiffa toute liberté, en 1'affurant de fa protettion dans toutes les occafions. De Vuez commen5a a travailler et a orner les
Tome III. I Egli-
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13o La V\e 'des Peintres
164*. Eg'ifes de fes bons Tableaux. Laborienx etbien
payé, il foutint avec honneur un rang dans cette Ville; il avoit un équipage et une maifon oü ce qu'il y avoit de plus dilHngué fe trouvoit admis avec déeence. Il fut nommé Marguillier dans fa Paroifle, place de diflin&ion dans ce canton, et élu Eclievin d'une voix unanime. Après trois années d'exercice, apprenant qu'on avoit deffein de Ie continuer, il remercia et s'excufa fur fon grand age. I! mourut Ie 3 Avril 1724, agé de 8lans. Il fut enterré a S. André fa Paroifle, dont il avoit élé Marguillier, et dans laquelle il avoh füit faire quelque-temps avant, un petitTombeau pour lui et fa familie. De Vuez n'a eu qu'une fille de fon mariage, nde en 1687, qiü époufa en secondes nóces M. de Neuville, Directeur de la Pofte a Bordeaux. Ce Peintre a fait honneur a la Peinture, fa
conduite et fon efprit lui ont attiré 1'eftime de ceux qui ont vécti avec lui. Il a joui de beau- coupde gloire dans la Flandre, oü fes Üuvrages font places avec diftinttion, a cöté de ceux des plus grands Mtiitres du pays, et oti ils fe fou- tiennent. L'Hiftoire en grand eft Ie genre oü il a toujotirs été Ie plus occupé, et qni lui plaifoit bien plus que Ie Portrait qu'il refufoit abfolu- fnenr. Piqi.é cependant d'entendre dire qu'il au- roit été incapable d'en faire, il fit tairc la cri- tique en faifant quelques Portraits qni eurent Ie plus grand fuccès. Toutes fes compolilions marquent du génie et de Pefprit; il y a de 1'a- bondance et de la variété dans fes figures, fon deflein cft correö: i! avoit toute fa vie étudié les compofuions de Raphaè'l, on s'en apper?oit dans
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Flamands, Allemands et Hollandois. i3i
dansfes Ouvrages. Il ne faifoit rien fans conful- 1642.
ter la nature, il deffinoit toutes (es figures mies ■ qu'il drapoit enfuite; il en faifoit de mêmepour
les efquiffes, et a confervé cette methode judi- cieufe jufqu'a la fin de fes jours. Sa couleur eft médiocre, tantót {es chairs font trop rouges, quelquefois grifes et froides; en général,une couleur faufle et de pratique; Ie deffein et la compofition fauvent fa couleur, lors même qu'elle eft mauvaife et défagréable. Ses fonds font riches d'architefture, qu'il fcavoit orner agréablement, et accorder avecfes grouppes de figures. II a peint dos bas-reliefs imitant Ie mar- bre, a tromper; il a fait illufion en faifant quel- ques figures de Ronde-bosse, aufïï en marbre. Voici une partie de fes Ouvrages. On voit a Lille, dans 1'Eglife de S. André,
quatre grands Tableaax, un qui représente les Vieillards profternés devantl'Agneau,fujettiré de PApocalypfe; une Réfurreöion de Notre- Seigneur; Ie Martyre de S. André; et les Anges qui adorent Ie S. Sacrement. Dans 1'Eglise de S. Maurice, une Annonciation. Saint Hubert facré Evêque, dans 1'Eglife de
S. Sauveur. Une Sainte Cecile, dans 1'Eglife de S. Pierre.
A 1'Höpital ComteiTe et dans 1'Eglife, fe trou- vent les Tableaux fuivants : la Préfentation de la Vierge au Temple, au grand Aurel; les En- fants d'Ifraël qui recueillent la manne; la Mul- tiplication des pains; Elie qui re^oit la nour- riture par un corbeau; la Vifion du Prophete Daniel; Tobie aceompagné de 1'Ange; les Dif- ciples d'Eminaiis; 1'OfFrande de Melchifedech; I 1 Saint
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_ l3a La Vie des Peintres
1642. Saint Jean dans 1'Ifle de Patmos, et la Vifion cfif
*^f» Prophete Ifaïe. Dans Ie Réfettoire de eet Höpi-
tal, font la Parabole de 1'habit des nóces j la
Foi; 1'Efpérance; la Charité; les Vierges.....la
Familie du Fondateur, oü il eft auffi repréfenté.
Dans la même maifon, la Pifcine; la Samari- taine; 1'Aveugle né; la Femme guérie du flux defang; laChananée; laVeuve de Naïm; etun autre dans Tappartement de la Supérieure : on voit deux Bas-reliefs imitant Ie marbre, 1'un Ie feu du Ciel qui allume l'Ofïrande d'Elie; l'autre, la Prédication de S. Jean. A 1'Hötel de Ville, cinq grands Tableaux;
Ie Jugement de Salomon; Daniel dans la foffe aux lions; Jéfus-Chrift et S. Pierre; Ie Juge- ment dernier; et Notre-Seigneur attaché fur la Croix. Aux Récollets, dix grands Tableaux : les fu-
jets font pris dans la vie de S. Francois, de S. Bonaventure et de S. Antoine de Padouë. Dans rAbba)-e la Biette, une Annonciation
et la Naiffance de Jéfus Chrift. AuxCarmes,dansleur Réfeöoire,Jéfus Chrift
chezSiméon, la Madeleine a fes piedsquipleure fes péchés, &c. Dans Ie même endroit, cinq aiitres Tableaux représentant des Saints de 1'Ordre. Une belle Descente de croix aux Jacobins.
A Saint Erienne, trois Tableanx; une An-
nonciation; Sainte Catherine et Saint Nicolas élu Evêque. A 1 Abbave de Marcienne, pres de Lille, se
voient deux belles compofitions, 1'un la Manne; et Moyse qui frappe Ie rocher. A
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Flamands, AUamands et Hollandois. 133
A Annon, autre Abbaye pres de Lille, neuf 1642.
Tableaux : la Manne; Mojse qui frappe Ie ro- ~ygm/r cher; Ie Sacrifïce de Melchisedech; llébéca; Benjamin; la Terre promi^e décotiverte; Ie vieux Elizaire; Notre Seigneur parmi les Doc- teurs; S. Jean qui prêche dans Ie Desert. A Cambray, dans 1'Eglise des Jésuires, douze
très-grandsTabltaiix, tous sujetstirésderEvan- gile. Dans la Chapelle de 1'Archevêque, cinq autresTableaux,aussi sujets tirés de TKvangile. A Douay, dans 1'Eglise des Carmes, il a re-
présenté la Montagne da Thabor; Tableau in- génieux. Auk Minimes, !e Martyre de Sainre Barbe;
TAnge Gardien; et la Présentation au Temple. Les Chartreux ont aussi huit grands Tableaux
de de Vuez : c'est la vie de S. Bruno. A 1'Abbaye de "Warneton, S. Augustin qui
quitte Ie monde; un Calvaire; et la Conver- sion de S. Augustin. Nous pourrions en ajouter encore davantage,
mais cela deviendroit fort long: il nous suffit d'avoir cité les principaux. |
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EGLON VANDER NEER.
ÊLEVE DE JACQVES VAN LOO.
EGlon vander Neer dut sa nais-
sance a la Ville d'Amsterdam en 1643 , fils d'^érnould Vander Neer, bon Paysagiste, time; sur-lout, pour ses clairs de lune, et de- puis Major d'Arkel. Il re9iit des le§ons de son I 3 pere
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134 La Vie des Peintros
perc; il aima cependant mieux peindre la figu-
re, et il obtint la permission de chercher un au- tre Maitre. Il entra chez Jacques van Loo, fort bon Peintre d'Amsterdam, sur-tout de figu- res de femmes mies. Eglon ne s'efFraya pas des grandes difEcultés de cette partie de la Peinture, il étudia avec succes Ie dessein, la composition et la couleur. Né avec de grandes dispositions et conduit par un Artiste habile, il avanc.a a grands pas dans la carrière. Laréputation de 1'Ecole de France Ie fit par-
tir pour Paris : il avoit alors vingt ans. Ses Ou- vrages, malgré sa grande jeunesse, Ie distin- guerent. Le Comtede Dona, Gouverneur d'O- range, 1'engagea a son service, et employa son talent pendant trois ou quatre ans : ce fut le terme de son séjour en France; il retourna en Hollande. A peine fut-il arrivé a Roterdam qu'il y épou-
sa Marie TVagenvelt, fille du Secrétaire du Tribunal de Schielant; il en eutune dot con- sidérable, mais qui fut dissipée en partie a plai- der : il perdit cette femme et tout le bien qu'elle lui avoit apporté, et il se trouva chargé de seize enfants. Il al la demenrer a Bruxelles, oü ses Ou- vrages furent recherches; il y contraöa un se- cond mari^ge avec la fille du célébre Peintre du Chalet. EUe peignoit très-bien le Portrait en miniature, et mourut en ne lui laissant que des regrets et neuf enfants Une familie si nombreu- se réduisit Vander Neer a travailler unique- ment pour la soutenir. Ge fut sur tout en lui que la nécessité devint
la mere des talents et de 1'industrie. Son génie inépuir
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Flamands, Allemands et Hollandois. 135
inépuisable en ressources, ne négligea aucun 1643.
genre, 011 plutót osa s'élever a tous, et eut la wr gloire extrêmement rare d'y réussir. Il peignit des Paysages qui eurent un grand
succes, et qui ne lui couterent ni autant de temps, «i autant de soin que ses Tableaux d'His- toire. Voisin d'un grand jardin qui étoit négligé,
il y trouva des plantes qu'il cultiva lui-même pour les rendre plus belles; mais s'appercevant qu'en les portant dans son attelier, elles per- doient insensiblement de leur éclat, et que leurs formes s'altéroient a mesure qu'elles se fanoient, il fit son attelier de son jardin même; et s'é- tant construit un petit cabinet portatif, dans lequel il peignoit chaque plante et chaque fleur sur sa tige, il prenoit réellement la nature sur Ie fait, puisqu'il la peignoit d'après elle-même, lorsqu'elle étoit, pour ainxidire, toute vivante; ses fleurs, toujours fraiches, conservoient dans ses Tableaux toule leur beauté, ou plutót ies Tableaux étoient un vrai jardin. On ne fcait point ce qui Ie conduisit a Dus-
seldorp; après cinq années de veuvage il épou- sa en troisiémes nóces la fille deJeanSpi/berg, Peintre de 1'Eledleur; ellelétoit veuve depuis onzeans, duPeintre Bréekvelt; elle étoit très- instruite dans Ja Peinture, et resta même, en cette qualité, au service de I'Eledeur après la mort (TEglon, qui arriva Ie 3 Mai 1703 , 6 ans après leur mariage : il fut régretté et enterré avec pompe. Vander Neer fut un homme rare, il posse-
doit son Att au point qu'il en traitoit tous les I 4 genres
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l36 LaViedesVeintres
1643. genres avec la même perfeftion. Ses Tableaux
-BTW d'Histoire sont bien composés, ses Portraits en grand et en petit bien coloriés, touches avec esprit et avec finesse; cesPaysages se ressentent tous d'avoir été faits d'après nature; ses plans sont variés; ses arbres ontun feuillé d'une jolie touche, et d'une couleur naturelle : mais s'ilen- richissoit ses Tableaux de ses plantes différen- tes, dont nous parlions plus haut, il les finis- soit avec tant de soin, que quelques-unes en ont 1'air froid, et ne sont point assez d'accord avec Ie Tableau; mais Ie travail, séparément pris en est admirable. On conc^it encore de lui un autre genre, c'est celui de représenter des As- semblees avec les habillements a la mode du pays. Il imitoit, en ce genre, si bien Ie gout de Teriurg, que 1'on pouvoit y être trompé. Eglon aimoit la tranquililé, il ne voulwt ja-
mais aller en Espagne, quoique Ie Roi lui eut envoyé la Patente qui lui donnoit Ie titre de son Peintre. Ce Monarque avoit été charme du Portrait du Prince de Neubourg, qu'avoit fait Eglon. On ne doit pas oublier que ce Peintre fut Ie Maitre du Chevalier Vanderwerf. Les Ta- bleaux de Vander Neer sont peu connus en Fr^nce : il y en a trois a Paris de son pere Ar- nould Vander Neer, deux chez M. Ie Comte de Vence-, 1'un représente 1'hyver, et Tautre un clair de lune : Ie troisiéme est chez M. Lempe- reur, et représente 1'hyver. M. Marye, Secré- taire du Roi, en possede deux a Rouen. peints par sirnould',• 1'un est un clair de lune, et 1'au- tre Ie soleil couchant. Un autre clair de lune chez M. de Ccuronne, Lieutenant-Général-Cri- minel dans la même Ville. Reve. |
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Flamands, Allcmands et Hollandois. 187
Revenons a ceux d'Eglon, qui sont dans Ie 1643.
Pays étranger : voici les plus remarquables. ><"HP' Dans la riche colle&ion dei'Elefteur Palatin,
cinq beaux Paysages. Dansun autre, -Agar dans Ie Desert; un Paysage avec plusieurs figures et des animaux; Ie Portrait d'une Douairiere d'Es- pagne de la Maison Eleftorale, une belle femme évanouie ; une Dame qui joue du luth; et un autre beau Paysage. Chez M. Fagel, a la Haye, Circé, fameuse
magicienne. Chez M. Ie Lormier, une Assemblee : on y
joue aux cartes; il y a dans ce Tableau une jo- lie femme accompagnée d'un page et d'un Né- gre. Dans un autre, une Dame joue de la gui- tarre. Dans un autre, un jeune homme porte des citrons. Dans un autre, une jeune rilleassise pres d'une table, se regarde dans un miroir. On y admire aussi Ie Portrait d'Eglon, peint par lui-même, celui de sa femme; une tentation de Saint Antoine y mérite toute 1'attention des Connoisseurs, ainsi qu'un tres - beau Paysage, dont les prinoipales figures sont une Bergere qui rend a un jeune Prince la couronne qu'il vient de lui offrir : on voit qu'elle préféré son Berger. On a de ce Peintre, chez M. van Héterent
Venus, Adonis et 1'Amour, dansun Paysage orné de fleurs et de plantes; un Sacrifice au Dieu Pan, Ie fond est un Paysage; et un Pay- sage avec figures et animaux. Chez M. Verschuuring, une Dame avec la
femme de chambre qui tient un perroquet. A Dort, chez M. J^ander Linden van Slin~
gelandt, un Tableau singulier et d'un beau fini : c'est
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l38 La Vie des Peintres, ete.
1643. c'est une jeune Dame habillée en satin blanc
>—iw qui se lave les mains, et a qui un Page verse de 1'eau avec une aigniere d'argent. Dans un autre Tableau, une femme en déshabillé, sor- tant du lit, cherche a se cacher derriere les ri- deaux, parce qu'elle apper5oit un jeune homme qui entre dans la chambre, malgré la femme de chambre qui Ie menace d'un soufflet: Ie fond est une chambre a coucher, bien menblée : tous les détails ensont bien amenés et bien rendus. Et chezM. van Schroei de Wilryck, a An-
vers, un joli Tableau représentant des hommes qui se baignent. |
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GODEFRO
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GODEFROY
SCHALKEN,
ÉLEVE DE GERARD DOUW.
ODEFROY SCHALKEN-T—
naquit a Dort en 1643, son pere i643- y étoit Retour du College, et ^^ enseigna a son fils la Langue Latine. Le jeune Schalken étoit --------déja bien avance dans cette étu- de, lorsqu'il quitta les Lettres pour la Peinture. oamuelVan Hoogstraten fut son premier Mai- te, et ensuite Gerard Douw acheva de le per- fethoner. Schalken étoit déja capable d'imiter assez bien la maniere de ce dernier Maitre, lors- q« il le quitta. Schalken |
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La Vie des Feintres
Schalken, après avoir imité et admiré quel-
qnr temps les Ouvrages de Rembrant, se lassa de 1'imiter et de 1'admirer; son amour propre en étoit trop humilié: il crut pouvoir, dansles grands effets de la lumiere, passer ce coloriste hardi et presqu'inimitable. Il peignit des sujets éclairés par les rayons vifs et tranches d'un flam- beau, ou du soleil: ce fut sa maniere favorite, et jusqu'a ses Portraits, tous ses Ouvrages s'en ressentent. Bientót les Portraits en petit, qui lui attiré-
rent de la réputation, et qui furent chercment payés, lui firent abandonner les sujets de fan- taisie. Son nom passa la mer, et Ie fit appeller en
Angleterre, oii cependant il ne trouva pas tont raccomplissement des promesses qui 1'y avoient attiré; mais ce fut un peu sa faute : il y éprou- va que l'amour propre qui ne tend pas moins qu'a Tuniversalité des talents, est un guide trom- peur. Schalken étoit, sans contredit, Ie pre- mier Arriste de Londres dans les petits Ouvra- ges, soit Tableaux, soit portraits: il voulutlut* ter contre les Tableaux en grand, des Kneller, de Kloosterman, de Daahl, de Laroen ,- mais il eut un désavantage humiliant dans cette con- currence.En vain murmura-t-il, en vain voulut- il appeller de ces jugoments, il resta constant dans Ie public que ses grands morceaux ctoient plats, sans force et sans vérité. La décision de ses Partisants abaissa son orgueil, et 1'amour du gain fit sur son esprit 1'effet qu'auroient du faire son propre jugement et les conseils de ses amis. Il reprit la maniere de ses jolis Tableaux de che- valet
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Flatnands, Allemands et Hollandois. \[\ i
valet et des Portraits en petit, et il recouvra ses 1643.
chalands et sa premiere réputation. <«—■ Si nous en croyons la médisance, ennemie
née des grands talents, et quelqiies anecdotes pen siires qu'elle a fait passer jusqu'a nous, il avoit pen d'usage du monde. Une Dame An- gloise qui avoit les mains fort belles, et qui, sans doute, Ie (cavoit bien, voyant sa tête finie, lui demanda s'il avoit besoin de voir ses mains pour les peindre; il lui répondit qu'il s'en pas- seroit, et qu'il étoit dans 1'usage de peindre toutes les mains d'après celles de son valet. On croit prouver son peu d'intelligence dans
les bienséances pittoresques par cette composi- tion. Dans Ie Portrait qu'il fit de Guillaume III. Roi d'Angleterre, ce Prince est éclairé d'une bougie qu'il tient; et Ie Peintre a eu la mal- adresse de faire tomber des gouttes brülantes de cette bougie sur la main du Roi. Au reste, ces deux historiettes ne nous ont
été transmises que par Ie seul Weyerman, qui lestenoit, peut-être, de Peintres jaloux du mé- rite er de la répulation de Schalken. Il est constant qu'il gagna beaucoup de bien
a Londres. II choisit cependant la Haye pour y finir ses jours. A son retour en Hollande, oü sa réputation 1'avoit précédé, ce fut a qui au- roit de st'S Ouvrages. Cette mode qu'il avoit f?u leur donner, les rendit tres chers. Il avoit, de plus, acquis une faeilité a opérer, qui, loia dennire au beau fini dont il avoit conirafté 1'ha- bitucle, leur donnoit une certaine libertédans Ie faire qui en augmentoit Ie mérite. Il mou- rut a la Haye Ie 16 Novembre 1706, agé de 63
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l4ï La Viedes Peinires
1643. ^3 ans' Malgré ses défauts, il avoit plus lieu de
<■—■m remercier Ja nature que de s'en plaindre. Il fut toujours dans 1'aisance et toujours consid^ré. Le premier mérite des Ouvrages de Schalken
consiste dans le beau fini et dans une exa&itude singuliere a imiter la nature, presque dans ses plus petits détails; sa couleur est dorée et assez vraie. Il regardoit les effets de la lumiere et des ornbres comme 1'objet principal du Peintre; la lumiere d'une bougie ou celle de la lampe lui servirent a faire ses études, et la plupart de ses Tableaux représentent la nuit. Quelqncs-uns sont éclairés au soleil, et sont aussi piquants : j'en citerai pour exemple celui cm une jeune personne se cache le visage avec *on éventail, qui recoit la lumiere a travers du papier ou d'un taffetas colorié; et une autre femme dans nn appartement pres d'une fenêtre, un rideau cramoisi dérobe la plus grande partie de la lu- miere; mais les rayons qui passent a travers ce rideau, vont éclairer la figure et produisent des tons singuliers : cette pratique suffit a prouver combien notre Artiste avoit éti^dié les différents eff'ets de la lumiere dans les différtnts accidents. Il a négligé le dessein, et il ne fcavoit pas non plus faire un beau choix dans son modele; ses figures sont roides, ses mains lourdes, ses bras décharnés, nulle finesse dans ses contours; ses compositions ne décelent ni 1'homme d'esprit, ni le grand génie; il a fait cependant de bons Eleves : le plus di.stingué est de Dort. Ce fut Arnould Boonen y il a approché de pres de son Maïtre. Voici les principaux Tableaux de Schalleen.
A
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Flamands, Allemands et Hollandois. i|3
A Paris, chez M. Ie Duc d'Orléans, au Palais 1647.
Royal, un homme qui donne une bague a sa ^y femme, sujet éclairé au flambeaii; un petif gar- gon qui joue de Ja guitarre; la Bohémienne et plnsieurs figures; et une femme qui mange de Ja soupe. Chez M. Ie Comte de Vence, une femme
éclairée a la bougie, attentive au mouvement d'une montre; une Chanteuse accompagnéepar un homme qui joue du théorbe. Chez M. de Julienne, un Tableau, Portrait
de familie; une jeune rille qui fume, et pres de laquelle sont deux autres figures éclairées d'un flambeau. Chez M. Blondeldefiagny, une jeune fllle
qui pele un citroa; un homme représentant un Traband ; un autre homme qui tient un grand verre. Chez M. Je Comte de Wassenaar, a la Haye,
une femme qui dresse un jeune chien; une au- tre femme pres d'un barril de hareng. Chez M. van Slingelandt, Receveur Général
des Etats, une Vénus, avec des colombes. Chez M. van Slingelandt, Conseiller a la
Cour d'Hollande, une femme qui mange dessu- creries; un autre Tableau de femme devant un miroir. Chez M. Fagel, une femme pres d'une fon-
taine; une autre qui pesedes bijoux. Chez M. Ie Lormier, la Vierge etl'Enfant
Jésus sur sesgenoux, et a cóté S. Joseph; Dia- ne et des Nymphes; Vénus qui regarde 1'A- tnour endornai, un petit garjon qui joue du Rom*
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44 Pcïntres
1643. Rommelpot;* et un autre qui chante avecune
'i' ■ petite fille; un Vieillard en prierej un Paysan qui allume sa pipe a une chandelle; une petite tête d'homme; la Vierge et 1'Enfant Jésus, S. Jo- seph soufflé Ie feu; un Fumeur qui soufflé la fu- mée au visage d'une jeune personne. Chez M. van Béteren, une femme qui met
une cliandelle allumée dans sa lanterne, et un jeune homme qui soufflé Ie feu; un jeune gar- c,on qui fume, tandis qu'un autre Ie regarde, une lnmiere a la main; quatre personnes qui mangent des oeufs; un homme qui allume sa pipe; dans Ie fond est un homme et une femme. Chez M. d'Acosta, une Dame a sa toilette,
pres d'elle deux figures éclairées a la bougie. ChezM. Verschuw'mg^ un jeune homme qui
mange un ceuf. Chez M. Vander Linden van Slingelandt, a
Dort, Diane éclairée au soleil; un Tableau re- présentant Ie néant des choses humaines, par un enfant qui fait des boules de savon, par une tête de mort, et un flambeau allume et pret a s'étein- dre, &c. Chfcz M. Lézrs, a Roterdam, des figures éclai-
rées au flambeau. Chez
* Rommelpot: C'est une vaissie de porc ou autre,
bien tendur- sur un pot; dans Ie milieu est un petit roseau attaché a la vessie ; les enfants mouillent ce ro- seau avec de la salive; ils Ie font glisser avec force dans leurs doigts; en appuyant ils comprimentl'air : 1'impul- sion et la répulsiou font un bruit très-sonore. Cet usag« est établi en Hollaude, en 1 Luidres, etc. |
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Flamands, Allemands et Hollandois. i45
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Chez M. Bisschop, Diane a la chasse, ac- 1643.
compagnée de ses Nymphes. ^Si» Chez 1'Eleöeur Palatin, Nof re-Seigneur in-
sulté par les Juifs; quatre figures a demi-corps de grandeur de nature, éclairées au flambeau; une Madeleine en pleurs, éclairée d'une Iampe; les cinq Vierges sages et les cinq Vierges fol- ies; une Madeleine éclairée d'une gloire, jette loin d'elle lesornements de la vanité, pour se préparer a la pénitence; une jeune personne qui tient sa main au devant d'une bougie que son amant veut éteindre; deux autresTableaux qui représentent la Vierge, 1'Enfant Jésus, S. Joseph et un Ange. Le Prince Charles possede a Bruxelles deux
Tableaux : 1'un et 1'autre représentent des con-; versations. Dans Ia Galerie du Grand Duc de Florence,
le Portrait de la fille de Schalken. |
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GABRIEL VANDER LEEUW,
Êleve de son Pere
SÊBASTIEN VANDER LEEUW. GAbriel Vander Leeuw naquit è
Dort le 11 Novembre 1643, &e Sébastien Vander Leeuw, qui peignoit assez bien les ani- maux, et qui abandonna la Peinture pour un Emploi dans les Droits sur la Biere. Ce tort qu'il faisoit a Ia Peinture fut réparé par ses deux fils, Gabriel & Pierre. Tous deux recurent des tefons de leur pere, et tous deux dans 1'art Tome III. K du |
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146 La Vie des Peintres
du pinceau 1'ont surpassé dans la Peinture.
Gabrielieyd habile crut saVillenatale rooins propre a ses progrès et a sa fortune que la ca- pitale. U fut bien rec.u et fort employé a Am- fterdam; il y épousa, peu de temps après sou arrivée, la soeur du Peintre Pander Plaats. Il paroit que l'hymen contribua plus a déterminer son voyage d'Italie, qu'a Ie fixer chez lui. Les promesses d'un prompt retour lui firent
obtenir un congé de sa jeune épouse, mais qui fut bien prolongé. Il ne revint qu'après 14 ans d'absence, dont il en demeura 4 a Paris et a Lyon, x a Turin, 7 a Naples, et un a Rome; par-tout il fut employé, et ses Ouvrages payés cher. Il avoit étudié la maniere de Casliglione & de Boos, et il avoit de plus acquis la faci- lité d'opérer du dernier. Enfin, notre Peintre ne put résister plus long-temps a 1'envie de voir ou sa femme ou sa patrie; il retournaen Hol- lande. Ses premiers Ouvrages furent d'abord enle-
vés rapidement; mais la quantité prodigieuse qu'il en donna de suite, les diminua de prix, et on finit par les moins rechercher. Gette es- pece de mépris Ie découragea, et l'auroit con- duit a la misere; mais il fcavoit qu'en France et en Italië on étoit plus en état de distinguet Ie mérite. Il prenoit ses arrangements pour re- tourner a Paris, a Rome ou a Naples; et il étoit allé a Dort dire adieu a sa mere, quand il mou- rut Ie 3 Juin 1688. Gabriei fut regretté; il avoit la figure aima-
ble, beaucoup d'esprit et une conversation qui Ie fit rechercher des meilleures compagnies. Son
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Flamands, Alleman As et Hollandois. J 47
Sn génie étoit abondant, il produisoit avec Ja f643.
plus grande facifité, et il peignoit de même : sa "—* couleur tenoit de 1'EcoIe de Rome; sa touche étoit large et décidée. Cette fac,on de charger la couleur n'étoit pointdu gout des Hollandois, ils préféroient Ie beau fini, ouvrage de la pa- tience, a 1'art de faire avec chaleur et avec gout. Ses Tableaux sont pleins de troupeaux de moutons, de boeufs et d'autres animaux, qu'il imitoit d'après nature, avec une variété sur- prenante. |
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ABRAHAM VAN KALRAAT,
ÊLEFE DES FRERES HULP.
RAlraat né a Dort Ie 7 Octobre 1643, fut
destiné a Ia Sculpture. Les Freres Ernile & Samuel Hulp, habiles dans leur Art, lui en donnerent les premières lec,ons. On ne f£ait pourquoi Kalraat se mit a peindre a la mort de son pere, aussi Sculpteur, qui apparemment ne vouloit pas qu'il abandonnat sa premiere pro- fession. Notre Peintre quitta Ie ciseau pour Ie pinceaii. En Peinture, il fit assez bien la^-figu- re, mais il fut plus distingué quand il traita les fleurs et les fruits. Ses Ouvrages ont de la fraï- cheur et de la légpreté : il composoit avec in- telligence et beaucoup d'harmonie. |
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K x PIERRE
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ha Vie des Peintres
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PIERRE MOLYN,
surnomm!
TEMPEEST ( Tempeste.) N pourroit citer Pierre Molyn comme un
grand homme, si Papparence même du cri- me n'obscurcissoit pas 1'éclat des talents les plus brillants. Il naquit a Harlem de Pierre Molyn, appellé Ie Vieux; il fut regarde com- me un prodige dans son pays. Il réussissoit pres- qu'également dans tous les genres, et il auroit remplacé Frangois Sneyder par son Art singu- lier de peindre des Chasses au sanglier de gran- deur naturelle, s'il n'avoit pas quitte laHol- lande. L'envie de voir 1'Italie Ie fit voyager : il fut a Rome oti il étudia long-temps. Dela sa malheureuse étoile Ie eonduisit aGênes, oü ses Ouvrages eurent une grande vogue : on ne fijait pas positivement, s'il s'y étoit marie, ou si celle avec qui il vivoit n'étoit que sa Mai- tres^e: mais on n'est que trop sur qu'elle fut assassinsée, et qu'il fut accusé d'avoir payé des fcélèrat pour commettre ce crime. 11 tut ar- rêté; et quoiqu'il restat un violent soup$on qu'il avoit trempé dans ce crime, il n'y eut point assez de preuves pour lui faire perdre la vie, mais assez d'indices pour lui faire perdre sa liberté. II fut condatnné a une prison per- pétuelle, dont il ne sortit,au bout de ióans, que par un hazard. Louis XIV. pour punir les Génois,
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Flamands, 'Allemands et Hollandois. 14g
Gónois, fit bombarder leur Ville; Ie feu des 1643.
bombesmenacantGênesd'un incendie, Ie Doge^—m fit ouvrir les prisons: Moïyn se retira prompte- ment a Placenza, dans Ie Duché de Parme. Ce fut la que pleinement corrigé de ses passions yiolentes qui 1'avoient entrainé dans Ie préci- pice, il ne songea plus qu'a se livrer au travail. »* Nous ne fcavons rien de sa mort. Jean Visse- léer, grand Artiste, et par conséquent Con- noisseur, nous assure que Mofyn fut un Pein- tre très-distingué" de son temps, qu'il avoit un beau génie, lsaac Moucheron, autre bon Pay- sagiste, qui vécut avec Molyn a Rome, en fait aussi les plus grands éloges. |
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THEODORE FRERES.
FRerés fut un bon Peintre d'Histoire , né
a Enckhuysen en Hollande, en 1643. Issu d'une familie ancienne et riche, les éléments de la Peintnre entrerent dans snn édncatfon, et bientót il s'y appliqua par gout. Il fit Ie voyage d'Italio avec une commodité et une aisance, dont il eut Ie bon esprit de ne pasabuser. Bien loin de se livrer a une dépense qu'il pouvoit faire, sans s'incommoder; bien loin de donner dans la folie flatteuse et si commune a eet age, de vouloir briller parmi les jeunes- gens de la Bande Académique, il ne la fréquenta point, et vécut assez retiré. Il préféra aux vains amuse- m ents d'une vie dissipée et d'une compagnie peu c hoisie, 1'étnde assidue des Ouvrages des grands Maitres, et il partagea Ie temps de ses visites K 3 entre
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15o La Vie des Peintres
1643. entre les Scavants et la meiUeure compagnie de
«■vfiome. Il acquit parmi ceux-ci une p'us par- faite connoissancedu grand monde; il s'instrui- sit avec les premiers des finesses de son Art, et des moyens qui font merker 1'ejtime qu'on ac- corda depuis a ses Ouvrages. Cette conduite sage, et eet emploi si raisonr.able de son loisir, lui éleverent 1'ame, et lui donnerent une ma- niere facile et nobie de dessiner et de compo- ser, qui ont fait Ie caradtere principal de son talent. Il remporta dans sa patrie 1'art d'un Peintre distingué, et Ie ton des plushonnêtes gens. De retour en Hollande, il commenc,a a s'y faire connoitre par 1'exécution d'un plafond et d'un sallon pour M. Roeters, d'Amsterdam. On cite encore de eet Artiste plusieursautres entre- prises d'une aussi vaste éfendue; sa derniere étoit pour 1'Hótel de Ville d'Enckhuysen, et il en achevoit les Tableaux a Amsterdam, lors- qu'il fut attaque d'une maladie qui 1'empêcha de les terminer. Sa santé étant un peu revenue, il comptoit aller prendre 1'air natal, pour ache- ver de la rétablir entierement au milieu de sa familie; mais il mourut dans Ie tra jet en 1693, agé de 50 ans. Il avoit du génie; son dessein est elegant et
plein de finesse, mais il n'excella pas dans Ie coloris : ses Ouvrages sont estimés, et on gar- de avec soin ses desseins dans les portefeuilles les plus curieux. |
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ADRIEN
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Flamands , Allemands et Hollandois. 151
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ADRIEN BACKER.
LA Ville d'Amsterdam compte au nombre
;!es meilleurs Artistes qu'elle a vu naitre, Adrien Backer, neveu de Jacques Backer, dont nous avons parlé, Tomell, page 141. Les Historiens ne nous apprennent presqu'aucun dé- tail de sa vie. On présume qu'il a vécu en Ita- lië, paria correttion et Ie bon gout du dessein des figures nues qu'il introduisoit dans ses Ta- bleaux. L'Ouvrage Ie plus conhidérable que l'on connoisse de lui, représente Ie Jugement der- nier : c'est une composition nombreuse qui sent Ie grand Maitre. Ce Tableau est place a 1'Hó- tel de Ville d'Amsterdam, au dessus de 1'entrée de la salie des Plaidoyers. Backer mourut en 1686, dans la Ville oü il avoit pris naissance. |
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HORACE PAÜLYN.
ON ne fcait par quelle bizarrerie, desPein-
tres dévots et pieux, ont pu donner au Public des Tableaux licentieux, et des nudités icandaleuses. Seroit-ce que Ie sentiment n'entre- roit quelquefois pour rien dans de bonsOuvra- ges, et qu'une imagination vive pourroit être susceptible d'impressions opposées, sans que Ie coeur s'en milat, et qu'enfïn Ie génie suffiroit a tout? Quoi qu'il en soit, Ie Peintre, dont nous avons a parier, donna des preuves de la plus K 4 grande
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15a La Vie des Peintres
1643. grande dévotion, et en même-tempsmit au jour
^—w des Tableaux capables de faire rougir les liber- tins les plus décidés. On ne fcait quel pays donna Ie jour a Paulyn,
ni en quel endroit il a flni sa vie; on fcait seule- ment qu'il forma Ie projet et une société assez nombreuse pour Ie voyage de la Terre sainte. Il étoit Ie conduöeur de cette caravanne. Jean Roie étoit son second; ils furent d'abord en Angleterre, et dela a Hambourg. Ils firent par- tout sur la route beaucoup de prosélites; ils avoient des cofFres remplis de Bannieres, de Croix , &c. Plusieurs personnes vendirent leurs efFets pour se joindre a eux, et la femme d'un Boulanger passa Ie fanatisme , jusqu'a croire faire une bonne oeuvre en volant 1'argenterie desa maison, pour accompagner ces Pélerins. L'évenement ne fut pas heureux, on leur dé- roba leurs cofFres et leur argent. On n'a jamais f511 depuis ce qu'étoit devenu. Paulyn. Ce Peintre avoit des talents qui 1'auroient
. distingue , si Ie libertinage qui régnoit dans ses Tableaux, en rendant leur prix excessif, n'en avoit pas óté tout Ie mérite. On dit qu'il a sur- passé en licence Ie (rès-licentieux Aretln. On assure qu'il dessinoit bien, que sa couleur étoit bonne, et qu'un pinceau délicat et moëlleux n'étoit que trop capable de séduire en faveur de ses Onvrages pernicieux. Il faut qu'un Peintre, ainsi que tout autre Auteur, parle a 1'esprit, il lui est permis même d'intéresser Ie coeur, mais i\ lui est défendu de !e corrompre. |
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JOB
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Flamands, Allemands et Hollandois. i53
JOB ET GUERARD
BERKEYDEN.
ON peut citer ces deux freres comme 1'exem
p!e d'une union d'auiant plus rare qu'elle asubsisté entre deux personnes qui prétendoient a la gloire du même talent. lis naquirent tous deux a Harlem. Job étoit 1'aïné, et fut place chez un Relieur pour en apprendre Ie métier; mais son application continuelle a dessiner, fit connoitre a ses parents qu'i'1 étoit né ponr un Art bien au dessus de la profession a laquelle on 1'avoit d'abord destiné. Son pere Ie placa chez un Peintre, dont les Historiens ne disent point Ie nom. On fgait qu'au bout de peu d'années il fut en état de faire des Tableaux qui furent estimés, et que ce furent ces succes de Job qui exciterent dans 1'esprit de Guerard son cadet, Ie desir de s'adonner aussi a la Peinture. Mais en entrant dans la même carrière, leur riva- lité ne fut pas capable de les désunir, elle ne produisit dans leurs ames sensées et justes que cette émulation qui tend a la supériorité; mais sans les moyens bas qu'on emploie trop souvent pour y parvenir. Us furent les modeles de cette ardeur qui devroit animer les Freres et les Artistes dans Ie chemin des talents et de la vertu. Qu'ü nous soit permirde parier de deux son-
ges de 1'ainé, puisque ces rêves eurent quelque «pport aux a&ions de sa vie, et qu'on étoit alors
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i54 La Vie des Peintres
1643. a'ors P^us superstitieux qu'on ne 1'est anjour-
■q—/ d'hui. Job crut une nuit, pendant son sommeil, s élever jusqu'au Ciel; et une autrefois ü s'ima- gina être resté suspendu par ses chareux aux branches d'nn arbre. Le premier de ces rêves lui parut l'emblême des progrès qu'il pouvoit faire dans son Art, et qui l'éleveroient au des- sus du commun des Peintres; il crut que c'étoit a lui de réaliser cette idee, il quitta son Maitre et voulut voler de ses propres ailes a la perfec- tion. Il s'appliqua plus qinj jamais a 1'imitation des objets de la nature; il ne quitta plus les campagnes ni les bords du Rhin; il étudia les effets de la lumiere dans les ciels. dans les ar- bres, dans le cours des eaux; il fit le Portrait de tousceuxqui se présenterent; ilpeiguitpres- que rous les passants, et pour le prix qui leur convint. Il amassa beaucoup d'argent par eet assemblage très-multiplié de petites sommes; maïs sa principale acqnisition fut celle d'une pratique facile et d'une grande connoissance de son Art. De ces études il passa a la composi- tion des Tableaux qui représentoient des Fêtes de Villages dans le gout de David Teniers. Job fut moins flatté de 1'interprétation qu'il
ctut devoir donner au second de ses songes; il crut que cette aventure de se voir suspendu a un arbre, lui pronostiquoit quelque désastre qui l'arrêteroit au milieu de ses succes; et cette idee le rendit d'une timidité singuliere. Il s'étoit uni a Guerard son cadet qui réussissoit fort a peindre des intéripurs de Villes et d'Eglises, et qui or- noit ses Tableaux de figures joliment dessinées d'après nature. lis arriverent ensemble a Colo- gne, |
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Ftamands, Allemands et Hollandois. 155
gne, il y firent quelques Portraits, et furent
ensuite a Heydelberg, oü étoit pour lors la - Cour de l'Eleöeur Palatin. Ce fut la que la crainte decond rêve les empêcha d'oser se produire, et rerarda du moins de qnelque-temps 1'accueil honorable qui leur étoit du. Confon- dus dans la foule, il virent si souvent passer 1'Eleöeur et sa suite ponr aller a la ehas<;e, qu'il ne purent s'empêcher d'en faire l'objet de leur travail. lis en firent donc ensemble une représentation frès-agréable et très-bien exécu- tée; on y reconnoisoit l'Ele&eur et les prin- cipaux Seigneurs, a ne pouvoir s'y tromper. lis hazarderent enfin d'exposer ce Tableau, mais sans être apper^us, dans une galerie par laquelle Ie Prince devoit passer; et dès qu'ils eurent fait cette démarche, elle leur parut si hardie, qu'ils balancerent a s'enfuir. Pendant qu'ils délibéroient s'ils prendroient ce parti, 1'Elefteur vir Ie Tableau, s'y reconnut, 1'ap- plaudit, et fit chercher 1'Auteur. lis avoient été trahis : on les amene, et bien honteux ils re^urent du Prince les éloges et les faveurs qu'ils méritoient. A une somme considérable d'argent il joignit pour chacun des deux freres une Me- daille dor, un logement dans Ie Palais, la permission de prendre des équipages poursui- vre la Cour a la chasse, ce qu'ils firent, non sans crainte d'être pendus par les cheveux a quelqu'arbre de la Forêt- Job avoit toujours son rêve devant les yeux, et il trembloit a ehaque instant que cette espece d'horoscope ne s'ac- complit. Ils travaillerent encore quelque-temps a Ia
Cour
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l56 La Vie des Peintres
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1643. ^our ^e 1'Eleöeur, ou ils furent recherches, et
^■■ht oii ils gagnerent du bien; mais habiles a pein* dre, et fort mal-adroits a lutter contre les intri- gues qui augmenterent a mesure qu'ils avance- rent en faveur, il leur parut plus aisé de quiter la Cour que d'en prendre les manieres. Ils obtinrent avec beaucoup de difficulté la
permission de retourner chez eux, après avoir été comblés de présents par i'Ele&eur, et re- vinrent dans leur patrie. Ils y vécurent tous deux avec une de leurs soeurs; ils travaillerent continuellement, ils alloient vendre leurs Ta- bleaux a Amsterdam. Gucrard mourut Ie pre- mier, Ie 23 Novembre 1693. Job toujours plai- sant et conteur assez agréable, ne se dissipoit que Ie soir du travail assidu du jour, et étoit bien recu de ceux qu'il préféroit: on aimoit a 1'entendre. Il avoit atteint 1'age de 70 ans, lorsqu'il périt malheureusement Ie nou 13 de Juin en 1698 : il sortoit Ie soir d'un Cabaret, et tomba dans Ie canal des Brasseurs oü il se noya. On regretta ces deux freres dont les talents
sont très-connus dans leur pays : 1'un et 1'autre peignoient la Figure, l'Archite&ure, &c. 1'ainé faisoit Ie Portrait. Je n'ai vu aucuns de leurs Ouvrages en France : voici les principaux qui sont en Hollande. Dans Ie Cabinet de M. Henti van Slinge-
landty Bourguemestre a la Haye, on voit une Place publique avec un nombre de figures: Ie fond est une porte Romaine peinte par Gue- rard Berkheyden. Chez M. /e Lormier, la grande Eglise d'Har-
lem,
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Flamands, Allemands et Ilollandois. 15j
lem, environnée de maisons et de figures, par
Ie mème. Chez M. Ver schuuring, une Femme a cheval pres d'un puits. Chez M. Nicolas van Bréemen, une eau calme ornée de bateaux et de figures, par Job Berkhejden. Chez M. Vander Linden van Slingelandt,
a Dort, 1'intérieur d'une Eglise, avec figures, par Ie même. Et a Roterdam, chez M. Arnould Léers, une
autre vue de PEglise d'Harlem, du cöté de la place, avec figures, par Guerard. |
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JEAN VOSTERMANS,
ÉLEFE D'HERMAN ZAFT LEVEN.
JEan Vostermans né a Bommel, étoit
fils d'un Peintre de Portraits, issu lui-même d'une familie distinguée de Hollande, il donna a son fils les premières lecons de son Art; mais Ie Mairre, a qui notre jeune Eleve dut princi- palement sa belle maniere de peindre, fut Her- man Zaft Leven^ il étudia sous lui a Utrecht, et en assez pen de temps, il fut Ie rival de celui qui lui avoit appris a 1'égaler. Vostermans avoiteu une éducation conforme
a sa naissance; il avoit de 1'esprit, et a ces deux titres il étoit en société avec tout ce qu'il y avoit de gens de distin&ion; mais trop de vanité lui fit perdre Ie fruit de ces grands avantages. Ce qu'il étoit, lui fit oublier ce qu'il avoit entrepris d'être. Il y a grande apparence que s'il n'étoit pas né au dessus du commun, il auroit été un Artiste plus distingué. Il |
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158 la Vie des Peintret
1643. ÏÏ passa en France avec Ie titre de Baron,
■n——* des habits très-riches et un grand nombre de dotnesliques; il épuisa bientót la fortune que son pere lui avoit laissée. Ce n'est pas qne ses Ouvrages qui étoient très-recherchés n'eussent pu Ie mettre en état de soutenir cette enorme dépense, s'il eüt feu tirer parti de son talent; mais par nn préjugé peu conséquent a sa ma- niere de vivre, il crut indigne de lui de faire un revenu d'un Art qui cependant étoit la seule ressource pour son faste. Il ne vendit point ses Tableaux, il en fit des présents; et ruiné par cette générosiïé et cette prodigalité également déplacées, il se vit bientót contraint d'abandon- ner Paris. Il retourna dans sa patrie; et s'y re- tira chez une sceur qui y demeuroit. Ses fausses idees, l'y suivirent, il continua d'y frequenter les plus distingués de la Ville, et d'y être de toutes leurs parties de plaisir; et pour accorder son orgueil et son luxe, il se vit reduit, quand il manquoit d'argent, a prétexter des indisposi- tions qu'il n'avoit point. Il s'enfermoit quelqu&; temps chez lui, travailloit du matin au soir, et faisoit vendre sous mains ses Tableaux a Am- fterdam. Pour persuader qu'il ne tiroit aucun profit de ses Ouvrages, il pelgnoitquelquefois, comme par amusement, devant tous ceux qui venoient chez lui, et donnoit publiquementces morceaux de Peinture a ses amis, qui ne fca- voient ni sa situation ni ses besoins. En 1672, a 1'approche de 1'armée Francoise,
Vostermans se retira a Nimégue, chez une autre soeurqui y étoit établie; il y sollicita une Com- mission de Capitaine dans les Troupes des Etats Générauxi
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FlamandSf Allemands et Hollandois, r 5g
Généraux; maïs fier, comme il étoit, il fut 1643.
bientot dégouté par Ie premier refus et par la ^ggggf préférence qu'on donna a un Gentilhomme du pays de Gueldre. Les Troupes de France étant arrivées a Nimégue, Vostermans ne tdrda pas a être connu et a être visite par les principaux de 1'armée. Le Marquis de Bethune fit cas des Ou- vrages de notre Hollandois : il aimoit sa con- versation; il 1'amena a Utrecht et dans les au- tres Villes d'HolIande, oü il acheta sous ses yeux et sur ses conseils, les plus beaux Tableaux qu'il put trouver. Il essaya même de se 1'atta- cher, et lui offrit d'être a Ia tête de sa mai- son : on ne fc,ait ce qui empêcha notre Artiste d'accepter un parti si avantageux. Il est vrai- semblable qu'il crut cette proposition trop au dessous de lui; il ne lui étoit cependant pas possible de vivre plus long-temps sans fortune, et avec une vanité qui ne faisoit qu'augmenter ses besoins. Il chercha une ressource dans la générosité des Anglois : ses Ouvrages étoient bien payés a Londres; il y alla. Les Amateur» le ree, urent avec distin&ion; on le chargea de peindre un Tableau pour un des appartements de Witheal: le sujet étoit la vue d'une des Mai- sons Royales. Ce morceau fut si bien exécuté qu'on y reconnoissoit, quoiqu'en petit, les Da- mes et les Seigneurs qui étoient le plus souvent dans les promenades. Le Roi et sa Cour don- nerent a ce Tableau les plus grands applaudis- sements: le Monarque en fit demander Ie prix A 1'Auteur. Quelques-uns de ses amis lui con- seillerent d'en faire présent, mais le plus grand nombre vouloit qu'il se fit payer. Il suivit ce dernier
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'ï6o La Fie des Peintres
164?. dernier avis, il demanda deux cents livres ster-
' ling, somme exagérée, a la demande de laquelle Ie Roi ne fit point de réponse. Vostermans ne douta point qu'au bout de quelque-temps elle ne lui fut accordée, et vécut magnifiquement sur cette e^pérance; mais après avoir dépensé neuf cents florins, il se trouva dans 1'impossibilité de les payer, et fut mis en prison. Ii eut beau pré- senter des Placets et faire solüciter, il n'obtint rien et n'a jamais rien touche du paiement qu'il avoit demandé. Il fut bientót oublié, et il auroit couru Ie risque de mourir dans les fers, sans la pitié qu'en eurent les Peintres, et sans Ie secours qu'ils lui fournirent: ils se cotiserent et Ie firent élargir. Le Marquis de Bethunc, pour lors en Polo-
gne, ayant appris la triste siluation oü étoit Vostermans, lui écrivit de s'y rendre, pour en- trer au service du Roi. On croit que cette Lettre n'est pas parvenue jusqu'a notre Artiste : d'au- tres disent qu'il préféra suivre l'Ambassadeur d'Angleterre a la Porie. L'Ambassadeur mourut en route, et on n'a point fc,u ce que devint Vostermans. Il y a trop peu de Tableaux de ce bon Pein-
tre, et la plupart sont trop peu connus pour les indiquer: une partie est passée chez I'Etranger, et on en attribue plusieurs a Vostermans, qui pourroient bien être de son Maitre; c'est même quelquefois faire tort a 1'Eleve que de le com- parer. Guerard Hoet nous assure que Voster- mans a surpassé Herman Zaft-Leven dans bien des parties de son Art. Hoet étoit un grand Peintre qui a connu Vostermans; son jugement n'eft
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Flamands, Allemands et Hollandois. 161
n'est point hazardé, il lui accorde plus de génie 1643.
et plus de facilité, une couleur vraie, et il dé , cide qu'un pinceau ferme et flou lui donnoit une supériorité sur un grand nombre des Aristes de son temps. Il n'a manqué a Vosttrmans que d'être moins vain : il auroit vécu plus heureux, et nous aurions plus de ses Ouvrages. Le seul Tableau que j'ai vu de lui, est chez
M. Bisschop, a Roterdam : il représente une vue du Rhin, et fait Pendant avec un autre de son Maitre. On ne connoït d'autre Eleve de Vostermans
que Jean Soukens, aussinatif de Bommel, dont la vie n'e<-t pas plus interessante que les Ouvrages. |
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JEAN-BAPTISTE
CHAMPAGNE,
ÊLEVE DE SON ONCLE.
