LA VIE
P E I NTR E S
FLAMANDS,
ALLEMANDS ET HOLLANDOIS,
AVEC DES P0RTRA1TS
Grav�s en Taille-douce, une indication de leurs
principaux Ouvrages, & des R�flexions fur
leurs difF�rentes manieres.
Par Mr. �. fi. DESCAMPS ,Pelntre da Rol, Membre
de l'Acad�itiie Royale de Peinture & de Sculpture , de f Acad�mie Imp�riale Francifcienne , de celk des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Rouen, & Profejfeur de PEcolt du Dejfeln de la m�rne Vitte. T O M E QUATRIEME.
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A P A R ! S ,
C DisAiNT& Saillant.rue de S. Jean de Beauvais. Chei' PissoT,Quai de Conty. |
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Du rand Ie Neven , me S- Jacques
de la rue du Platre. |
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au coin
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M. D C C. LXIV,
AVEC APPROBATtON ET PRIVILEGE DU R01 |
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AVERTISSEMENT,
A n s ce quatrieme & dernier
| Tome j'effaye de faciliter aux Francois la prononciation des
noms propres des Artiftes dont il eft fait mention dans eet Ouvrage. Pour y parvenir je mets en cara�tere romain les noms comme les Peintres les �cri- voient fur leurs Tableaux ou fur leurs Deffeins, & entre deux parenthefes ces mots tels qu'il faut les prononcer. L'E en Flamand eft toujours muet, &
a peine fenfible; j'ai fupprim� eet E, o� il eft tr�s-muet, en fubftituant a ia place L'apoftrophe. Exemple, Vander} prononcez |
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vj AFERTISSEMENT.
(Vand'r)» Vanden, prononcez (Vand'n)
Rubcns} prononcez (Rub'ns.) De deux E enfemble on n'en prononcc
q u'un, mais ferme; ainfi Beeldemaecker, prononcez ( B�ldemaqu'r.) La diphthongue OE eft OU, comme
dans Bloemen, prononcez (Bloum'n.) Le G a paru rude aux Flamands, ils
1'adouciffent en difant GUE; ainfi dans Elliger, prononcez (Elligu'r.) Le K eft comme le C, fans c�dille
devant les voyelles A, O, U, ou com- me le QU. Exemples, Kakker, pronon- cez ( Calqu'r ) ; Kaynot , prononcez ( Quaynot. ) Le W eft OU, ainfi TVaffer, pronon-
cez ( Ouaff'r.) L'Y a le fon comme dans Paye ou dans
Taye. L'H eft inutile dans la methode que
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JFERTISSEMENT. vi)
j'indique ; dans Hal, prononce^ (Al.)
J'ai place a la fuite de la Table de ce Volume celles des Volumes pr�c�dens, o� les noms font �crits felon ma methode, & places entre deux parenthefes. Avant deux ans je donnerai au Public
Ie Voyage Pittorefque des principales Villes de Flandre & du Brabant; je ferai connoitre les Ouvrages de Peinture, de Sculpture & d'Archite�lure; j'y joindrai quelques r�flexionsj j'indiquerai les Cabi- nets, fans m'arr�ter aux d�tails, que je r�ferve pour les Edifices publics, dont les richefles de ce genre font rarement d�- plac�es; il y aura des planches quand il faudra donner une idee plus fenfible dts chofes. J'ai commenc� eet Ouvrage particulier
en �crivant la vie des Peintres; mais je ne compte Ie faire paroitre qu'apr�s m'�tre |
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v�j AVERTISSEMENT.
aflur� de nouveau fur les lieux de certains
faits, pour ne pas induire en aucune er* reur ceux qui voudront bien prcndre mon Livre pour guide. |
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ARNOLD
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A R N O LD
HOUBRAKEN,
�LEVE DE SAMUEL
H 00 G-S TRAE TEN. OUBRAKENj bon Peintre &"
Hiftorien exadt, naquit a Dort < !e 28 Mars 1660, d'une familie aif�e, qui lui fit faire des �tudes convenables jufqu'a ce qu'il mar- quat une pr�diledtion particu- liere pour la Peinture. Guillaume Drillenburg fut fon premier Maitre ; Jacques Lavecq fon fecond , mais la mort Ie lui enleva au bout de Tome iVk A neuf
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La Vie des Peintres
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1660. g$
'
1'Ecole, & il furpafla (es Camarades. En �tat de fe perfe&ionner d'apr�s la nature, il quitta fon Maitre : ce fut dans fa ville natale qu'il fit 1'eflai de fes talens; on y voit encore les Por- traits qu'il y fit pour les principales families: il efl: fingulier, fur-tout, de voir comment il a traite & bien r�ufli dans Ie Tableau qu'il a fait pour la Monnoie; tous les Officiers de ce temps y font repr�fent�s : des Tableaux d'hif- toire , & d'autres pour orner les fallons Sc les appartemens lui r�ufl�rent: �galement. Un ama- teur, M. Witfeti) prit tant de plaifir dans deux petits Tableaux qa Houbraken venoitdelui faire, qu'il mit tont en oeuvre pour 1'attirer a Amfterdam» Notre Peintre » qui avoit �pouf� la rille de Jacques Sasbout, Lithotomifte habile ,& qu� eutd'elle une familie nombreufe, crut Amfter- dam plus propre que Dort a 1'�ducation & a 1'�tabliffement de fes enfans. CechangetnentdeVilleluifutd'unavantagecon-
fid�rable, malgr� lamort de fon M�cene Wilfen; Houbraken n �toit point encore connu, mais les Libraires qui commencerent a 1'employer, enrichirent la Typographie d'un nombre de jo- lk.s Vignettes de fa compofition : un Hiftorio- graphe Anglois lui fit des offres confid�rables pour aller en Angleterre & y deffiner les Por- traits des grands Hommes de cette Nation. Houbraken y fut, paffa neuf mois a former cette belle colleftion, & a fon retour en Hol- lande , 1'Auteur Anglois Ie regut avec la plus grande fatisfa&ion ; mais ea m�me-tcmps il Ie trompa
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Flamands, Allemands & Hollandois. S
trompa, en quittant furtivement Ie Pays, fans
payer fes dettes ; Ie tort qu'il fit a notre Artifte, en ne Ie payant pas plus que fes autres Cr�an- ciers,nele rebuta point. Houbraken fe mit a peindre des Tableaux, tous fujets d'Hifloire, qui mirent ce Peintre a portee de Faire con- noitre fes talens : il peignit pour M. van Hems- kerk , a la Haye , THiftoire d'Orefte & de Pilade , Ie Sacriiice d'Iphig�nie , la Continence de Scipion , &c. Vers ce temps, les Artiftes & les Amateurs
1'engagerent a �crire la Vie des Peintres. Ani- m� par la confiance de fes Confr�res , il fit des recherches , & il fut fecond� par les talens de fon fils , Graveur habile, qui grava tous les Portraits. Ainfi Houbraken partagea fon temps entre 1'Art de Peindre & celui d'Ecrire ; ce travail lui fera toujours honneur ; fi la mort ne 1'avoit furpris , il auroit angment� fon Ou* yrage , qui eft quelquefois trop peu �tendu : il ne vit paroitre de fon vivant que deux Vo- lumes ; Ie troifieme parut apr�s fa mort, qui arriva Ie 14 Oftobre 1719. Il laiffa fa veuve avec plufieurs enfans , parmi lefquels on ditrin- gue Jacgues Houbraken, Graveur de Portrait, habile, encore vivant. Houbraken Ie pere def�inoit affez bien ; fes
compofitions font dun homme d'efprit; il �toit tr�s-inftruit, & un des bons Po�tes de fon temps; fon pinceau eft d�licat, fa couleur un peu ou- tr�e, tant�t trop rouge, & en g�n�ral peu vraie ; fes draperies font pli�es avec nobleffe. Peut-�tre une trop grande qnantit� d'�toffes Yari�es de tons, emp�che de trouver, dans quel- A1 ques-
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4 La T'ie des Pcintres
uns de fes Tableaux , Ie repos qu'on remar-
r que dans la plupart de fes Ouvrages: il �toit riche dans fes fonds : Un bon gout d'Archi- tecture montre qu'il ("cavoit les loix du Coftume dans cette partie , ainfi que dans les ajuftemens de fes rlgures ; fes Ouvrages de Litt�ratiire font affez r�pandus pour en laiffer juger Ie Public. Nous avons parl� de fa Vie des Peintres dans 1'Avertiffement de notre premier Volume. Son Ouvrage nous a beaucoup fervi: ce fut d'ailleurs un honn�te homme , dont les moeurs ont �t� lou�es par ceux qui ont �t� a portee de Ie con- noitre & de lire fes �crits. Le feul Tableau, que nous connoiffons de
ce Peintre en France , fe voyoit a Paris dans le cabinet de feu M. le Cotnte de Vence , il repr�fente le Sacrifice d'Iphig�nie. |
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BODEKKER,
�LEVE DE JEAN DE BA�N.
BOdekKER naquit en �66o, dans le pays
de Cleves ; fils d'un Muficicn c�lebre, qui avoit fait long-temps les plaifirs de la Cour de Berlin , il devint Muficien lui-mcme, mais fes talens pour la Mufique ne furent pour lui q�'im amui'ement, il s'occupa de la Peinture. Il fut heureufement inftruit dans la bonne Ecole de Jean de Ba�n, a la Haye, Si il ne la quitta que lorfque le Ma�tre le jugea en �tat de fe pro- curer , par fes Portraits, une fortune & un nom
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Flamands, Allemands & Hollandois. 5
nom. Il pafla par Bois-le-Duc & Breda, o� il fut fort employ� ; fes Portraits lui procurerent de grandes prote&ions ; il revint a la Haye o� il eut des perfonnes de confid�ration a peindre ; il fut enfin appell� a Amfterdam, o� il fe fixa: il fit cependant quelques voyages dans Ie Nord de la Hollande ; la mort 1'enleva a 1'age de foixante-dix ans, en 1727. Il fut inluun� a Amfterdam : il laiffa , par fes Ouvrages , la r�putation d'un bon Peintre de Portrait. |
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JACQUES VANDER SLUIS,
�LEFE DE SLINGELANDT.
LA ville de Leyd�n reclame ce Peintre
agr�able , qui naquit en 1660. Il fut �lev� dans 1'H�pital des Orphelins , o� il fe diftin- gua dans les exercices d'inftru�ions. Il fcut captiver Tamiti� des Adminiflrateurs par la douceur de fes moeurs; il fit connoitre de bon- ne heure fon g�nie & fon goiit pour Ie Def- fein. Il eut pour premier Maitre Ari de Voys, &
enfuite Pierre van Slingelandt. Il copia d'abord tr�s-bien ce Maitre , & finit par compofer de fon propre g�nie. La maniere de Slingelandt lui eft reil�e ; fes Tableaux font encore plai- lir : ce font des fujets de mode, mais agr�a- bles , des AfTembl�es , des Jeux & des Feftins : la joie eft peinte dans fes figures, fon finij eft f�duifant, mais fon deffein eft fans finefle; il A 3 y
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6 La Vie des Peintres, &c.
y a de l'harmonie dans fes Ouvrages. On les
aime, parce qu'ils font piquans. 11 a toujours v�- cu dans fa Ville natale, o� il eft mort en 1736. Nous n'avons aucune connoiflance des produc- tions de ce Maitre : c'eft d'aprcs de bons Ar- tiftes que nous avons fait eet �loge & cette petite critique. |
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JEAN FILIUS^
�LEVE DE SLINGELANDT.
VOiCl encore un �leve de Sl�ngdandt;
Jean Films, n� a Bois-le-Duc , a imit� fon Maitre dans Ie beau hni de fes Ouvrages. La rn�me couleur, un aflez bon gout de deflein font encore rechercher fes Tableaux. Il choi- fiffoit bien (es fujets; des Affembl�es & des momens pns dans la vie priv�e , font les mode- les qu'il a bien imit�s : nous ne connoiffons point fes Ouvrages, ni en quelle ann�e il eft mort. |
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BONAVENTURE
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BONAVENTURE
VAN OVERBEEK.
ONAVENTURE VAN OVERBEEK
naquit a Amfterdam en 1660, I de parens riches, qui 1'�leverent d'une facon convenable a leur j fortune ; il fe diftingua au Col- l�ge , & d�ja tr�s^avanc� dans les Langues , il quitta tout pour la Peinture: fon Maitre eft inconnu; on foup^onne que ce fut LaireJJe. Quoi qu'il en foit, Overb�ek alla a Rome, o� il s'appliqua avec tant d'ardeur, qu'il fut regarde comme un des premiers ; fa grande faqilit� lui laiffa Ie loifir de s'amufer: A4 il
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1660.
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8 La Vie dei Pemtres
"TT ' il aimoit Ie plaiiir, ma�s fans ie n�gliger. La
3 Bande acad�mique Ie nomma Romulus. Overb�ek deffina tout ce qui pouvoit �tre
vu dans cette grande Ville : il acheta les pla- tres moul�s fur les Antiques, & ceux que les habiles Sculpteurs avoient copi�s. Non content des Deffeins qu'il avoit faits, il fe procura ceux des aurres a prix d'argent; c'�toit une colle&ion tr�s-complette, & peut-�tre la plus nombreufe qu'aucun Artifte ait apport�e d'Italie. A ion arri- v�e en Hollande, tous les Amateurs Ie vifite- rent, & fur-tout fes Confr�res. Lairejje, �ton- n� de voir tant de richeffes, fut li fatisfait de tout ce qu'il avoit vu, qu'il offnt fa maifon & fa table a notre Romulus ; Ie m�mc penchant pour Ie plaifir contribua auffi a les unir li �troi- tement. Lairejje �tudia les DefTeins d'apr�s les model-es antiques , fa maniere en devint encore plus fcavante ; fes deffeins , fes compofitions & fes tableaux �toient des preuves du gout que produit 1'�tude de 1'Antique. Overb�ek aimoit Ie plaifir , mais il aimoit
aufli fon Art ; ces deux go�ts fe combattoient quelquefois & c�doient tour-a tour 1'un a 1'au- tre : �toit-il las du plaifir ? 1'�tude repreaoit fes droits. Ce fut dans un de ces heureux momens que, r�fl�chiffant f�rieufement fur les dangers que couroient (es talens, il s'arracha de la com- pagnie du dangereux Lairejje , & qu'il partit pour Rome, dans la ferme r�folution de renoncer a la d�bauche; heureux s'il e�t pii s'y foutenir! Il mena avec lui un Peintre nomm� Trooft, qui peignoit bien a gouaffe, peur 1'aider a cbpier Cxa�eraent des ruines & d'autres reftes de 1'an- cienne
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Flamands , Allemands & H'ollandois. 9
cienne Rome. Ce Troojt p�rit dans ie Tibre en
fe baignant. C'�toit une perte pour notre Artifte , parce
que ce fecours lui �toit n�ceffaire pour l� but qu'il s'�toit propof�; mais la fagefie ne man- qua pas de 1'ennuyer: la crapule reprit Ie deffus, & les exces Ie mirent prefque au tombcau; en �tant heureufcment r�chapp�, il Ie remit de nouveau au travail. Cet Artifte pouvoit �tre deux jours a ie r�jouir ; il pouvoit auffi paffer trois 011 quatre jours & quatre nuits de fuite a fa profeffion. Apr�s quatre ans de f�jour dans Rome, il retourna en Hollande ; il.prit avec lui pour compagnon de voyage Ckriftophe Le Blon, Peintre en mignature , qu'il d�fraya. Apr�s avoir paffe quelque temps chcz lui,
il retourna pour la troifieme fois a Rome , pour y recueillir ce qui lui parut manquer a fa col- leftion : ce voyage dura encore deux ans. Tout �toit fingulier dans fa conduite ; lorfqu'il partoit pour Rome, il mettoit fes ef�ets, meu- bles & bijoux, &c. dans des coffres, qu'il d�- pofoit dans 1'endroit o� 1'on pr�te fur gages; il diloit qu'il n'agiffoit ainfi que pour ne point payer de loyer de maifon : il fe faifoit auffi faire un habit qu'il portoit pendant tout le voyage, fans prendre garde s'il �toit d�chir�, tach�, 011 m�me hors d'�tat d'�tre mis; on le connoiffoit fur ce ton la ; il paroiffoit peu inquiet de la raillerie. Notre Obfervateur retourna avec fon Recueil
complet : il choifit la Haye pour fa demeure ; il aimoit tant fon Art, qu'il deffinoit a 1'Aca- d�mie d'apr�s le modele, tr�s-fouvent pour inf- pirer
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�d La Vie des Peintres
pirer a la Jeunefle Ie bon gout qu'il avoit ac-
quis en Itali�; il fut d'abord recu Membre dans cette Socict�d�sl'ann�e 1685. LaHaye lui parut un f�jour trop propre a Ie diftraire ; il �toit trop foible auffi pour' r�fifter aux occafions. Il loua une chambre a Scheveninge ; pour y monter il n'y avoit qu'un marche-pied , qu'il tiroit apr�s lui lorfqu'il ne vouloit pas �tre diflrait. Il v�- cut ainfi quelque temps dans 1'exc�s de la d�- bauche & du travail. Enfin, apr�s avoir �crit fonLivre, fait graver & retouche lui-m�me les planches, il fut a Amfterdam pour faire impri- mer, lorfqu'une maladie d'�puifement Ie r�dui- fit a 1'extr�mit� a la fleur de fon age; les M�- decins, dans une confultation, apr�s avoir exa- min� Ie Malade, fondoient leur efp�rance fur fon age ; il leur dit en riant : Meflieurs, ne comptc\pas fur mes quarante-J�x ans, il faut doubler, /'ai v�cujour & nuk. Il demanda fon Neveu Michel van Overb�ek & fon H�ritier, & lui dit de faire imprimer fon Ouvrage a fes frais, de Ie d�dier a la Reine Anne d'Angle- terre , & d'en remettre un Exemplaire a 1'Aca- d�mie de Peinture de la Haye. Cet Ouvrage fut donn� au Public en 1709, en trois Parties, grand in-folio, fous ce Titre: Les Resies de Van- cienne Rome. Notre fingulier Artifle mourut en 1706, a
1'age de quarante lix ans ; il dit des chofes tr�s- plaifantes en mourant. C'efl dommage qu^un homme de ce m�rite ait donn� dans les exces les plus crapuleux; il avoit une �rudition pro- fonde, & 1'efprit Ie plus vif & Ie plus capable d'application; il a peint avec b�aucoup de fuc- |
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c�s
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JFlamands, Jtllemands & Hollandois. 11
c�s rHiftoire: il deffinoit bien : fes Ouvrages 1660.
en Peinture nous font inconnus; on peut juger ■■ , par fon Livre, qi� eft �crit en Fran^is, qu'il pofledoit bien les Langues. |
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JEAN MIERIS,
�LEVE DE SON PERE
FRANCOIS MIERIS.
Jean Mieris, fl!s ain� de Fran-
cols Mieris , naquit a Leyden Ie 17 Juin J��o. Son nom fut 1'heureux pr�jug� des ta-* lens qu'il devoit un jour acqu�rir , 'puifqu'il �toit excit� a la fois par la r�putation de fon pere, & par les progr�s de fon frere Guillau- me Mieris , qui �toit plus jeune que lui; cepen- dant il n'imita ni 1'un ni 1'autre dans leur gen- re , il craignit de n'atteindre ni a la patience de fon pere, ni au fini de fes Ouvrages ; & voyant que fon jeune frere donnoit dans Ie petit, il fe d�clara pour Ie grand : fon pere n'en fut pas fach�; il Ie laiffa faire; il cher- cha a Ie placer chez quelque Maitre habile; il aimoit LaireJJe & fes Ouvrages, mais il m�- prifoit fes d�bauches; &, dans la crainte d'ex- pofer fon fils a des exemples dangereux, il fe chargea de fon inflru&ion, en lui mettant de- vant les yeux des modeles qu'il ffut copier, & d'apr�s lefquels il a form� fa belle maniere. Ce jeune Artifle �toit continuellement tour- ment�
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i i La P~ie des Peintres
j66o. ment^ de la gravelle et de la pierre : cette
^==m cruelle maladie ne 1'emp�cha pas de travailler aliiduement. Les M�decins lui ordonnerent de fe tenir affis Ie moins qu'il pourroit, parce que cette pontion lui �toit contraire. Il fe mit alors dans 1'efprit que les voyages pourroient Ie fou- . lager. Apr�s la mort de fon pere, il paffa en Allemagne, o� il travailla quelque temps; il voulut voir 1'Italie : arriv� a Florence, il y fut par-tout bien recu. Le nom de fon pere, (lont les Ouvrages y �toient connus, lui procure- rent des Amis qui le pr�fenterent au Grand- Duc ; il fut recu avec amiti�, & ce Prince voulut fe 1'attacher. Mie ris, z�l� Proteftant, crut �tre g�ne; il refufa cette place , & fut a Rome, o� fon talent �toit d�ja connu, o� fes Ouvrages enfuite le f�rent rechercher : cepen- dant (on mal augmenta , parce qu'il travailloit avec la m�me afliduit� ; il fut pris fi vivement qu'il mourut a Rome, dans des douleurs tr�s- aign�s, le 17 Mars 1690. Ceft dommage que eet Artifte n'ait pu par-
courir une plus longue carri�re, il auroit �t� auffi c�l�bre en grand , que fon pere 1'�toit dans fes petits �uvrages. On nous vante deux beaux Tableaux de lui, qui �toient dans le Cabinet de M. de la Court, et le Portrait en petit de ce Peintre, par lui-m�me, chez M. Vander Marck, a Leyden , & le m�me , de grandeur de nature, chez Francois Mieris le jeune: ces deux Tableaux , d'une maniere bien oppof�e , ont fait croire qu'il feroit devenu un tr�s-grand homme, il �toit d�ja un Maitre habile. ■f
PIERRE
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jillemands & H�llandois.
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PIERRE BRANDEL,
�LEFE DE JEAN SCHROETER.
"D Randel naquit a Prague en 1660. A ,,
** 1'age de quinze ans il fut admis a 1'Ecole de Jean Schroeter, Peintre de la Cour, & ~ Infpe&eur de la Galene de Prague; Ie Maitre fe vit furpaffer par fon Eleve, apr�s quatre ann�es d'�tude; ce fut peut-�tre un motif de leur f�paration. Un jour 1'Eleve recut ordre de peindre un petit Tableau d'Autel: Schroeter, en entrant vers Ie foir , vit Brandel d�foeuvr� a la fen�tre; il Ie gronda 3 fans avoir regarde Ie Tableau d�ja n"ni. Brandel piqu� , faifit cette occafion pour Ie quitter; il fe mit a travailler pour fon compte : les Eglifes de Prague & de Breflau furent orn�es de fa main; Ie Prince de Ha\fdd lui paya cent ducats pour un Tableau repr�fentant Saint J�r�me a demi-corps. Son f�jour ordinaire �toit a Prague , il n'en
fortoit que pour placer fes Ouvrages : il fut por- ter un Tableau d'Autel au Monaftere de J�iflau en Sil�fie , & un autre dans 1'Eglife de Mac- dling en Autriche. Ce fut alors qu'il eut occafion de voir ce qu'il y a de beau a Vienne. Sa con- duite finguliere & prodigue Ie fit mourir fi pau- vre a Kuttenberg en 1739 , qu'il fut enterr� par charit�. On voulut honorer fa m�moire, il fut en-
terr� a fainte Barbe. Les Peres J�fuites & tous les
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La Vie des Peintres
du Monaftere de Sedliz,del'Ordre
deCiteaux, furent a la foite du Corps, & trois eens Freres Mineurs porterent des flambeaux. Cette diftin&ion fait honneur au gout de ce temps : On afl'ure encore que ce Peintre avoit du g�nie; il confultoit la nature fans la char- ger ; fa couleur eft naturelle, quelquefois fes ombres tirent fur Ie noir : fon pinceau eft large & facile. |
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GASPARD JACQUES
VAN OPSTAL.
VAn Opstal *, natif d'Anvers, eft un bon
Peintre d:Hiftoire, plus connu par fes Ouvrages que par des �venemens particuliers de fa vie; il avoit voyag� en France, mais on ne fcait ni Ie temps qu'il y a demeur� , ni s'il a �t� plus loin. En 1704, il fut charg� de copier la fameu-
fe defcente de Croix de la Chapelie de la Con- fr�rie du Mail, dans 1'Eglife de Notte-Dame* a Anvers. Ce chef-d'oeuvre de Rubens, qui confifte en cinq Tableaux, eft rendu avec la li- bert�, la touche & la couleur de 1'original: ces copies, faites pour Ie Mar�chal de Vilieroy, pafferent en France ; elles nous font inconnnes, mais
* On foupconne Gafpatd , Nereu de G�rarH van Opftal ,
Sculpteui. un des dou7.e qui ont commenc� r�tablilfcmcnt de 1'Acatitmic royale de Fcinturc de Paris, en 164S. |
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Flatnands, Allemands & Hollandois. l5
ma�s elles font vant�es par tous ceux qui les - ■
loco.
ont vues. «�» Plufieurs Eglifes dans la Flandre furent or- "
n�es de fes Tableaux : il r�uffit aufll tr�s-bien a peindre Ie Portrait. Les Peintres de fleurs lui firent peindre des Nymphes & des G�nies, auxquels ils ajouterent des fleurs & des friiits. Ce Peintre compofoit avec g�nie, il �toit
affez corrett dans fon deffein, & bon colorifte; peut-�tre eft-il un de ceux de fon temps qui peignoit avec plus de facilit� , & qui avoit encore la touche la plus brillante. Nous ignorons 1'ann�e de fa mort: il a fait
de bons Eleves. Voici deux Tableaux que nous connoiflbns de lui: Dans la Salie de 1'Acad�mie royale de Peinture
d'Anvers, un beau Portrait d'un des Direc- teurs : on Ie croit fon morceau de r�ception. Et dans l'Eglife Cath�drale de Saint-Omer, les
quatre Peres de l'Eglife , grand & bon Tableau. |
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N. V R O M A N S.
VROMANS, furnomm� Ie Peintre de
Serpens, naquit en 1660, mais on ignore en quelle Ville de la Hollande. Nous ne con<* noiffons pas fes Ouvrages , qui ne font int�ref-* fans que par une grande v�rit�, un beau fini & une excellente couleur. Les Tableaux de ce Peintre repr�fentent de belles plantes, des ron- ces , des �pines qu'il m�loit de Grenouilles, de Souris, de toutes fortes de Chenilles, d'Araign�es,
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�6 La F^ie des Peintres
d'Araign�es, de Nids d'Oifeaux, &c. Rierl
de fi d�fagr�able que la nature qu'il imitoit ■, car il faut la choifir , & rien de fi agr�able que fes copies qu'on eftimoit beaucoiip de fon temps, & que nous ne connoiffons point. Il paroit que notre Artifte avoit la t�te un peu folie: il s'avifa de conftruire une machine pour Voler, & ne manqua pas de fe caffer la jambe au premier effai : il fit plufieurs autres machi- nes de cette efpece, au-lieu de faire de bons Tableaux. On ne fcait point 1'ann�e de fa mort. |
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BONSTANTIN FRANCK.
COnstantin Franck naquit k An-
vers en 1660, originaire d'nne familie connue & diftingu�e dans la Peinture. On ne dit rien de fes premi�res ann�es , on ne nomme pas fon Maitre ; nous fcavons qu'il fut Direc- teur de 1'Acad�mie de Peinture d'Anvers en 1695, ^on ta'ent �toit de peindre des Batail- les : il dcffinoit bien la figure , & fur-tout les Chevaux; mais il n'avoit pas, comme Vander Meiden & Hugtenburgh , ce flou & ce large-, propre a ce genre d'Ouvrages ; Franck �toit quelquefois froid & fee. Le plus beau Tableau de ce Peintre repr�fente le Si�ge de Namur, par Guillaume III, Roi d'Angleterre : la Ville eft dans le lointain , & fur le devant du Ta- bleau fe trouve ce Prince , donnant fes ordres , entour� de plufieurs Officiers G�n�raux tr�s- resseta-
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Flamands, Allemantls & Hollandois. 17
�effembians > tels quOuvverkerk , ring�nieur Koehoorn , &c. On voyoit encore 1'Arm�e des Alli�s camp�e entre la Ville & Ie Roi qui com- mande. Ce Tableau eft plein de m�rite , & fuffit pour affurer la gloire de fon Auteur; tous ceux qu'il a faits n'ont ni la couleur de la m�me v�- rit� , ni la m�me libert� dans la touche, & encore moins la m�me vigueur. C'eft toujours un Peintre eftimable , dont les Ouvrages ne font ni nombreux, ni communs ; s'�tant marie richement, il n�gligea la Peinture : il en fut puni , car il mourut pauvre. |
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GODEFROY MA�S,
�LEVE DE SON PERE
GODEFROY MA�S.
GOdefroy Ma�s naquit a Anvers en
1660. Son Pere fut fon Maitre & n'eil pas connu, mais il avoit devant les yeux les Ouvra- ges des meilleurs Artifles qu'il pouvoit copier & �tudier dans les Eglifes & dans les Cabinets. Il choifii�bit dans ces modeles, mais Ie Maitre qui lui en a l� plus appris �toit la nature , par- ce qu'elle feule ne donne point de maniere. On Ie vit peindre plufieurs modeles pour �tr�
ex�cut�s en Tapifferies a Bruxelles. On fait fur- tout un grand �loge des quatre parties du Monde: Compofitions abondantes en figures, bien colo- ri�es , bien deffin�es, & avec des expreffions Tome IV. B vraies;
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i $ La Vie des Peintres
i��cT vraies» on a �gal� (es Tableaux aux Ouvra-
■ ges m�mes de Rubens. VAcad�mie d'Anvers 1'admit au nombre de fes Membres , fur fon morceau de R�ception , que 1'on voit encore dans la grande Salie, il repr�fente les Arts li- b�raux ; & en 1682, cette Compagnie Ie choifit pour Dire&eur. Ce Peintre fut furcharg� de grands Ouvrages
pour les Egtifes , pour les Palais & pour 1'E- tranger ; il avoit une grande vogue , mais bien m�rit�e. Il fit alors Ie Tableau d'Autel pour Ie Corps de M�tier des Selliers & des Bourreliers , place dans TEglife de Notre-Dame d'Anvers. Il y a tr�s-bien repr�fente Ie Martyre de Sainte Lu- cie. Il eut encore 1'occafion de fe diftinguer 1'an-
n�e fuivante. Il fit pour Ie Grand-Autel de 1'E- glife paroifllale de Saint Georges, Ie Tableau repr�fentant Ie Martyre de ce Saint; belle com- pofition qui foutiendra fon nom. Il a fait beau- coup d'autres grands Ouvrages avec la ra�me facilit� & Ie m�me m�rite : nous ne fcavons, point Ie temps de fa mort. Ma�s eft un grand Peintre d'Hiftoire, & un
de ceux qui ont Ie plus compof� & Ie plus fait dedeffeins. Mr. van Schorel, Bourgmeftre d'An- vers , en poflede un tr�s-grand nombre , bien compof�s , deffin�s & touches avec efprit & correttion ; j'en ai fous les yeux du m�me maitre, qui me font juger qu'il avoit �tudi� les Ouvrages de Pierre de Cortone , & ceux du PouJJin. Ses t�tes font bien co�ff�es, Ie coftume y eft bien obferv� , fes fonds font enrichis d'Archite&ure ou de Payfages , avec des d�bris de
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Flamands, Allemands & Hollandois. tg
Aq 1'Antiquit�. On ne voitaucune maniere dans ](^~* fon deflein : fes draperies font bien pli�es & * toujours fimples. Sa couleur eft excellente, Fair eft fenti dans tous fes Ouvrages; il avoit une touche ferme & tr�sfacile, c'eft un des bons Artiftes de TEcole d'Anvers. Il avoit compof� les Fables d'Ovide, que fa Veuve a vendu 800 Florins apr�s fa mort. Il deflinoit au crayon noir, a la mine de plomb , ou a 1'encre de la Chine. |
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FER DINA ND
VAN RESSEL,
�LEVE DE SON PERE
J E A N VAN K E S S E L.
■CERDINA.ND VAN KESSEL naquit a Anvers
* en 1660. Eleve d'un Pere habile , dont il a �t� parl� tom. 2, pag. 381; il employa fon temps comme ceux qui apprennent par gout & non par contrainte. Ses Tableaux, port�s par-tont, Ie fi- rentconnoitre de Jean Sobieski, Roi dePologne, qui aima tant fes Ouvrages, qu'il fit conftruire un cabinet expres pour y placer ceux qui �toient faits par lui. Ce Prince donna ordre a Molo fon R�fident a Breda, d'engager van KeJJelk ne travailler que pour lui. Van KeJJelrequt 1'ordre, il ob�it & fe rendit a Breda. Van Kejjel peignit d'abord fur cuivre les qua-
Bl tra
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i# "La Vi� dei Peintrei
CV,;.�, El�mens: 1'Air eft repr�ient� par un Enfant potte
«■■■■■■■ fur un Aigle, entour� d'un nombre infini d'Oi-
feaux de toutes les efpeces : la Terre eft repr�-
fent�e par un Enfant appuy� fur un Lyon:
toutes les principales plantes & les fleurs font
aupr�s de lui, ainfi que les fruits : Ie Feu eft
d�iign� par un Enfant qui admire des armes de
toutes les formes, des cuirafles richement dor�es
& cifel�es , des timbales , des drapeaux, des
�tendards, &c, un Singe y fume fa pipe &
tient un verre de liqueur ; 1'Eau eft un Enfant
appuy� fur une Conqtie marine, pres de la
mer; toutes fortes de coquilles, de branches
de Corail & de p�triflcations , &c., y font
tr�s-bien imit�es, ainfi que des Poiflbns en tr�s-
grand nombre & de toutes les fortes. Il com-
pofa une feconde fois les m�mes fujets , mais
avec plus d'�tendue, & un travail plus confi-
d�rable.
Il fit enfuite les quatre parties du Monde avec
beaucoup defigures, felon Ie coftume , les plan- tes, les animaux, & exa&ement tout ce qui peut int�reffer & indiquer les difF�rences de chaque partie. Van KeJJel, aid� de la nature > n'auroit pu y fuffire, s'il n'avoit encore eu devant les yeux les �tudes & les recherches de fon pere. On affure que l'on n'a jamais vu plus d'objets repr�ient�s a la fois: ces Tableaux & quelques autres, tous places dans un feul cabinet, furent conium�s par les flammes , au grand re- gret du Roi, qui envoya des ordres pour en- gager TArtifte a r�parer Ie dommage, en fai- fant de nouveau la r�p�tition des Tableaux br�l�s; van ReJJ'elavoit toutes les compofitions &
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Flamands, Allemands & Hollandois. a i
& les �tudes : il finit cette tache, qui fut tres- -�� bien recue & pay�e richement, avec des pr�- '66 O- fens : Ie Roi de Pologne envoya une Patente pour annoblir ce Peintre & fes defcendans , avec une Lettre �crite de fa main , pour engager van KeJJel a paffer a fa Cour en qualit� de fon premier Peintre. Notre Artilte eut Ie courage de pr�- f�rer fa libert� a tant d'honneurs; il s'excufa fur fes infirmit�s & fur fa foibleffe : ce refus ne f�cha point Ie Roi, qui mourut quelque temps apr�s, en 1696. Van KeJJel tomba dans une faute qui ne Ie
perdit cependant point dans 1'efprit de Guil- laume III, Roi d'Angleterre : ce Prince lui ayant fait peindre un plafond au Chateau de Breda, fon Intendant, qui �toit fort attach� a lat Maifon d'Autriche, en donna 1'id�e a notre Pein- tre, qui s'y pr�ta fans en foupconner la malice, Le plafond fini, Ie Roi vit avec furprife un Aigle dans toute fa gloire , entour� d'Oifeaux qui lui rendent leur hommage comme � leur fouverain : danslaCorniche,au pourtour, d'au- tres animaux faifoient voir, fous autant d'em- bl�mes fatyriques, que tous les Princes de 1'Eu- rope �toient foumis a l'Empereur repr�fent� par 1'Aigle ; le Roi d'Angleterre , apr�s avoir tout confid�r� , fe tourna vers 1'Intendant, & lui de* manda/z'/' avoitaujj�donn� quelquesconfeilsdans cette compojidon. De Wy\e en fut quitte pour nier; il dit au Roi que c'�toit la premiere fois qu'il avoit vu 1'ouvrage : ce menfonge lui con- ferva fon emploi \ TArtifte eut feulement ordre de changer fon ouvrage. Van, KeJJel, toujours infatigable, travailla
B y tres-
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32 La Vie des Peintres, &c.
�
1660. toute 1'Europe, fort eftim�s & pay�scher. Mais g-.." cruellement afflig� de la goutte, il mourut com- me unMartyr On nefcait en quelle ann�e. Ce Peintre, avoc moins de m�rite que fon
pere, en a approch� de plus pres qu'aucun au- tre. Il peignoit bien Ie payfage, toutes les plantes, les fleurs, les fruits & les animaux de toutes les efpeces, qu'il deffinoit, qu'il colorioit & qu'il finif�bit bien : & ce qu'il y a de fin- gulier> c'eft que Ton ne congoit pas comment il a pu faire autant de Tableaux auffi finis. Com- me il ne r�ufliffoit pas bien a la figure, Ejkens , Ma�s, van Op/la' & Bifet lui ont rendu fou- vent ce fervice. Voici quelques Tableaux de lui bien eftim�s. On voitchezrEle�eurPalatin, a Duffeldorp,
les quatre parties du Monde en quatre Tableaux: on y admire les animaux,les plantes, les arbres, les fleurs , &c. de chaque partie, les for�ts, les rivieres & les cit�s, avec une mul- titude d'objets fingu�erement bien finis. Un autre efl un Tableau de fleurs avec trois flgures. |
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JEAN
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J E A N
BRANDENBERG,
�LEVE DE SON PER E
THOMAS BRANDENBERG.
HOMAS BRANDENBERG---------.
avolt appris la Peinture dans !e 1660.
remps m�me qu'il excelloit d�ja ■■■ dans une autre profefllon que Fon ne nomme pas. Il mourut en 1688 ; il Jaifla un fik Jean tiran- denbers, qui fut auffi fon Eleve : celui-ci na- quit a Zug en 1660. A la mort de fon pere, il avoit d�ja un nom c�lebre, qu'il augmenta B 4
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Peintres
> par fes veilles & fes propres difpofitions. Il fu*
a Infpruck chez Ie Tr�forier du Roi de Pologne, appell� George Bembo: il y demeura deux ans, en y tra vaillant & en fe fortifiant d'apr�s la nature. Le Comte Ferari Ie mena avec lui a Mantoue,
o� les Ouvrages de Jules Romain attacherent fingulierement Brandcnberg. Il copia prefque tous ces Maitres, dont les Ouvrages avoient tant d attraits pour lui, qu'il ne put a peine voir un Tableau fans le copier en .peinture ou en def- fein; c'elt ainfi qu'il forma cette grande & bon- ne maniere, qui devint bient�t la fienne. Il parcourut toutes les Villes dltalie, tou-
jours avec le projet de mettre a proflt fon temps, & de voir la facon diff�rente de chaque Mai- tre a repr�fenter la nature. Encourag� par des fucc�s, il fe crut en �tat de retourner chez lui, de s'y montrer honorablement : il y fut bien accueilli, il s*y maria; mais il �prouva bien- t�t que fa Ville natale ne ponvoit fournir a 1'entretien de fa familie, qu'on n'y �toit pas aflez riche pour payer le prix & la valeur de fes Ouvrages. Il ent un autre d�go�t j ce fut d'�tre oblig� de peindre dans tous les genres j les Eglifes et les Couvens occuperent fon pin- ceau : il peignit auffi des Paftorales au plat-fond de la Salie du Concert a Zurich. Ce Peintre tr�s-laborieux, & g�n�ralement eftim� & ch�ri, mourut le 26 Septembre 1729. L'eftime publique confacra cette Epitaph© a-fa
gloire. In tumulo lateat PiHoris dcxtra Joannis,
Quce pinxit nullo funere te&a manent :
Infpice templa t�h� > tabulata vel ipfa loqucntur. PRr JcoDum nuntinus ejjh fi�punu
Bran-
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Flamands, Allemands & Hollandois. »5
Brandenberg avoit un beau g�nie pour 1'Hif- toire : tous fes Ouvrages fe fentent des Maitres qu'il a �tudi�s ; il prit une maniere de colorier plus vigouretr'e : fon deffein eft de bon gout & affez correft. Nous ne connoiffons point les Tableaux de ce Peintre, c'eft d'apr�s un tr�s- bon Juge, M. Fuefii, que nous faifons eet �loge. Brandenberg a peint des Batailles qui font tr�s-> vant�es. |
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N. BOUDEWYNS,
FRANC01S BAUT ET DU PONT.
ON croit Boudevvyns n� a Bruxelles. Il eft
du moins certain qu'il y a v�cu quarante ans, & qu'il y eft mort; fans que 1'on fcache qui �toit fon Maitre , nous connoifibns affez fes bons Payfages pour louer fa couleur, un beau fini, & une grande vari�t� dans tont ce qu'il a fait. Il deflinoit bien les arbres , il ornoit fes fonds, fur Ie devant, d'une multitude de peti- tesplantes, &c, qui augmentent 1'agr�ment de fes Tableaux. On nous apprend que ce Peintre, bien recherche pour fes Ouvrages, fut toujours pauvre : on lui a connu deux fils Peintres, qui ne m�ritent pas d'�tre compar�s a leur pere. Franco�s Baut, ami de Boudevvyns, peignoit
la figure en petit, comme Breugle & Teniers : il ornoit les Tableaux de fon ami Boudevvyns defigures & d'animaux deffin�s avec diftinflion: ils �tpient n�s 1'un pour 1'autre. Baut avoit Ie g�nie
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a(5 La Vie des Peintrcs
, , g�nie fertiie , & compofoit des F�tes de Villa-
' ge, des Aflembl�es, comme Ie Breugle de Velour. Ses petitcs figures font deffin�es avec la plus grande corrcftion, colori�es agr�ablement, touch�es avec efprit & une grande fineffe. On ne voit gueres de Tableaux de Baut que Bou- devvyns n'ait embellis de fon pinceau. Du Pont, furnomm� Point. �, vivoit dans Ie
m�me temps, & dans la m�me Ville; il pei- gnoit TArchke�ture avec bien du m�rite : les figurinesde Bautle fontencore plus rechercher; 1'annce de la mort de ces trois Artiftes eft igno- r�e : Voici quelques Tableaux qui nous font connus de ces Maitres. On voit a Rouen, chez M. Ribard, N�gociant
& Ancien Juge-Conful, deux jolis Tableaux de Boudevvyns & de Baur; 1'un eft un Payfage avec des Fabriques : pres d'un Chateau �loign�, on. trouve une foule de monde, la pl�part des Chafleurs a cheval, une jo�e Femme au milieu tenant un Oifeau fur Ie poing, &c. L'autre eft auffiun Payfage, une Riviere yf�pare Ie premier plan ; un grand nombre de Bateaux charg�s de peuples, & beaucoup de figures vers les bords. Sur Ie devant eft une Boh�mienne qui amufe ceux qui font pres d'elle : beaucoup d'autres perfonnages s'approchent de la foule pour 1'en- tendre. M. Horutner, N�gociant dans la m�me Ville ,
poffede deux jolis Payfages , avec des Figures & des Animaux , des Rivieres, des Bateaux & des Fabriques ou Mazures. Dans Ie Cabine.t du Prince Charles, a Bru-
xelles, font feize Tableaux par Boudevvyns. Ce font
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Flamands , Allemands & Hollandois* 17
font des i^ayUges^Ls Marais, &c, lapiupartavec des figiires AeJBdut, qui repr�ientent desChaffes, des Feres galames . dt:s AiTembl�es, &c. Et chcz M. BJfchoi , a Rotterdam, un Hyver:
on y adinire une multitude de figures d'honrunes & de femmes qui patinent, & qui fe divertiffent fur la glac�. |
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N. TYSSENS.
NOus foupgonnons que N. TyJJens eft fils
de Pierre �yjjens , dont nous avons parl� tom. 2, p. 363. Il naquit a Anvers , 1'an 1660. Son Maitre nous eft inconnu, mais, encore jeu- ne, il voyagea en Itali�; un Marchand de Ta- bleaux Temploya long temps a Rome j il pafla enfuite a Naples 6c a Venife : fes Tableaux ne furent pas affez recherches par les Amateurs, les Artiftes feuls les enleverent, a caufe de la parfaite imitation & de la bonne couleur. De retour en Flandre , tout ce qu'il put faire pour engager a prendre fes Tableaux ne r�uflit pas beaucoup mieux qu'en Itali�. 11 partit pour DiifTddorp , oii les Arts & les
Artiftes �toient fingulierement recherches, & dans Ie temps que l'Ele&eur Palatin travailloit a former un des plus beaux Cabinets de 1'Europe. Le premier Peintre, Fiancois Douven,engagea l'Ele&eur de choifir JjJJ'ens pour acheter les plus beaux Tableaux du Brabant & de la Hollande. L'Ele�eur Ie d�coia du titred'Agent de fa Cour. Tyffens parcourut rapidement le Pays : il raf-
fembla
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a8 La Vie des Peintrcs
fembla une fi grande quantit� de Tableaiix,qH'o«
eut un Cabinet complet plut�t que 1'on auroit of� 1'efp�rer. Sa commiffion itii donna un luftre a Anvers, qui auroit du faire fa fortune ; mais il �poufa une Veuve qui n'avoir pas autant de bien qu'on lui en avoit promis. Il remercia 1'E- le�teur & pafla a Breda , c� il croyoit trouver un plus grand d�bit de fes Tableaiix : il ne r�uf- �t pas mieux. Ce fut alcrs qu'il Ie mit a peindre des animaux & des fleurs qni eurcnt Ie fucc�s qu'il s'�toit propof� ; ii paffa a Rotterdam & enfin a Londres, o� .ious Ie croyons mort, du moins on ne nous apprcnd plus ricn de lui de- puis ce temps-la. Son premier talent, qui Ie fait regarder com-
me un bon Artifte , coniifloit a repr�ienter des Cuiraffes, des Boucliers, des Fufils, des Sabres, Piques, Tambours, &c, toutes fortes de Tro- ph�es qu'il compol'oit & colorioit bien. Ces fu- jets triftes ne purent plaire a tout Ie monde: il peignoit m�diocrement des fleurs , mais (es Oifeaux avoient autant de m�rite que ceux de Boel & de Hondekoeter. C'eft dans ce dernier genre qu'il a continue de travailler, & les Ou- vrages que nous avons vu de lui , fans m�riter d'�tre compar�s a fes Troph�es, feront toujour* recherches. |
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p"�amdnds , Allemands & llolldndois.
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N. PAULY.
PAulY naquit a Anvers 1'an 1660. On ne
dit rien de fa premiere jeuneffe , de fon �ducation ni de fes Maitres : il peignoit fup�- rieurement en mignature ; il avoit d'abord co- pi� les Ouvrages de Jofeph IVerner ; c'eft, fans doute, d'apr�s lui qu'il s'eft form� cette belle maniere qui fe remarque dans tour. ce qui refle de lui. Pauly demeuroit a Bruxelles , o� il vivoit noblement & parmi les principaux de la Cour qui occuperent fon talent. Il paroit qu'il a beau- coup gagn�, beaucoup d�penf� ; on ne dit pas qu'il ait laiff� une fortune confid�rable apr�s fa mort, dont 1'ann�e nous eft inconnue , & nous avons vu tr�s-peu de fes Ouvrages. |
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VIGOR ET GUILLAUME
VAN HEEDE.
CEs deux Freres, que nous croyons n�s a
Furnes vers Tan 1660, ont laifle tr�s-peu de leurs bons Ouvrages dans leur Patrie ; on nous affure qu'ils Ont voyag� en France , en Allemagne & en Itali�, o� Guiilaume refta long- temps, m�me apr�s Ie retour de Vigor a Fur- nes. L'application de Guiilaumeaugmenta Ie prix de fes Ouvrages, lui affura les �loges des grands Artiftes,
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5o ia Vie des Peintres , &C.
Artiftes, qui 1'�galerent aux plus habiles de fort
�.* temps: �loge peu fufpeft, quand on peut Ie juf- tifier par Ie nombre de Tableaux qu'il fit alors pour les plus diftingu�s de Rome , de Naples, & de Venife ; fes Ouvrages, port�s par-tout, lui m�riterent la gtoire d'�tre appell� a Vienne pour orner Ie Palais de 1'Empereur , ceux des autres Princes de 1'Empire & des diff�rentes Cours o� il a paffe, fans qu'il fe foit voulu arr�ter nulle part. Voila ce que nous avons ap- pris de certain : quel dommage que nous ne puiffions citer tous fes Tableaux ! Un feul peu connu, mais que nous avons admir� plus d'une fois , repr�fente Ie Martyre de Saint...... qu'on
peut regarder comme 1'�pitaphe des deux Fre-
res, on y lit cette infcription: Vigorvan Heede 3 Fits de Jean, mort Ie 8 Avril 1708,6" Gu�llaume van Heede fon frere, mort Ie 10 D�cembre 1728. C'eft 1'Ouvragede Gu�llaume van Heede; il eft place au-deffus de 1'entr�e du Choeur, en face de la Sacriftie, dansl'Eglife de Sainte Walburge, a Furnes. Ce Tableau eft compof� & deffin� dans la
maniere de LaireJJe : on y voit briller Ie g�nie* & 1'efprit; la couleur eft vraie & dor�e , & lin* telligence du clair obfeur y eft tr�s-exa&ement obferv�e. Les Ouvrages de Vigor nous font in- connus; & quoique ces deuxFreresayentdemeu- r� affez long-temps dans Furnes, malgr� nos recherches nous n'avons pu d�couvrir dans cette Ville, ni dans les environs, aucun de leurs Ou- vrages , ce qui donne a penfer qu'ils �toient occup�s pour les Etrangers , qui connoiffoient mieux Ie prix deleurs talens queleurs Compatrio- tes mime. GR�GOIRE |
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GR�GOIRE
BRANDMULLER,
�LEVEIDE CHARLES LE BRUN.