JEanBaptiste Champagne naquit a
Bruxelles en 1643. O° ne fcait s il avoit ap- pris les principes de la Peinture dans s;i patrie; mais on est bien certain qu il a dia son talent et sa gloire a la mort du fils de son oncle Cham- pagne} dont nous avons parlé dans le second volume. Philippe accablé de la perre qu'il venoit de
faire, fit venir de Bruxelles Jean-Bapti.ste son neveu; il eutla satisfaclion constante de levoir répondre a ses vues : du génie, un grand amour pour le travail, la meme douceur dans le carafte- Tome III. L re,
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1Ö2 La Vie des Peintres
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1643. re> lui mériterent que son oncle 1'adoptat. Le
"«■r jeune Eleve copia si bien ce Maitre tendre et chéri; il se forma tellement sur sa maniere, et eut par reconnoissance une prévention si dé- cidée pour elle, qu'il ne la quitta jamais, malgré son séjour de quinze mois en Italië. A son re- tour a Paris, il vécut et travailla avec son oncle a des Ouvrages pour le Roi; et il fut assez esti- mé pour avoir 1'ordre d'achever, après la mort de eet oncle fameux, ceux qu'il avoit commen- cés. L'Académie Royale 1'admit parmi ses mem- bres : il devint Professeur, et mouruten 1688, agé de 45 ans. Jean-Baptiste est inférieur a son oncle en mé-
rite, il fut son imitatenr, et s'il atteignit a quel- ques-unes de ses perfe&ions, il ent aussi ses dé- fauts. On trouve a Paris plusieurs de ses Ouvra- ges dans les Eglises, &c. |
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PIERRE DE HOOGE,
ÈLEVE DE NJCOLAS BERGHEM.
E mérite de Pierre de Hooge dans son Art,
nous fait vivement regretter de n'avoir pu découvrir presqu'aucune particularité de sa vie; de ce qu'il 1'a passée en Hollande, on en con- jefture avec assez de probabilité qu'il y avoit pris naissance. Par sa maniere de peindre, il pa- roit sür qu'il fut un des meilleurs Eleves de Ni- colas Berghem. Par ses premiers Tableaux on juge, avec raison, qu'il étudiases principes dans cette
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Flamands, \Allemands et Hollandois. i63
cette grande Ecole. Les Ouvrages qu'il fit de- 1643.
puis dans Ie gout de Metzu et de Miei is, prou- * vent que Ia prévention fondée des Amateurs pour ces illustres Artistes, détermina de Hooge a les fmiter. Il réussit assez bien a marcher sur les traces de Metzu, de Mieris, de Coques^ et AeSlingelandt, mais sans les atteindre; ses têtes et ses mains ont quelquefois la force de celles de Vandick; sa touche est plus large que celle de Mieris et de Metzu, mais ses Tableaux n'en attrapent jamais Ie fini précieux : atissi nous gardons-nous bien de les placer sur la même ligne. De Hooge fut un imirateur qui n'est pas a dédaigner au dessous du degré eminent de Metzu et de Mieris, pour la finesse et la vé- rité du coloris : il est encore des places disrin- guées, et notre Artiste occupa une des premiè- res. Son dessein est correct et de bon gout; sa couleur est naturelle et même vigoureuse. Tout Ie faire, en général, de ses Tableaux est d'une grande facilité; ceux d'entre ses Ouvra- ges qui lui ont mérité plus de réputation, re- présente des conversations : les habillements de ces personnages sont galants, et selon les modes de son temps; on y remarque même un choix conforme aux interets de la Peinture. S'il peignoit un Officier, il Ie représentoit avec sa veste de bufle, une cuirasse, une écharpe ou une bandouliere, et ainsi des autres, dont il choisissoit avec gout les attributs. Ses Tableaux sont encore rares en France : M. Haillet de Couronne, Lieutenant-Général-Criminel, posse- de a Rouen un Tableau de ce Maitre, ou deux Officiers habillés de bufle et d'une cuiraffe, boi- L 2 vent
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La Vie des Peintres, etc.
vent ensemble, un troisiétne hache du tabac a
fumer; 1'hótesse qui leur sert a boire, écoute avec attention ce qu'ils se disent. Ce Tableau est vigoureux de couleur, bien dessiné, et d'une touche ferme et légere. On voit du même, a la Haye, chez M. Ni-
colas van Brémen, une assemblee oü 1'on pré- sente un ambigu : Ce Tableau est très-galant et très-piquant. Chez M. EraamJcamp, a Amsterdam, il y a
du même Artiste un joli Tableau qui représente Ie dedans de deux apparteraents, oü sont deux figures. |
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JEAN
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J E A N
W É E N I N X,
ÉLEVE DE SON PERE
JEAN - BAPT1STE WÉENINX. EAN WÊENINXné a——
Amflerdam en 1644, eft fils d'un j644- Peintre habile Jean - Baptiste ^55® Wéeninx : il apprit la Peinture de fon pere, qu'il eut Ie malheur de perdre lorfqu'il n'avoit que feizeans; mais il étoit déja aflez avance pour ne fe fervir d'autre Maitre que de la nature. Il copia des Tableanx de fon pere a s'y méprendre; L 3 enfuite
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l66 La Vie des Peintres
1644. en'llite *' ^ des imitations avec Ie même fuccès:
«1 ! il étoit également habile; et ce qu'ily a de cer- tain, c'eft que les Tableaux faits dans fon pre- mier temps, ne fe diftinguent de ceux du pere, que par les noms qui fe trouvent écrits deffus. Il n'eft pas pofllble de trouver deux Artiftes qui aient approché de fi près de la même maniere et du même mérite. Le jeune Wéeninx fe corrigea bientöt du dé-
faut qui fe remarque dans plufieurs Tableaux de fon pere, d'un ton gris qu'il éloigna de tout ce qu'il a fait. Cet excellent Artifte eft regar- de comme un prodige, il peignoit en grand et en petit, d'un fini furprenant. L'Ele&eur Pala- tin , Jean Guillaume, le plus grand amateur de fon fiecle, a la vue desOuvrages de Wèeninx, demanda ce Peintre a fa Cour, lui fit une pen- fion confidérable, et lui commanda desOuvrages pour orner deux galeries au Ctaïteau de Bens- berg: dans Tune ce font des chaffes au cerfs; dans 1'autre galene, des chaffes au fanglier : les flgures, les animaux, le Payfage, toutdune mê- me main et au même degré de mérite. II fut long-temps employé dans cette Cour, toujours avec applaudiffement. On foupconne qu'il na quitta la Cour qu'a-
près la mort de ce Prince. Il retourna a Am- fterdam, 011 les occupations augmenterent tous les jours : c'eft a qui pouvoit obtenir de fes Ou- vrages. On lui demandoit des Tableaux dans tous les genres, c'étoit toujours un Maitre ha- bile; il fembloit que chaque chofe étoit d'une main différente. Il acquit le titre du plus grand Peintre
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Flamands, Allemands et Hollandois.
Peintre et Ie plus univerfel. Il menoit unecon- X644.
duite eftimable, qui lui a mérité une vie longue ««»-—■ fans infirmités : il mourut Ie 20 Septembre 1719. Jean TVéeninx a furpaffé fon pere déja célé-
bre. Les animanx de toute efpece, les Payfages, les fleurs, il a tout repréfenté; la nature eft bien rendue, il avoit une touche propre a chaque genre, une couleur vraie, qui ne tenoit ni de Maitre, ni de préjugé; il avoit la nature en vue qui lui indiquoit tout, et qu'il ne faifoit que fui- vre. Il peignoit les figures dans (es Ouvrages avec Ie même mérite; fon deffein eft ferme, quelquefois fcavant, mais jamais maniere. C'efl encore un Arlifte furprenant, {es grands Ouvra- ges ont la facilité et Ie large du Peintre d"Hif- toire; (es petits Tableaux, la fineffe, Ie fini et Ie précieux de Ia plus grande patience. Ses Ou- vrages furent payés ener; on a vu vendre un Tablraufur lequel étoitpeint un phaifan etquel- que gibier, pour Ie prix de 300 florins. On voit en Hollande plufieurs galeries en-
tierement de fa main. A Amflerdam, chez M. Braamkamp, un Tableau bien compofé : on y trouve un Jievre, un cigne, un phaifan, une perdrix, tous morts; un pigeon vivant qu'un petit chien agace; a cóté un vafeavec des rai- fins, et entouré de fleurs : Ie fond eft un beau Payfage. |
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L 4 PIERRE
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l68 La Vie des Peintres
PIERRE
VANDER LEEUW,
Éleve de son Pere
SÊBASTIEN L É E U W. 1644. T)^ERRE Vander leeuw, frere de ce-
^■ini Jl 'ui dont nous avons parlé, étoit auffi Eleve de fon pere. Les Ouvrages de Gahriel ne piai- foient point en Hollande: ceux de Pierre étoient du gout de fa nation; mais il avoit 1 humeur fi difficile, qu'a peine pouvoit-on Ie fouffrir dans la fociété. Cette bizarrerie d'humeur écartoit les curieux, et Ie forca de donner fes Ouvrages a très-bas prix. Le talent de Pierre étoit auffi de peindre des
Payfages, mais remplis de figures et d'animaux dans Ie gout üAdrien Vanden Velde, dont il avoit fuivi de fi pres la maniere, que l'on s'y trompe en les comparant. II rie peignoit jamais fans avoir a cóté de lui un Tableau de Vanden Velde . afin de ne point perdre de vue la fii^on de colorier et de difpofer les plans de ks Ta- bleaux ; fa couleur ell: naturelle et dorée, fon pinc^au eft flou & facile. Cette prafique éfoit négligée par fon frere , et auroit fait sa for- tune , s'il Tavoit observée; comme celui-ci au- roit fait la ficnne, s'il avoit en la douceur du cara&ere et de 1'efprit de fon frere. L'on ne fcait point 1'année de fa mort. On eftime fort les Ouvrages de Vaader Lceuiv, FRAN-
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Flamands, Allemands et Hollandois. 169
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FRAN£OIS (Francisque) MILÉ,
ÊLEVE DE FRANCK.
FRANCISQUE MiLÉ,fi!s d'un h^i'e
Tourneur en ivoire, que Ie Prince de V.cr- -- dé £t venir de Dijon dans son Gonvernenvn* a .Anvers . 011 i' donna naiffance au Peintre d<> t nousécrivonsTHiftoire, en 1^44. Lepere feron- da les dispofirions que fon fils raarqua peur la Peinture, et Ie placa chez Franck. qni Ie fit deffiner et peindre. Privé de loot fe> our* par la mort de fon pere, Ie jeune El^ve femb'oit fe fuffire a iui-même; fa grande appliration et fon defir dav;incer, lui tinrert lieii de fout- Son Maitre Temmenaavec lui a Paris, ou il euc oc- cafion de voir les Ouvrages du Poufsin, qu'il étudia, et qu'il f opia avec tant d'exad'tiKle que ses Tableaux dans la fuite tenoient de Ja même maniere. 11 eut dans Ie méme temps un émule bien capable d'augmentrr fon ardeur |)our Ie travail; c'étoit Abraham Genoels. Animé du même rrotif, ils Iravaillereut enfen.ble avec la même affichiité, la même envie de fe diflinguer dans leur art; ils devoient même aller ensemble en Italië, et prêts a fuivrc ce projet, Milé y renon9a en époufant la fille de fon Maitre; il n'avoit encore que 18 ans. Rendu a Iui-même, el maitre de fon temps,
il travailla pour fatisfaire ceux qui recherche- rent fes Tableaux; ils furerit portes dans tous les pays, il alla recevoir des louanges. Dans Ie voyage
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'170 La Vie des Peiiitres
1644. voyage qu'il fit, pour voir fes amis en Flandres,
>il paffa par la Hollande et 1'Angleterre. On ne put 1'arrêter mille part; il revint a Paris char- gé d'Ouvrages pour les endroits oü il avoit paffe. Peu de temps après 1'Académie de Peinture
Ie reciit dans fon Corps, et Ie nomma Profef- feur. Cette diftin&ion rnit Ie fceau a fa réputa- tion, et augmenta tellement Ie nombre de fes envieux, qu'on aff^re qu'il mourut a Paris en 1680, a 36 ans- d'un poifon qui l'avoit rendu fou. Il eft enterré a S. JNikolas-des-Champs. Il a eu pluiieurs bons Eleves; dans ce nombre, font fes deux fils, qui ont tous deux été en Italië. Sa mémoire étoit n fidelle, qu'après avoir vii
une feuie fois unTabléan,il s'en rappelloit long- temps 1'Ordonnance avec autant d'exaftitude que s'il avoit eu TOriginal devant les yeux : il en étoit de même quand il copioit la nature; il la deflinoit, mais il rendoit fes ciels et les tons qu'il avoit remarqués, avecbeaucoup de vérité et deforce. Ses Payfages font ordinairement de fites convenables au fujet d'hiftoire qu'il repré- fentoit par fes figures; et c'eft comme Peintre d'Hiftoirequ'il mérita la place diftinguée dePro- feffeur a l'Académie. Son deffein eft corred, et fa touche fpirituelle. Le Roi pofféde onze Tableaux de ce Maitre.
Son Morceau de réception a 1'Académie.
A Paris, dans 1'Eglise de S. Nicolas du Char-
donnet, deux grands Tableaux : le Sacrifice d'Abraham: et 1'autre Elifée dans le défert; les fonds font des Payfages. Dans
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Flamands, Allemands et Hollandois. Ï71'
Dans Ie Cabinet du Prince Charles, aBru- 1644.
xelles, on voit quatre Payfages, avec figures. «ar Chez TEle&eur Palatin, trois Payfages, avec
figures. A la Haye, chez M. Half-TVassenaert un
Payfage, avec figures. Chez M. d'Acosta, un Payfage, avec des
figures. A Dort, chez M. Vander Linden van Slin-
gelandt, un beau Payfage, avec des figures. A Roterdam, chez M. Bisschop, un Payfage.
Et chez M. Cauwerven, a Middelbourg, un
bon Tableau représentant la Femme adultére. |
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ROBERT
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ROBERÏ
D U V A L,
É L E V E
DE NICOLAS WIELING. |
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U V A L naquit a la Haye en
1644. En fortant de 1'Ecole de Nicolas Wieling, Peintre d'Hif- toire, il fut a Rome, oü la ban- de Académique lui donna Ie nom de la Fortune. Il demeure conf- tant qu'il y employa fon temps a tout voir, et a bien étudier. Venife renommée pour la couleur, devint un objet de fa curiofité; il y profita des bons
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1644
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La Vie des Peintres, etc. 17 J
bons modeles. L'amitié d'un noble Vénitien lui 1644.
devint d'un grand fecours; il eut chez lui fa table *m*m et 1'argent dont il avoit befoin pour étudier, et fes entretiens: ceci auroit du doubler fes études. 11 étonna fes Compatriotes de ce qu'il ne leur raportoit a fon retour ni defleins de lui, ni co- pies d'après les autres. Il revint cependant ha- bile : il avoit étudié d'après Ie Cortone, et en tout temps fuivi la marche de ce Maitre. L'amour manqua de perdre Duval: il épousa
la fille d'un Prédicateur Francois, nommé Des- marès, qui étoit fort attaché au Roi d'Angle- terre, Guillaume III. Difgracié de ce beau pere qui avoit été forcé de lui donner fa fille, il au- roit été obligé de quitter Ie pays, mais Duval fe cornporta de fa^on a faire oublier fes torts: on lui pardonna; et cette haine fe changea en ami- tié. Vesmarès qui pouvoit tout fur 1'efprit de fon Maitre, lui préfenta fon Gendre; il obtint pour lui la direftion de fon Cabinet, et la fur- Intendance des Batiments du Monarque : la for- tune ofFroit fes tréfors a notre Artifte. Il fe pré. fenta une occafion d'exercer fes talents, et d'em- ployer fous fa conduite les plus habiles de fon temps, ce fut a la conftru&ion du Palais de Loo. Il ne profita pas de cette occafion toujours ra- re; foit vanité, foit pareffe, il per dit la plus belle occafion qu'un Artifte puiffe avoir; lui qui diftribuoit les Ouvrages aux autres, n'eut pas Ie courage d'en exécuter une partie. Le Roi envoya Duval en Angleterre pour
mettre en ordres les Cartons de Raphaël; et les autres Tableaux qui avoient befoin d'être net- toyés ou réparés: et enfuite les placer au Palais d'Ham-
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■£* ^ie des Peintres] etcl
1644. d'Hamptoncourt. Il renouvella a Londres fon
ymmmm' ancienne connoiffance avec Kneller qu'il avoit
beaucoup vu en Italië; il en obtint fon Portrait.
Il ne paroit pas que Duval ait rien peint dans
cette Capitale.
De retour en Hollande, il fut nommé Direc-
teur de 1'Académie a la Haye, oü il avoit été admis en 1682. Il a plufieurs fois rempli les pre- mières places de cette compagnie. 11 eft mort Ie 22 Janvier 1732, agé de 88 ans. On regrette que eet Artifte, avec de grands talents, ait ptoduit fi peu d'Ouvrages. Son amour pour fon art s'eft éteint par la fortune qui auroit du 1'exciter da- vantage : fon deffein, fa couleur et fes compo- fitions, font entiérement dans la maniere de Pierre de Cortone. On peut voir Ie plafond de la Salie de 1'Académie a la Haye, et 1'efcalier a 1'Hötel du Comte de Vortlant, dans la même Ville. On trouve encore de lui quelques Ta- bleaux, mais en très-petit nombre. |
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JEAN
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J E A N
D U N Z.
EAN DUNZ, fils de Jean-Jac-
ques Dunz et de Verona Ruiffi naquitle 17Janvier 1645,dans la Ville de Berne. Rien n'est plus obscur que sa premiere éducation; ses Maitres et ses voyages nous sont inconnus; il peut être égalé aux meilleurs Peintres de Portrait et de fleurs. Ses amis seuls pouvoient prétendre a ses Ou-
vrages, parce qu'il étoit très-riche; il ne tra- vailloit que pour son nlaisir, et on ne pouvoit etre plus laborieux : il avoit une passion vive pour son Art, et pour les Artiftes. Ses grands biens
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Ï76 La Vie des Peintres
1645. biens ne lui fïrent pasméprtser les Peintres pau-
^ ou médiocres; il les enourageoit, et il les secouroit; il fut admiré pour ses vertus : il ai-
moit Ie repos; une vie réglóe, uu temperament robusre , lui ont conservé la vigueur de la jeu- nesse jiisqó'è prè< de 92 ansqu'il cessa de vivre Ie 1 ) O&obre 1736. Il ne laissa après lui que deux filles; et son nom est éteint avec lui. Les Ouvrages de ce bon Peintre nous sont
inconnus.Un Artiste*,Hont la réputation est éta- blie, nous a^sure que Dunz donnoit a ses Por- traits de la res.se nblance; qu il colorioit bien; que rien n'y étoit nég'igé: que ses Fableaux de fleurs sont bien composéi, bien finiset précitux; que sa to iche étoit légere et arrêtée; sa couleur généralement belle et vraie. ARENT {Arnould) DE GELDER,
ÊLEVE DE REMBRANT.
LE génie d'un Peintre d'Histoire en grand,
e reduit a lVtre en petit, pour plaire a son siècle et au mauvais gout. Son exemple de- vient contagieux. sa vogue éblouit au point d'inspiror Ie gout des Ouvrages frivoles a ceux qui sont nés avec de grands talents; tant Ie caprice des modes a d infliience jusques sur les meilleurs esprits. Les Artistes les plus originaux, ont souvent de mauvais imitateurs, parce qu'il est rare que la nature nous ait destinés a imiter autre chose qu'elle même: témoin Arnould de Gelder, qui naquit aDort Ie 2ÓOftobre 1645. Samuel
* M. Fuesli. |
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Flamands, Aïlemands et Hollandois. 177
Samuel van Hoogstraten Ie recut dans son
école, oü il apprit a deflïner. Il vit les Ouvrages deJRemórantse vendre un très-grand prix,il alia étudfer sous lui a Amfterdam, il y fit de grands progrés, Sc pluta Rembrant par ses progrcs mê- mes, ou peut - être encore plus, parce qu'il avoit a peu pres la tnéme fac on de penser. Deux années sous sa conduite suffirent pour perfec- tionner de Gelder, & Ie mettre en état de n'a- voir plus befoin que d'étudier la nature qui eft Ie plus parfait des Maïtres. La Ville de Dort eft celle oü il se retira. Son
premier soin étoit d'acheter toutes sortes de vieux habits, de drapeaux, d'écharpes, de bot- tes, &c. C'étoient les meubles de son attelier qui ressembloit fort a une boutique de Fripier. Il avoit vu 1'attirail avec lequel son Maitre ajustoit son Mannequin; il suivit la même me- thode jufqu'a la fin de ses jours : il eft peut-être Ie seul qui n'a pas changé la pratique de poindre de Rembrant.De Gelder mourut subitement en 1727, en montant dans une Voiture pour faire un voyage deplaisir avec quelques amis : il n'a- voit jamais été marie. De Gelder composoit 1'Histoire avec esprit,
maïs il ne scavoit pas que la science du Costume, d'ailleurs facile , eft une partie effentieüe a ce genre de composition, & a la perfedion : il ha- billoit ses figures comrneles gens de son temps; & comme son Maitre, il s'embarraflbit fort peu que les connoifleurs critiquaftent des habits dif- férents du siècle ou du pays des personnages qu'il représentoit; il ne connoiflbit d'autres idees que ses fantaisies. Pour les cara&eres, il eft sin- Tome III. M gulier |
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1-8 La Kie des Peintres
1645. gulier combien il scavoit les varier, & quelle
«—» expression il donnoit a ses figures; 1'esprit y brille; 1'exempleen eftsensible dans un Tableau qui représente la mort de David, oü Bethsabée demande la Couronne pour son fils Salomon. On remarque la même intelligence dans Ie Tableau qui représente la bénédiftion du Patriarche Ja- cob. Les Sujets qu'il a traites sont presque tous tirés de 1'Ecriture Sainte. Son dernier Ouvrage est la Passion de Notre-Seigneur, en 22 mor- ceaux. Il peignoit très-bien Ie Portrait: Ie plus distingnc eft celui du Sculpteur Henry Note- man ; 1'Elefteur de Baviere en a offert 2OOlouis, sans pouvoir 1'obtenir. Il travailloit comme son Mattre, il chargeoit
comme lui ses Ouvragesde couleur; il la pla- cht avec lepouceouavec Ie couteau de Palette; 1'ente d'un pinceau lui servoit a y faire quelques trainees, dont TefFet étoit surprenant a une eer- taine diftance; il y a de lui des franges et des broderies en or, qui sont presqu'en relief. Sa couleur eft excellente et dorée : il a des tons pour imiter la nature, que lui seul pouvoit met- tre en pratique. Peu de Tableaux peuvent sou- tenir Ie voisinage des siens. Son talent est peu connu en France, mais en Hollande on admire dans les plus riches cabinets lesOuvrages de de Gelder; voici les principaux. A la Haye, chez M. van Brem en, un Tableau
représentant un Temple des Juits, rempli d'un grand nornbre de figures. ChezM. Vavdcr Linden van Slingclandt, a
Dort,une fïgure en pied;c'eftla liberté quifoule aux piecls la dependance, cara&érisées par leurs attributs.
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Flamandsy Allemands et Hollandois. 179
attributs. Cette premiere fïgure est habillée a
1'antique , et porte une lance sur laqueile eft un chapcau ou bonnet. Chez Ie même on voit Salo- mon sur son tróne; qui donne ses ordresa un Officier général, armé et entouré de Soldats. Mais Ie chef-d'oeuvre de ce grand Peintre, eft un David au lit de la mort, et Bethsabée qui de- mande Ie sceptre pour son flls Salomon. On voit du même, a Amfterdam, chez M.
Léender de Neufville, Lot enivré, et ses deux filles. |
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ALBERT MEYERING,
ÉLEVE DE SON PEliE
FREDERIC MEYERING. Ïi N 164^, la Ville d'Amfterdam vit naitre
j Albert Mejering, qui dut son talent a la nature, & au courage conftant qu'il eut de par- courir la France & Tllalie, pour y thercher des Maitres, & pour étudier, malgré les dégoutsin- séparables de la misere, &c. Frederic Meyering étoit son pere, aussi Pein-
tre, mais qui n'aimoit son talent que comme une ressource pour s'enrichir. Il faisoit peindre ses deux fils Albert & Henry. Bon & mauvais, tout lui étoit égal, pourvu qu'il fut venclu; c'é- toient des paravents et d'autres Ouvrages pour meubler les Appartenients on les Jardins. Albert eut des idees plus élevées. A peine s^ut-il mê- ler les couleurs , qu'il prit la route de Paris, M 2 oü
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i 80 La Vie de Peintfe, etc]
ou*'travaillaque'que-tempspoi.rsubsister;del^
il passa a Rome, oü il ne craignit pas de mener la vie la plus dure, pourvu qu'il s'en dédomma- geat par 1'étude des Ouvrages des grands Hom- mes. Tant de persévi;rance eut son efFet; il fit de si grands progrèsa Rome, que les premiers de cette Capitale occuperent son pinceau. Ac- compagné de snn ami Glauber, ils visiterent les Villes d'Italie, toujours en étudiant les ma- nieres difFérentes et la nature. Il passa di k années en Italië & en France, avant que de reparoïtre dans son pays. A son retour en Hollande, il fut chargé de
peindre plusieurs plafonds & des grands Ta- bleaus dans des Sallons & d'autres Apparte- ments de Maisons Royales de la Hollande. On fut étonné de la promptitude avec laquelle il exécuta, avec son ami Glauber, les Tableaux; dans la Salie a manger du Chateau deSoestdyck, pour Marie Keine d'Angleterre. yifbert est mort tres vieux, Ie ryjulllet 1714;
il avoit tant de facilité qu'il produisit plusd'ou- vrages qu'aucun Peintre. Son mérite eft conftaté par ceux qu'il a laissés. Il sgavoit distribuer ses Tableaux agréablement : rien n'est plus inte- ressant que ceux oü il a représenté de vues de Chateaux, avec des Bosquet-s &c. Plusieurs de ses Tableaux sont remplis d'une quantité prodi- gieus.e de figures. Il sont plus connus en Italië qu'en France : Ils sont fort communs en Hol- lande. On voitdeux Paysages, Pun Ie matiti, & 1'au-
tre Ie soir, a Eouen, chez M. Mar ie, Secrétaire du Roy. MiCHEL
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MICHEL
VAN MUSSCHER.
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'EXEMPLE de Michel
Musscher laisse fort indécis, si ell: plus avantageux a un Peintre détudier sous plusieurs Maitres , ^^ ou de se fixer a la maniere d'un seul que Ton auroit bien choisi. Par la premiere édtication les connoissances de 1'Eleve seront plus étendues; en s'en tenant aux le^ons du méme attelier, 1'EIeve pt-urra plus atteindre a la perfedion du genre auquel il se sera borné. Parmi les génies les plus sublimes, il seroit difficile d'en nomtner un seul qui ait excellé éga- lement danstous les genres. Quel eft Ie Peintre M 3 qui
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182 Ln Wie des Peintres
16 1 5. qui ait été a la fois, dans Ie dégré Ie plus émi-
■ nént, Peintre d Histoire, de Portrait & dePay-
sage. Heureux ceuri qui a pour Maitre Ja Nature,
& qui apprend d'elie précisément la maniere
pour laquelle il est né.
L'Artifte dont nous écrivons la vie. naquit a
Roterdam en 1645 ; il parcourut toutes les Eco- les principales d'Hollandc; mais avec une rapi- dité & une incnnftance qui Tempóchoient peut- être de profite-r d'^uoune. Autant que sa grande disposition sembloit Ie permettre, on Ie vit tour a tour, & en assez peu d'années, chez Martin Zaagmooleu . chez Abraham Panden Tempel, chez Gabriel Melzu, & chez Adrien Van Os- tacfe. Sil n égala pas ses Maitres, il acquit du moins une partie de leurs talents; de celui-ci 1'ex- cellence de la couleur, de celui-la un pinceau délicat, & de 1'autre Ie plus beau fini. On a de lui des morceaux assez eftimables, pour étre com- parés aux Ouvrages de Mieris, de Metzu & de Jeaa Steen, &c. Michel van Musscher se fit d'abord connoitre par Ie Portrait oü il excella par la vérité de la ressemblance, & par la beauté du coloris; il fut surchargé d'Ouvrages, & gagna beaucoiip a traiter ce genre. Comment n'auroitil pas réussi? Il S5avoit flattersesmodeles. M. Wit- zen, curieux & riche, fut si charme de la maniere de ce Peintre, en tous les genres, qu'il se char- gea de prendre tous les morceaux qu'il pourrait faire, & qui ne seroient pas de commande. Muss~ cher essuya aussi quelquesTableaux dHistoire, qui furent bien payés , & qui par conséquent n'étoient pas médiocres: mais les sentiments des Connoisseurs se réunissent a regarder comme son meiileur
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Flamands, Allemands et Hollandois. 183
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meilleur Ouvrage, Ie Tableau de sa familie, oü 1645.
il s'est peint, lui, sa femme et ses enfants. Si ■—— 1'ordonnance n'en eft pas des plus sc.avantes, si son dessein n'eft pas des plus correfts, une vé- ritésurprenanfe,une grande fraicheur de coloris répare ces défauts. On voit par-tout que, non content d'avoir étudié sous tant de grands Mai- tres, Musscher eut Ie bon esprit de croire qu'il en eft un au dessus d'eux tous, & qu'il consulta toujours, Ia nature. Il éleva bien ses enfants, & leur laissaun bien honnête.La plus grande partie de ses Portraits & de ses petits Tableaux de ca- binets sont en Hollande. Musscher mourut a Amfterdam Ie 10 Juin
1705, agé de 60 ans. |
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M 4 JEAN
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J E A N
DE BISKOP,
OU BISSCHOP. A belle & nombreuse colleöion
i de Desseins que nous a laissés Bisschop, & 1'estime oü elle eft parmi les curieux de Hollande, eussent peut-être fait mériter a eet illustre Amateur d'être place dans la lifte de nos Peintres Flamands; mais il
doif y figurer a plus jufte titre, puisqu'il fut
Artifte hii-même.
Il naquit k la Haye en 1646, & destiné a
1 des
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La Vie des Peintres, etc. i85
cles Emplois dans la robe, il fit ses humanités,
son droit, & fut un très-habile Procureur a la Cour de Hollande. Le dessein qu'il avoit appris par gout dans ses heures de récréations, devint bientót chez lui un amusement de préférence, tui talent capital. Il copioit sur du papier blanc, avec un lavis de plusieurs couleurs, des Ta- bleaux du Tintoret, du Bassan, de Paul Vé- roneze, de Rubens, de Vandyck, &c. On re- connoissoit la maniere de ces différents Maitres. Il composa depuis dans le gout de ceux qu'il n'avoit qu'imités. Il poussa plus loin 1'amour de Ia Peinture, en gravant a 1'eau-forte des prin- cipes de dessein d'après les Maitres dltalie. Il inftruisoit par ce travail les Eleves en homme éclairé, par des notes sc,avantes; il y faisoit observer le bon gout & la finesse des meilleurs modeles de Rome. Il auroit totalement achevé ce projet aimable, fi la mort ne 1'avoit pas en- levé a 1'age de 40 ans : il mourut en 1686. Les Amateurs font grand cas des Desseins de
Bisschop, ils sont corre&s & pleins de gout. On eft toujours surpris qu'un homme fi occupé a des objets fi différents, ait pu produire tant de Des- seins & fi biens iinis. |
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ARNOULD
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ï86 La Vie des Pc in tres
ARNOULD VERBIUS,
OU VERBUIS.
1646. T7ERBUIS fut un bon Peintre de Portrait.
mtmmm^ V Ce talent Ie conduisit a la Cour de Frise, oü il passa la plus grande partie de sa vie. Il trai- toit auffi des sujets d'Hibtoire avec assez de faci- lité; il avoit beancoup des parties d'un grand Maitre, mais il aimoit trop Ie plasir. Ce gout malheureiix deshonora son pinceau : il a fini par peindre des objets qui font rougif la pudeur. Les oiivrages de son dernier temps sont cachés avec raison, & ne peuvent paroitre qu'auxyeux des libertins. Ceux qui peignent depareils Tableaux, sont
également méprisés des honnêtes gens & des gens de gout. Si 1'art doit imiter la nature, c'eft sur-tout dans Ie soin qu'elle prend de confier ses charmes secrets a la pudeur, et de les couvrir d'un voile également honnête et ravissant. On ne nous apprend pas 1'année de sa mort,
& nous nous garderons bien de faire la descrip- tion de ses Tableaux, ni d'ètre les complices de 1'Auteur; il suffira de dire qu'ils passent pour être composés avec esprit, bien ooloriés & tou- ches avec art. |
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JEAN
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Flamands, Allemands et Tlollandois. 187
JEAN GLAÜBER,
ÊLEVE DE NICOLAS BERGHEM.
GL A u B E R efl un de ces Artiftes que les
'liflicultés ne font qu'encourager, pour qi les obftacles se changent en moyens, & qui ne vont jamais plus rapidement a rimmortahté, que lorque tout semble s'opposer a leurs efforts. Cette opiniatreté invincible, jointe a une ex- treme facilité, eft Ie caractere diftinftif du gé- nie. Tel fut celui de Glauber, originaire d'Al- lemagne. Ilnaquit a Utrecht en 1646. Mais des- tiné par son pere a un état bien opposé, il eut a essuyer bien des contradidions de la part de ses parents. Ce ne fut qu'a force de persévérance qu'ïl obtint d'apprendre a dessiner par aoiuse- ment. Glauber fit d'abord connoissance avec d'autres Artiftes : tous lui donnerent des con- seils. A Ie bien prendre , il fut son premier Maitre. Glauber scavoit a peine dessiner et connoitre les couleurs,quandil entra chezBer- ghem, oü il fit les progrès les plus rapides. La nature avoit tellement disposé les organes
de eet Artifte, que dès qu'il eut vu des Ta- bleaux, il fut attiré par Ie beau : les Ouvrages mêmes du grand Berghem n'eurent plus de char- mes pour lui, dès qu'on lui eut montré des Pay- sages d'Italie. Il saisit 1'occasion d'en copier plusieurs chez G. Uylenburg, qui faisoit Ie commerce des Ouvrages des Maitres Italiens : ce fut chez lui oü il entra, et oü il passa quel- ques
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l88 La Vie des Peintres
ques années a copier et a étudier. II ne put
. rcster plus long temps en Hollande, il voulut voir Rome : il pattit en (671 avec son f'rère a<jé de IJ ans, ei les deux frères van Dooren. Il resta un an a Paris che? Picart , Peintre de fleurs, et deux ans a Lyon, chez Adti"n t^ati' der Kabel. Lhabileté de ce dernier i'auroit ar- rèté plus long-temps, fi Ie concours du monde qui ailoit pour voir 1'année du Jubiéa Rome, ne 1'avoit déterminé a partir. Il prit ia route d'Italie, toujours avec son frere et deux Pein- tres Franc,ois. Apeine fut-il fix mois dansRoone qu'il fut connu; les Peintres Fiamand- et Alie- mands Ie soliiciterent de se faire inscrire dans la Bande Académique, et il fut nommé Po- lidor. Gla,uber passa denx années a Rome, pen-
dant lesqueües il ne négligea rien de ce qui pou- voit contribuer a sa perfeftion. Dela il fut avec son frere et Robert DuvaL demeurer un an a. Padouë et deux années a Venise. Cette Ville lui fournit de fi grands modeles pour Ie coloris, qu'elle fut Ie terme de ses voyages; ü ne crut pas, avec grande raison, pouvoir trouverdans lo monde rien de plus beau que ce qu'il avoit sous les yeux. Milgré eet enchantement, il ne put refifter a
1'envie de revoir sapatrie; il s'embarqua pour Hambourg, oü il fut recu avec difliftion. Quel- ques Ou vrages de sa main portés en Danemarck, firent tant de plaisir au Vice - Roi, Gulden Leeuw, qu'il mit tout en usage pour attirer TArtifte Glauber. II y fut, mais il ne refta que fix mois a Coppenhague, et retourna a Ham- bourg, |
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Flamands, Allemands et Hollandois. 189
bnurg, oü il a demeuré, on ne scait pourquoi, ~77~7~
jusqu'a l'année 1684. - ' Glauber quitta enfin Hambourg, et choifit ——'
Amfterdam; ii y piit un logement chez Lai- vesse. Le même gout pour l'étude, la même élévation de génie dans Ie travail, les unit fi étroitement, que I on voit depuis ce temps-la les Paysages charmants de Glauber, enrichis des figures 1 légantes de Lairesse. Nous avons dit dans la viede Lairesse, que
sa Miison étoit une espece d Académie, oii les Artiftes s'assembloient pour y faire des obser- vation sur leur Art. Ces conférences, don! Lai- resse étoit la principale lumiere, lurent encore éclairées par les iéfbxions lumineuses de Glau- ber. I! avoit une sogacité dans i'esprit, qu'il efl: aisé de remarqiier dans ses Ouvrages. Il fit alors des Tableaux de Cabinet; et leur nombre quoi- que grand, ne put jamais suffire a 1'avide curio- sité des connoisseurs. C'est dans ce tems qu'il peignit les Sallons du
Chateau de Soesdick. La salie a manger de la Reine Marie d'Angleterre, eft ornée de sa tnairi et de celle de Lairesse. Il fut tellement pressé pour les appartements du floi Guilhmme UI. qu'il fut obligé de se faire aider par AlbertMej- ring et Thierry Maas; ces morceauxsont des Chasses. On voit dans unequantité d'autres Mai- sonsd'AmfterdametdeK.oterdam,lesefFortsréu- nio de ces deux amis, de Glauber et de 1. airesse. Glauber irfatigable au travail, atteignit lage
de 80 ans. Il est mort en 1 Jl6; on ne dit pas s'il a laissé des enfants : il avoit été marie a la Soeur de l'Architedte f^ennekool. On
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190 La Fie des Peintres
On ne peut rien ajoüter aux éloges que Lai-
resse a donnés aux Ouvrages de son Associé. Nous Ie regardons comme un des meilleurs Pay- sagistes de Hoilande: sa maniere tient de 1'Ecole d Italië; ses sites ont 1'air dêtre toujours pris anx environs de Rome, et quelquefois vers les Alpes; sa couleur est excellente, chaude et vraie; ses Tableaux sontd'un fini précieux, et ont, malgré cela, un air de facilité qui feroit presque croire qu'ils ont coüté pen de peine. Quant a sa touche, elle n'a point de maniere,
fi ce n'est celle de la nature : il a pris Ie feuillé de chaque espece d'arbre qu'il a représenté; ses plans sont raisonnés, et la vapeur répandue dans 1'air, fait sentir les distances. J'ai vu plusieurs de ses Paysages assez dans Ie gout de ceux du Poussin. Les figuresde Lalresse y ajontent un grand prix; ils sont peu communs en France , et bien recherches en Hollande et en Flandres. J'ai vu chez M. P^erschuuring, a la Haye, un
très-beau Paysage de Glauber: les figures en sont de Lairesse. Un autre Paysage du même Auteur, se voit
a Amfterdam, chez M. Pierre Léender de Neuf- ville; il représente une Chasse. Et deux jolis Paysages, avec des figures par
Lairesse, chez M. de TVaepenaert, Conseiller au Franc, a Bruges. |
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JEAN
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Flamands, Allemands el Hollandois. 191
JEAN VAN CLÉEF,
ÊLEFE DE GASPudRD DE CRAYER.
JEan van ClÉef, tient un rang distingué
parrni les Peintres Flamands. Il naquit a Ven- loo, dans le pays de Gueldres en 1646. Sa pre- miere jeuneflè fut deftinée aux études ordinai- res; mais malgré les menaces et les chatiments qu'y employerent les Régents pnur corriger ce jeune enfant de son griffonage, Van Clé'fnen conünua pas moins de deffiner. Le Recleur du College remarquant, dans eet acharnement de Cléef, plutót un Elove de la pein'nre que de la grammaire, détermina son pere a lui hüffer la liberté de suivrc son penchant. Son Pere étant mort, ses Tuteurs fuivirent ses intentions dans 1'éducation du jeune Cléef qui ne cherchoit qu'a fe rendre habile. Il fut place chez Primo Gentil, Peintre d'Histoire a Bruxelles : 1'humeur diffi- cile de ce Maitre, degoüta TEleve qu'on fit entrer chez Gaspard de Cray er. La quantité des grands Ouvrages, dont eet Artiste célébre étoit chargé, fut une occasion de beaucoup travailler pour quelqu'un qui, comme ce jeune homme, na cherchoit que les moyens de fe rendre habile. Il craignitque de Crayer,en quittant 13ruxel-
les, pour avoir moins d'Ouvrage, et ponr vivre plus tranquillement, ne le renvoyatlui, et tous ses camarades; mais de Craycr le rafïura, et aufll charme de son attachement pour lui, que de ses grandes dispositions pour la Pcinture, il lui pro- mit
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192 La Fie des Peintres
mit de Ie garder toujours. Il resta affez long-
p a Gand cbez de Cray er, et il en fcut tel- lement profiter, qu'a la mort de son Maitre, van Cléef* fut digne d'achever ses Ouvrages,et entre autres les cartons des Tapisseries qui se faisoient a Anvers, par ordre de Louis XIV. L'Entrepre- neur de ces Tapifleries, en les portant a Ver- sailles, voulut faire connoitre celui qui en avoit fini les modelles. Van Cléef 1'y accompagna pendant trois mois qu'il resta a la Cour et a Pa- ris : il eut lieu d'être content de son voyage; les Artistes 1'accueillirent avec 1'amitié et la dis- tinótion que mérite Ie vrai talent, et Ie Roi Ie combla de louanges et de bienfaits. 11 fut trop occupé par la multitude des Ta-
bleaux qu'on lui proposoit de toutes parts, pour songer a rechercher de 1'Ouvrage ailleurs. Il amafla beaucoup de bien par son afliduité a son attelier, et beaucoup de célébrité par les Ou- vrages qui en sortirent; Ie nombreen estéton- nant : la seule Ville de Gand en est remplie; la plupart desTableaux d'Autel sont de sa main. De neuf enfants qu'il eut, il ne lui resta que deux filles. Il atteignit 1'age de 70 ans, et mou- rutle r8deDécembrede fannée iyió.Son corps est inhumé dans 1'Eglise Paroifliale de Saint-Mi- chel de la même Ville. De Cléef a. joui pendant sa vie, et jouit encore
après sa mort, d'une réputation très-méritée : c'est Ie tribut que 1'on doit aux talents; mais ce qui
* Van Cléef retourna a Gand en 1681, et y fixa son
établissement, en épousant Jeanne Fanden Driessche. |
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Flamandt] Allemands et Hollandois. ig3
qui montra en lui 1'originalité et Ie génie, ce 1646."
fut que n'ayant presque point eu d'autre Maitre que<tfe Crayerjl n'en conserva point la maniere: il s'en fit une toute particuliere, et qui n'appar- tient qu"a lui; elle est large et belle: son pinceau estfacile et coulant; sa composirion approche fort de celie des plus grands Mairres dTtalie i ses Sujet? bicn choisis, bien disposes, sont tou- jours abondants, sans être jamais confus: Ie ju- gement et Ie geut président a ses distributions : Ie fond de ses Tableaux est riche par des mor- ceaux d'Archiredure qu'il traitoit bien. Il étoit plus grand Dessinateur que son Maitre, mais moins bon coloriste. Plusieurs pensent qu'il a surpassé tous les Flamands dans la tournure aisée dont il drapoit ses figures : ses plis sont amples et unis : on ne peut donner plus de grace que lui aux têtes de femmes. Il dessinoit et peignoit les enfants dans un des plus hauts points de perfec- tion. Presque tous ses Ouvrages sont des pla- fonds et des Tableaux d'Autels : il en faisoit des esquisses si finies, qu'elles soutiennent dans les cabinets, Ie voisinage des Tableaux les plus terminés. J'ai vu la plupart des Ouvrages de ce grand Peintre, dont je crois faire 1'éloge, en as- surant que quelques-uns m'ont paru avoir tant de rapport avec ceux du Poussin, qu'on pour- roit quelquefois s'y méprendre. Il seroit trop long de faire connoitre tant et de si grands mor- ceaux; il suffira d'en indiquer les principaux. On voit, a Gand, dans Ie Cloitre des Domi-
nicains, cinq Tableaux représentant des Saints de 1'Ordre. Ces Tableaux sont de son premier temps. TomelIL N Dans
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Peintres
1646. Dans 1'Egiise Cathédrale de Saint Bavon;
•^■■r Saint Pierre délivré de sa prison par un Ange. A Saint Nicolas, la Madeleine aux pieds de
Notre Seigneur, Tableau d'Autel dans la Cha- pelie des Epiciers. Ainsi que tous les Tableaux différents qui
suivent. Jésu'-Christ au milieu d'une gloire et des An-
ges, a 1'Autel de la Chapelle de Gemblours,-une Circoncision dans la Chapelle des Menuisiers. A Saint Michel, l'immaculée Conception; au
bas du Tableau, se voient Adam et Eve et des Prophêtes , composition ingénieuse placée a 1'Autel de la Vierge : deux Martyrs délivrés par des Anges des mains des Bourreaux, autre Tableau d'Autel. A Saint Jacques, dans la Chapelle au dessus
de la Sacristic, on voit deux autres Tableaux, Ie Serpent d'airain, et la découverte de la vraie Croix; Ie Tableau de Sainte Barbe, dans la Chapelle qui lui est dédié; 1'Assomption de la Vierge, grand Tableau derriere Ie Maitre Au- tel : dans les deux Chapelles suivantes, est une Sainte Familie; 1'Enfant Jésus au milieu d'une gloire d'Anges, et au bas est Saint Pierre et Saint Paul: dans la Chapelle de la Trinité, la Rédemp- tion des Captifs, grand Tableau regarde comme Ie chef-d'ceuvre de ce Maitre. A Saint Martin d'Ackerghem, au dessus du
Saint Sépulcre, la Céne, petit Tableau d'Autel. Dans 1'Eglise de Notre-Dame, Paroisse de
Saint Pierre, l'immaculée Conception, a 1'Autel de la Vierge. Aux Récollets, S. Joseph a qui 1'Ange ordon-
ne
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Flamands} Allemands et Hollandois. io,5
ne de fiiir en Egypte, orne 1'Autel de la Vierge.
A 1'Abbays de Baude/oo, Saint Bernard gué-
rissant plusieurs malades; la Vierge avec 1'En- fant Jésus, Tableau d'Autel. Dans l'Eglise des Dominicains, en la Ghapel-
le Sainte Catherine, cette Sainte qui confond les Do&eurs Païens; a cöté de cette Chapelle, deux autres beaux Tableaux, Ie corps mort de la Madeleine enlevée par les Anges; la fuite en Egypte : en la Chapelle de Saint Joseph, ce Saint avec 1'Enfant Je'sus et la Sainte Vierge, contemplent les instruments de la Passion; Ie Martyre de SainteBarbe,autreTableau d'Autel. Dans l'Eglise du petit enclos des Beguines,
Ie Tableau d'Autel représente la Sainte Vierge et 1'Enfant Jésus. Dans l'Eglise des Religieuses de Sainte Claire
(nommées les riches,) la Sainte Vierge levant 1'Enfant Jésus, et la Sainte Trinitó au milieu d'une gloire, et des Anges au haut du Tableau. Dans l'Eglise des Soeurs noires, dans Ie Ta*
bleau d'Autel, les Soeurs de cette Maison ren- dent des secours aux malades qui sont attaques de la peste; la Vierge et 1'Enfant Jésus, Saint Augustin, Sainte Monique, Sainte Catherine et Saint Roch, occupent Ie ciel au haut du Ta- bleau; c'est Ie chef-d'oeuvre de van Chef. On 1'estime autant que les plus beaux de vanDyck. Le dessein et la composition en sont admirables. L'Hótel de Ville conserve du même deux pla-
fonds et deux grands Tableaux sur les cheminées. M. le Chanoine Baut a de ce Peintre la con-
tinencedeScipion, belle et grande composition. Dans la Ville d'Alost, en la Collegiale de Saint
N 2 Martin,
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196 La Vie des Peinlres
1646 Martin, deux Tableaux dAutel du mêmeMat-
tre : 1'un donné par les Boulangers; c'est Saint Aubert qui distribue du pain aux pauvres: 1'au- tre pour la Communauté des Tailleurs; c'est Ie Martyre de Saint Cornille Pape. ABruges, dans 1'Eglise Paroissiale de Sainte
Anne, est un beau Tableau qui représente No- tre-Seigneur parmi les Do&eurs. Ce léger détail d'une partie de sesOuvrages,
doit suffire pour donnerune grat.de idee de 1'es- prit et du talent de eet Artiste célébre, sur les- quelles lesbornes que je me suis prescrites, ne me permettent pas de m'étendre davantage. |
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J E A N
VAN HUGTENBURGH.