R�GOIRE BRANDMULLER
eft confid�r� en Allemagne comme
un Peintre du premier rang. Il na- quit a Bafle, Ie 25 Ao�t 1661, de Gr�goire BrandmuLler, &dM/z- ne Polibe Stahelin ; fon peref �toit Orfevre & homme de g�nie, qui fut �lev� a la dignit� de Membre du Confeil. Une col- leftion des bons Defleins & des Eftampes que Ie jeune Brandmuller vit chez fon pere, d�ve- loppa fon inclinatioti ', il les copia la pl�part, &
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1661.
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S� tti. Vie des Peintres
& devint bon Deffinateur fans Maitre. Cet atta-
chement pour la Peinture engagea fon pere a
"{---- Ie placer chez Gafpard Meyer, Peintre m�dio-
cre a Bafle ; c'en �toit affez pour notre jeu-
ne Eleve , la nature 1'avoit pourvu du gout qui fuffit pour choifir les routes que les bons Artiftes ont tenues. A Tage de dix-fept ans �, il quitta fa Patrie pour aller a Paris, o� il fut affez heureux pour entrer dans 1'Eeole de Ie Brun. Les travaux immenfes, dont ce beau g�nie �toit charg� , pr�fentoient a fon Eleve un champ vafte pour apprendre & fe perfe�tion* ner; fes progr�s plurent au Maitre, qui char* gea BrandmuUer de plufieurs Ouvrages fous fa conduite. Appell� a Prague , il y refta peu ; on croit
qu'il fut redemand� par It Brun ; ce qu'il y a de certain , c'eft qu'il revint a Paris , il tra- vailla avec fon Maitre au Chateau de Verfailles: 1'eftime de Ie Brun pour cet Artifte lui attira des jaloux, qui ne purent cependant Ie perdre, parce qu'il n'�toit occup� que de fon Art : fa conduite irr�prochable Ie fauva des pi�ges de l'envie. Il y auroit cependant fuccomb�, malgr� fa douceur, s'il n'eiit pr�f�r� de retourner dans fa Patrie, apr�s avoir remport� les premiers Prix a 1'Acad�mie royale de Paris. Alors fenfible a tout ce que fes Compatriotes
faifoient pour Ie fixer, il y r�pondit en �pou- fant, Ie 19 Avril 1686, Anne-Catherine Hum-' mei. Les Cours de Wirtemberg, de Bade-Dour- lac,&c. s'enrichirent de fes produ�ions : 1'Hif- toire, Ie Portrait font les Tableaux qui lui ont affur� une grande r�putation dans fa Fatrie; fon
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Flamands, Allemands & Hollandois. 33
fon g�nie s'�toit fortifi� d'apr�s celui de fcn " Maitre, mais son feu dans l'ex�curion, & fon 1661.
affiduit� au trnvail contribuerent ad�truirefon ■■■"■' foible temperament; la mort Tenleva a 1'age de vingt-neut' ans neuf mois , Ie 7 Juin 1691. Il laifla deux fils , Gr�goire & Fr�d�ric. Per- fonne n'a peut-�tre �t� autant regrett� que eet Artifte: fa douceur lui fit des amis de tous ceux dont il �toit connu. Ce Peintreavoitun gout particulier pour 1'Hif*
toire. Ses fujets font noblement traites & pleins de feu : fon deffein eft corre�, il avoit de 1'ef- prit, & cela fe voit dans fes expreffions tou- jours juftes; il y ajoutoit une tr�s-bonne cou- leur & une fonte, fans tourmenter fes tein- tes, qui en affure la dur�e ; fes Portraits bien reffemblans , toujours histories, deviennent int�reffans. Voici quelques Ouvrages de lui les plus connus. Une Defcente de Croix, les figures grandes
comme nature, dans 1'Eglise des Capucins, a Dornach. Une belle copie d'apr�s Ie Brun; c'eft la d�fai-
te de Darius. Le Speclacle d'une courfeRomainej Tableau
abondant, chez M. Schvveighaufer, Confeiller- Priv� ; & chez fon H�ritier , Ie Bapt�me de Jesus-Chrift. A Bafle, chez M. Blarer de Wartenf�e, Con-
feiller & Chef de la Maison commune de la Ville; c'eft le Portrait de ce Magiftrat. Plufieurs Tableaux de ce Peintre augmentent
les richefles du Palais du Prince de Bade-Dour- lach,a Bafle. Torne, IV. C JEAN
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34 �a �rie des Pe in tres
JEAN DE BOCKHORST,
�LEVE DE KNELLER.
O Oc K H O rst, n� a Deutekom en 1661.
i66t. *-* On nous apprend qu'il a paffe fort jeune a "----- Londres, o� il fuivit les lecons de Kneller pen- dant sept ann�es de (iiite. Ses Ouvrages eurent plus de fucc�s que n'ont ordinairement ceux d'un Eleve encore dansl'Ecolede fon maitre. Milord, Pembrok demanda lui-m�me Bockhorft kKneller, ik employa Ie g�nie de eet Artifte a peindre Ie Portrait, des Tableaux d'Hiftoire & des Ba- tailles; fes talens dans ces deux derniers genres, qu'il n'avoit pas eu occafion d'exercer, furpri- rent Kneller m�me, qui 1'engagea de continuer. Apr�s avoir beaucoup peint pour M. Pembrok , il pafla en Allemagne; la Cour de Brandebourg 1'attira, c'�toit pour lors Ie f�jour de beaucoup de bons Artistes; il en augmenta Ie nombre,mais fes Portraits 1'en firent fortir pour aller dans les dii�erens endroits o� il fut appell�. Il arriva enfin dans Ie pays de Cleves; Ie nom-
bre de Portraits qu'il y a faits, & d'autres Ou- vrages en Peinture, eft prodigieux. Son talent, affur� par les louanges des Artiftes, lui donne une place ici : fes Ouvrages nous font inconnus; nous fommes certains que ce Peintre efl tnort en 17x4. NICOLAS
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Flamands > Allemands & Hollandois* 3$
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N1COLAS RAVESTEYN,
�LEVE DE JE AS DE BAEN.
LE nom de Ravefleyn eft tr�s-connu dans les 'T
fastes de la Peinture. Plusieurs de cette fa- 1661. mille ont �t� de grands Artistes. Nicolas Ravef- teyn , n� a Bommel en 1661 , �toit fils d'Henry Itave/Ieyn, bon Peintre, mais qui mourut jeune, lorsque fon fils �toit au College. L'ann�e de 1671 r�pandit la terreur en Ho�ande, & fit quitter a pluileurs personnes leur demeure. Sa raere �toit dans ce cas, & ce fut dans ce tenips que fon fils, n'ayant point la commodit� de fuivre fes �tudes, demanda a quitter pour ap- prendre la Peinture. Il avoit eu de son pere quelques le^ons du Deffein; il se rappelloit que la Peinture avoit honor� fa familie & enrichi la pl�part de fes parens, dont il avoit h�rit�; ce motif engagea fa mere a Ie placer a la Haye chez Guillaume Doudyns, enfuite chez Jean de Ba�n. �l fuivit tous les Artiftes dans leurs �tudes : eet amour pour fon Art Ie fit entrer par* tout : ce furent ces Maitres m�me qui 1'engage- rent a quitter 1'Ecole, & de continuer de pein- dre d'apr�s la nature. Il alla s'�tablir a Bommel. On n'eut pas plut�t
vu un de fes Portraits, que tons les premiers du Pays fe flrent peindre; fon nom les fit venir de toute part; bient�t il ne put fuffire au nom- bre de perfonnes qui fe pr�fenterent. En 1694» C 2 il
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36 La T'ie des Pcintres
il fut demand� a la Cour de A'uillenberg ponr
t_!' y peindre la Princeffe de IValdek apr�s fa mort, elle dont aucun Peintre n'avoit pu faire un Por- trait reffemblant; Ravefleyn r�uffit contre toute attente, il avoit lui-m�me dout� du fucc�s. Le Prince fe fit auffi peindre j il reent des pr�fens de toute la Cour en retournant chez lui, Quatre ans apr�s, il fit le Portrait du jeune
Prince de Waldek, du Comte de Erpach & de fa familie; en 1702, le Prince Gu�llaume de Heffe; en 1707, le Prince de Saxe Hildeburghau- fen, en pied de grandeur de nature; enfuite le Baron de Gand, & Ia Princeffe de Portugal fa femme, & fes enfans; Ie General Macquay, fa familie, & le Comte de K�e\ tous ces Portraits furent envoy�s en Angleterre, ainfi que ceux du G�- n�ral Ramfay, fa femme & fes enfans; le Baron Pik, fa familie, & une infinit� d'autres Sei- gneurs & Dames de toutes les Cours. Nous avons parl� de fes Portraits, il peignoit
bien 1'Hiftoire, il avoit du g�nie & de 1'efprit; on cite, comme les plus beaux de fa main, les quatre parties du Monde. Ag� de quatre-vingt ans, il fit les Portraits de fon Gendre Bruiflens , de fa femme & de fes enfans; ce Tableau n'a aucune trac� de fa vieilleffe. Il eft mort le 9 Jan- vier 1750, a 1'age de quatre-vingt-neuf ans; il a laiff� apr�s lui une grande fortune, une r�- putation de bon Peintre, & celle d'un hom- me d'efprit, noble avec les grands» & affable avec fes �gaux. Il avoit un bon gout deDeflein, un pinceau
facile, & de la couleur; fes Portraits font la pJiipart hiftori�s, & g�n�ralement bien pof�s; on
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Flamands, Allemands & �lollandois.
aflure qu il faifoit tr�s-bien reffem
a faifoit rien fans confulter la na, les plus petits objets ne lui ont point �chappcs. |
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N. LEYSSENS,
T EYSSENS naquit a Anvers 1'an 1661. Il
�*-Jalla fort jeune a Rome, o� fes Tableaux eurent affez de fucc�s. 11 s'appliqua exa�ement a tout ce qui pouvoit augmenter fes talens: la Bande Acad�mique 1'admit & Ie nomma Ie Caf- fenoix, parce qu'il avoit Ie nez fort grand. Ce Peintre n'aurait jamais quitte Fltalie , fans une raifon tr�s-louable. Son peie �toit pauvre & tr�s-vieux, il retourna pont Ie faire vivre & en avoir foin; la Providence Ie r�compenfa vifiblement, il eut plus d'ouvrageque tous les Artiftes enfemble, qui fe produifoient dans Ie monde, & qui ne manquoient point les occa- fions de fe procurer du travail: au contraire, Leyffens ne quittoit fon pere que pour aller a 1'Egiife, on ne Ie voyoit point ailleurs, on ne Ie connoiffoit que chez lui, o� 1'on prenoit plaifir a Ie voir travailler, & o� Ton admiroit fa ten- dreffe & fon refpecl: pour fon pere; quoiqu'il peignit bien l'Hiftoire , il fut beaucoup employ� par les Peintres de fleurs Hardim� , Bo(f- chaert, Verbruggen, &c. a enrichir leur Ta-- bleaux de Nymphes, d'Enfans, de Buftes , &c. qu'il colorioit & qu'il deffinoit bien. Leyf- fens eft mort en 1710, laiffant apr�s lui la r�pu- tationd'un affez bon Peintre, & d'un homme ver-» C 3 TH�ODORE
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TH�ODORE
NETSCHER,
�leve de son Pere
GASPARD NETSCHER.
H�ODORE NETSCHER eft
reclame par les Hollandois, quoi- qu'il naquit a Bordeaux en i��r. On f^ait que GafpardNetscher> d�- termin� ?. faire Ie voyaged'Italie, paffa par Bordeaux, o� il �poufa la ni�ce d'un N�gociant. Engag� a flnir quelques Tableaux, fa femme y accoucha de Tk�odore. lis qi�tterent la France, & fe f�xerent en Hol- hndc.
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La KIe des Peintres, &c. 39
lande. Th�odore, 1'ain� de neuf enfans, & Ie ~~^~,
premier Eleve de fon pere, avanca a grands pas dans la carri�re de TArt, puifqu'a 1'age de dix-huit ans il quitta la Hollande & vinta Paris avec Ie Comte Davaux, Envoy� de France. I! ne pou- voit �tre mieux vant� que par ce Seigneur, qui lui procura quelques Portraits, dont Ie nombre augmenta , a mefure que fes talens & fes manie- res furent connus de plus en p'us. Il avoit Ie talent de faire reflembler agr�ablement : auffi peignoit-il les plus grands de la Cour , & fur-tor.t les femmes; il avoit une figure aimable, de 1'ef- prit, & ce qu'il falloit pour plaire dans Ie grand monde qu'ilaimoit lui-m�me : il gagnabeaucoup, & mena un train convenable pour frequenter les Grands avec lefquels il neperdit pas un temps toujours pr�cieux aux Artiftes. JNetfcher paffa ainfi vingt ann�es de fuite a
Paris. La mort de fon pere ne Tavoit m�me pu arracher d'une Ville o� il �toit eftim� & aim�. Le plaifir 1'arr�ta encore. Apr�s la paix de Ryf- ^yck, M. Oudych, Ambaffadeur des Etats d'Hol- lande a la Cour de France, fit connoiffance avec Netfcher, il fe lia fi intimement avec ce Peintre, qu'�tant pret de retourner en Hollande, il mit tout en o?uvre ponr Temmener avec lui: il ne r�ufiit qu'en lui prornettant d'obtenir des Etats d'Hollande une commiffion honorable & lucrati- ve pour le d�dommager du facrifice qu'il faifoit en fa faveur. C'eft a cette condition que Netfcher quittoit
Paris & le f�jour des Arts & des Plai�rs: f�- jour d'antant plus agr�able que fon nom y �toit fait, qu'il y gagnoit beaucoup , & que c'�toit C 4 rifquet
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4o La Vie des Peintres
rifquer tout que d'aller eflayer la fortune dans
looi. un pays qu'il connoiffoit peu, & oii il ne trou- ~~ veroit peut-�tre aucune reflburce. Arriv� a la Haye, il fut recu avec diftincHon : les prin- cipaux du Pays Ie connoiflbient d�ja, c'�tok a qui pourroit fe procurer Ie plailir de traiter Ie Peintre fplendidement. Il fut admis a la Cour du Stathouder: ce premier abord avoit 1'aird'u- ne fortune d�cid�e, lorsque la mort du Roi Guil- laume borna (es efp�rances; Ie cr�dit de M. Oudyck cefla entierement. Netfcher, qui avoit frequente la Cour, connoiffoit tr�s-bien la route qu'il falloit tenir pour y parvenir : il fgavoit auf�i que, quiconque n'a qu'un feul Protefteur, rif- que trop; auffi avoit-il trouv� des amis tr�s- pujffans. Il obtint la Recette pour les Etats G�n�rauxdela ville d'Hulft^ en Flandrc; c'�toit, a propreraent parier, un b�n�fice fimple; il n'aimoit point fa r�fidence, il y mitunGornmis , pafla 1'hyver a la Haye, & 1'�t� a la Campagne : jl ne peignoit m�me que des perfonnes de la premiere diftin&ion. Cette eipece de folie aug- menta totijours. On racontc que Fr�d�ric 1", Roi de Pruffe, demanda a Netfcher ion Portrait: ce Prince lui promit de lui donner Ie temps qu'il refteroit a la Haye ; ce Portrait plut fort au Roi, a 1'�bauche, & lui reflembloit bien: on ne fcait pour quelle raifon il n'a jamais voulu Ie finir; Ie Roi fit un voyage a la Haye , il s'abfenta la veille:ce proc�d� fingulier donna a foupconner que 1'habitude de vivre dans Ie grand monde lui faifoit prefque regarder Ie talent qui 1'avoit fait confid�rer, cptmme au-def�biis de lui. Il avoit peint, peu de temps avant cettc fin-
gularit�,
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Flamahds , Allemands & Hollandois. 4l
gularit�, Ie Roi Guillaume. Ce Tableau e tl place dans la Sak du Confeil des Etats-G�ii�raux : un ^ autre repr�fente la familie entiere Duivenvoor- '^=5�r den: dans un m�me Tableau, YAmiudi-VaJJenaer, & Ie Confeiller Penfionnaire Slingelandt, & Ie Baron Suajfo. En 171 5 , les Etats G�n�raux envoyerent en
Angleterre fix mille hommes au fecours du Roi Geoi ges : Netfcher en fut nomm� Tr�forier. En arrivant, il fit fa cour afliduement par-tout, il y fut recu & traite fplendidement: les premiers de Londres vivoient avec lui; il acquit la connoil- fance du Chevalier Dekker, un des plus riches N�gocians de fon temps, &n�a Amfterdarn. Ce Compatriote avoit un tr�s-grand cr�dit a la Cour, il aimoit Netfcher, il lepr�fenta au Roi & a la Familie Royale. Le Prince de Galles vivoit fa- mili�rement avec notre Artifte ; il paffa fix ann�es a Londres: Cette Ville fut, en 1720, un P�ron pour lui: toute la Cour fe fit une f�te de lui prodiguer des Billets de Banque. Son ami /Jekker lui en fit r�alifer pour cinquante mille florins d'Hollande 5 c'eft tout ce qu'il a profit� du temps qu'il a perdu a frequenter les Cours, encore ne dut-il cette fortune qu'au hazard. 11 retourna en Hollande en 1722, il y raena
un train honorable, il avoit caroffe; jufqu'alors ISetfcher n'avoit �prouv� aucun revers, lorf- qu'on lui demanda compte, comme Receveur de la Ville d'Hulft, d'une Comme qu'il avoit pr�t�e a quelqu'un, & dont on ne voulut point le tenir quitte a moins qu'il ne nommat la per- fonne �, il le refufa, a la follicitation de la familie du Debiteur, il aima mieux perdre fon Emploi. Il
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4» La Fie des Peintres
II pritla r�folution de quitter les Grands,& il fe
looi. retira a Huift qu'il avoit autrefois tant m�prif�, TSS�f II placa vingt mille florins en rente viagere a dix pour cent : tourrnent� de la goutte & des infirmit�s de la vieiileffe, il devint fi retir� qii�l ne voulut prefque voir perfonne. Le Chevalier Dekker fit le voyage d'Hollande en 1727, il 1'engagea a le fuivre a Londres avec toutes les inftances poffibles, il refufa abfolument & v�- cut a. Huift, o� il eft mort en 1732, ag� de foixante-onze ans. Il laiffa encore qiielques biens a fes Neveux, les enfans de fon frere Conftantin mort depuis long-temps. Ce Peintre, avec bien des ta1ens,ne fut pasle
plus grand Peintre qu'ait produit la Hollande, mais le plus heureux. Ses Portraits iont par- tont : II a fait des Copies d'apr�s van Djck, qui trompent par 1'imitation. |
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JEAN VAN SON,
�LEVE DE SON PERE
GEORGES VAN SON.
JEAN van Son naquita Anvers 1'an 1661;
il �toit fils & �leve de Georges van Son , dont il eft parl� tom. 2, pag. 328. Il adopta la maniere de fon Maitre qu'il furpaffa; il ne fe permit jamais rien fans avoir pour guide la nature, d'apr�s laquelleil faifoit continuellement fes �tudes: il copioit tout, & c'eft a cette bonns habitude
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Flamands, Allemands & Ilollandois. 4-^
habitude que Ton appercoit dam les Ouvrages , cette abondance & cette v�rit� qui int�reffent m�me ceux qui ne connoiffent nen a uotre Art. Apr�s avoir vu enlever fes Ouvrages dans les
diff�rentes Cours de 1'Europe , il crr.t que lei Anglois les rechercheroient patticulierement ; il pafla a Londres, ou il vit bient�t, par 1'ac- cueil qui lui fut fait, qu'il ne s'�toit pas tromp�. Sans perdre de temps, il fe mit a compoler des Tableaux en grand & en petit, pour donner une forte de fatisfa�ion au nombre d'Amateurs qui l'employerent. Il �baucha toujours plu�eurs Ta- bleaux avant d'en finir'un feul, & c'eft pour cela qu'a fa mort on en trouva beaucoup de com- menc�s que JVeyermans a finis fans grand fncc�s. Sa r�putation augmenta tous les jours, & fon
talent fe fortifia , parce qu'il ne n�gligeoit rien pour la perfe&ionde fes Ouvrages. Il avoit l'ufage d'introduire dans fes grands Tableaux, desFleurs & des Fruits, des Tapis de Turquie, des Ri- deaux d'�toffes d'or & d'argent, &c. dont les difF�rens efFets formoient un enfemble & une harmonie qui ajoutoit encore a 1'�clat de fes Fleurs & de fes Fruits. 11 foutint avec aflez de courage la mort de fa femme, mais il ne put fupporter celle de fa fille unique. Il mourut quel- que temps apr�s a Londres : on ne dit pas en quelle ann�e. ^ Ses compofitions en grand & en petit font
r�fl�chies , il ccnnoiffoit a fond la theorie & la pratique de fon Art: fa touche eft ferme & facile : fes Fleurs ont de la v�rit�, de la vari�t� & de la l�geret�; perfonne ne Ta furpaff� a peindrc;
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44 La Vie des Peintres, &c.
,. peindre les Raifins & les P�ches ; on y voit Ie
"� duvet & cette couleur vraie qui trompe 1'oeil: fon Raifin eft tranfparent: on croit voir Ie pepin. C'eft en tout un excellent artifte bien fup�rieur a fon p�re. Ses �tudes tr�s-abondantes ont �t� recherch�es apr�s fa mort, & n'ont point �chap- p� aux curieux. |
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VILLEM
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WILLEM (Guillaume) VAN
M I E R I S,
�LEVE DE SON PERE
FRANCO IS FAN MIE RIS.
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A. ville de Leiden, fi c�lebre par leS �
grands hommes qu'elle a form�s & - vu naitre , compte parmi les der- �' niers Willem van Mieris, qui y i66FildF |
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' Mieris & fon Eleve, il fit de grands
progr�s fons lui; il �toit d�ja un Maitre a l'age de dix-neuf ans, lorfqu'il eut le malheur de le perdre, Le jeune Mieris fentit alors combien il lui
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46 La Vie des Peintres
lui reftoit a �tudier, il n'avoit plus ce guide (\
ol' f�r, dont Ie fecours lui �toit fi n�ceffaire, a me- fure que les difficult�s fe pr�fentoient. Sa ref- fource �toit la nature qu'il avoit d�ja confult�e, & dont il attendoit fon avancement & cette r�- putation que fes Ou vrages lul on t m�rit�s.L'exem- ple d'un p�re illuftre a fervi encore a augmen- ter fon ardeur. Il avoit pris d'abord , comme fon pere, des fujets dans la vie priv�e : lei, c'eft une boutique de Modes, o� une jolie Marchande vend fes ajuftemens; la, c'eft unegentille Pay fan- ne qui vend des fruits & des l�gumes; on voit a une fen�tre une jolie perfonne qui attire les yeux des paffans; un bas-relief termine Ie bas du Tableau , au-deflbus du bandeau de la croi-* f�e, &c. tout eft peint d'apr�s nature : il ne fe permettoit pas Ie plus petit d�tail, fans avoir 1'objet devant lui pour Ie copier. On nous fait 1'�loge d'un Tableau fait dans ce temps, il re- pr�fente une Femme qui donne de la bouillie a fon enfant, unautreenfantexcitelepetitamanger; Ie Pere, affis pres du feu, regarde la malice de ces petits enfans, Ie petit lit occupe une partie du premier plan d'une chambre meubl�e, & repr�- fent�eavecun art exquis. Ce joli morceaueutun fucc�s infini & Ie combla d'honneur. Mie/is, en voyant les Ouvrages de LaireJJe
& d'autres grands Maitres d'Hiftoires, voulut effayer a porter fur Ie panneau quelques fujets, o� 1'efprit peut �galement �tre occup� & fatis- fait. Son M�cene, M. de la Court, 1'encouragea beaucoup. Notre Peintre fit fon coup d'effai: ce Tableau repr�fente Renaud endormi 8f appuy� fur les genoux d'Armide, entour�e des Graces &
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Flamands , Allemands & Hollandois. 4-7
& des Amours. Le fond eft un beau Payfage : fur le devant font repr�fent�es des Fleurs & des Plantes; ce beau Tableau fit fon effet, fon M�- cene ne croyoit pouvoir affez le payer , tant il lui fit de plaifir; il ne le garda pas long-temps, le Comte de Wakkerbarth ne 1'eut pas plut�t vu qn'il mit tont en ulage pour en devenir le poffefleur; il ne put 1'obtenir que lorfque Mieris eut promis de traiter ce fujet de nouveau avec les changemens qu'il jugeroit convenables. Cette r�p�tition obtint les fuffrages & un pr�fent, apr�s en avoir recu le prix. Mieris a r�p�t� encore ce fuiet pour 1'Envoy�
Meinershagen, avec cette diff�rence que Renaud & Armide font les portraits de 1'Envoy� & de fa femme. Le fond eft auffi un Payfage, les Fi- gures principales font entour�es d'Amours, &c. On nous parle auffi d'une fainte Familie de eet Artifte, d'un Triomphe de Bacchus, dun Juge- ment de Paris & de plufieurs autres. Il peignoit auffi de jolis Payfages, des Figures
& des Animaux avec le m�me fini & la rn�me v�rit�. Mieris avoit un autre talent, qui ne doit pas �tre indifferent aux Peintres, c'eft de m�d�- ler en terre & en eire : les grands Ma�tres dans eet Art ont �t� furpris de voir a quel point il a excell� dans ce genre, qui lui auroit feul accor- d� un rang diftingu� parmi les Sculpteurs habiles. Le m�me M. de la Court pofT�doit quatre Vafes , fur lefquels Mieris avoit mod�l� en bas-relief des F�tes bacchiques; lesNymphes, les Satyres & les Enfans y font rendus avec tout 1'Art poffi- ble : Une touche fpirituelle feroit foupconner wne longue pratique de 1'�bauchoir. Cet Ama- teur |
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48 La P~ie des Peinlres
teur eftimable n'a jamais pu fe rcibudr a fd
1062. (J�fain; de ces quatre morceaux. On lui en a fait en tout temps des offres confid�rables, fans pouvoir les lui enlever. Mieris vivoit paifiblement, fans s'aveugler ni
de fa gloire, ni de fa fortune : il partageoit fes momens entre les foins de fes �tudes & de fa familie : fa fagefle Ie rendit heureux & Ie fit efti- mer pendant une longue vie. Il mourut a Leiden, Ie 2.4 Janvier 1747 , ag� de quatre-vingt cinq ans : il a laiff� un fils, Francois van Mieris * qui eft fon Eleve, & qui marche fur fes traces. Guillaume van Mieris finhToit, comme fon pere, tous fes Ouvrages: la m�me harmonie & Ie m�me foin pour rendre les plus petits d�- tails ; fes Tableaux font prefque au m�me prix: cependant nous les trouvons bien au-deflbus pour Ie deffein, pour la f�nefle de la touche & Ie piquant des etfets. Les Ouvrages du pere font compof�s avec plus de fagefle: on y trouve la m�me abondance, mais tout y eft group� avec moins de confufion, ce qui n'emp�che pas que lefilsnefoit, (anscontredit,un des bons Peintres de la Hollande; voici quelques Ouvrages bien connus. A Rouen, chez M. Haillet de Couronne, Lieu-
tenant-G�n�ral Criminel^la Mufe de la Mufi- que environn�e des inftrumens: Ie fond eft un beau Payfage. Dans Ie Cabinet du Prinee de HeJJe, une
Marchande de ^romage clans fa boutique. A la Haye, chez Ie Comte de Wa(fenaer,
un Vieillard & une vieille Femme. Chez Mr �agel, un Philolbphe dans fon Cabinet. Chez M.
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r�amands ", Allemanis 6" Uollandois. 4-9
M. Lormier, une Cuifine hollandoife, avec TZZ7
des figures & des meubles n�ceffaires. Chez M. ' van H�teren, un jeune Homme co�fte d'un bon-
net avec des plumes; chez M. d'Acofta, Su- zanne&les Vieillards qui cherchent a la feduire; Ie fond efl un Jardin. AAmfterdam, chez M. Lubbeling, Suzanne
infult�e par les Vieillards, autrement compof� : un Berger pres d'une Bergere dans un beau payfage. AMiddelbourg,chezM. Cauvverven,une jeune
Fille qui tient un panier rempli de fruits ; une Nymphe endormie : & un Soldat Suiffe tenant un grand verre a la main. |
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ROBERT VAN
OUDENAERDE,
�LEVE DE CARLE MARATTI.
VAn Oudenaerde naquit a Gand Ie 30_____
Septembre 1663; il �toit fils de Pierre }(s(r,m van Oudenaerde, Maitre de Langues, qui lui - enfeigna Ie Latin ; la Peinture cependant fut lefeul talent auquel il fe livra en entier. Mierhop fut fon premier Maitre, enfuite de Cl�ef, dont la r�putation Temporta fuf tous ceux de fon temps, lui montra fon Art jufqu'a 1'age de dix- neuf ans qu'il fut envoy� a Tournay pour y apprendre Ie Francois. Il y pafla trois ans chez unPeintre inconnu. Oudenaerde obtint en 1685 Tome IV, D la |
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5o La Vie des Peintres
"T7T la permiffion d'aller a Rome : il eut des lettres
_' de recommandation qui aiderent a Ie faire con- noitre. Carle hiaratti 1'admit dans fon Ecole , & bient�t il m�rita la confiance de ce Maitre: un travail affidu, un jugement aflez certain, pour ne fe pas m�prendre clans Ie choix duvraibeau, Ie diftingua des autres Eleves ; fes progr�s dans Ie Defiein & dans la Peinture augmenterent chaque jour. Dans fes momens de repos il avoit eflay� de graver a 1'Eau-forte, & ion d�but manqua de Ie perdre pour toujours; une efquifle dn Maitre repr�fentant Ie Manage de la Sainte Vierge , parut a potre Eleve un objet bien di- gne d'�tre grav�. Sans confulter fon Maitre, fans croire faire un crime, il la grava & la donna a fes amis : quelques �preuves difperf�es furent port�es a un marchand d'Eltampes qui en gar- nit fa boutique. Maraiti, en paffant par-la , vit cette �preuve 5 furpris d'abord, il s'informa au Marchand d'o� elle lui venoit, & voulut en connoitre 1'Auteur : on lui dit tout, fans aucun deflein de nuire. Maratti retourna chez lui fach� de fe voir fi mal grav�, & d'�tre tromp� par un hcrcme qu'il n'avoit pas m�me foupconn� d'en �tre capable; il Ie renvoya fans vouloir 1'entendre. Si la colere du Maifre �toit fond�e, jamais doulenr n'�gala celle de 1'Eleve; il ne voulut ni retourner chez lui, parce qu'il �toit aflez avance pour fcavoir qu'il lui reftoit encore des �tudes a faire, ni entrer chez d'autres Mai- tres, dans la crainte d'irriter davantage celui dont il s'�toit attir� la colere. Enfin fix femai- nes fe paflerent fans travail ni �tude, occup� feulement de fon malheur , fe plaignant a tout Ie
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Flamandsj Allemands & Hollandois. 5i'
�e monde de fon indifcr�tion & de fon innocence.
Elle n'�toit pas inconnue a fon Maitre, qui �toit lui-m�me fach� d'avoir �t� fi rigoureux. Le hazard les fit pai�er tous deux dans Ie m�me temps fur la place Navone : 1'Eleve falua ref- pe&ueufement le Maitre, fans ofer le regarder. Maratti 1'appella & lui dit froidement: Grave^- vousencorequelquesplanchesd'apr�smoipourles vendrefans mon aveu? L'innocence dans la con- tenance d'Oudenaerde acheva de le juflifier; de- puis ma difgrace, lui dit-il, tnon cher Mai- tre , je n'ai eu aucune envie de graver ni de peindre, & je fuis pret d'abandonner un talent qui a cauf� mon malheur. Et moije vous exhorte de cultiver i'un & Vautre ; mais je ne fuis pas content de voirparoitre en public mes Ouvrages �gratign�s, au-licu de les voir grav�s. Maratti ramena fon Eleve chez lui, & depuis
ils ont toujours �t� �troitement lies. Oudenaerde fe fortifla dans la Peinture & dans la Gravure : Maratd le choifit alors pour donner au Public fes principaux Ouvrages grav�s fous fes yeux, & qui font aujourd'hui les d�lices des Amateurs. Notre Flamand paffa quinze ann�es dans la plus �troite amiti� avec fon Maitre, qui vantoit au- tant fon cara&ere que fes Ouvrages ; il avoit m�rit� le titre du premier Po�te latin de fon temps : autre avantage qui lui donna un nom diftingu� parmi les Scavans & les Acad�miciens de Rome. Une r�putation auffi fo�ide porta le Cardinal Barbarigo, Ev�que de V�rone , a le choifir pour ex�cuter un Ouvrage entier fur fa Familie , compof� de Portraits & d'Embl�mes , avec des Vers latins. La mort du Cardinal fut D l caufe
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52 La< Vie des Peintrcs
~7l caufe que ce recueil n'a pas �t� plus confid�ra*
^' ble ; il eft cependant compof� de cent foixante- ' quinze planches grav�es , avec les vers du m�me Oudenaerde. Les �loges des Artiftes & des gens de Lettres lui f'urent prodigu�s. Le Cardinal ai- moit �galement notre Peintre pour fes moeurs; il avoit des vues pour fon avancement j il lui donna les Ordres pour la Pr�trife , mais Oude- naerde , avant de fe confacrer a 1'Eglife, vou- liit revoir fa Patrie : il obtint une ann�e pour fon voyage. Vingt-deux ans qu'il avoit employ�s a 1'ouvrage du Cardinal, & Ie temps qu'il avoit paffe chez Maratti faifoient environ trente-fept ans def�jour, fans qu'il eut vu fa Ville natale,ilne put fe refufer a lui-m�me cette fatisfaftion : il partit & arriva a Gand. Les premiers de la Ville s'emprefferent de lui t�moigner le plaifir que leur faifoit fa pr�fence ; on lui propofoit de refter; on lui fit des offres bien capables de le d�dom- mager des efp�rances que lui faifoit entrevoir fon Prote&eur en Itali�. Oudenaerde avoit pro- mis de retourner : mais, pret a partir, il apprit la mort du Cardinal; n'ayant plus d'engagement, il fe fixa a Gand , o� il peignoit 1'Hiftoire & le Portrait ; il fut accabl� d'ouvrages , c'�toit a qui en auroit des premiers. Les Eglifes & les Palais furent embellis de fa main ; il ne grava plus que des pctites Planches pour fe recr�er & m�me peu. La Peinture ernploya tout fon temps : il v�cut apr�s fon retour encore vingt- un ans , & mourut le 3 Juin 1743 > ^ ^e quatre-vingts ans. Il eft enterr� dans 1'Eglife Ca- th�drale de Saint Bavon a Gand. On ne lui con- noit qu'un feul Eleve, nomm� Francois P�fen, Peintre
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Flamands , Allemands & Hollandois. 53
Peintre & Graveur, qui conferve 1'oeuvre com- plet de fon Maitre : oeuvre trop rare & trop peu connu. La maniere de defliner & de peindre de van
Oudenaarde tient entierement de celle de Ma- rattu Sa couleur eil vigoureufe, un pinceau flatteur lui r�uffit dans Ie Portrait o� il avoit un fucc�s �tonnant. Sa touche eft franche & facile: fon deffein eft corre�t; quant a fa compofition, la marche en eft belle, f�vere & fpirituelle. Ses principaux Ouvrages , depuis fon retour > font a Gand; les voici en partie. Dans 1'Abbaye de Baudeloo, on voit de ce
Peintre un Tableau ing�nieux , ce font les Por- traits des Religieux de ce temps , de grandeur naturelle & tous bien vari�s. Dans cette m�me Maifon fe confervent encore de lui deux beaux Tableaux d'Hiftoire. Au Grand-Autel des Chartreux , 1'Apparition
de Saint Pierre, qui emp�che ces Religieux de quitter leur Maifon qu'ils avoient envie d'aban- donner. Ce Tableau paffe, a jufte titre, pour fon chef-d'oeuvre. Dans 1'Eglife des B�guines, Notre-Seigneur
au milieu des Do&eurs. Dans 1'Eglife de Saint Jacques , Ie Tableau
de la Chapelle de Sainte Catherine ; cette Sain- te que l'on veut forcer d'adorer les faux Dieux. Dans la Chapelle de la Boucherie, un grand
Tableau repr�fentant les piincipaux Bouchers. |
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D 3 NICOLAS
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54 La Vie des Peintres
NICOLAS HOOFT,
�LEVE D'AUGUSTIN TERJVESTEN.
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y
^ d'une tr�s-bonne familie, dont il
tira tous les fecours qui lui �toient n�ceflaires pour fuivre la paffion qui 1'entrainoit vers la Peinture. On lui procura les trois plus habiles Maitres qui �toient pour Iors a la Haye, Da- nyel Mjtens, Doudyns & Auguftin Tervveften : ce fut ce dernier qui eut la gloire de former Hooft. Matthieu Tervveften, qui �tudioit dans ce m�me-temps fous fon Frere, rapporte que Hooft leur �toit propof� comme un exemple d'application & d'affiduit�. Hooft ayant h�rit� d'un bien affez confid�rable de fon pere, il ne cultiva plus la Peinture que par gout & par amufement: il �toit Membre de la Soci�t� des Peintres, & il fut fait Dire�eur de 1'Acad�- mie. On nous aflure qu'il deffinoit bien & qu'il peignoit bien l'Hiftoire. Cet Artifte pafla fa vie agr�ablement, occup� de la Peinture , de la Chaffe & de la P�che : ce furent (es trois paf- i�ons dominantes jufqu'a fa mort, qui arriva Ie 21 de Janvier 1748, ag� de pres de quatre-vingt' trois ans. Ses Ouvrages nous font inconnns.
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1664.
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JEAN-
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Flamands, Allcman&s & Hollandois.
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JEAN-ANTOINE
VANDER LEEP E.
JEAN-ANTOINE VANDER L�EPE,fils------
de Jean-Antowe vander L�epe ,Ecuyer, Con- 1664. feiller a la Chambre des Comptes de Bruxelles, at� & de Marie-EU^abetk Vanvelthoven. Ses parens quitterent Bruxelles pour �viter les troubles de la Gaerre, & s'�tablirent a Bruges, o� il naquit en 1664. Les premiers foins que prit fon pere furent ceux de fon �ducation : il fut envoy� a Bruxelles pour y profiter des Maitres & des �tu- des convenables a fa nobleffe & a fa fortune. On raconte qu'encore enfant il alloit les jours de r�- cr�ation voir une dame B�guine * qui brodoit en petit-point : fon ufage �toit de peindre a gouaffe les fujets qu'elle rendoit enfuite a T�- guille. Notre jeune Ecolier abandonnoit fes ca- marades & Ie jeu pour la voir peindre : bient�t il demanda des couleurs & des crayons; il deffi- noit d'apr�s des Eftampes, & copioit a gouaffe les Ouvrages de celle qui lui fervoit de Maitre. Il fit tr�s-bien tous fes exercices ; on lui pro- mettoit pour r�compenfe de lui permettre de voir peindre & de manier auffi Ie pinceau. Son gout &
* C'eft une Communaut� de Filles qui vivent dans un m�me
endos, la pliipart s�par�es, ccpendanf foumifes a une Sup�rieure *c a des Regies : elles fortent pout fe marier. Il y a beaucoup de tes Communaut�s dans les gundes Villes de Vlandix. D4
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56 La Fie des Pcintres
*Y & fon travail fe foutinrent toiijours jufqu'a fa
fin de fes �tudes. Rappell� a Bruges , il d�clara a fon pere fon amour pour la Peinture. On fut �tonn� de fes pr'ogr�s , mais fa fant� fut un nou- vel obftacle qui penfa faire �chouer fon projet ; il lui fut d�fendu de peindre davantage , parce que la mignature �toit nuifible a la d�licateffe de fa poitrine : il obcit; mais un effai qu il fit de peindre a 1'huile lui r�ui�it � bien, qu'il quitta fa premiere manierei la pofition n'�tant plus nuifible , il s'y livra fi bien que les meilleurs Artiftes ne purent lui cacher leur furprife & lui refufer leur admiration. Vander L�epe fut deffiner des Payfages dans.
les campagnes; il alla fur Ie bords de la mer
repr�fenter les Orages & la Mer dans fon cal^
me ; s'il voyoit un Ciel convenable pour fes
Tableaux , il Ie de/��noit avec du blanc fur Ie
papier colori�. On fera toiijours furpris, quand
on fcaura que fon d�but, d'apr�s de petits effais,
eft un grand Tableau de fept pieds fur huit &
demi de haut : c'efl un Payfage, dans lequel on
voit une grande �tendue de pays, qui contient
une portion de Ville & fes Remparts, des Ri-
vieres, des Arbres de bonneforme, bien feuiil�s,
avec des Plantes bien colori�es & bien touch�es
fur Ie premier plan, lc Ciel eft d'une grande leg�-
ret� : les figures qui repr�fentent la Fuite en
Egypte, font d'un de fes amis appell� Ramondt,
qui �toit auffi un des Magifirats de Bruges. Vander
L�epe plac,a ce Tableau dans 1'Eglife Paroifliale
de Sainte Anne.
Ce fucc�s Ie d�termina a fuivre fon projet
(faller �tudier en Itali�. Il fut arr�t� par fes |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 5 7
parens , qui ne voulurent jamais Je laifler par-
tir: on lui remontra qu'il ctoit Ie feul h�ritier du nom & des biens de fa familie; il n'avoit que dix-neuf ans lorfqu'on Ie maria \ il a regrett� fouvent qu'on n'ait pas voulu Ie laiffer paffer quelque temps a Rome. Continuellement occup� de fon �rude , on
vit paroitre un grand nombre de fes Ouvrages , tnais on ne vouloit pas perdre de vue fa capa- cit� pour d'autres emplois utiles a 1'Etat. L'Em- pereur Ie nomina Controleur g�n�ral de fes Fermes, & peu de temps apr�s Capitaine g�- n�ral des Chafles de la Flandre. Il occupa fuc- ceffivement d'nutres places dans la Magiftrature. Toujours exad a rerr.plir avec honneur les de- voirs des diff�rens �tats qni Tobligeoient i veiller aux interets du Prince, a Tadminiftration de la Juftice & au bien public, les feuls momens dont il pouvoit difpofer, il les confacroit a la Peinture : fa vigilance lui donnoit plus de temps qu'aux autres, & il eft �tonnant combien il a laiff� de Tableaux de fa main, quoiqu'il ne fut excit� a la pratique de fon Art par aucune vue d'int�r�t. Un N�gociant fort riche, nomm� Ie Cerf} n� a Paris , & pour lors demeurant a Bruges, aimoit beaucoup les Ouvrages de vander L�epe; il voulut les faire voir en France, & il obtint de lui quatre grands Payfages qu'il fit parvenir a cette Cour; on nous aflure qu ils font places dans une desMaifonsRoyales. Son Attelier �toit une affembl�e de gens inf-
truits : On y parloit Sciences, Belles-Lettres, toujours relativement a fon Art ; 'on ne pou-r Yoit y �tre admis que fous Ia condition d'y lire quelqu©
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58 La Vie des Peinlrcs
"77ZT quelque paffage d'Hiftoire, de Po�'fie, &c. c'eft
' ainfi que eet Artifle fcut �carter les importuns: il n'appella que ceux qui avroient Ie m�me defir des'inrtruire; la lefture �toit fuivie d'obje�ions, d'interpr�tations, en un mot, de conf�rences utiles, o� 1'efprit acquiert toujours de laforce & del'�tendue. Il aimoit les Artiites, recevoit leurs avis avec docilit� , & leur en donnoit avec can- deur : toute fa vie �toit r�gl�e fur Ie m�me ton ; il recut une marque bien fenfible de l'eftime qu'il avoit acqaife , lorfqu'en 1718, la Cour accorda a fon fils unique la furvivance de fes charges. Une trop grande application avoit al- t�r� (a fant� , fans qu'il ftit temps d'y apporter du remede. Il mourut d'une hydropifie en 1719 ou 20, & il fut enterr� dans Ie tombeau de fa familie dans l'Eg�fe des Carmes, a Bruges. VanderL�epe peut �tre regarde comme Peintre
n� , fans �tre forti de fa Patrie, fans autre Mai- tre que cette dame B�guine \ on croiroit qu'il auroit demeur� en Itali� , a en juger par fes Tableaux. Ses Payfages font compoi�s dans la maniere d1 Abraham Genoels, & quelquefoiscom- me ceux du Poujjin ; il peignoit avec une faci- lit� finguliere ; une touche tr�s-librc , fon Pay- fage bicn feuill�, fa couleur affez bonne, ce- pendant un peu grife, & propre a des Orages & a des Temp�tes ; auffi on eftime fes Marines encore plus que fes Payfages : il faifoit peindre dans fes Tableaux les figures par de bons Ar- tiftes. Mare van Duvcnede & A'. Kerkhove, &c. ont orn� plufieurs de fes Ouvrages : voici les plus connus. On trouve un grand Payfage, avec des f�-
gures
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Flamands, Allemands & Hollandois. 0
gures par un Amateur nomm� Ramondr, il re- ~~77~ pr�fente Ia Fuite en Egypte. Ce Tableau eft place ^ ">J" dans 1'Eglife Paroiffiale de Sainte Anne, a Bru- ges; dans la m�me Ville, chez M. Foers, Tr�- forier , plulieurs Tableaux qui ornent un appar- tement ; chez MM. du Hamel, quatorze grands & petits Tableaux , qui fervent de d�coration dans une Salie; il y a des figures qui repr�ien- tent des fujets de la vie de Notre-Seigneur ; elles fontpeintes par N. Kerkhove. & Mare Duvenede; chez M. Verplancke, deux Marines. |
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MATTHIEU MEELE,
� L E V E DE L E L Y.
MAt T H I E u M � E L e', n� en 1664 , fon
premier Maitre nous eft inconnu. Il paffa a Londres, o� Ie m�rite de Pierre LeLy lui fit chercher les moyens dedemeurerquelque temps avec lui. Il y r�uffit, & il ne Ie quitta point qu'il n'e�t acquis Ie nom de bon Peintre. 11 retourna a la Haye o� fa r�putation lui fit faire un ma- riage tr�s-avantageux, qui nous a priv� de beau- coup de bons Portraits : il ne fit prefque plus rien. Il �toit un des Chefs de 1'Acad�mie de Peinture a la Haye. On nous vante beaucoup un Portrait de lui , c'�toit celui de Mme van l�oei. Ce Peintre eft mort en 172.4 j il n'eft in- diqu� ici que pour les Ouvrages de fa jeunefle , <jui font dignes d'�tre l�u�s. VICTOR-
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Go La Trie des Peintres
VICTOR-HONOR�
J A N S S E N S.
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An s s e N S eft un des bons Peintres de.Bru-
xelles, o� il naquit en 1664, fils d'un Tailleur. Jl fut deitin� a fa profeffion : ma�s fa vocation, carad�rif�e par un vif defir de peindre , 1'em- porta fur Ie projet de fa familie. 11 fut 1'Eleve de Volders, & apr�s fept ann�es d'application dans cette Ecole, il parvint au point de fur- pafler tous ceux de fon age. Ses Ouvrages de- venus publics aflurerent fa fortune. Le IXic d'Holftein lui ofFrit une penfion de huit eens flo- rins, qu'il accepta. JanJTens demeura quatre ans a la Cour d'Holf-
tein, oii , toujours attach� a fon talent, il ne perdit point de vue le voyage d'ltalie fi n�cef- �aire a fa perfedion : il fupplia le Duc de le lui permettre pourfe rendre plus digne de fes bon- t�s. Son g�n�reux Protefteur non-feulement le lui permit, mais il lui fit donner une lettre de change de feize eens florins : pr�fent pr�cieux qui lui fervit a faire fes �tudes a Rome d'apr�s les Tableaux de Rapha�l, les Antiques & les Vues des environs de la ville. Les premiers Ha- bitans de Rome employerent a 1'envi fon pinceau. Tempefle , Peintre habile de Payfages & d'Ani- maux, eut recours a lui pour peindre les figures: ils ont �t� long-temps en foci�t� ; on croit que c'eft la vogue de ces petits Tableaux qui a port� Janjfens
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1664.
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Plamands, Allemands & Hollandois. 6�
JanJJens a s'y borner : il prit pour guide les Ou- yrages de YAlbane , nouveau genre , mais qu'il I�"4- traita mieux que tous fes contemporains. On ------
ne pouvoit obtenir de fes Tableaux qu'apres les
avoir command�s long-temps auparavant. Onze ann�es s'�coulerent fans qu'il put finir tous ceux qu'il avoit entrepris pour retourner en Flandre ; il ne trouva Ie moyen de Ie faire qu'en refu- fant les Ouvrages que 1'on exigeoit de lui. De retour a Bruxelles, fes Tableaux en pe-
titeurent un grand fucc�s. Il�poufaM11" Potter, fille du Payeur de Rentes , dont il eut onze enfans : norabre confid�rable, qui lui fit aban- donner fa maniere de peindre en petit, pour reprendre celle en grand, plus exp�ditive, plus lucrative & plus conforme a fon g�nie. Les Eglifes & les Palais furent d�cor�s par
fon pinceau , toujours conduit par fon efprit & fon jugement. Sa promptitude dans 1'ex�- cution parut dans Ie grand nombre d'Ouvrages qui fe voient de nos jours a Bruxelles & aux environs. Vers 1718, il fut nomm� Peintre de 1'Empereur : il partit pour Vienne ; trois ans apr�s il paffa a Londres, & retourna a Bru- xelles, o� il eft mort en 1739, & enterr� dans 1'Eglife de Saint Gaugeric. Ce Peintre fut Ie plus habiie de fon temps
pour traiter 1'Hiftoire en petit : une fonte de couleur agr�able & naturelle, un pinceau flou & facile enlevent nos fuffrages. Ses airs de t�te ont de la fineffe, de la nobleffe & de la beaut� ; fon deffein eft correft, & fon g�nie marque de la f�condit�. Ses grands Ouvrages font de m�me, «nais fa couleur eft plus crue & fent trop la pa- lette. |
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62 La Vie des PeintreS
,, lette. Il r�uffit tr�s-bien a peindre des plafonds}
^* tous ceux qu'il a faits font traites dans les re- ~ gles & bien entendus pour les effets. Voici une bonne partie de fes Tableaux places en public. On voit a Bruxelles Ie Tableau d'Autel de
1'Eglife de Saint Nicolas, repr�fentant Saint Roch : & la Pefte dont Dieu affligea les Juifs, fous Ie regne de David, place dans la Chapelle de laVierge. Sur la porte d'entr�e de 1'Eglife des Capu-
cins , Ie Tableau qui repr�fente Notre-Seigneur tourment� par les Juifs. Dans 1'Eglife de la Madelaine, un Tableau
d'Autel pres du Choeur. Jefus-Chrift mort, fur les genoux de fa Mere,
Tableau d'Autel dans 1'Eglife des Religieufes de 1'Ordre de Sainte Brigitte. Cinq grands Tableaux dans la Salie de la Con-
fr�rie de Saint Georges, tous fujets tir�s de la vie de ce Saint; & quatre deffus de portes, ce font les Saifons. Ce Peintre avoit plus de foixante-dix ans quand il les a faits. Le Tableau du grand Autel de 1'Eglife des
Jacobins. Trois grands Tableaux dans 1'Eglife des Carm�-
lircs du grand Couvent, places entre les croif�es; & le Tableau d'Autel de la Chapelle de Saint Charles Borrom�e. On y voit repr�fente ce Saint, qui foulage les Peftif�r�s.^Deux Tableaux du m�me dans la Salie des EpTciers. Dans la Salie des Tailleurs , le Martyre de Sainte Barbe , le Martyre de Saint Boniface & le Couronnerhent de la ViergexTautresTableaux faits entre./a/2/7�«J van Orley & Ejckens places dans la Salie des Braffeurs. Dans |
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Flamands , Allemands & Hollanctois. 63
Dans celle de la Maifon Royale , fix Tableaux
de THiftoire de Sa�l, de David & de Salomon : trois font peints par Janjfens , & trois par van Orley. Et dans la Salie de Saint Georges, neuf Ta-
bleaux : cinq fur la vie du Patron , & quatre deffus de portes, qui font des All�gories fur la Paix. |
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N. MOREL,
�LEVE DE VEREN DA�L.
ON croit que Morel eft n� a Anvers. Il eut
pour Maitre Verenda�l, bon Peintre de Fleurs & de Fruits. Il apprit de lui a cultiver Ie m�me genre, & a bien imiter la nature. Apr�s avoir acquis de la r�putation k Anvers , il alla s'�tablir a Bruxelles , oii �toit la Cour; il y fut employ� de toutes parts. Ce Peintre aimoit la magnificence; il a v�cu tr�s-vieux a Bruxelles o� il eft mort; on ignore en quelle ann�e. Morel compofoit bien fes Tableaux : une har-
monie de couleur fe trouve commun�ment dans fes Ouvrages. Il avoit une maniere tr�s-large qui d�celoit une grande facilit� : fa touche eft fpirituelle & ferme: fa couleur eft vraie & con- venable au genre qu'il a traite ; il furpafloit foa Maitre en repr�fentant des Feuillages , ou quel- ques Plantes. C'eft un bonPeintre, dont les Ou- vrages plairont toujours. On
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64 La T^ie des Peintres, Sc.
On trouve dans les Cabinets de la Flandr�
1604. |3eaUcoup de fes Tableaux. 11 a peint des Fleurs d'une grande maniere fur
des volets, qui confervent des Tapifleries an- ciennes & pr�cieufes dans 1'Eglife de 1'Abbaye de Saint Pierre a Gand. |
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RACHEL
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RACHEL RUISCH
VAN POOL,
�LEVE DE GUILLAUME
VAN A E L S T.
A Hollande place avec raifon cette------
Femme au rang des plus illuftres 1664.
d'Amfterdam, o� elle naquit en ~�y 1664. Elle �toitfille duProfeffeur ' Ruifch, fi connu parmi les Anato- ' miftes. Encore jeune, fans le^ons & fans autre fecours que fon envie de deffiner , on la vit repr�fenter tout ce qui la frappoit en Peinture & en Eftampes. Ce fut a des marques Tomc IV. E fi |
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66 La frie des Peintres
� peu �quivoques que fon pere lui choifit pour
Maitre Guillaume van Aelfl, tr�s-c�lebre pour fes Fruits & fes Fleurs. En peu d'ann�es 1'Eleve fuivit de pres fon
Maitre & fe crut en �tat de n'en plus confulter d'aurre que la nature. Elle en approcha � pres , qu'elle fut regard�e comme un prodige, & com- me Ia plus habile de fon fiecle. Ses Fleurs & fes Fruits furpaflent ceux de la
nature par Ie beau choix qu'elle en faifoit, par fa facon de les peindre, de les pofer & de les faire fcavamment contrafter. Tandis que Ton portoit dans toutes les Cours de 1'Europe fes Tableaux , & fa r�putation renferm�e dans fon Cabinet, el!e fuyoit Ie monde, de peur d'�tre diftraite de fes �tudes: cependant elle ne put fe cacher a l'Amour qui la d�couvrit & vint trou- bler fon repos. Un Peintre aimable & jeune nomm� Juriaen Pool, s'introduifit chez elle: s'il n'e�t �t� qu'aimable & jeune, peut-�tre n'auroit-il pasr�uffi , mais il �toit Peintre & bon Peintre, & ilfutaim�.Il �pousa RachelRuijIhen l6o.f. * Les foins dn Manage ne lui f�rent pas perdre un inftant de (es �tudes. En 1701 la Soci�t� acad�mique de la Haye admit ces deux Epoux; elle donna pour fa Reception un Ta- bleau tr�s-pr�cieux, qui repr�fentoit une Rofe blanche,
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*C'eftainfiqueM. yien, PeintreduRoi&Piofeffeurdel'Academie
reyale de Paris, parut devant Mlle Marit-Th�refc Rcboul; elle n'aimoit que notte Art: Ie nom de M. yien , dans la Peinrure, lui m�rita Ie caeur & la main de notre aimible Artifte ; elle s'�toit d�ja immortalif�e dans l'imitation de Fleurs , d'Jnfeaes, & de Coqnillages, mais 1'Acad�roie royale de Peinture vient d'afluiei i 1'Europe fes taknj, en la reccrant parmi ses Membres i�udres. |
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Flamands, Allemands & Hollandois. (f]
blanche, une rouge, une plante de Chardons
&d'autres Fleurs Sa r�putation eut Ie plus grand �clat dans
toute l'Europe. L'Ele�eur Palatin Jean-Guillau- me lui envoya un Dipl�me date du 7 Ao�t 1708, qui la nomma Peintre de la Cour de Dufleldorp;ce Princelui�crivit uneautre lettre qu'il accompagna d'unc toilette complette en argent, compof�e de vingt-huit pieces, a la- quelle il ajouta fix flambeaux du m�me m�tal. Le Prince lui promit d'�tre Parrain de ion pre- mier enfant: peu de temps apr�s fes couches , elle porta fon fils a Duffeldorp; l'Ele&eur d�- cora le col de eet enfant d'un ruban rouge au- quel �toit attach�e une magnif�que medaille en or. Tous fes Ouvrages �toient pour fon M�cene,
qui, en les payant, y ajoutoit toujours des pr�- fens honorables. En 1713 , elle fit encore le voyage de Duffeldorp, o� elle fut recue avec toutesles diftin�ions que m�ritoient fes grands talens. L'Ele&eur, pour les faire connoitre, en- voya quelques-unsdefesTableauxauGrand-Duc de Tofcane , qui les admira beaucoup & les placa parmi les Chef-d'oeuvres qui compofent fa riche colle�ion : mais la mort lui enleva fon M�cene en 1716. 11 fut pleur� ; cette Femme illuftre regrettoit encore moins en lui Ion Bicn- faiteur que le Prote�eur �clair� des Arts & leur g�n�reux Reftaurateur: carelle vendoit tous fes Onvrages le m�me prix qu'elle les avoit ven- dus a Duffeldorp, & la Flandre & la Hollande murmuroient de les voir enlever en Allemagne. Ses talens fe font foutenus jufques dans une
E z extreme
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68 La Vie des Peintfes
1664. extreme vieilleffe , & fes Tableaux peints a qua-
avoit faits a trente. C�toit toujours Ia m�me maniere & la m�me perfe&ion; elle joignoit au don du g�nie toutes les vertus du coeur. Refpec- t�e des Grands, aim�e de fes Rivaux, chant�e par tous les Po�tes, elle ne parcourut que fur des fleurs fa longue carri�re, qui fut termin�e Ie 12 O&obre 1750, a 1'age de quatre-vingt- fix ans. Elle �toit veuve depuis cinq ans , apr�s avoir �t� mari�e cinquante ans avec Juriaen Pool. C'eft une des plus c�lebres Artiftes que nous ayorre a placer dans nos faftes. Ses Ta- bleaux font bien compof�s & du plus grand fini, d'une vigueur furprenante, & d'une couleur auffi belle que vraie. Ses Fleurs, fes Fruits, fes Plantes & fes Infe&es font comme la nature m�me: on y feroit tromp� , fi on comparoit les Chenilles & les Vers avec ceux qu'elle a cher- ch� a imiter. Ses Ouvrages pr�cieux ne font que peu connus en France par la difficult� de les obtenir de ceux qui les pofledent en petit nom- bre en Hollande. On voit a Amfterdam, chez M. Lubbeling ,
quatre beaux Tableaux, les uns des Fruits & des Fleurs : d'autres des Fleurs , &c. L'Elefteur Palatin poflede un Tableau avec
des Fruits & des Fleurs : un autre avec des Fleurs. |
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SIMON
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Flamands, Allemands et Hollandois.
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SIMON VERELST.
SImon Verelst eft n� a Anvers, com- 1664.
me 1'aflurent ceux qui 1'ont vu a Londres. - , ..... Son Maitre nous eft inconnu , ainfi que les par-
ticularit�s de fa premiere jeuneffe. 11 �toit un bon Peintre de Fleurs , loriqu'il fut a Londres, o� fes Tableaux eurent la plus grande vogue: il paffe du moins pour avoir mieux compof� fes Ouvrages & pour avoir eu 1'art de les faire valoir par 1'intelligence du clair obfcur. On rap- porte que Ie Duc de Bukingham. & Ie Prince de Cond�, lingulierement attach�sa ce Peintre pour fes bons Ouvrages, furent la caufe de fa perte : ils lui demanderent leurs Portraits; il avoit affez de raifon de les refufer, puifqu'il n'en avoit ja- mais fait: ces deux Tableaux eurent de la ref- femblance , mais ils n'�toient point traites com- me 1'exige ce genre : il en re$ut cent cinquante guin�es ; la t�te lui en tourna, il eut la vanit� de fe croire au-deffus de Vandyck & de Kneller, &c. tandis qu'il n'�toit qu'habile a peindre des Fleurs & des Fruits. Il d�daigna la Peinture , & finit par des extravagances: on fut oblig� de l'enfermer;il revint a lui, mais il n'avoit plus les m�mes talens. Il eft mort a Londres, fans qu'il nous foit poffible de dire en quelle ann�e. Ce Peintre eft un des premiers dans fon genre.
Les Fleurs & les Fruits ont �t� peints avec la plus grande fraicheur , & avec la plus grande v�rit�. Ses Ouvrages font bien conferv�s en E 3 Angleterre,
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7 o La Vie des Peintres
Anglcterre. On en trouve moins ailleurs. Le c�-
lebre Boe;have poff.-doit le chef-d'oeuvre deno- tre Peintre: on ne icait oii il eft pr�fentement. |
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PIERRE VANDER WERF
�LEVE DE SON FRERE
ADRIEN VANDER WERF.
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.j Ier re vander Werf, n� a Kralin-
1" ^' -* gerambacht, pres de Rotterdam , en 1665, m apprit la Peinture de fon frere le Chevalier vander Werf. Il copia d'abord bien lesOuvrages de fon frere ; la m�me couleur, le m�me pr�- cieux, mais il n'�toit encore que copifte. Le Chevalier compofoit & deffinoit les Tableaux, difpofoit les �tudes & les draperies fur le man- nequin. Le jeune frere �bauchoit les Tableaux que le Chevalier retouchoit a mefure; c'�toit ainfi flu'il eut occalion de profiter. Pierre van- ^/�?Ter/compofaenfuiteluifeuldesfujets:beau- coup ont �t� retouches par fon frere, & ce font les meilleurs. Il traita quelques fujets d'Hif- toire , mais plus fouvent des fujets pris dans la vie priv�e. Il fut employ� apeindredesPortraits, qii�l fit tr�s-bien. On connoit de lui un Tableau a 1'H�tel de la Compagnie des Indes: il y a repr�- fent� les Dire�eurs de ce temps-la. En 1695, il �poufa Marie Bofman, qui �toit aufli Eleve du Chevalier : fon talent lui m�ritoit d�ja des applaudiffemens , mais elle le n�gligea depuis. Vandcr
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Flamanch, Allemands & Hollandois. 71
Vander /^//nemenoitpas la conduite de fon 7"
frere Ie Chevalier. Celui-ci aimoit les Grands '605. & la bonne compagnie ; Tantre, au contraire , 7-----r
aimoit Ie cabaret, plus par habitude que par
envie de boire : il ne fut pas poffible de Ie d�- tourner de cette conduite; il finit par fuir la foci�t� : on Ie vit toujours feul; il devint hypo- condriaque , & croyoit toujours qu'on vouloit rempoifonner. Cette nialadie Ie rendit difficile a vivre , m�me avec fes parens; elle dura juf- qu'a fa mort qui arriva en 1718. Ce Peintre, fans avoir Ie m�rite de fon fre-
re, eft, apr�s tont, un Artifte habile, qui a vu verdre fes Ouvrages bien cher, dans une vente publique, a Rotterdam, en 1713. On paya cinq eens cinquante florins un petit Tableau de fa compofition , repr�fentant trois petites Filles qui fe jouent avec des fleurs; un autre, auffi trois Enfans au jeu , qui fut vendu trois eens trente cinq florins: ces deux font de fa com- pofition ; en 173 r, une fainte Familie qu'il avoit copi�e d'apres fon frere, ftit achet�e , dans une vente, huit eens florins. Le prixn'en diminuera point, parce qu'ils font rares; nous en indique- rons quelquesuns, qui font affez connus. On voit dans le Cabinet du Prince de Hefle ,
un Tableau repr�fentant trois petites Filles, c'eft peut-�tre le m�me dont nous avons parl�. A la Haye , chez M. Fagei, une Madeleine
en priere: Tableau pr�cieux. Chez M. Lormier, un Berger affis, deux petites Femmes, une dan- fante; Notre Seigneur mis autombeau; une fainte Familie: ces deux derniers Tableaux ont �t� retouches par fon frere. Chez M. van B�teren, E 4 un
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7 ft La Vie des Peintres
I(~ un petit Garcon & une jeune Fille qui deflinent
''_.?_* d'apr�s la V�nus antique; deux jeunes Filles " attachent des guirlandes de fleurs a une petite Statue de pierre; & un Saint J�r�me lifant dans un grand livre : ce dernier a �t� retouche par Ie frere. Chez M. i�Acofta, Loth & fes Filles: ces deux derniers font retouches par fon frere. A Rotterdam, chez M. L�ers, un Satyre pres d'une Nymphe; & chez M. BiJJchop , Loth & fes Filles, Tableau encore retouche par fon frere. |
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JOACHIM-FRANgOIS
B E I C H.
BEiC H , n� a Ravensbourg en Suabe, en
l66j , �toit fils d'un G�ometre qui peignoit par amufement. Il donna quelques principes a fon fils. C'en fut affez pour en faire un Maitre habile & lui m�riter 1'honneur d'�tre employ� a la Cour de Baviere. Il fut charg� de peindre les BataiUes que l'Ele&eur Maximilien-Emmanuel avoit li- vr�es en Hongrie. Pendant la Guerre occafionn�e par la fuccef-
fion d'Efpagne, 1'abfence de l'Ele&eur donna a Beick Ie loifir d'aller en Itali� pour y avancer fes �tudes & profiter des modeles des grands MaJtres. 11 y laiffa de fes Ouvrages , qui ent m�- rit� Tadmiration des plus habiles Peintres: il fuffira de dire pour fon �loge, que leSolimene a copi� plufieurs Payfages d'apr�s Beich. On
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Flamands, Allemands & Hollandois. 7 3
On ne f<jait plus rien de ce Maitre , qui a
toujours demeur� a Munich, ou il eft mort Ie
16 O&obre 1748; il avoitperdu l'ouie peu de
temps auparavant.
On nous affure de bonne part qu'il changea
trois fois de maniere: la premiere eft rembru- nie, la feconde plus claire & plus vraie, la derniere eft plus claire, mais plus foible. Ses fcites font pittorefques & toujours tr�s-piquans; fa touche vive & facile, exprime les formes dans fes compofitions, fouvent dans Ie gout du Gafpre & de SaLvator Rofa. Il ne faifoit fes Fi- gures que de peu d'ouvrage , mais avec efprit; il gravoit a 1'eau-fort� Ie Payfage , il y finiffoit (es Figures plus que dans fes Tableaux. On en trouve, a Schleisheim en Baviere, de vingt-qua- tre pieds de large , dont les fujets font des Ba- tailles. Et dans la Colle&ion du Comte (THage- dorn, quatre payfages: deux, dont 1'un eft une Grotte , & un Ruiffeau qui va fe perdre fous un pont, & 1'aurre , des Rochers et des Montagnes d'oii 1'eau fort & fe pr�cipite en cafcade; les Figures font, dans 1'un, lejeuneTobieavecrAn- ge; les deux autres repr�fentent les accidens du Soleil qui paffe entre les montagnes & les fou- terrains. |
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74 La yie des Peintres
CORNILLE DU SART,
�LEVED'ADRIEN OS T AD E.
------T>U Sart, n� a Harlem en 1665 , fut
1665. �-** celui des Eleves d'Adrien Oftade qui a Ie
'===r plus approch� du m�rite de fon Maitre. Il �pioit les Viliageois dans leursjeux, dans leurs querelles & leurs plaifirs: il a rendu fes Tableaux plaifans & agr�ables par cette v�rit� ; c'�toit un'prodige pour la m�moire. Une figure originale qui Ie fra- poit dans quelques F�tes, �toit renduelong-terops apr�s dans fon Tableau, comme s'il en avoit fait la copie fur lechamp d'apr�s la nature. Notre Ar- tifle �toit d'une foible complexion ; fon appli- cation aida auffi a avancer fes jours: il �toit d'ailleurs fobre, & ne paroiflbit dans les Compa- gnies que lorfque 1'on y parloit Peinture , Def- feins ou Eftampes; il avoit lui-m�me une Col- le&ion rare. Adam Dingemans fon ami, qui pof- f�doit auffi un tr�s-grand nombre de Deffeins & crEltampes, fe trouvoit toujours avec lui; celui-ci venoit de quitter du Sart Ie 6 Odobre )7O4,lorfqu'une demi-heupe apr�s il retourna pour Ie voir, il Ie trouve mort dans fon lit, il mourut auffi lui-m�me dans Ie jour. On les enterra enfemble dans la m�me Eglife. Du Sart efl un fort bon Peintre. Ses compo-
fitions ont un peu plus de noblefle que celles de fon Maitre: ce font des F�tes flamandes , des Chymiftes dans leurs Laboratoires, des Bu- vc-ttes,
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Flamands, Allemands &■ Hollandois. 7 5
vettes, des Jeux, &c., o� il regne plus d'efprit ^T
que dans celle i�Oftade, mais il eft au-deflbus .. de lui comme Peintre. La couleur de du San tient de 1'Ecole o� il avoit appris. Ses Fleurs font auffi eitim�es que fes jolis Deffeins au crayon & a 1'encre de la Chine, & d'autres colori�s. Voici des Tableaux de lui bien connus. A Rouen, chez M. Ribard, N�gociant &
ancien Juge-Conful, deux Tableaux : 1'un re- pr�fente l'int�rieur d'une Maifon o� 1'on diftri- bue des Galettes aux enfans; 1'autre elt une Danfe a la Guinguette. Chez M. Lormier, a la Haye , un aflembl�e
de Villageois , & une autre dans une[Chambre. Et chez M. vander Linden, van Slingelandt,
a Dort, un Tableau o� un Payfan joue du Violon , un autre 1'accompagne au fon des Pin- cettes, une Femme chante tenant un enfant fur fes genoux : Ie fond eft une Chambre. |
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JEAN VANDER MEER,
�LEFE DE NICOLAS BERGHEM.
TEan vander M�EReft n� versletemps
* de du Sart. L'ann�e & Ie lieu nous font in- connus. Il �toit fils d'im Peintre de Payfage qui lui enfeigna fon Art: la mort l'enleva lorfqu'il ne faifoit que commencer; il entra dans la bonne Ecole de Nicolas Berghem. Au milieu d'un nom- bre d'Eleves, vander M��r voulut fe diftinguer; c'�toit d�ja r�uffir que de Ie youloir comme il Ie
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ij 6 La Vie des Peinlret
,, Ie vouloit; auffi joignoit-il tin travail opiniarre
^' a de grandes difpofitions: il �toit toujours oc- cup� de fon Art, & il apprenoit de fon Maitre a voir la nature , a la fuivre par-tout, a la fur- prendre a chaque inftant, ayant toujours pour guide la fagacit� & la r�flexion. Ce fut apr�s plufieurs ann�es de travail & de bonnes le- c,ons, qu'il fut regarde lui-m�me comme un Maitre ; il �poufa la foeur de du Sart. Il peignit de jolis Payfages avec des Figures & des Ani- maux qui ont �t� vendus cher de fon temps. On 1'accufe d'inconduite & decrapule ; il eft certain qu'il mourut a Harlem, pauvre: on affure que fa Femme fit faire un enterrement magnif�que , o� elle avoit fait inviter fes parens , & que pendant quel'on portoitle corps a TEglife, elle fe retira avec les meilleurs efFets du mort: au retour de 1'enterrement, on trouva la maifonvuide, les parens furent oblig�s de payer tout; ce fut par cette ridicule friponnerie qu'elle pretendit hono- rer la m�moire de fon Man. Vander M��r eft eftimable dans la pl�part de fesTableaux; quel- ques-uns font faits fi vite, qu'on a de la peine a y reconnoitre Ie m�me Peintre: nous ne Ie ci- tons que pour fes bons Tableaux, qui font bien inf�rieurs a ceux de fon Maitre, mais qui m�- ritent une place dans les Cabinets. On recherche fes Deffeins, fans qu'ils foient du premier m�rite, & on les trouve en aflez grand nombre en Hol- lande. M. van Bremen, a la Haye, poffede de ce
Peintre une vue duRhin: c'eftun bon Tableau. |
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CORNILLE
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Flamands, Allemands & Hollandois.
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CORNILLE VERELST.
NO U s croyons que Cornille Verelft eft Ie
Frere de Simon Verelft, & peut-�tre fon Eleve. Il peignoit aufli des Fleurs & des Fruits, qui furent recherches en Angleterre, o� il a paffe fa vie, & o� nous Ie croyons mort; voila tout ce que nous avons appris de ce Peintre, dont les Ouvrages nous font inconnus. |
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GEORGES
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GEORGES-PHILIPPE
RUGENDAS.
UgendaS, n� Ie 27 Novembre
1666, dans la ville d'Angsbonrg, eut pour pere un Horloger tr�s- diftingu�. Ce Pere avoit d'abord envie d'�lever fon Fils dans fon Art: mais voyant que 1'inclination de fon F�s n'y �toit point portee , & qu'il n'avoit du gout que pour Ie deffein , il eut la fageffe de feconder les intentions de la nature, en lui chsnnantdes Maitres enDeffein & en Gravure. Rugendas ayant �t�inconimod� de la main droite & hors d'�tat de manier Ie burin , il fe borna au
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La Vie des Peintres , &c. 79
au crayon & au pinceau, qui font plus faciles ~TT
a conduite. "* Notre jeune Eleve fut conf�� a Ifaac Fifches,
Peintre d'Hiftoire eftim�. Cinq ann�es de lecon fous ce Maitre fuffirent pour d�cider fes talens au point. de pouvoir compofer & choifir Ie genre auquella nature 1'avoit deftin�. Il devint Peintre de Batailles. Fifches, qui aimoit fon Eleve, fit des efForts pour 1'avancer : il lui procura des Tableaux du Bourguignon, de Lembke, & des Eftampes de Tempefte qui venoient de paroitre. C'�toit pour Ie g�nie de Rugendas une nourri- ture dont il �toit avide, il les copioit, il les deffinoit la nuk, il r�fl�chiflbit fur chaque partie avec eet efprit d'�mulati�n qui. eft Ie germe des grands talens. Rugendas �toit au comble de fon bonheur,
il avoit des guides pour Ie conduire fur les pas de la nature, & des Prote&eurs pour 1'encoura- ger,lorfque fa main droite lui manqua tout- d'un-coup au point qu'il ne put s'en fervir. C'auroit �t� un coup mortel pour tout autre que lui; mais de quoi n'eftpas capable une vocation d�cid�e pour les Arts ? Il aflervit en pen de temps fa gauche a fa profef��on, & elle lui rendit la m�me feryice que fa droite: efpece de prodige que nous avons vu fe renouveller dans rilluftre Jouvenet. Cet accident ainfi r�par� en partie, notre jeu-
ne Peintre voulut voir d'autres Maitres, d'au- tres modeles pour s'inftruire; il obtint la per- miffion de fes parens avec peine, & partit pour Vienne; il refta deux ans dans cette Ville, o�. il s'acquit un Protedeur en la perfonne de Hoff- mann,
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8� La Vie des Peintres
,., mann, Graveur de la Cour, en Pierres & en M�-
* ' dailles; mais apr�s avoir perdu quelque temps 1'u* ----- fage de fa main droite, quel bonheur pour lui de Ie
recouvrer! un os prefque rong� par la carie tom-
ba, & la plaie fe gu�rit d'elle-m�me , fans autre fecours que celui de la nature.Rugendas, au com- ble de fa joie, munide lettres de recommanda- tion (�Hoffmann , partit pour Venife Ie 13 Sep- rembre 1692. Le c�lebre Molinaro, Peintre d'Hifloire le prit en affe�ion, il lui donna des con- feils & des lecons. Pendant le temps qu'il �tu- dioit a Venife , il fit plufieurs Tableaux pour les Nobles Mardinelli &c Pergonj�: mais le defir de voir Rome 1'emporta fur ces diftin&ions flat- teufes , il quitta Venife le 27 O&obre 1693. A peine arriv� dans la Capitale d'Italie, il fe mit a tout deffiner, & fuivant les traces de ceux qui fe font rendus c�lebres dans les differentes manieres, en prenant Fefprit de 1'un & de 1'au- tre, il fe fortifia dans celle qu'il avoit puif�e dans fon propre g�nie. Il ne put �chapper a la Bande acad�mique qui le perf�cutoit, & il ne fe d�barrafla d'eux qu'en fe faifant infcrire, il fut nomm� Schild, en Francois, Bouclier, comme Peintre de Batailles; il dut ce nom a la figure qu'il employoitordinairement dans fes Tableaux. On voyoit par-tout Rugendas deffiner tout, & ne faire autre chofe: on ne connoit de lui que deux Tableaux peints pendant fon f�jour a Rome, 1'un pour Charles de Vogler, & 1'autre pour M. Richter, Gouverneur d'un jeune Sei- gneur. La mort de fon pere lui fit quitter Rome;
les befoins de fa mere 1'appellerent pres d'elle: |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 81
il arriva a Augsbourg au mois de Juin 1695. Ses anciens Amis & fes Prote&eurs Ie recurent avec la plus grande joie , & lui firent des eom- plimens fur les Ouvrages qu'ils avoient recus de lui pendant fon abfence : on lui en comman- da de nouveaux & en fi grand nombre qu'il fe d�termina a fe fixer dans ia Patrie. Il fe maria au mois de Mars en 1697, avec
Anne-Barbe Haidt. Il n'eut de ce mariage qu'une fortune m�diocre , mais fes vertus lui tenoient lieu de tout bien. Il eut Ie d�fagr�ment de fe voir fans ouvrage, lorfque (es amis fe furent fournis de fes Tableaux qu'ils avoient pay�s rai- fonnablement: les autres Amateurs crurent Ie forcer a en diminuer Ie prix; ils fe liguerent de facon qu'ils auroient r�ufli, s'il n'avoit pas trouv� dans fon g�nie des reflburces pour �chap- per a leur artifice. En 1699, on vit paroitre des Eftampes qu'il venoit de graver d'apr�s fes com- positions. Les Cavaliers d�di�s a fon ami Hoff- mann, & quatre Efcarmouches plus grandes font les premi�res gravures en maniere noire de notre Artifte. Il grava auffi quelques Thefes. Ayant a peindrela Bataille de Nerva o� Char-
les XII combattit contre Pierre Ie Grand, il abandonna la gravure. Mais Ie Si�ge , Ie Bom- bardement , la Prife & Ie Pillage d'Augsbourg 1'expoferent aux plus grands dangers. Plus occu- p� de 1'�tude & de la gloire de fon Art que du foin de fa fortune & de fa vie , il ofa voir de pres ce qu'il n'avoit encore vu qu'en idee; on Ie vit s'�chapper plulieurs fois de la Ville pour confid�rer a loifir les effets des boulets & des bombes, les attaques de llnfanterie & de la Tome IV. F Cavalerie,
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82 La Vis des Peintres
j666 Cavalerie, toutes les horreurs d'un Aflaut; les
' defliner de fang froid au milieu du carnage, & en rapporter les deffeins ex�cut�s avec autant de v�rit� que de g�nie. A mefure qu'il finiffoit fes Tableaux, ils �toient enlev�s, jamais ex�cu- tion ne fut plus prompte; malgr� tant d'obfta- cles, la maifon fut tout-d'un-coup remplie de Tableaux. M.MUlers d'Augsbourg enacheta cin- quante, qu'il porta a Paris. Un Marchand d'Eftampes fort riche qui fe
nommoit J�remie �^oZ/Jdemeurant a Augsbourg, fe d�clara en faveur des Arts; il exhorta plu- fieurs perfonnes de confid�ration de folliciter avec lui les Magiftrats, afin d'obtenir T�tabliffe- tnent folide d'une Ecole publique de Deffein; 1'Ecole fut �tablie en 1710, & Rugendas en fut nomm� Directeur. Ce fut a peu pres dans ce temps que 1'on de-
manda a ce Peintre la repr�fentation de la prife du G�n�ral Steinbock., par les Troupes de Saxe & de Ruffi�, auxiliaires du Roi de Danemark. Il refufa de Ie faire, fous les pr�textes les plus honn�tes ; mais on infifta , & fa familie avide du grand prix qu'on lui propofoit, aida fort a Ie d�terminer. Il entrepritce grand Tableau qu'il n'acheva qu'en verfant des larmes. Il a regrette toute fa vie de 1'avoir fait, tant il �toit attach� a la Couronne de Suede, & fur-tout a la per- fonneduRoi. Rugendas ayant �t� occup� par plufieursPrin-
ces & Grands de TEurope , auroit tir� un profit coniid�rable de fes Tableaux, fi la prife d'Augs- bourg par les Francois & les Bavarois ne lui e�t fait perdre Ie fruit de fon travail & de fon economie,
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Flamands, Allemands & Hollandois. 83
economie. Une familie nombreufe ne lui permit '
pas non-plus d'attendre les occafions de vendre 1666.
des Ouvrages faits, qui n'�toint point de com- ^s* mande , il fe mit encore une fois a graver en maniere noire, efp�rant que ce genre feroit plus lucratif. Il repr�fenta des Maneges, des Atta- ques, des Si�ges, &c. il pouffa Ie nombre de fes Planches fort loin : mais comme il falloit, pour augmenter Ie d�bit, tous les jours du nou- veau ; il entreprit de graver des Thefes, aide par deux de fes fils, il ne fit autre chofe de- puis 1719 jufqucen 173 5. Il fcut ainfi entrete- nir honorablement fa familie & fuffire aux d�- penfes que lui canferent quelques-uns de (es en- fansparleurinconduite.En I73$,s'�tantappercu quefesforces diminuoient, il reprit la palette , dont Ie mauvais fucc�s Ie d�fefp�ra d'abord ; mais ayant effay� de nouveau, il appella fes enfans, & tranfport� de joie, il leur dit, je n'ai rien oubli� ,jefuis encore Pe�ntre. Il fit ufage du pinceau jufqu'au dernier moment. Plufieurs atta- ques d'apopl�xie annoncerent fa fin, qui arriva Ie 10 Mai 1742., apr�s quatre jours de ma- ladie. Rugendasafolff�apv�s lui lar�putationd'hom-
me de bien, d'ami fincere & conftant; il par- loit de fon Art avec efprit & jugement» Son amour pour 1'�tude lui fit abandonner la compagnie des Grands dont il �toit recherche; la folitude Ie rendoit a lui-m�me ; il fe d�laffoit avec queb ques amis, fans s'embarrafler de 1'�pithete d'hom- me fingulier, qu'on lui donnoit injuflement, s'il eft vrai qu'on prit une pareille fingularit� pour un d�faut. F 2 Nous
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84 La Vie des Peintres
Nous ne dirons rien de la Gravure, (es Ta-
bleaiix nous occuperont davantage. Son Deffein eft ferme & correft, il m�rite un rang honora- ble parmi les Peintres de Batailles : g�nie abon- dant & cependant f�vere , il ne fe permettoit de peindre que ce qu'il avoit vu dans la nature, dont rien ne lui �chappoit. Il regne un ordre dans fes plans , une vapeur qui d�grade les diftances, les difpolitions font r�fl�chies, & fouvent fa cou- leur eft tr�s-bonne. Tout ce qu'il a fait eft de peu de travail & d�cele une grande facilit�. Il avoitrang� lui-m�me fes Ouvragesen trois claf- fes: mes premiers Tableaux , difoit-il , f�dui- fent par la couleur & les touches de gout; Ie deffein en eft m�diocre : dans Ie fecond age, je me fuis attach� a la nature, jai n�glig� la couleur. Le troifieme & Ie dernier temps, je me fuis livr�a la jufteffe des expreffions , des pofi- tions &des mouvemens vifs& paflagers. Cette chaleur eft r�pandue dans la couleur m�me. Tout cequ'ila peint depuis 1709 jufqu'en I7i6,eft du dernier & bon temps : comme ce Peintre tenoit un Regiftre exaft des Ouvrages qu'il fai- foit pendant 1'ann�e, du prix & des noms de ceux a qui il les vendoit, nous allons en rappor- �n ter une partie. 1702. Deux Tableaux pour le Marquis de Brie ,
Envoy� de la Cour deTurin a celle de Vienne. 170I. Deux grands Tableaux pour le m�me ; 1'un
repr�fente le Si�ge deLandau , & 1'autre le Fort de Kehl. 1705. Deux autres pour le Prince de Lichtenftein;
un pour le Colonel de Slnncr, plufieurs autres pour le m�me. Une |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 85
Une Bataille pour M. R.ichtery a Prague, une
pour M. TUI, Joaillier de la Cour de Virtem- berg, a Stutgard; une pour Ie Comte Francois- Emmeric de Trautmanffdorf. Quatre grands Tableaux pour l'EIe&eur de 1708.
Mayence ; quatre a utres pour Ie m�me en 1710. Un pour M. Mayer,k Vienne, & plusieurs 1709.
pour M. Steiner a "NVinterrhur. Un Tableau pour M. Grille, a Amfterdam.
Un autre pour Ie Margrave �Anfpach; un
pour Ie Prince de Lobkovvh\ & un pour Ie Baron de Widemann. Une BataiMe pour Ie Comte de Deiring. 1712.
Deux grands Tableaux pour Ie Duc Antoine- I7I^
Vlric de Wolffembuttel ;,en 1715 deuxautres de m�me pour ce Prince, qui honora Rugendas de fa bienveillance 3 lui rendit des vifites , & lui commanda plufieurs Tableaux de m�rae grandeur. Un Tableau pour M. Hoffmann , a Lyon ; 1714.
un pour Ie Baron de Knorr, Envoy� d� Duc de Brunfvvic Lunebourg. Un pour Ie Comte de Hat^feld. i-rrj c.
Deux tr�s-grands Tableaux pour Ie Roi de 1-716.
Danemarck: 1'un repr�fente Ie Si�ge de la Ville & Forterefle de Stralfund; Tautre , la reddition de cette Forterefle. On trouve beaucoup d'Ouvrages de ce Peintre
a la Cour de Suede. A Rouen , dans Ie Cabinet de M. Brochant,
Auditeur en la Chambre des Comptes de Paris, on voit deux Tableaux, 1'un eft un Tr�sorier des Troupes, qui paie une Armee qui d�file F 3 devant
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86 . La Vie des Peintres
devant lui au fortir d'une Ville. L'autre est une
Ville au-dehors, dont on fait Ie Si�ge. On compte trente-huit planches grav�es a
leau-forte de fa main, & quatre-vingt de diff�- rentes grandeurs en maniere noire. Cinquante autres d'apr�s lui, grav�es par
Friederich ; Bodenehr, Engelbrecht & Corvinusy tous Graveurs d'Augsbourg, |
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OTMAR ELLIGER,
�LEVE DELA1RESSE.
OTMAR ElliGER naquit a Hambourg
Ie 16 E�vrier 1666, Fils d'unPeintrehabile qui �toit de ja Cour de FEle�eur de Brande- bourg , Sc dont nous avons fait mention. Il apprit de fon Pere les premiers �l�mens de la Pein- ture; dela il fut a Amfterdam chez Mrchel van MuJJcher. Mais frap� de la beaut� des Ouvrages de Laireffe, il parvint a entrer dans fon Ecole: ce fut en 1686. On ne peut �tre plus exad que Ie fut l'EIeve a fuivre les lecons de fon Maitre, foit en copiant fes Ouvrages & ceux des autres , foit en copiant la nature. L'efpritdu jeunePein- tre int�reffa LaireJJe: une annce de fes lecons ]e mit en �tat de compofer librement, fans fuivre d'autre modele que la nature , & fans avoir en vue la maniere de perfonne ; la fienne eft grande & noble, fes fonds d'une belle Ar- chite�ure : on y retrouve les reftes pr�cieux des Egyptiens , des Grecs & des Romains. Si la fcene
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Flamands, Allemands & Hollandois. 87
fcene de fa compoiition devoit �tre repr�ient�e
dans une de ces Contr�es , il introduisoit enco re des bas-reliefs relativement au temps: c'�toit un homme de g�nie & nn homme d'efprit, fes Tableaux int�ressent Ie Peintre & Ie Scavant. \\ peignit a Amfterdam plufieurs plafonts 8c
de grands fujets pour orner des Salons publics & des Appartemens. L'Ele&eur de Mayence prit tant de plaifir a la vue de fes Ouvrages , qu'il lui cornmandadeux tr�s-grands Tableaux; 1'un repr�fentoitla Mortd'Alexandre, 1'autre les N�ces de Th�tis & de P�l�e; on vante ces deux compoiitions nombreufes & d'une belle ex�cu- tion. L'Ele&eur fut fi fatisfait, qu'il paya 1'Ar- tifte , & lui fit en outre un riche pr�fent, il Ie nomma fon premier Peintre : titre (\\iElliger refufa ainfi que la penfion qui y �toit attach�e, pr�f�rant la libert� a un honorable efclavage; il retourna chez lui. La Typographie fut orn�e de compoiitions ing�nieufes de ia main , mais il en fut fi occup�, qu'il ne lui refta plus de temps pour peindre de grands Ouvrages ; il fit des Tableaux en petit, �galement dignes d'�tre places dans les Cabinets : on vante encore de ce bon Artifte Ie Feftin des Dieux, grand Tableau qui fuffit pour Timmortalifer. Mais eet homme ii aimable & fi eftim� tom-
ba bient�t dans la crapule & Ie m�pris. Ses Ou- vrages ne reffemblent plus a fon premier temps; mani�r�s de mauvaife couleur , & prefque tou» m�diocres, ils nous apprennentque Ie g�nie ne peut fe foutenir avec la d�bauche. Il eft mort a 1'age de foixante-fix ans , Ie 14 Novembre 1732. On voit dans Ie Cabinet de M. Half- F 4 WaJJenaer%
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88 La Vie des Peintres r
sss Waffenaer, a la Haye, un beau Tableau d'El-
x liger repr�fentant Alexandre mourant. |
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ALBERT VAN SPIERS,
� L E V E
DE GUILLAUME VAN 1NGEN.
ALbert van Spiers naquit a Amfter-
dam en 1666. Il �toit un des bons Eleves de van Ingen, & d�ja habile , lorfqu'il prit la route de Rome, bien d�termin� a s'y former d'apr�s Ie beau ; Raphael, Jules Romain & Ie JDominicain, ont �t� les Maitres qu'il a �tudi�s avec la plus grande application: ceux qu'il ne put copier en Peinture furent deffin�s avec cette corre�bion qui marque Ie gout & Ie deur de profiter de tour. Il ne put �chapper a la Bande acad�mique qui Ie re5ut & Ie nomina Pyramider parce qu'il �toit grand ik maigre. Il quitta Rome pour aller �tudier la couleur
a Venife. Paul Verpne^e fut encore Ie Maitre qui flatta fon gout; il �pia dans FEcole de Carlo Lothl la marche de eet Artifte, qui �toit pour lors dans Ie fort de fa r�putation; tous ceux qui �toient dans ce temps a Venife, convinrent que Spiers �toit tr�s-propre a faire honneur a fon Pays: il y retourna en 1697. Amfterdam lui fournit de grands Ouvrages ;
des Plafonds , des Appartemens furent entiere- ment d�cor�s de fa main. Sa fortune & fa r�- putation |
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Flamands, Allemands & Hollandots. 89
putation 1'exciterent a redoubler fon affiduit�; mais il fe ruina tellement la fant�, qu'il mourut d'une maladiede langueuren 1718, ag� decin- quante-deux ans. Le m�rite de eet Arrifte eft tr�s-vant� par fes
Confr�res; il avoit de 1'imagination, de la correftion , & la bonne facon de ne jamais nc- gliger la nature, qui fut toujours fon premier modele. Il ne quitta pas non plus la marche des Maitres d'Italie, d'apr�s lefquels il s'�toit form�: de maniere cependant qu'en fuivant toujours fon g�nie , il ne les imitoit que quand ils imitoient la nature. |
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JURIAEN
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JURIAEN POOL.
Uriaen PoOLnaquit a Amfter-
dam en 1666, il avoit �pouf� �a* chelRuifch,{i c�lebre dans laPein- ture. Poo/peignoitbienlePortraiti il avoit joui des bienfaits de 1'Elec- teur Palatin, qui aimoit les Ouvra- ges de fa Femme & les fiens. Apr�s la mort de 1'Ele�eur, fon attachement a ce Prince lui fit quitter la Peinture qu'il av�it tant aim�e, & par laquelle il s'�toit fait un nom: il s'occupa depuis du commerce des Dentelles, au grand regret des Amateurs, & fans qu'il ait �t� pofli- ble de f5avoir la raifon de ce changement. Il eft mort a lage de quatre-vingt ans? en 1745. N. VAN
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La Vie des Peintrcs, &c. 91]
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N. VAN SCHOOR.
VAn Schoor naquit a Anvers vers 1'an
1666. Il deffinoit bien , il compofoit avec g�nie & facilit� , & il colorioit agr�ablement. Cet Artifte �toit fort occup� a faire des mode- les pour les TapifTeries de la Ma nufaft ure d'An- vers , & pour celle de Bmxelles, II peignoit encore des Nymphes, des G�nies & des Jeux d'Enfans pour Morel, Peintre de Fleurs, & pour Rysbrack , Payfagifte. Il f<jut r�pandre tant de grace dans fes figures, qu'elles furent fingulie- rement recherch�es : ce Peintre a beaucoup travaill� pour la Flandre & pour Ie Brabant. On affure qu'il eft mort riche , c'eft tout ce qu'on nous apprend de lui. |
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N. E D E M A.
CDema, que Ton croit n� dans la Province
■"-1 de Frife , eft un Payfagifte eftim�. Il paffe a Surinam pour y copier les Infe&es & les Plan- tes: ce genre lui ayant peut-�tre paru trop bor- n�, il 1'abandonna pour deffiner des Vues, des Arbres, &c. Il parcourut enfuite les Colonies Angloifes dans rAm�rique, o� il deflina tout, il y peignit m�me quelques Tableaux qu'il rap- porta a Londres. Tout ce qui fortoit de fa main �toit bien colori� & touche avec efprit. Ses Tableaux
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g» La Vie des Peintres
" Tableaux avoient, aux yeux des Anglois, Ie
1606. m�rite de leur repr�fenter des Vues d'un Con- tinent qui les int�reflbit. Edema prof�ta de cette vogue. Il fero�t mort plus riche, & il aursit peut-�tre v�cu plus long-temps, s'il avoit �t� plus fobre; mais on nous affure qu'il aimoit trop Ie vin. |
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HENRI HERREGOUTS.
HErregouts naquit a Malines vers 1'an
1666. Le Maitre de eet Artifte nous eft inconnu, mais il �toit n� Peintre & plein de g�nie: les exemples des grands Maitres , & 1'�tude de la nature le formerent tellement, que fon nom pafla dans toutes les Villes de la Flan- dre , celles d'Anvers, Liere } Louvain, Bru- ges,&c. occuperent tour-a-tour fon pinceau; il quitta Malines, & fut demeurer a Anvers o� il augmenta le nombre des bons Artiftes. Il y eft mort, fans que 1'on fcache en quelle ann�e: il a laiff� un Fils qui a fuivi de pres les talens de fon Per e. Herregouts, appell� le Vieux, avoit une
grande & belle maniere, il compofoit avec g�nie & avec efprit, il deflinoit bien & colo- rioit de m�me ; fes idees font nobles, fes �- gures ont de 1'expreflion & du cara�ere, (es draperies font bien pli�es & d'apr�s la nature. Ce Peintre avoit acquis une grande facilit�, la touche de fon pinceau eft ferme & tr�s-large. Voici quelques Ouvrages qui nous font connus
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Flamands, Allemands & Hollandois. 9 3
connus bien plus que les particularit�s de fa **■�
vie. 1066. Dans la Chapelle des Tonneliers de 1'Eglife -�-~
de Notre-Dame d'Anvers, Ie Martyre de Saint Matthieu, Patron de cette Communaut�. Dans 1'Eglife des Jefuites a Anvers, il a re-
pr�fent� Saint Franc, oisXa vier, qui met en fuite 1'Arm�e des Idolatres, en leur pr�fentant un Crucifix. Aux Carmes, des Payfages, par Lu*- cas Francois , & d'autres par Herregouts: des Payfages par AJJelin , o� il a peint les fi- gures. A Bruges, dans 1'Eglife de Notre-Dame ,
Saint Tryon, Tableau d'Autel. Dans 1'Eglife Paroifliale de Sainte Anne,
au-deffus de la porre de 1'Eglife , eft un des plus grands Tableaux connus; il repr�fente Ie dernier Jugement. Les Figures fout deux fois plus grandes que nature. On n'y peut rien d�- firer pour la compolition & Ie deflein, c'eft 1'Ouvrage d'un homme de g�uie & d'un bon Peintre ; il auroit pu voiler davantage Ie nud, & on lui en auroit feu bon gr�. Dans 1'Eglife des Jacobins, on voit Saint Do-
minique en Priere, & 1'Apparition de notre Seigneur en Croix. Dans 1'Eglife de 1'H�pital de la Madeleine,
la R�furre�ion de notre Seigneur , Tableau du grand Autel j la Madeleine P�nitente, autre Tableau d'Autel ; & notre Seigneur au tom- beau, a c�t� du grand Autel. Voici quelques Tableaux d''Herregouts Ie Filr,
places dans Bruges. ( Dans 1'Eglife Paroiffiale de Sainte Anne,
Ie
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P�mtres, &t.