JEan HuGTENBURCH,undes plus
grands Pcintres de bafaiües, de Hollande, naquit a Harlem en 1646.On nest pas sur qu'il fut fils dun Peintre; mais on est certain qu'une liaison intime avec soncompatriote Jean Wjckt contribua beaucoup a dévelnpper, dès sa plus tendre jeunesse, les grandes dispositions qu'il avoit pour la Peinture. Il eut de fréquentes occasions de voir travailler fVyck, ce qui l'ex* cita d'abord a dessiner: maisa peine eul-ilcom- mencé a peindre, qu'il fit chaque jour les plus rapides progrès. Son frere Jacques van Hugten- burrh, Elevc de Berghem qui vivoit a Kome, détermina notre jeune Artiste a l'aller joindre vers 1667. Il mit a profit les le$ons de son fre- |
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Ftamands, Allcmands et Hollandois, 197
te, et les beaux modeles qu'il eut devant les 1
yeux. La mort de son f rere, a 1'age de 30 ans,- dérangea ses etudes si utiles, et l'amena a Paris, oü il resta quelque-temps chez Vander Meu- len. Ce nouveau Maitre, aussi bien intentionné qu'habile, 1'encouragea et 1'instruisit si bien des secrets de son Art, qu'il Ie mit en état de faire plusieurs Tableaux qui furent tres goütés des Amateurs. En 1670Huglenburch retourna en Hollande. Tous les Cabinets d'Hollande et d'Allema-
gne furent rempUs He ses Ouvrages : il opéroit très-facilement. Le Prince Eugene Ie prit a son service en 1708 ou 1709, et en 1711 l'EIe&eur Palatin lui fit présent d'une Medaille et d'une chaine dor. Le Prince Eugene lui envoyoit exaöement les plans des Siéges et des Batniiles de ses campagnes, avec des observations de sa main. Hugtmburch exécutoit tres - fidelement sur les Desseins qu'on lui faisoit tenir; mais il dut sur-tout cette exaftilude aux entretiens fréquents du Prince, qui l'honoroit souvent de ses visites et de ses avis. Avec ces secours, Hugtenburch eut la gloire de peindre ïes opé- rations de guerre, et les vi&oires de ce grand Capitaine. Ces Tableaux ont quatre pieds de haut sur cinq de large, on les voiten partie gra- vés par les Peintres roêmes, dans la description des Batailles du Prince Eugene et du Duc de Malbouroug. Si Hugtenburch eut des occasions heureuses
d'exercer son génie et ses talents, en peignant les conquêtes du Prince Eugene, il gagna beancoup par le grand nombre de copies qu'on lui en N 3 demanda
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198 La Vie des Peintres
1646. demanda : il en a retouche quelques-unes qui
r ont un vrai mérite. S'il eut J'honneur d'être em- ployé par un Général habile, f ander Meuten eutl'honneur de suivre un grand Roi dans toi> tes les expéditions de la Flandre, de la Hol- lande, &c. Les Héros forment les grands Pein- tres comme les grands Poëtes, ils fournissent aux uns et aux au tres de belles a&ions a repré- senter. Le Czar Pierre Ie Grand eut envie d'avoir
quelques Ouvrages de Jean Hugtenburch, mais il vouloit des Marines, et il nVn peignoit point. Hugtenburch gagna beaucoup de bien par ses Ouvrages, et il l'augmenta par le commerce de Tableaux. Son séjour le plus ordinaire fut a la Haye, mais peu de temps avant sa mort il re- tourna a A msterdam chez sa fille, oü il cessa de vivre en 1733, agé de 87 ans. Hugtenburch étoit aimable, spiritual et bien
instruit. La vivacité de son génie a passé dans ses Tabieaux; il connoissoita fond les expres- sions que produisent la douleur, le désespoir, la fureur, la peur, &c. Ses physionomies étoient différentes, Ie caraftere Turc n'étoit point le même que celui des autres Nations. Il avoit étudié les campements, les attaques, les siéges, les déroutes. Il f^ut faire distinguer, par les habillements et le maintien, les peuples diffé- rents qu'il a représentés. Sa couleur est vraie et vigoureuse; sa touche spirituelle donne de 1'es- prit aux formes de son dessein qui est toujours d'après la nature, dont il ne s'écarta jamais. Quelques-uns de ses Tableaux ne cedent en rien, pour le flou et la vapeur, a ceux de Tfauver- mans.
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Flamandty Allemands et Hollandois. 199
mans. On connoit de lui beaucoup de Desseins
faits a Rome et ailleurs: ce sont des Tableaux composés, arrêtés et finis; les uns a 1'encre de la Chine, d'autres au bistre 011 a la mine de plomb. Les Tableaux les plus connus de ce Maitre, dans les Cabinets d'Hollande sont; A la Haye, chez M. Fagel, Ie campement
d'une armee, Tableau plein d'art et de génie. ChczM. Ver schuur ing, une chasse au cerf,
Ie Pa y sage est d'une couleur admirable. A Amsterdam, chez M. Braamkamp, un
Marché de Rome, orné dun grand nombre de figures. Chez M. Léender de Neufville} un Ta- bleau de bataille. Chez M. Lubbeling, une Ba- taille'près de la montagne nommée Schellenberg. Et a Roterdam, chez M. Bisschop, deux Ta-
bleaus; ce sont aussi deuxBarailles. On voit, a Rouen, chez M. Marye, Secré-
taire du Roi, un Tableau piquant de ce Maitre: c'est une Armee qui entre dans un camp. |
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N 4 MARIE
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MARIE-SIBYLLE
M E R I A N,
ÉLEVE
D'ABRAHAM M1GN0M ARIE-SIBYLLE MERIAN
a mérité les louanges des Natu- ralistes et des Peintres : elle na- quit a Francfort Ie 2 Avril 1647, de Mat/neu Merian, Graveur et Géographe habile. A l'age d'onze ans, Sibylle Merlan ne put se déterminer a quitter Ie gout qu'elle avoit pOur la Peinture, malgré les reproches de fa mere> dont
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La Vie des Peintres", etc. aoi
dont elle efluya même les mauvais traitements ~r—
avec une conftance qui ne s'eft jamais démentie. ' Ce fut a 1'opiniatreté qu'elle dut a Ia £n la per- -----
mifïïon d'abandonner raiguille pour Ie pinceau.
Son beau-pere Jacques Murel engagea la mere de notre fijavante a la laifler fe livrer a un ta- lent fi décidé par la nature. Cette obfHnation de fa fille fit reflbuvenir la mere qu'étant en- ceinte elle avoit reflenti une efpece de maladie, qui étoit un defir conftant dVxaminer les infec- tes et toutes les autres curiofités de la nature; elle avoit fait un amas de chenilles, de papil- lons, de coquillages, de pétrifications, &c. fur-tout pen dant fa groffeffe, dont elle faisoit fon plus grand amufetuent : c'eft, fi l'on veut, un exempïe de plus de 1'impreffion des inclina- tions des meres fur leurs enfants. Quoi qu'il en foit, cette difpofition de Sibylle Merian vers Fimitation des curiofités de la nature, fut pré- cédée du penchant violent qu'eut fa mere vers ces mêmes re cherches. Mademoifelle Merian venoit de recevoir une
marque bien fenfible de 1'amitié de fon beau- pere; il ajouta a cebienfait celui de luidonner un Maitre. Ce fut Abraham Mignon, Eleve de Murel, qui eut la gloire de former en peu de temps une Eleve aufïï diftinguée. Des progrès rapides fuivirent les éloges que l'on accorda aux premiers Ouvrages de Mademoifelle Merian; mais des louanges fi mérjtées ne l'aveuglerent point fur ce qui manquoit encore a fa perfec- tion, et ne flrent que 1'encourager a tacher d'y atteindre. Avec tant de difpofition et un fi bon efprit, elle parvint au degré Ie plus élevé du genre
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La Pie des Peintres
647. genre de Deffein et de Peinture qu'elle s'étoit
propofé. Mademoifelle Merian. au milieu de fes vaftes
projets d'étude, fentit qu'il étoic indécent, dans Ie célibat, de faire de certains progrèsdans fon Art, et que Ie deffein du nud étoit, par les loix de la bienféance, interdit a une rille : elle époufa donr; en 1665 Jean Grajf, Peintre et Archite&e habile de Nuremberg. Ce fut 1'a- mour de la Peinture, qui vraifemblablement lui mérita Ie choix de notre fcavante. On vit depuis ces deux époux toujours occupés a étu- dier enfemble; Ie motifde leur premiere liai- fon lf-s unit conftamment dans leur travail, et ils ménagerent fi bien Ie temps, que jamais Ie foin de leurs enfants et de leur ménage, qu'ils ne négligeoient pas, ne les dérangeat des heu- res qu'ils avoient confacrées a leurs études or- dinair es. Le nom de Merian, fi célébre en Allema-
gne, fut celui qu'elle continua de porter; ainfi nous l'appellerons toujonrs du nom de fon pere. Son gout pour le Deffein et la Peinture devint fa plus forte paffion. Après avoir lu le plus grand nombre des Auteurs qui ont traite des curiofités de la nature, peu contente fouvent de leurs contradiftions et de leurs fentiments oppofés, par fes propres obfervations , elle épia de pres, avec une exaftitude finguliere, 1'ori- gine, 1'accroiffement, la nourriture, la méta- morphole et la deftruftion des chenilles, des mouches, &c. et le temps marqué dans leurs différents états ; et après des examens réfléchis et des expériences réitérées, elle parvint a faire un
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Flamands, Allemands et Hollandois. 2o3
un Ouvrage admiré également par les Scavants 164-7.
et par les Artiiles. ^^ Elle fif graver fesDefleins, aufquels elle joi-
gnit fesremarqnes, et Jes publia a Nuremberg en 1679, fous ce titre : Origine des Cf/enilles, leurs nourritures et leurs meiamorphoses. On y voit leurs développemenrs, leurs aliments, leurs fbrmes différentes; Ie temps ou ils naiffent et les lieux, la propriété des vers, des papil- lons, des moucherons, et de prefque tous les autres infe&es. La feconde partie de ce grand Ouvrage parnt
en 1683, et fut généralement eftimé. Les Sca- vants de Hollande attirerent par leurs Eloges et leurs offres Sibylle et fon époux chez eux. On eil aflez für qu'elle ne confentit a quitter fa pa- trie, que parce qu'elle n'avoit plusrien a y ob- ferver; il lui falloit un autre pays et même un autre monde, puifqu'elle eut Ie courage de fran- chir tous les dangers et les incommodités de la mer, pour chercherde nouveües connoiflances dont elle a enrichi 1'Europe. En 1698, Sibylle Merian accompagnée de fa
fille cadette, Dorothêe-Marie-Henriette Gr off", s'embarqua pour Surinamj deux années entie- res furent employees a peindre les infcftes, les plantes, les fleurs et les fruifs qui leur fervoient de nourriture. On fera toujours étonné, quand on examinera Ie nombre prodigieux de fes Def- feins, et l'exa&itude avec laquelle elle a tout copid d'après nalure, non-feulement pour les formes, mais encoro pour la grandeur vraie et jufte de chaque objet. Les Naturaliftes les plus inftruits
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4 Peinlres
1647. "'ftfwits admirent avecquellepatienceet quelle
'mgmm/ fagacité notre S^avante a recherche et fuivi les reptiles, les infe&es, les chenilles, les mou- ches de toutes efpeces, les grenouilles, les cra- pands, les araignées, les fourmis, les ferpents, dans leur génération, et les formes et les états différents par lesquels ils paffent. Ei Ie les a tous peints fur Ie vélin; et par la vérité de ces ani- maux, et la fraicheur des fruits et des fleurs, elle a mérité rapplaudiffement général de tous les Peintres. Sibjlle Merian donna deux volurm-s de fon
grand Ouvrage; elle avoitdéja cinquanteplan- ches préparées d'un troisieme, lorfque la mort 1'enleva a Amfterdam Ie 13 janvier 1717. Ses deux filles peignoient auffi. très-bien a gouasse, et Ton doit a Dorothée, qui Tavoit accompa- gnée dans fes longs voyages, d'avoir rédigé, arrangé er fini la troisieme partie de ce recueil, auffi curieux qu'immenfe, et de 1'avoir publié, comme 1'ouvrage pofthume de fa mere. Jean Maret, Médecin d'Amfterdam, a tra-
duit en Francois ce chef-d'ceuvre d'Hiftoire na- turelle, y a ajouté des planches avec leur expli* cation, et des notes très-eftimées. Il n'appartient qu'aux Sijavants de louer di-
gnement la fcience de Sibylle dans fes recher- ches. Quant a la repréfentation des objets qui concernent TArt de la Peinture, nous dirons, avec les plus célébres Artiftes, quel'on ne peut rien defirer dans eet Ouvrage, ni pour la cor- reöion dudeffein, ni pour Ie beau fini du tra- vail, ni pour la vérité et la fraicheur du coloris. |
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[FlamandSy rAllemands et Hollandois.
Les originaux de ces admirables deffeins font 1647.
pour la plupart, en Hollande : c'eft du moins -*—ï*9 en ce feul pays que nous en avons vu. |
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MAÏHIEÜ NEVEU,
ÈLEVE DE GEKARD DOUW.
MAthieu Neveu né en 1647 dans la
Ville de Leyde, apprit a deflirter chez Abraham Torenvliet. Les progrès rapides frap- perent GerardDouw, et Tengagerent a Ie per- feftionner: il ne fe trompa point dans fes con- je&ures. Neveu, après avoir copié quelque- temps les Ouvrages de fon nouveau Maitre, compofa bientöt dans la même maniere, et y réuffit: on flfait combien les Ttibleaux de Ge- rend Douw, plaifent par Ie choix des fujets, et par Ie beau fini de leur exécution. Les Tableaux de 1'Eleve, tout imirateur qu'il
fut, plurent prefque autant que ceux de fon Maitre et de fon modele. II peignit des Affem- blees do gens du monde, tantöt c'étoit un con- cert, tantöt une collation, tanröt des ba!s maf- qués et non mafqués. Il fii aufïi des morceaux avec moins de perfonnages: une jeune femme, parexemple, prenant fon thé, et autour quel- ques Cavaliers. Quelquefois fes Tableaux ne re- préfentent que des joueurs aux cartes, oude triftrac. Houbraken nous vante fort tous fes autres
Ouvrages; unTableau d'Hiftoire de Neven, qu'on pourroit appeller les (Muvres de misericorde : il «ft
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206 La Vie des Peintres, etc.
1647. e^ furprenant, dit eet Hiftorien, de voir avec
quel efprit, quel bel accord, quelle vérité de couleur, quel fini précieux, il a difpofé et pla- ce un nombre prodigieux de figures. La demeure ordinaire de Neveu étoit a Amf-
terdam, oü il avoit la Charge d'Infpefteur du Houblon; mais qui ne lui prenoit a peine que Ie temps de fa récréation. On Ie croit mort dans cette Ville, et cela dans un age avance, puif- qu'il vivoit encore en 1719. Les Tableaax que nous connoiffons de ce
Peintre, nous ont paru au deffbus de ceux de fon Maitre, cependant affez bien finis, mais avec plus de négligence; les airs de tête font agréables. quelquefois pleins de fineffe, tou- jours bien peints, bien coloriés, et d'un affez bon gout de deflein; on en trouve dans les cabi- nets d'Hollande, d'Allemagne et de Flandres : je n'en ai pas encore vu en France. |
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JEAN
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J E A N
VOORHOUT,
É L E V E
DE JEAN VAN NOORT. EAN VOORHOUT,
naquit Ie n Novembre 1647, Jt pres d'Amfterdam. Son pere
i^-% Horloger de profefTion, Ie pla- 9a a Gouda, chez Consfanfin Verhout, affez bon Peintre de Tableaux qu'on appelle des convorfations, ; aflemblées, 011 Ton a 1'occafïon de peindre 1 habillements, et les modes du fiecle et du pays;
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ao8 La Fie des Peintres
1647. pays. Notre jeune Artifte y paffa fix années, et
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jq qu'il put entrer
tre plus capable de l'avaacer. Ce fut chez Jean
van Noon, excellent Peintre d'Hiftoire et de Portrait, que pendant cinq autres années, il acheva de ie perfetYionner. En fortant de eet attelier, Jean Voorhout
par ut en public avec un grand fuccès, et en 1670, il époula une femme de très-bonne familie de Norvége, avec laquelle, en 1672, et lors de la conquète de la Hollande par les Francais, il Ie fauva. a Frederik - Stadt. Les premiers de la Ville étoient les parents de fa femme : ces al- liances lui valurent des egards et de la confidé- ration; mais fes talents personnels lux attirerent une diftin&ion encore plus marquée et plus flat- teufe. On vit fes Tableaux, et on les admira. Un certain Jurien Ovens qui, jusqu'a 1'arrivée de Foorhout, avoit été un Peintre paffable de Por- trait, craignant une pareille concurrence, ta- cha, mais fans fuccès, d'engager Voorhout a travailler pour lui; mais ne pouvant 1'y déter- miner, il 1'engagea a préférer Ie féjour de Ham» bourg, comme celui d'une Ville plus grande, plus commer§ante, et oü il feroit plus a portee de fe faire connoitre et de s'enrichir. Voorhout Ie crut; Ovens fe vit ainfi heureufement défait d'un fi dangereux rival. Voorhout,mit Ie prix qu'il voulut a fes Ouvra-
ges dans cette grande Ville, et efpéroit de faire une grande fortune, quand fes parents, foit par attachement pour lui, foit pourtoutautremotif, hrent intervenir Ie crédit et 1'autorité du Réfi- dent d'HollandeaHambourg pour Ie faire reve- nir;
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"*55?r
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Flamands, Alleftian&s et Hollandoit. 209 ^^^^
nir; il céda a rempreffement de fa Patrie, et I 647.'
de fa Familie; et malgré les inftances des prin- T^* cipaux de Hambourg poiir 1'y faire refter, il partit pour Amfterdam, après trois années d'ab* fence. A fon retour il n'éprouva d'abord ni diminu-
tion d'eftime pour fon talent, ni diminution de prix pour fes Tableaus : mais fon aflidnité au travail, et fa facilité a peindre, les multiplia iant que, fans avoir moins de mérite, ils eurent pourtant a la fin moins de vaienr. Ils ont aug- menté de plus de moitié après fa mort, dont on ne fynt point l'année. Cet Artifte mérite a jufte titre d'êfre mis au
rang des grands Peintres d'Hiftoire : il avoit du génie, et l'ame élevée; prefque tous les fujets qu'il a traites, font de l'Ecriture Sainte, et de 1'Hiitoire Grecque et Romaine. Ses Tableaus font bien composés, et les moments en font bien choifis.Sa réputafion fut fi grande, que plufieurs des Poëtes Hollandois ont chanté la nobleffeet la beauté de fon génie. Sinidt, entr'autres, cé- lébre avec Ie plus grand éloge la compofition pathétique de Voorhout ■> dans Ie fujet de la mort de Sophanisbe. Il y a plufieurs morceaux de ce Peintte dans
les cabinets d'Hollande; je n'en connois aucun en France. |
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Tome 111. O JAC-
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aio La Vie des Peintres
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JACQÜES DENYS.
ïrv E N Y S peut être rnüs au rang des grands
ÏJ Peintres qui ont rendu célébre la Ville d'Anvers. Nous n'avons pu découvrir au jufte, ni 1'année de fa nahTance, ni la fituation de fa Familie, ni Ie nom de fon Maitre : on fgait feu- lement, et ce peu fuffit pour connoitre Ie mé- rite intéreffant d'un Artifte, qu'il alla fort jeune a Rome et a Venife, et qu'il eut affez de gout pour choifir pour fes modeles, ceux qui font plus dignes d'en fervir, Raphaël, Jules Ro- main, le Guide, le Titien, &c. Il s'appliqua a copier les Ouvrages de ces grands Maïtres; et c'eft fans contredit la meilleure étude que puiffe faire un Peintre. Les Tableaux qu'il fit depuis fe reflentirent de la grandeur et de l'efprit de cette Ecole, puifque de 1'aveu des Italiens mê- mes, qui en ont fait mention, Denys fut en état de paroirre a cöté des plus habiles de fon temps. Quoiqu'il ne fe deftinat d'abord qu'au Portrait, il copia les antiques, et peignit les vues princi- pales de tont ce beau pays, parce que fans doute il fentoit en lui les germes heureux qui annon- cent 1'homme de génie qui fe préparé a traiter 1'Hiftoire. Le Duc de Mantone, fur la réputation que
fes Tabieaux lui avoient déja faite, fut le voir, le carefler et le détermiera venir a fa Cour; le grand Duc de Florence le demanda au Duc de Mantoue. qui ne put le lui accorder que pour peu de temps. Denys
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jFiamands, Allemands et Hollandois. s 11
Denys fit a Florence les Portraits du Prince,
de fa Familie et de prefque tous les courtifans; ces Ouvrages lui en faifoient demander beaucoup d'autres; mais Ie temps fixé pour fon retour k Mantoue étoit expiré, et il n'y eut pas moyen. d'obtenir un plus long délai. Le grand Duc Ie vit partir avec regret, et lui
donna une m;ignifique chaine d'or, et une me- daille, avec une fomrae cónfidérable d'argent, et une Patente qui annon9oit fon eftime pour les talents, et la performe de 1'Artifte. De retour a Mantoue, Denys ne s'occupa plus
que des projets qu'il avoit commencés, il orna le Palais de ce Maitre aimable des Tdbleaux d'Hiftoire qui, de nos jours encore, font grand honneur a celui qui les a faits. Le travail ne lui au- roit jamais manqué dans cette Cour, oü 1'on lui propofoit tous les jours de nouveaux Ouvrages pour 1'y retenir : mais après 14 ans de féjour en Italië, 1'amour de fa Patrie le ratnena a Anvers, comblé d'honneurs et de richefles par le Duc de Mantoue, qui voulut bien même ajoüter a tant de faveurs la permiflion flatteufe de lui écrire, et la diftin&ion de recevoir de teraps en temps des Lettres d'un Souverain. Denys ne re^ut pas tnoins de preuves d'efti-
me de fon pays natal, qu'il en avoit obtenu chez les Etrangers. Son entree dans Anvers fut une efpece de triomphe que les Artiftes et les Amateurs, fes compatriotes, lui décernerent: ils furent au devant de lui en grand nombre, et lui firent un cortége honorable jufques chez lui. Il ne jouit pas long-temps de tant de bonheur, et mourut bientót après, on ne fcait en quelle i O 2 année, |
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Sïa La Fie des Peintres, etel
1647. année, riche, confidéré et regretté de tout Ie
*■—w monde. La plupart de fes Onvrages font en Italië, et
fort rares même dans fa Patri<* : je n'en ai vu que trois; mais qui font peints d'une maniere diffé- rente, et qui fuffifent a donner une grande idee de Fétendue de fes talents: 1'un eft un Ecce Homo, entierement dans Ie gout de Vandyck; l'autreunPortraitd'une couleur tres vigoureufe, mais peint fi large, et avec tant de faciiité, qu'il paroït 1'Ouvrage d'un feul jour; Ie troifieme eft un Portrait de Femme, orne de vafes de fleurs et de fruits, et foignenfement terminé, &c. En géncral fon deffein m'a paru fin et cor-
reö, fa couleur pateufe et fiere. Sa maniere tient plus de 1'Ecole de Rome que de celle d'Hollande. |
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DAVID
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D A V ID
VAN DER PtAS.
AVID VANDER PLAS
fut un des meilleurs Peintres de
Portrait de la Ville d'Amfterdam, oü il naquitle li Décembre 1647. Nous naurons point encore Ie plaifir de marquer aucunes cir- conftances de la vie d'un fi grand Peintre : il avoit été en Italië, on Ie peut du moins foup- ^onner a fa maniere, tant elle approchoit de eelle du Titien. Il excella dans Ie Portrait. il peignit les principaux de la Hollande et plu- fieurs Etrangers. Les Ouvrages qu'il fit dans ce genre, quoique fait très-vite, eurent une grande O 3 repu-
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214 La Fle des Peintres
róputation, et par conféquent furent payés fort
cher : celui dont on parle Ie plus, & qui Ie mé- rire effedtiveiuent, eft Ie Portrait du Vice-Ami» ral Tromp ; il renferme réellemenfles plus bel- les parties d'un Tableau, vérité, deffein , colo- ris et harmonie. Pander Plas fut long-temps employé par
Pierre Martin, Libraire, a conduire les plan- ches de la Bible. Il fut chargé de donner les ef- fets aux Deffeins, et de conduire les Graveurs. On fit contre lui, après fa mort, quelques Epi- grammes et de miférables Ecrits. Ces fatyres in- juftes font oubliées, et lesPortraits de Pander Plas feront fouvenir, tant qu'ils fublifteront, qu'il mérita de fon vivant des éloges que la poftérité leur confervera. Il mourut Ie 18 Mai 1704. II deffinoit bïen les têtes et les mains, et fijut
faire un très-heureux ufage des couleurs, fans les tourmenter. Sa belle fagon de peindre invi- toit a Ie prendre pour modele, mais elle eft voi» léé adroitement, et tres difficile £ ïmiter : un« belle entente du clair obfcur, et|une vigueur finguliere, 1'ont fait approchef du jpitien. Comme prefqiie tous fes Ouvrages font des
Portraits, on n'en trouve guere? qu'en Hol- lande 3 en Allemagne, et dans les plus graades Families. |
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Flamands , Allemands et Hollandois. ai 5
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DANIEL SYDER.
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DAmel Syder, ou Ie Cavalier Danielle, ,
iiaquif a Vienne en Autriche; d'autres di- ; *- fent dans la Suiffe, et qu'il fut conduit a Vienne encore jeune, oü il a été élevé. Je ferois plus volontiers de la premiere opinion. Quoi qu'il en foit, on ignore quel fut fon
premier Maitre : on fijait que eune encore il alla a Venife, que lEcole de Car/o Lothi lui fut ouverte, qu'il étudia dans cetteattelier, et encore plus, en s'appliquant aux Ouvrages pu- blics de tant de grands Artiftes qui compo- foient l'Ecole Vénitienne. Parvinu au point de tromper les yeux des Connoifleurs par (es co- pies, il voulut enfin travailler de lui mcme, mais il connoiffoit trop bien les difficuités et 1'étendue de fon Art, pour fe contenter de ce qu'il avoit vu, dès qu'il lui reftoit tant de belles chofes a voir. Syder fut a Rome pour fe perfe&ionner dans
Ie deflein et dans les autres parties de la Pein- ture. De tant d'habiles gens qui fe diftinguoient dans cette capitale, Carlo Maratti lui parut mériter la préférence. Cet Eleve, au dessus du commun, profita quelque - temps des intruc- tions de ce grand Maitre qui, flatté de cette prédile&ion, et tcmoin de fon talent, voulut, en Ie faiiant connoitre, et en Ie produifant, Ie réeompenfer de fon attachement et de fon ap- plication heureufea la Peinture. II Ie vanta au Duc de Savoie qui, fur Ie témoignage de Carlo O 4 Maratt
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216 La Vie des Peintrss
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attira Ie jeune Syder a fa Cour. Ce
Prince lui envoj^a des Lettres de Nobleffe et Ie Collier de fon Ordre, pour montrer apparem- ment, par ces marques de diftin&ion, Ie cas qu'il faifoit du fuffrage d'un tel Maitre, et du mérite d'un tel Ecolier. Syder venoit d'épouferla fille d'un Libraire,
et quitta Rome avec regret, mais il ne pouvoit nepas déférer aux ordres d'un Prince qui 1'avoit comblé d'honneur : il obéit, et fit en Savoie plufieurs grands morceaux très-pftimés pour la Cour et pour les Fglifes. Jiieutót les Romains, pour 1'attirer fans doute a Rome, et pour avoir queiques Ouvrages de plus de lui, lui deman- derent deux grands fujets. Syder, qui déuroit de retournpr a Rome, faifit cette oocafion, et allégua au Prince, pour excufe de fon départ, la npceflité indifpenfable oü il étoit de peindre ces Tableaux fur Ie lieu même : 1'un repréfente ]a chute de la Manne dans Ie Defert; et 1'autre la Cêne : les figures en font de grandeur de na- ture. On les voit encore avec admiration a Chie- sa Nuova, autrement 1'Eglife de Saint Philippes de Neri. De retour a Turin, Syder continua de tra-
vailler a fes Ouvrages interrompus, et de temps en temps pour fe délafler peignit quelques Por- traits. Un jour, entr'autres, qu'il faifoit celui de fon Mécene, ce Prince voyant que Syder étoit embarraffe, parce qu'il avoit oublié fon appui- main, lui ofFrit fa eanne, et Ie Peintre s'en fer^ vit. Il vouloit la rendre, mais un des Seigneurs 1'en empêcha, et elle lui refta. Cette canne étoit garnie de diatnants d'un grand prix : jamais Ie Prince
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Flamands, AllemanAs et Hollandois.
Prince ne la lui fit redetraru'er. Ce qnt- prête un 1647.
Souverain eft iin don. S\der la po a toujours'—■ dans Turin, et depuis dans Rome. oü il vivoit encore en 1699 : on croit qu'il y eft mort. Ce bon Peintre d'Hiftoire imita d'abord fi
parfaitement la maniere de Car/o Lothi, que les Italiens s'y trompent en*-meines. S'i' chan- gea depuiy, ce fut en ajoutanr a fes compofitions pleines d'efprit, plus de corre&ion de deffein et plus de force dans fon coloris. On voit, par (es Ouvrages, qu'il avoit étudié profondément les caraöeres, puifqu'il les rend fi parfaitement. Ses Tableaux font prefque tous a Turin et en Italië : on ne connoit en Flandres et en France que fes Deffeins. Ceux que nous avons vus font dans Ie gout de Maratti, et nous ont paru faits jivec la plus grande facilité. |
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MATHIEU
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MATHIEU
WULFRAAT,
ÉLEVE DE DIEPRAAM.
ULFRAAT naquit la veille
du premier jour de 1'an 1648, dans la Ville d'Arnheim, il étoit fils d'un Médecin habile et très- versé dans les Langues. Il envoya d'abord Ie jeune Wulfraat aux Ecoles latines, dans l'intention de 1'élever dans sa profession; mais ce projet n'eut point de suc- ces : 1'amour du Dessein 1'emporta sur celui da toute autre étude. Wulfraat, incapable d'aucu- ne autre application, et insensible aux retnon- trances
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La fte des Peintres, etc
trances et aux menaces, se consoloit, en copiant 164Ö.
en cacheile des Estampes et des Desseins qu'il *—r achetoit de ses épargnes. Par bonheur pour son avancement, Ie Peintre Diepraam passa quel- que-temps a Arnheim, oii frappe des disposi- tions du jeune Wulfraat, il lui donna quelques principes qui achever^nt de Ie déterminer a quitter entierement les autres études. Il fit sol- liciter sonpere par ses parents et ses atois, de lui permettre d'être 1'Eleve de Diepraam, et enfin il 1'obtint. P-u d'années suffirent pour convaincre Wul-
fraat que la nature étoit Ie seul Maitre a con- sulter: il s'y livra entierernent, et fut bientöt en état de paroitre au grand jour. Amsterdam, par son opulence, lui parut un théatre digne de ses talents; il y débuta par quelques Tableaux d'Histoire et des sujets piquants et agréables, représentant des assemblees de personnes de distinftion, qui lui acquirent une grande répu- tation : il réussit également bien è. peindre Ie Portrait en petit; il en fut surchargé dans son passage a Francfort, oü il y avoit pour lors plu- sieurs Etrangers de la premiere disrin&ion. Son talent décidé, son esprit agréable, fa
conduite irréprochable et soutenue, lui valu- rent les deux biens les plus estimables pour un homme qui pense, une fortune honnête et une considération générale : il mérita même d'être bien venu des plus qualifiés. De Francfort il re- vint a Arnheim, et dela il retourna a Amster- dam, oü il n'a point cessé de travailler avec succes, jusqu'è sa mort en 1727. Les Tableaux de ce Maitre sont dispersés
en
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La Vie des Peintrcs
164%. en Hollandeet en Allemagne, oü il sont très-
■«■■r estimés. |
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N. PIETERS,
ÊLEFE DE PIERRE EYKENS.
PT eters naquit vers ce temps a Anvers;
je ne fc-ü si c'est Ie même qu'on a appellé Jacqncs Peter, qui fut recu a TAcadémie de cette Viile en 1695 : L'ignorance du nom de Baptême de celui-ci empêche de décider cette question. N. Pieters fut élevé dans 1'École de Pierre EyJcens, que de grands succes lui firent quitter trop tot. L'espérance de faire une fortune ra» pide Ie mena a Londres; mais ses Tableaux d'Hisloire n'y furent seulement pas regardes. Reduit a la derniere misere, quoiqu'avec un mérite très-réel, il se vit reduit a entrer au ser- vice du Cardinal Dada. A peine y fut-il recu, qu'a la fin du jour même oü il étoit entre, il renon^a a eet état humiliant pour un Artiste,' et retourna reprendre sa palette. Il étoit dans cette indigence lorsque Kneller vit par hazard un de ses Tableaux; il i'engagea a peindre les habillements et les autres accessoires des Por- traits, dont il ne faisoit que les têtes. Pieters surpassa tous ceux qui peignoient comme lui pour Kneller; il dessinoit et colorioit avec une supériorité qui Ie fit distinguer. Il passa ainsi quelques années, mais rebuté de 1'avarice et de quelques autres défauts de Kneller, il Ie quitta dans 1'intention de se remettre a peindre 1'His- toire;
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Flamands, 'Allemands et Hollandois. sar
toire; il n'y gagna pas plus, il n'y ent que les 1648.
Amateurs qui, profitant du discrédit injuste de **mm* ses Tableaux, en eurent de très-beaux a tres-! bon marché. Il arriva cependant a Pieters ce qui ne man-
que gueres d'arriver aux gens de génie : si leur mérite n'est point appercu d'abord par la mul- titude, il n'échappe pas aux yeux des Connois- seurs. Plusieurs Peintres de Portrait de Londres,
informés que Pieters n'étoit plus engagé, Ie fu- rent prier de leur rendre les mêmes services qu'il avoit rendus d Kneller, d'habiller et d'orner les figures de leurs Portraits. Pieters profitant, a son tour, de ce concours, il taxa fort haut Ie se- cours de son pinceau,sans les rebuter; il gagna autant qu'eux, et ce n'étoit pas même assez: leurs Ouvrages ne valoient que parce qu'il y ajoiitoit. KneUer sentit Ie tort qu'il avoit eu de laisser échapper un homme qui tiroit du néant plu- sieurs de ses confrères. Notre Artiste n'eut pres- que plus Ie temps de peindre 1'Histoire; il fit ce- pendant quelques copies si belles d'après Ru- bens, que quelques unes ont été vendues pouc des originaux,tant il avoit parfaitement imité la touche et la couleur de ce grand Peintre. Ou assure qu'il a fait des desseins d'après ce Maitre, qui ont également trompé. Il ent 1'adresse de peindre sur des Estampes de ce même Rubens, avec des tons coloriés, et de les faire passer pour des esquisses qui ont également trompé les Ama- teurs, au point de les confondre avec les origi- naux. Le peu de justice que l'on avoit rendu a fon vrai talentle renditpeu délicat sur les mnyens d'avoic
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ast La Vie des Peintres
164Ü. d'avoir de l'argent. Voyant combien les Ouvra-
'ges des Peintres Flamands et Hollandois se ven- doient cher a Londres, il fit trois ou quatre voyages par an en Hollande, et a son retour en Angleterre, vendit fort cher ce qu'il avoit payé a très-bas prix a des inventaires. Cette habitude basse de gagner 1'avoit rendu trop sensible è la perte : il pensa mourir de chagrin de la banque- route d'un Banquier de Londres, a qui il avoit conflé cent louis pour les faire valoir. Pieters vivoit encore en 1715. On ne fgait ni 1'année de sa mort, ni Ie lieu de sa Sépulture. Un seul de ses Tablcaux d'Histoire, que nous
avons vu, nous a donné la plus haute idee de son talent qui, faute d'avoir été mis assez en oeuvre, n'est point parvenu au degré de perfec- tion a laquelle il pouvoit atteindre: mais la cor- reftion de son dessein, la facilité et la franchise de sa touche, sa fatniliarité avec Ie coloris de Rubens, la marche libre de son Maitre, nous en ont fait assez connoitre, pour nous faire penser que si l'avarice n'avoit point avili Ie génie de Pieters, il étoit né pour étre un des plus grands Peintres de son siècle. II est du moins certain que les draperies et autres accessoires, qui sont de sa main dans plusieurs Tableaux deKneller, en font Ie principal mérite. |
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JACQUES
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Flamands, Allemands et Itollandais.
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JACQUES VANDER ROER,
ÊLEVE DE JEAN DE BAAN.
NOus ne parlerons ici de Vander Roer que
pour n'omettre aucun des Peintres du se cond rang, qui sont venus a notre connoissan- ce, et pour contenter la curiosité des Amateurs, qui s'étend jusqu'a vouloir fcavoir Ie nom des Eleves des Peintres dequelque réputation.quand ce ne seroit que pour pouvoir apprécierlesTa- bleaux dont ils décorent leurs Cabinets. Van- der Boer, Eleve de 1'Ecole de Jean de Baan, ne quitta ce Maïtre que quand il eut appris de lui a bien faire Ie Portr? it. La Ville de Londres, par sa richesse et son gout décidé pour ce genre de Peinture, présenta a son imagination un éta- blissement très-lucratif: ily fut, mais la réputa- tion de Kneller étouffoit toutes les autres : et après avoir tutte en vain contre 1'obscurité et la mauvaise fortune, Vander Roer rampa sous Kneller qui 1'employa dans un coin de son at- telier a draper quplques-uns de ses Portraits. L'avarice de Kneller abusa vraisemblablement du talent df Vander Roer, qu'on pretend avoir été au dessus du commun. Il mouruc misérable dans 1'Höpital de Dort. |
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Za'Pie d&f Peintres, etc.
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N. DE B A. G K E R.
LE notn du Maitre de de BacJcer est ignoré.
Né a AnverSjOÜ il avoit^étudié les principes de son art, de Backer en savoit assez, pour pouvoir voyager sur Ie produit de ses Ouvra- ges. Nous ne pouvons entrer dans aucun détail sur ce qui Ie concerne : il n'est connu que pout avoir fait de très-beanx Portraits a Londres, et c'en est assez pour en faire ici mention. Il avoit peint long-temps dans cette grande
Ville, sous ld conduite et a la pension de üCneZ- ler. Nous croyons de Backer, mort a Londres, sans savoir en quelle année. On assure que plu- sieurs de ses Portraits entiérement de sa main, ne cedent en rien aux meilleurs de Kneller: ne seroit-ce point une exagération ? |
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GODEFROT
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GODEFROY
K N E L L E R, ÉLEVE DE REMBRANT.
NELLER est un du petit
nombre de ces grands hommes heureux, qui ont joui de leur vi- vant de leur fortune et de leur gloire : sa Naissance fut obscur et sa vie illustre. Il naquit a Liibeck dans Ie Duché d'Holstein en 1648. Son éduca- tion ne fut pas brillante: riïs d'un sous-Clerc de Paroisse, il ne falloit pas moins que 1'éléva- tion de son génie, pour faire oublier cette bas- sesse d'extraöion. Il étudia la peinture, et eut Tome III. P Ie |
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aa6 La Vic des Peintres
1648. le bonheur d'être admis dans 1'Ecole de Rem-
■ brant, qu'il ne quitta que pour celle de Ferdi- nandBol.Wy a apparence qu'il resta assez long-
temps chez ce dernier, puisqu'il alla avec son frere a Rome, sans autre secours que son talent. Le Carrache & le Titien fixerent particuliere- ment son admiration : il copia leurs Ouvrages; dans 1'un, il étudia la corre&ion et la vigueur; dans 1'autre, cette belle harmonie de couleur, et la facon de disposer si naturellement ses airs de tête. Ce choix de modeles, son application, un travail assidu,ses grandes dispositions, lui acquirent, en leperfe&ionnant, une facilité sur- prenante. Kneller voulut revoir sa Patrie : il traversa
TAllemagne, s'arrêta a Nuremberg, mais sans trouver de 1'emploi. Hambourg lui ouvrit le premier chemin vers la forlune. Jacques Del Bod, Banquier, se fit peindre, lui, sa femme et ses enfants. La ressemblance, Tharmonie de la couleur, et tous les agréments dont il avoit orné ce Tableau de Familie, lui mériterent les plus grands éloges, et bientóttant d'Ouvrages, qu'il ne put satisfaire tous cenx qui lui demandoient leurs Portraits. La difficulté d'en avoir, et plus encore la maniere dont ils étoient rendus, les fit augmenter considérablement de prix : et ce profit dctermina ce Peintre a préférer ce genre a celui de THistoire. UHistoire, (disoit-il agréablement, )Jdit revivre les mor/s qui n& m'en témoignent aucune reconnoissance, mais quand je peins les vwants, ils me Jont viï>re par leur largesses. Kneller, déja enrichi, voulut tenter une for-
tune
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Flamands, Allemands et Hollandois.
tune plus brillante; il forma Ie projet d'aller a
Londies, oü Lelj avoit acquis autant de bien que de gloire : il quitta Hambourg avec des Let- tres de recommandation pour Messieurs Banks, Négociants a F,ondres;il Ht Jes Portraits de cette familie. Le Duc de Montmouth, frappe de la ressemblance, voulut aussi avoir le sien. Le même succes fït connoftre Knel/er a la Cour. Charles IT. voulant aussi son Portrait pourl'en- voypr a son frere le L)uc d'Yorck, Lely fut char- gé d'y travailler; mais la recommandation du Duc de Montmouth procura a Kneller 1'hon- neur den faire aussi un. Les deux Artistes com- mencerent en même-temps. Le Roi s'érant leve par curiosité pour fcavoir oü ils en étoient, vit avec étonnement et plaisir sa tête presque n~nie, et tres - ressemblante au Tableau de Kneller, tandis que Lely avoit a peine ébauché la sienne. Les Ducs d'Yorck et de Montmouth, et quan- tité d'autres Seigneurs, applaudirent a cette promptitude. La facilité de Kneller l'emporta sur la supériorité de Lely, qui devint la vi&ime d'une injustice a laquelle il ne put survivre. Cette mort acheva la fortune de Knellery il
fut nommé premier Peintre du Roi Charles II. qui 1'envoya en France pour peindre Louis XIV. Cette commission honorable fit faire a cePeintre de nouveaux efforts pour se surpasser : il n'eut cependant pas le plaisir de faire voir ce Tableau a son Prince; il le trouva mort-a son retour en Angleterre. Jacques II qui avoit succédé a son frere, et
qui connoissoit le mérite de eet Artiste, le confïnna dans la même place. A 1'avénement Pi de
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228 La Fie des Peintres
1648. de Guillaume III au ïróne,il fit les Portraits
m........1 de ce Monarque et de la Reine, et, par son or-
dre, il peignit au Congres de Riswiclc les Plé-
nipotentiaires qui s'y trouverent, et a son re- tour il fut fait Chevalier. La Reine Anne qui succéda a Guillaume, eut
les mêmes bontés pour Knel/er, il fit son Por- trait et celui du jeune Duc de Cochester; et cette Princesse en fut si contente, qu'elle Ie grarifia de la Charge de Gentilhomtne de son Cabinet. L'Archiduc Charles, dans Ie séjouc qu'il fit a Londrcs, avant de partir pour 1'Es- pagne, se fic peindre; et ce Portrait p!ut tant a 1'Empereur Joseph, qu'il honora Ie Peintre du titre de Chevalier héréditaire de 1 Empire, et qui lui envoya une chaïne d'or avec une Medaille, sur laquelle étoit la tête de son Bien- faidteur. Georges Premier achevoit de combler Knel-
ler d'honneurs dans la grande Bretagne, en Ie décorant du titre de Ba;ronnet, quand Ie Por- trait du Czar Pierre , qu'il eut occasion de faire, porta la gloire de son pinceau dans toute 1'Eu- rope. Il éternisoit aux yeux de la postérité les traits d'un Prince singulier, dont 1'admini.stra- tion a instruit et poli la Moscovie : adininistra- tion pleine de génie, dont 1'Histoire tracée, comme on nous Ie promet, de la main de 1'illus- tre M. de P~o/taire, conservera a jamais parmi les hommes Ie plus précieux souvenir. Favorisé par tant de Princes, orné de tant
de titres, si bien traite de la fortune, si bien re5ii des Grands, accueilli de tous les Sgavants, dont il mérita la faveur et 1'amitié par les gra- ces
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Flamands} Allemands et Hollandois. aac)
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ces de sa figute et de son esprit, chanté souvent 1648.
par un des plus grands Poëtes d'Angleterre, le célcbre Pupe, dont on connoit les vers sur Ie Portrait du Duc d'Órmont,fait par n&tre Peintre. Il sembloit qu'il no restoit rien a désirer a
Knel/er; il eut cependant une petite mortifica- tion du refus que lui fit Ie Lord Warthon, de lui laisser copier deux Portraits de la galerie de "Winsindon. Ces Porlraits étoient du nombre de 32 de V^andyck, et 1'enthousiasme qu'avoit Knel Ier ponr les Tableaux de ce grand Maïtre, dont il avoit pris la maniere au point presque d'en approcher, est garant du dépit qu'il eut d'un pareille refus. Le grand Duc de Florence demanda Ie Por-
trait de Kueller, pour y être place parmi les hommes les plus illustres, dont il avoit fait la plus belle colleftion; on y lit cette inscription au bas : Dominicus Ga/Hdus Kneller de Whiton, saai Romani Imperii et Magnm Britannice Baronettus : nee non Serenissi/ni Georgii, Mag. Brit. Reg- interioris Camerce Aulicus, et Pictor princeps, etc. S'il en faut croire la plupart de ceux qui ont
parlé de ce Peintre , sqn avarice a rendii sa pro- bité même suspecte. 11 est vrai que pour éviter les frais, il n'employoit, sur la fin de sa vie, que des Artistes médiocres pour peindre les habil- lements, les mains et les accessoires de ses Ta- bleaux, parce qu'il payoit moins leurs travaux, quoiqu'il ne diminuat rien du prix de ses Por- trails. Ilavoit employéavant de tros grandsPein- tres, tels que Pieters, et de Backer, tous deux d'A n\ers;Jacoè VanderMoerdeVott, et les deux P 3 freres
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a3o La Vie des Peinlres
1648. freres Bing, Anglois. Le célébre Baptiste a long-
- mmu) temps peint les fleurs de ses Tableaiix, et après sa mort, Vanzon & Jacques van Huyswn. Par unautre trait davarice aussi méprisable',
Kneller étoit dans 1'usage de faire payer moitié d'avance, en commensant un Portniit; 011 en trouva chez lui, a sa mort, 500 de commencés. Il cessa de vivre a Londres en 1726, agé de 78 ans : il laissa après lui une fille unique, et beau- coup de bien. Au milieu de tant de vogue, il en eut une
des plus flatteuses; les Dames prenoient plaisir a se faire peindre de sa main, parce qu'il avoit une couleur fraiche, et qu'il f«fut leur prêter eet air simple, modeste etséduisant en même-temps, dont elles se piquent dans cette Nation. Sa cou- leur est vraie et naturelle; il avoit acquis une facilité fcjavante a la Cour, et presqu'incroya- ble; ce fut par-la qu'il s'étoit formé une tou- che ferme, large et spirituelle. Son dessein qui avoit 1'air de mener au grand, étoit maniere trop quarrément sans vérité et sans finesse. Ses Portraits ne devoient point être très-ressem- blants, puisqu'ils ont entr'eux une sorte de res- semblance; il paroit du moins que sa maniere d'allonger 1'ovale de ses têtes, donne un air de familie a tous ceux qu'il a peints. Knellerplut si fort a la Nation, qne les Pein-
tres de Londres furent forcés de 1'imiter, sous peine de manquer totalement d Ouvrages; aussi prirent-ils jusqu'a ses défauts : c'est 1'ordinai- re des imitateurs qui manquent de génie; ceux qui en ont apprennent qu'après avoir copié quelque - temps les grands Maitres, il ne faut
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Flamands, Allemands et Hollandois. a 31
faut jamais quitter les objets que présente la 1648.
nature. ' Comme les Ouvrages de Kneller sont la plu-
part en Angleterre, nous n'indiquerons qu'un seul beau Tableau de lui: il est place dans 1'Egii- se de Notre-Dame, a Anvers, dans la Chapelle des Pelletiers; c'est Ie Portrait de M. Koükx Cantor. |
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P 4 GUE
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G ü E R A R D
H O E T,
É L E V E DE R Y S E N.
UERARD HOET a été,
sans contredit, un des plus
1 >-, ^B précieux Peintres d'Hollande. Jf quent tous deux sa naissance
^ dans la Ville de Bommel: Ie premier la fixe au 22 d'Aoüt, vieux style, 1648; Ie second 1'avance et la place au 12 Aoüt de la même année. GuerardHoet prit, dès son enfance, les pre-
mières le^ons de Dessein dans Fattelier de son pere,
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1648.
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La Vie des Peintres, etc. a33
pere, qui peignoit sur verre; mais son gout et 1648.
ses heurcuses dispositions pour la Peinture, Ie ■■■■■■■ mirent bientót an dessus des instrudlions qu'il pouvoit y recevoir. L'établissement de TVarnar van Rysen dans la même Ville, vint fort a pro- pos, et procura au jeune Hoet un Maitre habile et digne de son éleve, mais qui malheureuse- ment, par la perte qu'il fit de son pere, ne put profiter qu'iin an d'une ü bonne Ecole. L'attache- ment qu'avoit Guerard Hoet a ses devoirs, lui fit préfërer a son propre avancement, les services qu'il pouvoit rendre a son frere, Peintre sur verre; ce qui étoit la setile rcssource de sa fa- milie. Guerard Hoet 1'aida très-long-temps, et jusqu'en 1'année 1672, année fatale aux Arts en Hollande : il se réfugia a la Haye pour éviter les calamités de la guerre. Si on veut se faire une juste idee du beau
naturel et du talent décidé de celui dont nous écrivons 1'Histoire, qu'on serappelle qu'il com- menca k étudier véritablement son Art a 16 ans, sous Rysen; que par de facheuses circonstan- ces cette instruftion ne lui dura qu'une année, et que malgré cette interruption, en 1672 a 1'a^ede 24 ans, ses Ouvrages étoient déja esti- més, du plus précieux fïni qu'il y eüt dans ce temps-la; et on en conclura qu'il falloit que la nature 1 eüt traite bien favorablement pour lui faire deviner, presqu'en passant, les secrets et les finesses d'un Artprofond, qui échappent au commun des Ecoliers, dés qu'un Maitre habile voudra les leur faire remarquer. M .Salis, Officier Général au service de Fran-
ce; étoit en quartier a Bommel; et comme il étoit connoisseur
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a34 La Vie des Peintres
1648. connoisseur en Tableaux, 011 Ie mena chez Ia
■yÊmm^r mere de Guerard Hoet: il y vit ses Ouvrages; il en fut si charme qu'il les acheta tous; il fit ce qu'il put pour engager cette mere a faire revenir son nis, que la peur des Francois avoit éloigné; il ne réussit point dans Ie moment a rassurer ni la mere ni Ie nis. Bientót cependant la disci- pline des Troupes, et les egards des Officiers, guérirent les Hollandois de leur crainte et de leur aversion pour les Francois. Guerard Hoet alla trouver M. Salis qui étoit pour lors a Rees dans Ie Duché de Cléves, et il en fut recu, comme l'est un grand Peintre par un Amateur de Peinture. Hoet trouvala Jean van Bunnick, Juste de Nieuport, & André de Wit, que Ie gout de M. Salis pour les Arts y avoit attirés. Tous marquerent a Hoet Ie cas qu'ils faisoient de ses Ouvrages; mais sur-tout de Wit Ie feta et Ie caressa singulieresient, pour obtenir de lui des esquisses et des compositions qui ne coü- toient que des instants an génie fécond de Hoet, et des mois entiers a 1'esprit lent et stériledesau- tres. Cette main prompte et créatrice de Hoet, Ie mit dans une haute considération,et Ie fit appel- Ier par ces Peintres, a la Haye, a Amsterdam et a Utrecht, par M. Van Zuylen. Tl fit plusieurs voyages dans ces Villes, pour fournir des es- quisses peintes et au dessein : et celles que de Wit mit en Tableaux, firent sa réputation. Hoet fut demandé en France, il y resta une
année sans grande vogue et sans Ouvrage : son nom cependant lui fit quelques Prote&eurs, mais sans aucune suite utile. Un grand Seigneur eut quelque envie de se Tattacher. Le Prince de
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Flamands, Allemands et Hollandois. a35
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de Conti paria de lui donner une pension, et on 1648.
ne fcait ce qui 1'en empêcha. Enfin Ie malheu-' reux Hoet se vit reduit a graver des Paysages de Francisque Milé, au lieu d'avoir a faire de beaux Tableaux dont il étoit très-capable. Dans cette situation critique il écrivit a Vos-
tertnans, en Angleterre, pour fcavoir si la Peinture y étoit plus en honneur qu'en France. Vostermans lui répondit que si la Cour de Londres lui payoit ce quVlle lui devoit, il ne balanceroit pas a venir travailier a Paris. Il ne fut cjonc point a Londres et quitta Pa-
ris. En passant par Bruxelles , Ie paysagiste Boudevjns lui conseilla de s'arreter dans cette Ville, oü ses Ouvrages bien connus luiseroient aus.ei bien payés qifa Anvers. Il resta huit mois a Bruxelles, et vers 1'hiver il retourna a Bom- mel, mais pour peu de temps. M, van Zuylen 1'invitoit a s'établir a Utrecht : il préféra Bru- xelles, que les bruits de la guerre lui firent bien- töt quitter, pour chercher enfin sa süreté a Utrecht; il fut d'abord employé par M. Heem- stede , et s'y fixa en se mariant. Hoet, toujoursoccupé de son art, avoit tou-
jours pensé qu'uneEcoïededessein, en formant des Eleves dans un pays, perfe&ionnoit Ie Mai- tre lui-même, en lui donnant 1'occasion conti- nuelle de voir un modele, de corriger des des- seins et de dessiner lui-même} il en dressa Ie plan avec HenrySchook. Ce sont les plus habiles qui pavent qu'il y a toujours a apprendre. Ce plan fut présenté aux Magistrats au nom de la Com- pagnie des Peintres. On se flattoit qu'en faveur du bien public, les principaux de la Ville se porte-
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2 36 La Vie des Peinlrcs
164H. porteroient a payer les frais de cette Ecole.