Ie Tableau du maitre Autel repr�fentant te.
Vierge dans la Gloire. Aux Carraes chaufles, une affembl�e de Car-
dinaux & d'Ev�ques , devant lefqiiels un Saint de 1'ordre de ces Religieui pr�che. Aux Carmes d�chauff�s, la Pr�fentation au
Temple: Ie Tableau du maitre Autel repj^�fem te la Vierge, & d'autres Saints & Saintes qui prient Dien de ne point d�truire Ie monde. |
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JEAN
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JEAN KUPETZKY,
�LEVE DE CLAUS.
IE cara&ere dejean Kupetqki fut ��
Iauffi fingulier que fes talens, 8r 1667. Ifes avantures auffi m�l�es de prof- ^ssss» I p�rit�s & de difgraces que fes pro- Idu&ions furent in�gales en m�rite & enfucc�s. Jean Kupetfki, originaire de Boh�me, na- quit en 1667 a Porfine, fur les frontieres de la Hongrie, d'une familie obfcure qui ne put lui donner une �ducation proportionnee a fon g�nie; fon Pere Ie forca a faire fon m�tier de Tifferand, qu'il fit effe�ivement avec un d�- go�t
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96 La Vie des Peintres
gout invincible jufqu'a l'age de quinze ans. Alors
' d�termin� a tout ce qui pouvoit lui arriver de plus facheux, il aima mieux quitter la maifon de fon Pere que de continuer fon m�tier. Le jeune homme qui avoit horreur d'�tre Tiffe- rand, n'en eut pas de demander 1'aum�ne. Lorf- qu'il alloit de porte en porre expofer fa mifere, le hazard le conduifit au Chateau du Comte de C^obor, o� �toit un Peintre de Lucerne, appell� Claus. Kupet^kicon�d�ratoutavecfaplus grande attention, & fans penfer qu'on 1'examinoit, il prit un charbon & deffina furla muraille quelquesor- nemens avec tant d'exa�itude & de feu, qu'il furprit le Comte & le Peintre. Le premier lui de- manda le nom de fon Maitre ? Je n'en ai point eu d'autre, dit-il, que moi & mon gout pour la Pein- ture. Le Comte le mit fous la conduite de Claus, & lorfque celui-ci eut fini (es Ouvrages au Cha- teau , le Comte lui donna g�n�reufement cent �cus pour 1'inftru�ion de 1'Eleve qui fiiivit fon Maitre a Vienne , & qui lui fut d un grand fe- cours pour fes Ouvrages. Pendant fes heures de repos il copia aufli les Tableaux de Carlo Lothi, donr il a toujours aim� la maniere. Cotn- bien de jeunes gens , dont la mifere �touffe le g�nie , & qui feroient devenus de grands hom- mes , fi on eut cherch� a les d�couvrir! Mais fa vocation pour la Peinture devoit�tre
encore �prouv�e. Il quitta Vienne & fon Maitre apr�s trois ann�es d'�tude, dont il he tira d'au- tre avantage que trois Copies qu'il avoit faites d'apr�s Lothi, & une Lettre de recommanda- tion pour le Chevalier L�bri , a Venife ; mais ce Seigneur nelui rendit aucunfervice. Ses Ou vrages
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Flamands, Allemands & Hollandois. 97
vrages n'eurent aucun fucc�s, il eut beau les
produire dans toutes les Villes d'ltalie & dans ' 7' Rome m�me, perfonne ne vouloit employer -----
fon pinceau: la mifere & la faim Ie fuivoient
par-tont. Etant entre dans une Auberge pour de- mander rAum�ne, un Peintre SuifTe appel� FueJJU, ayant apprisde lui l'�tat d�plorable o�il �toit reduit malgr� fes talens , eut compaffion de fon confr�re, Ie conduifit chez un Artifte qui Ie refufa: ma�s �tant place chez unautre, il fe crut Ie plus heureux & Ie plus riche de tous les hom- mes , pnifqu'il avoit de quoi vivre : fon Maitrene lui demandoit que de la promptitude. Il acheva dans un feul jour neuf t�tes de Papes a un demi- �cu la piece. La nature accorde des talens, mais la fortune n'y attach� pas toujours des ri- cheffes. 11 fe fit des amis , & il perfe�ionna fes talens , en fuivant les Acad�mies & en puifant Ie fublimedans les Chefs-d'ceuvres du grand Ra- pha�l.Agricola,Blendinger,Dam,Beich,FueJJIi, Eichler, &c., auxquels il s'attacha particuliere- ment, furent furpris de fes progr�s; fa fortune & fa r�putation augmentoient de jour en jour , lorsqu'une maladie dangereufe Ie mit au bord du tombeau; Ie M�decin de 1'Ambaffadeur Ten- gagea d'aller fe r�tablir a Frefcati. Quelques perfonnes de diftin�ion fe f�rent
peindre par lui, & fes Portraits flrent tant de plaifir, que tous lui confeillercnt de travailler pour Ie Public & pour fon propre compte , fans fe lier a un Marchand qui, en profitant beaucoup fur fes Ouvrages, Ie preffoit trop & lui �toit Ie temps de parvenir a la perfe&ion. Il compofa quelques Tableaux d'Hiftoire;
Tome. IV. G fes
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g8 La F~ie des Peintres
~~Z (es r�flexions d'apr�s les Ouvrages des grands
'' Maitres & d'apr�s la nature lui ont indiqu� la
' bonne maniere: il revint cependant toujours
a celle de Lothi. Ses Tableaux lui furent enlev�s
par un Marchand, qui f<jut les vendre a grand
prix, fans nommer 1'Auteur, qu'il difoit �tran-
ger. Le Prince Stan�jlas Sobieski, pour lors a
Rome , acheta tous ceux que le Marchand lui
apporta, fans pouvoir d�couvrir celui qui les
avoit faits , quelque recherche qu'il f�t.
Jufqu'alors Kupet^ki hors d'�tat der�compen-
fer un M�decin qui 1'avoit enlev� a la mort, avoit cru ne pouvoir mieux faire que de lui donner un Tableau qui avoit paru lui faire plai- fir; il repr�fentoit un pauvre Vieillard & un jeune Enfant peint d'apr�s nature avec beaucoup de v�rit� : le M�decin en fit pr�fent a rAmbaffa- deur de 1'Empereur, qui le placa dans fon Ca- binet. Sobieski ne 1'eut pas plut�t vu , qu'il re- connut 1'Auteur qu'il cherchoit depuis long- temps , il le fit venir & 1'engagea a ne peindre que pour lui. Il commenca par le Portrait de ce Prince ; il fit pendant deux ans plufieurs Ou- vrages pour lui, qui furent toujours pay�s au- dela du prix fix�. Devenu riche par fes Ou- vrages & fes �pargnes, il voulut alors revoir le c�lebre Guide, dont il �toit le plus grand admirateur; il trouvoit 1'Ecole de Rome correc- te pour le deffein, mais inf�rieure pour la cou- leur. Son gout a eet �gard fut un sur garant de fon g�nie, auffi le coloris fut-il fa perfe&ion do- minante , & pour laquelle la nature 1'avoit fait naitre. Il alla a Bologne copier & �pier le Guide
dans
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Flamands , Allemands & Hollandois. 99
dans fa couleur, dans la touche & dans toutes ,,
les autres parties que ce Peintre avoit prefque '' r�unies en lui feul. Il vifita Florence & Man- ' toue o� il copia auffi Ie Co rre ge ; & enfin arriv� a Venife, Ie Titien acheva de lerendie Ie plus grand Colorifte de fon temps. Les Portraits de Kupet^ki fmentpr�f�r�s a ceux du Peintre Pom- pelly : Ie premier avoit une excellente couleur, un pinceau plus large & une touche plus fpiri- iuelle. Lorfqu'il fut bien connu, {es Tableaux n'eurent plus de prix, les Princes fe les enle- verent les uns aux autres. Celui de Meklenbourg voulut fe 1'attacher; d'un autre c�t� Ie Prince Adam de Lichtenflein, qui aimoit paffionn�ment laPeinture, & qui payoitdespenfionsades Artif- tes pour s'inftruire, engagea Ie n�tre a 1 aller trou* ver a Vienne, Ville digne d'occup�r fes talens. Il quitta 1'Italie apr�s vingt-deux ans de f�jour & d'�tude ; il fut recu a Vienne chez Ie Baron de Schotenflein, au FauxbourgL�opold; il fit lePor- trait de ce Seigneur & de fa Familie* Ce Ta- bleau fut recu avec rapplaudiffement de toute la Ville, il fut regarde comme bien fup�rieur a Stampan, Donauer & van Schappen, qui �toient des hommes de m�rite. Le Prince de Lichtenftein vifita Kupet^ki, &
lui dit, vene\ demeurer dans mort Fa/ais, vous paffere^ agr�ablement vos jours au milieu des chef-doeuvres des grands Maitres dontvous [ere\ entour�. Son amour pour la libert�luifltrefufer ces offres honorables;mais il futfi vivementfolli- cit� qu'ilpaffa dans Tappartementquilui �toitde- ftin� auPalais du Prince , qui fit faire fon Portrait jufqu'aux genoux. Ce Tableau , vant� a la G 2 Cour,
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loo La Vie des P e in tres
- Cour , plut beaucoup a 1'Empereur & a rim-
1667. p�ratrice.
' J�' Le defir de revoir fon pere apr�s une � lon-
gue abfence , auroit pr�cipit� fon d�part, s'il n'e�r appris fa mort , dont il fut extr�mement touche : ma�s ce qui le confola un peu, ce fut d'apprendre que fon Pere lui avoit pardonn�, avant de mourir , fa fuite & fa premiere pro- feflion de Mendiant; il apprit auffi la mort d'un antre Pere, qui devoit lui �tre auffi cher que le premier, c'ctoit le Peintre Claus, fon Maitre, qui laiffa en mourant une Fille extr�mement jolie. Plein de reconnoiffance pour les bienfaits du Pere, il crut, en �poufant fa Fille, s'acquit- ter de ce qu'il lui devoit. Mais ce manage, dont il fe repentit toute fa vie, fut pour lui la caufe de beaucoup de peines: elle �toit Catholique , & il �toit Luth�rien z�l�; elle �toit jolie, il �toit jaloux; il �toit laborieux & fage, elle �toit prodigue & libertine: 1'inconduite de fa Femme fit fur fon ame une imprei��on d'autant plus pro- fonde, qu'il avoit l'efprit foible & fujet a des �garemens qui tenoient de la d�mence & fou- vent de la folie. La mort de 1'Empereur Jofeph, en 1711, &
Tavenement de Charles III, Roi d'Efpagne, qui vint prendre la Couronne Imp�riale, chan- gea tout dans cette Cour, except� 1'ame de Kupef{ki, qui, ne s'attachant a rien, �toit tou- jours libre. Cette efpece de r�volution n'en fit aucune dans fa fortune , il �toit tr�s-connu de rimp�ratrice, la plus belle Princeffede 1'Europe, qu'il avoit eu 1'honnenr de peindre. Il confer- va, fous le nouvel Empereur, le m�me rang qu'il avoit fous le precedent. En |
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Flamands, Allemands 6" Hollandois. i o i
En 1716, Ie Czar Pierre �tant arriv� a ~ Caarlsbad, vit quelques Tableaux de notre Pein- ?7* tre , qu'il admira; il ordonna auffi tot a fon Miniftre, r�fident a Vienne , de lui envoyer Kupet^ki, qui lc refufa. Notre Peintre, qui avoit peur de tout , craignoit la Cour, & fur-tout Ie Czar. Ce Prince s'adreffa a 1'Empereur m�me. 11 fallut partir fur Ie champ: on lui donna un cong� de fix mois avec une patente & Ie titre de Peintre du Cabinet de FEmpereur. Le Czar 1'attendoit avec impatience , on Ie
pr�vint fur les grimaces qu'il raifoit, & qui au- roient pu �tonner le timide Kupetqki. L'Empe- reur ne lui parut pas ii terrible , il s'entrete- noit fouvent avec le Peintre en langue Boh�- mienne , & s'en fit aimer au point que celui-ci avoua depuis qu'il avoit ferm pour ce grand Prince «ne admiration que perlonne ne lui avoit encore infpir�e , mais il ne put fe r�foudre a le fuivre. Sollicit�, quelques ann�es apr�s, d'aller a
Petersbourg, il y envoya Donauer , qui y fit une fortune brillante. Il ne put cependant finir tous les Ouvrages command�s pendant le f�jour du Czar a Caarlsbad. 11 fit venir Davld Hoyer, Peintre de Leipfick , qui lui fit fes copies & quelques habillemens..AT«^e�<[fcialla enfuite ache^ ver a Leipfick ce qu'il avoit entrepris; il y fut recu avec diftin�tion ; il y peignit encore les premiers du Pays : alors combl� de pr�fens & d'argentil retourna a Vienne , o� il mena Hoyer: il trouva fa Femme accouch�e d'un fils: il fut re9u par-tont avec joie; c.'aurok �t� une f�li- cit� pour lui, fi elle n'avoit �t� interrompue G 3 par
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102 La Vie des Peintres
~7Z par rinconduile de fa Femme qui avoit du pen-
' chant pourle libertinage: il lui tomba par hazard " des Lettres dans les mains �crites en Allemand: ne fcjachant point la langue, il les fitinterpr�ter par Hoyer: il y d�couvrit un commerce honteux de fa Femme avec 1'Agent d'une Cour �trangere qu'on ne nomme pas, qu'il avoit cru fon ami, & a qui il avoit, pendant fon f�jour a Caarls- bad, confl� fa Femme & fa maifon. Il d�fendit fa maifon a PAgent & a fa Femme, qni s'avoua coupable, demanda deux jours pour mettre ordre a (es affaires avant de fe f�parer. Le temps expir� , elle vint trouverfon Mari, & baign�e de larmes, le nouveau Teftament en main, elle lui fit des adieux tendres , lui recommanda fon fils , & le remercia de lui avoir ouvert les yeux fur la Religion , le priant de la faire inftruire clanslaLuth�rienne. Cette perfldie eut fon effet: notre Peintre, enthoufiafte ourr� , donna dans le pi�ge , tout fut pardonn�. L'Aum�nier de rAmbafTadeur de Danemarck fut charg� de Tinflrn�ion : on fut tranquille pendant quelque temps. Le cara&ere aimable & bienfaifant de 1'Im-
p�ratrice lui avoit acquis 1'amour de fes Sujets. Les premiers Seigneurs de la Cour de Vienne ayant fuppli� 1'lmp�ratrice de vouloir bien accor- der quelques momens au Peintre Kupei^ki pour leur procurer fon Portrait: il eut 1'honneur de peindre plufieurs fois cette aimable & bienfai- iante Princeffe. Un jour qu'il finiflbit fa t�te , 1'Empereur en fut fi fatisfait, qu'il lui dit, en lui frappant fur 1'�paule : Kupet^ki, vous fere/, notre Peintre; il y r�pondit par une profonde inclination.
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Flamands, uillemands & Hollandois. io3
inclination. De retour chez lui, il fit fermer (j. ., porte pour travailler plus tranqu�lement a ce j ]_ ^' Portrait; a peine �toit-il mont�, qu'on vintlui dire que Ie Comte �Althan demandoita lui par- Ier de la part de rEmpereur ; on Ie laiffa mon- ter avec peine: Je niefiime fort heureux , lui dit-il, Monj�eurj que l'Empereur malt ckaiji pr�f�rablement a toutautre, pour vous annoncer qullvousa nomm� fon premier Peintre,qu'd vous laijje le maitre defixer les conditions qui vous ferontles plus avantageufes. Voyant que Kupet^ki ne r�pondoit point, il crut que la joie pouvoit en �tre la caufe , & il lui dit: Que dois- je dlre de votre part d l'Empereur ? Sa r�ponfe fut: Votre Excellence diraqueje Ie remercietr�s- humblanent de cette grace, que je lui demande pardon de ne la pouvoir accepter,parce que je fuis entierement r�folu de ne d�pendre d'aucun homme ; lafeule faveurque je dejire d'obtenirde l'Empereur, c'efi qu�l daigne me prot�ger, ma femme & monfils dans notie Religion. Tout ce que put faire Ie Comte ne fit point changer Ku- petyki: ils fe quitterent. Le Comte m�content retourna a la Cour: l'Empereur, qui �toit avec Ie Prince Eugene , demanda la r�ponfe du Pein- tre ; elle fut fidelement rendue; le Monarque en colere , dit, Kupet^kl eil un habile Peintre, mais un fou. Cette avanturefe r�pandit par-tout, chacun
en parloit fuivant fa facon de penfer. �l fut blam� de tout le monde , except� du Prince Eugene, qui lui dit apr�s , en fe faifant peindre : » Tout fimple particulier que vous �tes, je vous » trouve plus heureux que ces pr�tendusGrands, G 4 » qui %
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La Vie des Peifitres
T7IZ" » q"i dans nne vie agit�e d'inqui�tudes , lont
i - » continuellernent expof�s aux attaques de 1'en- » vie. » Notre Artifte �prouva bient�t que les grands
talens y font auffi expof�s que les grandes pla- ces. Ses enncmis employerent contre lui Ie pr�- texte de la Religion, mais fans fruit. Un Peintre Luth�rien , quiaffe�toit d'�tre 1'ami de Kupet\ki, fit plus que les autres enfemble: il lui dit en confidence que l'on avoit Ie projet de l'enlever, fa femme & fon fils, pour Ie mettre a 1'Inqui- fition, que Ie Clerg� �toit offenf� de 1'infrruc- tion publique de fa femme dans la Religion Lu- th�rienne. Cette fauflet� fit fon effet: Kupef^ki, foible
& inquiet, crut ne trouver fa f�ret� que dans la fuite; il porta fes vues vers Nuremberg , ovi vivoit honorablement Ie Peintre Blendiger,qn'il avoit connu en Itali� ; il lui �crivit pour lui de- mander un logement honorable, & des amis contre la perf�cution ; Ie Magiftrat de la Ville en fut inform�, & on s'eftima heureux d'avoir un homme de fa r�putation ; a peine recut-il la r�ponfe , qu'il y envoya fon fils & fa femme , fous pr�texte d'un voyage a Caarlsbad , & lui m�me s'�vada comme nn criminel, fans que l'on fc�r dans Vienne la raifon de fa conduite , & fans pouvoir obtenir fon retour; fes envieux feuls en profiterent. Arriv� a Nuremberg chez Blendiger, les prin-
cipaux de la Ville lui firent des vifites fr�quen- tes. L'Eledeur de Mayence,le Duc de Gottha, Ie Margrave d'Anfpach & 1'Ev�que de Wurtz- bourg l'appel!erent a leurs Cours, mais il ne rena
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Flamands, Allemands & Hollandois. io5
refta aupr�s d'eux que Ie temps qui lui �toitn�- cei�kire pour faire leurs Portraits. Le Roi d'An- gieterre , pour lors a Hannovre , envoya un Seigneur aKupet^ki pour l'engagerd'aller aLon- dres: il le refufa, auffi-bien que la Reine de Da- nemarck qui 1'invita en 1733 , dans les termes les plus honorables ; il s'excufa fur ion age & la d�licateffe de fon temperament. La mort de ion Fils, arriv�e le 6 Novembre
1733 , mit le comble a fes malheurs: ce Fils unique �toit fa conlolation & tor.te fon efp�rance. Ag� de dix-fept ans,il fcavoit le Latin, le Grec, deffinoit & peignoit affez bicn pour faire efp�rer qu'il remplaceroit un jour fon pere : cinq 011 fix jours de tmladie Tenleverent. Kupet^ki fut dans un �tatd�fefp�rant, il ne voulut point permettre d'enterrer fon fils , quoique mort de la petite v�role: on craignit qu'il ne perdit Tefprit. Son Eleve& fon ami, M. Fueffli, en fit faire rentcr- rement en fecret ; le temps qui confole de tout auroitrendupeu-a-peuanotrePeintrefa tranquil- lit� ,lorfque fa Femme penfa le d�fefp�rer. Le Ba- ron de Stydtl, fon ami intime , qui connoiffoit cette Femme & fes intrigues, confeilla a Kupet^ki depayerle Pr�cepteurdefonFils, dele renvoyer & de faire un Teltament en regie : tout fut fait ainfi; mais cette Femme, qui ne pouvoit fe paffer du Pr�cepteur , & qui ne trouvoitpas affez fon int�r�t dans le Teftament, mena?a fon Mari <rinftruire une grande Cour des paroles indif- cretes qu'il avoit tenues contr'elle; s'il ne rap- pelloit le Pr�cepteur, & s'il ne r�voquoit le Teftament. I! fit 1'un & 1'autre. Une goutte re- mont�e & une hydropi�e lui cauferent des dou- leurs
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io6 La F"ie des Peintres
leurs inexprimables , qu'il fupporta avec la pa-
tience d'un vrai Chr�rien ; enfin la mort Ie d�- livra de fes maux en 1740. On ne lui fit point d'obfeques, il fut port� dans un carofle , & a la pointe du jour enterr� dans Ie Cime- tiere de Saint Jean: il fut mis dans une foffe aupr�s de fon Fils. KupetTjci, perf�cut� pendant fa vie, Ie fut encore apr�s fa mort. On pr�- tendoit qu'il n'avoit jamais �t� d'accord fur Ie culte ext�rieur de fa Religion , qu'il nefr�quen- toit point les Eglifes , & qu'il ne s'�toit jamais approch� de la fainte Table. M. Ie Comte �.'Ha^edornn croit qu'il �toit de la Communion des Hujj�tes. Quoiqu'il en fok, M. Fuefjl� *, (on Eleve , nous a donn� fa Vie, il Ie juftifie affez par 1'extrait de fon Teftament que voici en abreg�. Il laiffa a fa Femme une rente viagere , qui
retourneroit apr�s fa mort a fes Freres & fes Soeurs, dans Ie cas o� ils feroient reli�s attach�s a la Religion Evang�lique : une partie aux R�- fugi�s de Saltzbourg, &ad'autres perfonnes dans la mif�re, y comprenant les pauvres Ecoles de Nurenberg, &c. Il avoit une fi grande confiance en M. Fiiefjli,
qu'il 1'avok charg� de mettre Ie prix a fes Ou- vrages, dont il avoit orn� fon Cabinet, & de les vendre a des gens dignes , par leur gout, de les pofleder , enfuite de remettre les fonds aux
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M. Fuejfli, Peinrre habile a Zurich, nous a donn� Ia Vie des
Peintres Suifles, & de que'ques Allemands, en 5 vo!. Son Ou- vrage , orn� de Portraits Sc do Vignettes, defl�n�es Sc pravces par lui, eft un garant affez f�r de les talens pour la 1'eintu- le, & ile Ton gout pour les Lsttrcs. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. Ier?
aux Executeurs teftamentaires; pourhonoraire,
il lui l�gua fes Efquifles & Defleins : pr�fent di- gne d'un Maitre & d'un Ami, C'eft encore d'apr�s Ie m�me Hiftorien que
nous allons donner une partie du jugement qu'il porte fur (on cara&ere & fur fes Ouvrages, avec une courte lifte de fes Tableaux. On pourroit en partie Ie comparer a Rem-
brant pour la couleur, a van Dyck pour les mains de fes Portraits. Un Ecrivain �clair� dit qu'elles �toient trop d�charn�es & les doigts trop courts. M. Fuefjii aflure que ce d�faut ne lui eft point ordinaire, & il 1'en juftifie ; cependant il dit ailleurs que Kupet\ki reftoit a la fin � long-temps fur fes Ouvrages, qu'il les auroit gat�s fi on ne les lui avoit pas retir�s. Il dit auffi qu'il n'eft tom- be dans ce d�faut que dans fa vieilleiTe : ce Pein- tre difpofoit bien fes Portraits , il ne finiffoit gueres fes draperies ; il pr�tendoit, comme Rembrant, que les t�tes m�ritoient feules les at- tentions du Peintre; quant a la couleur, Ia force & Tintelligence du clair-obfcur , on afTure que perfonne ne Ta �gal� : il n'en eft pas ainfi du choix ; la nature ne lui avoit pas donn� cette fineffe & cette vivacit� de fentiment fi n�ceffaire pour faifir fes beaut�s les plus fecrettes; la nature �toit en lui plut�t un inftin�t qu'un fentiment �clair� : il voyoit bien du premier coup d'oeil, mais il voyoit fans r�flexion , fans examen , fans critique. Ces d�faiits, au refte,tombentp!us fur ion �ducation qui fut trop n�glig�e, que fur fon g�nie qui fut admirable. Ses occupations ne lui laifferent pas Ie temps
de faire 1'effai de (qs talens fur THiftoire. M. Fueffd
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1C8 La Vie des Peintres
Fuefjli dit avoir vu des efquifles & des penf�es
fur Ie papier, compof�es avec efprit. L'Auteur loue encore dans fon Maitre une compofition afiez finguliere. KupetTjd, toujours occnp� de fon Fils, 1'avoit vu dans un fonge affis dans Ie Ciel, environn� d'une gloire. Cette heiireufe idee , qu'il ne devoit quau d�rangement de fon imagination, lui rendit fa tranqirillit�: il en com- pofa un Tableau qu'il donna a 1'H�tel-de-Ville de Nuremberg , fous condition expreffe qu'ils ne pourroient 1'ali�ner qu'au profit des pauves de la Ville. Voici les principaux Tableaux raffembl�s par
Kupev^ki pour fon Fils, afin qu'il fe format d'a- pr�s. N° i. La Familie de Kupet\ki. Il eft affis pres
d'iin chevalet, tenant fa palette. Pres de lui eft fa Femme que fa Servante ajufte : entr'eux eft leur Fils qui tient un livre, & de 1'autre main prend un pinceau de fon Pere ; derriere lui eft une bouteille de vin & un plat de r�ti. 2. Saint Francois dans ie Raviffement & fon-
dant en larmes aupr�s d'un Crucifix, une t�te de mort & un livre. 3. Le Samaritain qui met Ie Bleff� fur fon
cheval. Un Tableau repr�fentant trois Hermites ; la
principale tete & les habillemens font �nis , Ie reite n'eft qu'�bauch�. 5. KupetsTJri. avec des Lunettes. Sa main gout-
teufe envelopp�e d'une �toffe blanche qui pofc n�giigemment fur la table : un baton dans la main gauche : pres de lui eft fon fils. 6. Un Homme affis avec un petit Chien fur
le devant. 7. L'Odorat: |
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Flamands, Allemands & Hollandois. I op
7. L'Odorat : mie Femme a demi-nue , avec �� une corbeille de Fleurs. 1667. 8. DeuxPortraits, un Homme & une Femme ^=^
dans un habillement ancien, THomme tenant fa fourriire, & la Femme un livre.
9. Une Femme co�ff�e d'un voile & d'un cr�-
pon noir. 10. CePeintre broyant des couleiirs: derriere
lui fa petite rille d�funte, avec des fruits. 11. Une Perfonne debout, on voit les deux
mains. 12. Une autre debout en habit Hongrois.
13. KupetTJd, fa Femme & fon Fils. Tableau
fup�rieur a tous : dans 1'Homme fe trouve la magie du clair-obfcur ; dans la Femme, la fa- cilit� dn pinccau, & la d�licateffe de Ia touche. 14. Kapet^ki Ie Fils, tonchant Ie Clavecin ;
derriere lui un homme bat la mefure. 15. Une fainte Familie , la Vierge tient 1'En-
fant Jefus fur fes genoux, qui fe joue avec Saint Jean; derriere eft Saint Jofeph. i�. Kupef{ki tenant une tabariere.
17. Un homme tenant d'une main une tafle
de caff� , & de 1'autre main une pipc a fumer : ce Tableau eft �clair�de nuit. 18. Un Eccl�fiaftique jufqu'aux genoux ,
avec deux mains. 19. LePortrait Ac Kupc�ijd. \ tous deux a!v;c
20. Celui de fa Femme. J deux mains.
21. 22. Deux Payfages.
23. La Madeleine faifant fa priere, un livre
dans une main, & dans 1'autre une t�te de mort. Neuf autres Tableaux que nous nommerons ,
afin
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11 o La Vie des Peintres, &C.
1667. a^n de faire connoitre cette ColletHon, que Ie
»�w Margrave de Brandebourg - Bareith s'eft procu- r� pour 16000 florins d'Allemagne.
N° 24. La R�furreftion du Lazare , par
Guerchin.
25. Loth & fesFilles, par Carlo Lothi.
26. Un Payfage, par Ie Titien.
27,28. Deux PayfagesHollandois. 29,30,31, 32. Quatre Payfages, par Agri-
cola. M. Fuefjli marque que Kupet\ki n'a eu que
deux Eleves qui lui ont fait honneur : Max Handl, Autrichien, bon Peintre de Portrait. Il refta long-temps en Itali�. Gabriel Muller, d'Anfpach, qui Ie fuivit de
Vienne a Nurenberg : toutes les draperies bien jett�es dans les Ouvrages du Maitre font de eet Eleve. Nous ajoutons a ces deux Eleves un troifieme,
que la modeftie de M. Fuefjli veut cacher au public, c'efl: lui-m�me. |
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EL I E VAN
N I M E E G E N
I M E E G � N porte Ie ncm de la "TT""
Ville dans laquelle il naquit en 1667. La mort de ion pere, lorf- ' qu'il n'a voit encore que douze ans, manqua d'�ter a. ce jeune homme les moyens de percer : fon f'rere a�i�, qui avoit recu quelques lecons d'un Pein- tre de Portrait, & d'un autre affez habile a peindre des Fleurs , fe chargea d'enfeigner {es freres E/ie & Tobie : la mort leur enleva encore cette reflburce ; la n�ceffit� toujours dangereufe les contraignit tous deux d'entreprendre tout ce qui
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112 La Vie des Peintres
f(. qui fe pr�fentoit dans les Campagnes & a la
]_ ?� Ville, afin de foucenir Ie refte de la familie. Cependant on vit ces deux Artiftes, a force d'�- tude & de veilles , fe diflingiier & furprendre leiirs confr�res. lis s'appliquerent adeffiner, a faire tout d'apr�s nature , & lorfque Ion ne s'at- tendoit qu'a des effais , on vit paroitre leurs Ouvrages a c�t� de cetix des grands Maitres. Les plafonds, les bas-reliefs & les fleurs qu'ils
avoient ex�cut�s chez Ie Baron de IVacktendonk, dans Ie pays deCleves, les firent connoitre; on les chargea de peindre les Tableaux de 1'ap- partementde la Princefl'e d'Orange, a la Cour de Frife : un grand fucc�s & des r�compenfes m�- rit�es mirent les deux Freres en �tat de pour- fuivre leurs �tudes & leur fortune. Tobie fe ma- ria & fut a la Cour de 1'Ele�enr Palatin aug- menter Ie nombre des bons Artiftes qui y �toienr pour lors employ�s. Elie paffa a Rotterdam, o� il travailla a plufieurs
Ouvrages.Le Baron de IVachtendonk Ie demanda de nouveau pour peindre chez lui plufieurs pla- fonds avec des figures, des fleurs & d'autres or- nemens. Il en fit autant a la Haye pour les Bour- guemelhes Ruifch & de Bic, 6c enfuite il retour- na a Rotterdam. MIS Nievelt & Schoonhoven lui firent peindre des plafonds & d'autres Tableaux; les Ouvrages lui vinrent enfbule ; il m�rita 1'a- miti� de trois Hommes illuftres qui affurerent fa fortune par leur cr�dit, c'�toient le Cheva- lier vander TV erf\ Mts Paets & Flink, qui, par leurs talens & leurs beaux cabinets, pov��doient a jufte titre la confiance de toute la Ville pouf la dire&ion de cc qui fe faifoif en Peinture. Notre
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Flamands, Allemands & Hollandois. 113
Notre Peintre laborieux ne pouvoit suffire a tant d'Ouvrages, il fut aid� par fon Neveu, & bient�tparfon Fils: il donna au premier, apr�siix ann�es de travail, fa fille en mariage; ilsembloit que toutes les produ&ions d'une m�me familie �toit de la m�me main : il eft vrai qu'Elie pr�- fidoita tout, il avoitauprcs de lui trois Peintres d'Ornemens qui n'�toient occup�s que de cette feule partie, il conduisoit, par son g�nie , la main de chaque Artifte. Une bonne conduite , de 1'affiduit� & des travaux en grand nombre 1'ont enrichi. Il eft mort tr�s-vieux, en 17... Son Fils, fon Gendre, & fa Fille cadette qui peignoit bien les fleurs , font fes Eleves. Ce Peintre peignoit 1'Hiftoire, 1'Architecture,
Ie Payfage & les Fleurs g�n�ralement avec m�- rite. Nous ne citerons point de fes Ouvrages ; Ie grand nombre eft a Rotterdam dans les Maifons des principaux Habitans de cette Ville. |
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N. VANDER LEUR.
VAnder Leur naquit a Breda en 1667.
Il partit fort jeune pour Rome , il y eut Ie bonheur de plaire a un Cardinal qui Ie prot�- gea & lui procura les plus beaux Ouvrages pour les copier & les �tudier. Il �toit Ie premier Co- pifte de Rome, & c'en fut affez pour eflayer fon propre g�nie : il confulta tous les Maitres & leurs produdions; il copia la nature , def��na tout & toujours bien. Il fut admis dans les meil- leures maifons, mais il n'y perdit pas fon temps, Tome IV. H il |
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114 La Vie des Peintres
------ il 1'employa � bien , qu'il fut habile avant de
1667. quitter Rome. Il lui arriva une avanture affez
~----- finguliere: un foir, en fortant de fouper avec
quelques amis, il fe fentit faifir par Ie bras; on
lui demanda , Ie ftilet en main, la bourfe. Van- der Leur ob�it en donnant quelqu'argent: on Ie laiffa paffer ; a peine avoit-il fait dix pas , que Ie m�me voleur 1'arr�tant une feconde fois , lui demanda s'il n'avoit pas de montre & une bourfe d'or: vander Leur avoua qu'il avoit l'un& 1'au- tre; Ie voleur fe mit a rire de tout fon coeur & prit tout; il lui demanda encore ce qu'il fai- foit a Rome: vander Leur dit qu'il �toit Hollan- dois & Peintre , qu'il demeuroit a Rome pour cultiver fon talent; Ie voleur fe mit encore a rire, mais plus que jamais: notre Artifte ne f9avoit ce que deviendroit cette fcene qui ne faifoit qu'aug- menter fes inqui�tudes. Enfin Ie voleur lui dit en riant, fi vous �tes un Peintre, je vous con- feille de vous faire plut�t Frere lai, vous y �tes plus propre qu'au talent que vousapprenez. V�- tre poltronnerie me fait piti�:voila votre montre, votre bourfe d'or & votre argent, allez en paix. D�s Ie lendemain il conca fon avanture a plusieurs de fes Camarades, qui fe mirent a Ie plaifanter, & ils lui apprirent que ce voleur �toit Dom Juau de Ravenne, qui avoit �t� Peintre, mais que n'ayant pu obtenir fa grace pour avoir tu� deux personnes, il avoit men� depuis la vie de voleur, mais qu'il n'avoit jamais rien vol� aux Peintres. Vander Leur retourna dans fa patrie, o�il fit des Ouvrages qui apprirent qu'il avoit plus �t� occup� de fon Art, pendant fon f�jour a Rome, que des plaifirs qui menent a la diflipation. Ce Peintre
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Flamands, Allemands & Hollandois. 115
Peintre avoit une grande douceur, au rapport �■' de fes Eleves , perfonne ne fe plaifoit, autant 1667. que lui, a les inftruire ; il eftmort encore jeune '-----
d'une Phthifie, on ne f^ait en quel temps.
Cet Artifte �toit bon Peintre d'Hiftoire ;
mais s'il deffinoit & s'il colorioit bien , & s'il entendoit la perfpe&ive, il avoit fi peu de g�nie que c'�toit pour lui un fupplice quand il falloit compofer un tableau; ilpeignoitbien Ie Portrait, & il auroit �t� Ie premier de fon temps, s'il avoit aim� ce genre autant qu'il y a r�uffi.Le Tableau de 1'Eglife des R�collets , a Breda, eft de lui j il eft aflez beau pour lui m�riter Ie nom d'un tr�s- bon Artifte. |
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H x JACQUES
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JACQUE S-A N TO I N E
A R L A U D.
| Acques-Antoine Arlau�
augmente Ie nombre des grands Hommes de la Ville de Geneve » o� il naquit Ie 18 Mai 1668. Sa |! premiere jeuneffe fe paflk dans 1'�- tude des Langues: fes progr�s, fon efprit & fa m�moire prodigieufe lui m�riterent toujours Ie premier rang parmi fes condifciples; on Ie deftinoit a la Chaire, fi fa fortune lui e�t permis; mais comme il n'avoit befoin pour la Peinture que de fes difpofitions naturelles, il effaya la Mignature, genre affez lucratif dans une
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La Vie des Peintres, &c. 117
une Ville o� Ton faifoit des bijoux de toute ef- "7777
p�ce qu'il failoit orner; deux mois lui fuffirent pour fe pafler de Maitre. Ayant pris une ferme r�folution de fe diftinguer dans ce genre, quoi- que petit, il fe renferma trois ann�es pour s'y appliquer uniquement, & fe trouvant fuffifam- ment habile, il fe rendit a Paris a 1'age de vingt ans , o� il redoubla de foins & de travaux jour & nuit pour fortir de la m�diocrit� & parvenir a la perfettion. Son application conftante & fuivie lui acquit une facilit� furprenante, qui, jointe a la corredion du deffein, & a la viva- cit� de 1'efprit, Ie mit en �tat de faire un grand nombre de Tableaux en mignature. Ces Tableaux �toient toujours reflemblans & pof�s agr�able- ment: il avoit la converfation enjou�e , de 1'ef- prit & Ie ton du monde ; il amufoit de fes pro- pos ceux qu'il peignoit; on affure que perfonne ne s'eft ennuy� en fe faifant peindre par lui: ce talent, n�ceffaire aux Peintres de ce genre, �toit une partie qu'Arlaud poff�doit fup�rieurement. Quelques Ouvrages d'Arlaitd, parvenus a la vue du Duc d'Orl�ans R�gent, lui affurerent fa r�putation & fa fortune. Ce Prince choilit ce Peintre paur fon Maitre ; & pour �tre plus a portee de Ie voir travailler , de 1'entendre par- Ier de fon Art & de profiter de fes le^ons , il lui donna un logement a Saint Cloud. Arlaud anim� par une protettion fi brillante, fe furpaffa: il eut 1'honneur de s'entretenir fouvent avec fon Protefteur, & de jouir des Tableaux des grands MaJrres, dont ce Prince ornoit fon Palais. Ce fut dans ce temps que la riche colledion de la Reine Chriftine de Suede paffa en France. Ar- H 3 laud
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118 La P~ie des Peintres
l&id profita de tout & fe fortifia par fes r�fle-
xions fur tant de chef-d'oeuvres.
Arlaud eut aufli une prote&ion bien grande
en la perfonne de la Princeffe Palatine, mere du R�gent. Elle donna au Peintre fon Portrait enrichi de diamans; & ne bornant pas fes lib�- ralit�s a cette distin&ion, dans Ie voyage qu'il fit en Angleterre en 1721 ,elle lui accorda des lettres de recommandation pour la Princeffe de Galles, depuis Reine. Il y fut regu honorable- ment, & fes beaux Ouvrages acheverent de lui procurer tous les agr�mens dus afon m�rite. Arlaud devint Tami des Grands & des Scavans: Newton lui communiqua fes idees fur FOptique que notre Peintre rendit fenfibles par les figu- res; cette amiti� n'a pris fin qu'avec eux. Le Portrait qu'il venoit de faire de la Princeffe de Galles fit un plaifir infini: tous les Po�tes firent des Vers a la louange de 1 Auteur: nous rap- porterons feulement ceux du Comte d'/i- milton. Je le dirai fans complaifance,
Arlaud, pourquoi dif�imuler. Les attraits que votr? Science A nos regards vient d'�taler, A ceux de la Princeffeont droit des'�galer; Mais fi 1'Art avoit la puiffance De faire aller la reffemblance Aufli loin qu'elle peut aller, II faudroit exprimer fes graces dans la danfe» II faudroit la faire parlcr. Arlaud prit cong� de la Cour de Londres,
on
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Flamands, ji.llem.ands & Hollandois. I IQ
on ne crut pas Ie payer affez, il fut combl� .,:; de riches pr�fens, entrautres de plufieus tn�- ' &' dailles dor; il revint a Paris. Un jour en vi- fitant Ie cabinet de M. Cromelin, il y d�cou- vrit un bas-relief de marbre blanc, par Michel Ange, il repr�fentoit une L�da & Jupiter chan- g� en Cygne. Ce morceau, qui avoit environ deux pieds de large, frappa tellemenr notre Ar- tifte, qu'il Ie demanda a copier : on Ie lui per- mitj il fe mit a 1'imiter fur du papier avec un foin extreme, & 1'Ouvrage fini, tout Paris connoiffeur fut frappe de 1'illufion. Cette super- ficie plate devint en bofle, la vue pouvoit a peine d�tromper les plus habiles Artiftes, Ie vrai ton de couleur, les d�gradations, les om- bres port�es, tout �toit rendu, ainf� que la fineffe du deffein. On aiTure que 1c Duc de la Force en avoit fait
Tacquifition pour donze mille livres, prix tr�s- confid�rable, & que quelque changement dans la fortune de ce Seigneur 1'obligea de rendre la L�da au Peintre, en lui donnant trois mille li- vres en d�dommagemcnt du temps qu'il 1'avoit garde. Quoi qu'il en foit, Arlaud, apr�s avoir v�cu quarante ans a Paris, & amafl� pres de quarante mille �cus, retourna, en 1729, dans fa Patrie pour y flnir fes jours: il emporta avec lui de beaux Tabieaux des meilieurs Artiftes, anciens et modernes, achetcs en France, par- mi lefquels il fe trouvoit de beaux payfagcs de Forefi3 dont il orna fon Cabinet; fa L�da y tenoit la premiere place. Soit que notre Pein- tre e�t la d�licatefl� de voir que sa L�da �toit trop nue, ou peut-ctre qii'on lui en fit quelques H 4 repro-
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120 La F ie des Peintres
----■�reproches, ce joli Tableau difparut en 1738.
1668. Qn a {qix depuis qu'il Favoit coup� en morceaux,
■ de facon que les parties n'en ont point �t� ga- t�es; un des principaux Magiftrats de Geneve poflede la t�te, une Dame de Paris la main, & une Dame Angloife Ie pied. Arlaud avoit une � grande v�n�ration pour cette mignature, que son Porrrait par VArgiliere effc repr�fent� en cravaillant a ce morceau: il peignit de m�me fon Portrait avec la L�da, dont il enrichit la Galerie de Florence; Ie Grand Duc lui envoya en �change une medaille d'or. Arlaud ne fit plus rien depuis fon retour de
Paris: il s'excufh fur un coup qu'ii avoit ree.ii a la tempe qui 1'emp�choit de travailler : la vue ne lui permettant plus de s'appliquer, il lifoit continuellement, & partageoit fon temps, 1'�t� a la Campagne & 1'hyver a la Ville. Une jolie maifon de campagne, fitu�e fur Ie Lac de Geneve, o� il admit fes amis & les �trangers, �toit pour lui un lieu d�licieux o� il voyoit la belle nature & fes vari�t�s avec plaisir; un de fes agr�mens encore, c'�toit la correfpon- dance avec les Scavans de tous les Pays & dans tous les genres. M. Varignon lui envoya, de la part de Newton, fon en*ai fur 1'Optique : ce pr�fent �toit accompagne d'une lettre pleine d'amiti� de Ia part du fgavant Anglois: diflinftion d'au- tant plus grande, que Nevvton dit lui-m�me qu'il �crivoit peu de Lettres. Apr�s avoir �t� pres de douze ans fans fe fervir
du pinceau, 1'amour de la Peinture fe r�veilla & lui reprocha cette ina�tion; il effaya & trouva heureufement que la main ob�iffoit encore a la
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Flamands, Allemands 6* Hollandois. 121
la t�te, & que la pratique , qu'il croyoit enti�- rement perdue, ne 1'�toit point. Il fe promit bien de travailler de nouveau a la Campagne, o� il fe rendit vers 1'�t� ; il alloit mettre la der- niere main auPortrait dun de fes parens , lorf- qu'une mort fubite nous 1'enleva Ie 25 Mars 1743- .
Il laifla, par fon teftament, une partie de fon bien a fes bons amis j & a la Bibliotheque de
Geneve, plufieurs medailles d'or qu'il avoit re- cues de diff�rensPrinces & grands Seigneurs, fon Cabinet deTableaux, fa Bibliotheque compof�e de Livres rares, & une ample colle�ion d'Ef- tampes : ce beau pr�fent fe voit encore , & m�- rite 1'�loge & 1'eftime de fes compatriotes. Arlaud avoit un ordre dans fa vie jufques
dans fes plaifirs : il aimoit la d�cence, il avoit du d�go�t pour Ie jeu, & quoique c�libataire, on ne lui a jamais connu d'intrigues ; il �toit libre & tr�s-franc avec fes amis. Il ne changea point la fimplicit� de fes moeurs, quoiqu'il e�t paffe fa vie au milieu d'une Cour brillante j mais il avoit une foiblefle, affez excufable dans les grands hommes, c'�toit celle de 1'amour-propre, il fe mettoit fans facon, & cependant d'un ton tr�s-modefte, au premier rang parmi les plus grands Peintres. Louis XIV ayant marqu� un jour a Arlaud
pour placer dans fon Cabinet fes meilleurs Ou- vrages , Ie Roi les examina, & dit a 1'Artifte les chofes les plus flatteufes : un Seigneur fut intro- duit dans Ie Cabinet, Ie Monarque fit de nou- veau 1'�loge de fes Ouvrages en pr�fence du Seigneur qui aimoit 1'Auteur; ce Seigneur lui dit:
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122 La Vie des Peintres
,,q dit: Vous devez �rre bien fatisfait de voir vos
1 Ouvrages lou�s par Ie Roi. Sa Majeft�, r�pon- T dit Arlaud, me fait beaucoup d'honneur, mals clle me per mettra de dire que l" Academie eft en- core un mcilleur juge. Ce Seigneur s'�cria , en lui frappantfurl'�paule :l'excellent R�publicain, qui eft fi peu fenfible aux loiianges m�mes d'un fi grand Monarque. Arlaud a m�rit� les �loges du Duc d'Orl�ans
R�gent, qui dit, et Jufqu'a pr�fent les Peintres ■>■> en Mignature ontfait des Images, c'eft Arlaud » qui leur a appris a faire des Portraits. Sa 's Mignature a toute la force de la Peinture a » 1'huile. » II �toit flatteur d'�tre lou� par Ie Roi & par ce Prince ; les Artiftes lui ont rendu la m�me juftice. Ses Ouvrages, r�pandus par- tout, achevent fa gloire ; la Bibliotheque de Geneve poffede du m�me deux Mignatures en grand, ce font deux fujets d'Hiftoire, 1'un eft une Sainte Familie, & Tautre la Madeleine p�~ nitente. |
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GASPAR D-P I E R R E
VERBRUGGEN.
LE nom de Verbruggen eft affez connu dans la
Peinture ; 1'Acad�mie d'Anvers en compte quarre parmi fes Direfteurs. GafpardPierre Ver- bruggen naquit dans eette Ville en 1668 : on peutfoupgonner qu'il eft Fils de Pierre Verbrug- ga?, Dircfteur de 1'Acad�mie de cette Ville en
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Flamands, jillemands & Hollandois. 123
en 1659 , & peut-�tre fon Eleve. Celui dont
nous allons parier ent nne grande vogue dans fa Ville, o� pour lors les Artiftes �toient en grand nombre, & encourag�s par la prof.ee- tion que Ie Duc de Baviere accordoit anx Arts. Le d�part de ce Prince fut, pour ainfi dire, 1'�poque de leur chute & de la d�fertion des Artifles. Verbruggen pafia en Hollande vers 1706. Sa
r�putation 1'avoitdevanc� tTAcad�mie d'Anvers Tavoitchoifi pour Dire&eur en 1691 , & c'�toit confirmer 1'id�e que Ton avoit de les talcns : il choifit la Haye pour demeure, o� il eut occa- fion de s'exercer. M. Fagel occupa son pinceau a orner de Fleurs les plafonds & les fales dans FH�tel qu'il faifoit batir. Matthieu Tervveften, bon Peintre d'Hiftoire, occupa long-temps notre Peintre de Fleurs a travailler avec lui a tcn- tes fes grandes entreprifes. La Soci�t� acad�- mique de la Haye admit Verbniggen parmi fes Membres en 1708. Sa grande facilit� lui fit ga- gner beaucoup de bien , on ne peut aller plus vite que ce Peintre ; dans les temps o� les Ou- vrages le preflerent moins , Tervvefien lui pei- gnoit quelques vafes de b^s-reliefs que Verbrug- gen ornoit de Fleurs & de Fruits ; il en auroit rempli la Hollande , fi les Etrangers n'en avoient enlev� une grande partie. D�ja avance en iige & pcu occup�, il retour-
na a Anvers: fa figure aimable & fon attache- �nent a la compagnie & au plaifir , lui a fait "ppenfer promptement ce qu^il avoit fi facile- ment gagn� ; il avoit le meme talent, mais il peignoir la nuit & fe promenoit le jour : de facon
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124 La Vie des Peintres> &C.
~ facon. que fes derniers Tableaux n'ont que de 1?
1668. facilit� & une couleur plus brillante que vraie.
ysssr II eft mort a Anvers en 1720.
Le talent de Vet bruggen avoit plus de rapport
avec celui de Baprifte Monoyer, qu'avec celui' de van HuyJJum ; il y a une grande maniere dans les Fleurs qu'il a peintes dans les plafonds & dans les fales : il fcavoit les grouper & colorler avec beaucoup d'art. Sa touche eft tr�s-facile & propre a cegenre, elle donne de la l�g�ret� fans travail ni peine. On voit qu'il auroit r�uffi a rendre agr�ables des Tableaux de chevalet: nous pouvons citer pour exemple un Tableau de fleurs dont ce Peintre fit pr�fent a 1'Acad�mie, & plu- f�eurs autres dans les Cabinets eftim�s. On voit a la Haye,chez M. Fagel, un Ta-
bleau avec des Enfans , par 'Tervve.fl.en, & des Fleurs, par Verbruggen. Chez M. Lorn�er, un Tableau avec beaucoup de fleurs , particuliere- ment des Tulipes de toutes les efpeces ; & chez M. van Heteren, un Tableau o� des Enfans fou- tiennent des fleurs en guirlande: autres Tableaux par les m�mes Artiftes, ce font auffi des Enfans qui fe jouent avec une guirlande de fleurs. Dans ce mcme Cabinet fe voit un Tableau fur
lequel eft repr�fent� un Panier a 1'Angloife avec des fleurs peintes par Henri Verbruggen, que 1'on foupconne le Frere ain� de Gafpard; Henry fut auffi Direfleur de 1'Acad�mie d'Anver&en 1688. Les Ouvrages d'He/iry font au-deflbus de ceux de Gafpard. |
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JEAN,
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JEAN-RUDOLF
H U B E R,
�LEVE DE GASPARD MEYER.
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Ean-Rudolf Huber,Fils 1668.
d'Alexis Huber, Aubergifte & ------.
Membre du Grand - Confeil de
Bafle, & petit-fils de Rudolf Hu- ber, Bourguemeflxe de la m�me Ville , y prit naiffance en 1668. |
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D�s l'age de dix ans fa paffion pour Ie Deffein
fut � marqu�e, que fes parens lui en f�rent apprendre les premiers principes pour 1'amufer; niais lorfqu'ils Ie virent s'attacher de plus en plus
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ir- ■
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I2� La Kie des P e in tres
T77Z plus a la Peinture, ils s'y oppoferent, fous
_' pr�texte dn peu de confid�ration qu'on avoit pour elle a Rafle, mais les paffions, & fur-tout celles qui ont les Arts pour objet, font au-deffus de tous les obftacles : il fallut ceder, & en 1682 , il fut confi� a Gafprad Meyer, Peintre m�diocre, qui a eu cependant la gloire de com- mencer Huber & Brandmulier, les premiers Ar- tiftes d'Allemagne. Huber ne tarda pas a fur- pafler fon Maitre, que la mort enleva avant la �n de fon engagement ; ce fut un bonheur pour 1'Eleve , qui paffa dans l'Ecole de Jofeph Wer- ner. Ce fut alors qu'il changea de maniere: les platres des Antiques exercerent tellement ce jeune homme , qu'il devint un Deffinateur fca- vant; il apprit la perfpeftive; fes progr�s por- terent Werner a lui confeiller de paffer en Ita- li�. Ag� de dix-neuf ans, il alla a Mantoue o� les Ouvrages de Jules Romain 1'arr�terent, II deffina tout avant de vifiter fucceffivement les Villes de Bergame, Vicence , V�rone & Ve- nife, o� il �tudia particulierement la couleur dans les Ouvrages du Tuien ; il ne paffe pas un jour fans fuivre les inftrudions acad�miques, & fon affiduit� �toit cit�e pour exemple aux jeunes Artiftes. Pierre Tempefle , Payfagifte habile, aima tellement Huber, qu'il Ie rec.ut chez lui comme fon frere ; il peignoit en reconnoiffance des figures dans les Tableaux de ce Payfagifte. Les Tableaux du Tuien , du Bajfan, du Tinto- ret, de Paul V�ronefe, & les Portraits du Pom- pelly, furent la pl�part copi�s par notre jeune Suiffe; il les obferva avec des yeux avides qui caraft�rifent Ie gout & 1'�mulation. Enfin, apr�s
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___J
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Flamands, Allemands & Hollandois. 127
apr�s un f�jour de trois ans, Ie delir de voir------
Rome 1'enleva aux voeux de Tempefte, qui 1'ai- *668.
moit & qui auroit voulu Ie fixer aupr�s de lui: ------
on lui dit, avant fon d�part, qu'il avoit ap-
pris, pendant fon f�jour a Venife, tout ce qu'il �toitpoffible d'apprendre ; louange dangereufe, mais qui ne fit autre impreflion ifur Huber que de redoubler fes veilles : les Villes de Parme, Plaifance, Florence & Bologne n'�chapperent point a fa curiofit� ; il voyagea ainfi, en defli- nant, jufqu'a Rome. Ce fut, pour ainfi dire , un nouveau monde
pour Huber. Les Ouvrages de Rapha�'l 1'occu- perent long-temps. Les Carraches, Jules Romain & Ie Guide furent les feuls objets qui 1'arr�te- rent dans cette Ville. 11 ne refta pas long-temps fans �rre connu. Carle Marat� qui aimoit fes Ouvrages, prit foin de fon avancement; il fe chargea d�s-lors d'aider de fes confeils un Ar- tifte de cette vol�e. Il deflina d'apr�s 1'Antique , toujours tr�s-exaft aux heures d'�tnde & de 1'A- cad�mie, & toujours tr�s-occup� non-feule- raent les jours, mais les nuits m�me ; c'�toit �tendre la carri�re de fa vie que de la remplir ainfi. Maraui, Ie voyant donner dans Ie Portrait en mignature, Ie d�tourna de ce petit genre, en lui confeillant de m�nager fa vue pour des Ouvrages plus dignes de lui; il profita de eet avis, ainfi que de tous ceux qu'on lui donna fur fo Art, & il quitta Rome apr�s fix ann�es de ur en Itali�. Avant de retourner en Suiffe , il voulut voir
la France en paflant par Lucerne, Geneve Sc Lyon; il arriva a Paris: quelque plaifir qu'il |
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eut
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I28 La Vii des Peintres
�77�" e�t a y voir les bons Artiftes & les beaut�s qu�
_ renferme cette Ville, il y refta peu & retourna ----- a Bafle en 1693, II �poufa , en arrivant, Ca-
therine F�fch : Tann�e fuivante il fut nomm�
Membre du Grand-Confeil. En 1695 , il peignit dans un feul Tableau Ie Margrave de Bade-Dour- lach, Fr�d�ric-Magnus & toute fa Familie. Ce beau Tableau fe voit encore au Palais de ce Prince, a Bafle; il m�rita a 1'Auteur reftime& la proteclion de cette illuftre Maifon, & porta fa r�putati�n par toute 1'Allemagne. En 1696, il fut appel� a la Cour de Stut-
gard, Ie Prince Evrard-Louis Ie nomma fon pre- mier Peintre. Des plafonds & de grands Ta- bleaux d'Hiftoire lui donnerent occafion d'exer- eer fon g�nie & fes talens: Wzrner, fon Mai- tre & fon Ami, pour lors a Berlin , occup� a former une Acad�mie , voulut attirer pres de lui fon Eieve; il fut charg� par la Cour de Ber- lin de lui offrir huit eens �cus d'Allemagne de penfion, & les frais de fon voyage : tout ceci ne put Ie tenter, heureufement pour lui, nous en avons dit la raifon dans la vie de Werner; on voulut attacher Huber pour toujours a cette Cour: on lui propofa la fur-Intendance des Ba- timens & uneforte penfion; 1'amour delaliber- t� lui fit refufer une fortune certaine , car il n'aimoit ni la Cour ni fes �cueils ; il rec,ut, en quittant, un pr�fent du Prince : c'�toit une me- daille d'or, & une chaine du m�me m�tal. De retour a Balie, en 1700, il fut nornrac
fur-Intendant des Batimens & du Palais du Prince, & du Territoire du Margraviat, avec la pen�on annuelle; cette place honorable �toit une r�com- penfe
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VUmanh; Attemands & Hollandoisi � z§
penfe de fa patrie , qui ne Ie g�noit nullement; Ouvrages; de-la a celle de Bade : il y fit les � Portraits du Margrave & de fon Epoufe, des Princes �Oettingen , de Furtenberg , & d'au- tres G�n�raux. Sa r�putatLon Ie fit appelier k Heidelberg, �u �toit pour lors Ie Roi des Ro- mains , fojeph. Il eut �'honneur de peindre ce Prince & de r�uffir : a peine eut-il Ie temps de jinir ces Tableaux , qu'il fe fauva pour �vitef les malheurs de la Guerre qui approchoit, par la prife d'UIms par l'Elefteur de Baviere; arriv� a Bafle , il ne put y faire que peu d'Ouvrages; fes amis 1'inviterent d'aller a Berne , il y fit beaiicoup de Portraits ; Ie plus confid�rable fut celui de la Familie de 1'Ambaffadeur d'Angle- terre Derwarts, En 1706 , Ie Comte de Trautmanfdorf 'invita
Huber de l'aller peindre a Bade o� il �toit; ce Portrait fit Ie plus grand plaifir; ce Seigneur achetoit beaiicoup de Tableaux & des DelTeins des grands Maitres : il fe formoit une Collec- tion avec gout & d�penfe : tont ce qu'il put acheter de beau fut envoy� a Vienne , il avoit m�me des Agens qui enleverent tout a grand prix. Huber retourna a Berne , ouil �toit attendu.
Il fe voyoit furcharg� d'Ouvrages , lorfque Ie Comte Aletemicb ,R�iident de la Cour de Pruffe, lui manda de fe rendre a Welfch - Neuenburg, pour y peindre Fr�deric l" , Roi de Pruffe , Ie Comte & d'autres Seigneurs. Il alla encore une fois a Berne pour y finir Ie nombre d'Ou- yrages commenc�s, entr'autres Ie Portrait en pied Terne IV, � du |
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tfO La fie des Teintres
**�. du Margrave de Bade-Dourlach,quieft encor©
1668. dans Ie Palais de ce nom, a Bafle ,� il refta a Ber- ne jufqu'a 1'ann�e 1713. Le Comte du Luc appella Huber a Bade , ou �toient pour lors affembl�s les Pl�nipotentiaires nomm�s pour terminer les diff�rends, & qui conclurent la Paix. Notre Pein- tre eut ordre de peindre dans unfeul Tableau les Pl�nipotentiaires , de la part de la France. Le Mar�chal de Fillars , M. de Saint Conteji , le Comtcdu Luc ,&c Mr du Theil f Secr�taire d'Am- baffade ; ceux de la part de 1'Empire �toient, le Prince Eugene , les Comtes de Go�'s , deS«- lern ,& M. de Bendenrieth , Secr�taire de L�ga- tion. Ce bon Tableau fut envoy� a 1'Ev�que d'Aix. Il alla finir a Berne des Portraits commen- c�s , & d'autres qu'il entreprit de nouveau. En 1738 , fatisfait de la gloire qu'il avoit ac-
cjuife, il voulut borner fa carri�re, aller vivre a Bafle tranqiiillement, & jouir du repos qu'il n'avoit jamais go�t�. En 1740 , ag� de 72 ans, il fi.it �lu Confeiller de cette Ville ; il ne put fe refufer a lui-m�me le plaifir d'obliger en gagnant beaucoup de bien : c'eft a ce prix qu'il aban- donna le projet de vivre tranquille ; on le vit depuis 1742 , peindre 1'Adminiftrateur de Dour- lach a cheval. Le Portrait de m�me du Direc- teur des Communaut�s Rafchen , le Bourgue- meftre Manan , 6c le Grand-Ma�tre des Com- nmnaut�s Battiers ; il finit f on travail par le Portmit de M. Marfchal, Capitaine Imp�rial j fesforcesdiminuerent, &fon gout pour la Pein- ture diminuoit auffi ; il ie pr�para a la mort. Une fluxion de poitrine 1'enleva , apr�s avoir garde huit jours le lit, le 8 F�vrier 1748, ag� |
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Flamands, AllemAHds& Hollandois. tjt
�c 80 ans. Il fut enterr� dans 1'Eglife de Saint Martin: il ne laiffa qu'une fille qui avoit �p�uf� Vlnch Schellenberg , Peintre deWinterthur; on fait un �loge bien m�rit� du Gendre & de la Fille, qui quitterent leur demeure pourprendre tous les foins poffibles de la vieilleffe & de la maladie de leur pere. Son fils a�n� , Peintre, apr�s avoir �t� en Itali� & en France, mou- rut jeune. Huber a c�nferv� la vigueur de fort efprit & de fa v�e jufqu'au moment de fa morti Perfonne , je crois , ne 1'a furpaff� en nombre d'Ouvrages fortis de fa main , fans compter fes Tableaux d'Hiftoire. On conno�t de lui 3065 Portraits. Jamais il ne s'eft fait aider. Ce Pein- tre eft appell� Ie Tintoret de la SuifTe : une cou- leur vigoureufe , nn travail facile & une belle touche fe trouv�nt dans fes bons Ouvrages : lous ne font pas de m�me ; la n�ceffit� de fatis- faire tous ceux qui 1'ont employ� , 1'a forc� de laiffer des Ouvrages au-deflbus de lui, & m�me m�diocres ; fa grande vivacit� 1'emp�choit quel- iquefois de porter tous fes foins a finif un Ta- bleau : c'efl: d'apr�s fes bons Tableaux que nous avons jug� eet homme digne de tenir , dans toutes les Ecoles, un rang honorable : fa maniere de deiliner eft correfte ; il avoit �tudi� cette belle partie de 1'Art dans Rome & d'apr�s la na- ture. Ses efquifles fur Ie papier ont Ie feu d'une imagination vive. Ses Ouvrages font par-tout & en trop grand nombre pour les citer. Le Con- feiller priv� Drollingcr a honor� la m�moire �Huber d'un beau Po�me, |
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I 2
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j Xa Vte des Teintre�
IT�68.
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N VAN HAL-
VAn Hal naquit en 1668 , dans la Villd
d'Anvers. Les Tableaux d'Hiftoire de ce Maitre furent recherches dans fa jeuneffe pour Ie g�nie qui y regne , la bonne couleur & la correftion. Il peignoit auffi des Nymphes & des G�nies aux Tableaux d'Hardime, & de plufietirs autres qui ne peignoient que des Fleurs. Fan Hal a fini par faire des Otivrages qui ne font ni efti- m�s, ni recherches, & qui ne font nullement � comparer avec ceux de fon premier temps» Nous ne f^avons point Pann�e rle fa mort. |
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F R A N C O I S
B�ELDEMAKERi
�LEVE DE GVILLAUME
D O V D T N S. �eldemaker ,n�a laHayeen 1669 J
X recut les premiers principes de fon pere fean B�eldemaker , dont nous avons parl�. Le fils, port� a un genre plus �lev� , quitta les chaffes &c les animaux, & choifit 1'Ecole de Guillmme Doudyns , o� il s'appliqua fi bien , qu'il fe trouva en �tat d'aller a Rome avec le fecours |
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FUmAnds, AUemands & Ho�andois'. i j j'
�e fes talens. 11 s'y appliqua quelque temps h 1'�tude. La haute opinion qu'il avoit de lui-m�me Ie rendit infupportable a ceux m�- me de fon Pays ; c'eft pour cela que l'on affure que la Bande acad�mique lui donna Ie nom de Singe. Quoiqu'il en foit, il retourna a la Haye , o� il d�buta par quelques Plafonds & d'autres Ouvrages ; il fut �lu Membre de la Soci�t� des Peintres a la Haye. Il ne s'y fit pas aimer, 6c pour vivre plus tranquillement , il fe retira a la campagne , pres de Rotterdam, dans Ie Pays de fa Femme, oh il eft mort vieux, fans que l'on (cache en quelle ann�e. Les Ouvrages de ce Peintre nous font incon-;
nus. On en dit du biep. |
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1669.
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5 th�odore;
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TH�ODORE
VAN P � E,
�LEVE DE SON PER
/ U S T E VAN P � E,
H�ODORE van P�E naquit
a Amfterdam en 1669. Il apprit de fon pere les principes de fon Art: il fut affez heureux pour r�uffir de bonne heure; il peignoit 1'Hiftoire, Ie Portrait en grand & en petit: 1'a- mour du gain Ie porta a �tablir chez lui une efpece de Manufacture qu'il ne faifoit que conduire : on y peignoit des figures fur Ie bois d�coup� pour lm
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LaVie des""Peintres, &cl '135
!es Jardins Sc pour les Appartemens. Le fucc�s, dansle commencementdecetteentreprife , don- na 1'id�e a d'autres de faire de m�me & a meil- leur march�. Il voulut faire fortune , a quelque prix que ce fut: il abandonna ie premier projet ; il acheta des Tableaux des Ma�tres d'Italie, qu'il porta en Angleterre , 6c qu'il fait vendre ener. \Jn N�gociant fort riche , le Chevalier Bex , devint fon ami & un de ceux qui acheterent de ees Tableaux Italiens : il lui commanda un grand plafond pour un de fes Appartemens; de retour en Hollande , il acheta de nouveau tous les bons Tableaux qu'il put trouver, & il y pei- gnit fon grand plafond: compofition qui devoit le faire connoitre en Angleterre ; il y fut pour le placer , porta avec lui un nombre de Ta- bleaux , mena fa femme Sc toute fa maifon , bien r�folu d'y demeurer. Son Ouvrage y fut bien recu , on lui accorda trois eens livres fter- lings , pour payement , ma�s les �venemens publics l'entra�nerent dans quelques pertes ; la faillite du Chevalier T>ex , en 1720, lui fit per- dre 100 livres fterlings. C'�toit une perte m�- diocre pour lui qui avoit tant gagn� dans fon commerce & par fes Ouvrages , §� qui �toit reft� feul en Angleterre , fa femme �tant retour- n�e en Hollande. D�termin� a faire payer ^ d'autres ce qu'il pr�»
tendoit qu'on lui avoit vol�, il feignit d'�tre ma!a- de& perclus, onlevoyoit marcher dans lesmes comme un d�terr� ; il trompa tont le monde , entr'autres un nomm� de Hor, qni avoit un defir extreme de poff�der trois de fes Tableaux, qu'il ne voulut pas ceder au-deflbus de 300 livres fter- I 4 lings:
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136 La Vte des Peintres , &cl
~'� lings : prix exorbitant; mais apr�s avoir touff�
* 9' & fait tous les mouvemens d'un expirant, il fit entendre qu'il voyoit approcher fa fin , que fes infirmit�s 1'emp�cheroient de travailler , qu'il vouloit fe faire des rentes viageres de ce qu'il lui reftoit. De Bor crut tenir les Tableaux a tr�s-bas prix : il offrit 30 livres fterlings par an : 1'Afte fut fait devant Notaire. Le Peintre devint en huit jours en tr�sbonne fant� , &il a joui 16 ans de la rente , au grand regret de I'Acqu�reur. Apr�s avoir demeur� fept ans a Londres, il
fe d�termina a retourner dans fa Patrie. Il fit une Vente publique de fes Ouvrages & d'autr?s Tableaux, fe r�fervant feulement ceux qu'il crut pouvoir vendre plus cher en Hollande , o� i! arriva. 11 eut encore Ie fecret d'attraper un Juif fort riche , auquel il vendit plufieurs Tableaux de lui, en rente viagere : il perdit fa femme, & eut 1'adrefTe d'�pouier, tout vieux qu'il �toit, line jeune veuve : on nous raconte plufieurs tours de eet homme , qui ne penfoit qu'a lui icul. II avoit une fille qu'il ne voyoit jamais» |
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A R N O L D
O O N E N ,
�LEVE DE GODEFROY
SCHAL C K E N.
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'H o nne u r , la gloire & Ia for- ____3
tune couronnerent Ie m�rite &Ar- 1669.
nold Bootten , n� a Dort, Ie 16 " D�cembre 1669, & iflii d'une fa- miile diftingu�e dans Ie commer- ce. Ayant fini fes �tudes a 13 ans , fon g�nie qui paroiflbit d�ja propre a tous les talens, fe d�cida pour la Peinture; il eut pour Maitre Arnold Ferbuis , feintre d'Hiftoire &: d
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j La Vie des Veintres
de Portrait, mais fon gout pour Ie libertinage J
q pffi jufques dans fes Tableaux , d�plut tellement a fon Eleve, dans un age o� ce gout eft fi f�duifant, qu'il eut Ie courage de Ie quit- ter. Il prit pour Ma�tre un Artifte plus vertueux, Godefroy Schalenen , qui perfe&ionna egalement fes moeurs & fes talens. Apr�s fix ann�es d'ap- plication , Schalcken avoua qu'il ne pouvoit plus lui rien apprendre , quoiqu'il n'e�t encore que vingt ans , 6c il lui confeilla de ne prendre dor�navant pour Ma�tre que la nature ; auiS 1'�tudia-t'il avec tant de foin , & il la copia avec tant de fid�lit� , que fa r�putation �toit d�ja faite a 1'age de 25 ans. Il fit fucceffivement les Portraits de la pre-
miere Nobleffe de Francfort, de 1'Elefteur de Mayence , de fon Frere , & de toute fa Cour: la reffemblance , Ie beau pinceau , la bonne cou- leur , lui m�riterent les plus grands �loges ; outre les deux Portraits de 1'EIefteur , dont 1'un 't;n grand & en pied , & 1'autre en petit, ce Prin- ce lui commanda encore dix Tableaux , tous fujets �claircs de nuit ; on ne parloit que de la jeuneffe de 1'Artifte &c de la perfe�ion de fes ouvrages, qui exciterent egalement 1'admiration du public. Tous fes Ouvrages furent bicn payes , &
1'Artifte , charg� de louanges & de pr�fens, paffa a la Cour du Landgrave de Heffe-Darm- ftad , qui Pavoit engag� a s'y rendre. Il y pei- gnit plufieurs fois en grand & en petit Ie Prince & la PrincefTe : ces Portraits furent g�n�rale- ment admir�s & envoy�s dans dii�erentes Cours de 1'Europe -f il paffa quatre mois a finir fes Ouvrages,
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Tlamands, Allemands & Hollandois. 139
Ouvrages, & on Ie vit partir avec regret. Ses
rares talens Ie firent defircr dans fa Patrie : il 1669.
partit pour Dort , & Ie peu de tem ps qu'il y '�" refta lui fit affez. connoitre qu'il y feroit une fortune affez mcdiocre : perfuad� que les grands talens font faits pour les grandes Villes, il porta les fiens a Amfterdam , Capitalc de la Hollan- ide, non-feulement par Ie rang qu'elle y tient , mais encore par fon commerce & fes richefles. A peine y fut-il arrivc , que les Direfteurs de la Maifon de Force , fc firent peindre en pied de grandeur naturelle , &c dans Ie m�me Tableau ; tout y �toit marqu� au coin de la v�rit� , & finiavec Ie plus grand foin. Ce Tableau , �tant place , attira les regards de tous les Habitans, qui fe firent prefque tous peindre : on affurc que jamais Arrifte ne fut plus charg� d'Ouvra- ges que lui; les Etrangers vinrent en foule exer- cer Ion pinceau , ou pour obtenir de fes jolis Tableaux de Chevalet. En 1698 , Ie Roi de Prufle fe fit peindre , & ce fut un des plus beaux Tableaux qu'il ait fait ; Ie Monarque en fut fi content , qu'il ne cefla de louer 1'Auteur. Ce Portrait a �t� grav� , & eft tr�s-connu. Il �poufa en 1703 , Anne-Marie Alattheus,
iffue d'une familie diftingu�e de Dort ; ce fut, pour ainfi dire, affurer a fa Patrie qu'il ne la quittcroit pas , malgr� les offres des autres Villes de la Hollande & de 1'Allemagnc. Les Direfteurs de la Monnoie de Dort, au nombre de vingt, fe firent peindre en grand dans Ie m�me Tableau qui eft place dansleur Sale d'Affembl�e: il femble qu'il ait cherch� a fe furpaffer dans un autre fiui devoit orner ime place publique dans la Ville
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I4O La Vis des Peintref
Ville qui lui avoit donn� la naiflance , tant I'a-i
mour de la Patrie peut animer & augmenter les talens. Il peignoit fucceflivement les Direfteurs de
toutes les Maifons de Force , des H�pitaux , des Confrairies : leur nombre eft trop confi- d�rable pour les citer ici. En 1710, il peignit en pied Ie Duc de Marlborough , & en 1717, Ie Czar Pierre Ie Grand. L'Imp�ratrice de Ruf- fie , &c plufieurs Seigneurs de fa fuite ; en 1721, Ie Comte de Zolms ; en 1723 , Ie Baron de Plettenburg , & Ie Prince d'Orange , qui n'avoit pour lors que douze ans. Il fit dans la m�me ann�e Ie Portrait de 1'Ev�que de Munflcr, de- puis Elefteur de Cologne. En 1727,dans un m�me Tableau, il repr�-
fenta la PrincefleDouairiered'Ora^^.SonFils, Ie Prince Her�ditaire Stadthouderde la Province de Frife, & la Princeffe fa Fille. Ce beau Ta- bleau fut envoy� au Roi de Suede , & dans Ie m�me-temps il peignit Ie Frince de Bade-Dour- lach. Il fit encore Ie Portrait du c�lebre van Huyjfum, qui Ie paya d'un Tableau de Fleurs du plus beau fini; c'efl ainfi que les grands Artiftes doivent commercer enfemble : commerce d'ef- time & de confid�ration bien plus pr�cieux que celui de 1'int�r�t. Surcharg� de Portraits , efpece d'Ouvrages
qui ne font pas long-temps entre les mains des Artiftes, il ne pouvoit multiplier , autant qu'il Ie defiroit , fes Tableaux de chevalet ; mais ce travail trop affidu , en Ie comblant de gloire & de richeffes, avansa peut-�tre la fin de fa carri�re. Ie % Oftobre 1729, C�
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'VUmAnh', Alleman ds & Hollandoisl 141
Ce Peintre avoit une fonte de couleur excel-__�
lente : tous fes Portraits reffembloient bien , il 1669
avoit Ie talent de les bien difpofer. Sa couleur ""SS" naturelle & 1'harmonie dans tout ce qu'il a fait ^ font dignes des �loges que les plus grands Artiftes & Ie public lui ont donn�s dans Ion temps. Ses petits Tableaux font entierement dans Ie gout de ceux de fon Maitre. Boonen a fait plufieurs bons Eleves, dont nous ferons mention , tels que Quinkhart , Traojl �" van Dyk- Nous pourrions bien citer un plus grand nom-
bre de fes Ouvrages ; mais , comme nous 1'a- vons d�ja dit, les Sales de la pl�part des Com- pagnies d'Amfterdam en font orn�es , & dans les principales Families de la Hollande & de 1'AUemagne. L'Ele&eur Palatin poffede de ce Peintre deux beaux Portraits. |
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JOSEPH VANDEN
KERCKHOVE,
E'LEVE DE'RAS ME QV1LLYN.
VAnden Kerckhove, n� a Bruges , &
�lev� dansl'Ecole d'Erafme Quillyn Ie Pere , �tonna fon Maitre par fes progr�s rapides & fa grande application. Il voyagea de bonne heu- re, mais il ne paffa pas la France , il fe for- tifia dans 1'Ecole de Paris , o� il �toit confid�r� : on f^ait qu'il y fut occup� a de grands Ouvra- ges qu'on n'indique point. 11 peignit encore dans d'autres Villes de ce Royaume. De |
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�4I La Vie de f Tel fit re f
L De retour a Bruges , fes travaux �
}^2ir terent avec fes fucc�s au point qu'il ne put y
fuffire. On vit fucceffivement fortir de fa main quinze Tableaux fur la vie de Notre-Seigneur, qui font places dans 1'Eglife des Jacobins , a Bru- ges ; le Tableau d'Autel dans la Chapelle de Sainte Rofe. Le Plafond de 1'H�tel-de-Ville d'Oftende ; cette grande & belle compofition repr�fente Ie Confeil des Dienx; la difpofition en eft fcavante , ing�nieufe & d'une belle exc« cution. Quelques Portraits qu'il fit pour fes amis, engagerent beaucoup de perfonnes des Villes voifines de venir � Bruges lui demander leurs Portraits : ce genre plus lucratif , mais moins eftimable que celui de 1'Hiftoire , nous a priv� de beaucoup de bons Tableaux qui auroient �t� plus connus & plus admir�s : des Portraits de familie font fouvent plus obfcurs que ceux qu'ils repr�fentent; mais les Tableaux d'Hiftoire font faits pour le Public, & pour d�corer les Temples & les Palais. Plus notre bon Peintre aimoit & cultivoit fon
Art, plus il �toit z�l� pour fes progr�s , plusil vouloit en �tendre 6c perfeftionner le gout ; il crut ne pouvoir mieux parvenir a fon but qu'en �rablifTant une Acad�mie de Peinture : if communiqua fon deffein au Peintre Duvenede, fon ami intime , & ils obtinrent tous deux le confentement des Magiftrats. Kerckhovefut nom- m� le premier Direfteur de cette Ecole , qui 3 beaucoup augment� par les foins de M. de Fifch, Peintre habile, qui en eft Directeur depuis long- temps. Kerckhove ne jcuit pas beaucoup de ce titre:
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FUmands, jillemands & Hotlandois. 4^
il mourut en 1724, regrett� pour fa bonne con- duite. Malgr� fon f�jour en France , il avoit 1669. toujours conferv� la maniere de fon Ma�tre : ___f
fa couleur eft chaude , & fon deflein affez cor-
reft. Sa compofition eft noble & toujours ea grand : il n'introduifoit que ce qui y �toit n�- ceffaire : il avoit bien �tudi� les regies de la perfpeftive , &C fes fonds font enrichis d'Archi-" tefture de bon gout. Voici encore quelques Ta« bieaux de lui. On voit dans 1'Eglife Collegiale de Saint Sau-
veur , a Bruges , quatre Tableaux; les Oeuvres de mif�ricorde : les trois autres font de /eau fanjfens. Dans la Chapelle de la Boucherie , la R�fur-
reftion de Notre-Seigneur: beau Tableau. Dans 1'Eglife des Carmes , une Circoncifion. Et a Oftende, dans 1'Eglife des Soeurs noires ^
Ie Martyre d« Saint Laurcnt, tableau d'Autel, |
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MATTHIE�
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Picaaft ir
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MATTHIE�
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T ERWE STEN,
�LEVE DE SON FRERE
AUGUSTIN TERJFESTEN.
Atthieu Terwesten ;
Frere d'^ugujiin , dont il a �t� parl� , naquita laHayeen 1670. Matthieu avoit perdu fon pere» lorfqu'il �toit trop jeune pour en obtenirun Ma�tre. Augujiin , qui '�toit fon frere a�n� de vingt-un ans , eut une joiefecrete de Ie voir fe d�cider , d�s Penfance, pour tout ce qui �toit deffein. Sans perdre de |
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S) Allemands <S" Hollandois. 145
Vue cette iuclination , il 1'encouragea & devint enfin fon Maitre.Guillaume Doudyns & Daniel Meytens fe chargerent auffi de son inftru�ion; enforte que ces trois Ma�tres, �galement habi- ]es, parvinrent, par fon application & leurs foins, a Tavancer, au point que quelques Ta- bleaux de fa main Ie firent diflinguer affez pour qu'on Ie chargeat de finir diff�rens Plafonds que fon frere Auguftin avoit entrepris; & qu'il ne pouvoit faire, ayant �t� appell� a la Cour de Berlin , comme nous 1'avons rapport� dans fa vie. Il n'y eut qu'une voix en sa faveur. Ses derniers Ouvrages lui procurerent un grand Protecteur en la perfonne de M. Schuilenburg, Ie premier favori du Roi Guillaume 111. Il peignit plufieurs grands Tableaux pour ce M�- cene» On vante beaucoup un Salon entierement de lui, ou il avoit repr�sent� Diane au bain avec ses Nymphes. l)'autres Plafonds, d'autres grands Tableaux fucc�derent, & toutes les louan- ges qu'il recut chaque jour ne firent qu'augmen- fer fon defir d'aller en Itali�. Une avanture affez plaisante avanca fon d�part: un particulier fort riche Talla voir un jour, & ayant lou� fes Ou- vrages, defira d'en avoir quelques-uns de fa compofition. Il �toit m�me fur Ie point da con- venir de prix; mais s'�tant avis� de lui deman- der s*il avoit fait Ie voyage de Rome, notre Peintre lui ayant dit qu'il ne 1'avoit point fait, l'Amateur perdit t�ut-cPun-coup 1'eftime qu'il avoit pour les Tableaux qu'il venoit d'admirer , & fe retira promprement, en infpirant a Ter- vveflen une affez m�diocre idee de fon gout & un grand m�pris pour fes pr�jug�s. Muni d'une lome IV. K. bourfe |
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I46 La Trie des Peintrcs
~~ faourfe d'or, il part bienr�t apr�s. Ma�s ayant
'� voulu voir fa mere & fon frere Auguflln, il '-----" s'arr�ta quelque temps a Berlin, o� il trouva
un grand nombre d'habiles artiftes, & une
Acad�mie dirig�e avec foin; il ne put quitter cette Ville,qui �toit d�ja 1'azile des beaux Arts, fans avoir copi� les beaux modeles arriv�s de Rome. Mais ce qui �toit bien flatteur pour lui, ce fut d'avoir obtenu, dans Ie concours des Artiftes de son age, Ie premier prix de Deffein d'apr�s Ie modele. Cette couronne �toit Ie pr�fage d'un heureux
avenir. Etant parti de Berlin, il arriva a Ve- nife, o� il �tudia d'apr�s les Ouvrages de Paul V�rone\e, du Tintoret & du Titien. Il ne man- qua pas de viliter 1'Ecole de Carlo Lothi. Satis- fait de fon s�jour, il alla a Rome, o� il ren- contra fon frere FJie Tervveften, & plufieurs autres Artiftes de fon Pays. II fut admis dans la Bande acad�mique, & nomm� UAiglc; pen- dant que Ton proc�doit a fa r�ception, ils furent tous pris par 1'Inquifition & men�s dans les prisons, d'o� ils fortirent Ie lendemain. Onavoit fait entendre que c'�toit une affembl�e d'Anabap- tiftes qui fe permettoient des chofes fcandaleufes contre la Religion Romaine; leur innocence fut connue, & on fcut que cette avanture ne leur �toit arriv�e que de la part de deux de leurs camarades que Ton avoit refuf� d'admettre parmi eux,& qui furent , a leur tour, forc�s de quitter Rome. Suivons notre Aigle^ qui ne penfa plus qua
Ie devenir dans fon Art; il copia, pendant une ann�e entiere, tout ce qui pouvoit fervir |
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Flamands, Allemands 6" Hollandois. 147
a fon �tude : rien n'�chappa au pcnchant qu'il
avoit pour 1'�tude. Il peignit peu: on ne cite que * trois Tableaux, dont il fit pr�fent a fa belle-foeur; il quitta Rome pour n'�tre plus t�moin de 1'in- conduite de fon frere Elie. 11 arrivaa Florence, o� il refta pour admirer tout ce qui d�core cette Galerie fameufe. Ce fut pour la deuxieme fois qu'il voulut voir Venife, & tout ce que les plus c�lebres Coloriftes y ont rransmis a la pof- t�rit�. Il ne paroit pas qu'il y ait peint aucun Tableau. En quittant Venife, il voulut revoir fon frere & fa familie: il fut bien recu a Vienne par Schoonjans, premier Peintre de l'Empereur L�opold; ce fut pour lui une occasion de par- courir tout ce que cette Ville renferme de beau Sc de rare : il crut aufli ne pas devoir manquer de defliner & de joindre au refte de fes �tudes, tout ce qui lui parut Ie m�riter. Son arriv�e a Berlin combla de joie ce frere
c�l�bre qui avoit �t� fon premier Ma�tre; il fut ravi des progr�s que fon Eleve avoit faits,& de 1'abondante moiflbn d'�tudes qu'il avoit rap- port�es d'Italie. Il donna quelque temps a voir fes parens, ma�s toujours en deffinant ce qui lui avoit �chapp� dans fon premier paffage: il prit enfin cong� d'eux & partit pour la Hol- lande. 11 arriva a la Haye en 1699, & fut adrnis
dans la Soci�t� des Peintres, Ie J 5 Ao�t de la m�me ann�e; incertain d'abord s'il y refteroit, 011 s'il s'�tabliroit a Amfterdam, Ie public Ie d�- cida en Ie furchargeant d'Ouvrages. On lui com- manda des Plafonds en fi grand nombre, qu'on nous affure qu'il y a peu de maisons a la Have K 2 o�
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La Vie des Peintres
°" ^ nen a't ^lt quelqi'es-iins, ou d'autres Ta-
bleaux: il d�cora en 1706 Ie falon & la ccupole de 1'H�tel de M. Fagel, & une pour M. van- den Bo�tfelaer, o� il avoit repr�fent� des Pafto- rales avec beaucoup de g�nie & d'expreflion. Il repr�fenta auffi Notre-Seigneur fur la Monta- gne, Tableau d'Autel place dans 1'Eglife appell�e Janf�nifie^ & un grand Plafond a 1'H�tel-de- Vil�e de la Haye. Au milieu de tantde travaux, il ne n�gligea
jamais l'inftru�ion qu'il donna a la jeune(Te de 1'Acad�mie, dont il fut nomm� Ie Chef. En 1710, il fe d�roba a ces exercices par tendreffe pour fes parens, & fit encore Ie voyage de Berlin, mais il n'y refta pas long-temps: a fon retour il �poufa une jeune Veuve; il en eut cinq enfans , dont Tain�, d�ja c�lebre dans la Peinture, fera un jour cit� avec �loge dans 1'Hiftoire de eet Art. Matthieu Tervveflen eft mort, fans que Ton
f^ache en quelle ann�e. Ses Ouvrages, bien connus en Hollande &
en Allemagne, font autant de modeles pour les Artiftes. On y trouve du g�nie, de la cor- redion , une bonne couleur & les marques de la plus grande facilit�. |
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ALEXANDRE
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Flamands, Allemands & Hollandois. 14$)
ALEXANDRE VAN GAELEN,
E L E V E
DE JEAN VAN HUCHTENBVRG.
VAN Gaelen, n� Ie 28 Avril 1670,fiir- g
nomm� Ie Premier, fut Eleve de Jean van ' , Euchtenburgy qui faifoit auffi commerce de " Tableaux. Avant de les mettre en vente, van Ga�len ne manquoit jamais de les copier : il ne fe contenta pas d'�tudier la nature imit�e dans les Ouvrages des Artiftes, il auroit cru borner fon g�nie s'il nel'e�t pasencore �tendu dans l'�tude de la nature originale, fi j'ofe parier ainfi, qu'il trouvoit infiniment plus vari�e dans fes produc- tions que dans Ie petit nombre de copies que les hommes en font. Son g�nie vif & ardent tenoit beaucoup de cette f�condit� : il peignoit a la fois des Batailles, des Chafles, des Ani- maux, qui lui attirerent tant d'�loges, que, pour les m�riter de plus en plus , il prit Ie parti de confultef non-feulement les Artiftes, mais encore la nature dans les Pays �trangers. Il prit fon vol vers TAllemagne, o� 1'Elefteur de Co- logne employa long-temps fon pinceau. Ses Ouvrages lui m�riterent de la diftinftion ;
il retourna pour peu de temps en Hollande, & paffa en Angleterre : il y �toit bien connu K 3 par
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150 Lu Vie des Peintres
�� par fes talens, puifque la Reine Anne fe fit
'°' peindre par lui, m�me dans un caroffe a huit �* chevaux, accompagn�e de fes Gardes & d'au-
tres Seigneurs; ce grand Tableau fit en fa fa- veur tont l'effet qu'il pouvoit defirer pour arri- ver a la gloire & a la fortune. Un Seigneur Anglois lui fit auffi peindre trois
Batailles donn�es par Charles ler , contre Cromvvel. Jl lui fut command� une autre Ba- taille dans un tres-grand Tableau : ce fut celle ou Guillaume Ili remporta la viftoire de la Bouyne. Voila tout ce que nous apprennent les M�moires que 1'on nous a fournis fur eet Ar- tifle, eftim� pour (es talens diftingu�s. |
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N. C R A M E R,
�leve de Guillaume
M 1 E R 1 S. C RAM ER naquit en 1670, dans la ville
de Leyden, c�lebre par les Artiftes & les Scavans qu'elle a donn�s a TEurope: fon Maitre fut Guillaume Mie ris, & depuis Charles de Moor, dont il a pris la maniere & la couleur. Il peignoit, comme fon Maitre, des Portraits en petit, & des fujets pris dans la vie priv�e. On admiroit Tamiti� tendre qui unifToit Ie Mai- tre & 1'Eleve : amiti� qui devoit reffembler beaucoupacelle desperespour leursenfans &des enfans pour leurs peres; la nature ne lui avoit pas
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Flamands, Allemands 6* Hollandois. I $
pas donn� autant de fant� qu'elle lui avoit �� accord� de talens. Il mourut en 1710, a 1'age I"7°- de quarante ans, �puif� de foibleffe. Les jolis Tableaux de ce Maitre , pen connus
enFrance, font recherches en Hollande & en |
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Aliemagne.
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CHRISTOPHE
L E BLOND.
N ne nous apprend point en quelle Ville
d'AUemagne naquit Chriftophe Ie Blond, en 1670. On ne Ie connoit que dans Ie temps qu'il �toit Peinrre du Comte de Mar�net^, qui demeuroit a Rome dans les ann�es 1716 & 1717. Il jouiffoit de la r�putation de bon Pein- tre de Portrait en mignature, genre de tra- vail toujours lucratif; auffi Ie Blond fe trouvoit- il par-tont avec ceux qui aimoient Ie plaifir. Bonaventurevan Overboek, un de fes plus grands amis, 1'engagea a Ie fuivre en Hol'.ande, en lui promettant de Ie d�frayer fur la route; ce qu'il fit. Arriv� a Amfterdatn, Ie Blond fut employ�
a peindre Ie Portrait pour des braflelets, des tabatieres & d'autres bijoux : ce Peintre avoit une bonne couleur & m�me auffi forte que celle de la peinture a 1'huile; mais la vue commen- cant a lui manquer , il effaya de peindre a 1'huile ; il compofa quelques Tableaux en petit d'une bonne maniere pour Ie deffein ; mais ce K 4 n'eft
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IJ 2 La Vie des Peintre f } &c.
n'efl point a ce titre qu'il eft cit� ici, nous ie
confid�rons comme bon Peintre en mignature: nous ne parlerons pas non plus de fes entrepri- fes en Angleterre, ou il s'eft ruin� lui & fes affoci�s. C'eft ce Peintre qui a perfeftionn� la maniere d'imprimer des Eftampes colori�es com- me des Tableaux : maniere d�ja connue d'apr�s Laftman, & d'autres qui n'avoient pas mieux r�uffi. Voila tour ce qu'on nous apprend de ce Peintre. Nous �pargnons a fa m�moire toutes les extravagances qui 1'ont deshonor� pendant Ie f�jour qu'il a fait en Angleterre. Si nous remarquons des d�fauts, & m�me des
"vices perfonnels dans ceux dont nous �cri- vons l'hiftoire , ce n'eft point pour les livrer au m�pris de la poft�rit� j nous ne relevons dans ces d�fauts & ces vices que ceux qui ont nui a leurs talens , a leur gloire & a leur for- tune, dans 1'unique deffein d'en pr�ferver les Artiftes, auxquels eet Ouvrage eft particuliere- ment deftin�. |
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ISAAG
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I S A A C
MOUCHERON»
�LEVE DE SON PERE.
jjO U S avons d�ja parl� du Pere 1670.
de celui qui va nous occuper. 1 facie |de Fr�d�rlc Moucheron, qu'il e�t 'ie malheur de perdre , lorfqu'il n'avoit encore que 16 ans, mais d�ja en �tat de fuffire a lui-m�me par I'exercice de {es talens & 1'�tude de la nature , il ne s'oc- cupa que d'elle pendant fa jeunefle; on Ie vit par-tout la deffiner & la peindre. Enfin, a 1'age de
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J4 ie des Peintres
�-� de vingtquatre ans, 1'envie de voir 1'Italie lui
l67°- fit tont quitter. Il fut a Rome, & n'y perdit pas un inftant, tous les environs furent copi�s. On ne croit pas qu'il y e�t rien aux approches de Tivoli qu'il ne deffinat; il y �toit toujours & ne parloit que de ce feul endroit : cependant toutes les autres vues furent �galement obfer vees: perfonne ne deffinoit comme lui ni auffi prompte- ment; il compofoit avec Ie plus grand m�rite tous fes Tableaux : la nature lui avoit appris la marche de la v�rit�, & c'eft cette marche ap- percue dans tout ce qu'il a fait, qui porta la Bande acad�mique de Rome a Ie nomraer Or- donnance. Infcrit parmi fes Confr�res en Itali�, il re-
tourna a Amfterdam charg� de Deffeins Sc d'au- tres �tudes : il d�buta par de grands Tableaux pour orner des fales, c'�toient des Payfages qu'il enrichiflbit de figures & d'animaux : mais les figures ont �t� quelquefois ajout�es par d'au- tres Artiftes. La Ville d'Utrecht & d'autres Villes lui commanderent plufieurs Ouvrages : toutes les Maifons des Villes, des Campagnes voifines s'en trouverent d�cor�es: il avoit un talent de re- pr�fenter des vues fi avantageufement, que la nature qu'il embelliffoit y gagnoit quelquefois, par 1'art qu'il avoit de faire contrafler ou de rapprocher heureufement les objets qu'il ffut y repr�fenter, fans qu'il par�t qu'il y e�t ajout� ou chang� : ce bon Payfagifte, fi confid�r� par fon talent & par fa conduite , mourut Ie 20 Juillet 1744, ag� de foixante-quatorze ans. Il a furpafle fon pere dans la Peinture : il
fcavoit 1'Archite�ture & la Perfpe&ive a fond, fon
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_,
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Flamands, Allemands & Hollandois. 15$
ion feuill� elt touche d'une grande facilit�, &on - -� 11e peut rien voir de fi abondant que fes Pay- I"7°* fages; des branches entrelaff�es , des plantes & " des fabriques deffin�es d'apr�s nature font admi- rer, dans Ie grand nombre de ceux qui font for- tis de fa main, une vari�t� qui �tonne toujours. Sa couleur eft copi�e d'apr�s la nature , & ajoute a fa fraicheur de la force 8c de 1'har- monie. Ses figures font �galement bien; mais fouvent de Wit, Verkolle , &c. les ont faites pour lui. Les Ouvrages de ce Maitre font con- ferv�s , la plupart en Hollande , & toujours tr�s-eftim�s. |
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CONSTANTIN NETSCHER,
Eleve de son Pere
GASPARD NETSCHER. E s talens d'un Pere peuvent beaucoup con-
*-J tribuer a 1'avancement d'un fils qui cultive Ie m�me Art , foit par des le§ons plus fuivies , foit par la commodit� que 1'Eleve a en tout temps de confulter & de voir op�rer fon Maitre. Conflantin Netfcher , qui naquit en 1670, n'a pu jouir entierement de tous ces avantages. Il perdit, a 1'age de quatorze ans , fon pere , Gajpard Netfcher, qui n'avoit pu lui donner que quelques lecons ; mais il laiffa apr�s lui des Tableaux, des �tudes, & une r�putation d�- cid�e, que Ie fils ne perdoit pointde vue. Il
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i j6 La Vie des Peintres
11 copia plufieurs beaux Portraits d'apr�s ceux
de fon pere. Sa tnere s'�toit form� Ie gout afloz pour augmenter & fixer celui de fon fils. Cette pratique conftante d'apr�s fon pere & d'apr�s la nature, Ie forma fi bien, que les Por- traits qu'il fit alors, Ie firent connoitre. Il pei- gnit les perfonnes de la premiere confid�ration: il donnoit de \a fraicheur aux femmes qu'il peignoit: il poff�doit 1'heureux don de flatter, d'embellir & de rendre reffemblant : il r�uffit fi bien, que Ie Baron SuaJJ'o fit peindre tous fes enfans dans un feul Tableau, au nombre de fept ou huit. Vander Does y peignit un Chien. Ce Tableau avec les figures enpiedfaitencore Ie plus grand plaifir aux Artiftes. Tous fes Portraits ne font que de la grandeur de ceux de fon pere. II fit aufli les Portraits des Families de TFaJfc'
naer, de Duivenvoorden, & du Comte & de la Comteffe de Portlant. Ce dernier fit des efforts pour engager Netfcher de Ie fuivre en Angle- terre, mais fans fucc�s. Il fut admis dans la Soci�t� des Peintres a
la Haye , Ie 8 Ao�t 1699 , & depuis Direc- teur de 1'Ecole acad�mique. Il avoit �pouf� MUo Hansbergen ; mais il fut attaque de la gravelle. Cette cruelle maladie 1'emp�cha fouvent de travailltr : il en mourut en 17ZZ, ag� de cin- quante-deux ans, laiffant apr�s lui fa veuve & plufieurs enfans. Ce Peintre n'a pas atteint au m�rite de fon
pere; il eft eependant eftimable dans plufieurs Ouvrages que nous avons de lui. Il a �t� tr�s- employ� , mais peu affidu, fouvent malade & tr�s-long a op�rer : il n'a pas laiff� une fortu- ne
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Flamands , Alleman ds & Hollandois.
ne auf�i confid�rable que celle de ion pere. Ses
Portaits bien peints lui ont toujours donn� un notn diflingu� parmi fes Confr�res. |
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N. VAN BERGEN.