- —in Cette grace ne fut point obtenue, rnais Utrecht
n'y perdit rien. Hoet se chargea de la dépense pendant pliisieiirs années, et ce qu'il gagna d'un cöté par la Peinture, en exécutant des plafonds et de grands ïableaux dans différents Hotels, et chïïz lui en morceaux dechevalet, retourna en partie au profit de la Peinture, a qui il f'or- moil des Artistesj on sent combien il falloit quM fut laborieux, pour suffire a faire de pareil- les libéralités. Voyant diminuer Ie nombre des acheteurs
dans la Ville d'Utrecbt, parce qoe toutes les Bldisons en étoient pleines, et sachant que les curieux de Ia Haye désiroient d'avoir de ses pro- duftions, Iloel se détermina a y aller en 17^4. Ses espérances ne furent point trompées; il fut surchaigé d'Ouvrages, et quoiqu'agé déja de 66 ans, il fit têle a tout, et montra dans son travail et dans ses compositions toute Taftivité et tout Ie feu d'un jeune homme. Son flls Guerard Hoet y étoit établi, et y faisoit Commerce de Tableaux et de curiosités. Hoet Ie pere ne crai- gnit point ces pieces de comparaison des plus grands Maitres : il vint a bout d'une entreprise qui fut admirée : il représenta dans sept parties d'une salie assez grande pour avoir servi de Sy- nagogue, les vertus chrétiennes sous les figures de belles femmes portées sur des nuages avec Ie caraclere du visago et les attributs qui pouvoient les designer; les fonds au dessous avoient des Paysages excellents et d'une variété singuliere, On vit avec étonnement, dans un age aussi avance, la touche la plus facile et Ie génie de la jeunesse. Tant |
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Flamands, Allemands et Hollandois.
Tant de travaux cependant 1'épuiserent: un , 648.
an avant sa mort il ne put plus sortir, mais cctrc foiblesse ne passa point jusqu'a son esprit : il soutint eet état de privation avec la plus grande fermeté. Son fïls et sa fille digne d'un tel pere, en eurent Ie plus grand soin; enfin il succom- ba Ie % Décembre 1733. Les talents de Guerard Hoet sont connus de
tous les Amateurs de 1 Europe. Il composoit avec beaucoup de génie : ses Ouvrages mon- trent sa vaste érudition; il avoit particuliere- ment étudié les usages et les coutumes des an- ciens. Ses petits Tableaux ont beaucoup de fi- nesse dans la touche; sa fonte de couleur et son pinceau flou augmentent Ie précieux de tout ce qu'il a fait dans ce genre. La facilité de ses grands morceaux sembloit avoir du exclure !e fini pénible et de patience des plus petits détails de ses petits Tableaux qui sont assez dans la maniere de Poelembourg et de CarleDujardin. En voyant en Hollande, dans les Eglises et dans les Hotels, des plafonds et des Tableaux im- menses,on admire 1'Arti.stesublime qui s'est livrd a une imagination vive, qui a possédé la belle harmonie de couleur, quiaconnu parfaitement 1'art des opposition des lumieres et des ombre*. A ces qualités réunies, on reconnoit Ie grand Peintre. SidanslesCabinetson considere Ie beau terminé de ses morceaux de chevalet, on re- connoit Ie Peintre précieux. Ces deux mérile«, en apparence presque opposes, font regnrder, a juste titre, Guerard Hoef comme un 'les plus complet» Artistes d'Hoilande, et ce 1 cvt pas une louange mediocre. Un de ses talents fut pres-
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a38 La F ie des Peintrej
presqu'un défaut : il ent 1'imagination si vive,
et la mémoire de tous les objets si présente qu'il n'eut Ie plus souvent aucunbesoin de consulter la nature; pratique d'un dangereux exemple. Son génie lui en tenoitlieu; il imaginoit, il composoit et finissoit en même temps un Ta- bleau. Voici une liste abrégée de quelques-uns de ses Ouvrages les plus connus. M. Ie Chanoine Baut, a Gand, a de lui deux
Tableaux, avec beaucoup de figures Irès-finies. A la Haye, M. Fagel, deux Tableanx du
même; 1'un est une Diane aux bains, et 1'autre représente une Sainte. On voit chez M. Ie Lor- mier quatre autres Tableaux, 1'enlévement des Sabines: la paix entre lesSabins et lesRomains; Ie Sacrifice de Didon, et 1'Histoire de Séleucus. Chez M. van Béteren, Alexandre épousant Ro- xane : Cléofas accompagnée de ses femmes, présentant du vin a Alexandre après la prise de la Ville deMazaga ; dfins deux autres Tableaux, il a peint des ruines d'Archite&ure et plusieurs figures; M. Ver schuuring a du même une danse de Villageois. A Roterdam, M. Lèers en a deux Tableaux
avec figures: et M. Bisschop un Tableau repré- sentant Clélie qui passé Ie Tibre a la nage. |
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JEAN
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Flamands, Allemands et Hollandois. a3g
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JEAN BRONRHORST.
BRONKHORST néa Leyden en 1648, est
un exemple assez convaincant qu'un h me né pour un Art, peut quelquefois y exceller sans Maitre ni modele; que cette même nature se montre aux uns a découvert avec tant de prédile&ion qu'elle ne leur cache rien de ses beautés, tandis que da utres la cherchent inuti- lement, et ne parviendroient a obtenir aucune de ses faveurs, sans Ie secours des Maitres, qui leur apprennent a les mériter. Bronkhorst, agéde 13 ans,eutle malheur de
perdre son pere; il fut place par sa mere chez un de ses neveux, Patissier a Harlem, et dans la vue de procurer a ce jeune homme une pro- fession qui put Ie faire subsister. Ce fut en 1670 que notre nouveau Patissier
se maria dans la Ville de Hoorn, oh il s'étoit établi. Devenu son Maitre, et suivant son pen- chant il se mit sérieusement a dessiner et a peindre. Il paroit, suivant tous ceux qui ont parlé de ce prodige, que sans autre guide que son génie, il copia des oiseaux de toutes espe- ces d'après nature, et que bientöt on les lui vit peindre a gouasse. Il disoit, en plaisantant, que s'il faisoit de la Patisserie pour vivre, la Peinture étoit son unique amusement. Il est mis par les Connoisseurs au rang des meilleurs Pein- tres a gouasse; il a copié, d'après nature, tous les oijeaux connus avec une vérité singuliere. La finesse de son travail représente admirable- ment
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24<> La Vie des Peintres, etc.
ment la légéreté et Ie luisant des plumages. Un
des plus surprenants mérites de ses petits Ta- bleaux, est une grande harmonie qui accorde parfaitement ses fonds avec les objets qui sont sur Ie devant.On connoit de ce Maitre un grand volume plein de Desseins, parmi lesquels il y en a de coloriés. |
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CORNILLE
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CORNILLE
HUYSMAWS," ÉLEVE
DE JJCQUES VAN ARTOIS. U YFM A NS, surnommé Huysman-----—
He i\ja/inrs, n;jqnit a Anvers en '640.
1648: il étoitfü.s d'nn Architede " qui avoit de grancles < ntrcprise.s; il Ie destina four Ie remplacer, mais il perdit fort jenre son pere et ?a mere. Son onele , qui prit ioin de lui. Je pla^a chez Gaspard de Wit ; il .-ipprit ici a Tome III. Q peindrq |
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a_'|2 La Vie des Pcinlres
164P. peindrele Faysage. On croit qu'il s'avanca plus
Mm lui seul a copier la nature. Quolques Tablcaux de Jacques vanArlois firent snr lui tant d'effet, qu'il filla Ie chercher a Rruxelles. Il fut recu de ce Maitre, etbientót employé ponr lul dessiner des vues et des études dans la Forêt de Soi- gnies et dans les environs. Les Desseins qu'il fit pour Artois lui out égaletnent servi : il devint un bon Peintre. Dans Ie voyage que VanderMeulen , Pein-
tre de Batailles, fit en Flandres, il ne put assez louer Huysmans et ses Ouvrages; ils ne se qmt- terent point; il fit les plus grands efforts pour l'engager a Ie suivre a Paris; il lui ofFrit une pension considérable et des honneurs. Vander Meuten fit encore des tentatives, étant a Paris, pour l'engager a Ie joindre. Huysmans s'excusa sur ce quil ne f^avctt pas la langue Francoise, II fut s'établir a Malines, 011 il a toujours de- meuré : il fut fort employé, et ses Tableaux furent portés par-tont. 11 avoit toujours suivi la maniere de son Maitre , et elle lui réus- sit: mais il s'en forma une depuis bien supé- rieure. Il travailla avec une grande assiduité, lor^qu'au mois de Décembre 1726, il fut pris d'une foiblesse : il tra?na depuis jusqu'au premier Juin 1727, qu'il mournt agó de 79 ans. Ce Peintre est place dans la classe des pre-
miers Paysagistes de la Flandre. Sa maniere est dans !e gout d'Italie \ sa couleur est vigoureuse et sa touche excellente. Tl peignoit, dans ses Paysagcs, des figures et des animaux; ses fa- briques, sesarbres, ses cieis,seslointains, tont est
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Flamands, Allemands et Ilollandois. 243
est plein de mouvement et de vmté. Il a fait 1648.
des Paysages pour les fonds des Peintres d'His- t«—-r toire, et dts figures pour les Paysagistes. Il a rendu un plus gran.1 .service encore a d'autres Artistes, il a retouche leurs Tableaux qui ne sont plus reconnoissables: j'en ai vu de Minder* hout. $Acht-SchtlUng et de van ,-lrtois, qu'on ne devine plus, etcependant d'uncgrande beau- té. II avoit un talent particulier a rendre des montagnes : on y croit voir la mousse et Ie caillou se détaehrr. Il a une f.con de faire qui n'est qu'a lui; les premiers plans ont plus de rapport avec la couleur de Rembrant qu'avec tont autre Peintre. Nous avons vu a Malines, chez Ia fille de ce Peintre, un nombre de bcauX Tableaux de lui, qui composent un Ccibinet en entier. Voici nne courle Jiste de ceux que nous connoissons de lui. On trouve a Maliiles, dans 1'Eglise Collegiale
de Notre-Dame, les Disciples d'Émmaiis; deux grands et beaux Paysages. Dans TEglise desRe- ligieuses de Le/iendaef,, deux grands Pavsages, un par Minderhout, 1'autre par Pan Artois t tou.s deux bien retouches par Huysmans. A Anvers, chez M. vanSchorelde Wilryckt
un grand et beau Pdysage, avec des figures. A Gand, chez M. Harnerljnck , deux Paysa-
ges, avec figures et aninuiux-Chez M. vanTj- g/iem, deux Paysages, avec figures. Dans Ie Cabinet du Prince Charles, a Bru-
xelles, deux Paysages, avec dis figures. Chez M. Ie tortuur, a la Haye, deux Pay-
sages, avec des figures et des animaux. Q 2 Chez
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a44 La Fie des Peintfes, etc.
1648 Chez l'Ele&eur Paiatin , on voit une assem-
^■y blée de personnes distinguées, dans un Paysage agréable.
Et a üonen, chez 1'Auteur de eet Ouvrage,
tin grandPaysage, avec desfigures : eest la vue du Mont Roussei, prèi de Louvain. |
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AUGÜSTIN
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AÜGUSTIN
T E R W E S T E N,
E L E V E
D E GU1L LAUME I) O UDYNS. |
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ERWESTEN naquit a la —----
Haye Ie 4 Mai ƒ649. Son incli- '"49-
nation pour leDessein se mani- ' —"" festa-, dès sa tendre jeuncsse, parson application acopier des Estampes,.' ans Ie recours de per- 11 dessina ensuite d'après des figures do et enfin, il parvint a les modeier en ne dut qu'a lui-même cette édtication QX «
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sonne.
platre; eire. Il |
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2 46 La Vic des Peintrés
1649. et ce progrès dans un Art difficile. Sa facilité a
*■—-m model'T Ie fit essayer de cizeler; il y réussit si parfairement, que Ion lui confia a exécuter des üuvrages de conséquence en or et en ar« gent. Ce talent, en mêiue-temps lucralif, ne laissüit pas son nom dans l'obscurité ; mais ce n'étoit pas a.-sez pour lui, ógt'1 environ de 20 ans, il ne se contenta plus de formcr quelques fïgures sur les métaux, il ent d'abord a essuyer une grande contradicYion de la part de ses pa- rents; ils lui objefierent en vain qu'il n'étoir pas raisonnab'e de quitter un Art dans lequei il étoit «n des premiers, pour un autre dans lequei il n'étoit pas sur de réussir; mais s'il rtstoit Cize- leur, il s'agissoit de Ie marier : et a son age il aima encore mieux s'abandonner a son gout opi- nialrepour la Peintnre, que de s'exposer si jeune a devenir Ie pere d'une nombreuse familie. Il fut donc pkicé chez v.n Peintre appellé W^ielingj i! ne put rester que deux ans chezceMaïtre qui, nommé Peir.tre de 1'Eleöeur de Rrandebourg, partit pour se rendre en cette Cour. Deux au- tres années que Terwesten passa dins l'Ecole de Gu/llaitmc Doudyns, acheverent de Ie mettre en état de travailler de lui-méme, et de voya- ger: il travcrca 1'Allemagne et fut a Rome; il y rtud'm Irois années avec la plus grande ap- pücation. II passa dela a Venise,oü il séjourna quelques ir.ois, avec la même attention et Ie même fruit. Très-peu content de cc qu'il avoit fait, et par
ce qu'il avoit vu. i! qnitta l'Italie 3 visita la Francs et 1'Angleterre, el aprèssix années d'ab- eence il retourna chez lui en 1678. Tres-
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Flamands } Allemands et Hollandois. %^i
Tres capable de traiter 1'Histoire, il fut em- 1649.
ployéa peindrc d^s plafonds, des galeries et des appartement^; entr'autres on cite Ie beau sal'on de vi. Baarthout van SHngelandt, a Dort: il Ie rempüt de Ti'bleaux, dont Iessujots sontti- rcs d'Ovide, et oü 1'Auteur a fait briller soa génie abondant, et 1'exécution la plus facüe. Uniquement ocenpé de son Art et des moyens
qm conduisent a la perfeöion, il eut a craindre, un moment, la chtite prochaine de rAcadémie de Peinture a la Haye; mais ses soins et son arcleur, qn'il inspira pour Ie maintien de eet établissement, lui rendirent sa premiere activité. Tcnvesten étoit trop citoyen pour ne pas sen- tir 1'émulation qui en résultoit pour les Eleves, et irop instruit pour n? pas comprendre que dans !a feience pénible d'imiter et de représen- ter la nature, il y a continuellement a appren- dre pour les plus habiles. L'Eledeur de Brandebourg, depuis Roi de
Prnsse, demanda Tenvesten, et 1'honora de Ia qualité de son Peintre : c'étoit en 169O. La grande faciüté de peindre de eet Artiste plut tel- lement a ce Prince et au premier Ministre Dan- lelman, qu'il re^ut de 1'un et de 1'autre, chaque jour, de nouvelles marques de bienveillance. Nous avons f.iit voir dans la viede/F"er;i(?r, que ce dernier avoit óté nommé Diredteur perpétuel tii 1'Académie , a la sollicitation de Tenves- ten , mais que Ie caradere inquiet de PVerner lui avoit attiré des desagréments de la part des Artistes, et avoit déplii au Roi et a son Minis- tre K.olb de Wartenberg. Les vues d'une ambi- tion déplacée firent écrouler nne fortiine que Q 4 Werner
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148 La Vic eJes Veintrei
164"•■■ fVerner ponvoit rendre stahle, s'il avoit eu
d'é!evei et d'< tablir line Académie a 1'instar de ceile de Peinture de Pans, int reservée a Ter- vestev ; ;! ent les ordres d'en faire les de.vseins, et de b tir les appartements convenables a eet obj t : en voici la description. Le premier appartement ervoit a faire copier
Ie des^ein aux commer^ants. Le deuxieme ctoit destiné a dessiner d'après
la ronde bos^e. Dans le troisieme, les Professeurs et les au-
trei Officiers s'a s^mb'oïent. Le qnatrieme ctoit 1'Ecoie de l'Arcbi£lnre
civile et militaire, de la Geometrie et de la Ferspt£tive. D \:\^ le cinqnieme on enseigroit d'nprès le
irodcle vivani, et on monrroit le beau cnoix et le jeu des piU des drnper ies : et un Professeur particulier y donnoit des lecons d'Anatonue. Le sixicme ctoit ]|n sa'lon très-spacieux de
forme ov;le, entouré de figu-esde platre posées snr des piedi rnonvants, facties a tourner et a tranrport^r pour a commodité des Eleves. Cette colkétion, KOülée sur l'antique, avoit cté en- voycg de Rome par E/in Tenre^ten, sonfrere, bon PtintreHii-même, qni eloit in Italië, etqni avoit d. hete pour 1 F.'efteur de Brandebourg le beau (kabinet de Sculptiue de Pierre Bellori. Cetédifico Hchtvé et tont mis cnordre danscha- queSa le, le Prince bonora ce nouvel établisse- ment de sa présence. [1 s'y i endit avec les princi- paux de .«a Cour, le visita et en fut satisfait: il nomma son premier Ministre, M. Danke.'man Direöeur,
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Flamands, Allemandt et Hollandois. a4o
DireOeur, et Terwesien premier Professeur en 1649.
chef. On ne restoit qti'un certdn temps en cette •%— place; ma's Terwesten qui s éloit concilie la fa- veur des Grands, et l'amitié deses égaux, y fut nommé trois fois pendant sa vie. Sa grande as- siduité et son application, userent ses forces, et avoncerent sa mort. Il décéda Ie 2r Janvier 171 r, singulierement regretté. C'est Ie prix du talent el du mérite personnel. Ce Peintre avoit iinbeau génie, et peut être égalé aux meilleurs de fon temps pour FFJistoire; son dessein est correft, et sa couleur naturelle. On ne peut être plus facile qu'il Ie fut dans l'exécution; voici un trait de sa promptitude de travail. Houbraken accompagné de de Gelder Pein-
tre , et d'Henry Noteman Sculpteur, visiterent un jour Tenvesten, dans Ie temps qu'il peignoit Ie sallon de M. Baarthout van Slingelandt. Après avoirvu sps Ouvragec, i!s voulurent 1'en» gager a venir avec eux a ia promenade: il s'en exensa sur ce qn'il avoit encore queique chose a faire, et les pria de Ie prendre une heure après. lis revinrent au temps marqué; mais qu'elle fut leur surprise de voir entiérement ébauché un grand Tableau, avec trois 011 quatre fl^ures, dont 1'esquisse n'étoit encore qu'ii la craie, lors- qu'ils 1'avoient quilté. Ce Peintre avoit un esprit d'ordre qui suffisoit a tout: on Ie remarque dans la réparfition qu'il avoit faite des Classes de 1'Académie, et dans !e choix de chacun de Jeurs différents Profes^curs. Mais ce qui fait I'éloge de sa modestie, et
de ia douceur de son caraciere, c'est que, mal- gré la supériorité de sa place sur eux, il ne leur
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. . La.Vie des Peinlres, etc.
' s, leur donna jamais aucun sujet de s'en apperco-
vo\v. II ne se distinguöit que par 1'assiduité et Je zele d\in Professetir incapab'.e de manquer a ses devoirs. La pkpart des Ouvrages de ce Peintre sont
en Aliemagne, et homs avons indiqué plus haut et dans un assez grand détail, les lieux les plus connus oü 1'on les trouve. |
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JÉAN
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J E A N
VOLLEVEN S,
É L E V E
DE JEAN DE B A E N. O L LEVENS, naquit a Ger- —
truidenberg en 1649, et non Pas en 1650, comme Ie mirque Hou- ^^ braken. Le premier Muitre de Vol levens e ft Ntco/as Maas. JeandeBeten ent Ihonneurde le former et de le rendre digne de !e remplacer. La vogue du Maitre fit la fortune et la gloire de I'E- leve : quelques copies qui réiuTirent, le mirent en
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2 Sa La Via des Peintres
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IÓ40. er* efnt ^e peindre les habillements et les fonds
des Portraits de Baen. Jamais Maitre n'a re^'u autant desecours de fon Eleve que celuici. Il dotibloit p e-que Ie profit que pouvoit faire de Enen qui n'ctoit p;is fi labotieutque fon Eleve. On vit enfin Voüev.ns presque égal a da Baen. avanl de quitterson Ecole. F.n 1672, après avoir travaillé pros de hnit
annces chez </e Boen, il quitta ce M ilre pour effr>yer de mériter nos é'oges par les bons Por- traits qu'il a faits depuis. Le Prince de Cour- lande fut uu des premiers qni cmploya fon pin- ccau; tous les principaux Officiers de son Ré- fÏTient fe fii enr aufTi peindro : fes fuccès lui procurerent le.sPortraits du Gomte et de la Com- teffe deNaffan; les Officiers de fon Regiment fe firent peindre, ainfi que tous ceux du Két»ï- nnent du Colonel Perzival, et du Génér.il de Lanuoy. Volievens auroit peint une armee ea- tiere. II. fit tous ces Portraits depuis 167J jus- qu'en f685. En 16Ö6, 1 Envoyé d'Anglet<rre, M. Schellen, fa femme et fes deux fl s fe firent peindre en pied de grandeur de nature. Le Prin- ce de Naffau, Sratouder des PiovincesdeViief- landt et de Groeningue, out auffi fon Porrra't en pied. On regrette encore ce'111 de Safomon Parera, qui étoit repréftnté a cheval et fon Secrétaire qui lui remet urn1 Lettre, l^e beau Tableau fut ród lit en eendre, aiuli que la belle Maifon de ce Seigneur. Nous ;ib.égeons beaucoup la lifle des Por-
traits qn'il fit a'ors, tant des principaux de la Hollande que d.s Etrangers, qui ont porté fa reputation dans 1'Europe, et qui ont auffi con- tiibué
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Flamands, Allumands et Hollandois. 2 53
tribué a une fortune honnête, bien méritée par
fon affiduitéau travail, et fa bonne conduite. Il avoit (;poufé Madcmoifelie Gezcl/e, iffued'une ancienne familie bourgeoife , avec laquelle il ent doux fils : 1'ainé, cncore vivant, appr^che de pres du mérite de fon pere. V~oliei>eiis eft mort a la Have en J7I0, agé
de 79 ans, aprèsavoir été tourmemé de l;i gra- velie et de la pierre pendant bien des années. CePeintre avoit 1'artdebien faire refleiï.bler;
fa grande faciiité a bien aidé a laiffer a fes On- vrages une fraichenr qui en fait un mérite: fa couleur elt naturelle, il favoit difpofer fes figu- res avec avar.t:ige, et tous fes Ouvrages inJi- q'ient, par les effcts qu'il avoit éiudiés dans les grands Maitres,le principe de l'hannonie. |
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REINIER BRARENBÜRG,
ÉLEFE DE HOMMERS.
BTIakenburg a peint fes fujers comme
Bruinier, qui reffembloient parfjitemenr a Ion caraöere, et.'i fa maniere de, vivre.Il naquit dnns la Ville d'Haerlem en 1649; il eut pouc Maïtre Mommevs bon Payfagifte. Houbrakcn croit, après d'aurres , qu'il avoit auffi étudié chez Bernard Schendél. Il eft conftant que sa maniere ne tient d'aucun de ces deux Artiftes. 11 paroit qiril a eu en vtie les Ouvrages d'Os- tade. Il a même réuffi a faire des imitarions da la maniere de ce dernier, qui onl mérité 1'efti- me
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9.54 La Vie des Peinlres
iO-,y. me générale. Brakenburg avoitl'efprit enjoué;
il e ft compté partni les Poëtes de fon pays; il étoit accablé d'Ouvrages qu'il vendit ener; il gagna plus qu'aucün Peintre de fon temps; il iainioit tous les plaifirs qui arïe&oicnt fes fens. Nous i'avons peu d'évenements de fa vie : il y a même lieu de croire, a voir fes Ouvrages, que nous y perdons très-peii. Il a vécu dans la Province de Frife, oü il cft mort, fans favoir en quelle année. Reuxier Brakenburg a exa£tement peint les
modes de fon temps. Ses Tableaux repréfen- tent (les affemblées, tantöt de Payfans, rct plus fouvent de families aisées. L'amour étoit tou- jours de la parlie, et Ie vin; mais rarement s'ett-il donné la peine de voiler ces plaifirs au- tant qu'il convient a qiielqu'un dont les Ou- vniges paffent dans Ie Public et a la poftérité. Ses compofitions font ingénieufes, bien variées, excepté les Adeurs qui paroiffent toujours les mêmes. Ses grouppes, quoique nombreux, font bien lies. U intéreffe les Artiftes a 1'examen de fes Tableaux. S'il repréfentoit des appartements, des campagne?, les détails y étoient, felon les circonfbnces, et auffi étudiés que les figures. Tont cft peint d'après la nature. Sa couleur eft vigoureufe et naturelle, fon pinceuu flou, et fa toucHe vive et pleine d'efprit. Il y auroit quel- quefois a defirer un meilleur gout de deffeir. Les Tableaux de fon dernier temps font fou- vent ncgiigés. fur-tout les mains qu'il ne faifoit que de pratique. Ce Peintre, bien au deffous de Mie/is, aura cependant toujours une place très-honorable dans la Peinture : voici quelques Tableaux
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Flamands, Allemands et Hollandois. 2 55
Tableaux de lui, qui commencent a étre con- 1640.
nus en France. ~^—mm On voit a Paris, dans Ie Cabinet de M. Ie
Comte de Vence, un Tableau repréfentant un Savoyard qui montre la curiofké. On y décou- vre une foule de monde de tous les ages : la fcène eft dans la rue. A Kouen, chez M. Haillet de Couronne,
Lieutcnant-Général-Criminel, deux petils Ta- bleaux : 1'un repréfcnte une affe/nblée des deux fexes, avec des fables de jeux; une Dame qui entre dans lemême appartement. L'autre eft un homme affis pres d'une jeune femme qu'il careffe de pres : quelcjues figures dans Ie fond. Chez M. Brochand, Auditeur de la Chambre des Cornptes de Paris, deux Tableaux confidéra- bles; 1'un repréfente une débauche entiere; Ie vin a fait une vive impreffion fur toute 1'affem- blée; la pudeur y fait place a la liberté : l'au- tre eft a pen pres demême; les inftruments y excitentles p'aifirs déja trop libres. Ce font les plus abondants en figures que nous connoif- fons de ce Maitre. Deux autres dans Ie même genre , chez M. Horutner Ie jeune , Négo- ciant. A Ia Haye, chez M. van Jléteren, une aiTem-
blée de Payfans dans une cuiiine; un autre Ta- bleau repréfenle 1 Enfant Prodigue gardant les cochon<; ; Ie fond eft un Payfage. Chez M. H. VerM huuring, un Tableau repréfentant un Pein- tre devant (on chevalet; pres de lui font des en- fants. Dans ia même chambre eft une nouvelle accouchée. Chez M. Brctamkamp, a Amsterdam, une
Kermefle
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La Vie des Peintres, etc*
011 Fête de Village, avec beaucoup de
figures, &c. Chez M. van Schorelde TVilryck, a Anvers,
deux Tableaux : ce font des converfations. Et a Bruges, chez M. ds TV'aepenaert, Eche-
vin au Franc, deux jolis Tableaux très-fins. |
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JEAN
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__ ._.
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JE A N
VERKOLIE. E R K O L I E est a juste titre
!au nombre des grands Artistes de la Ville d'AmsterdHm : il naquit Ie 9 Février 16>O. Son pere étoit Serrurier; et sansun accident qui lui arriva dans sa jeunesse, celui dont nous donnons 1'Histoire auroit été élevé dans Ie Métier pénible de son pere : agé de dix ans il fut piqué d'une aiguille au talon; la douleiir médiocre qu'il en ressentit lui fit négüger cette blessure légere en apparen- ce, maisqui devinttrois mois après si st^rieuse, qu'il pensa en perdre la iambe et la vie : H resta Tome III. R pres |
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2Ö0 La Vie des Peintres
pres de trois ans au lit. C'est dans ce temps d'en-
nui que Ton lui procura tout ce qui pouvoit 1'amuser, il n'y eut que les images qu'il copia; et enfin, on lui donna des Estampes. Il retrouva sa santé, et en même-temps il découvrit qu'il étoit né Peintre. 11 ne se contenta plus de copier les Estampes,
il apprit seul, par Ie secoars des Livres, la pers- pecYive en moins d'un mois. Ce fut alors qu'il essaya de peindre a J'huile, sans Maitre, com- me il avoit commencé Ie dessein. Il se proposa pour modeles les Ouvrages de Guerard van Zeyl, connu sous Ie nom de Guerard. 11 épia de si pres la marche de ce Peintre, que ses co- piesont trompé quelques Amateurs. JNotre jeune Eleve sentit qu'il perdoit du temps, en voulant apprendre de lui-même des choses qu'un Maitre peut montrer en peu de lec,ons , sur-tout en ce qui n'est que de pratique. Il alla donc trou- ver Jean Lievens, Peintre habile, et en fut rec,u avec joie. Ce Lievens avoit acheté quel- ques Tableaux ébauchés de Guerard, restés après sa mort, et il trouvoit 1'occasion de les faire finir par Verkulie qui avoit toute sa ma- niere. Verkolïe fit une épreuve encore plus har- die de son talent a imiter; i! composa un Ta- bleau dans Ie gout du Maitre qu'il avoit déja si heureusement copié. Cette imitation étoit si bien faite, que Lievens ayant invite des curieux a Ie venir voir, et élant sort'i un moment pour affaires, ils dirert entr'eux et en pré<»ence de P^erko/ie, cotnment sepeut-il que ce Tableau soit ici} Guerard est mort, et cevtainement Lievens est incapable dejaire ausii bien. Cet aveu
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Flamands, Allemands et Hollandois. 261
aveu apprit a Verkolie ce qu'il valoit, et re- \(,t0.
doubla son application. Il quitta Lievens après - avoir appris de lui en six mois ce qu'il en pou- voit apprendre. En 1672 il se maria a Delft, oü il a toujours
demeuré. Il fut heureux, parce qu'il fut sage, et qu'il ffut profiter d'un grand talent. Quelques Portraits qu'il eut occasion de faire, lui en pro- curcrent un si grand nombre, qu'il ne put pres- que plus rien faire dans Ja maniere qu'il s'étoit appropriée; inais par sa conduite il se procura tant d'amis et tant de considération qu'on lui donna d'une voix unanime Ia Charge d'Admi- nistrateur des Pauvres. Dans ses moments de loisir il composa quel-
ques sujets d'HLstoire : on ne les voit qu'avec étonnement, quand on réfléchit au peu de temps et de secours qu'il a eu pour apprendre, et com- bien peu il a eu d'occasions d'étudier les gran- des parties qui conviennent a un Peintre d His- toires. On a de lui Ie Tableau de Vénus et Ado- nis; d'une Pénitente a genoux, éclairée diine lampe; d'un Berger et une Bergere, et un trom- pette qui méritent 1'attention des plus connois- seurs : il les a gravés de sa ma in, en ce qu'on appelle maniere noire; talent qu'il s'étoit encore donné de lui-même, et dans lequel il s'est dis- tingué. Il est mort très-jeune a Delft en 1693»'a'ssant
une veuve, trois filles et deux garcons. L'aïné Nicolas sera cité parmi les bons Artistes: les au- tres Eleves de ce Maitre sont Thomas Pander- wilt, Peintre de Portrait, de Delft; JeanVan- fct, aussi Peintre de Portrait, deDelfr, R 3 mort
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La Vie des Peintres
1Ó50. mortaLondres; Albert Vanderburg, aussi de
>fir Delft, et Peintre de Portraif, H<nry Stèen- tvinkel, Copiste habile, et Guiliaume Vers- chuuring. Verkolie avoit une bonne couleur et un pinceau flou; son dessein, sans finesse, a pourtant assez de corre&ion; ses compositions sont ingénieuses, et il aimoit a peindre des as- semblees, des festins, ou des sujets galants, ainsi que Guerard qui avoit été son modele. 11 pas- sera toujours pour un Artiste singulier, qui a tout vu, tont concu sans Maiire. Ses Tableaux très-estime's se trouvent dans les Cabinet d'Hol- lande et d'Allemagne. |
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JAGQUES KONING,
É L E V E
D'ADRIEN FANDEN VELDE. KOning étoit Eleve d'^drien Vanden Vel-
de : il a lon<ï-temps peint dans la maniere de son Maitre; il faisoit Ie Paysage avec beaucoup devérité,et des figurines et des animaux tou- ches avec esprit. Les succós dans ee genre Ie eondnisirent a
essay er de composer VHistoiie: il y réussit assez bien, pour que sesOuvr.igesfuisent transportés dans différent^ Pay . ï ,e R01 de Danemarck Vut- tira a sa Cour : on ne fcait s'il y est mort. Nous ne connoissons point ses Ouvrages, rien de plus obscur; mais sur leur réputation, nous pouvons assurer qu'ils ont mérité 1'estime des Connois- seurs et des Artistes de son pays. |
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Flamands, Allernands et Hollandois. a63
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]N. DROOGSLOOT.
D ^OOGSLOOT est, selon les uns; né a 16 ?o.
Gorkum, et .«.elon d'autres, a Dort. On lcait trop peu de détail de la vie de ce Pein- tre, pour s'arrêter a déterminer ex;>&ement Ie lieu de sa naissance. Nous connoissons assez ses Ouvrages pour en dire notre xentiment; la plu- part rtprésentent des vues de HoJlande, des fêtes ou kermesses de Village, ou Ie local est très-exaft : on 5- reconnoit les différents endroits qu'il a représentés. Il a rendu ses Tableanx amu- sants dans ces Foires, par une multitude de Mar- chands et de spe&tateurs. Ses Tableaux sont as- sez bien entendus pour la couleur; tnais un peu de sécheresse dans ses figures en diminue Ie prix. On ne ficait oü il est mort, ni en quelle année. M. Brochant, Auditeur de la Chambre des
Comptes de Paris, possede a Rouon, deux Ta- bleaux de ce Maïtre : 1'un représente une fête de Viilage; et 1'autre un Village pillé par des Soldats. |
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R 3 JEAN
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264 lia Vle dos Peintres
JEAN VANDER BENT,
ÊLEVE DE WOTJWERMANS.
VAnder Bent naquit a Amsterdam : on
croit que ce fut en 1650. II mourut a 40 ans. Il eut pour Maitre Pierre Wouivcrmans , et depuis Vanden Velde, c'étoit Ie moyen d'être un grand Peintre. Nous ne connoissons point ses Ouvrv-ges, mais les Auteurs assurent qu'il com- posoit dans leur même maniere, et qu'il avoit la touche et la couleur de ces deux Maitres. Les nommer tous deux, c'est faire son éloge. Bent menoit une vie retirée; il ne se maria
point; il demeura chez un Hóte qui, dit-on, lui vola 4000 florins; c'étoit Ie fruit de son travaii. Cette perte qu'il auroit pu réparer par ses talents, lui fut si sensible qu'il en mourut de douleur en 1690, regretté de tous ceux qui 1'avoient connu. |
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MATHIEÜ WYTMAN,
ÊLEVE DE BYLAERT.
WYtman né en 1650, dans la Ville de
Gorkum, eut pour premier Maitre Henry V~erschuuring, et continua ses études sous Jean Bylaert qu'il alla trouver a Utrecht. Co dernier Maitre fut surpris des progrès de son Eleve en différents genres. FVyiman, ayant remar- qué
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Flamands, Allemands et Hollandois. a65
qué que ceux-mêmes qui ne faisoient que bien i6?o.
copier Ks Ouvrage.s du cè\èbreNetscher. étoient • sürs d'une assez grande fortune, s'y appliqua et y réussit. 11 fit mitux, il composa dans la memo manie-
re; il fcnt en belür ses Tab'eaux par les fonds agi éables de Paysages riants, qu'il finissoit beaucoup, et avec urie couleur naturelle. Il se mit a la fin a peindre des fleurs et des fruits : il y a apparencc qu'il auroit surpassé ceux qui avoient travaillé en ce genre , si la mort ne 1'a- voit enlevé encore fort jeune en 1689. Ses Ou- vrages, sans avoir Ie mérite de ceux des pre- miers Maitres, ne font pas indignes des plus beaux Cabinets, et lui ont mérité une place parmi nos bons Arti>tes. |
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MARIENHOF.
M\rie\'HOF naquit a Gorkum en 1650 : on
:<e fcait quel fut son Maitre. Son talent étoit de copier les Oiivrages de Rubens jusqu'a tromper; et quoiqu'il y eut un mérite non mé- diocre a imiter si parfaitement, qu'il n'eutgue- res d'égaux, il ne seroit point mention de lui dans eet Ouvrage, s'il n'avoit composé dans la suite, en petit, entierement dans Ie gout du mê- me Maitre. Je ne parle jamais de ceux qui n'ont rien fait d'eux-mêmes, ils sont rares. Un Ar- tiste, qui a pris Rubens pour son modele, qui a saisi sa maniere, qui a deviné sa couleur, n'est pas assurément indigne de trouver sa place par- mi les Peintres. R 4 II
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La Fie des Peintres
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1650, U quitta Urrecht oü il demeuroit, et fut a
"muküv Bruxeües oü il s'est marie, et y mourut jeune, sans qu'on fc. iche en quelle année. |
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PIERRE REÜVEN,
É L E V E
DE JJCQUES JORDAENS. REuven se!on Hou braken, Ruyven sni-
vant TFeyerman, naquit en 1(050 : il ótoit encore Peintre médiocre, lorsque Jacques Jor- daens se chargea de lui montrer les secrets de son Art. Ii acquit une facilité presqu'incroya- ble a composer et a peindre; les sujets d'His- foire qu'i! a très-bien traites, lui ont mérité un grand nom. La Maison Royale de Loo est em- beiliede plusieurs beaux plafonds, et plusieurs sallons de ce Paiais sont ornés de ses Tableaux. Dans la maison de 1'Amateur, M. de la Court Vandervoort, a Leyden, il se voit un plafond de Rcuvcn, composé avec feu, et d'une belle fagon de faire. On donne do grands éloges aux ares de triom-
phe qu'il composa, et qu'i! exécuta a la Haye, lors de 1'entrée de Guillaume Iü Roi d'An- gleterre. On marque la mort de eet Artiste en 1718. Il avoit un génie très-fertile, ses compositions
variées et abondanfes. Tout ce qu'il a laissé an- nonce 1'excellence de son coloris, et la liberté de son pinceau, JEAN
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Flamands, Allemands et Hollandois. 267
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JEAN VANDER MÉÉR,
JE ne fcai pourquoi Ips Artistes d'Utrecht"
mettent au nombre de leurs Compatriotes, Jean Vander Méér, quoique né a Schoonho- ven, oü il a presque toujours demeuré. Cette adoption eft honorable ponr lui de la part d'une Ville célébre par tant dilluftres Artistes. On ne nomme point son Maftre; on fgait
qu'il partit fort jeune pour 1'Italie, accompagné de Lieven Verschuur. Vander Méér arrivé a Rome, employa fon temps a 1'étude , sans être diftrait par les inquiétudes que cuufent les befoins et 1'indigence. Son grand pere payoit fa penfion et Ie co^bloit de bienfaits. L'abon- dance oü il vivoit ne fervit qu'a faire éclater la bonté de fon coeur et la génerosité de son ame. Il employoit utilement fon argent, foit a vivre dans la bonne compagnie, fans perdre Ie temps précieux qu'il devoif a fon Art, foit a fecourir ceux de fes Confrères que la fortune avoit traites inoins favorablement : auffi mé- rita-t-il 1'eftime des Italiens, et 1'amitié de fes Patriotes. U qnitta Rome pour fa patrie,oü il eut Is
bonheur d'époufer une jeune veuve fort riche, qui Ie rendit Maitre d'une Manufa&ure de blanc de plomb fort accréditée. Le changement d'état et d'occupation lui fit
quelque-temps négliger fon Art, pour fe livrer aux agréments et a la diffipation d'une mai- fon de campagne, Son bonhenr fut de courte durée,
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a68 La Vie des Peintres
1650. durée, il perdit d'abord une femme qn'il ché-
-^m—r riffoit. Le fléau de la guerre en 1672IC mina; fa riche Manufaöore fut détmire; fa maifon fut pillée et brü ée. 11 < toit bien plus heureux avec un médiocre bien, puisqu'il avoit joui de la con- fidération des honnetes gens, et de la gloire de fon pincean. Voyez la Vie de He Heem, tome fecond, oü j'ai pané plus amplement des mal- heurs de VavHt r Meer. |
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BERNAEKT
VAN KAL RAAT,
ÊLEFE D'J,LBERT KVYP.
LA Ville de Dort reclame parmi ses grands
Artistes Bernaert vanKalraat; il y naquit le 28 Aoüt 1650. Son premier Maïtre pour le Deffein fut fon frere ^ttbraham van Knlraat, et pour la Peinture sllbeu Kmp, dont nous avons parlé. 11 fuivit d'abord les Ou\ rages de celui'Ci; mais fentant qinl eft dangerenx d'imi- ter la maniere des autres pjr la ditficiiité de ies furpaffer , et même de les egaler, et qu'il vaut mieux fe faire un genre i\ foi, en puifant dans le riche fond de la nature, ce qui peut convenir a notre génie, et échauffer notre imagination. Il fe forma a notre gout. H. Za ft-Leven avoit peint quelques vues du Rhin , Kalraat les avoit admirées : il étoit fur le lieu. Ses pro- menades journalieres fur les bords de ce grand fleuve 1'exciterent; il en exécuta quelque Pay- iage*
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Flamands, Allemands et Hollandois. 269
fages d'un beau fini, et ornésde figures et d'ani-
rnaux. Ces morceaux eurent Ie plus grand fuc- ces, et lui ont fait un nom. Ses Ouvrages, quoi- qu'inferieurs a ceux de Zaft-Léven, méritent cependant des louanges, et pour la verité de fa touche, et pour la bonté de fa couleur. lis font plus connus en Hollande qu'enFrance. ROCH VAN VEEN.
VA N Veen étoit fils (TOttoveniusj d'au-
tres pretendent qu'il étoit son neveu. Il quitta la Peinture a 1'huile pour peindre a gouaffe. On ne fcait pas trop pourquoi cette préfé-
rence, car cette premiere facon de rendre les objets eft bien fupérieure pour la force a la derniere. Il eut deux fils, dont il éleva 1'ainé dans fon même talent. lis eurent, entr'autres mérites , celui qui fait Ie bonheur personnel, de vivre unis, fans ambition, et prefque fans voir perfonne. On gagne toujours a cette con- duite, d'exciter moins la jaloufie. Enfin , ils produifirent dans Ie public leurs Ouvrages; ils repréfentoient des oifeaux vivants dans Ie gout de p. Holsteyn, mais bien plus finis. Leurs Tableaux 1'emportent de tous points fur ceux de ce Peintre. Les cuneux rechercherent a 1'en- vie leurs Ouvrages, qui depuis et apres la mort du dernier des van Veen, furent vendus fort cher a Harlem en 1706. On y vit un grand concours d'enchérifleurs pour les Cours étran- geres. Les
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La Vie des Peintres
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1650. Les oifeaux vivants out été imités avec un
>—r- art infini par les van P^éen. Le beau fini fans fé-
chereffe, 1'éclat des couleurs,unelt;géreté dans
la touche qui imite celle des plumes mêmes,
feront toujours rechercher leurs Ouvrages.
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ABRAHAM DE HEUSCH,
(ou Hens) \ÈLEVE DE CHRESTIEN STRIEP.
Houbraken nomm^ ce Peintre Heusch, &
IVeyerman le norome ,rrc><s, nous avons vu des Ouvrages de ce Maitre : 1 ec Ie nom écrit de la premiere maniere, etc'eft, ce mekmble; une raifon décifive pour 1'adopter. Hcusch naqnit a Utrech;, il apprit la Pein-
ture chez Chrestien S/riep. 11 mériie de grands éloges pour la pntience et la vénté avec lef- quelles il repréfente toutes fortes do plant es et d'infröes, dont il y en a de dégoutants dans 1'original, mais qui ceffent de 1'ètre clans leur copie, qui fait plus fonger au mérite de Timita- tion qu'a la laideur de 1'objet imité. Ce talent fupérieur ue put le fixer, Devenu
veuf, il s'embarqua en rjualité de Lieutenant fur un Brulot: il devint Gapitaine. Un fecond mariage le ramena a fon talent et a fou état de tranquillité; il fe retina a Leerdam, oü il vécut de fon bien : il y eft mort Bourguemeftre. Ses Ouvrages lui ont mérité une place diftinguée parmi les Artiftes;on en rencontre cependant moins
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Flamands, Allemands et Hollandois. 271
moins d;ms les Cabinets des curieux délicats,
que ceux de Mieris et des Berchem, &c. En ces années vivoient plufieurs Artiftes dont
les Tableaux font connns et font leur éloge, de la vie et des Onvrages desquels il n'eft point parlé dans l'hiftoire. Je citerai du moins Ie nom d'un feu!, et Ie genre dans lequel il a iravaillé. C'eft Cornille Vander Meulert, Elevede Sa-
muelvan Hoogslraaten : il a trèsbien peint Ie Portrait. |
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JEAN STARRENBERG,
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ET JACQ
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V
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ÜES DE WOLF.
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NOus ne séparerons point deux Artistes,'
Starrenberg & Wolf, que 1'amitié avoit «nis. On ne voit de raifons de leur liaifon, qne d'être nés dans la même Vilie, et d'unefortune femblable ou médiocre, et d'avoirfuivi la même proftffion;car i! n'y eut jamais de caraöeres plus opposés. Autant Starrenberg étoit vif, hardi, gai, conteur agréable, autant Wolf étoit lent, timide, taciturne et mifanlhrope atrabilaire. Siarrenbergpe'ignoït en grand et avoit une belle maniere: mais fes Ouvrages n'étant que heur- tés, ne pouvoient plaire fur Ie chevalet, et ne faifoient leur effet que dans des plafonds et a une certaine diftance. [I avoit tous les talents néceffaires pour ce genre d'Ouvrages, de !a vi- vacilé et de la grandeur dans fes compofitions, unefacilité etune promptitudedans fon travail, qui Ie rendoit lucratif en pen de temps. Wolf
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2 7* &a Vie des Peintres, etc.