LA mort eflleva ce Peintre encore jeune;
c'auroit peut-�tre �t� Ie plus habile de fon fiecle ; on ne connoit point d'Artifte qui ait fi bien compof� 1'Hiftoire , fi bien peint & fi bien deffin� avant 1'age de vingt ans. Fan Bergen, n� a Breda, & mort dans la
m�me Ville, compofoit avec une grande ma- niere ; on auroit dit que fes Ouvrages auroient �t� faits dans Rome m�me , par Ie rapport qu'ils avoient avec la marche des plus c�lebres Ita- liens. Nous ne connoiflbns rien de lui; c'eft d'apr�s les Artiftes que nous parlons, qui citent de lui une fainte Familie, Tableau fi bien com- pof�, � bien peint dans la manierede Rembrant, qu'on ne peut diftinguer 1'un de 1'autre, que par un meilleur gout de deflein qui domine dans celui du Peintre dont nous parlons. |
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CHARLES
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CHARLES BOSSCHART
VOET
OET naquit a Zwolle en 1670,
iffu d'une familie ancienne & ori- ginaire dlpres , mais r�pandue dans les Provinces de la Hollande, & par-tout diftingu�e par les pla- ces honorables qui lui �toient confi�es. llapprit adefliner de fon frere, Bour- guemeftre de Zwolle & homme d'efprit, dont l'amour fingulier pour toutes les produ�ions de la nature , &fur-tout pour les plantes, lesfleurs, les infe�tes, lui avoit acquis une r�putation tr�s- in�rit�e; il en infpira Ie gout a notre jeune Pein- tre,
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La Vi� des Peintres , &C. i J9
tre, qui Ie con��rva : il avoit appris a deffiner, -
mais il avoit befoin d'un Maitre pour fe per- fe�ionner. On lui donna un Peintre m�- diocre qui devoit 1'exercer dans la pratique du m�lange & de 1'emploi des couleurs ; mais ce Maitre avoit Ie d�faut des petits efprits : il �toit jaloux des progr�s de fon Eleve, & il lui cachoit Ie peu qu'il auroit pului montrer. Cette mauvaife foi d�termina Ie jeune Voet a fe livrer a la nature , Ie meilleur des Maitres, qui ne cache rien & qui fe montre par-tout. Ses fucc�s furent ii rapides , qu'a 1'age de dix-neuf ans, fes Oiivrages lui procurerent 1'amiti� du Comte de Portlant, favori de Guillaume III. Ce Sei- gneur donna a notre Peintre une forte penfion , il acheta tous fesTableaux, & Ie mena avec lui tous les ans en Angleterre. Notre jeune Artifte avoit, comme fon frere,
un jardin 011 il �levoit les plantes & les fleurs les plus diflingu�es. Guillaume UI y prenoit lui-m�me tant de plaifir, qu'il fit venir des In- des tout ce qui �toit de plus rare en ce genre : les Seigneurs Anglois en f�rent autant, & c'efl a cette �poque qu'on pourroit fixer Ie gout que les Anglois ont eu depuis pour les curiofit�s utiles. Voet peignit alorsdouze grandsTableaux pour
orner la Galerie du Comte fon M�cene. Chaque Tableau repr�fentoit exa&ement les plantes, les fleurs & les fruits qui fe produifent dans chaque mois de Tann�e ; les fonds �toient int�reffans, parce qu'ils repr�fentoient des vues aux envi- rons du Chateau de Zorgvliet. Il fit d'autres Ouvrages pour les Chateaux de Dieren , de Loo,
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1�O La Vie des Peintres
------- Loo, &c. La Reine Ma/v'c? d'Angleterre lui offrir
1670. 1800 florins de penfion & Ie titre de fon Pein-
** tre. La mort de cette Princeffe Ie priva de eet honneur. Le Roi Guillaume chargea Voet de lui deffi-
ner a 1'encre de la Chine tous les reptiles avec leurs m�tamorphofes. Cette exafte re- pr�fentation lui acquit bien de la gloire , qui augmenta encore par la fcavante defcription qu'il en fit d'apr�s les Naturaliftes & qu'il �claira de fes propres recherches. Sans la mort de ce Prin- ce, arriv�e en 1702, Voet auroit fait le voyage de Surinam, a 1'exemple de Sebilla M�rian. Ce malheur fut fuivi d'un autre , qui manqua
de le perdre. 11 �poufa M"e vanden Berg, con- tre le gr� de fon Prote&eur > qu'il fut forc� de quitter. Le fl�au de la guerre , qui venoit de d�- foler la Hollande, avoit diminu� le nombre des Amateurs , & notre Peintre, dont les Ouvrages renferm�s dans les cabinets d'un 011 deux Sei- gneurs , �toient peu connus, auroit �prouv�les rigueurs de la fortune, fi le Comte , en lui ren- dant fon amiti� , n'y e�t aj�ut� un emploi con- iid�rable a Dordrecht; cette place, quoiqne lucra* tive, luilairTa tout fontempspourpeindre : ilcon- tinua fon curieux ouvrage des Infeftes , avec des remarques qu'il augmenta beaucoup en 173 5. Dans ce temps, la vue lui manqua entierement, 011 du moins elle s'affoiblit au point qu'il ne put depuis ni defl�ner ni peindre. C'�toit pour ce g�nie laborieux leplus affligeantdetouslesmaux'. il ne put s'en confoler ; enfin il mourut en 174^ II �toit de la Soci�t� des Peintres de la Haye. On v voit encore fon morceau de r�ception : ' c'eft |
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Flatnands , Allemands & ffollandois. l6l
e'eft un Oiseau �tranger & des Plantcs, peints-------
avec Ia plus grande v�rit�. 1670.
On rrouve de ce Maitre plufieurs Tableaux '
d Dordrecht, chez fon fils, M�decin, & chez M. vanden Berg: Ce font des Oifeaux �trangers, des Plantes & des Fleurs. On peut les egaler en m�rite a ceux d�Hondekoeter. Jamais de fon vivant il n'avoit voulu fe d�-
faire de fon Ouvrage <ur les infedes. On Ie voit prcfentement a Rorterdarr , chez M. Snel, qni en a fait 1'acquifition apr�s (a mort, ainii que de bien d'autres Deffeins lav�s & peints a gouaf- fe. La r�putation de eet Artifte tft tr�s-vant�e par fes Compatriotes. Nous ne connoiflons point fes Ouvrages. |
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G�ERARD RADEMAKER,
�LEVE DE VAN G�OR.
RADEMAKER haouit en 1671, clans la
Ville d'Amfterdam. Il eutpourpereiin Char- pentier, qui joignoit a fa profeffion la fcience & �a'ratique derArchitecture,hommea��'ez diitin- gii�dans eet Art pour 1'enfeigner piibliquement, avec 1'eftime g�n�rale de Lairejj'e & des hom- nies les plus ctlebres. On ne fcait pourquoi Ie pere du jeuneRademaker Ie forca d'avance d'ap- prendre fon m�tier. Croyoit-il que la fortune tfun Cbarpentier eft plus affar�e que celle d'un Archite�e, cu bicn vouloit-il accourumer de bonne heure f�n rlls au travail ? Perfuad� que Tome 1V. L la |
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16 2 La F~ie des Peintrcs
la mollefle dans laquelle on �leve les jeunes Ar-
tiftes,lesrend presque toujours incapables'd'ap- plication & d'afliduit�. Quoiqu'il en foit, fon f�ls, nar fa foumiffion aux
volont�s de fon pere, m�nta de lui la permif- fion de deffiner, dans fes heures de loilir, des plans, des �l�vations d'Archite&ure, d'appren- dre la perfpe&ive qu'il montra bient�t lui-mc- me. Le defir d'�tudier 1'Art de la Peinture aug- menta a mefure qu'il acquit des connoiffances �i�ccffaires; mais ce ne fut que le hazard, qui eft prefque toujours lecr�ateurdes grands talens, qui le fit Peinrre. Un bon Peinfre de Portrait, que 1'on nomme van Goor, prenoit des lecons d'Architecture & de Perfpe&ive chez le pere de Rademaker. Lafoci�t� frequente de eet habile Peintre, entretint le gout que le jeune homme avoit pour fon Art, & les nouveaux obftacles que lui oppofa fon pere, Taugmenterent aupoint qu'il quitta tout-a-coup la maifon paternelle, & al!a se r�fugier chez van Goor. Une vocation auffi d�cid�e ne doit annoncer rien de m�dio- cre ; les jours & les nuits furent employ�s a fon �tude: on nous raconte des prodiges d'appli- cation & de perf�v�rance. Il perdit une reflburce en van Goor, qui mourut lix mois apr�s; il la retrouva en partie dans la Veuve qui peignoit affez bien pour aider aux progr�s du jeune Eleve. Il avoit , par fon travail opiniatre , atteinr affez de talens pour m�riter la con- fiance de 1'Ev�que de Sebafto» qui 1'engagea a enfeigner le deflein a fa niece. Sa bonne con- duice & fes foins pour cette jeune perfonne, lui m�riterent 1'amiti� de Tonele, qui le mena avec
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Flamands, Jtllemands �■ Hollandois. 163
avec lui a Rome , o� ce Pr�lat fat contraint de ■------.
fe rendre. Rademaker y paffa trois ann�es a co- 1672.
pier tont ce qui fe pr�fenta pour l'inftruire. Il »»» retourna feul a Amfterdam, parce que Ie Pr�lat accuf� d'�tre Janf�nifte, fut d�tenu a Rome. Rademaker, arriv� a Amfterdam, fut trouver
fon Eleve la niece de 1'Ev�que, & de concert, ils firent tant, que les Etats d'Hollande & la R�genced'Amfterdam, en�crivant a SaSaintet�, la folliciterent fi vivemcnt, que FEv�que ob- tint font retour en Ho�ande. Rademakerfnt r�- compenf� de fa reconnoiflance envcrs fon bien- faiteur, qui lui donna en mariage Mademoifelle Catherine Blo�maen, � niece. Ainfi eet Ev�que dut fa libert� & fon retour dans h Patrie a la reconnoiflance, a 1'amour & a la Peinture. Les grands Ouvrages furent offerts de tous c�t�s; des Plafonds & des Salons furent orn�s de la main de notre Artifte: 1'abondance de fon g�nie & fa facilit� a op�rer, ont �t� !es feuls moyens qui lui ont fait produire un � grand nombre d'OuvrageSj puifque Ia mort 1'enleva en 1711 , �tant a peine ag� de trente-huit ans. C'eft un des bons Peintres de la Hollande.
La facon de compofer fes Ouvrages eft d'un homme de g�nie qni avoit en vue de grands modeles:il �toit tr�s-inftruit, & fes produ&ions Tindiquent; peu de Peintres ont pofled� 1'Ar- chite�ure & la Perfpeftive comme lui. On con- noit, dans ce genre, la repr�fentation de 1'E- g�fe de Saint Pierre de Rome: Tableau bien peint & d'une grande exaditude; il appartient a M. Walraavai , Amateur; &tim autre de ci�me, c'eft un fujet d'Hiftoire, brn� d'archi- L2 tec'ture,
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164 La Vie des Peintres
1672. qu'il introduifoit dans toutes fes compofitions
Il peignit dans rH�tel-de-Ville d'Amfterdam
une Allegorie fur la R�gence de cette Ville. Le Plafond de la Sa!e bourgeoife eft de lui & du Peintre Hoog^aet. On nous indique encore plu- fieurs Ouvrages de ce Maitre, la pl�part dans les Appartemens des principaux Habitans. |
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N O R B E R T
VAN BLOEMEN.
"VT Oreert van Bloemen naquit a
-*-^ Anvers en 1672. 11 eft le f re re de Fran- cois & de Pierre van Bloemen, dont il eft parl� dans le troilieme Volume de eet Ouvrage; il commenfa , comme fes ireres,a �rudier la Pein- ture dans fa Patrie: il �toit d�ja habile, lorfqu'il fe d�termina a voir ritalie pour fe perfedion- ner. Les fucc�s de fes deux freres, qui avoient de la r�putation a Rome, lui firent pr�cipiterfon voyage pour cette Capitale. Les Oavrages, qui lui fnrent demand�s de toutes parts, ne purent 1'arr�ter. D�s en arrivant a Rome, cette Bande aca-
d�mique, fouvent fi funefte aux jeunes Artiftes, 1'afTocia a fes f�tes, fous le nom de C�phale. On nous affure qu'il n'abufa point des plaifirs. Il s'occupa uniquement de fes �tudes, comme s'il n'avoit d'autres fecours que cc qu'� pouvoit gagner
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Flamands, Allemands , & Hollandois. I�5
gagner a peindre Ie Portrait & des Sujers pns T7ZT*
dans la vie priv�e. Et d'ailleurs, plus occup� a ' �tudier qu'a s'enrichir, il ne put y refter auffi " long-temps qu'il 1'auroit defir�. 11 quitta fes con- fr�res & 1'Italie, & arriva a Anvers, o� il ne manqua pas d'abord d'�tre employ�. Ma�s accou- tum� a vivre au milieu d'un nombre d'Artiftes, il ne put foutenir la folitude d'Anvers, dont Ie commerce �toit prefque an�anti. Il fe d�ter- mina a paffer en Hollande, & choif�t Amfter- dam o� il eft mort, fans avoir fait une grande fortune. Les Portraits de van Bloemen ne font pas fans
m�rite, & fes converfations galantes auroient eu plus de fucc�s, fi fa couleur avoit �t� plus vraie, moins eclatante & moins crue: c'eft tou- jours un Artifte plein de m�rite. |
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N. SMITS.
ON ne fgait rien de la vie de jV. Smits,
natif de Breda, ma�s on connoit bien fes Ouvrages en Hollande; c'eft au Chateau d'Hons- Laarsdyck que l'on voit de ce Peintre plufieurs beaux Plafonds & debeauxTableaux d'Hiftoire, qui font rares & fort chers. Il �toit bon Colo- rifte, bon D�ffinateur & plein de g�nie. |
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L 3 ABRAHAM
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l66 La Fie des Pcintres
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ABRAHAM BREUGEL.
�;� A Braham Breugel, connu fous Ie
1072. il nom ^ Breugle Ie Napolitain, naquit k ^^^ Anvers Fan l�yl.On lecroit Fils& Eleve i�Am- broife Beugel, Direfteur de F Acad�mie d'An- vers, en 1�53 & 1670. Quoiqu'il en (oit, Abra- ham alla de bonne heure a Rome, o� il femaria, & o� ('es �uvrages ftirentfort recherches, ainfi qu'a Naples. Ses Tableanx de Fleurs & de Fruits lui m�riterent une grande r�putation. La Bande acad�mique Ie nomma Rhyn-Graef, ou Comte du Rhin. Breugel eft celui de nos Flamands qui s'eft
Ie plus enrichi a Rome; il n'avoit qifune rille de fon Manage, & ce fut pour lui procurer une plus grande dot, qu'il perdittout; il con- fia fon bien a un N�gociant, qui, bien loin de Ie faire valoir, prit la fuite & Ie ruina. Ce malheur lui en caufa d'autres. Sa fille,
qui �toit la plus belle perfonne de Rome, �tant accord�e, vit �chouer fon �tabliflement; elle fe retira dans im Couvent, oii elle fe fit Reli- gieufe, apr�s la mort de fon pere, qui n'avoit pu furvivre a fon malheur: nous ne pouvons dire en quelle ann�e. Les Ouvrages de ce bon Artifte font du pre-
mier m�rite: les fruits & les fleurs y sont re- pr�fent�s avec une tr�s-grande v�rit� , une cou- leur chaude & exa&e, une touche large qui tnarque
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Flamands , Allemands & Hollandois.
marque la plus grande facilit�, & Ie caraftere-------�
d'un Peintre qui a bien vu & bien r�fl�chi. 1072.
On voit a Gand, chcz, M. Hamerlinck, un ^^
fort beau Tableau de ce Maitre. Ce font des Fleurs d'une grande v�rit� & de la plus belle fa- 9011 de faire. |
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NICOLAS
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N I C O L A S
V E R K O L I E,
�LEVE DE SON PERE
JEAN KERKOLIE.
Ean Verkolie ayant apper-
911 dans fon fils Nicolas Ferkolie, n� a Delft en 1673 , une incli- nation marqu�e pour la Peinture, ne manqua pas de 1'aider par (es conseils, & encore plus par fes exemples dans l'�tude & Timitation de la natu- re: mais ce pere �tant mort trop tot pour ua fils � digne de lui; ce fils ag� de vingt ans, & devenu
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i673
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La Vie des Peintres, &c. 169
Revenu d�ju aflez habile dans fon Art, fuppl�a , ~7"T
par fon travail & fon application, a la perte _____ qu'il venoit de fnire. Qnelques Portaits Ie fi- '" rent bient�t connoitre des perfonnes de diftinc- tion; encourag� par les premiers fucc�s, il re-^ doubla fes tfforts , & il effaya fes talens fur des fujefs plus dignes d'nn hommede g�nie. Des Tableaux d'Hiftoirel'occuperent entiere-
ment : on vit fortir de fa main un fujet bien compof�, c'eft Betbfab�e au bain; enfuite celui de Moyse trouv� fur Ie Nil : Saint Pierre qui renie notre Seigneur. Ces Tableaux furent en- lev�s par les Amateurs : on Ie chargea de grands Ouvrages pour orner des falles, & des places tr�s-va�es, il r�uflit toujours au gr� des Con- noiffeurs. Ceux qui font g�n�ralement lou�s dans ce genre font a Amfterdam, chez M. Zieder- velt: une falle endere eft entour�e de Tableaux de Verkolie. Les fujetsfont tir�s du PaflorFldo; on en trouve de femblables dans la Maifon de campagne de M. Modern , qui ont fait Ie plus grand honneur a eet Artifte. Jamais il ne fut un inftant oifif: la paffion
qu'il avoit pour s'inftruire ne lui fit rien n�gliger: il n'�toit jamais fans livres; on nous affure qu'il ne faifoit fes repas qu'en lifant. Il avoit Ie talent fup�rieur de deifiner a 1'encre de la Chine mieux que perfonne de fon temps; auffi voit-on ven- dre fes Defleins a grand prix & ils font fort ra-*- res. LI fut choifi pour deffiner les perfonnes il- luftres qui avoient honor� de leur eftime la c�lebre Koerten Blok. Tous ces Portraits, qu'il faifoit dans fes momens de loifir, font admira- fclss. Il y a ajout�le fien, qui a m�rit� que deux Po�tes
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170 La Fie des Peintres
-------Po�tes Hollandois Feicama & Bogaert, Tayent
I"73< honor� de leurs beaux vers.
1-----■ Nous n'omettrons pas d'indiquer fes Gravu- res en maniere noire, affez connues par les Amateurs: il auroit furpaff� tous ceux qui ont exerc� eet Art, s'il n'avoit pas eu d'autres occu- pations. Ses talens & fon efprit Ie firent regret- ter a fa mort, qui arriva Ie 21 Janvier 1746, ag� pres de foixante-treize ans. Le m�rite de fes Ouvrages confifte dans im
deffein corredt, une bonne couleur & une belle fonte dans fes petits Tableaux ; fa touche eft ferme, quoique mouelleufe : les fujets de nuit, qu'il a bien repr�fent�s, font tr�s-recherch�s & tr�s-piquans , les plus beaux Cabinets en font orn�s, & fes Portraits d�corent les maifons des perfonnes de diftin�ion. Ses Ouvrages ra- res en France, le font moins en Hollande. On voit a la Haye, chez M. Lormier, une
belle compofition , c'eft Cl�opatre qui pr�fide a un feftin. Et chez M. Leenden deNeufville, a Ara- fterdam , les trois Tableaux d�ja cit�s, Moyfe trouv� fur le Nil, Saint Pierre qui renie notre Seigneur, & Bethfab�e au bain. Et a Rouen, chez M. Marye, Secr�taire de Roi,une jolie Couturiere, qu'un homme courtife de pres: ils font �clair�s a la bougie : ce Tableau eft bien penf� pour les expreffions; le deffeia & 1'har- monie y font fup�rieurement rendus. |
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GUERARD
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Flamands , sllleinands & Hollandois.
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G�ERARD WIGMANA.
WIgmana naquit Ie 2.7 Septembre 1673, ~}
W a Workum , dans la Frife. Auffi-t�t qu'il IO73/ fe vit en �tat de voyager, il alla en Itali� : Rapha�l, Jules Romain & Ie Titlcn furent fes modeles. Il copia & deffina d'apr�s leurs Ou- vrages pendant quelques temps. De retour en Hollande, il fe mit a compofer
& a peindre ; tous fes fujets font la pl�part pris dans 1'Hiftoire Romaine ou dans la Fable; on ne peut �tre plus laborieux que ne Ie fut IVig- mana ,� malgr� Ie fini de fes Ouvrages , il em- ploya fi bien fon temps, qu'il en produifit plus qu'il n'en put vendre 5 il avoit Ie d�faut de les louer lui - m�me avec fi peu de m�nagement qu'il en rebuta les Amateurs. Il eut la folie de demander trois mille florins d'Hollande pour Ie Tableau o� il avoit repr�fent� Alexandre au lit de la mort. Ce Tableau , qui avoit du m�- rite & d'excellentes parties , avoit �t� mis a fi grand prix qu'il lui refta. Ce fut M. Lorm�ery a la Haye, qui 1'acheta apr�s la mort du Pein- tre. Il peignit 1'adieu d'Heftor &r quelques fu- jets pris dans la vie priv�e ; Ie prix qu'il y met- toit en d�go�ta tout Ie monde. Il partit pour Londres, pour voir fi 1'Angleterre ne lui feroit pas plus favorable : on nous affure qu'il n'y r�uffit pas mieux. Il retourna a Amfterdam, o� il a fini fes jours Ie 27 Mai 1741. Il ne laifla qu'un fils, qui eut une conduite fi peu r�gl�e, que
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172. La Vie des Peintres
' que la raifere Ie contraignit de pafler aux In-
Ifi7?- des.
Wigmana m�ritoit un autrefort; fes Tableaux
d'un beau f�ni font la plupart bien compof�s. Il s'�galoit a Rapha�l, c'�toitfa folie; &c'eiU propos de cela qu'il efl connu fous Ie nom de Ra- phael Ie Frifon ; car a la vue de fes Tableaux on ne foupconneroit pas m�;ne qu'il ait vu les Oiivrages de ce Maitre. Je ne jugerai pas fur un feul Tableau, que j'ai vu de lui , du m�rite des autres. En voici quelques-uns dans les Ca- binets d'Hollande. On voit a la Haye, chez M. van Heteren,
Ie G�nie du DefTein , repr�fent� par une jeune Femme affife. Chez M. Nicolas van Bremen , la D�effe C�r�s. Et a Rotterdam , chez M. L�ers, Jofeph &
la Femme de Putiphar. |
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JACQ�ES DE BAAN,
Eleve de son Pere
J E A N DE BAAN. JAcq�es de B A A N , n� a la Haye en
1673, �toit Fits & Eleve de Jeande Baan, dont nousavons parl� torn. 2,pag.47I. Guid� par fon pere, doublement encourag� par fes exemples & par fes fucc�s, on Ie vit a 1'age de dix-huit ans peindre un Portrait qui fut �gal� a ceux des bons Maitres. Ce jeune Artifte, qui vifoit
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Flamands, Allemands & Hollandois. l*jj
vifoit a la gloire , & en m�me-temps a la for- tune, comprit bien qu'ilne feroitpas iliffifamraent employ� dans Ie lieu ou demeuroit fon pere. Ayant obtenu de lui la permiffion de voyager, a peine ag� de vingt ans, il pafia en Angleterre, a la fuite du Roi Gu�llaume III, o� la c�l�- brit� de fon pere lui fervit beaucoup. Quelques Portraits de fa main fixerent , en fa faveur, tous les Grands de la Cour, il les peignit fi bien, que Ie Duc de Clochejfer lui fit faire fon Por- trait en pied, qui fut auffi lou� & admir�. La fortune �toit fi favorable a norre de Baan, qu'on fit ce que 1'on put pour Tarr�ter a Londres; mais les plus belles efp�rances de fortune ne purent Ie d�tourner d'aller voir Rome. Il quitta tout, pafla par la France & ne s'arr�ta qu'a Floren- ce , o� Ie Grand-Duc , plein d'eftime pour fon nom, Ie reent honorablement, lui fit voir fa belle Colleftion , & lui montra Ie Portrait de fon pere , fait par lui-m�me, ainfi que celui de Gu�lautne Doudyns. Ce Pnnce redoubla fon eftime pour Ie fils , apr�s avoir vu quelques Por- traits qu'il eut occafion de peindre ; mais il fut encore plus furpris lorfqu'il Ie vit travailler aux Ouvrages a fraifques avec une facilit� qui fup- pofoit beaucoup d'ufage , quoiqu'il n'en e�t pas. Le Grand-Duc voulut fixer de Baan a fon
fervice par des penfions confid�rables ; rien ne put le tenter. Il arriva a Rome plein de fon projet, qui �toit 1'�tude , & il s'y livra affi- duement; il ne put �chapper a la Bande acad�- mique , qui le nomma le Gladiateur, a caufe de ia force & de fon adreffe. Tranquille alors, il
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174 La Vie des Pcintres
"~"~~ il compofa des Tableaiix d'Hiftoire & des fujets
1673. galans pris dans la vie priv�e & quelques Por- ^==r traits. Ses Ouvrages furent recherches, fes �tu- des en augmenterent Ie m�rite & Ie prix : mais s'il �toit affidu a obferver les Ahtiques & les Ouvrages modernes, il ne manquoit pas une f�te bachique; il �toit fi exa� a ie trouver aux feftins de la Bande acad�mique, que, malgr� Ie prix de fes Ouvrages, qui �toient auffi-t�t ven- dus qu'ils �toient faits, il �toit toujours fans argent. Il eut Ie chagrin de voir partir Nat- thicu TervveJIen , fans pouvoir retourner avec lui : mais 1'ann�e fuivante un Prince d'Alle- magne Ie ramena a Vienne. Ainfi �chapp� aux habitudes dangereufes de fes Confr�res, qui �toient plus lies par l'amour du plaifir que par celui de leur Art, il retrouva dans Vienne la r�putation de Rome, & Ie nom de Ion pere: heureux pr�jug� qui lui avoit fi bien fervi ail- leurs, & qui fe fortifia de plus en plus aufli- t�t que 1'on eut vu de fes bons Portraits. Mais a peine commencoit-i! a jouir de fa gloire, qu'une maladie violente 1'cnleva en peu de jours. 11 mourut au mois d'Avril 1700, ag� feulement de vingt-fept ans. Cct Artifre approche de fon pere dans Ie Portrait ; mais il 1'auroit bien fur- paff� dans toutes les autres parties del'Art ,puif- qu'il avoit m�rit� dans Rome m�me Ie nom de Peintre habile, s'il n'y eut pris Ie gout des plaifirs , qui d�truifirent fa fant� a la fleur de fa jeuneffe. |
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MARC
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Flamands, Allemands & Hollandois. 17?
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MARC
VAN DUVENEDE,
�LEVE DE CARLE MARATTL
DU V E N E D E naquit a Bruges vers 1'an
1674. Il paro�t qu'il a quitte fort jeune fa Patrie pour voir lltalie. Il demeura deux ans a Naples ; mais o� il profita Ie plus, c'eft dans lesquatre annces qu'ila paff�es dans l'Ecole de Maratti, qu'il ne quittaque lorfque fes Ou- vrages lui obtinrent Ie nom d'un Maitre habile. Ilrevint dans fon Pays , o� il �prouvacombien il avoit employ� (on temps a m�riter la c�l�brit�. Quelques Ouvrages places dans les Eglifes de Bru- gesluienf�rentdonnerd'autresplusconfid�rables; mais un Manage qu'il contra&a bien-t�t, �taaux Amateurs Ie plaifir de voir fortir de fa main autant de Tableaux qu'ils en defiroient. Le pro- fit confid�rable que fa femme faifoit dans un grand commerce de Dentelles,feconda fa pa- reffe, & n'ayant poir.t d'enfans , il ne fit pref- cjue plus rien. Sa vie molle & oifive fut punie d'une cruelle goutte,dontayant �t� long-temps perclus t il mouruten 1729, ayant a peine cin- quante-cinq ans. Les Ouvrages de ce Peintre font entierement
dans la maniere de fon Maitre: un bon gout de deffein, une maniere large , facile Sc pleine de force jonne diftingue que trop ceux qu'il |
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1674.
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176 La Vle des Peintres
*~ a faitsa fon retour de ceux du temps de fa pa*
'" refle. En voici quelques-uns connus. ------ On voir, aBruges,le Martyre de Saint Lau-
rent, dans Ja Chapelle de Saint Chriftophe:
une autre belle compofition dans 1 Eglife des Clairifles, & chez feu M. F~oormacht^h,qiiatte Tableaux : un Salcmon faifant br�ler de 1'encens en 1'honneur des faux Dieux ; les quatre El�- mens; Samfon & Dalila; & Jahel qui tue Si- fara. |
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JEAN-BA PT IS TE
BRE�GEL
JEan-Baptiste Br EU GEL eft frere dV-
brahatn Brcugel,dont nous vcnons de parier, tous deux habilcs , 1'ain� eft cefjendant plus efli- m�. Jean-Boptifie fut nomm� , par la Bande aca- d�mique, M�l�agre ; il a toujours demeur� a Rome,o�il eft mort, regrett� pour fes talens &fesmoeurs. Nous fommes facli�s de ne fcavoir rien de plus furfa vie ni fur fes Oiivrages. |
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ABRAHAM
RADEMAKER.
6"� TJ Ad E M A K ER naquit a Arrflerdam en
**- 1675. C'efl encore un homme rare, qui devint habile fans maitre. Son Pere �toit Vi- trier,
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Flamands, Allemands & Ilollandois. 177
trier, Sc n�antnoins il lui accorda la permif�ion ~~ '
d'�tudier, il paffa les jours & les nuits adefliner& 37 '' a copierd'abord a Tencre de la Chine. 11 effaya de ��r peindre a gouaffe, & il peignit avec la m�me force & la m�me libert� que s'il avoit peint a rin�le. Arriv� a Ce point, �l ent recours aux meilleurs Auteurs qni ont �crit furrArchitedure & fur la Perfpeftive. Tous fes Contemporains 1'admirerent & vanterent fon m�rite. Il furprit �galement parfesTableaux a 1'hu�e.
Toujours, fans �tre guid�, il devina tout; on lui vit faire en petitde jo�isPayfagesavec desdcbris d'Archite�ure , des figures & des animaux bien group�s & biendeffin�s. Il fe chargea d'orner un Saion de grands Tableaux : il compofoit en Ma�tre; la nature y �toitbien repr�fent�e, mais avec choix & avec art. Sa couleur excellente k vigoureufe r�pare un peu la f�chercffe de fes grands Ouvrages: Fhabitude de travaillcr en pe- tit lui avoit donn� ce d�fauf. Etant all� demeurer a Harlem en I730 ,
il fut admis , deux ans apr�s , dans Ia Soci�t� desPeintres ; il fut la malheureufe vi�ime des faux bruits r�pandus parmi Ie peuple , que 1'on alloit d�truire les Prcteftans. Il �toit, a fon ordinaire , Ie jour de la Saint Jean , occup� a deffiner dans les Campagnes, lorfqu'il fe trouva affail� par une troupede Payfans, qui croyoient qn'il entreprenoit quelque chofe conrre leur Religion. Ii auroit �t� afTomm� , s'il n'e�t �chap- p� , par fa fuite , a leur fureur. La frayeur gla9a fes fens , il languit jufqu'a� 22 de Janvier fui- vant qu'il mourut en 1735 , a I'age de foixante ans. Cet Artifle �toit lettre , avoit de la dou- Tome IV. M ceur
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La Vie des Peintres
~Z� ceur dans Ie cara&ere: on nous affure que per-
*_ 71- ibnne ne parloit mieux de notre Art. |
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BALTHAZAR
VANDEN BOSCH,
�LEVE DE THOMAS.
VAnden Bosch naquit a Anvers vers
1'an 1675. Son pere, Tonnelier de pro- feffion , s'apper^ut bien-t�t que fon fils ne vou- loit point de fon m�tier: il lui chercha un Mai- tre appel� Thomas, qui repr�fentoit aflez bien des Appartemens avec des figures, comme ceux de Teniers. Il rendoit aufli fes fonds int�reffans, en les enrichifiant de curiofit�s, de tableaux de buftes, de vafes, &c. comme les Cabinets des Curieux. Ces fortes des fujets furent aflez recherches. Vanden Bofch �tudia la m�me ma- niere , il y r�uflit; mais les Curieux connoif- feurs lui confeillerent de donner plus de no- bleffe a fes Ouvrages : on trouvoit ridicule que des Appartemens riches ne fuflent occup�s que par Ie bas pcuple ; d�faut de jugement qui fai- foit tort a la vente de (es Ouvrages. Fanden Bofch profita de ces avis. Scn pinceau acquit plus de noblefle; des figures agr�ables int�- reflent toujours plus que celles qui rappellent des idees de mifere & de grofli�ret�. Le feul Teniers les a rendues f�duifantes par la touche fpirituelle & la vari�t�, mais il ne les d�placoit point;
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Flamands, Alleman&s & Hollandois. 179
point; fes Payfans font dans les campagnes ,
ou dans leurs chaumieres , on ne les trouve I 7
point dans des Palais, ni dans des Galeries.
Vanden Bofch vit acheter cher fes Tableaux.
Il fitauffi des Portraitsqui r�uffirent. Uncertain M. Wannemaker 1'engagea a ne travailler que pour lui feul: 1'Artifte fe crut trop heureux , mais il reconnutbien-t�tque 1'autre gagnoit Ie doubl� fur fes Ouvrages; Ie hazard Ie tira de cette efpece de tyrannie. Le Duc de Marlborough, pour lors a Anvers, enchant� des produ&ions de vanden Bofch, lui fit faire fon Portrait a cheval. Fan Bloe- men avoit peint le cheval; ce Tableau eut tont le fucc�s defir�; enfin on vit fes Tableaux monter a un prixqui tenoit de la folie, on les payoit plus cher que ceux de Teniers, d'Oftade, &c. Quel- ques-uns de ce Maitre ont un vrai m�rite, bien compof�s, quelquefois bien deffin�s ; fans unc extreme fineffe , on y trouve d'affez bonnes formes , & toujours une couleur agr�able. Ses fujets font bien penf�s: ce font prefque toujours des Peintres ou des Sculpteurs dans leurs atte- liers , entour�s de Buftes de marbre, de bronze, de platre ou de terre cuite: il les a vari�s de diff�rentes facons : fon pinceau paroit facile & pr�cieux , il a une touche d'efprit: fes figu- res font gaiantes & habill�es fuivant la mode, fes �toffes font auffi fort bien imit�es ; avec tout cela ce ne font que des Tableaux a mettre dans !a deuxieme claffe des Maitres dont nous avons parl� , & nous nous garderons bien de les efti- raer autant que fes Compatriotes les eftimerent de fon temps. Ce Peintre profita de fa vogue, il amaffa du
M z bien ;
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l8o La Vie des Peintres
��� bien ; mals tomba dans la crapule & 1'ivrogne--
_ / * � rie, qui lui abregerent fes jours , il mourut des ^ '■� fuites de les exces en 17IJ. Il �toit pour lors Direc�eur de 1'Acad�mie. QueJques Tableaux de ce Maitre , bien choi-
fis, font conferv�s dans les beaux Cabinets. Je n'en ai vu qu'un feui en France dam celui de feu M. Ie Cointe de Vencc: c'eft un Sculpteur qui corrige fes Eleves. On voit dans Ie Cabinet de M. Lucas Schamp st
a Gand, deux Tableaux de vanden Bofch, de fon plus beau & de fon plus f�ni: 1'un repr�- fente Ie Cabinet d'un Peintre tr�s-orn� de Ta- bleaux & de Figures de ronde-bofie ; Ie Peintre af�is devant fon chevalet, travail'e : un Ele- ve montre un Tableau de fleurs a un jeune Seigneur qui accompagne une jolie Perfonne , un petit Domeftique negre lui porte la queue. L'autre erl: i'Attelier d'un Sculpteur qui travaille a. perfe�ionner une figure de marbre; de jeu- nes Eleves deffinent d'apr�s des rondes-boffes. Nous ne citerons qu'un feul Tableau de lui dans la Ville d Anvers, & nous Ie croyons Ie plus capital & Ie plus beau qui foit forti de fa main: il eft place dans la Sale de la Confr�rie de 1'Ar- bal�tre (appel�e les Jeunes ,)on y voit rc- pr�fent� en pied rous les Chefs de cette Com- pagnie d'apr�s nature ; FArchite&ure eft par Verftra�ten. Le Ciel & Ie refte du fond, eft par Ilujfmans de Malincs ; ces fortes de Tableaux fe faifoient pour les Confr�ries: ceux qui s'y trouvoient peints payoient 1'Artifte. Dans le Tableau dont nous avons parl� , le Bourgue- meftre Delcampo, pour lors le Chef, n'ayant pas
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Flamands, Allemands <S* Hollandois. 1SI
pas aflez r�compenf� vanden Bofck , celui-ci,
pour fe vetiger, repr�fente ce Magiftrat Ie pou- 1675. ce ferme dans la main. On y voit encore ceTa- ^g"» bleau, qui fera toujours honneur a celui qui en cft 1'Auteur, & aflez peu a 1'avarice de M. Ie Bourguemeftre. |
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ANSELME WEELING.
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g naquit a Bois-le-Dne Ie 21
Novembre 1675. Son pere , Officier au fervice des Etats-G�n�raux , ne Ie contraignit point de prendre Ie parti des armes: fon inclina- tion pour laPeinture lui procura unMaitre. Ce fat uncertain DelangPe'mtre m�diocre, dePortrait, qu il furpafla bien-t�t. Nous avonsremarqu� dans cette Hiftoire, que beaucoup de bor.s Artiftcs n'ont eu pour Maitres que de mauvais Peintres; ils tenoient tout de leurs difpofitions 5: de leur perf�v�rance a fuivre la nature. Weelingiwt en- core la victime de la jaloufie & de 1'ignorance de fon Maitre: il falloit �fre n� comme lui pour notre Art pour ne pas Fabandonner : il quitta ce m�chant homme , & fut a Middelbourg , 0:1 Ie hazard Ie fit connoitre d'un Amateur, Mar- chand de Tableaux, que 1'on fonpgonne �tre Ja- cob Ban. Il montra au jeune homme les Ouvra- ges des grands Artiftes. TFeeling, qui n'avoit jamais vu que les flens , enfl� peut �tre de fa fup�riorit� fur Delang, renrra en lui-n:�- me, & fut honteux da s'�tre laifle tromper par Tamour - propre. Il s'abandonna au d�- M 3 feipoir y
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La Vie des Peintres
fefpoir , quitta la Peinture & s'enr�la pour paf-
' ier aux lndes. J>on de�ein rut decouvert au mo- ment qu'il alloit fe perdre. Ce m�me Ban, au- quel nous avons 1'obligation des Ouvrages que Weeling nous a laiff�s, arrcta Ie jeune Artifte, Ie confola, & 1'affura d�s-lors de la r�putation ciont il a joui. Il paffa deux ans chez lui a copier les beauxTableaux,dont il avoit grandnombre, & fe fortiria tellement, qu'alors il en compofa dans la maniere deSchalcken & de vander Werf, que les Amateurs enleverent & payerent cher. 11 gagna ainfi beaucoup de bien & l'amiti� des principaux du Pays : il ne put con�erver ni 1'un ni 1'autre , il fe livra a une d�bauche crapuleufe qui lui enleva fon argent & fes amis. Il fut in- fenfible a cette perte affligeante, & ne put r�- fifter a fa honteufe pafiion. Combien de malheu- reux Artiftes confument la moiti� de leur vie dans des travaux p�nibles pour acqu�rir des hon- neurs & des biens; a peine les ont-ils obtenus qu'ils vont les enfevelir pour jamais dans des d�bauches fuivies de 1'opprobre & de la mi- fere. Weeling retourna a Bois-lerDuc, mit Ie com-
ble a fes �garemens, en �poufant, dans fa vieil- leffe, une jeune perfonne qui Ie r�duifit a 1'indi- gence , dont fes Ouvrages, de plus en plus m�- diocres, ne purent Ie tirer. Il eft mort Ie 29 No- vembre 1749. Les Tableaux de ce Maitre font d'nne bon-
ne couleur & d'un affez bon gout de deffein. Il entendoit bien les effets de la lumiere, auffi voyons-nous bien des Tableaux de fnmain, qui repr�fentent des fujets �clair�s a la bougie. On eftime
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Flamands, Allemands & Hollandois. 183
eftime autant fes premiers Ouvrages, comme Ton eftime peu les derniers. |
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FRANgOIS STAMPART,
�LEVE DE TYSSENS.
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C^ StaMPART naquit a Anvers
■T Ie 12 Juin 1675: on aflure que TyJJens avoit �t� fon Maitre : 1'envie de gagner, jointe a quelques fucc�s, Ie porta a peindre Ie Portrait. Il prit d'abord pour modele van Dyck & de Vos; mais tont ce qu'il fit depuis fut peint d'apr�s nature. Etant fort jeune, il fut appell� a Vienne ; TEmpereur L�opold, Charles VI & Sa Majeft� r�gnante , 1'ont fucceffivement ho- nor� du titre de Peintre du Cabinet. Nous fga- vons tr�s-peu de particularit�s de fa vie : nous ne doutons pas des talens d'un homme qui a rempli une place li diftingu�e dans line Cour oii les bons Artiftes font en grand nombre. On dit qu'il avoit imagin� une maniere expeditive, lorfqu'il peignoit des perfonnes de confid�ra- tion , qui n'avoient ni Ie temps, ni la patience d'attendre; il deffinoit leur t�te aux crayons noir, blanc & rouge : d'apr�s ce deflein, il peignoit & il ne fe fervoit plus de la nature que pour finir. Stampan mourut a Vienne, Ie 3 Avril 1750, chez les Peres Minorites oii il s'�- toit retir�. Nous ne connoif�ons pas les Portraits de ce
Maitre, mais ils font tr�s-vant�s par les Artiftes M4 &
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184 La Vie des Peintres
-------& les Amateurs. Un Auteur rdpedable affure
579- que Stampan, avant d'cbaucher une t�;e, don-
- noit une couche de couleur de chair a la place m�me o� il la pofoit.
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DANHAVER,
�LEVE DE BOMBELLI.
NOus regrettons encore de ne pouvoir rien
rapporter lur la vie de Danhaver , origi- naire de Souabe , ou de quelque eerde voifin. Ce g�nie facile cultivoit plufieurs talens, entre lefquels on compte ceiui d'Horloger qu'il exer- ca d'apr�s fon pere: la Peintiire i'enlevaa ces diff�rens eilais, Se lecaptivatellemment, qu'ilquit- ta m�me parens & patrie , & choifit 1 Iialie pour y apprendre la Peintiire & la Mui�que. Bom- �elli ion M.utre Ie regarda comme fon Eleve dans fes Ouvrages a Thuile & en mignature.Son d�part d'Italie & fes voyages dans d'autres Cours nous font inconnus. Enfin il s'�tablit a P�ters- bourg, o� fes talens pour Ie Portrait lui ont ac- quis baucoup de gloire. Nous apprenons qu'il y eft mort vers 1'an 1733; c'eittoutce que nous avons d�couvect de certain. |
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THIERRY
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Flamands, Allemands & Hollandois. 185
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THIERRY
VALKENBURG,
�LEVE DE JEAN WEEN INX.
VALKENBURG naquit a Amfterdam Ie 17
F�vrier 1675. ^on avidit� pour apprendre d�s fon enfance, Ie rendit,a neuf ans, fup�- rieur a ceux de fon age, pour 1'Arithm�tique & TEcrtture; mals Ie deffein euf pour lui bien d'au- tres attraits , tont ce qu'il vit fut deffin�, & cette habitude de tont copier lfti donna la plus grande facilit�. Son pere , qui aimoit les Arts par gout, pla^i fon fils chez un nomm� Kuilenberg; il y refta dix-huit mois. Tout jeune qu'il �toit, il voyoit d�ja trop combien ce Ma�tre �toit m�- diocre & peu propre a Tavancer, fon pere s'en apperc.it auffi ; & ds crainte de d�go�ter Ie jeune Eleve, il lui donna d'autres Maitres, Mekhior, Misffcher, Ie Bourguemeflre Vol/enhoven, & en- fin Jean FFceninx : deux ann�es de lecon de ce dernier, employees a copier (es Ouvrages & a imiter la nature, Ie rendirent capable de travailler feul. 11 parcourut Ie pays de Gueldre & d'Overyf-
fel , oii fes Portraits r�iiflirentauffi-bien que fes compofitions de Gibier mort & vivant: mais eet Artifte �toit d�ja trop habile pour fe contenter de ce premier fucc�s, il vouloit parvenir a ce haut d�gr� de m�rite & de gloire que Ie feul f�jour de Rome pouvoit lui procurer. En |
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l86 La Vie des Peintres
En 1696, il entreprit ce voyage par 1'Alle-
magne : Nimegue , Francfort, Nuremberg font les Villes o� il travailla. Augsbourg fut celle o� il rencontra un Amateur diftingu�, Ie Baron de Knobel, depuis Ev�que d'Eyftadt. Ce Seigneur aima tellement les Ouvrages de notre Artifte, qu'il Ie logea dans fon Hotel, lui donna fa table & paya g�n�reufement tout ce qu'il fit pour lui. Le Prince Louis de Bade, de retour a Augs-
bourg, frap� du beau Portrait du Baron de Kno- bel, & des Tableaux o� Valkenburg avoit repr�- fent� toutes fortes de Gibier mort & vivant, offrit au Peintre 2000Da'�lders , fa table , &c. Le Prince ne put obtenir que quelques Ta-
bleaux : fix mois de f�jour dans Augsbourg furent le terme que le Peintre s'�toit prefcrit; il con- tinua fa route. Arriv� a Vienne , il y �toit d�ja connu. Le Baron de Knobel avoit �crit en fa faveur. Valkenburg fut �tonn� de voir arriver chez lui un Officier de la part du Prince Adam de Lichtenflein , pour lui demander a voir de fes Ouvrages; il n'avoit que le feul Tableau auquel il travailloit : il 1'envoya encore frais. Le Prince en fut enchant�, & de crainte de rnan- quer le Tableau, il le garda, & le paya cent cinquante ducats. L'Auteur recut ordre d'en faire trois autres dans le m�me gout. Il fut log� chez le Prince, admis a fa table avec les plus grands egards. Valkenburgneputfu�r fon malheur.Com- bl� de gloire & de biens, 1'envie de retourner chez lui, lui fit refufer les propofitions les plus honorables ; & Rome qui avoit �t� le premier objet de fes voyages , & dont le f�jour lui avoit paru fi n�ceffaire a la perfe&ion du gout & des talens,
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Flamands , Allemands & Hollandois. 187
talens, ne fut pour lui qu'une Ville defagr�able, " ■■
a laquelle il renonca pour jamais. J "75 � R�folu de partir, il prit cong� du Prince
enrichi de fes Ouvrages, & de pr�fens qu'il avoit recus ; il vint a Amfterdam, o� la for- tune & la gloire fembloient 1'attendre. Sa r�- putation 1'avoit d�ja annonce a la Cour de Guil- laume III, Roi d'Angleterre, Ce Prince donna ordre a Defmarets, Controleur desBatimens, de lui faire vewir ce bon Artifte au Chateau de Loo. Valkenburg Umi. promptement un Tableau qu'il avoit commenc�, lequel fut 92CU, comme lui, avec plailir: le Roi lui fit payer cent ducats, aux- quelsil ajouta encore un pr�fent; quelque temps apr�s, Sa Majeft� !e fit appelerde nouveau pour ex�cuter des Tabieaux qu'il avoit projett�sx'�toit pour lui peindre des Oifeaux �trangers & rares. Le Roi �toit li occup� , qu'il ne put s'entretenir avec le Peintre, & il lui fit dire, q�'�tant oblig� de paffer en Angleterre, il lui feroit pan de fa volont�, lorfqu il feroit de retour; mais la mort enleva aux Artiftes ce Prince plein de gout qui �toit leur M�cene : premier malheur pour Val- kenburg. Le Baron de Schmettau, Envoy� du Roi de
Priii�e , lui offrit, au nom de fon Maitre, mille Rixda�lders de penfion pour demeurer a Berlin, en qualit� de Peintre de la Cour« il refufa le Roi par attachement a (a Patrie, & il eut en- core le malheur d'�poufer une femme que 1'on nous peint des plus noires couleurs. C'�toitpour elle qu'il avoit r�iift� a toutes les propofitions honorables qu'on lui avoit faites, & ce fut elle qui lui caufa mille chagrins : il n'eut de repos ni jour
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188 La Fie des Pe�ntret
jour ni nuit. Enfin, au d�fefpoir , il eut la trifte
confolation de trouver chez un de fes amis un azile imp�n�trable a cette furie. Il s'embarqua pour Surynam ; mais apr�s y avoir demeur� deux ans, il devint perclus de fes membres, & fon corps reduit a une telle maigreur, que 1'on craignoit pour fes jours. Il fe d�tcrmina a re- paffer en Europe, o� il fe r�tablit affez bien pour reprendre la palette : mais, a en jugcr par (es derniers Ouvrages, fes chagrins & fa tnala- die avoient beaucoup affoibli fes talens; il fit encore quelques Tableaux de Gibier mort, mais ils'attacha plus a peiijdre Ie Portrait, qu'il fcut faire reflembler & colorier avec v�rit� & beau- coup de force ; Ie genre de fon Maitre a fait fa r�putation, & c'eft a ce titre qu'il occupe ici une place. Il fut furpris la nuit du IX au 23 Janvier 1721, d'nne attaque d'apoplexie, qui 1'enleva 1- 2 F�vrier fuivant^ encore jeune, & �puif� des chagrins domeftiques. Il eft encore un exemple fouvent r�p�t� dans eet Ouvrage, de ces Artiltes pr�fomptueux, qui, loin de profiter des occaiions quelafortune leur ofFre, femblent les d�daigner, & veulent commander aux �venemens , au-licu de s'y foumettre. Les Ouvrages de ce Peintre m�- ritent 1'eftime que les Amateurs y ont attach�, en les achetant un prix confid�rable. On voyoit de lui deux Tableaux, apr�s fa mort, a Amfter- dam, dont Ie prix �toit fix� a mille florins. Dans la Vente de 1'Amateur van Vliet, on ven-
dit un Lievre mort cent foixante-iix florins ; des Oifeaux morts, &quelquesattributsde laChaffe, cent foixante-douze florins; un Chat qui tient un Goq (bus (es pattes j & quelques Fruits, deux eens
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Flamands, Allemands & Hollandois. 189
eens florins. Ces prix font augment�s & ne di-
minuer^nt point, tant que Ie m�rite aura fa va- La pl�part des Onvrages de ce Peintre font
dans les Cabinets d'Hollande , d'Allemagne, &c. On voit chez M. Lubbeling, a Amfterdam,
un Tableau bien compof�, repr�fentant des Per- dreaux raorts & les uftenfiles de la Chaffe. |
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GASPARD BOONEN,
�LEVE D'ARNOLD
BOONEN S 0 N F R ER E.
GAspard BooNEN,n�a Dordrecht Ie
7 Septembre 1677, eft Ie Frere & TEleve d'Arnold Boonen, cit� dans eet Ouvrage. Il mar- cha a grands pas fur les traces de fon frere; il peignoit, comme lui, Ie Portrait, avec moins de m�rite, mais toujours en Maitre; Ie talent de faire bien reffembler, de difpofer agr�ablc- ment & d'orner bien fes fonds avec une couleur vraic, lui procura beaucoup dePortraits a Rot- terdam & dans fa Ville natale, 011 il efi: mort Ie 20 O&obre 172.9, a 1'age de cinquante-fept ins. |
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CHARLES
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La Vie des Pcintres
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CHARLES BREYDEL,
�LEVE DU VIEUX RYSBRACK.
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les Breydel, * furnomm� Ie
1677. Vj Chevalier, naquit a Anvers en I�77. Son premier Maitre �toit Ie vieux Rysbrack, Payia- gifte. Trois ann�es d'�tude dans cette Ecole fuffi- rent a fes Ouvrages > a fon entretien & a fa fubfiftance. Son projet �toit d'aller en Itali�; il s'arr�taa Francfort,o�fes �uvrages plurent beau- coup: il alla enfuite a Nuremberg, o� il fut �gale- ment bien re^u , mais toiijours dans 1'intention d'aller a Rome. Au moment de fon d�part, il appritque fon frere Francais Breydel �toit a la Cour de Heffe - Caflel : 1'envie de Ie voir 1'y conduifit. lis y travaillerent enfemble pour la Cour & pour les Curieux d'Allemagne. Aprcs deux ann�es de f�jour, Charles Breydel y laiffa fon frere, & fut a Amfterdam -y toujours occih p� du genre qu'il avoit en vue, il y trouva Toc- cafion de fe former. Jacques Devos, marchand de Tableaux, lui fit copier beaucoup de vues du Rhin|, par Ie Peintre Jean Gryffier. Ce fut pour
* Iflu de la familie des Breydel, Bouchers a Bruges, qui paffent
pour �tre d'tine anfienne Noblefl'e : i]s furent annoblis t il y a quelques fiecles, pat un Empercur, auqucl ils rendirent des f«- vices marejues. lts exercer.t Ie tti�me m�tier, fans deroger, por- tant 1'�p�e 8c ort droit de chaOe fur toutes (ones de Cibier; c'eft fout cela qu'on Ie romme Ie Chevalier, «i'autant plus qu'il �toit auffi ti�s-magr.ifiquemem habill� , C'�toit une de fes folies. |
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Flamands, Allemands & Hollandois.
pour Breydel un moyen f�r de devenir habile ; ����
& effeftivement} d�s-lors il acquit de la couleur, 1677. de la fineffe & une facilit� de produire, m�me
ringuliere. Ce Peintre examina les vues d'apr�s
lefquelles les Tableaux avoient �t�copi�s; il en fit d'autres, & cela lui r�uffit, enforte que nous regardons la maifon de Devos comme fa princi- pale Ecole. Breydel voulut revoir Anvers, ayant peut-
ctre encore Ie projet d'aller en Itali�: fon ma- nage 1'en emp�cha, il �poufa Mlle Anne Buliens: mais, toujours inconftant, il laifla fa femme avec cinq enfans pour aller travailler dans d'autres Villes, fans jamais parier de fa familie & peut- �tre m�me fans y penfer. En 1724, il arriva a Bruxelles, o� il vifita
van Helmont, Peintre d'Hiftoire& de Portrait. Ce- lui-ci recut Breydel dans fa maifon, lui fit pein- dre quelques jolis Tableaux, qui lui ont procur� beaucoup d'Ouvrages. Les Amateurs augmente- rent de jour en jour: mais Breydel n'en amaf�k pas une plus grande fortune; ami de tous les plai- firs, trop r�pandu dans la monde, trop occup� de fa figure,trop magnif�que dans fes habillemens, il avoit & Ie fafle & Tair d'un grand Seigneur. Un Curieux lui fit porter deux Tableaux pour les retoucher, 011 pour y faire quelque changement. Breydel les ayant finis, dit Ie m�me jour a van Helmoni: Vo�la unOuvrage qui dok me rapponer pres de quatre louis, c'efl une bonne affaire, je veux vous payerla collatlon. lis fortirent enfem- ble, fans fermer Ie cabinet, dans lequel monta un petit enfant de la maifon, qui prit une brofle qu'il trempa dans Ie pincelier, enfuite dans du blanc,
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La F~ie d�s Pcintres
��blanc, & qui barboi�lla les deux Tableaux en-
'"77* tierement.Kerckhove, un des Eleves de van Hel- m^^T mont, s''en appercut Ie premier, il coumt enaver- tir fonMaitre, qui prit quelque pr�textepour quit- ter Breydcl, & vint a la maifon pour effayer de r�parer Ie tort que fon fils avoit fait a 1'Ouvrage: il vint a bout d'enlever la couleur de deffus Ie Tableau qui �toit fee avant que 1'enfant y e�t touche; mais en enlevant cette couleur, il �ta auffi tont ce que Bnydel y avoit fait. Ce der- nier retourna a la maifon qu'il trouva en ru- meur. Peu s'en fallut que eet accident ne lui tour- nat la t�te, parce qu'il comptoit fur eet argent; mais, au-lieu de r�parer fur Ie champ ce petit malheur, il fortit de rage, but long-temps, & en fit de m�me pendant trois ou quatre jours, fans rentrer chez lui. Parmi les gens de cette efpece, une folie entra�ne toujours une autre folie. L'envie lui prit de changer encore de demeu-
re en 1727. Il choifit la grande Ville de Gard, o� il s'�tablit avec une Gouvernante. Il fut voir M. MariJJal, Peintre qu'il avoit connu chez van Helmont'. ce fut pour M .MariJJal qu'il fit un cou- ple deTableaux que les Amateurs vinrert voir avec plaifir. On lui en commanda de tous c�- t�s : les premiers de la Ville, tels que Ie Baron van Quifegem, Mrs- Lucas Schamps, Jean-Bc- ti/Ie Dubois, de Tutter, van Steenbergher,, de Beckers, &c. chacun vouloit �tre fervi Ie pre- mier. C'�toit encore Ie moment de fe fixer : Mais autant il �toit inquiet & irr�folu dans fa con- duite, autant il �toit indifferent pour fa fortune. On ne fcait parquelle raifon ilquitta Gand pour y
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F�amands, All�mcmds & Hollandois.
y revenir apr�s avoir demeur� pen de temps �� aBruxelles. I(^77 Deretour a Gand, il loua en 1737 une mai-
fon, comme s'il eiit eu Ie projet de s'y �tablir. Ce fut pour lors qu'il travailla avec vivacit�, fans pouvoir raflafier les Curieux. Il gagna beau- coup, mais il d�penfa dem�me. Sa fidele com- pagne fcavoit veiller a fes befoins, en allant chezceuxqui luicommandoient des Tableaux, pour demander fouvent des a-compte. Ce Pein- tretr�s-accornmodant pour les jeunes Amateurs , leur faifoitdes petis Tableaux pour i'.irgentqu'ils difoient avoir a d�penfer. Tout lui �toit �gal, il r�gloit fon traVail fuivant leur bourfe. Aufl� on trouve dans la Ville de Gand feule un {i grand nombre de Tableaux de toutes grandeur» , que 1'on ne comprend pas comment il a pu tant faire & perdre antant de temps. Breydel pafla ainfifa vie, fans qu'il nous pa-
roifle qu'il fe foit fouci� ni de fa femme ni de fes enfans qu'il avoit laiff�s a Anvers; fa fidele Gou- vernante ne Ie quitta jamais, elle lui a furv�cu. BreydeL ftitcriiellement tourment� de la goutte fept a huit ans avant fa mort: il �toit perclus de fes mains au point d'�tre quelquefois fix mois fans pouvoir peindre : punition de tant d'exc�s , trifte exemple pour la jeunefle. Accabl� demaux, il mourut a Gand Ie 4 Novembre 1744 , & fut enterr� a Saint Bavon. J'ai conlid�r� lesOuvrages de Breydel en trois
manieres; lorfqu'il croyoit voir la nature avec les yeux de Gryffier : fes Tableaux avoient un vrai m�rite ,une excellente couleur, c'�toient des Vues du Rhin charg�es de Bateaux t mais abon- Tome IV. N dantes |
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La Vie des Peintres
------dantes en jolies figures d'hommes & d'animaux.
x"77-II changea tout-a-coup cette maniere pour pein-
�----- dre comme Ie Breugle de Velour. C'�toit legout
qui plailoit, mais il eut pour concurrent van
Bredael & Michau. Il fuivit une maniere qui lui �toit propre , & qui tenoit des deux pre- mi�res pour lharmonie de la couleur , mais plus claire; c'�toient des Batailles , des Attaques, des Si�ges , des Campemens , &c. Quelques Eftampes de vanden Meulen lui fervirent d'a- bord, il en fut quelquefois Ie Copifte, & m�- me Ie Plagiaire; mais il fit bien-t�t des �tudes d'apr�s la nature : il compofoit tr�s-facilement, il avoit pres de lui une douzaine de jeux de car- tes, fur lefquelsil avoit deffin� fes �tudes, foit au crayon rouge ou a la mine de plomb; la vivacit� de fon efprit fe remarque fur tout ce qu'il a peint : fa touche eft ferme & propre a fes Ouvrages , fon deffein eft affez correcl:; s'il avoit confult� plus fouvent la nature , fes Ta- bleaux feroient fans prix. Il s'en trouve qui fen- tent un peu trop la palette , mais d'aucres font pleins d'harmonie. Nous allons indiquer une petite partie de fes Tableaux, la pl�part fur cuivre , fur du fer-blanc, quelques-uns fur des plaques d'argent, & d'autres fur toile. On en trouve deux a Roiien, chez M. Haillet
de Couronne, Lieutenant-G�n�ral-Criminel. Ce font deux Vues du Rhin, avec de j olies figu- res & des animaux. A Gand, chez M. Lucas Schamps, dix Ta-
bleaux : les Batailles font les plus confid�rables & les plus pr�cieux de ce Maitre. Chez feu M. Hamerlinik, un grand nombre de
Tableaux,
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jFlan�ands, Allemands & Ilollandois.
Tableaux, Batailles & Vues du Rhin, &c. Il
y a peu de maiions avec des cabinets o� 1'on ne frouve des Ouvrages de BreydeL CheiM.Jiian-Bapt!,'�:. du Bois, uneColle�ion
nombreuie de ce Peintre. Chez M. Lormier, a la Haye , quatre Ta-
bleaux dans la maniere de Wonvvermans. Ce font des Attaques, des Embufcades & des Con- vois pill�s. Et chez M. L�ers , a Rotterdam, deux Ba-
tailles. |
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PIERRE HERAIM�,
�leve de son Frere
S I M O N H A R D I M �. HARDIM� naquit a Anvers en 1678, & , J"
fut Eleve de fon frere Simon haninn� ' Peintre de Fleurs, mort a Londres en 1737. Pierre a fuivi Ie m�me genre , mais avec une grande fup�riorit� fur les Ouvrages de fon Mai- tre. Il quitta fon frere a. 1'age de dix-neuf ans pour travailler a fon profit, il fut tr�s-employ� a la Haye o� il demeuroit; M. Hogendorp , & fon frere, Bourguemeftre de Rotterdam , 1'em- ployerent beaucoup ; fes Tableaux furent por- t�s dans toutes les Villes de la Hoilande. Il �poufa, en 1709 , Adr�enne Lens, la foeur d'un Abb� de 1'Ordre de Saint Bernard , pres d'An- vers, ce qui lui donna occaiion de peindre pour N 2 certe
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I$)6 La Fie des Peinires
# cette Maifon, en 1718, quatre grands Tableaux
* des quatre Saifons : tous les fruits & les fleurs
connus dans chaque faifon y font repr�fent�s; 1'Artifte s'y efl furpaff� ; les groupes y font bien compof�s : les fleurs & les fruits bien imi- t�s & bien finis. Cet Ouvrage fut fa gloire *& lui en procura beaucoup. L'Envoy� de PrufTe , M. de Schmettau, lui
commanda un Tableau de fruits & de fleurs �trangeres pour Ie Roi de Pruffe, qui Ie recut tr�s-bien. Tlardim� remplac.a Ie Peintre Ver- bruggen : il peignit dans les Plafonds, & dans les autres Ouvrages de Tervveften, les fleurs & les fruits. Le Comte de Waffenacr fit embellir les Appartemens de fon Hotel en partie par ce Peintre. Toujours avide de gloire, il fe crut n�glig� , parce qu'on ne lui ordonnoit plus rien, il en devint m�lancolique & mourut a Dort a la fin de 1748, ag� de foixante-dix ans ; il avoit �pouf� en fecondes n�ces M!Ie Brui- nejlein , de laquelle il ne laifla point de poft�- rit� : les trois enfans de fa premiere fem- me ont pris 1'Etat Eccl�fiaftique. Les Ouvrages de cet Artifte facije font
eftim�s en Hollande & en Flandre. On y trouve de la bonne couleur & de la libert� , avec cette touche tr�s-propre au genre qu'il avoit choifi. |
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KOENRAET
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KOENRAET
R O � P E L ,
�LEVE
DE CONSTANTJN NETSCHER.
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|O E PE L naquit a la Haye Ie 6------
|Novembre 1678. Sa mauvaife 1�78.
fant� fit d�fefp�rer (es parens de ment , avant d'�tre form� , fuj |
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�puif� par les remedes; on en
ftjavoit a quel �tat Ie deftiner, lorfqu'il fe d�- clara lui-m�me pour la Peinture; on lui dnona pour Maitre Conftantin Netfcher, qui d�cida N 3 d'en
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198 La F^ie des Peintres
, o d'en faire un Peintre de Portrait, ma�s les
7 maladies 1'emp�cherent de faire quelques pro- gr�s. Son pere Tenvoya a la campagne, pour �prouver encore ii 1'air ne feroit pas meilleur pour fa poitrine, & il lui abandonna un Jar- din pour fon amufement. Le changement d'air, Ja culture des plantes & des fleurs le portaa les peindre ; il r�uffit au-dela de fon efp�rance. Il fit connoiffance avec Mrs- Kinfchot, van Goens & Ban, les plus grands Fleuriftes de ce temps ala Haye, ils choifirent entr'eux les plus belles eurs d'apr�s lefquelles Ro�pel composa un Ta- bleau qu'ils lui payerent fort cher, & qui fit en m�me-temps fa fortune & fon nom. Alors entierement d�termin� a fuivre ce gen-
re, il imita d'apr�s nature les fruits & les fleurs, & en peu de temps il fut regarde comme le plus habile da Pays : fes bons Ouvrages le firent connoitre du Comte de Scha�jbergen, favori de TElecteur Palatin, pour lors le M�cene des Artistes. Ro�pel fut invite a fuivre le Comte a la Cour de DuJJeldorp en 1716. Il n'avait port� qu'un feul Tableau, qui fit tant de plaifir a 1'E- lecteur, qu'il le garda, & lui fit pr�sent, outre le payement, d'une chaine d'or & d'une me- daille du m�me m�tail pours'en d�corer; il lui ordonna d'autres Ouvrages en le fixant a fa Cour. Mais ce bonheur dura trop peu par la mort de ce Prince qui arriva peu de temps apr�s, au grand regret des Artistes qui habitoient cette Cour. Ro�pel retourna a la Haye, o� il trou- va bient�t des Amateurs de fes Ouvrages : la diftinftion qu�l recut a la Cour du Prince le plus �clair� de son temps dans les Arts, ajouta au
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Flamands, Allemands & Hollandois. 199
au m�rite de fes Ouvrages. M. Fagzl, Amateur c�lebre, lui commanda un Tableau; Ie Prince Guillaume de Heffe lui en fit peindre deux qu'il acheta mille florins d'Hollande. Il en fit un pour M. Lormier, a la Haye, & deux autres pour M. Guillaume Haensbergen. Tant de talens engagerent la Soci�t� des Peintres de l'infcrire parmi eux, Ie 5 Novembre 1718 , & fucceffi- vement il paffa dans toutes les charges, & enfin au Direftoriat de 1'Ecole acad�mique. Ce Peintre vivoit dans fon jardin, au milieu
des belles fleurs qu'il cultivoit pour fon amufe- ment & pour les repr�fenter dans fes Tableaux, toujours eftim�s des Amateurs & m�me des Artiftes k$ rivaux. Il �toit confid�r� par les per- ionnes du premier rang qui Ie vifiterent dans cette demeure d�licieufe; une vie r�gl�e, m�- l�e d'agr�mens qu'il s'�toit procur�s par fon m�rite & fa fageffe, lui ont prolong� la vie, malgr� fa mauvaife fant� : il mourut Ie 4 No- vembre en 1748, a i'age de soixante-neuf ans. Koepel eft un Peintre de fleurs & de fruits
rr�s-distingu�: fes Ouvrages ont �t� pay�s cher: van Hujfum l'a surpass� debeaucoup, mais cela n'empeche pas que les Cabinets d'Hollande ne conservent ceux deRo�pel.Nous n'en connoiffons point en France. On voit a la Haye, chez M. Fagel, une belle
composition repr�sentant des Fruits. Chez M. Lormier, quatre Tableaux, 1'un avec des Fruits & des Fleurs; les autres font des Fleurs de tou- tes les efpeces. Chez M. van H�teren, deux, 1'un de Fruits & 1'aurre de Fleurs. Chez M. d'AcoJia, un de Fruits & 1'autre de Fleurs. N 4 A
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La Vie des Peintres
1678. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, un fruit
,. '-. tr�s-f�n. A DufTeldorp, chez 1'Eledeur Palatin, im
Tableau o� font repr�fent�s des Fruits & des
Fleurs enfemble.
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ANTOINE ET JOSEPH
FAISTENBERGER.
f~* E s deux freres, originaires d'Infpruck, o�
V-1 leur familie exifte encore, fe font fait une r�putation. Antoine �toit 1'ain� 3 il naquit en 1678 ou en 1680. Il devint Ie Maitre de fon frere Jofeph, & d'un autre dont on ne dit rien. Antoine avoit appris fon Art d'un nomm� Bou- ritfch, qui avoit v�cu a Saltzbourg & a Paffav. Ces deux freres furent appell�s a la Cour de Vienne, o� leurs Ouvrages furent recherches, & de la port�s dans les autres Cours d'Alle- magne. Antoine avoit en vue les Ouvrages du Gaf-
pre & ceux de Glauber, enfuite il ne confulta que ceux de la nature: on affure qu'il fe fer- voitde la main d''Hans-Graaf \ du vieux Bredael, &c. pour placer les flgures dans fes Payfages qui ornoient la Galerie de 1'Einpereur, celle de Weimar, & les Cabinets des premiers Ama- teurs. Ce Peintre tr�s-eftim� mourut a Vienne en 1720 ou en 1722. Les Ouvrages de ces deux Artiftes ne me
ront pas connus; mais Ie jugement queje vais tranfcrire
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Flamands, Allertianis & Hollandois� 201
tranfcrire vient de fi bonne part, que j'ofe Ie
rapporter en entier. Son Payfage eft int�reffant par les belles fa-
briques , dans Ie gout de Rome ; fes folitudes deviennent agr�ables par les ch�tes d'eau, les rivieres & les lointains. Quant aux arbres, Ie feuill� eft vrai & touche avec efprit, la cou- leur eft par-tout celle de la nature, tant�t claire & tant�t vigoureufe. Outre fon frere qui �toit fon Eleve, Jofeph Ori�nt avoit �tudi� fous lui. On nous fait aufli T�loge des Ouvrages de Jofeph Faijlenberger 3 fur lefquels nous n'infifte- rons point, non-plus que fur 1'ann�e de fa mort i eft ignor�e.
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ANNA
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ANNA WASSER,
� L E V E
DE JOSEPH TFERNER. O I C I encore une fille auffi illuftre
par fes talens pour la Peinture, que nos laSu^eSc nosjDeshoulieres Font �t� pour la Po�fie, & qui a ennobli ces talens par des moeurs pures , des connohTances diftin- gu�es, & fur-tout par une foumiffion conftante aux volont�s de fon pere , peut-�tre portee un peu trop loin. Anna WaJJer naquit h Zurich en 1679. E!le
�toit
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La Vie des Peintres &c.
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203
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�toit fille de Rudolf fFaJJer,Membte du Grand- 1679.
Confeil , Baillif de Rattci , & Cam�rier de la - Fondation de la Cath�drale. N�e avec une conception vive, elle apprit
aif�ment les Iangues latine & francoife, qni lui furentbien-t�tauffi familieres que celle de ion pays, & elle fit de rapides progr�s dans les Belles-Lettres; mais a peine e�t-elle recu quel- ques lecons du Deffein & vu quelques Ouvra- ges en Mignatiire, qu'elle fufpendit, pour ainfi dire, tous fes go�ts pour fe livrer entierement a celui qui lui �toit naturel. Apr�s avoir effay� quelque temps des lecons d'un affez bon Maitre nomm� Sul0.000000e+000r, elle fi.it plac�e, par Ie confeil du c�lebre Felix Meyer, chez Jofeph ff^erner: il la fit d'abord copier d'apr�s les bons mode- les pour juger de fes talens: mais ayant vu la copie qu'elle avoit faite de fa Flore, il en fut fi furpris, qu'il invita fa jeune Eleve de venir chez lui o� il la combla d'�loges pour la cor- redion de fon deffein, & la parfaite imitation de la couleur; elle n'avoit pour lors que treize ans : & ce fut Ie 18 Mai 1692 qu'elle fit Ie voyage de Berne. Pendant trois ann�es qu'elle paffa dans cette
Ecole j elle parvint a 11 n grand d�gr� de per- fe&ion, elle s'exerca a peindre a 1'huile , & il y a lieu de croire qu'elle y auroit bien r�uffi, mais la Mignatiire �toit Ie genre pour lequel la nature fembloit 1'avoir deftin�e. Alors fes inf- tru�ions ceflerent, fes parens 1'ayant rappell�e. Ce fut avec les plus grands regrets que Ie Mai- tre & TEleve fe ieparerent, parce qu'ils avoient 1'un pour 1'autre la plus haute eitime. Arriv�e
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204 Ea ^c des Pemtres
------- Arriv�e a Zurich, Anna TFaJfer y �toit d�ja
1679- connue; elle fut employee pour les Cours d'Alle-
de Bade-Dourlach , de Stutgard fe difputerent a qui auroit un plus grand nombre de les Ou- vrages. LeDuc de Wirtemberg Eberhard Louis & fa fcEiir la Margrave de Dourlach, lui en- voyerent leurs Portraits en grand qu'elle peignit en Mignature, & qui r�pandirent fa gloire dans toute 1'Allemagne. On Ta remarqu� plufieurs fois, les Artiftes,
qu'un fordide int�r�t guide, manquent a la fois a la gloire &a la perfeftion; ils aimentmieux multiplier leurs produ&ions que de les finir; ce ne fut pas affur�ment Ie d�faut de notre Arti��e , mais ce fut celui de fon pere, qui , preff� par les bef�ins d'une nombreufe familie, la contraignoit de pr�cipiter fes Ouvrages; plus fenfible a la gloire qu'a 1'int�r�t , & farigu�e d'un travail plus p�nible qu'agr�able, & plus m�caniquequ'ing�nieux, elle perdit cettegaiet� qui fuit les fucc�s, & elle tomba dans unem�- lancolie qui fit craindre pour fa fant�. Heureu- fement la CourdeSolms Braunfels lui ayant fait des propofitions avantageufes, elle y alla accom- pagn�e d'un de (es freres; elle n'eut alors qu'a fatisfaire fon goiit pour la perfe&ion, elle re- prit fa premiere vivacit� & fut admir�e de toute la Cour , o� elle auroit paffe fa vie , fi la cu- pidit� de fon pere n'avoit pas troubl� de nou- veau fon repos. Il demanda fon retour, & elle y ob�ir encore, & ce fut en arrivant chez eile qu'elle fe mit au travail avec tant d'affiduit� & de d�go�t, que ce qui avoit �t� pour elle autrefois
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Flamands , Allemands & Hollandois. 20 J
gutrefois un amufement, devint une fatigue. , Une ch�te qu'elle fit en 1713, 1'enleva a 1'age ' 79- de trente-quatre ans. M. Fueffli, qui nous a donn� la vie d'Jnna
Woffer, nous aflure que Jacques Sandrart, qui avoit concu Ie projet de continuer la Vie des Peintres , commenc�e par fon pere Joachim, avoit vu la Vie de cette Fille illuftre �crite par elle-m�me. La mort de Jacques Sandrart nous en a priv�, ainfi que de bien d'autres M�moi- res qu'il avoit recueillis. Quant au m�rite $ Anna TVaffer, ce m�me M.
Fueffli marque qu'elle avoit un beau g�nie , un defTein fpirituel & une bonne couleur. Il pofTe- de Ie Portrait qu'elle a peint a 1'huile a 1'age de treize ans; mais il convient avec tont Ie monde qu'elle eft fup�rieure dans Ie genre de la Migna- ture. Tous fes Portraits font bien reflemblans & agr�ablement compof�s ; mais on voit briller fon efprit dans les Paftorales, petits fujets qu'elle aimoit a traiter, & qui touchent les Artiftes , parce que tout y eft ing�nieux & plein d'har- raonie. Lucas Hoffman, JouaillieraBale & fon admi-
rateur , n'�pargna rien pour acqu�rir (es meil- leurs Tableaux. Les Belles Lettres qu'elle aflbcioit a fon Art y & qui en faifoient la richefle & 1'or- nement, lui procurerent un agr�able commerce avec les Hommes c�lebres de TAUemagne, tels que Werner , pere & fils , M�jer, Hubert, Steller, Dun\, Marie-Claire Emmart, Ie Doc- teur Sckench^er, &c. |
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2o6 La Fie des Peinlres
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N. T Y S S E N S.
Tyssens efl Ie frere de celui dont
� nous avons parl�, nous ne fcivons pas celui-ci n'eft pas Auguftin Tyjjlns, qui fut
Direfteur de 1'Academie d'Anvers en 1691. Nous n'avons jamais pu apprendre fon nom de Bapt�me. Quoi qu'il en foit, il peignoit bien Ie Payfage, qu'il ornoit de figures & d'animaux dans Ie gout de Berghem. Il avoit une bonne couleur, il compofoit agr�ablement (es Tableaux. On voit prefque toujours des figures jolies a la fuite d'un troupeau de moutons, de vaches, de chevaux, &c. fes fonds fnr Ie devant font enrichis de plantes, de ronces , &c. tout paroit peint d'apr�s nature. L'ann�e de fa mort efl: ignor�e. Dans Ie Cabinet du Prince Charles, a Bru-
xelles , on voit deux Payfages avec des figures, par N. TyJJens. |
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FRANgOIS BREYDEL.
FRancois Breydel, frere de Charles,
naquit a Anvers Ie 8 Septembre 1679. On ne fcait point Ie nom de fon Maitre; on foup- conne qu'il a pu commencer chez Ryfbrack, comme fon frere. Il a cependant pris une route Men diff�rente. Encore jeune, il peignit des Portraits
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Flamands, jillemands & Hollandois. 207
Portraits avec un fucc�s fiirprenant pour fon �ge , ils lui m�riterent Ie titre de Peintre de la Cour de Heffe - Caffel, o� fes talens lui acqui- rent beaucoup de confid�ration; fon g�nie ne fe borna point au Portrait feul, il effaya des Aflembl�es, des F�tes, des Carnavals ; ces jo- lis Tableaux piquerent la curiofit� des Ama- teurs : il en fit beaucoup. Il y a lieu de croire que eet Artifte tenoit
du cara&ere de fon frere: qu'il avoit, comme lui, la m�me envie de changer de place, ou Ie m�me d�faut de ne pouvoir refter nulle part. Eftim�, comme il 1'�toit a la Cour de Caffel, fort employ� pour d'autres Villes d'AHemagne, il quitta Ie certain pour effayer a Londres une nouvelle fortune: il paroit que fes eonverfa- tions & fes affembl�es , &c. y ont �t� go�t�es, parce qu'il y refta long-temps avec H�roman vander Myn: il y �toit du moins encoreen 1724. On ne fcait plus rien de fa vie: on nous
apprend feulemeut qu'il eft mort a Anvers Ie 24 Novembre 1750, & enten � dans 1'Eglife paroiffiale de Saint Andr�. Les Bals , les Affembl�es, les Carnavals,
font des jolis Tableaux de ce Maitre,bien com- pof�s & d'une bonne couleur : on eftime ceux o� il avoit cherch� a varier les figures, dont les habillemens �toient fouvent a la mode , & m�l�es de foldats ou autres de cette efpece; la nature �toit fidelement r�pr�fent�e & avec ef- prit. On aime ce genre agr�able, & on les trouve commun�ment en Allemagne & en Angleterre: en voici quelques-uns bien connus. Dans Ie Cabinet de M. van Schorel de Wil-
ryck,
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208 La Vie des Peintres, &c.
�>-----■ ryck, Bourguemeftre d'Anvers, deux jolis Ta-
1679. bleaux: ce font des Mafcarades; & dans la Sale
■*MM? des Confr�res de Saint Sebaftien, les Portraits de tous les Doyens. A Dordrecht, chez M. vander Linden van
Slingelandt, un Tableau de familie , autant de Portraits: pres d'une Maiion de campagne un nombre de Gibier de toutes les efpeces: une allee d'Arbres laiffe entrevoir des Chaffeurs dans Ie loingtain. |
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JACQUES
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JACQUES-CAMPO
WEYERMAN,
�leve de Ferdinand
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VAN K E S
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E L.
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Eyerman fut a la fois Peintre,------
Po�'te & Hiftorien. Il auroit �t� 1679.
plus eftim� & plus heureux s'il ^SST
n'e�t �t� que Peintre.
Weyermart naquit en 1679. On ne f<jait s'il �toit parent de Jean
JFeyerman, dont nous avons parl� dans Ie 3° Vol. pag. 40. Celui dont nous �crivons la vie, fut place chez Ferdinand van Kejfcl; il paroit Tome IV. O qu'il |
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110 La Vie des Peintres
------qu'il avoit �tudi� la langue Latine avec 1'Art
1679. de la Peinture : il avoit une conception fi vive
-----> & fi prompte, qu'il avoit d�ja des talens d�-
cid�s en iortant de chez fon Maitre. Les fleurs
& les fruits qu'il peignoit d�s-lors furent recher- ches ; il auroit fait une fortune rapide, s'il e�t cultiv� tant de talens naturels,mais toutfon efprit ne fe porta qu'a la diffipation & a la d�bauche. Il �toit Ie chef des libertins de toutes les efpeces. Ce genre de vie ne pouvoit durer long-temps; il travailloit trop peu pour foutenir la d�penfe qu'il faifoit. Il trouva une reflburce dans la fo- ci�i:� d'un Marchand de curiofit�s qu'il fuivit a Londres, & qu'il trompa, en lui enlevant fes effets j apr�s avoir diffip� tout, il n'eut que Ie temps de fe fauver en Hollande pour �viter la punition qu'il m�ritoit. Ce trait, peu int�relTant dans notre Ouvrage,
eft cependant n�ceffaire pour faire connoitre Ie cara�ere m�prifable de eet homme , & montrer aux jeunes Artiftes que Ie libertinagemenebien- t�t au crime ; nous paffons fous filence bien d'autres traits de cette efpece. Deretour en Hollande, il crut trouver unmoyen
f�r pour fe procurer de 1'argent, en �crivant, fous des noms emprunt�s, a des perfonnes ri- ches, qu'il fcavoit de bonne part que TVeyerman alloit �crire contr'eux , & qu'il leur confeilloit en ami de 1'appaifer par des pr�fens: il �crivit auffi des lettres dans lefquelles il menacoit de br�ler les maifons, fi on ne lui faifoit tenir de 1'argent. 11 voulut mettre Ie comble a fes crimes* en faifant des vers infames contre les Dire�eurs de la Compagnie des Indes.; Cet �crit f�ditieux �iant
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Flamands} Allemands & Ilollandois. 211
�tant port� en Juftice, on foupconna,furleftile, �� que TVeyermanzn �toitrautenr;on donna ordre 1679. de 1'arr�ter, mais il s'�toit fauv� a Kuilenburg. __L �- La hors de prife ? mais dans Ie plus preflant be- foin , il ne put y refter davantage, & a peine fut-il forti de cette retraite , qu'il fut pris & �troitement renferme. A force de baffefles & de fourberies, auxquelles V employa fa plume, il �chappa a la corde , rcais il fut condamn�, Ie 22 Juillet 1739, a une prifon perp�tuelle a fes d�pens. Alors certain de ne jamais recouvrer la libert�, & couvert d'infamie , il peignit quelques Tableaux pour fubf�f�er , & des fleurs & des infe�es fur des glaces. On dit qu'il avoit encore �crit quelques Vies de Peintres, qui auroient pu �tre mifes a la fuite de celles qu'il a imprim�es,ou pour mieux dire , d�fi- gur�es d'apr�s Houbraken ; rrais celles qu'il a �crites dans la prifon n'onr pas paru , & je ne crois pas que nous devions les regretter , il les avoit, fans doute , remplies, comme (es autres Ouvrages, de menlonges, d'obfc�nit�s & de critiques auffi faufles que partiales. Weyerman a termin� fes opprobres & fa vie
dans la prifon en 1747. Nous avons �t� for- c�s de citer ce Peintre , mais ce n'efl; que comme Hiftorien que nous faifons mention de lui. II a public la Vie des Peintres en trois Volumes in-quarto. Dans Ie premier il donne une l�ge- re efquifle des Anciens qu'il rapproche des Modernes. Il a �crit en Hollandois avec ef- prit & m�ine avec �rudition , mais fa plurne, tonjours licencieufe , ne peut infpirer que Ie libertinage & Ie m�pris pour la vertu ; nous O 1 afliirons
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212 La F~ie des Peintres
affurons encore, qu'except� les dates qu'�
avoit prifes d'' Houbraken, ou que les Artiftes lui avoient fournies ; Ie refte de fon Ouvrage eft entierement faux, que fes jugemens font autant de libelles contre des Artiftes que leurs talens & leurs moeurs ont toujoursjuftifi�s. Quant a fes autres �crits, la pl�part font condamn�s par la Juftice. Il n'eft parvenu a notre connoiffance tju'un de fes Tableaux de fleurs qui nous fait regretter la perte de fes talens. |
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PHILIPPE VAN DYK,
ELEVE D''ARNOLD BOONEN.
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]68o. x qu'� portoit, eft encore aujourd'hui regret-
----- t� de la Hollande, qui Ie coniidere comme Ie
dernier de fes plus grands Peintres.
Il naquit a Amfterdam en 1680 , fon Maitre
Arnold Boonen vit avec plaiiir fes rares dif- pofitions, qui furent , d�s fa jeuneffe, un pr�- fage heureux de fes talens; fon affiduit� & fon application au travail ont �t� les garans affur�s de fes fucc�s. Cependant, quelque progr�s qu'� fit dans fon Art , il fentit plus qu'un autre Ie befoin de fe perfe&ionner de plus en plus fous fon Maitre, & il ne voulut point Ie quitter que fa r�putation ne tut d�ja bien �tablie par des Ouvrages recherches; il fe maria peu de temps apr�s , & dans la crainte de ne pas percer dans une Ville remplie alors de bons Peintres, il alla demeurer a Middelbourg en Tann�e 1710. 11 ne tarda
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Flamands, Allemands & Hollandois. 21}
tarda pas a s'y faire connoitre & a s'y procu- ------
rer des amis diftingu�s, tels que Ie Bourgue- I68o.
meftre Kouvverven & 1'Amiral Ockkerfe, tous � deux pleins de gout, & tous deux fort riches: ce fut pour lui un commencement de fortune; ils Ie chargerent de leur procurer les plus beaux Tableaux qu'il alla chercher dans la Flandre & dans Ie Brabant. Ces Cabinets ne purent man- quer d'�tre bien compof�s, & eet Artifte habile ne choififfoit qu'en connoiffeur & n'�pargnoit point 1'argent. Il peignit les Portraits des princi- paux de cette Province en grand & en petit: il fit plufieurs petits Tableaux dans Ie gout de Mi�ris & de G�rardouvv : &, quoiqu'il fut infatigable, il pouvoit a peine fatisfaire tous ceux qui rechercherent (es Ouvrages. L'occafion de faire tous les ans un voyage
dans lesprincipales Villes de la Hollande & dans Ie Brabant, lui procura beaucoup d'amis, fur- toutala Haye o� 1'on aimoit (es jolis Tableaux: on Ie pria d'y fixer fa demeure, & il y confen- tit, parce qu'ayanr d�ja perdu quelques-uns de fes protedeurs, il fe crut plus libre; ilfe pro- mit bien, dans fes voyages de r�cr�ation, de mettre tout a prof�t, & d'y peindre les t�tes de ceux qui Ie defireroient, & enfuite de finir Ie refte chez lui; d'ailleurs, la Haye �toit un f�/our pour lui plus propre encore a l'enrichir & Ie faire connoitre. Il eut occafion d'y for- mer les Cabinets du Comte de JVaffenaer, de MfS Fageltk vanSchuylenburg. Maisfon premier Prote&eur, Ie Prince Guiilaume de Heffe , qui formoit pour lors fa magnifique colle&ion, chargea notre Peintre d'en faire Ie choix, & O 3 d'en
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214 LaVie des Peihtres
-------den fixer Ie pnx, & Ie pr�fenta hii-m�me au
16S0. prince d'Orange Stattwudcr de la Frife, qui fe
'! un m�me Tableau qui fut donn� en pr�fent au Prince de Heffe. Il peignit dans Ie m�me temps un Plafond pour
Mr van Schuylenburg. C'�toit Iphig�nie enlev�e au Ciel, il repr�fentoit toute fa familie; il eft impoffible de rapporter la lifte de toutes les perfonnes de diftin&ion de la Hollande & de plufieurs Pays qui l'occuperent avec Ie m�me fiicc�s. Le Prince de Heffe, en tout temps attach�
a la gloire de fon prot�g�, le mena avec lui & le pr�fenta au prince fon pere , qui le recut avec cette bont� qui infpire Fhonneur & 1'�mu- lation. Il commenca les Portraits de cette fa- milie dans un m�me Tableau ; il eut la permif- fion de s'y repr�fenter lui-m�me tenant le Por- trait de familie en petit du Stathouder de Frife : il tinit ce Tableau a la Haye: les figures ont environ quinze pouces de haut ; il le porta en- iuite a Caffel, o� fon Ouvrage fut bien pay�. Il peignit encoreplufieursfoiscetteilluftrefamille en grand & en petit, & d'autres perfonnes de diftinction de cette Cour. Le Prince combla van Dyk de louanges, & 1'honora, dans un di- plome, du titre de son premier Peintre. De retour a la Haye, il r�p�ta plufieurs fois
les Portraits de la familie du Stathouder: c'eft d'apr�s ceux de van Dyk que Ton a grav� les medailles a Poccafion du mariage du Stathouder. Le Prince de Heffe demanda a fon Peintre deux: Tableaux de Cabinet; il laifTa le choix des fu- jets
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Flamands , Allemands & Hollandois. 21 f
jets a 1'Artifte, qui eut foin de les prendre dans
Ie genre noble & agr�able : dans Tun, un Hom- me pr�fente des fucreries a une jeune Dame, aupr�s de laquelle on voit une compagnie a rable: 1'autre eft un Concert; toutes ces flgures jolies font habill�es fuivant la mode: les ac- ceffoires font bien amen�s, & tout y eft d'im beau flni & de la plus grande v�rit�. Une for- tune encore plus confid�rable couronna (es fuc- c�s. Mr- Dieshoek, de retour des Indes avec de grands tr�fors, fe fit peindre, ainfi que fon fils & fa bru; il lui prit auffi envie de fe for- mer une colle&ion de Tableaux : van Djk fut charg� de les acheter. Dans Ie m�me temps, M. Sichtermans, �tant auffi arriv� riche des Indes, fe fit peindre avec fa familie; & a peine fut-il �tabli a Groningue que fon premier foin fut d'engager notre Peintre a lui procurer un Cabinet de Tableaux. Le Baron d'lmhof , Gouverneur g�n�ral des m�mes Contr�es pour les Etats-G�n�raux, procura a notre Artifte un nouveau moyen de fediftinguer: il le peignit en pied degrandeurnaturelle:ilf�tle m�me Tableau en petit; celui-ci a �t� grav�, le grand fut envoy� a Batavia pour y �tre place dans la Sale oii font tous les Portraits des Gouverneurs. Les Etats d'Hollande t�moignerent auffi leur
eftime pour les talens du Peintre, en lui or- donnant de peindre le Prince d'Orange. Ce Tableau devoit �fre place dans la Sale nomm�e la Treve. Le nombre des Portraits & des Ta- bleaux de Cabinets qu'il a peints, eft tr�s-con- fid�rable. Quant a fa conduite, elle fut eftima- ble: occup� de fon �tude & des devoirs de hi O 4 vie,
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2l6 La Vie des Peintres
-------vie, il fut g�n�ralement refped� & nomm�
1680. deux fois Diacre de TEglife r�form�e : emploi
^^=r qu'il a rempli avec exaditude. Il eft mort Ie 3 F�vrier 1752 , laiffant apr�s lui la r�putation d'un galant homme, & d'un bon Artifte. Le deffein de ce Peintre eft fans maniere 8c
fans fineffe; fes Portraits, fur-tout en petit, font d'une v�rit� frapante : auf�� voit-on qu'il copioit la nature fidelement : tous fes fujets font bien compof�s : il avoit une bonne cou- leur , &, fans egaler G�rardouvv, fes Tableaux m�ritent, pour leur pr�cieux, une place dans les Cabinets choifis. lis font encore peu dif- perf�s : on en trouve un tr�s-petit nombre en France, & nous ne connoiffons de lui que deux Tableaux, a Paris, chez M. de Gagnat. On voit une jolie Femme qui joue du Luth,
chez Mr van S�ngelandt, Receveur g�n�ral de la Hollande, a la Haye. Chez M. Fagel, une Bergere. Et chez M. Cauvverven , a Middelbourg ,
Sufanne avec les deux Vieillardst |
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HANS (Jean) GRAF,
�LEVE DE VAN ALEN.
JEan Graf naquit a Vienne en Autri-
che vers 1680. Jamais il ne fortit de fa Pa- trie, mais les lecons de van Alen, bon Pein- tre , la vue des Ouvrages des grands Artiftes, & enfin la nature qu'il a toujours fuivie, lui ont
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FlamandS) Allemands & Hollandois. ZIJ
ont fait produire de bons Tableaux : il fe plai- ■ foit a peindre des fujets de caprice, des places l °'
publiques, oii il repr�fentoit une foule de peu- ple, des chevaux & d'autresanimaux, une bafle- cour, la boutique d'un Mar�chal, &c. Tout eft bien group�, deffin� & touche avec efprit. Son Maitre 1'aimoit fi tendrement, qu'il lui don- na fa belle-foeur en manage; il en eut un fils noram� Volpert, qui ne fit jamais de grands pro- gr�s. Graf eft mort a Vienne fa Patrie : nous ignorons en quelle ann�e. |
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PIERRE STRUDEL,
�LEVE DE CARLO LOTHI.
T)Ierre Strudel a honor� par fes talens
�* Ie Tirol, o�il naquit a Khloes ou Cle\, dans 1'Ev�ch� de Trente, en 1679 ou 1680. Etant encore jeune, il pafla a Venife, o� il eut Ie bonheur d'�tre recu dans l'Ecole de Carlo Lothi. Excit� par fon amour pour notre Art, encoura- g� par des progr�s fup�rieurs a ceux de fes con- difciples, �clair� par les lecons de fon Maitre , il devint habile en peu d'ann�es. Ses Ouvrages furent port�s par-tout, & lui acquirent de la gloire & de la fortune. L'Empereur L�opold, qui 1'invita de venir a
fa Cour, Ie chargea du foin d'orner Ie cha- teau o� il r�fidoit; il y fit un grand nombre d'Ouvrages, qui ont beaucoup {ouffert depuis les changemens qu'011 a faits a cette maifon royale.
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La Vie des Peintres, &c.
------royale. Sa Majeft� fatisfaite des talens de Stru-
1680. dei, 1'honora du titre de Baron : diftin&ion
~----- bien flatteufe pour un Artifte, puifqu'il ne la
doit ordinairement qu'a lui-m�me. Strudei com-
pofa fucceffivement d'autres grands Tableaux pour d�corer les Eglises de Saint Laurent, des Auguftins, &c. Il en fit deux pour Ie Monaftere de Klofter - Neubourg : il efl �tonnant combien de grands Ouvrages on a vu fortir de fa main, pour avoir v�cu fi peu d'ann�es. Il mourut a Vienne en 1717, a 1'age de cinquante-fix ou cinquante-fept ans. Strudei avoit un beau g�nie; dans toutes fes
compofitions, on y voit briller eet efprit ori- ginal, qui n'emprunte rien des autres; il avoit �tudi� dans la grande Ecole cette marche noble & fcavante qu'il fait appercevoir dans tous fes Tableaux. Son deffein eft correft & fa couleur vigoureufe, quelquefois trop egale. Il repr�- fentoit fup�rieurement les enfans; il avoit �tu- di� & fgavoit rendre la foupleffe dans cette na- ture naiffante qu'il colorio'tt agr�ablement. Parmi Ie nombre de fes productions qui fe
voient en Allemagne, on conferve dans la Col- leftion de 1'Ele�teur Palatin, cinq Tableaux, deux Bacchanales , un Ecce Homo, Saint Jean 1'Evang�lifte & une fainte Familie. |
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JACQUES
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IACQUES
APPEL,
� L E V E
DE T1M0TH�E DE GRAEF.