1650. Wolf peignoit bien aufli 1'Hiftoire, il étoit
^■—y tres - inÜtruit. et les Ouvrages en font foi; mais toujours retiré, fauvage et mécontent, ni 1'Au- teur, ni fes Ouvragp.s ne furent affez connus de fon vivant. Tous deux étoient de Groningue, tous deux y vécurent, et on croit que tous deux y mournrent; mais leur vie et leur mort furent aufli différentes que 1'avoient été leurs humeurs. Starrenberg y paffa des jours heureux, et les finit vraifemblablement au grand regret de ceux dont il avoit mérité de fe faire aimer. Wolfmé- prifant la fociété, et par conféquent méprifé des hommes, déteftant leur injtiftice , parce qu'il leur donnoit ufi tort qu'il avoit lui-même, de ne pas eftimer affez fes Ouvrages, qu'il leur cachoit. Wolf, de cette humeur noire, paffa au défefpoir et a la fureur; il fe laiffa tomber a la renverfe fur une bayonnette qu'il avoit plantée dans un coin de fa chambre. On vit fes Ouvra- ges, on leur applaudit, et on Ie regrette; mais on leplaignit encore plus. Y-a-t-il une plus grande folie que de ne pas employer fon talent a faire fon bonheur? |
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JOANNE
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\F.wcn del■
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JOANNE
KOERTEN BLOCK. OANNE KOERTEN BLOCK
eft regardée parmi les Hollandois
comme une des femmes les plus célébres de cette nation : il en eft peu fur qui on ait tant écrit. Cette femme illuftre naquit a Amfterdam Ie 17 Novembre ifiyo. On entre vit dès fa tendre jeuneffe ce qu'elle feroit dans fon age mür. Elle apprit rapidement la Mufique, a broder en foie et en fil; elle formoit les let- tres de Técriture comme les Maitres ; elle mo- dela en eire, et moula des figures et des fruits qu'elle coula enfuite, et qu'elle fcut colorier. Elle
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3^4 La fie des Peinlres
j6;o. Ellegravoitavec Ie diarrvmt fur lecryftal et fur
^■mp'e verre, avecune déhcalefle furprenante. Elle ne regardoit tous ces talentsde la jeiinefle que comme des amufements d'enfants : enfin, elle fe mit a peinJre a gonafle, mais d'une maniere nouvelle. Elle copia des Tableaux avec de la foie et des couleurs qn'elle fcut mêler ü artifle- ment, que 1'on ne les diftinguoit que très-difE- cilement. Elle pouffa fi loin cette facon d'imiter, qu'il y a apparence que fi elle s'y étoit unique- mentoccupée, elle auroit égalé les grands Mai- tres, tant elle avoit de difpofition, de courage et de bon efprit; mais elle abandonna ce talent fort fingulier, pour en fuivre un encore plus extraordinaire, et qui lui a cependant mérité une place affez dilHnguée parmi les grands Ar- riftes do fa Nation. On eft faifi d'étonnement, en voyant fes dé-
coupures; tont co que Ie Graveur exprimeavec Ie burin, elle 1'a rendu avec fes cifeaux : elle exécutoit des Payfages, des marines, des ani- rnaux et des flcurs : elle furprir d'avantage, lorsqu'elle fit des Portraits d'une reffemblance parfaite. Cette nouvelle facon d'exprimer et d'imiter les objets fur du p3pier blanc. fit beau- coup de bruit, et excita même la curiofité de toutes les Cours de 1'Europe. Lps Artirtes ne purent affez admirer ce nouveau genre , et cette furprife paffa dans Tefprit de tout Ie monde. On n'arrivoit pas a Amfterdam fans vifiter Mademoiselie Koerten IMock, et fes Ouvrages. Le Czar Pierre Ie Grand, et plufieurs autres perfonnes du premier rang, lui firent le même honneur. L'Eledeur Palatin lui offrit mille flo- rins
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Flamands, Allemands et Hollandois. 2^5
rins pour trois petites découpures, fans pouvoir
les obtetiir. 1,'Impératrice lui comniiinda in trophée avec les ar mes de I EmpereurLéopold I, on y voit des couronnes foutenues par des ai- gles, et autoiir des guirlandes de fl-urs et des ornements rclatifs au fujet. Ëlle recut pour ré- compenfe de ce morcea'i qmtre mille fLrins. El'e fït plus. e!'e déeou>a Ie Portrait de rk'rn- pereur: il ('e voit encore dtins Ie Cabinet de Sa Majefte Imperiale, a Vienne. La Reine Marie d'Angieterre, enfin tous les
Princes et toutes les Princefl -s voukirent orner leurs Cabinets de fes Ouvrages. Elie fit beau- coup de Portrait^; ils font c trop grand nom- bre pour les nommer ici. On foumiroit un pe- tit volume des versfairsen Lalin, en Alicmnnd et en Hollandois a fa lo'iange, ou pour mettre au dcssons de ses découpures. Si céiébnté luia. mérité rhonneur foi t fï'ig ilier, que les Prino-s et les Princefles qui ont été !a voir, ont in'crit leurs nums dans un Regiftre; 11 c'eft Ct- m -me Regiftre curieux , dans lequel Ai ulas f^er- knlie a d^ffiné. a chaque fignature, b' Portrait de la peilonne illuftre qui y avoit rcrit (on nom. Cette dépenfe des Portraits fut faire par sidrien B'orfc, époux de cette femme h bi e tl a fait encore compofer, en forme de vignet- tes - des embl'mes qui, dans Ie niême volume, étoient a la g'oire de cette frmeufe Arrifte: elle mourut Ie 28 Décembre 1715, ngée de 65 ans. Comme perfonne n'a, avant elle, ni depuis,
imaginé ni continue ce genre de tinvatl : elle eft original et uiiique. Ses Ouvrages font d un Tome III. S gout
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aj6 La Vie des Peintres
gout de deffein rrès correft: on ne peut mieux
le.s comparer qu'a la manierede graver dzMel- lan. En les collant fur du papier noir, Ie vuide de ia coupe repréfente (es traits, comme ceux du burin ou de la plume : ils sont tous net, dé- cidés, hardis et fans confufion. La mention que nous faifons de la vie et des
Ouvrages de cette femmo habile, devoit trouver place dans un Livre qui traite des Artiftes de 1'un et de 1'autre fexe, qui ont repréfente avec quelque diftinttion, les objets que nous offre la nature. |
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GUILLAUME YAN INGEN,
È L E V E
D'ANTOINE DE GREBBER. INgen le premier, (surnom qui lui fut
donné a Rome,) naquit a Utrecht, selon Hou- brakenen 1651, et selon Weyermanzn 16JO. Ii apprit les principes de la Peinture dans sa Ville, et devintEleve üAntoine Grebbcr,qm ravan^aassezpourtravailleravecle seul secours de la nature. Mais étant bien convaincu qu'on nela peut voir parfuitecnent que dansl'antique, ilconcjn, comme la plupart des Artiftes Fla- mands, le dcfir de jouir de ces reftes précieux dans la Capitale des Arts : peut-être mêrr.e qu'il entrat dans son dessein quelques vues d'intérêf. Il se flattoit que le grand nombre de connois- seurs que Rome rassembloit, étant plus capables qu'a il-
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JFlamands, Allemands et Hoïlandois. 277
qu'ailleurs de juger du mérite de ses Ouvrages ,
seroient aussi p!us en état de les apprécier a leur valeiir, et de ies acheler plus cher. On ent beau lui représenter sa jeuntsse, et les difficultés qu'il faut surmonter pour vivre dans une Ville oü les Artistes abondent de toutes parts, et que la quantité des Ouvrages, méme excellpnts, en diminue Ie prix, rien ne put I'arrêter; Ie gout, la g'oire, 1'Intérêtréunis ensemble, 1'enleverent a sa Patrie. Sa conduite lui avoit acquis des amis respe&ables. Un Evêque, Vicaire Général des Pays-Bas, étant appelé a Rome, défraya Ie jeune Ingen, et Je recommanda a Carlo Ma- ratti, qui 1'admit dans son Ecole; c'étoit en 1670. Il ne demeura qu'un an sous eet habile Maitre, qui vanta son Éleve, et qui lui procura de grands Ouvrages dans plufieurs Eglises de Rome. Maratti, qui préfidoit a tout, vit avec plaifir les succes d'un Artisfe aussi jeune. Il lui conseilla d'aller a Venise : il respeftoit trop les conseils d'un aufli grand homme pour les négli- ger; il se disposoit pour partir, lorsqu'il luiar- riva une aventure désagréable. Les Artistes Flamands, Allemands et Hollan-
dois, formoient a Rome cette société connue sous Ie nom de Bent, dont nous avons déja parlé, Ingen, plus occupé des plaisirs de 1'é- tudeque de ceux de la table, refusoit toujotirs d'y entrer; mais étant pret de partir, il con- sentit a se faire recevoir. Les Confrères en de- voient faire la cérémonie dans un cabaret: iors- qu'elle alloit commenccr, ii se vit tout d'un coup conduit avec eux en prison, sous prétexte qu'il étoit défendu a tous Etrangers de s'assem- S 2 bier :
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a-j8 La Vie des Peintrei
1650, bler:mais ayant été interrogés, on leur rendit
^—■y la liberté. La société procéda de nouveau a sa
réception. Et comme il fut Ie premier élu depuis
cette aventure, on Ie surnomma, comme nous
1'avons déja dit, Ingen Ie premier.
Il partic pour Venise, les yeux fermés sur
tous les plaifirs qui pouvoient Ie distraire dans cette Ville : il ne les ouvrit que sur les objets qui pouvoient Ie perfe&ionner dans son Art. Il purcourut tous les Ouvrages publics, en s'y arrêtant autant qu'il falloit pour les éludier. Il en copia beaucoup sous les yeux de Ie Febvre, qui a gravé plusieurs Ouvrages de Paul Ve.ro- ne^e. De Veniso il alla a Naples oü il travailla encore assez pour se faire connoitrc. Il ne pensa plus qu'a retotirner dans sa Patrie : il préféra Amsterdam a Utrecht. Il fut très-occupé a peindre 1'Histoire en grand : on loue fort les talencs de ce Peintre. Pour nous, nous n'en jugerons point sur un seul Tableau que nous avons vu , ilade très-belles parties; mais il faut convenir que Ie dessein en est tel que nous ne croirions pas qu'a eet égard ce Peintre dut avoir une place dans cetOuvrage. On nous assure qu'il est mort a Amsterdam, mais on ne dit pas 1'année. |
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NICOLAS DE VREE.
ON ne fcait quel est Ia Ville qui a donné
naissance a Nicolas de Vree. Il est impossi- ble de donner des particularités de la vie d'un homme qui fiiyoit tout Ie monde, et qui ne paroissoit
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Flamands, Allemands et Hollandois. 279
paroissoit jamais en Public. Jean Lwken vivoit
quelquefois avec lui, parce qiiïls avoient em- brassé la même opinion, c'est-a-dire, celle de Jean Bohrn. Ds Vree vit rechercher ses Ta- bleaux, il parut y être peu sensible, puisqu'il quitta Amsterdam pour vivre encore plus retiré a Alkmaer, oü il est mort en 1702. Ce Peintre peut passer pour un bon Paysa-
giste, et pour bon Peintre de Fleurs. Ses ïa- bleaux, dans ces deux genres différents, occu- pent des places dans les cabinets distingués. Son Paysage est d'une couleur naturelle, et ses fleurs sont touchées avec légereté^ et d'un co- lons qui a tant de fraicheur, qu'elles semblent 1 'inspirer et la répandre. |
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S 3 ABRAHAM
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Vuren M.
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ABRAHAM
H O N D I U S. EYERMAN ternit la mé-
moire de eet Artiste par les Histoires désagréables de son libertinage et de sa débauche, dont nous ne salirons point no- tre Ouvrage. Nous devons ou- blier les viccs des grands Artistes, du moins après leur mort, ou nous devons les leur pardonner en faveur de leun- talents; et fi nous nous permet- tons quelquefois d'en parier, c'est lorsque nous pouvons faire remarquer a leursConfrères, com- bien les vices du cceur, et les mauvaises mceurs nuisent a leur gloire et a leur fortune. Tout
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La Vie des Peintres, etc. a8i'
Tout ce que nous {ifavons, c'est qu''HondLus i6*o.
né en 1650, peignoit Ie Paysage supérieure-' ment bien : il fcut y répandre une vapeur qui faisoit illusion; aussi a-t-il peint des chasses au cerf, au vol, au sanglier, et d'autres Animaux féroces. Il fcavoit orner ses Tableaux de jolies figures qu'il dessinoit et colorioit fort bien. Il faisoit aussi des Tableaux éclairés au flambeau, de la plus grande vérité. Ce Peintre est mort a Londres, oü il avoit
éte occupé a représenter des incendies, des chas- ses et des animaux de toures especes. Il avoit de la nature tout ce qu'elle peut accorder, c'est-a-dire, des dispositions pour tout ce qu'il vouloit faire : jamais il n'est médiocre; il est quelquefois supérieur, et souvent il egale nos meilleurs Artistes. Ses Tableaux peu connus en France, ne nous occuperons pas long temps : nous n'en citerons que deux bien différent1- poiir Ie genre, mais d'une vériié et d'une variété di- gnes d'être louées. L'un représene la Ville de Troye en feu; et 1'autre Ie M irclic aux chiens d'Amterdam. On y voyoit pres de (rente dif- férentes especes de chiens bien dessinés et va- riés avec 'eaucoup de vérité. Ce Tableau a .sur- pris tous les Arlistes; une jiiatesse d'exprtssion caradtérisoit en chaqueanimal, si Pon peut par- Ier ainsi, sa passion dominante poiir tout ce qu'il vouloit faire. On voit chez M. van Schorel de Wilryk, a
Anvers, un Tableau de ce Maitre, représentant les Animaux lorsqu'ils entrent dans Varene. |
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S 4 FRANCOIS
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a8a La Vie des Peintres
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FRANgOIS DANKS,
D1 NKS ''t né a Amsterdam. On sonpc,onne
qu'ii avo t voyagé en haiie, en consitlérant ' ses Ouvrages, et encure pa>ce qu il portoit Ie nom de Tatue, que lui civoit donné la bande .Acadéuiique de Kom'. Ce Peintre peigioit bien 1'Histoire, mms en petit : et ^esOuviag.*, ans être du premier ordre meritent d'êir:- recher- ches. Il a en du succes ,i peindre Ie Portr^it. Ce Peintre modtlu.t a^ ez bien pn eire et en terre. La figure du Temps -i'i'on voit en pierre sur Ie Hécregrqft a Amster lam, est d'après un mo- dcle fciit par Danks. Le reste de sa vie nous est in co 11 mi |
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ABRAHAM S T O R K.
ABüaham Stohk naquit a Amsterdam.
On ne f^ait qni fut son Miitre: m iis il esi un des bons P infes de Marine qu'ait pro- duit la Hol:ande. 11 avoit une bonne couleur, et un pincenu dont la touche étoit fine et t"ès- spintueüe 11 touchoit et des-i oit les petites figures qui fourmillent dan^ ses J.'ableaux, avec une intelligenpe surprenantej il composoit bien. On ne peut voir rien de plus agré.tble que son Tabieau qui représente 1'entrée du Duc de MalAourougsat 1'yJinsfl. Ony voit une multi- tude innombrahle de vaisseauK, de bateaux dé- corés, et de chaloupes proprement ajustées, chargécs
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Flamands, Allemands et Hollandois. a83
chargees de peuples habilhs seion Lur rang et 1650
leur iit.it. On est surpris du génie qui brille dans cette compoiition, comme dans t<>us ses Ou- vrages, qui mérirent la plupaa ime p ace dans les meüleurs cabineis. Ses ouragins >nr la uur, efFrayent pirla véiiti1 qui y p-i rolt, etsembient nou* intéresser par i'iilusion qui .s"y troMV'f. M. Bisschop a Rotcrdam , possede quatre Ta-
bleaux de Stoik, deux rcprescniant I.i nier dans son calme avec des Vriis^eaiix : un amre, la mer agitée, et des Vaisseaiix en danger de périr, 1« dernier, une vued A nsterdam. |
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D A V I D G O L Y rs S.
DAvid COLYNS, n;t:f d'Amsterdnm,
■st cité ie 1 | our ses Tableaus en pet<t, pieins de finesse et d''>prit: il repié^entoit f on - jours des Sujets de la B.!> e : jamais i neréu-sit micux qii' quand on '•njet demandoif beauco ip de fi^ii'-e?. On fait 1 é'oge de celui on Muyse frappe Ie iocher, lorsrjue les Israëlices recutil- lent la manne. LesOuvrages de at Artiste nous sont dUo^i ineonnus que i'année de sa mort. |
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BERNAEIIT
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Peintres
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BERNAERT GAAL,
ET ISAAG KOENE.
Ig-0> p AAL, natif d'Harlem, et Eleve de Wou-
<^m»- yjtwermans, peignoit comme son Maitre, des Batailles et des Maneges. Ses Tableaux eurent cettevoguequeméritent lesOuvragesqtii inté- ressent tout Ie monde; ils avoient d'ailleurs Ie mérite de la bonne couleur, et assez de correc- tion dans Ie dessein, puur imiter quelquefois de pres ceux de son Maitre. Notre Peintre avoit Ie défaut de ne pouvoir vivre avec personne; cette singnlariré lui a lak tort. lsaac Koene, Eleve de Ruisrlael, étoit bon
Paysügistf, et ami de Gaal. peut-être par hé- cessité; parce que Koene avoit besoin de Gaal, pour peindre des figures dans ses Vaysages. Ils en ont fait un grand nombre en société, qui furent transportés chez 1'Etranger. Nous n'avons rien appris de leur mort, ni
en quel lieu ils ont fini leurs carrières. |
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N. PEÜTEMAN.
PEuteman né a tloterdam , y mourut
d'une maniere ëtrange. Un de ses Neveux, qui en étoit Echevin, lui commanda un grand Tableau, dans lequel il falloit représenter des objets capables d'inspirer du mépris pour la vie et
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Flamands, Allemands et Hollandois. 28 5
et pour les vains amusements des hommes; des
Instruments de musique, des livres, des têtes de mort, &c. Etant entre dans un cabinet d'anato- mie, il fut pris en dessinant d'un assoupissement qui Ie plongea bientöt dans un profond som- meil. Ayant été réveille tout d'un coup, il vit avec frayeur remuer les têtes des squélettes qui se frappoient les uns contre les autres; saisi d'effroi, il se précipita du haut de 1'escalier, et tomba dans la rue a demi-mort. Revenu un peil a lui-mqme, il remarqua que eet evenement étoit fort naturel, et qu'il n'étoit causé que par les secousses du tremblement de terre qui arriva Ie 18 Septembre 1692. La terreur avoit glacé tellement ses esprits, qu'il mourut pen de jours après. Peuteman a peint des flgurés sur du bois
découpé, qui ont trompé les yeux les plus éclairés, et des Tableaux qui représentoient des sujets allégoriques sur les misères des vanités humaines, et sur la brie vete de notre vie. |
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PIERRE
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PIERRE
E Y C K E N S,
SURNOMMÉ
L E VIEUX.
IERRE EYCKENS, natif
d'Anvers, occupe un rang distin- gué parmi les grands Peintres de cette Ecole. Leurs Ouvrages et la nature ont été ses Maitres : il s'at- tacha comme eux, a approfondir toutes les par- ties de son Art. Pret a partir pour Rome, 1'a- mour 1'arrêta, il se maria. Ejckens bien connu par des Tableaux places
en
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La Vie des Peintres, etc. 287
en public, fut chargé de toutes part de grands 1650.
Ouvrages, pour orner des Eglises et des Palais;< il comprit pour lors quil lui manquoit d'avoir vu 1'Italie. Pour y suppleer, il se procura les gravures d'après les Tableaux d'Italie, les ves- tiges antiques , et les reliëfs en platre. J'ai sous lesyeux, disoit-il, les compositions de ces hom- mes rares; je voudrois voir leur touche, mais pour la couleur, la nature me 1'apprendra beau- coup mieux. Ainsi raisonnoit ce bon Artiste, il avoit, 1'ame élevée et sensible; il composa ses Tableaux toujours en grand et avec 1'exac- titode la plus fcritpuleuse. Nous ne connoissons plus rien de sa vie. Il aimoit son Art et la soli- tude. Son assiduité au travail est connue par Ie grand nombre de Tableaux qu'il nous a laissés : 1'année de sa mort nous est inconnue. L'Acadé- mie d'Anvers Ie choisit pour Direfteur en 1689. Charles Ejckens a rempli la même place en 1748. Eyckens Ie Vieux composoit avec esprit: les
détails de ses Tableaux sont lies avec jugement; rien ne paroit inutile ni déplacé. Son dessein est correcl, sans maniere; les expressions justes, et les carafreres réfléchis. Ses draperies bien plis- sées et larges, ses fonds f^avants et enrichis d'ar- chiteöure et de Paysages. Quant a sa couleur, il étoit dans 1'usage de copier la nature, il la représentoit exa&ement et agréablement; un ton chaud et vigoureux, une touche facile et ferme se trouve par-tout dans ses Tableaux : voici les plus connus. On voit a Anvers, dans 1'Eglise de Notre-
Dame, Sainte Catherinequi confond les Paiens, Tableau
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a88 La Vie des Peintrcs
Tableau d'Autel dans la Chapelle des Fripiers.
Dans 1'Eglise Paroissiale de Saint André, Ie
Tableau d'Autel de la Chapelle de la Gommu- nion représente la Gêne, composition ingé- nieuse et savante. Dans 1'Eglise des Religieus appelés Bogaer-
de; Ie Tableau du Maitre Autel représente Saint Jean prêchant dans Ie désert. Dans 1'Eglise des Carmes, deux grands Pay-
sages par Spierinx; un autre par JVamps; les figures sont par Eyckens. Dans 1'Bglise des Augustins, quelques Ta-
bleaux du même. EtchezM. vanSchorel, une nouvelle mariée.
Cette composition contient cinqfigures. Dans 1'Eglise des Jésuites, a Malines, Saint
Xavier qui baptise un Roi idolatre; Je même Saint qui ressuscite un mort, autre Tableau bien composé. |
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ANT01NE
SGHOONJANS.
SChoonjans naquit a Anvers en 1650.'
On ne f^ait sous quel Maitre il avoit appris la peinture. Encorejenne, il ai!a aRome, oü il fut notnrné par la bande Acadcmique, Pha- razius, nom illustre qu'il mérita en Italië par ses Ouvrages. Il fut appeilé a la Cour de Vien- ne, et nommé Peintre de TEmpereur Leopold. Il eut la gloire de peindre ld Familie Impériale et les principaux de la Cour. Sa fortune étoit décidée
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Flamands} Allemands et Hollandois. 289
décidée par son talent et par les agréments qu'il 1650.
avoit en vivant avec les Grands qui eurent au- ^t tant de plaisir a Ie voir travailler, qu'a entendre chanter sa femme qui avoit une belle voix, et qui po.-sédoit parfaitement la musique. On ne dit pas la canse de son départ de Vienne. -Arrivé a la Haye, il y trouva des amis qu'il
avoit connus en Italië, entr'autres un Orfevre nommé fyyk, qui eut la manie de devenir Pein- tre, malgré son age avance. Il invita Schoonjans a demeurer chez lui pour mieux étudier la pein- ture sous ce Maitre. Le premier y trouva 1'a- vantage de vivre avec sa femme et son domes- 1 ique aux dépens de la folie de Spyk, qui se mina pour acquérir un talent auquel il ne devoitphis pre'tendre, au lieu de perfeötionner celui qui pouvoit augmenrer sa fortune. Enfin les soins de 15c/^Kw/a»>?étanttoiit-a-faitinutiles, ilsse quit- terent, et après avoir demeuré quelque temps encore a Ja Haye, il alla a Amsterdam 011 la fortune ne le favorisa pas mieux. Alors il se détermina a sortir de la HoÜande, et fut a la Cour du Dusseldorp, ou il fut bien recu ; depuis la mort de 1'Eledteur Jean Guillaumeen ijl6, on ne fqi't plus rien de notre Peintre. On accuse eet Artisle d une vanito insuppor-
table. Le titre de Peintre de rEmpereur lui tourna la téte : nous <"ch vons certainement qu'il étoit bon Peintre d'Histoire et de Portrait. Il dessinoit très-bien une flgure d'après le modele vivant. |
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THEODORE
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La Vie das Pcintres
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THÉODORE MSSGHER,
ÉLEFE DE BERGHEM.
h E a n;'iquit a Haeriem , vers 1'an
1(550. 11 apprit son Art d<ms 1'Eco'e de jt>eigficin : c'étoit assez ponr devenir un bon Peintre. Son application et 1 ■ déssr d'apj;rcn- dre, ie nnrent en état de satisfaire de bonne heure, ,son envie de voyager; il tut ïecu a Ro- me, sur Ie bruit qu'avoient fait quelques uns de se.s Tabteaux. 11 vendit cher ceux qu'il fai.soit; et il auroit fait une fottune honnête. sans Ie penchant qu'il avoit a !a dissipation, et parti- culicrement au vin. I,a bande Académique, oü il étoit toujours un des premier Afteurs, Ie nom« ma Sletnpop, rnot .synonime a celui d'ivrogne. Il en avoit la réputdtion qu'il n'a cessé de mé- riter. Il ne portoit jamais son a^gent dans ses poches, maisbien dans la main,ensorte que Ion f9avoit certainerocnt quand il en étoit mimi. Il n'étoit point avare : Ie premirr qu'il rencon- troit, ayant de 1'argent, il lui proposoit de Ie dépenser au plus prochain Ciibtret. Son habil- lement tenoit encore du caraftere crivrogne.il n'avoit jamais qu'une veste, et par des^us un vieux manteau qui avoit servi a .-on pere. Mille aventures ridicules composcnt la vie
de eet homme. Nous Ie croyons mort a Home, oü il vivoit encore en 1696 , et oü il avoit déja demeuré pres de 25 ans. Quant a; son talent, il peignoit supérieure-
ment |
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Flamands, Allemands et Hollandois. 291
ment Ie Paysage et les .Animaux. Il ne quitta pas
la maniere de son Maitrc, excepté la touche qui est plus négligée. |
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JEAN MOORTEL.
M Oor tel Peintre de fleurs et de fruits,
étoitsi habile qu'il faisoit illusion aux yeux et même au gout. Ses fruits ont cependant plus de delicatesse et de fraicheur que ses fleurs, qui n'ont pas la légéreté de celles de Mignon et de pan tïuysum. Mais quand il copioit de Heem, et Mignon, il auroit pü tromper ces deux Mai- ires mêmes, comme on trompeencore les Ama- teurs avec ses copies. Ce Peintre né a Leyden en 16JO, y demeura
toujours, et y est mort Ie 1J Octobre 1719, agé de 65) ans. |
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ABRAHAM BEGYN.
BEgyn est né en iófo, mais on ignore la
Ville qui 1'a vu naitre. Persuadé que les Arts ont entr'eux un rapport intime, et qii'on ne peut exceller en Peinture qu'on n'ait étudié 1'architeöure et la perfpeflive, il posséda par- faitement Tune et 1'autre, comme on Ie peut voir dans ses Paysages, presque toujours ter- minés par des vues. Ce n'est pas aflez que de fc.avoir copier servilement la nature: ces Copis- tes froids sont souvent aufli contraints, et peut- Tome III. T être |
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29a La F ie des Peintres
être même aufli infideles que ceux qui tradui-
'rut trop littéralement les Auteurs. Quand on n'a qu'effleuré les regies, on est souvent era- barraffé dans 1'application qu'on en doit faire. Sa maniere de peindre Ie Paysage est telle que celle de Iierghem, et de la plus grande facilité: aufli furent-ils recherches en Hollande, et sur- tout a la Haye, oü il demeura long-temps. En 1690 l'Ele&eur de Brandebourg, depuis
Roy de Prufle, 1'appella a sa Cour, et 1'honora du titre de son Peintre. Il eut ordre du Prince d'aller deffiner dans ses Etats, les Maisons Roya- les, les Vues particulieres et les plus belles Cam- pagnes ; ces deffeins firent Ie plus grand plaisir. Il eut ordre de faire de grands Tableaus qui fu- rent destinés a 1'ornement des galeries et des fallons. Cet Ouvrage lui fit beaucoup d'hon- neur. L'Elefteur avoit pour lors a sa Cour un grand nombre de bons Artistes. Begjn l'emporta dans son genre, sans se prévaloir de cette supé- riorité. Il admiroit au contraire tous ceux qui avoient des talents. C'est avec cette bonne con- duite qu'il fcut gagner 1'estime de tous ceux qui vivoient avec lui, et qui Ie regretterent a sa mort qui fut très-subite. Elle fit du bruit a la Cour, et fit voir par les
regrets finceres des Grands et de ses égaux, cora- bien il avoit mérité d'être aimé. Il laiffa après lui une veuve et une rille, une grande réputa- tion comme bon Artiste, honnête homtne, et homme aimable. Ses figures et fes animaux font bien deflinés, et généralement fa couleur est bonne : il a moins fait de Tableaux de chevalet que de grands Ouvrages. On voit a la Haye, un
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Flamandst Allemands et Hollandois.
un grand Appartement qui en est de'coré. Dans la
Maison qu'occupe M. Jssendelft, ce font des vues tres étendues, avec des rivieres, de l'ar- chite&ure, des fïgures et des animaux, tous très- variés,etqui toiijoiirsontrairdetrefaits d'après nature. Dans la mêmc Vilre, chez M. Half Wasse-
naar, une Bohémienne qui dit la bonne aven- ture, dans un beau Payfage. A Dort, chez M. Vander Linden van Slinge-
landt, un beauPayfage, un Troupeau demou- rons, et d'autres animaux que 1'on méne a Fa- brevoir. Ce Tableau reflemble a ceux de Ber- ghem. JILLES (Gilles) DE WINTER,
ÉLEFE DE BRAKENBURG.
DE WINTER, qui naquit a Leuwaerden en
i6fO, est un des bons Eleves de Braken- burg. Il peignoit comme fon Maitre, des as- semblees et des jeux de société; des bals oü la jeunesse est représentee avec gentillefle et agré- ment. Sa couleur est vive, et Ie caradere de fon deflein afTez correft. Il avoit une reffource dans fon génie affez rare, puisqu'il n'avoit ja- mais befoin d'études; il composoit sur la toile ou Ie panneau, sans consulrer la nature, défaut qui se remarque dans fes jolis Tableaux qui font en toutmaniérés, mais touches avec efprit. De Winter étoit fort Hé avec Greffiers pere et rils; il a demeuré chez ce dernier. Ta De
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ag4 La Vie des Peintres
1650. De Winter a presque toujours demeuré a
- Amsterdam, ou il est mort en 1720, a 1'age de 70 ans, estimé par fes Compatriotes \ fes Ta- bleaux y font en grand nombre. |
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ELIE TERWESTEN,
ÉLEVE DE SON FRERE
AUGUSTIN TERWESTEN.
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TT^ie TerweSTEN né a la Haye en 165 r,
Pj est fils d'un Orfevre, et devint Eleve de fon frère aïné ^iugustin Tenvesten, dont il a été parlé. Son talent étoit de peindre des fleurs et des fruits. Ses ouvrages furent aulïi recher- ches en Hollande, que 1'Auteur par sa conduite, a la Cour du Stathouder. Il fut admis dans les premières Maisons: on l'engagea a enfeigner Ie deffein a quelques personnes de considération. Tenvesten ne s'anêta pas en chemin : il voulut voir 1'Ecole des grands Maitres; il alla a Rome oü il s'est marie. Ses Tableaux y fïrent grand plaisir, et 1'auroient mis tres a fon aise, fi fa lenteur et fa pareffe pour Ie travail, n'avoient pas été chez lui une paffion dominante; enfin il changea tellement de coiiduite et de vie, que fon frere ainé étant a Rome en 1696, ne put y tenir davantage. Il avoit vu fon frere aima- ble en Hollande, et il Ie vit, a fon grand regret, misérable a Rome. Ce Peintre a vécu très-vieux, puisqu'il vivoit encore en 1724; on n'a rien ap- pris de lui depuis ce temps. La bande Acadé- ie
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Flamands, Allemands et HoUandois. 295
mique 1'avoit nommé 1'Oiseau de Paradis; nous j
ne fcavons pourquoi. Ses Ouvrages nous font inconnus. |
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PIERRE VANDER HULST.
PTerre Vander Hulst nèquit a Dort
Ie 18 Février i65i. Après avoir appris a peindre chez différents Maitres, il fe détermina a voyager. Son but étoit de voir Rome 011 il arriva. Soit qu'il Te fentit incapable de tniiter 1'Histoire, foit que les Tableaux de fleurs de Mario di Fiori lui donnaffent du gout pour fon genie, il fit quelques Tableaux qui plurent aux Artistes, et qui furent auffi-tot enlevés par les connoiffeurs. La bande Académique ne manqua pas de s'aflbcier un Artiste affez riche et afTez généreux pour célébrer magnifiquement la fête de fa réception. 11 fut nommé Tournesol, parce qu'il introduisoit dans fes compositions presque toujours cette fleur. Nous ne fcavons en quelle année il est mort. Nous connoissons fes Ouvrages qui font d'une bonne couleur, d'une touche large et très-facile. Il avoit pris Ie ftile des Peintres d'Italie. Ses Ouvrages font moins finis que ceux de Mignon et de Heem ; mais il y régne un génie plus fingulier, plus d'humeur, et une forte de mouvement qui est plus rare dans les Ouvrages des HoUandois, qu'un précieux fini. Les compositions de Van- der Hulst étoient encore enrichies de plantes et de reptiles. Il lui prit envie de faire quelques Portraits qui ne méritent nullement d être ci- T 3 tés,
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296 La Vic des Peintres, etc.
1652. tés; ils font médiocres, fans couleur et fans
"«■w harmonie. |
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JEAN RIETSGHOOF,
É L E V E
DE LOUIS BJKHUYSEN. RIeTSCHOOF naquit a Hoorn en 1652,
appliqué dès s:>n enfance a la Peinture, inslrnit par les lecons de Louis Bakhuisen, dont il devint un des meilleurs Eleves; et fur- tout entrainé par un amour ardent pour .son art, il ne pouvoit manquer de devenir un de.s bons Peintre.s de Marine parmi les Hollandois. Il s'é- toit fait un devoir asscz pen pratiqué en tout temps, c'éfoit de vanter beaucoup les Ouvra- ges des autres, et de parier peu de.s fiens. Auffi cette conduitel a fait aimer pendant fa vie, et regretter après fa mort, qui arriva Ie 3 Novem- bre 1719. Ce Peintre eut pour Eleve fon fils Henry Rietschoof, qui naquit en 1678, et qui af uivi la maniere de fon pere avec beaucoup de Fiiccès. « |
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CORNILLE
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GORNILLE
DE BRÜYN;
E L E V E
DE THEOD ORE FANDER SCHUUR.
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j f E B R U Y N également célébre —~"
I* par fes voyages et par fes ta- -iriJ mi lents pour la Peinture, naquit Q|è laHaye en 1652; il doit au- tant fon gout extraordinaire pour voyager, a 1 art de pein- dre qu'a l'étude du latin, auquel il consacra fa jeunesse. En effet, il ne mania Ie crayon et Ie pinceau que pour copier les villes , les campa- T 4 gnes,
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La Vie des Peintres
gnes, les monuments antiques, les modes étran-
getfes, les animaux, les plantes, qui s'offroient a lui dans les diverses contrées de 1'univers. Ayant quitte la Haye Ie premier O£tobre
1ÓJ4, il passa par l'Allemagne, etarriva a Ro- me, oü il rencontra Robert Dwal qui Ie con- duisit dès Ie même foir oü fe tenoit 1'Assemblée des Artistes. Il fut admis dans la bande Acadé- mique, et nommè Adonis. Deux années et de- mie occuperent de Bruyn a dessiner les dedans et les dehors de Rome. Il alla a Naples, oü il ne négligea rien; tout y fut vu, dessiné et ob- fervé. 11 revint a Home, et prit congé de fes amis; et Ie 16 Juin 1677, il partit pour Livour- ne; Pannéefuivante pour Smyrne. Il parcourut 1'Afie mineure, 1'Egypte et les Isles de 1'Archi- pel. Son objet d'étude ne fe borna point a co- pier la nature, comme Peintre; il dessina les mouvements et les interruptions, comme fca- vant; les inseftes, les plantes &c. comme natu- raliste; les Villes, leurs habitants,leurs usages et leurs modes, tout fut recueilli avec exafti- tude. Les observations qu'il y a ajoutées ont rendu fon livre aufli curieus qu'instruttif. De retour d'Asie, il alla a Venise, oü il de-
meurahuit ans a fe perfeöionner dans la Pein- ture, fous Ie célébre Carlo Lothi. Il voulut en- fuite revoir fa Patrie, ou il arriva Ie 19 Mars 1Ó93. De Bruyn ne pensa plus qu'a peindre et former un corps d'Ouvrage des observations qu'il avoit faites dans fes voyages: il les publia en 1698. Ce livre fut tellement applaudi et recherche, qu'il résolut de voyager de nouveau, muni de tout ce qui lui parut propre et néces- saire |
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Flamands, Allemands et Hollandois. 299
faire pour fon nouveau projet. Il fe mit en che-
min Ie 28 Mai 1701, et pritfa route par la Mos- covie et la Perse. Dans les Indes il visita les Isles de Ceïlan, Baiavia , Bantem , &c. toujours en observant, en defïïnant et en faisant par- tout des Ouvrages en Peinture. En Moscovie, il fit les Portraits du Czar Pierre, et des trois Princes; a Batavia, il peignit les Portraits des deux Généraux Guillaume van Outs Hoorn y et Jean van Hoorn j il ne fe contenta pas de deffiner toutj il peignit plufieurs animaux, des reptiles, des coquillages et des planres. Ce nou- veau trésor Ie ramena encore nne fois chez lui Ie 24 Oftobre 1708 : trois années fuffirent pour publier eet Ouvrage. En 1711, il avoit demeu- ré quelque-temps a Amsterdam, pourconduire les Graveurs qui copierent fes desseins, pour rendre fon livre plus interessant. Le fuccès de eet ouvrage lui fuscita des envieux qu'il con- fondit, et qui furent méprisés. Il vécut ensuite traquillement a la Haye, soccupant de fon art et des exercices de la fociété des Peintres a !a Haye. M. van Mollem engagea de Bruyn a vi- vre chpz lui a Utrecht. Il y mourut; on ne nous dit point en quelle année. Les Ouvrages en Peinture de eet Artiste font
bien coloriés; et d'un deflein correft. Ses voya- ges font dans les mains du Public, il est fon Juge; nous ne parlons de lui que comme bon Peintre. |
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RICHARD
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,<■..;■„.;.
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RICHARD
VAN ORLEY,
Ê L E V E
DE SON ONCLE RÉCO LLET. ICHARD VAN ORLEY
naquit a Bruxelles en 1652, fils de Pierre van Orlej, Paysagiste médiocre, qui donna les princi- pes a fon fils, et qu'il confia bien- tot a fon frère Récollet. Ce frere avoit plus de mérite, mais trop borné pour un génie comme celui du jeune Richard, qui fur- passa bientot fes deux Maitres. Agé de 16 ans, il
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La Vie des Peintres, etc. 3oi
il s'appliqua a peindre en miniature, petit ta-
lent, mais ieduisant pour ceux qui réussissent a peindre le Portrait. Il y fit ü bien que, fans des vues pius qu'ordinaires, il fe feroit perdu. Il n'eut point d'égard au gain, il étudia le des- sein, et bienlót on vit paroitre des composi- tions remplies de génie et d'esprit. Alors, arrivé a ce poirt, il parut de lui des miniatures, dont les sujets composés avec lp talent du plus grand Peintre d'ILstoire, firent honneur a 1'Auteur. Une grande quantité de compositions bien des- sinées, assurerent fa réputation. Son application a 1'Histoire et aux belles Let-
tres l'empêcherent de fe livrer dans le monde : il en perdit 1'usage an point qu'il fuyoit ceux qui chereboient a le distraire, en Ie mettant fnr des conver.sations étrangeres a son talent. II vé- cut honorablement dans le célibat. Une mort fubite 1'enleva a Bruxelle le 26 Juin Irj}z, agé de 80 ans. Il fut enterré avec pompe dans FÉ- glise de Saint Gangeric, fous la tombe de Ber- nard van Orley, dont il a été parlé dans notre premier volume. Le nombre de Desseins et Tableaux fortis de
fa main est incroyable. Il en a gravé beaucoup a 1'eau forte; autre talent oü il a réuflï. Il a gravé la Chute des Anges d'après le Dessein que ion frere avoit copié de Rubens; deuxautres d'a- près Lucas Jordano, le Pastor Fido, com- posé par lui, et plusieurs d'après ceux de son frere. Voici quelques Ouvrages en Dessein com- posés par lui; un Volume de 86 desseins a la plume et a 1'encre de la Chine. L'accroissement de Home en 68 Desseins. Bernard Picardpassa huit
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3oa La Vie des Peintres
huit joursaBruxelles pour examiner cette belle
fuite; il témoigna Ie plus grand defir de les gra- ver. Le Pontifical Romain, autre Ouvrage gravé par Bcrtram, ainfi que le Flave Josephe, par Ie même. On passé le nombre de petits sujets qui font fortis de fa main. Son dessein est correft. A examiner ses com-
pofitions, on est tenté de croire qu'il a passé fa vie en Italië : tantöt il a composé dans le gout de YAlbane, de Pierre de Cortone, et tantöt du Poussin. Ses fonds font d'une belle archi- teöure, il entendoit très-bien la perspe&ive, fes plans font décidés, fans embarras et fans équivoques. Nous aurions eu bien plus d'Ou- vrages encore de eet homme laborieux, fi fon pere, qui étoit Receveur des Rentes de la Ville, ne 1'avoit engagé a prendre la Charge de Con- troleur, qui luivalut 2.000 livres de Rentes. Un pareil revenu pouvoit bien le dédommager d'un peu plus de gloire. |
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JEAN WITHOOS,
Éleve de son Pere
MAT Hl EU. TV ITII O OS. LE Paysage fut le genre de ce Peintre. Son
pere et fon Maitre Matthieu TVithoos lui conseilla d'aller puiser le bon gout dans fa four- ce au centre de tant de précieux restes d'anti- quité, et dans un pays oü la nature elle-mê- me a cherché a s'embellir par des variétés qui ne
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Flamands, Allemands et Hollandois. 3o3
ne fe trouvent presque nulle part réunies, com-
me aux environs de Rome. Ce fut-la oü Ie jeune Wilhoos fe déle&a plulieurs années a tout voir, a tout defliner, et s'il est permis de parier ainfi, a rapporter tout avec lui dans fa Patrie. Ses pe- tits Tableaus très-piquants passerent en Allema- gne, et y flrent appelier 1'Auteur. Ge fut a la Cour de Saxe Lauwenburg, oü il fut arrêté; il y a vécu honorablement jusqu'a fa mort qui ar- riva en 1685. Il peignoit Ie Paysage a Gouasse, avec une
force furprenante; fa couleur est vraie : ce font toujours des vues d Italië, tantót locales et fou- vent composées. |
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CORNILLE HOLSÏEYN.
/iOrnille Holsteyn naquit a Harlem en
\j 1653; on croit fans être cependant certain, qu'il a re^u les principes de fon pere qui pei- gnoit a gouasse et fur Ie verre. On ignore quel fut Ie Maitre qui Ie fit devejiir fi bon Peintre d'His- toire : on cite un triomphe de Bacchus, rempli d'un grand nombre de figures, des femmes et des enfants bien deflinés, et d'une bonne couleur. On voit de lui un Tableau qui fuffit pour fa gloire, eest Licurgue qui déclare fon Neveu héritier présomptif de fes biens, Tableau qui orne la Salie des Orphelins d'Amsterdam. Ce Peintre est mort iï fubitement que 1'on a
foupconné que fa mort n'étoit point naturelle. SIMON
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3 o 4 La Vie des Peintres.
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SÏMON VANDER DOES,
Êleve de son Pere
JACQUES y AND ER DOES. |
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Qïmon Vander Donsnaquiten 1653.
O Eleve de fon pere qu'il égaia quelquefois, il alla lorsqu'il leut perdu demeurer a la Haye, chez une Tante oü il pouvoit exercer fon Art avec tranquillité. Son inquiétude Ie fit voyager en Frize et en Angletere : mais revenu dans fa Patrie, il épousa contre 1'avis de fes parents, une femme prodigue qui Ie ruina. et qui, après avoir consommé tont la gain qu'il avoit fait dans fon Art, ne lui laissa, en mourant, que des dettes et de la misere. 11 auroit fuccombé fous Ie poids du chagrin, fans Ie fecours de fes amis, qui lui procurerent un logement dans IHópital de la Haye, d'oü il partit deux 011 trois ans après pour Bruxelle.s. Honteux de fa fituation, il fe retira en la Ville d'Anvers; il y travailla beaucoup. Ses Onvrages furent répan- dus dans toutes les Cours de 1'Europe par des Marchands de Tableaux. Que d'Artistes ont du leurs malheurs a des Mariages imprudemment conlraöés! On ne fcait rien de fa mort. Son ta- lent est dans Ie gout de celui de fon pere, et fes Portraits font dans la maniere du vieux Nets- her. Ses Ouvrages tiennent leurs places dans les
cabinets, et sur-tout en Hollande. Oa
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Flamands, Allemands et Hollandois. 3o5
On voit chez M. Ie Lormier a la Haye, un
joli Paysage, dans lequel fe trouvent deux en- fants, des moutons et d'autres animaux. Et chez M. Verschuuring, trois Paysages avec figures |
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et animaux.
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THEODORE ET CHRISTOPHE
LÜBIENETZKI. CEs deux freres iflus d'uneFamilienoble et
ancienne, fe font distingilés dans la Pein- ture. Théodore naquit a Cracovie en 1653 ; et Cristophe a Stetin en 1659. lis furent envoyés aHambourg pour s'yformer aux exercices con- venables a leur naissance. Jurian Stur fut choifi pour leur Maitre de Deffein. Ce bon Peintre crut dé/a voir que 1'intention de fes Eleves n'é- toit pas d'apprendre a defliner seulement, mais de fe distinguer dans 1'art de la guerre. lis quit- terent Hatnbourg pour chercher d'autres Mai- tres a Amsterdam. Christophe entra dans 1'Ecole SAdrien de
Baker y et Théodore dans celle de Gucrard de Lairesse. Après s'être appliqués a leur art avec la plus grande affiduité, Christophe partit pour 1 Italië : on nefcait s'il resta dans Rome oudans Venise; mais on est certain qu'il pafla quelque temps a la Cour du Grand Duc de Toscane, d'oü il fut appellé a celle de Brandebourg, oü. lePrince 1'honora du litre de premier Gentil- homme de la Chambre, et Direöeur de 1'Aca- démie de Peinture. Tant d'honneur ne put arrê- ter
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3o6 La Vie des Peintres.
, - ter notre Peintre; il voulut revoir fa Patrie,
* et jouir réellement de la confidération que lui avoient acquis fes Ouvrages. Ce fut en 1706 qu'il pafla en Pologne, oü il eft mort. Il paroit, fuivant les Auteurs Hollandois,
que Christophe n'a point quitte ce pays : du moins il ne paroit pas qu'il ait voyagé avecfon frere; et il est bien certain que Christophe a tou- jours vécu a Atnfterdam, oü il avoit été nommé a plufieurs charges honorables dans 1'Eglise Ré- formée. Les Ouvrages de Théodore font peu connus
ici, ayant toujours voyagé dans des cantons trop éloignés, dont il eft difficile de les trans- porter. Il avoit cependant une grande réputa- tion dans fon temps, et les Artiftes fes confrè- res, louerent généralement fes produftions. Christophe nous eft plus connu: fes Tableaus
d'Hiftoire font bien composés et pensés : fon dessein eft assez correft, et fa couleur eft géné- ralement bonne. Les Portraits qu'il a faits, au- roient pü faire fa réputation et fa fortune, s'il n'avoit mérité un titre plus noble, celui de Peintre d'Hiftoire. |
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FELIX
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F E L I X
M E Y E R,
É L E V E D'E R M E L S.
E LIX MEYERnéa Winter-
ihnr Ie 6 Février 1653 , étoit fïls d'un Ministre estimé, Prédicateur célébre. et Camerierdii Chapitre. La Peinture enleva encore au jeune Meyer tous ses moments : toutes ses dispositions se décelerent aux dépens des autres exercices. Un Peintre en petit a Nuremberg lui donna des lecons. Ce n'étoit pas-la Ie genre destiné a faire sa reputation : Ie Paysage étoit celui qiü avoit plus de rapport Tome 111. V avec |
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3o8 La Vie dts FeitiLres
1653. avec son génie. Ermels bon Paysagiste dêvinfc
x>w son Maitre, et c'tst celui qu'il a toujours suivi, en comparant sa touche et sa couleur avec la nature.Cest a Ermels que nous devons les bons Ouvragcs de Meyer. Il est constant que ses pro- grè^ lui acquirent l'estime de Bemel, Roos et de Rugcndas Tous ce.s habiles gens rencoura- gerent et lui conseillerent de suivre Ie projet qu'il avnit de parcourir 1 It.ilie:il y alla avec la révolution de s'y perleöioiiner; mais Ie climat étoit .si contraire a s;t santé, qu'il fut forcé de revenir cru-z lui. La Suisse et d'ailleurs Ie puys Ie plus convenable pour former un P..ysagiste: des vues variées, des plaines, des rochers, des lacs, des rivieres , des chute.s d'eau, et des bois; tout y est propre a exercer Ie plus beau g-nie, et a enrichir la mémoire, et a lui fournir des SU jets pour la composition: aussi en a-t-il tiré une muititnde de desseins a la pluine ft ;i 1'en- cre de Ia Chine. Meyer infatigable, franchissoit les montagnes et les forets; on Ie voynit iou- jours revenir chargé de desseins et d'études. Cette bonne methode lui a procuré une grande facilité dans la composition; nous en citcrons quelques exemples. On rapporte plusieurs traits de cette promptitude: un siaü iiiföt pour en don- ner une idee. L'Abbé de la fameuse Abbaye de S. Florian,
en Autneh ', se proposa de faire peindre deux gr.;nds apnJirtcments, et d'y reptésenter des Paysag-s a fresq^e sur les murailles; il fit ve- nir un Peintre qui demanda 200 florins pour les esqui-ses. Cet Artiste traina si long-temps, qu'il degoüta 1'Abbé qui invita Meyer a s'y rendre.
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Flamands, Allcmands et Hollandois. 3oc)
rendre. Il fut recu avec distindion; 1'Abbé lui
£t voir les places, et lui demanda de quelle maniere il comptoit peindre ces murailles. Alors Meycr prit un baten fort long, attacha un char- bon au bout, et commenca a des.«iner : ici, disoit-il, je peindrai un grand arbre, plus lofn une forêt, une ciinte d'e;ui qui tombe de ce ro- cher, &c. A Ja fin du discours, 1'Abbé ne put répondre d'étonnement, lorsqu'il vit un mur dessiné avec intelligence er gout. Il demanda a Meyer,s\\ se chargeroit de peindre ce qu'il venoit de dessiner. Oui, repondit Ie Peintre, je commencerai sur l'heure. On renvoja 1'autre Peintre. Meyer n'employa pas plus que son Eté pour les deux appartements; Ie premier Pein- tre avoit mis amant de temps a faire les os- quisses. Meyer avant de quitter, acheva enco- re quelques ïableaux a 1'huile. Cet Onvrage fut honorablement payé. Il retourna chez lui, oü cette aventure avoit fait du bruit; sa répii- tation vola par-tout. Ii fut encore chargé de peindre des Paysages en grand pour la Ville deGeneve : d'autres Villes l"employerent aussi. Des Chateaux pour sa Province, et chez les Etrangers, furent omes de sa main. Les Prin- ces et les Grands Ie firent travailler a 1'envi. On croit que Werner lui conseilla pour lors de se faire une maniere plus expéditive et plus agróable : consei! dangereux, car ses derniers Tableaus ne portent que des marques d'unc? fa- cilité acquise, a la vcrité, par 1'étude; mais, oü Ie gout tenoit a peine lieu de 1'exaöitude de la nature; et cette exa&itude n'étoit deve- nue que maniere. Cette nouvelle methode lui V 2 pro-
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La yie des Peinlres
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procura un gain considérable. Ses mauyais Ta-
blcaux sont la honte de sa fbiblesse, et nous n'en parlerons pas davantage. Ses premiers Ou- vrages sont a comparer a ceux des meilleurs Paysagistes; ses Tableaus les plus recherches, sont ceux ou Roos ou Rugendas ont peint les fignres.■ Mejer n'étoit pas habile a peindre la figure: il est même médiocre dans cette partie de 1'Art. Ayant congu Ie dessein de voyager, ses Compatriotes, pour ne pas Ie perdre de vue, Ie nommerent membre du Grand Conseil. Cette place Ie tlatta, sans doute, puisqu'il se fixa pour toujours. En 1708 il rec.ut un autre marque de considération, Ie Magistrat lui don- na Ie Gouvernement du Chateau de Wyden, pres d Jlusen. Ce fut ici oü il travailla avec soin , dans Ie gout de sa premiere et bonne ma- niere. Son dernier Tableau, qu'il ne put ache- ver, représente Jésus-Christ qui commande aux vents et a la mer de se calmer. Epuisé de tra- vail et de foiblesse, il mourut Ie Lnndi de la Pentecóte, en 1713, fort regretté et estimé pour les Ouvrages de son bon temps. Onvante ses gravures a 1'eau forte. |
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1653.
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HENRY-
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Flamands, Allemands et Ilollandois 3ll
HENRI-CHRISTOPHE
FEHLING,
ÊLEVE DE SAMUEL BOTSCHILD.
Fril HL ING né a Sangerhausen, eut Ie ï on- x
heur d'avoir ponr Maitre un parent habile. ,,,, „' ó'amuelBotschi/t/,qm se chargea de son iastruc- tion, er qui poussa plus loin .son amour pour ravancetnent de son cousin; il i'accompagna dans ses voyages d'Italie, et ne Ie quitta que lor.squ'il Ie crut en état de lire dans les Ouvra- ges des meilleurs Artistes. Fehling passa quel- quesannéesa Rome,occupé de son avancement; et de retour a Dresde, il fut nommé Peintre de Ia Cour par l'Eletteur Jean-Georges IV. Le feu Roi y ajouta la dire&ion de 1'Académie, et après la mort de Botschi/d, en 1707, la fbnc- tion de Peintre et d'Inspeöeur de la Galerie de Tableaux. Il peignit aussi quelques plafonds au Palais du grand Jardin de Dresde; d'autres pla- fonds dans celui du Zwinger, et dans celui du Prince Lubomirski. FeJrfing mourut en 1725 : ses Eleves sont les freres Zlnck. Après la mort de eet Artiste, M. de Silvestre * fut appellé dans
* Louis de Silvestre, Peintre du Roi de Franee, mem-
bre de l'Acade'mie de Peinture : Cette Académie a vou- lu justifier le choix que l'oa fit, en le nommanl ])our succéder a Fehling. Après avoir passé nombre d'années en Pologne, revenu a Paris, 1'Académie, dont il etoit JVIembre, le choisit d'une voie mianime pour son Direc- teur; place qu'il remplit avec dignité et avcc 1'applau- dissement de toute sa Compagnie. V3
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La V'ie des Peintres
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]())*<, dans cette Cour, et nommé a la place de pre-
«wrggar mier Peintre du Roi de Pologne, et Dire&eur de F Académie de Dresde. |
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JEAN HOOGZAAT,
ÈLEVE DE LAIRESSE.
HOoGZAAT-naquit a Amsterdam Ie il
Mars 1654. Elevé des sa jeunesse dans 1'E- cole de Lairesse, on Ie regarda comme lc plus h;ibile de ses Eleves. Ce Maitre lui confla de ses Ouvrages qu'il auroit avoués pour être de lui, tant il approchoit de «a maniere. Les éloges de Lairesse justifierent Ie choix de ceux qui em- ployerent Ie pinceau de i'Eleve. Guillaume III Hoi d'Angleterre, lui fit faire plusieurs Ta- bleaux pour Ie Chateau de Loo, qui lui firent honneur, et lui procurerent de grands Tableaux pour les Bom-guemestres d'Amsterdam, Jean Trip, André f^elters & Six, Echevins d'Ash On lui ordonna pour lors Ie plafond de la .salie Bourgeoise a riiótel de Ville d'Amsterdam : c'est un sujet a'légorique, oü brillcnt 1'esprit et Ie génie. Le Pemtre a manquó en ce que tont y est trop flni pour un plafond si élcvé; ensorte que les objets ne se distinguent qu'a peine. Au reste, eet Ouvrage lui fera toujours honneur., comme tout ce qui est sorti de sa main. On ne nous apprend point 1'année de sa mort. |
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Jó',4
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JEAN
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Flamands, jtllcmancls et Tloïlandolt. 3i3
JEAN VAN BUNNIK,
ÊLEVE n'IIERMAX ZAFT-LEVEN.
JEan vav Bunnjk, qni naquit a Utrecht
;n 1654, ent potir Maftre Herman Zajt- heven, Paysagiste habile. II demeura dans cctte Ecole trois années de suite, et ce fut assez pour lui, puisqu'il se retira ciiezsoii pere, ou il pei- gnit d'après !es desscins qu'i! avoit faits dans les campagne;. SesTab'eauxfirent plaisiraux Ama- teurs. Maïs étonné de ne poinr voir dans les campagnes la nièine variété d'objets qu'i! ad- miroit dans les Otivrages de ses Confrères, il passa dans Ie pays de Gleves pour étendre ses idees. A peine y fut-il arrivé, qu'il y fut em- ployé par M. Sa/is, Officier Général au servi- ce de France, qui aimoit les Ouvragos de Bun- nik, et qui voiilnt même se I'attacher; mais no- tre Peintre ne se croyoit pas cncore digne d'a- voir des Protefteurs. II al'a , toujours en dessi- nant, a FrancFort sur Ie Meyn , a Heidelberg, et a Spier. On 1'arrêta pour avoir d(> ses Ta- bleaux: 1'Eledeur Palatin et d'autres Seigneurs en obtinrent. Rien ne put l'arrêter davantage , il avoir toujours son objet envue, 1'étude; il quitta encore cette Cour, passa par MÜan , et fut a Gênes, Pierre Mo/jn, appellé Tempeste, 1'engageaa lui peindre qnelquesPaysages, avant d'aller a Livourne, d'ou il s'échappa brusque- mentpour aller a Kome. Genoels, Ferdinand V 4 Voet
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La Vie des Peintres
1654. Voet Si Adrien JJooning, qui attcndoient Bun-
——r nik, Ie recurent avec joie. Carle Maratti, qui avoit pour lui la plns tendre amitié , préféra ses Ouvrages è ceux detous les Paysagistes. Il l'accompagna dans les environs de Rome, et prit plaisir a lui voirdessiner les plus belles vues. JBunnik laissa Rome, et fut a Naples; il semble qu'il étoit attendu par-tout, sa maison étoit toujours remplie d'Artistes et d'Amateurs; il fut fort employé, et, avant de quitter cette Ville, il y avoit fait plusieurs Tableaux. 11 re- tourna a Rome qiul quitta endere pour voir Bologne, Ferrare, Venise et Modene : il fut si bien accueilli du Duc, qu'il ne pnt passer outre. Ses Ouvrages y furent si estimés, qu'ils lui uiériterent le titre de premier Peintre de la Cour, et une pension considérable. Il y demeu- ra huit années, occupé a orner le Palais et les Cbateaux. Le Duc de Modene fit un voyage a Lorelte, oü Burmik l'accompagna , et repas- sant par Rome, il fut inscrit clans la Bande Académique, qui le nomma ia Timbale : c'étoit, pour ainsidire, tont ce qu'il fit dans ce pas- sage. Arrivé a Modene, sa patrie occupa telle- ment son esprit, que tout ce qui s'opposoit a son retour lui paroissoit insupportable. Il obtint son congé , et il partit par Turin. Il inspira a son ami Ferdinand Voet, son envie pour voir la Hollande. Arrivé a Lyon, il ne put pcrsuader ce voyage a Gilles Wéenix, Vander Kabel, & P. van Bloem en :ilsse quitterent avec cette estime réciproque qui sied si bien aux gens ha- biles. Ferdinand
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Flamands, Allemands et Hollandois. 3 15
JFerdinand Voet * resta a Anvers, sa Ville
na'ale, et Bumük en Hollande Guillaume JU Roi d'Ang!eterre, a beaucoiip employé cePein- tre a orner Ie Cli.'iteau de Loo. I! fit plusieurs TableaiiKa f^oorst, pourleComted'^7£tf/na/7<?, eta la Maison de Zeyst, poiir M. eow Odyk. Bunnik surchargé d'Ouvrages gagna beau-
coiip; mais on nous apprend que ses Enfants Je ruinerent: il mounit pauvre en '727. Ce Peinfre est un des plus habiles Paysagistes
Hoilandois. L'estitne de Marattï pour ses Ou- vrages, s'est transmise aux Artistes etaux Con- noisseurs. |
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PIERRE WIÏHOOS,
Êleve de son Pere
M A T H I E U W I T II O O S. |
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PIkrre "VTlTHOOS a suivi les le^ons de son
pere, il peignoit a goua.^se drsfleurs, des insedes et des piantes , avec beaucoiip d'art et de vérité: un précieux fini en augmenre Ja beauté et Je prix. Les Amateurs d'Hollande conscrvent tous ses Ouvrages reliés en volumes qu'on ne peut acquérir qu'a très-grand prix. Ge Peintre est mort a Amsterdam en. 1693. JACQUES
* Ferdinand Voet né a Anvers, ctoit un fort bon
Peintre d'Histoire, de Portrait et de Pajsage : on ne connoit fjue ses Ouvrages esiimés, mais mille particula- rite' de sa vie. On scail, pour certain, qu'il a demeure' long-temps a Rome, et depuis k Turin, avant son re- tour a Anvers. |
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316 La Vie des Peintres
JAGQÜES YANDER DOES,
ÉLEP'E DE CARLE DU JARDIN.
IL est peu d'Artistes qui aient recu autant
d'éloges que celui dcnt nous allons tracer lHistoire. Commencé par son pere Jacques Vander Does, qu'il perdit de bonne heure, un de ses parents, nommé de Graaf, 1'ayant pris chez lui, lui donna pour second Maitre Curie du Jardin, ami de son pene et son Tuteur, sous lequei il fit des progrès snrprenants, jusqu'a surpasser tous ses Camarades. Du Jardin parti pour Rome, Vander Does futinstruit par Gue- rard Netscher, qu'il quitta après deux années pour prendre les lecons de Lairesse. Son pre- mier Tableau fut 1'effet de sa reconnoissance : il voulut off ir les prémices de ses talents a celui a qui ii les devoit. Ce Tableau étoit rïni et admi- ré de tuut Ie monde , excepté de son Auteur qui, appercevant quelques défauts dans son Ouvra- ge, Ie mit en pieces, parce qu'il ne Ie trouva ni digne de lui, ni de son parent de Graaf, qui avoit veillé sur son édueation. Il fit un autre Tableau, dont onignore Ie sujet; il étoit inhni- ment supérieur au premier: et de Graaf, admi- rant aufant sa reconnoissance que son génie, combla de présents Ie jeune Artiste, et lui pro- cura une place de Gentilhomme a la suite de M. Heemskerk, Ambassadeur d'Uollande a la Cour de France. Vander Does charme de trouver uue occasion de suivre ses études au milieu des grand»
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Flamaiids, sfllcmands cl Hollandois. 3IJ
grands Arfistes de Paris, fut enievé par la mort
a 1'entree de Ia carrière la plus bnllante. Ses Ouvrages, qui nous sont inconnus, furent sin- gulierement vantés par ses Contemporains. JEAN VAN GALL.
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JEan van Call eut pour pere un Horloger
habile, bon Arpenteur et Fondeur célèbrc, J qui avoit Ie secret, par un mélange ingénieux de métaux, d'augmenter considérablement Ie son des cloches, au point qu'avec pen de mé- tal, elles rendoint un bruit plus eclatant que celles qui en avoient une plus grande quantité. Son pere flatté de 1'honneur que lui faisoit son Art, auroit voulu lui transmettre ses talents; mais Ie jeune van Callpréfrra 1'étude et Ia pra- tique du dessein a In profession mécanique de THorlogerie et de la Fonderie. Ses premiers es- sais furent de copier les Paysages de Breu- ghel, de Paul Bril, de Nieu/ant, et lui ac- quirent une réputation d'autant plus llatteuse , qu'il iie la dut qu'a lui-même , n'ayant en en- core aucnn Maitre : il n'en eut pas plus pour l'Architeclure et la Perspeöive. Les Livres lui sutfirent, il avoit presque deviné la nature avant que de 1'avoir vue; cependant craignant de s'y méprendre, il parcourut les environs de Nimé- gue, les bords du llhin et les vues les plus agréa- bles, Ie crayon et la plume a la main: ils fu- rent dessinés et lavés a Tencre de la Chine, et achetés très-cher par lesConnoisseurs.Pouvant se borner a ces succes qui faisoient sa fortune et
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318 La Vie des Peinties, etc.
et sa gloire, il voyagea en Suisse et en Ttalie;
et enfin, il arriva a Rome, oü il recueillit une moisson plus abondante que jamais, de desseins de toutes especes, copiés d'après les belles cam- pagnes de Rome, les Maisons de plaisance, les Palais, les Payssges, et les restes précieux de 1'antiquité. Comblé d'honneurs, de connoissances et.de
richesses, il retourna a la Haye par rAllema- gne et par d'autres pays. Il grava dans cette Ville plusieurs de ses Desseins a 1'eau f'orte; elle offrit a ses talenfs beaucoup d'édifices , de mai- sons, de jardins, de vues a dessiner, qui enri- chirent ses recueils, et qui furent toujours avi- dement achetés des Connoisseurs. Cet habile Dessinateur né a Nimégue en 1655, mourut a la Haye en 1703, agé seulement de 48 ans. Il laissa quatre enfants, dont deux furent Ar- tistes. M. Henri van Slingelandt, Bourguemestre
a la Haye, possede une grande partie de ses Desseins. Call mérite une place distinguée parmi les
grands Dessinateurs. On nous assure qu'il étoit aussi Peintre en Miniature. Nous ne connoissons que ses Desseins, et cela nous suffit pour en faire Téloge. Une touche spirituelle, et des effets épiés dans la nature, feront toujours estimer et rechercher ses Desseins. C'étoit en effet un pro- dige que cet homme, puisque dans son genre il avoit tout deviné, tout appris, tout perfec- tionné, sans avoir d'autre Maitre que son gé- nie, et, après son génie, la nature. PHlLirPE
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P H I L I P P E
ROOS,
ÉLEVE DE SON PERE
HENRI ROOS. HILIPPE ROOSeftle {e'
cond fils et Elcve de Jean Henri Koos. Philippe naquit a Franc- fort en 165 ƒ. Né Peintre et sou- tenu de 1'exemple et des le^ons de fon pere, il obtint, encore j'eune, 1'estime et la proteöion du Landgrave de Hesse-Caf- fel, qui remarqiia une si grande vivacité dans ce jeune Peintre, qu'il voulut ie lattacher; et potir
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32o La Vie des Ptinttes
1655. pour lui faciliter fon avancement, il 1'envoya
étudier a Rome, avec une bourfe plus que fuffi- fante pour y travailler avec toutes les commodi- tés, et anffi long-temps qu'il Ie jugeroit néceffai- re, et enfuite rctourner a la Cour de ce Bienfaic- teur. Mai.s Roos toucha la penfion, en profita, et oublia eniuite Ie bienfait et Ie Bienfai&eur. Son application a 1'étude étoit fans egale, il
étoit par-tout Ie premier et Ie dernier au travail; il fut alors 1'exemplo que les plus affidus cher- choient a imiter, etfa conduite Ie fit rechercher: heureux s il avoit été toujours de même! Cet acharnement au travail, a copier la na-
ture, lui mérita Ie titre du plus laborieux de Home: il ent auffi une facilité incroyable. Le Blond, pour lors dans cette capitale, nous en cite des traits : un jour, dit-il, que nous étions a dcssiner des bas reliëfs vers Vare de Ves- pasien , Roos passant par-ld, s'y arrêta, jrap- pe de quelque objet qui luiparut pittoresque : il pria le plus jeune de nous de luidonner du papier et dueto.yon. Quellefut notre surprise? En rnoins d'une demi-heure il avoitJini un beau Dessein, termini avec la plus grande Jinesse; il le donna d celui qui lui cwoit donné le papier et le crajon, et nous quitta. Nous nous attroupdmes pour l'admirer/ un Gentil- hornme vint nous voir, il ojfrit unepistole du Desscin que notre camavadc rej'usa / il aima mieux le garder. Cette facilité donna occasion a une gageure
entre le Comte Martinetzt Arnbaffadeur de 1'Empereur, et un Général Suédois. Ce der- nier ne voulut jamais croire tont ce qui le di- foit
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Flamands, Allemands et Hollandois. 321
foit de merveüleux de ce Peintre. L'Ambaffa- 1655.
deur paria une fomme que Roos feroit un Ta-^ bleau pendant qu'ils joueroient aux cartes : la partie 11e devoit durer qu'une demi heure. On commenca de part et d'autre : Roos avoit flni avant eux, il leur montra un Payfage avec une figure, des moutons, &c. et généralement un joii Tableau, et il partagea 1'argent qu'il avoit fait gagner a rAmbafladeur. Roos n'eft juscju'ici connu que commePeintre
excellent, prompt et facile : nous allons mainte- nant Ie faire connoïtre par fon caraöere et fon changement de conduite. Un jour deffinant des animaux dans les campagnes de Rome, Hyacin- the Brandi, qui jouiiïbit pour lors d\ine gran- de réputation, fe promenant dans foncaroffe, vers 1'endroit oü deflinoit notre Artifte , il vit fon Deffein qui Ie charma; après 1'avoir loué, il engagea Ie jeune homme a 1'aller voir chez lui. Roos ne manqua pas 1'occafion de voir un auffi bon Peintre : dès Ie lendemain il fit fa vi- fite, et fut recu très-bien, La converfation fpi- rituelle de notre Aliemand attacha tellement a lui Ie Brandi, qu'il lui fit promectre d'y retour- ner bientót et fouvenr. Il prit congé, et vn fbr- tant, il rencontra Mademoifelle Brandt, qui ne faiioit que pafTer. Sa beauté i'rappa Roos, il en devint éperdument amoureux; il regarda fes chaïnes avec Ie plus grand défefpoir : il retour- na chez lui rempii de douleur. Le nom di> Bra-i- di. fa richeffe, la beauté cle fa üllc; ia parrie, fa religion , tout étoit contre lui, evcepté ü ü- gure : on affiire qu'il étoit un des puis b^aus hommes de Rome. Il
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3'2 2 La Vie des Peintres
165 5. Il retourna bientót voir Brandi qui étoit 0C-
d'attendre; et dès qu'il fut feul, U paffa dans Ie jardin, promenant par-tout fes regards, pour tlécouvrir l'appartement de celle qui faifoit fon tourment. Le hazard ht paroitre Mademoifelle Brandi a une fenêtre grilléej fans perdre le moment, il fit, par des fignes, une déclaration d'amour. Le temps étoit précieux et court : il obtintde la belle Italienne qiielques efperances. Cette pantomine dura plufieurs jours, il fut hcureux; mais 1'amour qui ne veilie pas tou- jours, les laifTa furprendre par ceux qui les ob- fervoient. Brandi devint furieux, il mit fa fllle au Convent, défendit fa maifon a Roos, et dit qu'il n'avoit point élevé fa fille pour »n Pein- tre d'animaux : nos amants furent défefpérés. Roos, que la Bande Académique avoit nommé Mercure, fit voir que ce nom lui étoit acquis; 1'amour fit plus que routes les instm&ions, i! alla trouver le Cardinal V^icaire , et le pria de lui donner quelqu'un pour le préparer a fe ren- dre Catholique Romain. Son abjuration publi- que fit du bruit, et fit fort avantageufe au pro- jet qu'il avoit formé. Alors il déclara au Car- dinal fon amour pour la jeune Brandi, et il per- fuada aifément qu'il étoit aimé. Son Eminence en paria au Pape Innocent XI. Sa Sainteté y donna les mains, en confidérant qu'il n'y avoit point de difproportion entre 1'état de 1'un et ce- lui de 1'autre. Brandi fut forcé de confentir au manage, et peut-être leur auroit-il pardonnéce qu'ils avoient obtenu malgrc lui, fi Roos avoit été moins extravagant. Le
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Le leudemain de la nöce, Ie jeune époux se i6?C.
leva le premier, prit toutes les hardes et les bi- ,.«j h_»» joux, jiisqu'au linge de sa femme, et les renvoya a son beau-pere, en faisant dire que Ie Peintre d'animaux n'avoit pas be.«oin de ces meubles, qu'il ne vouloit que la rille; faisant entendre <jiic, quoique Peintre d'animaux, il étoit en état d'entretenir sa femme. Cette conduite inconsi- dérée et extravagante, acheva de !e perdre dans 1'esprit de Brandi, qui mourut de chagrin, après avoir déshéritd sa fille; autre folie qui mit le comble a son malheur : elle paya cher les ex- travagances de son mari, dont elle fut la vi&ime pendant le cours de sa vie. Roos fut avec sa femme demeurera Tivoly;
il y occupoit une grande maison, oü il élevoit toutes sortes d'animaux pour son étude. C'étoit souvent la seule compagnie de la belle Brandt, car Roos étoit quelquefois quinze jours absent, soit a chasser du gibier pour le peindre, soit a travailier ailleurs. Il sortoit a cheval accompa- gné d'un Domestique, souvent sans argent; le premier cabaret qu'il rencontroit devenoit son atteli«r, il y faisoit un on deux Tableaux que le Domestique alloit vendre encore tout frais par les rues; ensuite il retournoit payer 1'écot du Maitre, n'ayant mille part aucun crédit. La facilite de Roos augmenta si fort le nom-
bre de ses Tableaux, que le prix en diminua a proportion. Tous les Marchands de Rome en étoient fournis, TEtranger neles connoissoit pas encore, ainsi tout resta seulement dans Rome. Il arriva que le Valet fut forcé de les rappor- ter, parce qu'on en offroit trop peu : comme Tome 1U. X il
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324 La Vie des Peintres
il falloit de l'argent, on vendoit, n'importe a
quel prix. Le Domestique eut assez de crédit auprès de quelqu'un pour trouver de l'argent, au lieu de courir les mes avec les Ouvrages de son Maitre; il en fit un magazin, avec lesquels il a fait depuis une fortune considérable. Nous abrégeons beaucoup les extravagances
de eet habile Artiste. Tant de talents peuvent- ils être réunis dans une ame aussi basse et aussi ridicule? La crapule est un grand vice, mais comrnent peut-on appeller 1'ingratitude qu'il poussa trop loiu? Nous avons fait voir ce qu'a- voit fait pour lui Ie Landgrave de Hesse, qui 1'avoit entretenu pendant qu'il faisoit ses études. Il ne s'étoit jamais informé de son Proteöeur, ni inquiété de la reconnoissance; et il tnontra, par un dernier trait, combien il étoit incapable de ce dernier sentiment. C'est l'ingratitude des Ar- tistes qui dégoüte souvent les Grands de leur libéralité, et qui les empèche de secourir le mé- rite indigent, sous prétexte que leurs bienfaits ne servent qu'a faire des ingrats. Dans le voyage d'Italie, que fit le Land-
grave de Hesse en 1698 & 1699, il passa par Rome, il s'informa avec bonté si Roos étoit en vie ; on lui apprit sa conduite. Je lui par- donne, dit le Landgrave, d'avoir changé de iteligion, mais j'ai de la peine a comprendre pourquoi et comment il ne m'a pas envoyé un seul de ses Tableaus; j'aurois été enchanté de le trouver reconnoissant. Roos évita ce digne Protefteur avec autant de soin que 1'on en pre- noit pour le découvrir; il falloit presque le for- cer pour se présenter devant lui : il fut recu avec
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avec toute 1'amitié possible, et chargé de lui
faire quelques ïableaux, dont Ie Landgrave fixa Ie prix bien au dela de celui qu'il recevoit ordinairement de ses Ouvrages. Roos promit, et n'eut jamais Ie courage de tenir son engage- ment : il étoit fait pour manquer a ceux a quï il devoit tout. Sa pauvre femme vivoit dans la misere, aban-
donnée de son mari qui ne vivoit qu'au caba- ret. Il ne peignoit que pour vivre, ainsi il étoit souvent un mois absent. Mademoiselle Brandi eut tont Ie temps de regretter sa faute. Roos est mort a Rome vers 1'an 170 J. Ce Peintre auroit vécu dans Ie plus grand
éclat, s'il n'avoit pas manqué par Ie coeur. Son talent étoit de peindre des animaux; sa grande facilité n'y diminue en rien Ie fini de ses Ou- vrages : on y voit avec plaisir une exaóte vé- rité, puisée dans la nature. Son dessein est cor- reft, sa touche large et moëlleuse. Il composoit ses grouppes avec jugement; ses fonds, ses ciels et son Paysage en général, portent en tout Ie earaöere d'un Maitre habile, et d'un homme habitué a consulter la nature en tout. Ses Ou- vrages recherches de son temps, ne diminuent pas encore, tant il est vrai que Ie beau est en tout temps recherche. Ses Tableaux sont bien connus en Italië. |
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X 1 ROELOF
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326 La Vie des Peintres
ROELOF KOETS,
Ê h E V E
DE G U E R A R D TERBURG. LE Portrait qui a fait !a fortune de tant de
bons Artistes, a aussi enrichi Roelof Koets, né a Zwolle Ie 16 Janvier 165 5, fils d'un Peintre qui lui donna quelques principes du dessein. Guerard Terburg devint son Mattre, et bien- töt il surpassa tout ses Camarades. Terburg en convint malheureusement; la jalousie fut pons- sée si loin par les autres Eleves , que Ie Maitre en eut de la crainte : il conseilla Koets de Ie quitter et de ne suivre que la nature; il n'avoit pour lors que 18 ans. Il fit quelques Portaits bien ressemblants, qui porterent Ie Comte de Daluigh a se faire peindre: tousles Officiers de son Regiment en firent autant. Il réussit égale- ment, et c'est ici 1'époque de sa fortune. Le Comte de Dalwigh Ie présenta a la Cour
du PrinceHenri-Casimir, Stadhouder de laFri- se; il fut très-bien re^u, etbientót cePrince ne put se passer de lui. 11 se fit peindre plusieurs fois, et la Princesse et ses enfants; toute la Cour voulut a Tenvi, avoir son Portrait. On parle ici avec des éloges de ce bon Artiste; on vante sa grande facilité, son dessein, son choix dans la nature, et les agréments qu'il fgut ré- pandre dans ses Portraits par les accessoires. Koets etoit aussi très-grand Musicien, ensorte qu'il
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Flamands, Allemands et Hollandois. 827
qu'il fcavoit également amuser par ses Ouvrages
et par des concerts, &c. Koets ne se borna pas dans cette Cour uni-
quement au plaisir : il fit des études. Chaque Tableau étoit pour lui un sujet de recherche; nature étoit par-tout un guide qu'il ne perdit jamais de vue. Il pass;i dans Ie pays de Guel- dres, oü sa róputatïon 1'avoit précédé. Le Com- te de Portlant se fit peindre, et sa familie. Le même succes lui proeura de faire Ie Porrrait du Roi d'AngleterreGuillaumo III, celui du Comte d'Essaix, et un grand nombre de Seigneurs An- glois et Allemands, qui étoient a la Cour de £00, pres du Roi. On engagea Koets a passer a la Haye; ily
débuta par le Tableau de la familie de Pf^asse- naer, celui du Conseiller-PenMonnaire Hoorn- beek, et d'autres personnes de la premiere dis- tinftion de tous les pays. C'est une chose singu- liere d'apprendre qu'un seul homme air fait joco Portraits, et tous bien terminés, sans le secours de personne. Il est aussi cité pour le Peintre le plus laborieux de son tenips. Il a travaillé jus- qu'au dernier moment. En 1725 M. de Nu, Bourguemestre a Deventer, se fit peindre par notre Artiste; il se trouva mal, et pen de jours après il mourut a Zwol 1 o le 25 Juin de la même année, a 1'age de 7Oans. Il est regarde comme un bon Peintre de Porirait. Cet éioge est d'a- près les Artistes qui connoissent ses Ouvrages. |
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X 3 CHARLES
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CHARLES
DE MOOR,
É L E V E
D'ABRAHAM FANDEN TEMPEL.
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A Ville de Leyden se croit ho-
norée d'avoir donné Ie jour è Charles de Moor, né Ie 22 Fé- vrier 1656 ; il étoit fils d'un Marchand de Tableaux, qui Ie |
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destina d'abord aux études; mais
les Tableaux qu'il avoit dcvant lesyeux, eu- rent pour lui plus d'attraits que tout ce qu'on lui promettoit, s'il devenoit un f^avant dans le«
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La Vie des Peinlres, etc. 3sg
les langues. Ce futa son pere a qui il confia son i6«6.
dégoüt pour Ie latin, et son amour pour la Pein» «r ture : on Ie placa chez Gerard-Douw. Il fit des progrès, et bientöt plus porté pour une manie- re plus large que celta de son Maitre, il alfa a Amsterdam étudier sous Ie bon Peintre de Por- traits, Abraham Vanden Tempel. La mort de celui-ci en 167a, Ie ramena encore une fois a Leyden, sous Ia conduite de Frangois Mieris ; ensuite aDort, chez Godefroi Scalken. Il étoit attiré chez ce dernier, par sa facon de peindre; il dessinoit déja mieux que son Maitre, c'en étoit bien assez pour faire de grands progrès , et paroitre en public avec ses propres Ouvra- ges : il brilla par quelques Portraits qui 1'éle- verent au-dessus de ceux de son temps. Le Ta- bleau représentant Pyrame et Tisbé, fit tantde bruit que les Etats lui ordonnerent un Tableau pour être place dans la Salie du Conseil; il avoit le choix du sujet, pourvu qu'il eut ra- port avec la Justice. De Moor représenta le jugement terrible oü Brutus fait punir de mort ses deus fils : ce beau Tableau se voit encore dans Ja même Salie; on y admire le Peintre et 1'homme instruit des différents mouvements de 1'a'me : ce Tableau est effrayant, tant la vérité est exprimée par-tout. Il fit aussi un grand et beau Tableau d'Aurel ponr 1'EgHse des Jaco- bins a Leyden, et un grand nombre de Por- traits. Il peignoit aussi des petits sujets pris dans
la vie ordinaire 5 ceux-ci ont le précieux des plus grands Maïtres. Sa réputation vola par- tout : le Grand Duc de Toscane lui demanda X 4 sou
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33o La Vie des Peintres
1656. son Portrait. De Moor ne manqua pas une oc-
^p—^ casion si honorable , de se voir place parmi les plus grands hommes; il envoya ce beau Por- trait en 1701; il recu du Grand Duc une Me- daille d'or du poids de deux marcs, et la chaine du même métal. L'Empereur lui fit demander par son Ambas-
sadeur, Ie Comte de Sinsendorf, les Portraits du Prince Eugene et du Duc de Malbourough. Il les repiésenta tous deux a cheval dans Ie mê- me Tableau qui avoit quatre pieds. Il fit aussi Ie Portrait de l'Ambassadeur; tout fut envoyé a 1'Empereur qui fuf si salisfait, qu'après avoir loué les talents du Peintre, il Ie créa Cheva- lier du Saint Empire. Cette récompense hono- rable, fit un plaisir singulier aux autres Artis- tes, et ne faisoit qu'augmenrer leur émulation, sans exciter leur jalousie. Les Portrails qu'il fit grands comme nature et jusqu'aux genoux, de M. et Madame van slersscn, celui de M. Guillaume-Louis van Wassenaar et sa femme, firent un effet bien singulier: 011 poussa 1'hypet- bole au point de les élever au dessus de ceux du Ti/icn. Il eut encore une occasion de s'im- mortaliser; les Magistrats de la Haye se firent peindre en pied, de la grandeur de demi-na- ture. Ge beau Tableau fut fini en 1719, et fut place oü on Ie voit présentement dans la Salie des Bourguemestres a la Haye. On y voit re- préseutés lesBourguemestres, Messieurs Eivout Brand, Gjsbert van Kinschot, et Messieurs les Echevins, Paul van Assendelft, Adrien van Spierinx Hoek; Guillaume Coinans, Guillau- jne-Antoine Pietersqn : Jean ten JHovej & |
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Flamands, Allemands et Hollandois. 331
Jcan Stêenis; \es Secrétaires, Michel ten Ho- 1656.
ve & Jean Quarles, & leur premier Ci Nico/as sJmerongen. Ce Tableau est vrajment beau ; je souhaite a la Hollande des Peintres de ce mérite, Le C?ar Pierre Ie Grand admiroit les Ou-
vrage* de de Moor ; il se fit aussi peindre par lui. Il aima ce Tab < au au point que chaque fois que 1'on avoit peint d'après lui, il le ren- fermoit de crainte qu'il n'y arrivat quelqu'ac- cident avant qu'il fut fini. Le Peintre ent quel- ques difficultés avec ce Prince. parce qu'il se lai.soit attendre, et il ne voulut 1'achever qu'a- près que TEmpereur lui ent promis d'être plus exad pour se rendre aux heures qu'il avoit in- diquées. M. Verhamme fit orner une Salie dans sa
Maison a Harlem, placée sur le vieux fossé. De Moor y composa un ordre d'archite&ure avec des balustrades. On y voit des Bergers et de jolies Bergeres ingénieusement grouppées. Quoique eet Ouvrage soit de sa vieillesse, on ne le soupconneroit jamais; c'est a ce que je crois, un des Peintres qui a travaillé le plus long-femps, sans diminuer de talent et de cha- leur dans ses compositions et dans 1'exécntion. Ses derniers Tableaux se reconnoissent par des touches plus négligées qui n'en diminuent pas la vigueur; mais on ne reconnoit pas cette mêrne foute qui le caraöérise. II aimoit clans sa vieil- lesse , beaucoup le séjour de la Campagne a TVarmont, ou il mourut le 16 Février 1738, a 1'age de 8z ahs. Il laissa un fils qui exerce i la Peinturg. |
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33a La Vie des Peintres
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1656. De Moor avoit eu toute sa vie une conduite
•■^—■r trèsréglée : il aimoit son art passionnémenf. Sans être intéresse, il ne perdit point 1'occasion de gagner,et elle se présenta souvent pour les Portraits qu'il fit payer cher. S'il gagna moins a peindre de jolis Tableaux, il paroit qu'il fai- soit ces derniers avec plus de plaisir; il en a fait un grand nombre, et nous regrettons qu'il ait fait plus de Portraits, parce que ceux-ci deviennent perdus pour les curieus. Les gran- des families, pour lesquels il les avoit faits, ne s'en déferont jamais, tandis que les Tabieaux de cabinets se dispersent et changent de place. Ce Peintre avoit une très-belle couleur, une belle exécution dans Ie n"ni de ses Ouvrages, un bon gout de dessein,et routes ses compositionsbien disposees. Les Portraits de ce Maïtre sont d'une grande beauté, il en a fait avec la vigueur de Rembrant, et d'autres comme ceux de pan Dyck. Voici quelques Tableaux de lui, encore rares en France. On trouve dans Ie Cabinet de M. Julienne;
a Paris, un joli Tableau composé de trois figu- res, on y joue aux échecs. A la Haye, chez M. Fagel un petit pêeheur
et sa femme : un autre, une femme qui don- ne de la bouillie a son enfant : chez M. Ie Lor- mier, Vertumne et Pomone; dans Ie même Tableau, des fleurs dans un panier, un petit chien &c. un autre, Armide et Renaud endormi, et trois autres figures; un Hermite; un jeune homme assis, et les accessoires; une petite fille aussi assise, et un Berger qui joue de la flüte pres de sa Bergere; chez M. van Hétcren, une familie
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F/amands, Allemands et Hollandois. 333
familie de Villageois a fable, disant Ie bénédi- 1656.
cité; on voit dans Ie fond la vue de Leyden et • de Warmont, Terre qu'habitoit Ie Chevalier afe Moer; un jeune garcon qui se joue en sau- tant, mie perite fïlle Ie regarde : chez M. Bik- ker van Zwieten ; un vieillard pres d'une jeune Demoiselle; et une Madeleine. Eta iMiddeibourg, chezM. Cauwerven, une
petite femme qui tient des plumes. |
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JEAN GOTLIEB GLAUBER.
S'Il est utile aux Artistes, ainsi qu'aux Plii-
losophes de voyager, ce n'est que quand ils sont en état de bien voir les objets divers que la nature offre a leurs yeux, et qu'ils ont acquis, par l'expérience, assez de connoissance pour en juger et en profiter. Glauber n'avoit que quinze ans, lorsqu'il sortit de son pays avec son frere ainé Jean Glauber, de qui il avoit appris les principes de son Art. Jean Glauber engagé par d'autres Artistes a aller a Lyon, pensa que ses voyages étoient nuisibles aux pro- grès de son Art. Son frerequi n'avoit pas encore assez d'acquit pour profiter de tant difFérents objets, Ie placa a Paris chez un Peintre d'Har- lem, que 1'on nommoit JacquesKnyf, qui pei- gnoit bien l'archite&ure, ou desports demer, ornés de figures, &c. Knyf avoit entrepris quelques Tableanx a sa
Campagne, pour Ie Chateau d'un Seigneur Fran-
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334 La Vie des PeitUres
1656. Fran$ois;il fut obligé de s'absenter quelque-
■<T temps de Paris : a son retour, il congodia son Eleve, sous Ie prétexte qu'on ne payoit pas exaöement sa pension. Le jeune Glauber fut rejoindre son frere a Lyon; il le suivit a Rome et dans les autres Villes d'ltalie, et retourna avec lui a Hambourg, jusqu'en 1684, quils se quitterent. L'ainé fut a Amsterdam, et 1'autre en AUemagne , oü plusieurs Princes exeicerent son pinceau. Il resta quelques années a Vienne, dela il alla a Prague, et enfin se fixa a Breslau, oüil mita profit les connoissances infinies que ses voyages lui avoient procurées. Il mourut en 1703. Les Tableaux de Glauher, dont nous venons
de parier, ne sont pas connus en France : on les confond souvent avecceux de son fiere. L'Al- letnagne possede presque tout ce qu'il a fait : je n'en ai vu que deux; je joindrai a 1'éloge. que je lui dois, le témoignage avantageux des Histo- riens. Les Paysages dont les sites sont variés, bien choisis et agréables, paroissent tous copiés d'après nature. Les Italiens aimerent ses Ta- bleaux, et il lui on donné le nom de Mirtillus, a cause, sans doute, de 1'agrémcnt pasforal et champêtre qu'il fcut répandre dans ses Paysa- ges. Il représentoit aussi très-bien des ports de Mer qu'il ornoit de figures bien dessinées et bien entendues. Sa couleur est vraie et pleine de chaleur; son dessein est correft dans les per- sonnages et les animaux; il mérite a mon gré, une place parmi les grands Artistes. Les
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Flatnands, Allemands et Hollandois. 335
Les freres Glauber ont eu une soeur, Diane
Glauber, qui a réussi dans Ie Fortrait et dans quelques Tableaux d'Histoire. Elle demeuroit a Hambourg : elle eut Ie malheur de perdre la vue long-temps avant sa mort, dont Ie temps n'est pas connu. |
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LOUIS
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LOUIS
DE DEYSTER, ÉLEVE DE JEAN MAES.
OUIS DE DEYSTER, fils de
Louis et de Cornille van Heys- choote, de très-honnête et ancien- ne familie bourgeoife, qui avoit 'I depnis 400 ans donné a la Ville deBruges plufieurs de fes principaux Magiftrats, et de fes plus fameux Négocians. Louis de Deyster naquit dans cette Ville vers
1'an 1656, et fut conflé d'abord, en qualité d'E- leye, a Jean Maes bon Peintre d'Hiftoire et da
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de Portrait. Le voyage de Rome perfeöionna
les ralents de Desyter. Il paffe fix années, par- tle dans cetteCapitale, partie a Venife, toujours accompagné d'un ami fidele, dont par la fuite il époufa la foeur. Cet ami étoit Antoine van Eeckhoute, tres-bon Peintre de fleurs et de fruits. JL'un et 1'autre de retour a Bruges, leur Patrie, vécurent dans une intimité dont il eft peu d'exemples, même entre des freres : com- bien font-ils plus rares entre gens^ de la même profeffion ? Les grands ralenrs de Deyster furent long-
teraps ignorés. Naturellement timide, ennemi des rapports, occupé des devoirs de la piété, a peine étoit-il connu dans fa Patrie. Son attelier lui tenoit lieu du monde entier : on ne connoif- foit que fes Ouvrages; on ne voyoit prefque ja- mais fa perfonne. Les Artiftes font néanmoins obligés de paroitre quelquefois, et il est rare que la fortune aille d'elle-même chercher un Protogéne ou tin Phidias dans 1'enceinte de fon domeftique. Deyster étoit fi phjlofophe qu'il ne craignoit ni 1'indigence ni le mépris; il auroit vu ia mifere a\?ec toutes fes fuites, fans en être effrayé, fans croire mériter un autre fort. Cependant quelques Tableaux de conféquen-
ce attirerent les curieux et les Eleves. Deyster ne put fe cacher plus long-temps; il fut obligé de recevoir des marques d'eftime et de s'enrichir; il fut peut-être alors moins heureux, parce que fes foins et fes travaux fe multiplierent: c'eft 1'épo- que de fes grandes entreprifes pittorefques. Il fit 1'Hiftoire de Rebecca pres du puit oü elle donne de 1'eau au Serviteur d'Abraham, celle de
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1656. de Judith en plufieurs morceaux destinés a orner
^■■y un appartement. Il fe furpalïa lui-même dans un Tableau repréfentant la mort de la Sainte Vier- ge. On connut, a cette occafion, combien Deys- ter avoit étudió la nature, et combien il étoit propre a traiter les grands fujets. Deux autres pièces de ia même beauté furent, la Réfurrec- tion de Notre-Seigneur, et fon apparition aux trois Maries. On remarque dans ce dernier mor- ceau, que Ie C hrift ne Ie céde ni pour la couleur ni pour Ie deffeina ceuxd< Vandyck, Un très-grand nombre d'autres belles entre-
prifes remplirent tous les moments de notre Peintre, et Ie mirent maigré lui dans Ie monde. Il fut recherche et goüté même pour fon mérite pefonnel. Quoiqu'il fut philofophe et ami de la folitude, fa converfdtion étoit fpititaelle, fa can- deuret fa modeftieenchantoient, etelleslui ont fait amant d'amis qu'il fe trouva de perfonnes a portee de Ie connoitre. Ce genre de vie un peu plus relatif aux ufages de lafociété, ne diminua ni fon humilité, ni fon application a 1'étude. Surchargé d'Ouvrages,il finiffoit avec Ie même foin tout ce qu'il entreprenoit. Plnfieurs per- fonnes ne pouvant en obtenir de Tableaux, fe contentoient de fes efquiffes qti'il terminoit plus qu'on ne termine d'01 dinaire ces fortes de pen- fées, qui font Ie fruit d'un premier feu. On re- marque qu'a fon retour de Rome, la Ville de Bruges avoit peu d'amateurs, et encore moins de connoiffeurs; mais par Témulation et Ie gout qu'il répandit,on vit tout-d'un coup fe former desca- binets avec beaucoup de dépenfe et de choix. Deyster
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Flamands, Allemands et Hollandois. 33g
Deyster ètoxt chargé d'Ouvrages qu'il vendoit
trés-bien; et fa fortune ne pouvoit qu'aller en croissant, s'il fe fut contenu dans les bornes de fa profc/ïïon; mais comme il avoit du génie pour tous les Arts, il fe livra a une rnultitude d'occupations frivoles, a la ftru&'ire des cla- vecins, d'orgues, et de violons, d'horloges, de pendules, &c. 11 facrifïoit ainfi un talent oü il excelioit, a 1'inconftynce de fon imagination; et du rang des premiers Peintres de fon temps, il defcendit a celui d'homme médiocre dans les autres Arts. Ce défaut de conduite diffipa fon temps, fes éleves, fes amis, fa fortune : il fut obligé, pour fubMer, de vendre jufqu'a fes def- feinSj et de faire enfuite des efquisses ou des Ta- bleaux a la hate. Un ami, M. Roelof, gémiffoit fur Ie fort de Deyster. Get ami eftimable miten vain tont en oeuvre pour rappeller ce Peintre de fes égarements : il fut Ie feul qui ne 1'aban- donna point, et fa générofité 1'empêcha de périr de mifere; mais qui ne Ie toucha pas aflez pour en fupprimer la caufe. II mourut en 1711, agé de y y ans, éprouvé par une longue maladie qui n'altéra jamais fa conftance. Deyster n'a eu que deux filles de fon Maria-
ge. La plus jeune, Anne Deyster, deffinoit et peignoit bien dans Ie gout de fon pere. Ses copies d'aprèslui, caufent quelquefois des in- qniétudes et des difputcs parmi les Amateurs qui confondent fouvent les copies avec les origi- naux : elle a fait a l'aignille des Payfages qui imitent très-bien la Peinture. Elle jouoit de tous les inftruments , et elle s'accompagnoit fupérieurement du clavecin. On affure que fes Tome III. Y talents
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La F ie des PcitUres
i6s6- taients onf été caüfe des égarements du pere,
»r qui vouhit lui-même apprendrela mufique a i'age de 50 ans. Anne Deyster rttourut en 1746; c'eft d'eile que nous tenons la \ie de fon pere. La maniere de Deysler eft grande et large;
il s'étoit formé un gout approchant des Italiens. Il deffinoit et compoi'oit ;svec jugement: il don- noit beaucoup de cara&eie a (es airs de tête, a fes pieds et a fes mains; fes draperies font fentir Ie nud; les püs y font ampies et formés avecchoix; fa couleur est chaude et dorée : il ne faifoh que glacer fes ombres avec du ftil de grain et de 1h momie; on volt par-tout la toile; mais auffi chargeoit-il beaucoup fes lu- mieres : il avoit pour maxime de p'.acer dans les chairs des demi teintes de terre verte un peu outrées entre fes ombres et fes lumieres, ce qui fait un grand et merveilleux effet, a une cer- taine diftartce : fes teintes ne font nullement tourmentées, il les mettoit dans leur place, après quoi il les hachoit avec un grand pin- ceau on la btoffe, les unes dans les autres, toujours fans les matter; il revenoit la-dessus avec des touches larges, chargeart de couleur au point qu'on fent leur épaifieur a ia main fur les dairs, et comme j'ai dit, il n'en mettoit presque point dans les ombres. 11 facrifioit la moitié de fes Tableaux , pour répandre ia lu- miere fur 1'objet principai, et fouvent on a de la peine a distinguer des figures entieres dans les fonds, ce qui donne une force et une intelli- gence de clair obfeur qu'ii a pouffé aufli loin que les plus grands Maitres de Fiandres. Tout ce qu'il a peint paroït en mouvement. Ses
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Flamands, Allemands et ffollandois. 34*
Ses drapedés iloiteiH au gré de i'air : les étoffes
gro/fi res onr des plis plus larges, et {entent la laine uu Ie lin. Deyslcr n'a jamais plu aux Da- mes , pa-ce qu'il peignoit la nature telle qu'elle étoit: fon piriceau réii/F.ffoitmieux a peindre un Apótre qu'une Nymphe; ccpendant nous avons de lui plufipurs fujets de femmes, mais elles font plus belles quejolies. On aura de Ja peine a croire que ce Peintre
étoit long. Ses Tableaux paroinrnt faits derien et fort vïte; mais il eft conftant qu'il corapo- foit plufieurs fois Ie même fujet; a la mine de ploinb, on a 1'encre de ]a Chine. Son fujet trou- vé, il deffinoit fur la toile ou fur Ie panneau, avec une corre&ion que perfonne n'avoit en Fiandres de fon temps; après qiioi il peignoit et finifToit prefque toujours au premier coup. Cet avantage feul fauva fa lenteur. On n'ofoit jamais, en fa préfence, louer fes Ouvrages; il regatdoit tont ce qui forroit de fa main avec chagrin: Hen ne lui en plaifoit: cette délicateffe venoit de ce qu'il avoit toujours devant les yeux les grands Maitres d'Italie qu'il s'étoit propofés pour modeles. Il a gravé en maniere noire et a 1'eau forte. Sa pointe eft facile et né- gligée : il ne cherchoit que l'efFet3 fouvent aux dépeus de la corre&ion. Voici une partie de (es Ouvrages.
Dans 1'Eglife de Saint Jacques, a Bruges, la
mort de la Vierge, Tableau furprenant pour la compofition, ou 1'efprit de 1'Auteur fe décele par-tout; Jéfus-Chriil è la Croixavec les Ma- ries; et la Réfurreftion de Notre-Seigneur. M. Roelof, ami et Mecene de Deyster fit faire ces Y 2 Ta-
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II.....
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34s La yie des Peintres
1656. Tableaux a fes dépens, pour faire connoitre 1«
■uw Pcintre; exemple remarquable de Tamitié la plus tendre. Il céda ces Tableaux depuis a cette Eglife, dont il étoit Marguillier; mais quelques difficultés entre les Marguilliers ont fait paffer cette belle compofition dans 1'Eglife desCarmes de la même Ville. On y voit encore fept autres Tableaux. Le premier repréfente Saint Siméon Stock,
qui rec,oit des careffes de l'Enfant Jéfus qui eft fur les genoux de fa mere. Le haut eft une gloi- re : ce Tableau eft d'une belle harmonie. Le deu- xieme, 1'Affomption de la Vierge, une légion d'anges et de chérubins qui entourent la Reine du Ciel, flottent dans les nuages avec une lé- géreté étonnante. Le troifieme enfuite, Saint André de Corfini,
Evêque de Fiéfola, auffi de 1'Ordre de ces pe- res: pendant qu'il dit fa Meffe, la Vierge appa- roït au haut de 1'Autel; fujet ingrat, maïs bien rendu. Le quattierae repréfente Saint Angelus, du
même Ordte, retiré dans un défert, dépourvu de nourriture : il eft en priere et dans 1'étonne- rnent, lorfqn'il fe retourne, et voit un Ange qui lui apporte du pain et de 1'ean. Ce Tableau qui n'eft compofé que de deux figures eft fur; prenant, et paffe certainement pour fon chef- d'ceuvre, Le cinquieme, eft Sainte Marie-Madeleine
de Pazzi, en extafe devant le crucifix; elle eft foutenue par un Ange, et entourée de Chéru- bins. Deux autres Tableaux au cóté du grand Au-
tel:
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Flamanda , Jllemands et Hollandois. 345
tel: 1'un Notre-Seigneur en croix, la Vierge et 1656.
Saint Jean a ses cötés, 1'autre la Madeleine au -t-ttt— pied de la croix. Ces deux derniers font foibles en tout. Dans 1'Eglife paroiffiale de Sainte Anne, il a
peint un Saint Sébaftien; lié, fufpendu a un ar- bre, et percé de fléches; celui-ci eft auffi du bon temps de Deyster, ainfi que Ie Martyre de Saint Amand, dans la Chapelle confacrée a ce Saint; et une Vifitation , Tableau du grand Au- tel dans 1'Eglife des Beguines. Chez M. Goormachtigh, Procureur, fe con-
ferve Ie Tableau que Deyster fit pourfon beau- frere; on y voit la Déeffe Pomone endormip, un Berger lui apporte des fleurs et des fruits: la Déefle eftd'une beauté raviflante, elle semble refpirer; les fruits et les fleurs font peints par Vanden Eeckhoute. Ce Tableau paroit être peint d'une même main. Chez M. fFinkelman, Lucréce qui fe perce
Ie fein, et la punition d'Ozias, petits Tableaux de chevalet touches avec finefle et esprit. Chez M. van Overloop, a la Monnoie, autre
bonTableau repréfentant 1'adoration des Bergers. Chez M. d Aquillo ancien Echevin, Notre-
Seigneur, auquel les Juifs font foufFrir Ie fup- plice de la Couronne d'épines. Ce Tableau eft dans la plus grande maniere, bien penfé et d'üne belle exécution. Chez M. Pullinx, Greffier, la Continence de
Scipion, figure prefque grande comme nature. Chez M. Guillaume Acke, Echevin, Notre-
Seigneur et la Samaritaine; les Apötres, occu- pent Ie fond du Tableau. Y 3 Chei
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344 La Fie des Peintret
165b. ChezM. Salcns, la Madeleine pénitente, de
■win» grandeur de nature. Chez M. l'Eguillon , autre Couronnement
d'épines , auffi de grandeur naturelle. M de Bie, Avocat, pofféde un des bons Ta-
bleaux de ce Maitre, il repréfente Notre-Sei- gneur a la Colonne. Voici les derniers Ouvrages de Deyster, ils
font places dans une Chapelle dédiée au Saint Sacrement, dans la mème Ville de Brnges. En 1701, M. Roelof en eut la dire&ion; il la fit décorer en dedans de rnarbre noir et blanc , et laifla des compartiments pour y mettre fept Ta- bleaux. Cet ami du Peintre penfoit toujours a Ie foulager ; il lui commanda les Tableaux; les figures grandes comme nature, repréfen- tent : Le premier, Notre-Seigneur qui quitte fa mere
avant fa Paffion. Le deuxieme, Notre Seigneur au Jardin des
Oliviers. Le troisieme, Notre-Seigneur trainé dans le
Cédron. Lequatrieme, Notre-Seignenr qui rec,oit le
foufflet en préfence du Grand-Prêtre. Le cinquieme, Notre Seigneur attaché a la
Colonne. Le fixieme, le couronnement d'épines.
Le feptieme, la Réfurreftion de Notre-Sei- gneur. Ce dernier Tableau eft peint par Joseph Kerekhove. On ne pouvoit jamais tirer ces Ta- bleaux des mains de Deyster,• on y reconnoit le même Maitre, mais négügés, les têtes ma- niérées, et tout fon deffsin fans choix et fans cor-
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Flamands, Allemands et Hollandois. 345
corre&ion : les figuresfont coutres; en général
on y voit Ie déclin des dernieres années d 1' tifte. Nous exceptons ie T.ibieau oii Notre-Sei- gneur est dans Ie Jai din des Oliviers : celuici eft digne de fon bon temps. A i'Höpital de S. juiien, la Réfurreclion du
Lazare. A Furnes, on y voit Ie Martyre de Sainte-
Barbe, Tableau d'Autel a la Paroiffe de Saint Nicolas. A Bergues, dans 1'Eglife de 1'Abbaye de S.
Winnox, 1'on trouve im des plus beaux Ta- bleaux de Deyster; c'eft Saint Grégoire qui fe lave les mains. L'Auteur de eet Ouvrage poflede a Rouen une
Madeleine pénitente. Deyster a gravé ce petit Tableau : un autre, des Vendangeurs aux envi- rons de Rome, genre de Tableau que ce Pein- tre a fait fouvent, en revenant d'Itaüe. |
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A N T O I N E
VANDEN EECKHOÜTE.
ANtoine vanden ëeckhoute, flls de
Michel, né a Bruges a peu pres dans Ie temps de Deyster, fut son beau frere et son com- pagnon de voyage : c'est tout ce que nous fca- vons du premier teraps et de la jeunesse de ce Peintre; son Maitre nous est même inconnu. Pendant Ieséjour de vandenEeckhoute enltalie, il pcignoit des Tableaux de concert avec Deys- ter : celui-ci faisoit les figures, et notre Artiste Y 4 peignoit
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346 La Vie des Peintres
1656. peignoit les fleurs et les fruits. Cette union en-
<—t tr'eux se répandit sur tout ce qu'ils ont fait en- semble, même couleur, même touche, &c. Après deux années de retour en Flandres,
FandenEeckhou/eacheta laChargedeConseü- ler-Orateur a la Prévóté Ecclésiastique, Char- ge honorable qui porte avec elle Ie titre d'Eche- vin y 1'Evêque de Bruges en est Ie Prévot. Tout occupé qu'il étoit dans son état, la Peinture remplit tous ses autres moments, et on vit sor- tir presqu'autant de Tableaux de sa main, que s'il n'avoit point eu d'autres devoirs a remplir. Vanden Eeckhoute chéri dans sa patrie par son esprit et .«es talents, eut 1'irgratitude de la quit- ter, dabandonner sa familie, sa fortune, pour courir des hazards, et éprouver les suites de la jalousip. Il s'embarqua pour l'Ifalie, Ie hazard Ie con-
dtiisit a Lisbonne, on ses Ouvrages furent en- levés a grand prix, et gagna beaucoup. On nous a caché Ie commencement de son élevation; d'une belle figure. 1'esprit cultivé par une bon- ne éducation, séduisant dans Ie monde; il n'a- voit pas encore passé deux ans dans cette Ville, lorsqu'il épousa une Demoiselle de qualité et fort riche. Cette brillante fbrtune lui suscita des rivaux et des jaloux d'on bonheur qu'il devoit a 1'amour. Se promenant un jour dans son car- rosse, il re^ut un coup de feu dont il mourut dans 1'instant en 1695.1! nous a été impossible et a ses parents de fcavoir qu'elle a été la suite de eet assassinat, et d'en connoitre les Auteurs. Il ve laissa d'autres héritiers que sa sceur, fem- me de Louis Deyster. Planden
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Flamands, Allemands et Hollandois. 347
/^a«üfeni'>cA//o«/epeignoitentierementdans 1656.
Ie gout des Italiens. Les études qu'il avoit faites *SSS* des fruits et fleurs de cette contrée. étoient en si grand nombre, qu'il s'en .servoit en tout temps; il les a cependant variés a 1'infini. Sa couleur est excellente, et sa fa^on de peindre, pleine d'humeur, tient de la magie. Les Tableaux de ce Peintre sont peu con-
nus, excepté en Italië. |
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JEAN-FRANC2OIS
D O ü V E N.
JEan-Fran^ois Douven naquit Ie 2
Mars 1656 clans la petite Ville de Roer- raont, au Duché de Cléves, Son pere étoit Re- ceveur du Ghapitre : il avoit voyagé, et son sé- jour dans Rome lui avoit donné un gout parti- culier pour la Peinture. Il éleva son fils dans Ia même dispositfon, et fut au cotnble de sa joie, quand il Ie vit por té d'inclination pour notre Art : il mourut trop tot pour en voir Ie fruit. Sa Riere, pour remplir Ie projet de son mari, placa son fils chez Gabriel Lambertin, a Lié- ge. Celui-ci avoit été long-temps a Rome, et en avoit rapporté nombre de desseins et d'étu- des. On ne dit rien de plus de ce Peintre qui nous est inconnu d'ailleurs.Douven se vit bien- töt en état de se passer de Maitre ; il refourna chez lui bien résolu de travailler sans relache; il y trouva heureusement Dom Juan Dellans Felases}lntendant desFinances pour Charles II, Roi
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348 ■ I*a Vie des Peintrcs
\6\6. Roid'Espagne.Ce Seigneur possédoit Ie plus ca-
^rieux Cabinet de son temps : c'etoit pour Dou- ven une mine dans laquelle il comptoit puiser les conuoissances qui 1'occupoicnt pour lors. Il fut rec,u par Ie Seigneur Espagnol, qui lui aban- donna son Cabinet a copier. Les Tableaux pré- cieux des Maitres d'ltalie Ie fixerent sur-tout ; les bonnes copies qu'il fit d'après, porterent Ie Propriétaire a s'attacher ce jeune nornme pen- dans trois ans, uniquement pour Ie faire tout co- pier. C'étoit ici oü Douven devint un Maitre habile, lorsqu'il ne se croyoit iui-même qn'un commencant. Le Duc de Nuremberg appella Duwen a Dusseldorp; et ce qu'il y a de singu- lier, c'es't qu'il débuta par ptindre Ie Portrait du Duc et des Grands de la Conr : un succes, au- quel il ne s'attendoif pas, lui fit redoubler ses soins; agé de x8 ans, il fut nommé premier Pein- tre de cette Cour. Douven accompagna le Duc a la Cour de
Vienne : les Portraits de 1'Empereur, de 1'Im- pératrice et des principaux Seigneurs, lui mé- riterent des louanges, des richesses et une chai- ne d'or, avec la. Medaille de même métal. Il retourna a Dusseldorp pour y finir ses travaux, lorsque la mort de lEleöeur Palatin fit reve- nir ie Duc PhilipDes-Guillaume. qui devint Eleöeur, et le fit changer de demeure de Neu- bourg a Heideiberg. Dans le même temps Ma- rie Sop'iie de Neubourg épousa le Roi de Por- tugal. Douven fut chargé d'aller a cette Cour pour y peindre le Roi et la Reine: une Me- daille d'or fut ajoutée a d'autres récompenses. L'Empereur Léopold 1'appella a Vienne, et le nomina
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Flamands, Allemauds el Hollandois, 3/jQ,
nomma son premier Peintre. Le mari;jge de la 1656.
troihieme Princesse de N-'ubourg avec le Roi t d'F.spagne, obligea Douven de quifter Vienne pour peindre cette Princesse: ce Tableau étoit destiné ponr envoyer en Espagne. Ce Peintre remercia la Cour de Vienne, et
s'excusa sur Pair qui ne convencit point a sa santé. li alla a Dusseldorp auprès de son Pro- tefteur qui devint veuf, et peu de temps après Eiectcur Palatin, par la mort de son pere Phi- lippe-Guülaume. Douven rec.nt ordre de 1'Eni- pereur d'aüer a la Cour de Danemarck, pour y peindre la Princesse Charlotte, destinée a épou- ser 1'Empereur Joseph : il peignit aussi le Roi et la Reine. Sa commission finie, il retourna bien récompensé, avec le présent d'une Me- daille d'or. Ce mariage n'eut point lieu, il re^ut ordre d'aller a Modene, pour y faire le Portrait d'Amélie, Princesse d'Hanover; il la peignit en pied, en grand comme nature , et de même en petit. Ces Portraits furent envoyés a V«enne , et la Prineesse épousa le Roi des Ro- mains. De nouveaux ordres 1'obligerent de se rendre en Toscane, oü il fit le Portcait du Grand Duc pour sa rille rEleörice PaUuine. Il eut, dans cette Cour, le plus grand plaisir, en examinant la belle colleöion de Tableaux des Maitres de toutes les Ecoles. l,e Grand Ducho- nora ce Peintre de la plus grande distinöion; il lui demanda son Portrait, qui fut place parmi ceux des Artistes de 1'Europe, dont la répu- tation a mérité cette distinöion. Il fut grati- fié d'une riche chaine d'or, avec une Medaille de même, qui portoit 1'empreinte du Prince. En
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35o La Vie des Peintres
1656. ^n arrivant a Dusseldorp, Douven^ fit Ie
-■Mway Portraic de 1'Archiduc Charles, qui alloit pren- dre la Gouronne d'Espagne : il peignit peu de temps après la Princesse Charlotte de Bruns- wick, depuis Impératrice. Il eut occasion de peindre les personnes de la plus grande distinc- tion, qui venoient a cette Cour, 1'une des plus brillantes de 1'Europe. L'Elefteur PaSatin, Ie Mécene de Douven, étoit aussi Ie Prince qui aimoit et qui favorisoir Ie plus les Arts. Il n'é- pargna rien pour attirer les hommes célébres, il avoit a sa pension Antoine Pelegrini, DomU nique Zanetti, Adrien Vander Werf, Jean Wéeninx , Antoine. Schoonjans, Eglon Van- der Neer , Rachel Ruys, Guerard de Laires- se, Antonio Bernardi de Bologne, Peintre a fresque, et deux autres dont les noms sont ignorés; plusieurs Scnlpteurs qui eurent a leur tête Ie Chevalier Grupello. On distingue enco- re deux hommes rares, qui faisoient des figures en ivoire, Antonio Leonino & Ignace van Eul- hoffer, Al Iemands. Dusseldorp étoit la petite Rome : cette union entre les Artistes donna Texemple aux autres, qui se rendirent de tous cótés pour y exercer leurs talents. On ne fgait rien de la mort de Douven, ni en
qnel temps elle arriva. Ce Peintre avoit Ie mé- rite de bien peindre, de bien faire ressembler; il avoit eu l'honneur de peindre, d'après nature. troisEmpereurs, trois Impératrices, cinq Kois, sept Reines, et plusieurs Princes et Princesses: il eut Ie bonheur de réussir dans tous ses Ou- vrages. N.
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Flamands, Allemands et Hollandois. 35t
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N. .KLOOSTERMAN.
KLOOSTERMAN naquit a Hanover en 1656 : jg g
sa jeunesse et ses Maitres nous sont incon- -gr-. nus. Il étoit un des bons Peintres de Portraits de son siècle; on Ie demanda a la Cour de Lon- dres, oü il gagna beaucoup de bien. Ses Por- traits furent transportés dans toutesles Cours et admirés; Ie Roi dEspagne Ie demanda a Ma- drid^ il y peignit ce Monarque, la Reine et la plupart des Grands de cette Cour : il eut Ie plus grand succes, et retourna a Londres enri- chi d'argent et de présents. Il fut recu avec joie, et pen de temps après il eut ordre de peindre la Reine Anne : ce beau Tableau représente la Princesse en pied et debout;dansune main elle tient Ie sceptre, et dans 1'autre Ie globe. Ce Ta- bleau bien eomposé et bien peint étoit frappant pour la ressemblance, et séduisant pour 1'har- monie; les étoffes d'or et d'argent trompent. Ce beau Portrait est place a Guildhal, entre ceux du Roi Guillaume III, et celui de la Reine son épouse. Kloosterman étoit d'une belle figure, il avoit
une bonne conduite, et quoique magnifique dans ses ajustements et dans sa maison, il ne fit au- cune dépense ruineuse; il étoit riche, et par economie, il n'avoit avec lui qu'une gouver- nante , qui avoit tellement sa confiance, que sa maison étoit a sa disposition. Cette misérable profita du moment que Ie Maitre étoit absent, et elle lui enleva son argent, ses bijoux, ses billet»
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35a La Vie des Peintres
1656. billets de banque, et tout ce qu'il y avoit de
■i ait été possible d'apprendre aucune nouvelle de celle qui lui avoit fait Ie vo!. Cette perte af- feöa tellement notrebon Artiste, qu'il en per- dit 1'esprit, et moumt peut de temps après a Londres : nous n'avons pu fcavoir en quelle annee. Il fut regrettó, et ses Ouvrages sont es- timés autant que ceux des plus grands Maitres qui aient été en Angleterre : ils nous sont in- connus. On en voit beaucoup qui sont gravés par Smith, &c. |
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JEAN GRIFFIER,
ÉLEFE DE ROELAND ROGAMN.
JE A N Griffier naquit a Amsterdam
en 1656; il essuya beaucoup de diflicultés, avant de parvenir a la Peinture. D'abord desti- né au métier de Charpentier, ie hazard lui fit faire connoissance avec les enfants d'un Manu- faöurier de carreaux en faïence. Au lieu d'alier au chantier ou a l'Ecole, il aiia peindre chez eet homme ; et lorsque ses parents s'en apercu- rent, il étoit déja Ie plus habile de la Manufac- ture. Alors Griffier pria son pere de Ie laisser Ie maitre de sou sort; il entra chez un Peintre de fleurs; c'étoit Ie plus grand ivrogne, et fhomine Ie plus crapuleux de son temps; il occupoit son Eleve a Ie conduire au cabaret, et a Ten ramener. Gette conduite dégoüta Griffier qui Ie quitta pour entrer sous Roeland Kogman. Ce
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Flamands, Allcmands cl Hollandois. 353
Ce futenfin chez lui qu'il apprit a peindre : il
mérita Famitié de son Maitre et (lts amis qui al- Jcient Ie voir; tels que Lingelbach , Adrien Vanden Velde, Ruisdaelfk Rembrant; il eut la permi.ssion d'aüer voir travailler ces bons Ar- tiste.s, de leur moiilrerses Ouvrag^s, et 1'avan- tage de recevoir leurs avis, et d'en profiter. Ce jeune homme fit tous ses efForts pour entrer chez Rembrant; mais on lui r^pondit qu'étant ami de soa Maitre- i! ne pouvoit recevoir un de se» Eieves, sans mériter des reproches; qu'il Ie verroit avec plaisir et ses Tableaux, et qu'il ne lui refuseroif jamais ses coiiseüs. Griffier^ en exarninant les Ouvrages des uns et des autres, comprit très-bien que les Paysages devoient plaire d'avaniage, lorsqu'ils étoient clairs , que la nature étoit telle; il condamna ceux de son Maitre qui devenoient fcristes, parce quil y ré- gnoit un roussatre trop généra!. Il vit que Lin- gelbach & Vanden Velde au contraire don- noient a leurs Tableaux eet air de fraicheur et de vapeur, qui approche si bien de Ja vérité. Rogtnan lui dit qnelquefois, avec une espece d'envie; d votre Ouvrage je vois bien oü vous avez é.'é, pour faire entendre qu'il étudioit la maniere (Je deux autres Maitres. Alors il se détermina a vojager, il fut a
IiOndres oü Ton estimoit déja ses Tableaux. Il peignoit des Paysages avec des ruines d'Italie, comme s'il y avoit psssé une partie de sa vie; il ne pouvoit fournit aux Amateurs, et il ga- gna ainsi du bien. Il s'étoit marie en Angle- terre; mais eet homme si estimé par ses tnlents ne devoit gueres 1'être pour sa conduite. Son incon-
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354 La ^ï* des Peintres
l6<6. incotistance, son amour pour ia nouveauté, et
■■._.- sa fureur pour les voyages, penserent leperdre. En 1695, il acheta pour deux mille écus un petit Vaisseau, dans lequel il s'embarqua avecsa femme et ses enfants, oü il porta beaucoup de Tableauxde prix, et toute sa fortune pour pas- ser en Hol'ande. Un orage furieus les mit a deux doigts de
leur perle Le vaisseau fut dématé, et enfin jet- té sur un banc de sable, et y tut brisé : les ma- telots sauverent le Peintre et sa familie qui per- dit toute sa fortune. lis auroient été forcés de mendier. si sa fille n'avoit garde quelques gui- nées de ses épaignes, qu'elle avoit cousues dans sa ceinture. En arrivant a lloterdam, il y resta quelque-
temps : il y trouva quelqu'un qui lui vendit un autre vaisseau a moitié usé, avec obliga- tion de le payer aux termes fixés. Griffier fit distribuer le dedans pour la commodité de sa familie, se róservant un attelier poar peindre, &c. Cette singuliere fac,on de vivre étoit dans le caraöere du Peintre qui airnoit le changement. On le voyoit camper, tantöt a Amsterdam, tantót a Enkhuisen, a Hoorn ou a Dort. Il manqua encore de périr devant ce port, peu au fait des prolöndeurs; il passa sur un banc de sa- ble, oü il resta huit jours; heureusement le flot le débarrassa sans aucun danger. Il mena cette vie long-temps, en peignant des jolies vues, des villes, des marines , et sur-tout des Paysa- ges avec des rivieres et beaucoup de figures. On vit de ce Peintre des imitations de Rem- brant, de Poelembourg} ou de Ruisdael. Ses Tableaux
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Flamands, Allemands et Hollandois. 355
Tableaux tromp .Jent les connoisseurs; il est 1656.
constant qu'a forces de les avoir copiés, il étoit *^—m> parvenu a les décomposer, pour ainsi. dire. Ses copies penvent a peine se distinguer des origi- naux, lors même que 1'on sapplique a les com- parer. Il a copié Teniers avec beaucoup de suc- ces. Après avoir parcouru les ports et les vues de
la Hollande pendant plufieursannées, i! forma Ie projet de retourner en Anglererre : il se sou- vint très^bien de ce qui lui étoit arrivé: et pour ne pas courir les mêmes risques, il resta dans sa Maison flottante, et fit em'mrquer sa familie dans un autre navire. S'il arrive quel- que malheur, disoit-il,/'e n'aurai de l'inquiê- tude que pour moi seul. Il débarqua a Londrps sans accident: ses Tabl aux y furent recher- ches, comme par Ie passé. Le Duc de Beaufort aimoit tant ses Ouvrages que, pour les avoir tous, il ne permit presque pas que d'aulres que lui en fissent faire; espece de tyrannie qui, toute flatteuse qu'elle est pour un Artiste, est souvent contraire a sa gloire. Ce Peintre eut pour fils Roberf Griffier, qui
naquit en Angletetre en 1688, et qui devint anssi habile q>ie lui en sa maniere, qui étoit k peu pres eelle A'Herman Zaft Leven : ce sont des vues du Rhin, avec de jolies figures : tout y paroit en mouvement; ses Tablcaux sont ré- pandus et fort recherches. Il passa a Amslerdam, ou il fut fort employé. Nous allons indiquer les Tableaux les plus
conmis du póre et du fils. Tome III. Z On
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356 La Fie des Peintres
i6<)6. On voit a 1a Haye, chez M. Fagel, Greffier,
■*■—r une vue du Hhin. Chez V]. Ie Lorrnier,une vue du Rhin, des mon»
tagnes. et la riviere chargée de bateaux et beau- coup de figure-0ne autre vue du Rhin avec des bateaux; on y voit une marche de Troupes de Cavalerie et d'Infanterie. Chez M. van Héteren, un homme qui fait emballer ses richesses, uue femme et d'autres figures; la vue des Sept Cha- teaux en Allemagne, c'est un beau Paysage avec une riviere, &c. Chez M. Henry Vers- chuuring, une vue du Rhin, Tableau capital. A Amsterdam, chez M. Jacques Bierens,
deux Tableaux; ce sont des vues du Rhin. Chez M. Jean Lubbeling, une vue du Rhin, et une Kermesse ou fête Flamande. A Roterdam, chez M. Arnold Léersy un
beau Paysage; chez M. Bisschop, deux vues du Rhin, avec figures et animaux. A Gand, chez M. Ie Chanoine 2?aw£ ,un beau
Paysage, avec figures. Tableaux de Roberl Griffier.
A la Haye chez M. Ie Comte de Wassenaar',
un Paysage représentant un hiver; et deux au- tres, des vues du Rhin. Chez M. Ie Lormier, un hiver rempli de figures. Et aRoterdam, chez M. Bisschop, une vue
du Rhin, avec figures et bateaux. |
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W1LLEM
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Fiamands, Allemands et Hollandois. 35t
WILLEM {Guillaume) WISSING,
ÉLEFE DE PIERRE LELT.
Wl SS x N G qui na^uit a la Haye en 1656,
dut sa fortune a fes ralents & fa mort a 1'envie. Son premier Maitre fut Girillaume Dou- dyns; il refta chez lui plufieurs aiinces, & s'y avan^a dans Ie deflein & la Peinture. 11 fedé- clara pour Ie genre du Portrait. Lely pour lors confidéré comme Ie premier de son temps, fit prendre Ie parti a TVissing de 1'aller trouver pour fe perfedionner 11 fut admis dans l'Ecole de ce Maitre, el il employa fi bieu fon temps, qu'il Ie j emplaga dans la fuite. Il devint premier Peintre du Roi Jacques II. 11 eut 1 honneur d'ê- tre envoyé a la Haye, pour y peindre Ie Prince d'Orange Guillaume IlI.Stadhouder, &laPrin- ceffe Marie d'Angleterre qu'il venoit d'épouser. Ces Portraits furent ïïdmirés, & d'une voix una- nime il fut nommé Ie premier Peintre de fon temps pour Ie Portrait. 11 étoit dans une fingu- liere eftime parmi les Grands. & parmi les Ar- tiftes; mais fon mérite augmenta tellement Ie nombre des envieuv, qn'on a foup^onné qu'il avoit été empoisonné; du moins les Anglois Faffurprit. Il mourut chezle Comte d'Essex, Ie ioFévrier ró8y,agé dejr ans. On lit au bas de fon Portrait gi avé par Smith. Immodicis brevis est cetas.
Z i JEAN
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358 La Vie des Peintres
JEAN-FRANgOIS
Y A N BLOEMEN
JEan-Fran^ois van Bloemen, eft
regarde comme un Peintre d'Italie, oü il a toujours vécu , & oü il avoit étudié fon Art. Il naquit a Anvers en 1656. Il eft impoflible de dire a quel Maitre il devoit fa premiere éduca- tion, & comment il a quitte fa patrie, pour ne jamais y retourner. Il dit, en arrivant a Rome, qu il regardoit les environs de la capitale comme autant de Tableaux qu'il avoit vu copics par les au tres Artiftes : c'étoit ctre habile que de voir la nature ainfi; il fit voir, dès fes premiers Tableaux, qn'il avoit déja pénétré bien avant dans les fecrets de fon Art. La Bande Acadé- mique Ie regut avec diftinttion, & Ie nomma Horisont comme Payfagifte. Ce nom lui fut dé- féré encore, parce qu'il avoit Ie talent de dé- grader tous les plans de fon Tableau avec beau- coup de jogement. Les Etrangers, & principalement les Anglois,
enleverent tous fesOuvrages, même a bon prix. Sa premiere maniere approchoit de cel!e de van- der Kahel$ il choifit enfnire celle de la nature, qui Vciloit beaucoup mieux, c'étoient des vues de Tivoly Sc des environs: des chutes d'eau; une vapeur d'eau bien repréfentée; un arc-en- ciel qui s'entrevoyoitau travers des brouiilards, ou d une pluie fine : ces temps ont été repré- fentés a tromper. Ce Peintre & Elle Terwesten ont
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Flamands, uéillemands et Hollandois. 35g
ont furvécu tous ceux de la Bande Académique. j6?6.
Horison a été*le dernier; il eft mort a Rome — vers 1'an 1740, fort agé, avec 1'eftime des Ita- liens & des aiitres Artiftes. Ses Ouvrages bien peints & bien coloriés, ont obteuu un rang dans les cabinets des Curieux. |
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PIERRE VAN BLOEMEN.
PTerre van Bloemen, frere d'Ilorison,
naquit auffi a Anvers; 1'année nous eft in- conniie. Il paffa avec fon frere long-temps en Italië; il y fït de grandes études : la Bande Aca- démique Ie nomma Slandaert ou étendarr. On ne fcait pourquoi ce nom lui fut donné, c'eft, dit-on, parce que ce Peintre repréfentoit fou- vent des caravannes. Quoi qu'il en fok, eet Ar- tifte laifla fon frere en Italië, & vint s'établir dans fa patrie. L'Académie d'Anvers 1'admit parmi (es Membres : il en fut nommé Directeur en 1699. C'eft tont ce que nous avons appris de ce bon Peintre : 1'année de fa mort nous eft in- connue. Ses Ouvrages font composés avec abondan-
ce & richeffe; ce font des batailles, des cara- vannes, des Marchés aux chevaux, des fêtes de Rome, &c. Son deffein eft correö, fes ha- billemenrs font composés de gout, la plupart comme ceux des Orientaux. Il a bien peint les chevaux; fes fonds de Paysages font ornés de débris d'architefture, de bas-reliefs, de ftatuës mutilées & d'une bonne couleur. Quelques Ta- bleaux de ce Peintre ont Ie défaut de fentir Z 3 trop
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36o La Vie des Pelntres
i6?6. iropla palette : ce font ceiiK qiii font moins ef-
' fait, on y reconnoit la uiarche de quelqu'un qui avoit bien choifi fes modeles. Le nombre de Defleins qu'il avoit faits en Italië ont fervi a composer fes Ouvrages. Ses Tableaux font ef- timés dans fa patrie, en Hollande & en Angle- terre : on en trouve en Allemagne & quelques- uns en France. Dans le Cabinet de M. Deyne, Seigneur de
Levergliem , a Gand, on voit deux beaux Pay- fages de cePeintre, avec des figures & des ani- maux. Et a Tlouen, chrz M. Horutner Ie jeune,
deux Tableau-c; ce font des caravannes avec beaucoup de figures & des animaux de toutes espèces. |
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HENRY CARRÉ,
É L E V E
DE JACqVES JORDAENS. HEnry Carré naquit le l O&obre
656. * Francois Carré fonpere, mit fon hl, au College, dans 1'intention de 1'élever a la Chaire: on croit qu'il y auroit réuffi. LaPein- ture lui fit fontfrir les chatimen-s & des me- naces qui ne firent qu'augtnenter fes defirs. Il apprit
* TVeyerman assure sa naissance en 1636,et Houbra-
hen au contraire inarque 1'année i658. |
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Flamands, Allemands et Hollandois. 361
apprit adeffiner jour & nuit; on Ie furprit enfin 165Ó.
déja avance; alors on Ie placa chez Juriaen Ja-* coös, enfuite chez Jacques Jardaens. En peu d'années il devint lui-même un Maïtre, fur tout lorfqu'il eut appris que la nature fenle devoit Ie former; il étudia & avanca a grands paf. Il fut recherche & fes Ouvrages, lorsque laPrinceffe Albertine, veuvede Guillaume Frederic de Naf- feau, lui donna une place d'Enseigne dans un Regiment. Ebloui de cette grace, il abandonna la Peinture; il étoit dans Groëningue, lors du Sié- ge de 1672. Il y a lieu de croire que 1'amour de la Peinture réveilla en lui fa premiere ardeur : il renonca aux armes oü il avoit mérité des éloges. 11 fut a Amfterdam exercer fon Art avec une
application finguliere.jTout luiréufliit, fes Ou- vrages furent recherches & bien payés. Il fut appellé a la Haye, ou il eut occafion de fe faire connoitre de ceux qui pouvoient porter fes Ta- bleaux dans les Cours étrangeres; & les payer cher. Cet encouragement redoubla fes foins & fon application. Il peignit au Chateau de Rif- wiek des grands Paysages pour y orner une chambre. Celui qui employa beaucoup Ie pin- ceau de ce Peintre, fenommoit Flerens, Avo- cat célébre, & grand Amateur : on nomme en- core un riche Brasseur Vandjck. Ces deux hommes occupererent eux feuls prefque tous les moments du Peintre; autant il aimoit fon talent, autant il aimoit la diffipation. Il eut fept enfants, dont quatre galons ont été Pein- tres, & feront cités dans cet Ouvrage. Henry Carré mourut Ie 7 Juillet 1721. Z 4 Sa
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36a La Fie des Peintres
Sa maniere de peindre eft agréable, il avoit
une bonne couleur, il peignoit des affemblées de Paysans & des Paysages, avec des figures & des animaux bien touches. M. van Héteren; a la Haye, poflede de ce
Peintre un Tableau en ovale, oü Ton voit re- préfentés des Paysans en bonne humeur. Un su- jet hiftorique tiré du Poéte Cats, dans Ie Cabi- net de M. van Bremen. Et chezM. Bierens, a Roterdam, des vaches
& desmoutons bien représentés. |
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DIRK (Thierry) MAAS,
ÊLEVE BE BERGHEM.
MA A s naqnit a Harlem Ie 11 Septembre
1656; il eut pour premier Maitre Henri J)lumrners, qui peignoit bien des Marchés a 1'ltalienne, sur-tout avec des légumes & des fruits. Maas n aimoit pas Ie genre de fon Mai- tre; i! chercha a cntrer dans 1'Ecole de Btrghem. Il y réuffit enfin, & il auroit peut-êtreremplacé fbn Maitre, fi IJugtenburg, Peintre de batail- les, ne lui avoit infpiré du gout pour ce genre. Maas étudia les chevaux& leurs mouvements, avec tant de foin, qn'il mérita Ie nom de bon Peintre. 11 a repréfenté des biitailles, des chafles & des promenades. Ses Ouvrages nous font in- connus: on en trouve en Hollande. Nous ne fom- mes pas plus inftrnits de 1'année de fa mort. L'é- loge que nous en faisons, n'eft que d'après les Artiltes qui en ont parlé. MICHEL
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Flamands 7 Allemands et Hollandois. 363
MIGHEL CARRÉ,
É L E V E
DE SON FRERE HENRV CARRÉ. M'chel Carré, frere cadet d'Henry,
uaquit a Amsterdam. Ayant commencé a éludier son Art chez son frere,ilseperfectionna dans 1'Ecole d(j Ntco/as Berghem. Mais après avoir pris la maniere de ce Maitre, il préféra, on nc fcair powquoi. celle de Fander Leeu, qui n'étoit ni ii agféable, ni ü vraie. Sur le pro- duit de ses Ouvrages, il entreprit le voyage de Londres, il passa même plusieurs années dans cette Ville; mais sesTableaux ayant peu de suc- ces, sansdoute, parce qu'il avoit changé sa pre- miere maniere, il fut forcé de quitter PAngle- terre pour retourner chez lui. Le Roi de Priisse le rit appelier a sa Cour pour y remplacer Abra- ham Begyn, qui venoit de mourir. Il y eut une bonne pension, et ses Ouvrages bien payés. La mort du Roi lui fit abandonner la Prusse, com- me firent les autres Artistes, il choisit Amster- dam pour sa demeure. Il mourut a Alkmar en 1728. Ce Peintre avoit une grande facilité; il se
trompa fort, en suivant sa propre manere qui étoit défeftueuse. Il vaut mieux quelquefois être un excellent imitateur qu un médiocre original; son imagination lui tenoit lieu de la nature qu il ne consulta pas assez souvent. 11 aimnit a re- , présenter |
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364 La Vie des Peintres
1656. présenter des orages, des éclairs, et souvent Ie
tonnerre qui brisoit quelques batiments, ou qui déchiroit quelques arbres. Les petits Tableaux ne lui plaisoient pas non plus; il aimoit a orner de grandes salles. On voit a la Haye, dans la maison de M. van Leeuwen, Avocat, une salie entierement peinte : le sujet représente la ren- contre de Jacob et d'Esaii. Le paysage, la figure et les animaux sont dignes de l'estime des bons Artistes. |
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FRANgOIS PIERRE
YERHEYDEN.
TtErheyden naquit a la Haye en 1657.
y Son pere, Voiturier public de la Haye a Amsterdam, et digne de la confiance de ces deux grandes Villes, dont il transportoit 1'ar- gent qui entre dans le commerce, étant mort en 1664, le jeune Verheyden n'ayant aucun gout pour le métier de son pere, s'attacha jour et nuit au Dessein dès sa plus tendre enfance. Il fut place chez Jacques Romans, Scnlp-
teur, et depuis Archite&e de Guillaume III. Hoi d'Angleterre. Verheyden avanca avec rapidité, il devint un très-bon Sculpteur : il fut du nom- bre de ceux qui modelerent les figures et les ornements aux arcs de triomphe , érigés en 1691 , a 1'entrée du Roi Guillaume a la Haye. Il fut aussi chargé, avec Guillaume le Cocq, babile Sculpteur, de décorer ensemble la Mai- son Royale de Breda; ils y travaillerent jusqu'a k
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Flamands, Allemanis et Hollandois. 365
Ia mort de la Princes^e Marie : la plupart des 16*7.
Artistes rurent congédiés, excepté f^erheyden -^mmp et quelques bons Peintres avec lesquels il étoit continuellement. Il avoit tellement épié leur facon d'opérer, qu il fit de lui-même quelques essais, qui ^urprirent géneralement: il aban- donna Ie ciseau pour prendre la palette. L'é- change ne fut approuvée de personne; aban- donner un Art oü Ion se di.stingue, pour en exercer un autre a 40 ans, c'étoit marquerune jnconntance qui tenoit du prodige. Il ne fut pas e'toni é d'entendre dans Ie monde blamer sa con- duite. Il se mit a copier d'après Sneyders & Hond<koeter, des animaux de toutes les espe- ces; mais bientót ü surprit davantage, en com- posant lui-même des Tableaux de dix pieds de long, représentant des chassrs au cerf, au san- glier, &c. une multitude de chiens exprimés avec iin f.u singulier. Il réussit aussi très-bien a peindre les animaux a plumes, dans la maniere 6.'Hondehoeter. Ses Ouvrages ont la touche et la facilité d un Peintre exercé depuis l'en- fance, et consommé. Les plnmes ont de la lé- géfeté,les poils de la vérité; une bonne cou- leur et unn grande harmonie se trouvent dans ses Onvrages. Il auroit surpassë les plushabiles, s'il eüt entre plutót dans la carrière. Il mourut Ie 23 Septembre 17 ri : il laissa une veuve, c'é- toit sa troisieme femme, et six enfants du pre- mier lit. L'aïné, aussi Peintre et Sculpteur, mou- rut cinq jours après son pere. Le plus jeune Ma- thieu Vcmeydcn, exerce encore la Peinture, et demcure a la Haye. JACQUES
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366 I^a Vie des Peintres
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JACQÜES DE HEUS,
È L E V E
DE GUILLAUME DE HEUS. |
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: en
1657: il eut lebonheur d'être instruit par son
oncle Guillaume de Heus. Le Maitre surpassé bientót par son Eleve, lui conseilla de voir Ro- me, oii il avoit aussi étudié et demeuré long- temps. Il partit et trouva, en arrivant, que son nora étoit déja connu. Des Romains, qui ai- moient les Tableaux de son oncle , convinrent qu'il n'étoit pas possible d'approcher plus pres de sa maniere qui trompoit tous les jours. C'est a la ressemblance de ses Ouvrages avec ceux de son Maitre, que la Bande Académique le nom- ina la Contre-épreuve. * De Heus se mit a étu- dier et a suivre exactement les lecons de la na- ture aux Académies. Il devint un des meilleurs Dessinateurs; il avoit une prédileftion décidée pour les Ouvrages de Salvator Rosa. Il copia quelques Tableaux de ce Peintre, et pour lors il parcourut les environs de la Ville : les cam- pagnes lui fournissoient des variétés a 1'innnie; il en profita. De * On appelle nne contre épreuve une feui'lle de papier
qui a été mise sur un dessein aucrayon, et ensuite passée sous la presse; le papier enleve le crayon en partie, et devient le même dessein qui a élé imprimé dessus, mais plus foible de couleur, et représente le droit a gauche. |
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16S7.^mmimr
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Flamandf, Allemands et Hollandois. 367
l\e Heus étoit d'une belle figure : son esprit T7~ cultivé, lm procura des amis de consideratie. *7' Par-tout ou il avoit vécu, il y avoit eu de 1'a- ----
grement. Lucatello, Secrétaire du Sénat a Ve-
mse, 1 arnioit si fort qu'il 1'accompagna par-tout avec son Equipage. Il procura au Peintre une demeure agréable dans sa maison de campagne pres de Venise; de Heus demeura encore dans dautres Ville d'Italie, considéré partout. Il re- vmt a Utrecht, oü il ne resta pas long-temps : on 1 engagea a se rendre a la Cour de Berlin, a la solhatanon du Minstre Dankelman; mais il arnva dans Ie moment de la disgrace de ce Sei- gneur :: il retourna chez lui oü il se mit a pein- dre. Lhose assez singuliere, les Italiens lui de- jnanderent tant deTableaux qu'il ne trouva pas Ie temps d en faire pour ceux de sa Patrie. II aimoit a se dissiper de temps en temps; il voya- geoit; Ie plus souvent il prenoit une vacance a Amsterdam; oü il s'amusoit avec les Artistes, et ou il voyoit un plus grand nombre de Tableau*. Il fit ce dernier voyage au mois de Mai en 1701. On raconte que sortant de sou- per, et a pe.ne dans son lit, il fut pris de vomis- sements, et que vraisemblablement ayant fait des efforts il rendit Ie sang avec tant d'abon- dance qu il pent ainsi. On attribue encore cette mort a une chute qu'il avoit faite quelque peu avant, et a ce qu'il avoit négligé les maux de poitnne dont il avoit été accablé dans Ie mo- ment même. Ce bon Peintre a surpassé son oncle en mé-
nte: son Paysage a 1'agrément de tout ce qnï represente la nature, bonne couleur, touche faciie,
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368 La Vie des Peintres, etc.
"1657. facile, et toujours des sites choisis; ses figures,
et bien coloriés. Dans Ie Cabinet de M. ie Lormïer, a la Haye,
on voit un Paysage avec des figures et des cini- maux : un autre avec des chevaux; il y a une chnte d'ean qui prodtiit nn grand effet. Et chez M. Braamkamp a Amsterdam, TH6-
téls des Fermes de Rome; la même vue d'unau- trë cóté, avec un nombre de figures. |
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WILLEM (Guill.) YERSCHUÜRLNG,
ÉLEVE DE JEAN FERKOLIE.
GUlLLAUME VerschuühinG naquit
en 1657, fils A'Henri f^erschuuring déja cité \ il commenca sous son pere a de.ssiner et a peindre : ensuite il alla a Delft ch.z Jean f^erkolie, oü il s'appüqua si bien qu'on vit de joüs Tableaux de sa main. Il peignoit des as- semblees et des conversations qui étoient esti- mées; on ne fcait quelle a été la raison pour laquelle il quitta la peinture ; nous ne connois- sons point sont talent, il nous est vanté par des Artistes. |
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PHILIPPE
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PHILIPPE
T I D E M A
iLEVE
DE GTJERARD DE LA1RESSE. HILIPPE TIDEMAN a
fait honneur a Ia Ville d'Hambourg,
oh il naquit le iz Décembre i6<jj. Issu d'une bonne familie et aisée, on lui fit d'abord faire des études propres a 1'élever dans un état convenable a son nom. Le dessein I'occupoit plus que les lan- gues pour lesquelles il n'eut que raédiocrement du
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370 La Vie des Peintres
1657. du gout. Il essuya d'abord les menaces et bien
^Êgmm d'autres peines; mais on finit par Ie placer chez un Peintre nommé Rae*; il y resta huit ans. Il se retira pour étudier seul et prendre même des Eleves; emploi dcnt il cut b foiblesse d'avoir honte . comme si on devoit rougir de restituer a des Eleves, ce qu'on a rec.u de ses Maitres. Il vola a Am terdam pour y admirer Lairesse et ses Ouvrages. II entra dans cette Ecole, alors la plus certaine pour avancer. Après y avoir passé six mois il se retira chfz lui, oü il fut forteii'pIoyé.Lorsque Lairesse, surchargéd'Ou- vrage, ramena chez lui eet Eleve habile. il lui donna sa table et une forte pension. Lairesse aima sa maniere de peindre, il 1'employa a des plafonds et d'autres ornements dans les appar- tements. Mais 1'humonr et les vivacités de Lairesse
s'étant un peu retenties, parl'intérêtqu'il avoit de ménager Tidcman* reprirent enfin Ie dessus, etforcerentceliu ei de Ie quitter pour la seconde fois. Il se maria et obtint ie droit de Bour- geoisie. Les plafonds et les Tableaux d'Histoire lui arriverent de toutesparts; il acquit un de- gré d'estime qui durera toujours. En homme d'esprit il composoit ingénieusernent les sujets de la Fabies et les all gories. II peignit, dans ce temps, les volets du buffet dOrgue de 1'an- cienne Eglise Luthérienne; un sallon chez M. Jean Droogenhorst, trois beaux plafonds et des grandsTab'e;uix dans Ie pourtonr des salles. Chez Ie Bourguemestres Verschuur , a Hoorn , il y avoit aussi représenté 1'Histoire d'Enée. Rien n'est plus ingénieux que la fagon dont il a
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Flamands, Allemands et Hollandois. 3yi
a traite ces sujets; tous les Ecrivains en ont 1657.
fait une longue description, et les Artïsres les .... _ ■ ont proposés comme des modeles pour les Pein- tres d'Histoire. Tideman peignoit dans un sallon, aujardin
de plaisance de M. van Hoek, c'étoit dans 1'hy- ver. Son envie de faire un tour a Amsterdam füt arrêtée par la gêlée, qui empêchoit les voitures de marcher; mais ne s'étant jamais servi de patins sur la glacé, il se vit abandonné de tout Ie monde. Un nommé Smith, qui donnoit ses couches d'impression, habile Patineur, s'offrit a Ie trainer, s'il vouloit s'envelopper dans quel- que chose qui put Ie garantir du froid, et de déchirer ses habits. Tideman fit une espece de coussin de son manteau d'écarlate, sur lequel il s'assit, et fut ainsi transporté, comme en rrai- neau, jusques chez lui. C'étoit pour lui une aventure plaisante, qui angmenta, lorsqu'il vit son manteau déchiré et coupé par la glacé en mille endroits. La conduite aimable de ce Pein- tre, lui assura une fortune honnête pour lui, pour fa femme et pour ses enfants : il mourut Ie 9 Juin I7O5. Ce Peintre avoit un beau génie, il a laissé un
nombre de bons Tableaux et de plafonds, et une qiiantité d'esquisses et de compositions. Ses etudes et sa leerare lui ont donné Ie pas a cóté des Peintres d'Histoire les plus ingénieux. V
Tomellf. Aa ELIE
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3"ja La Vie des Peintres
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ELIE YANDEN BROER,
ÈLEVE DE MIGNON.
-------"|7 LlE Vanden Bro; K, natif d'Anvers, avoit
1657. Jt_j( étudié sous Abraham Mignon; il avoit ap-
**' pris de son Mnitre a bien colorier les fleurs, il touchoit ses Ouvrages avec esprit, et il opéroit facilement; mais il ne f?ut jamais donner a ses fleurs cette légéreté qu'il convient, en repré- sentant Ie transparent des feuillts, &c. II qnitta Anvers et demeura depuis a Amsterdam , dans un desF;tuxbourgs,ou il avoit un ]ardin cultivé avec des fleurs de toutes les especes, el des in- sedes, qu'il a également bien repréfentés. Ce Peintre est mort en 1711. Nous ne connoissons que très~peu de ses Ou-
vrages. |
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ERNEST STÜYEN,
ÈLEVE D'ABRAHAM MIGNON.
F.
STuven. avec ses talents, est peut-être Ie
plus extravagant et 'e plus détestable homme qui ait paru : il naquit a Hambourg en 1657. Son premier Mai re se nomme Hins. Agé de 18 ans, il fut a Amsterdam, ou il passa quelque- temps dans les Eeoles, de Jean Voorhout, et de Guillaurne van-j4alst. Les n»anieres différen- tes de ces Maitres ne lui plurent pas autant que celle
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Flamands f Allemdnds et Hollandois. 3 7 3
celle & Abraham Mignon. Son inclination pour 1657.
peindre des fleurs, 1'attacha au dernier, qui Ie ■——r rec.utet Ie conduisit si bien, que 1'Eleve passa dès-lors pour Ie premier après son Maitreé II se maria, et se mit a peindre pour Ie Pu-
blic. Ses Tableaux furent portés par-rout et bien payés. Sa bonne conduite, aussi-töt qu'il quitta ses Maitres, se changea en un dérégle- ment sans exemple. Tous les exces de débau- che furent mis en pratique par eet Arriste; il alla plus loin, il excita Ie peuple a insulter les Magistrats, il se révolta contre la Justice : il fut pris et mis dans une maison de force pour y passer ses jours. Ou n'ose citer tout ce que les Historiens rapportent de la conduite de ce misérable. Il rrouva cependant des Amateurs de ses ouvrages, qui solliciterent si vivement pour lui, que sa prison perpétuelle fut com- muee en six ans seulernent» Au bout de ce temps il fut élargi, et condamné a un bannissement de la Vüle. Il n'obéit point, resta a Amster- dam, et commenfa de nouveaux a injurier pu- bliquement la Justice, avec tant de scandale, qu'il fut encore une fois mis dans sa premiere prison. Il y fit plusieurs Tableaux qui excite- rent la pitiéde ceux qui avoient déja parlé pour lui. On Ie laissa sortir en Ie bannissant, avec des menaces qui Ie forcerent a obéir. Il alla a Harlem, chez Romeyn de Hooge, bon Pein- tre, oü il fut si mal resu, qu'il fut se loger a Roterdam; il y fit des Ouvrages qui plurent a tout Ie monde. Un certain M. de Beer Ie prit chez lui, Ie nourrit et lui donna encore un ducat par jour, pour lui faire plusieurs Tableaux. Il Aa 2 y
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Peintres
1657. y fit beaucoup d'Ouvrages, jusqu'a ce que la
>n—t mort délivra la terre d'un homme aussi mépri- sable: nous n'avons point appris en quelle année. Les Ouvrages de Stuvens sont estimés; les fleurs qu'il a Teprésentées ont une bonne cou- leur ; de la légéreté et bien composées : on les trouve dans les Cabinets en Hollande. |
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PIERRE RYSBRAECK,
ÉLEVE DE FRANCISQUE MILÉ.
P Terre Rysbraeck, appellé par Weyer-
man, Rysbregts, naquit a Anvers. Son premier Maitre fut Francisque Milé, qu'il sui- vit a Paris; il alla aussi a Lyon et dans d'au- tres Villes de France. Rysbraeck vit combien son Maitre étudioit la maniere du Poussin : il en fit de même. Il demeure constant que des Paysagesde notre Flamand ont été vendus pour être du Poussin. Rysbraeck avoit bien fait a Paris. Les plus
grands Artistes aimerent ses Ouvrages; ils ne purent parvenir a fixer l'Auteur, qui étoit d'une mélancolie et d'une timidité singuliere. II n'ai- moit que son attelier et ses Tableaux. 11 retourna a Anvers; mais un Artiste n'est jamais ignoré en quelque lieu qu'il travaille; il perce toujours, et ses Ouvrages sont bientöt connus. Il en fut ainsi de ceux de notre Peintre : il fit des Tableaux pour la France, pour 1'Allemagne et TAngle- terre. L'Académie d'Anvers Ie choisit pour Di- refteur en 1713 : on nous laisse ignorer 1'année de sa mort. Les |
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Flamands, Allemands et Hollandois.
Les Paysages de ce Peintre sont de bonne 1657.
couleur; il est quelquefois occupé de la maniere t du Poussin, et souvent de celle de Milé. Il est itnitateur de ces deux Maitres, mais il avoit tou- jours la nature en vue. Il peignoit vite et de bonne couleur; sa touche est ferme et facile; ses arbres sont bien dessinés. Il peignoit très- bien les figures dans ses Paysages; mais il étoit si occupé, qu'il les fit peindre quelque-fois par d'autres. On désireroit un peu plus de variété dans ses Tableaux, peut-être avoit-il trop peü de génie pour varier 1» quantité de Tableaux qu'il a faits. On ne doit pas confondre ce Peintre avec un autre Rysbraeck, Paysagiste médio- cre, qui a travaillé a Bruxelles. |
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FRANgOIS WITHOOS,
ÉLEVE DE SON PERE
MATHIEÜ WITHOOS. |
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FRANGOIS étoit Ie plus jeune des enfants
de Mathieu, dont il fut aussi 1'Eleve. Les fruits et les fleurs étoient parfaitement imités par eet Artiste qui peignoit aussi a gouasse. Son mérite lui attira, comme a ses freres, une grande réputation , lorsque Tenvie de faire une plus grande fortune Ie fit partir pour les Indes. Il y trouva Ie Général Kamphuysen, qui 1'enga- gea a dessiner et peindre les fleurs, les plantes et les inseftes rares de ce pays. On ne fc,ait s'il a réussi a augmenter sa fortune. A son retour , Aa 3 on
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La Vie des Peintres, ete.
1657 on Ie trouva dimirme du cócé des talents, et ce
^■gppn'est que pour ses premiers Ouvrages qu'il est place ici : les derniers sont médiocres. Il mou- rut dans sa palrie a Hoorn en 1705. |
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FHANgOIS VERNERTAM.
T7TlANq:ois Vernertam est r^é a Ham-
* bour8 le 6 Mars l658" Dé^ avance avant
d'aller a Rome , il étudia d'après les grands Maitres dltalie , les plus belles parties dans
leurs Ouvrages Son but étoit de peindre 1'His- toire, mais il ahandonna cette carrière, oü il vit un espace trop immense a pyrcourir, et dans laquelle il ne voulut point risquer de s'égarer. Il s'attacha a peindre des fleurs, des fruits et des animaux. Les Ouvrages de Carlo del Fiori le guiderent d'abord, ensuite la nature. Une ré- putation bien méritée fut la récompense des peines et des soins qu'il se donna. On vantoit ses talents. |
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MATHIEU
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M A T H I E ü
ELIAS,
ÉLEVE DE CORBÉEN.
ATHIEU ELIAS né au Vi!
lage de Péene, pres de Cassel, en 1658, de parents très-paiivres, éloit dei.tiné, par la Providence, a s'élevcr par degrés. Sa mere, qui étoit veuve, vivoit a la cam- pagne du métier de Blanchisseiise; elle avoit pour tont bien une vache que Ie jeune enfant faisoit paltr^ Ie long des rues. Un jour Corbéen, Paysagiste célóbre, et Peintre d'Histoire, allant voir poser des Tableaux qu'il avoit faits pour Aa 4 Cassel,
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La Vie des Peintres
1658. Cassel, en passant dans la route, il aperc.ut
—» ce jeune homme qui avoit fait une fortification en terre, et des figurines en glaise, qui en fai- soient l'attaque. Corbêen fut frappe de 1'ordre et du gout qui régnoit dans 1'Ouvrage. Tl fit ar- rêter sa chaise, et fit plusieurs questions a 1'en- fant, dont les réponses augmenterent son éton- nement. Une figure jolie 1'intéressa encore; il lui demanda s'il vouloit demeurer aveclui, qu'il essayeroit de faire son bonheur: 1'enfant dit qu'il Ie vouloit bien, pourvu que sa mere y consen- tit. Il fut arrêté que huit jours après il repasse- roit, et qu'il n'avoit qu'a s'y trouver avec sa mere. Elias ne manqua pas de s'y rendre au jour
nommé, accompagné de sa mere; il vo!a au de- vant de la chaise, et Corbéen dit a la femme de lui amener son fils a Dunkerque, oü il de- meuroit. L'enfant fut rec.11, et Ie Maitre Ie fit instruire et étudier les Langues, sans Ie laisser aller plus loin : il lui montra a dessiner et a peindre. Cet Eleve surpassa ceux de 1'Ecole; il acquit 1'estime du Public, et intéressa telle- ment son Maitre pour lui, qu'il Ie fit partir a 1'age de 20 ans pour Paris. Elias envoya de ses Ouvrages a son Maitre et a son Bienfaifteur. Il avoit, avec cette douceur de cara&ere, la bonne qualité d'être toujours reconnoissant; il paya ainsi son Maitre, comme il Fa avoué lui- même. Elias, après un assez long séjour a Pa- ris , s'y maria. Il fit un voyage a Dunkerque pour y voir son Maitre, et ce fut pour lors qu'il y fit un Tableau d'Autel pour la Chapelle de Sainte Barbe : il y représenta Ie Martyre de cette
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Flamands, Allemauds et Hollandois.
cetteSainte, Tableau pbien composé. De retour 1658-
a Paris, il fut nommé Professeur a Saint Luc; -^—w» successivement il passa aux autres Charges. Il eut assez de vogue, il composa quelqnes Theses et plusieurs sujets tirés de la vie de B. H. Pere Jean-Baptiste de la Barrière, Auteur de la Ré- fbrme des Feuillants. Tous ces sujats ont été peinis sur verre par Simpi & Michu; et sont a 1'entour du Cloitre. Elias devenu veuf, fit un voyage en Flan-
dres pour se dissiper. Arrivé a Dnnkerque, la Confrérie de Saint Sébastien 1'engagea a peindre les principaux Confrères dans un même Ta- bleau : il fit ce grand Tableau avec un nombre de figures, de grandeur de nature et en pied. Le Corps de métier des Tailleurs rit construire une Chapelle dans la principale Eglise; Elias fut chargé de peindre le Tableau d'Autel, jil y a représenté Je Baptême de Norre-Seigneur; au devant est S. Louis en priere, pour obtenir la guérison des Malades. Ce Peintre, a la veille de retourner a Paris,
fut si vivement sollicité pour rester dans sa pa- trie, qu'il céda aux instances de plusieurs per- sonnes. Il fut accablé d'Ouvrage, il peignit un grand Tableau au maitre Autel de rÉgiise des Carmes : c'est un Vceu du Corps de la Ville a la Vierge. Ce Tableau est d'tine belle composi- tion, d'une belle harmonie, et d'un ton de cou- leur plus vrai et plus chaud que n'étoit ordincii- rement la sienne: le Peintre s'y est aussi repré- senté. On fit compliment a Elias sur le chan- gement de sa couleur : ce fut un moyen pour 1'encourager a redonbler ses soins. Il fit pour 1'Eglise
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38o La Vie des Peintres
i'Eglise Paroissiale de Dunkerque, un Tableau
d'Autel de la Chapelle de Sainte Croix : Ie sujet est rinvention de la Croix; il est place en face de 1'Autel pour lequel il est destiné. Il fit une Transfiguralion pour 1'Autel de 1'Eglise Parois- siale de Builleul. Dans celle des Jésuites, a Cas- sel, un Miracle de S. Franc,ois Xavier, &c. L'Abbé de Rergues S. Winox,occupa long-
temps notre Artiste a décorer Ie réfe&oire de la Maison; il fit entre ses grands Ouvrages quel- ques Portraits d'une bonne maniere. Elias ne changea pas de conduite, il menoit une vie ré- glée: on ne Ie voyoit qu'a 1'Eglise et dans son attélier, oü il n'admit qne rarement quelqu'un. Il étoit très-estimé par sa douceur, ennemi des r^pports. il ne connoissoit que ses devoirs, il n'ai* moit point a faire des Eleves, il auroit plutot dé- tourné les jeunes gens de cultiver un talent qui lui donnoit tant de peino, qu'il ne les auroit en- couragés : nous avons bicn connu eet Artiste que nous pouvons citer pour modele, quant k la conduite. Il a travaille jusqu'a la fin de ses jours, qui arriva a Dunkerque Ie 21 Avril 1741, agé de 82 ans. Il n'avot eu qu'un fils mort a Paris, Dofteur en Sorbonne. On ne lui connoït qu'un Eleve appelé Carlier encore vivant dans la même Ville. Ce Peintre en arrivant de Paris, avoit une
couleur crue et triviale. On peut voir encore un Tableau de lui de ce premier temps : il est place dans 1'Eglise de Notre-Dame de Paris, en enlrant par Ie grand Portail dans un des bas cotés a gauche. Il a acquis depuis une bon- ne couleur j ses drapexies sont aussi plus lar- gesi
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Flamands, Allemands et Hotlandois. 38 r
ges, et se sentent plus de la nature : son dessein 1658.
est assez correft; il composoit bien, mais avec une peine étonnante; il étoit long a produire une esquisse, et c'est pour cacher cette peine qu'il ne vouloit avoirpersonne auprès de lui, lorsqu'il travailloit. On voit des Portraits de lui bien faits et bien ressemblants, exceptés les femmes qn'il ajustoit sans choix et sans gout. Ses Ouvrages, dix ans avant sa mort, sont maniérés : les femmes, dans ses Tableaux d'Histoire, sont mal coëffées et mal drapées. On peut voir cette chute aux deux Tableaux places dans l'Eglise des Carmes a Dunkerque, 1'un, S. Louis partant pour la Terre Sainte; 1'autre, 1'offrande d'Elie; voici encore quelques Tableaux de ce Peintre, outre ceux que nous avons cités. A Dunkerque, on voit dans l'Eglise des Ca-
pucins, I'Ange gardien qui conduit un enfant, et qui lui fait voir 1'horreur des vices qui sont représentés au-dessus de lui; aux deux cótés du grand Autel, 1'un la bénédi&ion des pains, et 1'autre la distribution. Le Tableau d'Autel des pauvres Clairisses, représente I'Ange qui appa- roït a S. Joseph en songe. A Menin, Saint Felix qui ressuscite un en-
fant mort, Tableau place aux Gapucins. A Ipres , dans l'Eglise des Carmélites, quatre
grands Tableaux représentant, 1'un la Manne; 1'autre Moyse qui frappe le rocher; la distribu- tion des pains; et la résurredrion du Lazare. Dans le réfe&oire de 1'Abbaye de Bergues S.
Winox, Notre-Seigneur attaché a la Groix; la Madeleine aux pieds; a cóté le serpent d'ai- rain,
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La Vie des Peintres, etc.
l6<8. rain» adoré par les Israëlites; de l'autre cóté la
-manne; S. Benoit et Totila; S. Winox distri- buant du pain aux Pauvres; Ie Sacrifice d'A- braham. Dans Ie quartier de l'Abbé, plusieurs Portraits, et deux en pied et en grand. Celui de l'Abbé Vander Haege, et celui de Rycke- waert, dernier mort. |
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ADRIEN
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ADRIEN
VANDER WERF,
É L E V E
V'EGLON VINDER NÉERl OIC I encore un Artiste dont
1'immortalité paroitbien assurée, - c'est Adrien Vander Werf, né a Kralinguer-Ambacht, pres de Roterdam, Ie il Janvier 1659, issu d'une bonne et ancienne fa- milie, mais a qui la fortune n'avoit pas été favorable. Son pere occupoit a bail Ie Mou- lin banal du Bourg oü il est né. On avoit en vue
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La Fie des Peintres
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l6<o. vue de lui procuier la même place : il fut mis a
1'école, et ce qu'il y a de singulier, c'est qu'a 1'age de 9 ans, il dessinoit au lieu d'écrire. Son dessein ne ressembloit pas au gnffbnage des enfants de eet age, il y avoit une sorte de gout, qui porta Ie pere, par 1'avis d'un ami Peintre sur Ie verre, de Ie placer a Roterdam chez Comille Pi< olett, Peintre de Portrait. Ce Jeune en- fant fit les mêmes progrès que tous ceux dont nous avons parlé, qui ont annonce de bonne heure les dispositions les plus marquées pour leur Art. Vandcr Werf'avoit déja commencé a pein-
dre, lorsque son pere Ie rappela chez lui, bien déterminé a Ie faire quitter pour lui succéder un jour dans sa place. D'un autre cóté la mere disoit qu'elle avoir demandé a Dieu que son fils put parvenir a celle de Prédicateur. Le jeune Peintre persécuta ses parents avec tant de cha- leur, que le pere en demanda avis a son ami le Peintre sur verre, et au Curé de sa Paroisse. On arrêta dans ce conseil qu'il falloit le laisser devenir Peintre : pour lors Eglon Vandcr Neer fut choisi pour son Maitre. A peine eut-il passé quelque temps dans cette
Ecole, qu'on apporta a celui-ci un Tableau de Frangois Mièris pour le faire copier. Le beau finiflatta 1'Eleve, il s'offrit pour le faire, mais on n'eut pas assez de confiance en lui pour le risquer. Un autre plus avance en fut chargé; cdui-ci en fut effrayé,il n'osa le commencer. Pour lors Vander Neer le donna a copier a V"ander Werf, qui réussit si bien, que cette co- pie a trompé depuis les Connoisseurs, et qu'il mérita
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Flamands, Allemands et Hollandois. 385
mérita la confiance du Maitre, qui 1'employa i6«o.
depuis a peindre les draperies aux fïgures de___
ses Tableaux. Il mena son Eleve a Leyden et a
Amsterdam, oü il étoit appelé pour ses Ouvra- ges. Vander Wer'fproüta. beaucoup, en visitant les Cabinets : les beaux Ouvrages des grands Artistes occuperent tout son esprit. Il fit avant de quitter son Maitre, mi petit Tableau pour lui, qui a été vendu depuis peu 800 florins : il Ie donna a son pere pour obtenir Ie paiement d'une demi annce de sa pension. Agé de 17 ans, il quitta son Maitre et pei-
gnit son Portrait sur une Carte. Cornille Brau- wer, Amateur éclairé, et Eleve de Rembrant, avoit fait connoissance avec Vander Werf; il aimoit singulierement ses Ouvrages. Il alla Ie voir souvent, lorsqu'il étoit chez son pere; il lui demanda avec instances son petit Portrait, qui fut trouvé si bien par les Curieus de lloter- dam, qu'ils 1'engagerent a y prendre un appar- tement. Avant d'y aller, il fit en dix jours un joli Tableau d'aprèsun de ses petits freres; il Ie montra a Vander Neer, qui en fut si épris, qu'il pria son Eleve de Ie lui laisser, et lui paya neuf ducatons. Le pere du jeune homme ne pouvoit le croire; ce prix lui parut exorbi- tant. Il ordonna a son fils d'aller a 1'Eglise, et de donner un ducaton aux Pauvres. Cette ac- tion louable marqtie en même temps leur cha- rité et leur pen de connoissance : il lui dit aussi de travailler assidument, sans vendre ses Ta- bleaux, lui promettant 1'argent dont il auroit besoin. Il alla a Roterdam pour y peindre quelques
Portraits
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386 La Vie des Peintres
i6ïQ. Portraits en petit, qui eurent un succes éton-
■»—,rnant. Il fit pour M. Paats, Receveur de TAmi- raulé, un petitTableau représentant des enfants; il re^ut pour paiement 350 florins. Il en fit un autre de même, pour M. Steen, Négociant a Amsterdam. Ce dernier a fait sa fortune. L'E- lefteur Palatin voyagea incognito a Amster- dam, il vit ce Tableau, 1'acheta, Ie porta avec hii, et ne perdit plus de vue Ie Peintre et ses Ouvrages. En 1687 il épousa Marguerite Rees, paren-
te de Govert Flink, et alliée des principaux Magistrats de Roterdam. Il devint par-la étroi- tement lié d'amitié avec M. Flink, fils de Go- vert. Cet ami étoit un curieus très-instruit, qui avoit, outre des Tableaux, une colle£tion rare de desseins et d'estampes des plus grands Mai- tres, surtou't des Italiens. G'étoft dans cette mine précieuse qu'il puisatous les jours de nou- velles connoissances. Il avoua depuis, de la meilleure foi, qu'alors il étoit si peu instruit du beau, qu'il n'avoit eu aucun plaisir a voir les Ouvrages de Raphaël. L'occasion de voir a Amsterdam, dans la colleftion du Bourguemes- tre Six, les beaux platres d'après Tantique, les marbres copiés, les plafonds de Lairesse, tout étoit pour lui une étude nouvelle; il dessina avec soin d'après tout, il corrigea son gout pour mieux imker la nature. Ces avantages ne lui valoient pas autant que
les bons conseils de plusieurs amateurs qui étoient eux - mêmes des Eleves des meilleurs Maitres, il avoit encore Ie bon esprit de les écouter, et d'ignorer qu'il étoit déja habile. Ce cara&ere
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Flamands, Alletnands et Hollandois. 887
cara&ere doux et docile, lui procura des amis i6?o.
distingués par leur rang et leur mérite, et fka imm*m- la fortune en sa faveur. Nous avons des exetn- ples de grands hommes a qui la fortune a été contraire i ort se plaint de cette injustice, sans avoir examiné auparavant si leur conduite ou leur caraftere n'a point été la premiere cause de leur disgrace, et de l'éloignement de cette di- vinité. Ce changement dans ses études, lui fitessayer
a peindre en grand. Son début étoit pour son ami Flink : il peignit dans un plafond, la Re- nommée entourée de génies; les Arts étoient représentés dans des medaillons en grisailles, et Cerès et Flore avec les attributs de fruits et des guirlandes de fleurs; c'étoit une découverte dans les talents de ce Peintre : une belle exécu- tion, les différents genres fendus comme s'il n'avoit fait que chacun en particulier, porterent son nom par-tout. En 1696, l'Ele&eur Palatin vint avec sa
familie et une partie de sa Cour en Hollande : il alla a Roterdam, y visita f^ander Werf, et lui dit qu'il avoit acheté Ie Tableau qu'il avoit fait pour M. Steen. Il lui commanda Ie Juge- ment de Salomon, et son Portrait pour en- voyer au Duc de Toscane,^et lui fit pro- ttiettre.de lui porter ces deux Tableaux finis a Dusseldorp* G'étoit un honneur qui flaltoit trop 1'Artiste pour y manquer. L'année sui- vante il fit Ie voyage; les deux Tableaux furent recus et admirés par foute la Cour; il reent 3000 florins pour payement. L'E- leóteur voulut se 1'attacher entierement, il Tome 111. Bb s'excu-
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388 La Vie des Peintres
s'excusa sur 1'envie qu'il avoit dêtrelibre, et
de pouvoir satisfaire ses amis curieux de ses Ouvrages; il ne s'engagea que pour six mois de 1'année, moyennant 4000 florins de pension. Il commcn^a lesPortraits en pied de l'Ele&eur et de l'Ele&rice, sur une toile de deux pieds et de- mi: il les porta pour les finir a Roterdam; il re- 51U en partant, un riche présent de Vaisselle d'argent. Il fit voir a ce Prince en 1690, un Ecce Homo
qui lui plut tant, qa'après 1'avoir bien payé, il Ie gratifia d'une belle medaille dor, et d'une chaine de même. Les années 1701, 1702, il envoya plusieurs
Tableaux. Ce fut en 1703, qu'il alla lui-même porter son chef-d'oeuvre qui représentoit Jésus- Christ mis au Tombeau; 1'Elefteur en fut telle- ment touche, qu'il lui commanda quinze Sujets de la vie de Notre Seigneur, chaque Tableau de 2 pieds et demi de haut sur 21 pouces de large. L'Eleóteur obtint trois mois par an de plus-, ensorte qu'il lui donna 6OOO florins pour les neut mois, et Ie droit de prendre pour lui les Ouvrages faits dans les autres trois mois, en les payant Ie prix convenu avec les personnes auxquelles ils étoient destinés. L'Elefteur vou- lut encore ajouter a sa générosité des marques honorables; il ennoblit la familie de t^ander Werf, celle de sa femme, et leurs clescen- dants, il Ie crca Chevalier, et augmenta ses ar' mes d'un quartier des Armes Eledorales; ces ti- tres rurent expédiés dans une boite dargent; et Ie Portrait du Prince, enrichi de diamants d'un grand prix. Quel
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Flamands, Allemands et Hollamlois. 38q
Qucl aiguillon pour un Artiste! Il retourna
chez lui, se mit a composer et peindre la vie de Notre-Seigneur avec tour Ie soin possible. Son attachement a l'Ele&eur étoit bien digne des recompenses qu'ilavoit recues.En 1710, Ie Roi Auguste de Pologne viita a Rolerdam notre Pèintre : il vit Ie Porrrait en grand de 1'Artiste, et en petit celui de sa femme et de sa fiile, un des plus précieux qu'il ait faits : Ie Roi témoi- gna la plus grande envie pour obtenir Ie der- nier; Pander Werf\z relüsa : alors Ie Roi lui en commanda deux. Je ne peux Tien promet~ tre (disoit-il) d Votre Maje.sté, mon temps ap- partient d VElecteur .• Ie Roi lui répliqua qu'il en écriroit lui - même, pour obtenir Ie temps qu'il falloit; mais l'Ele&eur Palatin fit présent au Roi de deux Tableaux de f^ander PF^erf, faits dans son premier temps. Pendant les trois mois qui lui resfoient libres,
il peignitDiane et Calisto. Ce joli Tableau avoit 18 pouces de haut, et étoit composé de huit figures de femmes; il en fit présent a son épou- se qui ne voulut jamais Ie mettre a prix, mal- gré les ofFres qui lui en furent faites. Ce mor- ceau fit tant de bruit, que TElr&eur en écrivit a Madame Vander Werf, pour Ie lui ceder, si elle étoit dans Ie cas de s'en défaire. C'étoit une occasion de donner des marques de leurs reconnoissances, et il n'y manquerent pas; ils partirent ensemble, et prierent l'Elecïeur de re- cevoir en présent un Tableau qu'elle n'avoit voulu ceder pour aucun prix, qu'elle se croiroit très-bien payée,s'il vouloit Ie recevoir de sa part. Le Prince leur fcut bon gré de cette démarche. Bb 2. II
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890 La Vie dea Peintres
II for^a Fander TVerj è recevoir pour récora-
pense de sa génerosité,ÓOOO florins: il me reste encore a satisfaire(disoit il) a Madame Vander Ti erf, et j'ai donné des ordres pour que ce'a se ias.se. Le lendernain elle recut une M gnifique Toilette, composée de 31 pieces tout en ar- gent, et encore deux aigiüeres aiKsi d'argent. Le Duc de Wolffenbuttel visira notre Arttste
en 1709; il vit chezlui trois Tableauxdont il ne vouloit pas se défaire.Le Duc marqua un regret inflni de ne pouvoir emporter aucun de ses Ou- vrages. Ce désir valut auprès de Vander Werf plus que des offres en argent: il pensoit noble- ment, et il pria le Duc de recevoir en présent un des trois Tableaux, qui représentoit une Ma- deleine Pénitente. Le Duc plein de joie, lui dit: je suis un foyageur, de retour chez moi, je répondrai d cette génerosité. Il tira de sa po- che une Montre d'or a répétition, de prix, et pria Madame Vander Werf de la recevoir» A. son retour chez lui, il envoya au Peintre son Portrait garni en diamants. Aucun Artiste n'a vu payer ses Ouvrages de
son vivant, a unsi haut prix. Dans la vente de M. Paats, il vit acheter six de' ses Tableaux IÓOOO florins; et un autre petit, Loth et ses filles, 4ZOO florins. Nous allons citer encore d'autres ext*mpies. Il fut très-sensible a la mort de l'Eleöeur Palatin en 1716, non pas parce que sa pension cessa dès-iors; il étoit plus en état, étanf a lui, d'augmenter sa fortune; mais par attachement pour la personne de ce Prince. Il peignit des Tableaux a son choix qui plai- soient beaucoup; il vendit en 1717 trois de ses Tableaux
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Flamands , Allemands et Hollandois. 391
Tabieaux au Comte Czernin de Ckudeniz, nn 1659.
Ju^einent de Paris, pour 55000 florins, une '*****' Sainte Familie, pour 25OOO: et une Madeleine pour 2000. En 1718 il vendit un Jugement de Paris autrement coxnposé que Ie premier, au Duc d'Orléans, Kégent, 5000 florins, tout ar- gent d'Hol lande. Des Tableanx a ce prix, vendus publique-
ment, augmenterent tous les jours, parce que l'Elefteur ayant occupé long-tcmps son temps, il n'avoit pn travailler pour les Amateurs d'Hol- lande et pour ceux d'autres pays. Il avoit pla- ce lui-même, avant la mort de l'Ele&eur, les Mysterps de la Vie de Notre Seigneur. Il lui re«toit, après la mort de ce Princc, un Ta- bleau allégorique; on y voyoit en medaillons les Portraits de 1'Elefteur et de 1'Eleörice, que des génies vont attacher a une pyramide : dans Ie haut est la Piété qui les couronne; au bas sont les Arts libéraux, qui rendent leurs hom- miges a leur Mécene : la Peinture montre Ie Portrait du Peintre représenté daus une forme ovale. Comme il n'avoit pu remettre ce Ta- bleau du vivant de son illustre Protetteur, il Ie garda sans vouloir Ie vendre a personne. Le nou vel Ele&eur le lui ayant demandé; il le paya tout ce qu'il valoit, avec la même géné- roiité. 11 vendit encore a M. van Schuilenburg un
Tableau, la Fuite en Egypte. Ce joli morceau appartenoit a sa fille, il lui étoit destiné, ello recut pour prix 4000 florins. Nous serions trop longs a rapporter tout ce
qu'il a fait de suite : il avoit beaucoup d'ordre Bb 3 et
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3yï La F ie des Peintres
1Ó59 et nul penchant a la prodigalité. II dépensoit
»»peu,vivoit honorablement, visitant les Ama- teurs qui venoient a leur tour s'entretenir avec lui de la Peinture, et de tout ce qui pouvoit tendre a sa perfeöion; et c'étoit avec la plus grande douceur qu'il donnoit des avis aux jeu- nes gens. It n'aimoit point un grand nombre d'Eleves:on nelui en compte que troishabiles, son frere Pierre Pander Werf, Henri van Limbourg, & Joan Chreticn Sperling, depuis premier Peintre du Margrave d'Hanspagh. Cette assiduité au travail, plus pénible en-
core par legrand fini, afFoiblissoit de jouren jour eet excellent A rtiste: il mouru t Ie 12 Novem- bre 1721, agé de 63 ans. Peu detemps avant, Ie Chevalicr Sinserf\x\\venftit visite; et lui ache- tapour Ie Chevalier GrégoirePage, Anglois, dix Tableaux : Hercule et Déjanire; la Mere de Dieu pres du Tombeau de Notre-Seigneur; une Madeleine; la Naissance de Jésus-Christ; Moyse tronvé; Seleucus qui accorde sa femme Stratonica a son fils; un Berger et deux Ber- geres; la Chasteté de Joseph, la Charité Ro- maine; et Vénus et son fils : il rec.ut pour ces dix Tableaux 33OOoflorins d'Hollande. Il laissa des bien très-considérables a sa veuve, et une seule rille qui avoit épousé M. Adrien Brouwer^ un des premiers de Roterdam, qui hérita des richesses et des Tableaux qu'il n'avoit pas vou- lu vendre. M. Brouwer céda depuis au Comte de Plettenberg, un Tableau représentant 1'En- fant Prodigue, pour Ie prix de 5 500 florins: deux autres aussi a grand prix; Pun est un Berger et ga Bergere qui dansent; 1'Incrédulité de Saint Thomas,
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Flamands, stllemands et Hollandois. 3g3
Thomas, &c. Il ne garda que Ie Tableau de
familie, que Vander Werf avoit refuse au Roi de Pologne, et depuis ai) Chavaiier Page, qui ne put obtenir qu'une belle copie par Henri Limbourg, et qu'il paya même fort cher. L'Ori- ginal est chez la petite fille de 1'Auteur, qui avoit épousé M. Gevers, Négociant fort riche a Roterdam. Ce Tableau est un legs qui doit rester jusqu'au dernier de la familie, et qui ne peut être vendu que dans une très-grande né- cessité. Le talent de ce Peintre est très-connu; ses
Ouvrages n'ont presque point de prix : c'est ce- lui qui a pouffé le plus loin le précieux fini. Il a peint 1'Histoire et des sujcts pris dans la vieprivée, beaucoup de Portraits, quelques- uns en grand; mais il n'aimcit pas le grand. Plusieurs Portraits commencés n'ont jamais été finis; il y auroit cependant bien réussi. Il y a des sujets de lui d'un bon gout de dessein, mais toujours sans finesse, et quelquefois roide. Sa couleur, dans beaucoup de ses Ouvrages finis, est froide et sent un peu 1'ivoire. Il ne connois- soitpas assez les dessous de 1'Epiderme, pour prononcer sürement les mouvements des mus- des. Il enveloppoit tout trop également, et la longueur du travail lui faisoit perdre sa viva- cité ordinaire, défaut qui n'est point dans tous ses Tableaux. Ses draperies sont la plupart bien pliées et larges, 1'harmonie ne manque pas dans ses Ouvrages, ni la couleur, excepté le nud, comme nous 1'avons remarqué. S'il avoit été plus fcavant dans le dessein, 9'auroit été le premier Peintre de son siècle et de son pays. Bb 4 Persuadé
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3g4 La Fie des Peintres
Persuadé qu'on ne peut eire un grand Peintre
sans rétudc do 1'Architetture, il s"y étoit ap- pliqué; il a compqsé pour ses amis plusieurs facades de maisons d'une bonne Architefture; il murmuroit toujours contre l"s mauvaises for- mes; il bannissoit les petits ornements. Tout ceque nous avons deluien cegenre, suHit pour ramener Ie bon gout: ses plans sont beaux; il avoit un soin singulier a ne point interrompre les grandes masses; les petits objets devenoient interessants par ses distributions. Le Magistrat de Roterdam, déterminé a faire construire une nouvelle Bourse, mit tout en oeuvre pour en- gager Vander Werf a. en donner Ie dessein. Il refiua d'abord, dans la crainte de nuire a 1'Ar- chitette de la Ville, qui n'étoit cependant pas très-capable. Il y consentit a la priere de son gendre M. Brouwer, aussx Echevin. Il donna Ie projet qui étoit tres beau, et qui existe avec des changements qui ont été faits après sa mort; mais qui sont autant de fautes. Nous allons indiquer une bonne partie de ses
Ouvrages, et même les plus considérables. A Paris, dans le Cabinet du Duc d'Orléans,
on trouve le Jugement de Paris, dont il a été parlé, une Vendeuse de Marée, et un Marchand d'ceufs. Chez M. le Marquis de Koyer, 1'Enfant pro-
digue. Ce Tableau est composé de sept figures. Chez M. de Julienne, un S. Jéróme : et chez M. Blondel de Gagnj, une Sainte Marguerite tenant un dragon. A Dusseldorp, chez 1'Elefteur Palatin, une
Annonciation; la Visitation; une Nativité; la Présentation
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Flamands, Allemands et Hollandois.
Présentation au -Temple ; Jésus-Christ parmi 1659.
les Do&eurs : Jésus-Christ dans Ie Jardin; la «t Flagellation ; Ie Couronnement d'épines; Ie por- tement de la Croix; leCrucifiement; la Descen- te de la Croix; la Résurrettion; 1'Ascension; la Descente duS. Esprit sur les Apörres; 1'As- somption de la Vierge; un bain de Diane et de Calisto; Agar chassée avec Ismaël; Ie Portrait de l'Ele&eur Joseph Guillaume; celui d'Anne- Marie-Louise Ele&rice; un Ecce Homo avec beaucoup de figures; Sara, épouse d'Abraham, lui présente sa servante Agar; une Madeleine de grandeur de nature; une Sainte Familie; Vénus et 1'Amour qui aiguise ses fléches ; Adam et Eve chassés da. Paradis terrestre; une jeune fille qui tient une cage, et un oiseau que d'autres enfants cherchent a prendre; une Madeleine : un jeu d'enfants pres d'une vieille qui rit; ce sujet est peint a la lueur d'une chan- delle:la Vierge et Saint Joseph, qui offrent des cerises a 1'Enfant Jésus; Adam et Eve qui pleurent la mort d'Abel; et Ie Tableau allégori- que ou setrouvent les Portraits de 1'Elefteur, de 1'Eleftrice et du Peintre; il a été cité ci- devant. A la Haye, chez M. Fagel, Ie triomphe de
Bacchus et Ariane. Chez M. Ie Lorrnier, la Sa- maritaine; une femme qui tient un livre; deux enfants nuds qui se jouent; Samson pres de Dalila ; une Madeleine; deux autres par Ie Chevalier et Pierre Fander Werf; une Sainte Familie; Jésus - Christ mis au Tombeau. Chez M. van Héteren, une jeune femme a sa toilette; un Berger qui joue de la flutte, et la Bergere danse,
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3<)($ La Vie des Peintres
l6<0. danse; et un Saint Jérome dans Ie désert, lisant
■■—^dans un livre. Ce Tableau est peint par les deux freres. Chez M. van Brémen, un jeune garcon qui se chauffe les mains. A Dort, chez M. van Slingelandt, une belle
esquisse; on y voit la fille de Jephté qui vient en dansant au devant de son pere. Vander fferfaimoh cette composition, il y a mis son propre cachet derriere: un autre a la chandelle; on y voit un jeune homme qui embrasse une fille; on aperc,oit dans Ie fond, la lune qui éclaire au dehors. A Roterdam, chezM. Léers, un beau Por-
trait de femme. Chez M. Bisschop, Jésus-Christ et Saint Thomas l'Apótre; Loth et ses filles, par les deux freres. On doit voir dans la même Ville, chez M. Gevers, Echevin, quia épousé la petite filie du Chevalier Vander Werf, et qui possede une partie des meilleurs Ouvrages de cePeintre. A Gréenwich en Angleterre, a la Maison de Campagne du Chevalier Page, on y voit les Tableaux qui ont été cités et achetés par Ie Chevalier Sinserf. On nous assure aussi qne 1'on voit a Londres les Portraits qui ont servi a 1'histoire de France par Larrey, |
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DIRK
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Flamands, Aïlemands et Hollandois.
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DIRK (Thierry) DALENS,
Ê L E V E
■
DE GÜILLJV ME DALENS.
DAlens naquit a Amsterdam en 1659. Guil-
laume Dalens son pere, Paysagiste mé- diocre, lui donna les premières le§ons. Il fut surpassé par son Eleve encore jeune, qui se retira en 1672 a Hambourg, pour s'éloigner du bruit de la guerre qui accabloit sa patrie. II y rencontra J*an Voorhout qui la fuyoit aussï. Il s'appliquerent ensemble a 1'étude; mais aus- sitót que la Hollande fut délivrée du fléau de la guerre, pan Dalens retourna a Amsterdam, oü ses Tableaux furent estimés. Il y fut chéri pour son talent; mais la mort Fenleva au printemps de sa vie, a 1'age de 29 ans, en 1688. On vante les talents de ce Peintre, dont les
Ouvrages nous sont inconnus. Dans Ie beau Cabinet de l'Ele&eur Palatin,
on trouve un Paysage, un marais oü 1'on voit des canards et des bécasses bien dans Ie gout $ Hondekoeter. Et chez M. Braamkamp, a Amfterdam, un
Paysage, et une Forêt avec des routes qui tra- versent. |
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<§>
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MICHEL
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398 La Vie des Peintres
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MICHEL MADDERSTEG.
HOubraken nous affure que Maddersteg
eft Ie meilleur Eleve de Louis Bakhuysen. Maddersteg naquit a Amfterdam en 1659.On ne peut mieux imiter son Maitre, ni peut-être mieux entendre la conftruftion des Vaiffeaux et les manoeuvres. 11 alla a la Cour de Berlin, pour lors remplie dhabiles Artiftes: il y paffa nne partie de fa vie. De retour a Amfterdam il quit- ta la Peinture pour Ie Commerce; il en fut pu- ni, et nefit pas fortune. Il eft mort en lyoo-.Ses Oiivrages font pour la plupart en Pruffe et dans d'autres Cours d'AHemagne. |
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JÜSTE VAN HUYSUM,
ÊLEVE BE BERGHEM.
JUSTE VAN HUYSUM naquit a Amfterdam
Ie 8 Juin 1659. Son inclination pour la Pein- ture fut fecondée par les lesons de Berghem. Encore jeune, il donna les plus grandes espé- rances; mais fon génie ne pouvoit s'arrêter a une feule partie : il composa 1'Hifloire, il fit Ie Por- trait, des Batailles, des marines, des fleurs. Ce qu'il y a de fingulier, c'eft que ce Peintre exer§a tous les genres fans être médiocre. Les fleurs font les Tableaux oü il a Ie mieux réuffi; il a eu la gloire de former fon fils Jean van Huysum, et c'eft pour cela qu'il eft faitmen- tion de lui. Juste mourut en Avril 1716. N.
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FlamandSj Allemands et Hollandois. 399
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N. VERENDAEL.
LA Ville d'Anvers compte parmi les bons x
Artiftes qu'elle a vu nairre, N. Verendaeh Les Onvrages des meilleurs Peintres de fleurs, ont été les guides qu'il a fuivis, et la nature poiir fe perfe&ionner. Il fit plufieurs Tableaux qui porterent fa réputation dans Ie pays, et plus loin. Son grand talent lui tenoit, en quel- que fa$on, lieu de tout; il étoit renferme vis- a-vis des fleurs qu'il copioit, et les Tableaux de Mignon, &c. On ne renconfroit nulle part eet Artiste; et quoiqu'en dise Weyerman, il n'étoit ni ftupide, ni fingulier; fon amour pour fon art l'oocupa uniquement, et s'il étoit long dans ses Ouvrages, leur fini exigeoit ce foin de fa part. On aimoit alors ses Tableaux dans Ie Brabant, on les aime encore, et on les tranf- porte ailleurs. Il avoit tant de crainte d'altérer la fraïeheur de (es couleurs, foit par la pouf- fiere 011 antrement, qu'a mefure qu'il finiffoit une fleur, il avoit foin de la couvrir avec du papier. Un jour la Princeffe de Simmeren, qui ai-
moit fes Ouvrages, fut Ie voir travailler au Ta- bleau qu'elle lui faifoit faire; elle fut émerveil- lée de fon exa&itude, et elle eut du plailir a Ie voir découvrir chaque fleur pour en faire voir 1'effet ensemble. Ce Peintre au deflbus de Mi- gnon et de van Huysum, mérite une place dans les Cabinets choisis: il eft mort a Anvers, sans qu'on fache en queue aonée. On
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4oo La Vie des Peintres
1659. On trouve a Rouen, chez M. Brochant,
" ■"■."' Auditeur de la Chambre des Comptes de Pa- ris , deux Tableaux de Verendael: ce font des bouquets de fleurs dans des vafes, avec des infe&es. Chez M. Horutner Ie jeune, Négociant, un
grand Tableau repréfentant des guirlandes de fleurs atlachées a des cartouches de pierre; une multitude d'infe&es entourent les fleurs. ChezM. Marye, Secrétaire du Roi, un joli
bouquet d'un grand fïni. ChezM. Ribard, Négociant et Juge-Consul,
une guirlande de fleurs en bouquets , ome une cartouche en pierre. Chez Ie Prince Charles, a Bruxelles, deux
grands Tableaux, avec des fleurs de toutes les efpeces. A Gand, chez M. van Tyghem, un beau Ta-
bleau, avec des fleurs. Et chez M. Ie Lormier, a la Haye, un Ta-
bleau de fleurs; un autre avec des fruits. |
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N. R O O S.
NROOS naquit a Francfort vers 1'an 1659. Il
. eft frere de Philippe Roos, et peut-être fon Eleve. Il peignoit auffi, comme fon frere, des animaux, avec cette différence, que Philippe avoit un pinceau flou et agréable : au contrai- re, celui-ci fembloit modeier avec dela couleur. Ses Ouvrages ne plurent qu'aux Artiftes qui y trouverent du génie, de la corre&ion, une bonne
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Flamands, Allemands et Hollandois. 4O1
bonne couleur et un bel accord. PF~eyermanf
qui a connu ce Peintre, nous apprend qu'il oc- cupoit une majfontrès-vafte, qu'il avoit 1'ambi- tion de paroïtre un grand Seigneur, mais qu'il étoit miferable par cette dépenfe ridicule. Il ne marque point 1'année de fa mort. |
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NICOLAS PIEMONT,
É L E V E
DE NICOLAS MOLBNAER. PTEMONT né a Amfterdam en 1659, eut
pour premier Maitre Martin Saagmdleni Après y avoir paffe quelque-temps, il fut se perfeótionner chez Nicolas Molenaer. Il eut tout ce qu'il falloit pour devenir habile : il fur- paffa fes deux Maitres a peindre Ie Payfage. L'amour manqua de 1'arrêter en route, il aimoit une jeune perfonne qui vouloit bien du Pein- tre; mais un autre plus riche, détermina les Pa- rents a la maner. Piemont étoit amoureux a en devenir fol, au point de vouloir fe donner la mort. Un ami Ie ramena et lui conseilla d'aller en Italië pour augmenter fes talents : il parvint a Ie perfuader et a Ie convaincre, que cette in- clination qui lui avoit caufé ce défefpoir, étoit contraire a fon bonheur. Piemont part, et arrivé a Rome, il s'appli-
qua a 1'étude de fon talent; il ne tada pas a faire une autre faute, il épousa fon höteffe. Cette baffeffe Ie üt nommer par la Bande Aca- démique
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4oa La Vie des Peintres, etc.
i6?o. démique Opgang (ou élévation,) parce qu'il
<—r étoit devenu de bon Peintre Cabaretier. Oa nous affure qu'il devoit rant a cette femme, oü il avoit demeuré depuis fon féjour, que fe trouvant hors d'état de Ia payer, il 1'époufa. II ne s'occupa que de fon Art, et ne paroif- foit jamais dans fa Maifon que fa femme con- duifoic feule. Il vécnt avec elle 17 ans dans Rome : et après fa mort, il retourna avec une petite fortune dans fa Patrir. Il y trouva fa pre- miere Maitreffe veuve avec un bien honnête; il 1'époufa et se retirerent enfemble a Vollen Hoven, oü il mourut quatre ans après, en 1709. Ce Peintre a laïffé peu d'Ouvrages en Hol-
lande. Le temps qu'il a refté en Italië, nous a privé d'un nombre de bons Payfages. 11 faifoit peindre les rigures qu'il faifoit mal. |
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Fin du troisieme Tome.
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TABLE
ALPHABÉTIQÜE
DES NOMS
DES PEINTRES
CONTENUS
DANS CE TROISIEME VOLUME.
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Botschild, Samuel, 98
Brakenburg, Reinier, 253 Brizé, Cornille, 7 Broek , Elie vanden, 27a
Bronkhorst, Jean, 23g Bruyn, Cornille de, 297 Bunnick, Jean van f 3i3 |
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"1_Ppelman, Ber-
nard, 108 |
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lAcker, Adrien, i5i
Backer, N. de, 224 Beeldemaecker, Jean, 32
Begyn, Abraham, 291 Bent, Jean Vander, 264 Berckheyden, Job et Gue- rard, 153
Biskop ou Bisschop, Jean
de, iS4
Blekers, N., 7
Block, Joanne Koerten,
273
Bloemen, Jean-Francois
van, 358
Bloemen , Pierre van ,
359
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'Al, Jean van, 317
Carré, Francois, 32 Carré, Henry, 36o
Carré, Michel, 363
|
||||||||||||||||||||||
Champagne, Jean - Ba
|
p
161 |
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tiste,
|
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Cleef, Jean van, igi
Colyns, David, a83 Couinck, David de, 3j
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||||||||||||||||||||||
Cc
|
n
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T A B L E.
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Glauber, Jean Gotlieb ,
333 Griflier , Jean , 352
Gyzen , Pierre , 41
H
[Agen, Jean van, 25
Haansbergen, Jean van, 123
Hakkert, Jean, 3g
Haring , Daniel, 34
Heus, Guillaume de , 71
Heus , Jacques de , 366 Heusch,Abraham <fe, 270 Heyden, Jean vander, 48 Heyden, Francois-Pierre ver, 364 Hoet, Guerard, 232
Holsteyn, Cornille, 3o3
Hondekoeter, Melchior, 44
Hondius, Abraham , 280
Hooge, Pierre de, 167. Hoogzaet, Jean , 3i2 Hugtenburgh, Jean van, 196 Huysum , Jus/e van, 398
Hulst, Pierre vander, 39 Huysmans, Cornille, |
||||||||||||||||||||||||||
D
|
||||||||||||||||||||||||||
D
|
||||||||||||||||||||||||||
A l e n s , Thierry ,
|
||||||||||||||||||||||||||
( Dirck ) 397
Danks, F'ancoü, 282
Delen, Thierry van, u3 Denys , Jacques, 210 Deysler , Louis de , 336 Does , Simon vander, 3i>4 Does, Jacques vander, 3i6 Douven , Jean Francais, '347
Droogsloot, N. a63
Drost, 42
Duc, Jean Ie, 33
Dullaert, tfeyman , fa
Dunz, Jean, 17S |
||||||||||||||||||||||||||
E
|
||||||||||||||||||||||||||
J_j
|
||||||||||||||||||||||||||
Eckhoute , Antoine
|
||||||||||||||||||||||||||
vanden , 345
Elias , Mathieu, 3yj
Eyckens, Pierre Ie Vieux,
286 F L Ehling, Heniy Chris-
tophe, 311
Freres, Theodore, J^g
Frits , Pierre , '23
G
(jAal, Bernard, a84
Gelder (Arent) Arnould de, f]G Genot'ls, Abraham, 92
Gillig, 4a Glauber, Jean, 187
|
||||||||||||||||||||||||||
«jArdin, Carledu, m
Ingen , Guillaume van, 370 K |
||||||||||||||||||||||||||
XV
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||||||||||||||||||||||||||
AIraat, Abraham van,
|
||||||||||||||||||||||||||
47
Kalra;it, Bernardvan, 268
Kick, Cornille, 6 |
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T A B L E.
Kloosterman, 2V. 35i N
Kneller, Godefroy, 225 TVT
Koene, Isaac, 284 ±\ ¥xk, Jean van, 46
Koets, Roelof, 3<i6 Neer, Eglon vander, 133
Koning, Jacques, 262 Nes, Jean van, 22
Netscher, Gaspard, 78
L Neveu, Mathieu, ao5 LNollet, Dominique, ga
Airesse, Guerard de, 101 O
Leeuw, Gabriel vander, s~\
i45 V_/Ost, Jacquesvan, 55
Leeuw, Pierre vander, Orley, Richardvan , 3oo 168
Lubieneizki, Tlieodore et P
Christophe, 3o5 T)
JL Aulin , Horace, i5i
d/ Peutmau,iV. a84 MPiemont, Nicolas, 4°'
Aes, Thierry(Dirck), Pieters,iV. 220 3Ö2 Plas, üavid vander, ai3
Maddersleg, Michel, 3g8 Poorter, 42
Marienhof, 265 Post, Francois, 8
Meer, Jean vander, 267
Merian , Marie - Sibylle } R 200 "O
|
||||||
Euven, Pierre, 266
vander, 1 Rietschoof, Jean, 296
Meyer , jPe/.;x, 307 Roer, Jacquesvander,ii3
Meyering, kliert, 179 Roos, Theodcre, 68
Mierhop, Francois van Roos, Philippe, 3ig
Cuyckde, 115 Roos, 2V. 4°°
Mieris, Francois, i3 Ruysdael, Jacques, 9
Mignon , Abraham, 52 Ruysdael, Salomon, 11
Mile, Francisque, 169 Ryckx, Nicolas, 60
Minderhout, 58 Rysbrack , Pierre, 874
Molyn, Pierre, 148 Moor, Charles de, 328 S Moortel, Jean, 291 O
Musscher, Michel van , öChalcken , Godefroy ,
181 i39
Mytens, Daniel, 35 Schcndel, Bernard, 5
Cc 2
|
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~~~
|
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T A B L E.
Schoon-Jans, Anloine, Verkoüe, Jean, 25g
288 Vernertam, Francois, ó-]b
Slingelandt, Pierre van, Verschuuring,GuiUaume
98 (Willem) 3o8
Spalthof, 4a Visscher , Theodore, 290
Starenberg,/«rn, 271 Voys,Ande, 118
Steen, Jean , 26 Vollevens, /eara , 2Ï>i
Steenwyk,IV. 109 Voorhout, Je^K, 207
Storck , Abraham, 282 Vostermans, Jean, 107
Stuven, Ernest, 372 Vree, Nicolasde 278
Syder , DawieJ, 2i5 Vuez, Arnould de, 125
r W
TErlee, & WEeninx Jean j65
Terwesten, Augustin, 245 Werdmuller, JeanRudolJ,
Terwesten, Elie ,294 y , . , a„,
Tideman,P/»"Vpe, 369 Werf, Adrien vander, 383
Torenvliet, Jacques, 121 Wemer , Joseph, 01
Weyerman, •/. 4°
^ Winter, Gz7/e^ Je, ag3
_ Wissing, GuiUaume, 357
V Al Robcrt du, 172 Withoos, Jean, 3oa
Veen, Roch van, 169 Withoos, Pierre, 3j5
Velde , Adrien vanden, Withoos, Francois, ó-]5
72 Wolf, Jacques de, 271
Verhuis, Arnould, 186 Wulfraat, Mathieu, 218
Verendael, ÜV. 399 Wyck , /ea« , 117
Verheyden , Francois- Wytman, Mathieu, 204
Pierre, 364 |
|||||||
Fin de la Table;
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------------------- -----
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T A B L E
DES PEINTRES
AVEC PORTRAITS.
B H
BlSSCHOP,Jean t±Oet, Guerard,
de, 184 232 Block, Joanne Koer- Hondekoeter , Mei- ten, 273 chior, 44 y Cornille de, Hondius, Abraham, 297 2.80 D Huysmans, Cornille, |
||||||||||||
D
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Eyster, Louis de, I
336 T
Dullaert,ïlejtmn,4j J Ardin, Carle du,
Duni, Jean, 175 ui
K.
E Jf
j-i XVNneller s Gode-
JliLias , Mathieu , ftoy, 225
377 L
Eyckens , Pierre Ie j
Vieux, 286 LuAiresse, Guerard
de, IOI
G M
KTEnoels, Abraham, irJLErian, Marie Si-
92 bylle, 200
Meulen,
|
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■»...-
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—
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|||||||
T A B L E.
T
>is Vander, i rj-i
Mejer, Felix, 307 JL Erwesten, Augus-
Micris, Frangois, 13 tin, 245
Moor, Charles de, 328 Tidcman, Philippe ,
Musscher,\i'iche\v<m, 369
181 Torenvliet, Jacques,
N 121
N V
J- T Estcher, Gaspard, jy^
78 r Al, Robert du ,
O 172
O Velde, Adrien Van-
Ost, Jacques van, den, 72
55 Ferkolie, Jean , 259
Orlej , Richard van, Vollevevs, Jean, 251
300 Voorhouti Jean, 207
P Vuez, Arnould de ,
JL Las , David van-
der, [2.Ï3 R ^^ Eeninx, Jean,
x\Ooj,Philippe,3l9 Werdmuller , Jean
Rudolf, 85
S Werf, Adrien Vander,
c 383
<jChalckeny Gode- Jferner, Jefeph, 61
froy, 139 Wulfraat, Mathieu,
Steen, Jean ,26 218
Fin de la Table des Portraits.
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A ROUEN, de 1'imprimcrie de VI RET, fils.
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