VCQUES Appel naquitaAms-
rerdam Ie 29 Novembre 1680. Iffu Tune bonne familie , on ne n�gli- j;ea rien pour fa premiere �duca- tion , mais il donna fort jeune des marques de fon inclination pour la Peinture; avant m�me de fcavoir ce que c'�- toit, il deffinoit a la pluroe, il d�coiipoit avec des cifeaux des petites figures, Sc des animaux qui
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1�80.
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220 La Vie des Peintres
qui fembloient �tre faits par quelque Deflina-
teur, tantil y mettoit de gout. Voila vraifembla- blement ce qui porta fes parens a Ie placer chez Ie Payfagifte habile Thimoth�e de Graef, qui en- feigna au jeune Eleve Ie Deffein. Ses progr�s porterent de Graefk Ie vanter a David vander Plas, dont nous avons parl�. Sous ce nouveau Maitre, Appel redoubla fes
efforts; il marqua un gout d�cid� pour Ie Pay- fage. Les Ouvrages de Tempef�e lui parurent fu- p�rieurs a tout ce qui paroiffoita fesyeux; c'eft a ces marques s�res que de Graef reconnut Ie genre auquel fon cher Eleve �toit von�: il Ie mena a la campagne, & il vit eet enfant deffiner des vues, des animaux avec beaucoup d'efprit. Ses effais applaudis augmenterent fa confiance & encore plus fon application. Il eut occafion de voir travailler Ie bon Payfagifte Meyring; il en prof�ta fi bien, que 1'on s'appercut, fur-tout dans fes loingtains, combien un Maitre eft d'un grand fecours a de jeunes gens, qui, commen- cant a �tudier 3a nature, rencontrent des diffi- cult�s dans 1'art de la repr�fenter. Appel deve- nu Peintre de Portrait, & Payfagifte affezpaffa- ble, fe retira pendant deux ans a la campagne pour peindre toutes les vues en grand, & les objets en d�tail , il y r�uffit au point qu'a dix- huit ans on Ie regarda comme un Maitre. Il parcourut les campagnes, toujours en les
defl�nant; il en fit de m�me aux environs de la Haye. Il eft furprenant combien il avoit multiplie Ie nombre de les �tudes en auffi peu de temps. Ses parens 1'inviterent a retourner a Amfterdam, o� fes Ouvrages �toient connus, &
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Flamands, Allemands & Hollandois, 221
& d�s en arrivant, on lui commanda plufieurs �-------
Payfages. M. Cliffort fut Ie premier qui 1'occu- 1680.
pa, & a fon exemple, les Curieux ouvrirent un champ tr�s-�tendu a la fortune du jeune Ar- tifte, qui fe maria a vingt-deux ans. Ce fut alors qu'il alla a Sarndam pour y
peindre les Portraits des principaux de la Ville; on lui ordonna auffi quelques Tableaux d'Hif- toire & des Payfages : il fut demand� encore aux environs, il fembloit que la fortune s'offroit a lui par-tout o� il portoit fes pas. Apr�s trois ann�es d'abfence, il retourna a Amfterdatn o� il forma une efpece de Manufa�hire de Peinture, a laquelle il ne faifoit que pr�fider; il avoit fous lui des Artiftes de toute efpece, des Payfagiftes, des Peintres de fleurs, d'animaux , &c. Aufl� trouvoit-on chez lui auffi-t�t des meubles d'Ap- partemens de Ville, de Campagne, de Jardin , &c. Appel fut toujours occup� a enrichir des
Sales & des Appartemens de Tableaux d'Hiftoi- res, de Payfages, de Figures imitant Ie marbre & la pierre; il en finit alors un grand nombre pour M. van Schuylenburg, Bourguemeftre d'Harlem , & de jolis Tableaux de cabinet pour M. Santvoort ; Ie Chateau de M�erenberg eft rempli de fes Ouvrages. Plufieurs Salons font d�cor�s de fa main dans
1'H�tel de M. Berkenrode & de Mr» Verhammen & Baftaen; & des Ouvrages tr�s-confid�rables fe trouvent chez M« les Bourguemeftres Six & O�eivlnh. Appel a travaill� jufqu'au dernier moment de
fa vie avec la m�me ardeur & avec la m�me vivacit�.
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222 La Vie des Peintres
�' vivacit�. Apr�s avoir bien i�up� un foir, fans
1680. fentir aucune incommodit� , on Ie trouva mort '""■■ , dans fon lit Ie lendemain 7 Mai 1751. C'eft un bon Payfagifte , qui m�rite des
egards : il compofoit facilement & touchoit Ie feuill� de fes arbres avec v�rit� & vari�t�, fa couleur eft agr�able, parce qu'elle approche de la nature : bien inf�rieur a Btrghem, mais fu- p�rieur a bien des Payfagifles dont on fait cas. |
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N. V E R E L S T.
NOus ne devons pas manquer de paler de
M'ie V�relfl, qui a illuftr� fon nom pat fes Ouvrages. Elle eft niece de Simon F�re'ft, & nous la croyons n�e a Anvers 1'an 1680. Son cducation fut excellente , elle iouoit tr�s-bien de tous les inftrumens, elle parloit & �crivoit en plufieurs langues. On nous raconte un trait de fa vie bien honorable pour elle , lorsqu'dle demeuroit a Londres chez fon oncle qui y �toit �tabli. Sa tante & un ami 1'accompagnerent a la Com�die : on la placa dans une des premi�res loges , o� il fe trouva fix Seigneurs Allemands, qui furent frap�s de fa beaut� & de fa modeftie: ils la louerent avec tant d'exag�ration , qu'elle fe crut forc�e de leur dire en Allemand : >» Louer » avec tant d'exc�s une jeune perfonne en fa » pr�fence , c'eft expofer fa modeftie. Je vous » prie, Mef��eurs, de vous fouvenir que nous » fommes foupconn�es d'�tre foibles quand on » nous loue. » On lui demanda pardon , mais O�l
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Flamands, Allemands & Hollandois. 223
on continua fur Ie m�me ton en langue Italien- _____ ne ; elle r�pondit en la m�me langue avec la 1680. m�me grace. Un des Seigneurs dit en Latin , -----■
m�nageons la d�licatefle de cette jeune perfonne
qui efi fi digne de nos �loges, &c. MIle V�relfl apr�s Tavoir �cout� , r�pondit aufli en Latin : � les hommes nous ont �t� les honneurs & les di- � gnit�s , pourquoi voudroient-ils encore nous � priver d'une langue qui peut nous ouvrir 1'en- � tree des Sciences, &c. � Ces Meffieurs, plus enchant�s que furpris,
garderent quelque temps Ie filence : enfuite Ie Comte * * * s'adreffant a elle, lui demanda , au nom d'eux tous, la permiffion de lui rendre leurs devoirs chez elle : elle dit, je fuis Pein- tre , je recois chez mon oncle tous ceux qui m'honorent de leurs vifites; c'eft un des devoirs de mon �tat. D�s Ie lendemain elle vit arriver ces Seigneurs,
qui ne purent cacher leur admiration pour fes Ouvrages ; ils fe firent peindre , fon pinceau les charma ; c'�toit pour eux une occafion de r�compenfer Ie m�rite : ils payerent Ie prix de leurs Portraits, mais ils lui firent des pr�fens bien plus confid�rables , & publierent par-rout Ie fcavoir & les graces de Mlle V�relft. Elle �toit recherch�e dans les meilleures com-
pagnies ; mais elle aimoit fi peu la diffipation, qu'il falloit employer touces fortes de moyens pour la diftraire de fes travaux. Son Art feul avoit des charmes pour elle & pouvoit la f�xer; elle compofoit les fujets d'Hiftoire avec fageffe & efprit : tous les Amateurs de Londres s'en procurerent, il lui reflapeu de temps pour pein- dre |
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224 La ^e des Peintres
dre des Portraits en petit qui ont auffi Ie m�me
m�rite ; nous ne connoiffons point les Ouvrages de cette aimable Artifte. Ses Confr�res affurent que jamais femme Peintre n'a deffin� fes figures avec autant de corre&ion & de fineffe ; elle donnoit a toutes cette jnfteffe d'expreffion & cette nobleffe qui annoncent l'�l�vation de 1'ame de celui qui compofe. Tout ce que nous avons appris de certain, c'eft 1'accueil que les Ama- teurs font a fes Tableaux qui fe confervent dans Londres , & l'eftime qu'elle avoit acquife dans Ie monde par fa conduite & la douceur de fes moeurs. Nous ignorons Ie temps de fa mort que 1'on croit �tre arriv�e a Londres. |
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N. C R E P �.
REPU a paffe une partie de fa vie a la
guerre en qualit� de Lieutenant dans les troupes d'Efpagne. C'eft une chofe affez fingu- liere Sc m�me rare de voir que ce Peintre, fans Maitre , & fans prefque avoir vu travailler, foit devenu lui-m�me auffi habile en tr�s-peu de temps : il quitta Ie lervice a 1'age de qua- rante ans. Il avoit peint par amufement dans les diff�renres garnifons & m�me lorfqu'il �toit camp� ; il copioit la nature, &apprenoit d'elle a la repr�fenter tr�s-fidelemenr. Il s'�tablit a Anvers, & fe mit a peindre. Les
habiles Artiftes qui vivoient pour lors , ne pu- rent affez louer fes difpofitions. Quelques-uns furent bien plus �tonn�s de fa fup�riorit� fur eux :
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Plamands , Allemands & Hollandoir. �
feux : fes Tableaux furent port�s par-tont, bien vendus & bien recherches : il quitta Anvers & 1680; alla demeurer a Bruxelles , o� il eut bien-t�t des Oliv rages & des Eleves. Une avanture manqua de faire mourir de
peur eet ancien Officier : en fe retirant chez lui , apr�s avoir paffe une partie de la nuit a boire avec quelques amis , il fe fentit faifir par les �paules ; il mit 1'�p�e a la main , fondit fur Ion ennemi qu'il renverfa par terre. La frayeur ayant diflip� les fum�es du vin , il ap- procha du mort, & fut furpris de voir expirer un cerf au-lieu dun homme. Il Ie traina chez lui & Ie fit couper en pieces & faler. Le cerfap- privoif� avoit appartenu au Gouverneur qui aimoit fort eet animal. Aufli-t�t qu'il apprit qu'il �toit perdu, il entra dans une fi grande colere , qu'il voulut faire punirtoiis fes gens. Il ordonna de faire une recherche exacle dans toute la Vil- le: recherche inutile ; fon Capitaine des ChafTes lui promit de Ie trouver , s il vouloit lui per- mettre de lacher fa meute. En effet, auffi tot que les chiens , en parcourant la Ville , appro- cherent de la maifon de Crcpu , ils y entrerent tous & y firent un bruit �pouvantable. Notre Peintfe, qui f9avoit d�ja a qui avoit �t� Ie cerf, & qui connoiffoit la violence du Gouverneur, quitta palette & pinceaux , & fe fauva par fon grenier fur Ie toit des maifons & fe refugia chez un particulier , en lui di(ant qu'il avoit fait un meurtre ; il gagna un autre azile, oii il apprit que les ordres �toient donn�s pour l'emmener mort 011 vif. Cr�pu croyoit d�ja voir la mort a fes c�t�s. Ses amis furent trouver Ie Gouver- 7tme IV. P neur
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xiS La Vit des Peintres
neUr & lui peignirent 1'innocence & Ia peut
du Peintre : il en rit beaucoup , & � revoqua 1'ordre donn� la veille , & fit dire a Cr^n-qu'il pouvoit revenir a Bruxelles, oh il continua de travailler , en effuyant de temps en temps de mauvaifes plaifantcries fur fa m�prife,qui auroit �t� fort heureufe pour lui, fi eUe 1'eut guen de fa paffion pour Ie vin. Il eft mort d'une fievre violente, fans que 1'on fcache en quelle annee. 11 avoit �pouf� la fille de Pattli, Peintre en Mx- enature. .
Cr�pu eft un bon Peintre de fleurs , moins
■pr�cieuxque van Huyfum, Mignon , de Heem, &c. mais il avoit 1'art de bien compofer fes Tableaux; il donnoit de la l�geret� a les fleurs: une crande facilit� qui regne par-tout y ajoute un m�rite bien remarqu� par les Artiftes. Nous avons vu des Tableaux de ce Ma�tre qui font eftim�s en Flandre , & que 1'on connoit en France. |
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N- VANDER STR A�TEN-
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L
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E bon Payfagifte vander Strae'ten naquit
en Hollande vers 1'an 1680. Jamais g�nie |
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ne fut plus abondant , plus facile &c plus fait
pour furpaffer ceux qui avoient , comme lui, peint Ie Payfage. Il deffinoit fup�rieurement fes etudes d'apr�s nature au crayon noir & au crayon rouae ; mais fes exces dans la d�bauche & fa paflfon pour Ie vin firent perdre a eet Artifte ion talent, fa fortunc & fa r�putation. Il paffa a |
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Flamands, Alleman ds & Hollandolf, it-f
Londres, oii il fut d'abord tr�s-recherch� : il ne pouvoit fuffire � fatisfaire les Curieux , Sc tout ce qu'il faifoit alors juftifie leur choix ; mais fes paflions augmenterent avec fes richefles , Sc Ie profit confid�rable qu'il tiroit de fes talens , au-iieu de les augmenter , ne fervirent, par Ie nrauvais ufage qu'il en fit , qu'a les d�grader. Il ne rechercboit que ceux qui avoient la com- plaifance de boire a fes d�pens , de louer fes exces, Sec. Bient�t cette vie honteufe abforba fes efprits. Ses �uvrages n'eurent de m�rite que cette facilit� qui m'eft agr�able que lor(quJelle eft foutenus par Ie jugement & Ie ffavoir. On a vu eet Artifte peindre en un jour dix Tableaux; qui �tonnent pour la vari�t�. On y voit des Ch�tes d'eau, des Vues des Alpes, des For�rs de fapins , &c. Ces d�bauches de g�nie ('e voyoient a Londres dans un Cabaret, o� les plus grands Seigneurs alloient admirer la plus heureuie f�- sondit� , jointe a la plus grande pratique. Ce n'eft point pour ces derniers Ouvrages
que nous propofons eet Artiite pour modele & encore moins pour fon inconduite qui Ie rendit m�prifable, & qui Ie fit mourir de mifere. Mais nous indiquons fes premiers Tablcaux com-« me des produdtions a imiter. |
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V x
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J E A N
VAN H U Y S U M *
�LEVE DE SON PERE
JUS TE VAN HUYSUM.
E Peintre illuftre dans fon genre
a furpaff� tous ceux qui ont peint, comme lui, des fleurs &c des fruits; fes Ouvrages excitent autant de furprife pour leur f�ni que d'ad- miration pour leur v�rite. fean van Huyfum naquit a Amfterdam, Ie 5 Avril 1682, de fufle van Huyfum , Peintre de fleurs , qui avoit fait de fa maifon unc efpece de Manufa&ure de Peinture , dans laquclle il |
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LaV�e des Veintres , &c'. $
emp�oya fes fils , qui peignirent des vafes , des
deflus de portes, des paravans , &c. tout ce 1682» qui pouvoit fervir a orner des Appartemens , ^�ZS* des Jardins , Perfpeftives, Payfages , Architec- ture , Figures , Fleurs , Animaux , tout y fut peint: on n'avoit qu'a entrer dans cette efpece de jnagafin pour fe meubler. fean van Huyfum , qui �toit 1'a�n� de fes
freres , ne fit pas confifter fes talens a peindre v�te , & fon m�rite a gagner de 1'argent, il fe propofoit pour objet la gloire & la perfeftion ; auffi acquit-il bien-t�t une grande pratique , mais ce fut fur-tout lorfqu'il eut atteint la maturite de 1'age ; alors �tant marie & plus maitre de fon temps & de fon gout, il fe livra tout en- tier a la paffion qu'il avoit pour la gloire, 8c par conf�quent pour la perfeftion. Apr�s avoir vu les Ouvrages de Mignon &
de tous ceux qui avoient excell� � repr�fenter des Fleurs & des Fruits , il effaya de toutes les pratiques qui pouvoient Ie conduire a imiter Ia couleur & la l�geret� de chaque fleur , de cha- que feuille , & des fruits diff�rens ; il ne tarda pas a �tonner les Hollandois. Ceux m�mes qui avoient donn� les fleurs choifies de leur jardin , convinrent que la nature perdoit de fon �clatau- pr�s de 1'imitation. On citeunTableau de lui qu'il a peint dans fa jeuneffe en 1716 , pour un Cu- rieux que 1'on nomrae M. Galer. Tous ceux qui Ie virent furent dans la plus. grande furprife. Le Prince Gu�laume de Heffe , qui faifoit recher- cher les plus beaux Tableaux pour fon Cabinet, ne put affez louer le m�rite de ces fleurs : tous les Curieux de fleurs en procurerent au Pein- P 3 tre,
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2 JO Z>4 Vte des Pel»trgs
tre, qui les fcut embellir encore, Sc s'il eft per-
mis de Ie dire , ajouter a leur fra�cheur , a la
Jegeret� de leurs feui�es celle que l'art lui avoit
apprife.
Ce fut au gout des Francois qu'il dut fa r�-
putation qui fut portee par tout. L'Envoy� de France , Ie Comte de MarvilU , acheta pour Jut deux Tableaux , & deux autres pour Ie Duc d'Orl�ans : on paya pour lors chaque Tableau douze eens florins d'Hollande : prix qui a en- core augment� depuis. Il en fit quatre pour M. Walpolt, fix pour M. Vage , qui furent envoy�s � Londres. Le Prince de Heffe en commanda plufieurs a des prix confid�rables. Le Roi de Fologne , Ele&eur de Saxe, Ie Roi de Pruffe &c prefque tous les Princes d Allemagne , firent acheter des Tableaux de van Huyfum. Enfin on vit , dans deux Ventes publiques , expofer fix Tableaux de lui : le nombre ne fut pas nmfible aux prix de fes Ouvrages. M. de Reuver de Delft paya 1450 florins , pour celui qui repr�fen- toit des fkws, & 100^ florins, toutargent d'Hol- lande , celui qui repr�fentoit des Fruits ,� & d'au- tres plus petits furent achet�s neuf eens , huit eens & fept eens florins : ce grand Peintre prou- ve bicn que 1'amour de la gloire & de la perfec- tion eft quelquefois r�compenf� par la fortune. Le prix exceffif que van Huyjum recut de fes Tableaux lui fit redoubler fes foins &c fes recherches; perfonne ne fut admis dans fon atte- �er quand il travailloit : on dit que fes freres en furent �galement priv�s ; il vouloit appa- yamment d�rober au public fa facon de purifier fes couleurs ou de les employer: petiteffe � tops egards,
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Tlamands, 'jihemttnds & Hollandols'. ijf
igards : charlatanifme qui ne doit jamais �tre mis en ufage par les grands Artiftes ; aufli-ne 1682.. rapportons - nous ceci que d'apr�s van Gooi , * Hiftorien Hollandois, qui dit encore que van Huyfum n'avoit jamais voulu d'autreEleve qu'une Demoifelle Haverman , qui �gala affezfon Ma�- tre pour lui infpirer de la jaloufie , & dont il n'auroit pu fe d�faire , � elle ne fe fut desho- nor�e par une foibleffe qui Ia forca de partir & de fe rendre a Paris 011 fes Ouvrages furent recherches, & qui lui m�riterent, dit-on , une place a 1'Acad�mie royale de Peinture : mais ce dernier fait n'efl point vrai, elle n'eut jamais 1'honneur d'�tre de 1'Acad�mie. II paro�t affez certain que van Huyfum , aigri
par des chagrins domeftiques , & fur-tout par la d�bauche de fon flls , devint ialoux , fauva- ge , fuyant Ie monde , qui 1'�vita �galement 5c ne rechercha que fes beaux Tableaux ; tant de m�rite excita 1'envie ; les uns r�pandirent Ie bruit que fes Ouvrages diminuoient en m�rite , d'autres Ie difoient mort : ces faufl�t�s furent connues a la honte de ceux qui en �toient les auteurs. Van Huyfum mourut Ie 8 F�vrier 1749. pufte van Huyfum , frere de notre Peintre , mourut a 1'age de vingt-deux ans , il peignoit des Batailles en grand & en petit avec une fa- cilit� �tonnante , fans modeles, tout de g�nie & avec gout. facqnes van Huyfum , autre frere mort k
Londres, o� il copia fi bien les Ouvrages de fon frere fean , qu'on y �toit tromp� ; il vendit fes copies quarante & cinquante louisle couple , il f n compofoit lui-m�me d'apr�s nature qui font P 4 recherches*
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2,3 2, La Vte des Veintret
recherches. Ses Tableaux augmenterent de pr�x
comme ceux de fon frere.
Le troifieme frere de fean van Huyfum eft
encore vivant Sc d'une conduite eftimable. II enfeigne en Hollande le Deflein aux perfonnes de confid�ration. On convient affez g�n�ralement que notre
Peintre a furpaff� tous ceux qui ont peint des fleurs & des fniits : le foin qu'il prenoit a pu- rifier (es huiles pour pr�parer fes couleurs , &c les recherches qu'il a faites pour trouver les plus �clatantes & les plus folides , eft un autre m�- rite , dont la poft�rit� lui fcaura gr�. Nous avons avec foin examin� les Tableaux de ce Ma�tre , les uns finis , d'autres moins avances , & quel- ques-uns a peine �bauch�s : c'eft d'apr�s eet ordre que nous ofons effayer de d�velopper fa pratique dans 1'op�ration. L'impreffion en blanc des fonds de fes pan-
neaux on de fes toiles �toit pr�par�e avec le plus grand foin, & une puret� qui lui �ta Ia crain- te de voir pouffer ou detruire les couleurs qu'il y appliquoit avec bien de la l�geret� ; except� les clairs , il glacoit toutes les autres , & m�= me fes blancs , jufqu'a ce qu'il e�t trouv� le ton; c'eft par deffus cette pr�paration qu'il fi- niffoit les formes » les lurnieres, lesoinbres, les reflets ; tout y eft avec chaleur & pr�cifion , fans f�cherei�e & fans n�gligence ; Ie duvet s ie poli, le velout� , la tranlparence, & 1'�clat le plus vrai & le plus brillant, fe trouvent par- tout avec cette touche que la nature indique , & qui n'eft ni maniere ni hazard. Les vafes qu'il a feu habilement placer, & dans lefquels il po- foit
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Tlamands , Alleman ds & HolUndois. �35
jfoit fes fleurs , font encore d'apr�s nature : les faas-rehefs , aufli finis que Ie refte , ne d�parent 1682. point fes Tableaux , qui font la plupart bien ^SF1 compofes 6c d'une harmonie fcavante , de la lumiere & des ombres; on recherche beaucoup plus ceux qui ont des fonds clairs , parce qu'ils pnt plus d'�cLit, ils font plus chers & ont co�t� plus de peine a PAuteur ; il s'en trouve o� les fonds font bruns , fans �tre noirs , qui plaifent autant aux Arfiftes. On y trouve Ie m�me �clat, mais plus de force & d'harmonie; au refte , il y a un choix a faire dans fes Tableaux. Il s'en trouve de plus heureufement compofes & dans lefquels la lumiere eft plus ou moins bien r�unie ; il avoit Padreffe de former fes groupes en forte que les fleurs les plus �clatantes tenoient Ie cen- tre , & il d�gradoit par la couleur de chaque fleur depuis Ie centre jufqu'a Pextremit� de fon groupe. Des nids d'oifeaux , leurs oeufs , les plumes , les infeftes , les papillons , les gouttes d'eau , tout eft avec la plus grande v�rit�, & fait illufion dans les Ouvrages. Apr�savoir fait eet �loge, qu'il me foit per-
mis de dire que les fruits nous ont paru quel- quefois comme de Pivoire 011 de la eire : une touche plus s�re auroit auffi annonce plus d'art. Ses �tudes lav�es ou deffin�es font au m�me d�gr� de pr�cifion & ch�rement vendues. On a vu payer a AmUcrdam mille trente-deux flo- rins pour quatre Payfa«es lav�s & touches a la plume ; ajourez au talent de ce Peintre un avantage qui n'exiftoit pas du temps de Mtgnon & de Heem. Les Artiftes Hollandois n'avoient pas un chpix de modeles a copier, comme van
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134 ■�<* P"te des VeinM�
van Huyfum , qui vivoit du temps qne Ia Hol*
lande �toit en pofleffion des plus belles fleurs de 1'Europe que des Amateurs cultivoient & cultivent encore avec foin &. d�penfe. Circonf- tance heureufe pour un Pcintre qui a tant de befoin de voir la belle nature , quand il veut la repr�fenter ! Nous avons parl� de van Huyfum comme du
premier Peintre de fleurs , il nous refte �. Ie faire conno�tre comme bon Payfagifte ; il eft moins connu en France par fes Payfages que par fes Fleurs. Ses Payfages font bien compo- fes. Sans avoir vu Rome , il en emploie fouvent des reftes de fes vues immenies qu'il a repr�- fent�es : on y trouve une couleur excellente ; chaque arbre a une touche propre pour fon feuill� : les plantes , les plans diff�rens font tous diipof�s avec jugement & avec gout. Les figu- res bien deffin�es dans Ie gout de fai>cffe font tr�s.finies & touch�esavec efprit.il femble en- core qu'il copioit Ja nature dans un pays chaud : les ciels ,-les lointains > les montagnes , les val- l�es & Ie feuillage cara��rifent un climat tel que 1'Ita1 '��;. Les Curieux les recherchent en Hollande &. les paient fort cher. M. Tejias , Amateur , acheta dans la vente
du Peintre un petit Payfage pour Ie prix de deux eens cinq florins ; un autre petit en gri- faille , & heurt� comme une eiquiflc , fut ven- du cent cinq florins. Les deux feuls Payfages avec figures que nous connoiflbns en France de van Hnyfum, font a Rouen, chez M. Marye , Secr�taire du Roi : ils font des plus fins de ce Makre. On voit a Paris, dans Ie Cabinet de M. |
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FUmands, Al�emmds & HolUndois. 13 f
de Troyer, deux Tableaiix en hauteur : 1'nn re- - pr�fente des Fleurs , & Pautre des Fruits , tous 1681.
deux du plus beau de ce Ma�tre. Chez M. Blon- -p' , g del de dagny, deuxTableaux clairs, un de Fleurs & 1'autre de Fruits. Chez M. de la lyve defully , deux Tableaux Fleurs & Fruits. Chez M. Lem- pereur, ancien Echevin, deux beaux Tableaux , 1'tin de Fleurs & 1'autre de Fruits. Chez M. de fu�er.re , un Panier rempli de fleurs. Dans Ie Cabinet du Prince de Heffe , un Ta-
bleau de Fleurs. Chez M. Fagel, Greffier a Ia Haye, un beau
Payfage. Chez M. van He ter en , un Tableau fond clair avec des Fleurs; &uneCha/Teau cerfdans un beau Payfage. Chez M. Half-W*ffer,aer, un Tableau o� font des Fleurs. Chez M. van Bre~ ir.en , un Payfage joli. Chez M. Braamkjtmp , un Vafe par f. de (Vit, 6c les Fleurs par van Huyfum : un autre repr�fente auffi des Fleurs ; des Fleurs dans un vafe de porcelaine ; des Fruits <lans une fo�coupe & un joli Payfage avec des Figures. Chez M. Leen dei- de Neufviil� , un grand Tableau remp� de fleurs , tr�s-capital. Et chez M. Luhbeling , un beau Vafe avec des Fleurs ; fon pendant, des Fleurs , des Fruits , un Nid d'oifeau avec les osufs, & un autre avec des Fleurs & des Fruits. Nous avons vu a la Haye , dans Ie Cabinet
de M. Lormier, mort en 1758 , dix Tableaux des plus confid�rables Aeftan van h'uyfum. Six avec des Fruits & des Fleurs , & quatre Payfa- ges avec des Figures. |
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SEGRES-
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SEGRES-JACQUES
VAN HELMONT,
�LEVE DE SON P � R E
JEAN VA N HE LM ONT,
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A familie de van Helmont eft dif-
tingu�e dans les Sciences &t dans les Arts. fean-Baptifle van Hel- mont , M�decin, eft c�lebre par fes d�couvertes dans la Chymie. Matthieu van Helmont , natif de Bruxellcs , eft connu par fes jolis Tableaux qui repr�fentent des Boutiques, des Chymiftes , des March�s a l'Italienne. Scs Ouvrages recherches par
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1683.
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La Vie des Teintres, &ci yj
par Louis XIV, qui enrichit la France de tant
Chefs-d'oeuvres �trangers, en font 1'�loge. Ayant �poul� MUe Roffiau , ils furent s'�tablir a Anvers , oii naqiiit Segres-Jacques vari Heimom Ie 17 Avril 1683. Il vint au monde avec une foiblefle de temperament qui a dure toute fa vie. Son pere fut fon Ma�tre, & il eut la joie de voir fon fils d�ja habile a 1'age o� les autres ne font quecommencer; notre jeune Artifte perdit trop tot fon pere , mais des talens affur�s par 1'�- tude & 1'affiduit� Ie ramenerent a la nature & aux grands modeles. Il paro�t aflez conftant qu'il n'a jamais forti de fon Pays; ce qui prouve que , quand on eft aflez heureux de voir la nature , telle qu'elle eft , fans y ajouter ce qui efl: maniere, & quand on eft aflez judicieux pour en faire un choix , on peut r�ufi�r par-tout. Les Ouvrages qui fortirent de fa main pu-
blierent fes talens. Il fut charg� de grandes en- treprifes. La Ville de Bruxelles, o� il fe retira, lui procura des occafions de fe fignaler. Tou- jours infirme , mais oubliant fes maux , ne les fentant pas m�me , quand il �toit �chauff� par Ie trayail, 1'amour de fon Art & la grande appli- cation d�truifirent infenfiblement fa fant�. II mouru't Ie 21 Aout 1726 , ag� de quarante- trois ans quelques mois ; il laifla de fa femme MUe Cathenne vanden Driejfche , trois enfans , deux filles & un garc.on qui eft Pr�tre. La Flandre a perdu en ce Peintre un homme
habile , qui compofoit fes Tableaux d'Hiftoire avec nobiefle & efprit ; fa marche eft belle , fa couleur efl aflez vraie, fon deffein corre�: : eet Artifte tient un rang difHngu� dans l'Ecole de
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j La Vie de f Peintre f
de Flandre, c'eft ce que nous allons jufllfi�r paf
1683. quelques Ouvrages places en public. Le Portrait de ce Peintre fe voyoit � Paris j
dans le Cabinet de feu M. le Comte de Vence. A Bruxelles, dans 1'Eglife d� Sainte Gudule ,
dans le nombre des Tableaux q�i reprefentent la Profanation du Saint Sacrement, on en voit de van Helmont qui tiennent le premier rang. Dans 1'Eglife de la Madelaine , le Martyre de
Sainte Barbe , Tableau d'Autel. Dans 1'Eglife de Saint Nicolas, laCanan�en-
ne aux pieds de Notre-Seigneur. Dans 1'Eglife des Carmes non R�form�s , k
c�t� du ma�tre Autel, le Sacrifice d'Elie , grande & belle compofition ; & la Bulle Sabbatine au- deffus du petit portaih Le Peuple d'ffra�l qui porte fes bijoux &�
fon or au Grand-Pr�tre Aaron pour faire le Veau d'or. Ce grand Tableau fut fait a 1'occa- fion du Jubil� en 1710 & 1735 , on le voit k 1'H�tel-de-Ville. Cinq Tableaux : les fujets font pr�s dans Ia
Vie de Saint Jofeph , ik font places dans la Sale du corps de M�tier des Charpentiers. Dans la Sale de Saint Michel, le Triomphe
de David. Trois autrcs de la Vie du Patriarche Jacob }
dans la Sale des Ep�ciers. Dans celle des Mariniers, trois fujets tir�s de
l'Ecriture. Chez les Merciers , deux Tableaux , 1'un Jo-
feph reconnu par fes Frercs, 1'autre tir� de la m�me Hiftoire. Six grands morceaux de 1'Hif- toire de Moyle , appartenans a ; rancois Leymers 5 il§. ont �t� ex�cut�s en Tapiffcries,' L�? |
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TUmands , jflt�mands & flollandoh
Le Bapt�me de Clovis , grand Tableau au
ma�tre Autel de la ParoifTe de Vamb�k�, entre 1683. Bruxelles & Aloft. *2�5f L'Enfant prodigue recu par fon pere : grand
fujet place dans le Chapitre de lAbbaye de Grimbergue, pr�sde Bruxelles, & 1'lmmacul�e Conception dans le m�me endroit. La Gene , plac�e au grand Autel de 1'Eglife
de Willebroeck , pres du Canal de Bruxelles, a Anvers. Dans la principale Eglife d'Ath, Sainte Anne ,
Tableau d'Autel. Dans le Cloitre des Carmes non Rcfofmss,
a Gand , Jefus-Chrift expirant fur la Croix. fi- gures plus grandes que nature. Les quatre Evang�lifles, au Palais Epifcopal
a Ruremonde. Plufieurs Buftes dans Ia Bibliotheque de Dil-
lcghem , pres Bruxelles. Un Appartement entierement orn� de Sujets
dans le gout de Teniers , au Chatcau de Catte- huys, pres de Vilvorde. On trouve encore dans fa familie le Portrait
du Peintre , celui de fa Femme ; la rencontre de Jacob & Rachel ; la R�conciliation d'Efa� avec Jacob ; la Miffion de Saint Jean pour bap- tifer & pr�cher ; la Multiplication des Pains ; le Sacrifice d'Abraham ; la Sainte Vierge , Saint Jean 1'Evang�lifte , tous deux a demi corps ; trois Buftes peints en pierre , des Enfans les ornent de guirlandes de fleurs qui font peintes par Morel ; ce m�me Morel a peint les fleurs dont plufieurs G�nies vont entourer la D�effe floret Ou conferve dans la m�me Maifon un Chymifle
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140 La Vie des Peintref
Chymifte dans fon Laboratoire , Tableau ca»
pital peint par Mattbieu van Hcimont.
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JEAN VAN BREDA,
�LEVE DE SON PERE
ALEXAND RE FAN BREDJ. TEan van B red a nSquit � Anvers Ie 19
Mars 1683,1! �toit fils d' Alexundre van Breda, jaon Payfagifte , qui a repr�fent� tr�s-bien les Vues d'Italie , des Places publiqu�s, des Mar- ch�s , des Foires ,avec des Figures & des Ani- maux. Excit� par des le$ons, des fucc�s &c 1'exem- ple d'une �tude continuelle , il �tudia fous fon pere jufqu'a 1'ann�e 1701. La Colle�ion la plus nombreufe Sc la
plus pr�cieufe d'Anvers appartenoit a fac- cfues de Wit , qui faifoit Ie commerce de Ta> bleaux. Le jeune van Breda eut occafion de les voir. Les beaux Ouvrages de Bteugle de Velour 1'attacherent particuliercment : il n'eut point de repos qu'il n'obt�nt la permiffion d en �aire des copies ; il y r�uflit fi heureufement , que de Wit lui propofa de copier pour lui tous les Tableaux qu'il avoit en fa poffeffion ; c'�toit augmenter la fortune de de Wit, qui aura fans doute tir� parti de ces trompeufes copies. Van Breda fut neuf ans k �tudier , & , pour ainii dire , a d�compofer les Ouvrages de 'hreugle de Velour & ceux de Wouvvermans. S'il �toit pref- que impoffible de diftinguer fes eopies , bien- tot
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Tlamands? Allemands & HolUndois, 241
tot on cut la m�me peine a dif�inguer fes imi- tations : fes Tableaux eurent de la vogue, Sc 1 firent fa fortune. Fan Breda , affur� de fa r�putation en Angle-
terre , y paffe avecle Sculpteur Rysbrack^, il vit combien on y recherchoit fes Tableaux. Cet �ncouragement redoubla fes �tudes , fes foins a perfeclionner fa maniere & fon afliduit� au tra- vail,' bien-t�t les grands Seigneurs Ie vifiterent: il s'attacha entierement au Comte d'Harltvva- ter, qui ch�riflbit 1'Auteuf & fes Ouvrages. On fcait la fin malheureufc de ce Seigneur : ion atta» chement a la Maifon de Stuart Ie fit p�rir fur1 1'�chafaiid en 1715. Van Breda, avoit �t� affi- duement voir ce Comte dans fa prifon , & la derniere fois qu'il Ie vifita , il recut de lui, pour marque d'eftime , une montre d'or a r�p�tition de grand prix. Notre Artifte inconfolable de la mort de fon Bienfaiteur, ne voulut s'attacher a perfonae. Revenu a lui, il travailla de nou- veau , il fit plufieurs Tableaux pour Ie Roi ck pour les principaux de la Cour. Il ne put fuffi- re a tous ceux qui lui en demanderent. En 1723 , >I �poulzCatberine Ryck^t Angloife, & en 172J il quitta ceRoyaume & �it s'etablir a Anvers^ charg� de gloire & de richefles. A peine fut il arriv� , que la Soci�t� acad�-
mique Ie choifit pour ion Chef. On Ie vit rem- plir cette place avec douceur & intelligence: tous ceux qui n'avoient pu obtcnir de les Ou- vrages s'en procurerent , mais en petit nombre , parce que les Hollandois , les Allemands , &c. en �toient avides , il eut beau les faire payer cher, il ne put emp�cher qu'on ne les lui enlevat: Torn e IV. Q on |
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^ La Vie des Tehitres
on ne put guere s'affisrcr d'ur Tableau , a rno�ns!
* 3' de 1'avoir en fa pofleffion ; c'eft ainfi que vivoit �- honorablement notre Artifte ch�ri de ies Con- fr�res , vifit� & confid�r� des Grands. Jamais Breda n'eut plus de gloire qu'en 1745.
LorfqueleRoi LoH/'.f.AT'fit fon entree dans la Ville d'Anvers. Sa Majeft� fit venir ce Pcintre , &c lui acheta quatre de fes Tableaux ; deux repr�- (entant Notre-Seigneur pr�chant fur les bords de la mer : Ie fecond , Notre-Seigneur faifant des miracles ; deux Paytages & des vues de rivieres ; on y voyoit une multitude de figureS � bien dans la maniere de Breugle de l'elour , qu'il fera difficile dans qiielque temps de les dif- tinguer de ceux de ce Peintre , qui vivoit plus de cent ans avant cette �poque. Le choix du Monar- que engagea le Prince de Clermont, le Prince de Soulnze , le Duc d'Havr� , le Mar�chal de Lovvendal & plufieiirs autres Seigneurs a ache- ter & payer honorablement des Tableaux de ce Ma�tre. Le modefte van Breda , qui ne s'at- tendoit nullement a eet evenement glorieux , en fut fi �mu , que de retour chez lui > il tom- ba malade & fut reduit a la derniere extr�mit�. Cependant il fe retablit bien-t�t, & travailla tou- jours avec le m�me defir d'augmenter le nom- bre de fes jolis Tableaux & fa r�putation; tou- jours tourment� de la goutte ,'fa vie r�gl�e &C laborieufe flnit le 19 F�vrier 1750, a 1'age de foixante-treize ans. 11 laifla unefortune honn�tc a fon fils tran^ois van Breda , qui eft fon Eleve, & qui fuit fa maniere. Ce Peintre eft, lans contredit, celui quia ap-
proch� des plus pres des deuxMa�tres qu'il avoir en
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Flamatndt, Alleman ds & tJollandoh. 24 j'
fen vue, Ie Breugle & JVouvvermans ; fes Pay- *> tude de h'gures repr�fentant un trait de 1'Hif- '"5^^ toire facree 011 de 1'Hiftoire prophane , des F�- tes ou des Foires , des Batailles ou des Atta- ques , &c. font dans la maniere de IVouvver- mans ; une tr�s-bonne couleur , une touche fine & pr�cife , des ciels , des lointains agr�ables & naturels , un bon gout de deffein ; mais difons tont, il lui manquoit cette pate & ce large fi pr�cieuxdansnotre Hollandoi-.^» "Breda avoif. autant de feu dans fes compofitions & peut-�tre plus de g�nie , c'eft fur-tout dans fes Tableaux, qui font dans Ie gout de Breugle , que 1'on voit de joliesfigures, dont les groupes font bien pla- ces , les plans bien d�termin�s : chaque petite figure a fon cara�tere & occupe fa place ,� c'eft un bon Peintre , dont la r�putation bien �tab�e augmentera toujours ; fes Tableaux en grand nombrefont r�pandus dans 1'Europe: voiciceux que nous connoiffons. On voit k Rouen , chez M. Horutner , N�-
gociant , deux Batailles peintes fur bois , 6c chez 1'Auteur de eet Ouvrage , deux autres Ba» �ailles entierement dans la maniere de IVouwer* mans, ils font peints fur Ie cuivre. A la Have , chez M. van Heteren , un Pay-
fage , c'efl: un Bourg fur Ie bord d'une Riviere charg�e de bateaux , de chariots , & une mul- titude de figures & d'animaux ; on voit dans un autre un Bourg & une Riviere avec figures , &c. & un Payfage avec un Canal charg� de Bateaux , &c. Chez M. Benjamin d'Acofta f deux Payfages avec figures , peints fur cuivre. Q * A
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244 L* e ,
, .1 M A Rotterdam > chez M. heers, deux Saifons 5
1683. dans un,l'Hyver, Sedans 1'autre, 1'Et�. Et chez
*',"'� M. Biffchop ds la m�me Ville, une Danfe a 1'en-
tour d'un mai, une Vue de 1'Efcaut, un Payfa-
ge avec des chariots & des figures , & trois
autres du m�me,
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H�ROMAN
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H�ROMAN ( Herman )
VANDER MYN,
�LEFE &ERNEST STUVEN.
j Ander Myn naquit � Amf-
terdam en 1684. Son pere , qui I �toit Pr�dicateur , deftina fon fils ; a la Chaire : il fit affez bien fes Hu- manit�s , mais il cmploya �gale- ment ion temps a deffiner; enfin la Peinture 1'emporta fur les Lettres, on lui don- na pour Maitre Emeft Stuven , bon Peintre de Fleurs, mais d une conduite extravagante, com- me jious 1'ayons fait voir dans Ie 3= Tome , Q 3 page
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2.46 La Vu des Teintret
t page 371 L'EIeve s'appliqua fi bien a fon Art.J
1684. ^ue ^'on Prcvoyoit d�ja qu'il furpafferoit fon
■■■!■* Ma�tre dans la repr�lentation des fleurs &C des fruits. Quoiqu'on puiffe acqu�rir quelquefois line
grande gloire dans un petit genre, il eft toujours plus beau de fe diftinguer dans Ie grand. Pander Myn , peu fenfible a la gloire d'avoir r�ufli k peindre des fleurs & des fruits , parce qu'il en �toit affur� , eut encore la noble ambition de courir la carri�re du Portrait & m�me de 1'Hif- toire ; il femble que cette noble ambition lui tint lieu de Maitre. On ignore du moins ce- lui qui conduifit fon pinceau avec tant de fuc- c�s, qu'il fe fit remarquer d�s fa jeunefle a la Cour de 1'Elefteur IK.latm avant 1716; cettc Cour �toit pour lors Ie rendcz vous des meil- leurs Artiftes, qui fe difperferent a la mort de ce Prince. Ce Peintre retourna <\ la Haye en 1717 , il
porta avec lui un Tableau , qui furprit les meil- leurs Artiftes , il repr�fentoit Dana� : leslouan- ges que 1'on donna juftement a ce Tableau , fl- rent grand tort a TAuteur, parce qu'il r�gla Ie prix fur 1'iinpreffion que 1'ouvrage avoit paru faire , & cette fomme �toit fi exorbitante que perfonne n'ofa y penfer : In Tableau lui reita. Deux ans apr�s on vit paroftre du m�me un fujet bien compol� & plein d'expreffions , c'efl Ammon qui vient de commettre un crime avec fa Sceur , & qui la renvoie. Un autre , Tha- mar qui trompe Juda : fujet traite avec beau- coup d'efprit & de r�flexion. Le Payfage �toit ffi peint dans la grande perfe&ion. Ce d�faut d'exige?
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Flamands, Allemands & Hollandois. 247
tPexiger trop d'argent de fes Ouvrages , tout-------
bons qu'ils �toient , 1'a fouvent reduit a la mi- 1684.
fere : on dit m�me qu'il fut forc� de les mettre "^�S?" en gage , & que ne pouvant les retirer au temps marqu� , ils refterent entre les mains de ceux qui lui avoient pr�t� de 1'argent. Anvers �toit pour lors Ie lieu de fa demeure ; il fit un voyage de Paris en 1718 pour porterauDuc d'Orl�ans 9 R�gent, quelques-uns de fes Tableaux. Le Prin- cecn fut tr�s-fatisfait. Coypel, fon premier Pein- tre , ne diffimula point a vander Alyn , com- bien fes Tableaux lui avoient fait plaifir , Sc confeilla m�me au Prince d'en acheter. Notre Hollandois perdit encore une fois la t�te, il mit fes,Ouvrages a fi grandprix, qu'on les lui lailfa: il manqua m�me de confid�ration pour Coypel, qui Pavoit pr�fent� au R�gent , & qui lui avoit rendu tous les iervices d'un galant homme. Les Tableaux furent emball�s & renvoy�s en Flan- dre. Ilignoroit fansdoute que l'avarice d�grade le g�nie ; qu'un grand Artifte qui a de la fa- geffe ne manque jamais , & qu'un pen plus 011 un pen moins de bien difparo�t toujoursa c�tc de la gloire. Le plus beau Tabieau qu'il a fait dans fa vie , repr�lentant Saint Pierre qui renie Notre-Seigneur, fut gat� par un clou qui s'�toit d�faitde la Caiffe ; eet accident achevade ruiner enticrement vander Myn, De retour a Anvers, il fit les Portraits de la familie d'un riche An. glois nomm� Bourrouchs. Ce Tableau �toit d'une grande beaut� & luiattira l'amiti� de eet Amateur > qui le mena avec toute fa familie en Angleterre. 11 fut auifi-t�t charg� de faire les Portraits des principauxde ia Cour'de Londres; Q 4 14!
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4 ■�<* We des Peintre f
1684. 'c Portrait du Duc & de la Ducheffe de Chandoj
enpied, & grand comme nature, dans un m�me Tableau repr�fentant 1'Attelier d'un Peintre, lui fut pay� cinq eens guin�es , c'eft une belle compolition , la Dameafllfedevantle chevalet, faifoit Ie Portrait de fon man; il eft bon de dire qu'elle peignoit r�ellement , & qu'elle aimoit beaucoup la Peinture ; il a fait un grand nombre de Portraits pour Ie Chevalier Page, cntr'autres celui du Chevalier qui defcend de fon Caroflc pour vifiter fa Mere qui eft repr�fent�e fur Ie premier plan, un Domeftique ouvre la portiere, &c Ce Sujet tr�s-ingrat efl tres-bien traite: les Amateurs &: les Artiftes vanterent Ie m�rite du Peintre ; d�ja accabl� d'Ouvrage, il fut oblig� de prendre une maifon fpacieufe qu'il loua deux mille florins par an ; fa Familie & ies domefti- ques montoient k vingt-deux perfonnes qu'il au- roit pu foutenir , s'il avoit eu de la conduite» Ileut Ie malheur de perdre fa femme qui lui laiffa fept enfans ; a peine Ie deuil fut-il fini, qu'il n�gocia un nouvel engagement avec une jeune Hollandoife qu'il envoya chercher avec often- �ation: fes enfans & fes amis s'y oppoferent, mais pour y r�uflir , il trompa tout Ie monde , en faifant voir , par des fauflet�s , qu'il poff�- doit plus de richeffes qu'il n'en avoit efFeftive- jnenf , & dont il fut puni par la fuite , quand fes enfans lui demanderent leur l�gitime. Cc mariage inconfid�r� lui attira Ie m�pris
4e fes amis , qu'il augmenta enfuite par une con- duite folie & faftueufe qui Ie ruina & Tendetta, Une nouvelle niortification mit Ie comble a fa 4)fgrace:il venoit de peindre laPrinceffe deGal/es |
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Flamands, Allemmds & Hollandoisl 49
& fon frere Ie Duc de Cumberland, tous deux en pied & de grandeur naturelle, rien n'�toit plus 16S4. reffemblant & mieux peint: les acceflbires, les *^Z? �toffes, tont �toit richement orn� & rendu a. faire illufion. Ce beau Tableau lui refta: les uns difent qu'il avoit exig� mille guin�es : d'autres croient que fes ennemis 1'avoient perdu a la Cour. Il avoit encore peint d'autres Tableaux de familie hiftori�s, entr'autres un Concert bien compof�. Le Portrait de l.each , R�lident a Bru- xelles pendant bien des ann�es , un Courier lui apporte un paquet de d�p�ches. Notre Peintre fut touiours bien pay� , mais
fa prodigalit� fut auffi infenf�e que fon avidit� fut honteufe. Cet homme infatiable d'or , le r�- pandoit a pleines mains : �tant un jour invite � diner dans un Navire Hollandois, il prodigua , en fortant , une fomme immenfe , & il fit les m�mes folies en mille autres occafions. Ses en- fans �tonn�s de cette profufion, le croyant infi- niment plus riche qu'il ne 1'�toit , lui deman- derent le bien de leur mere qu il avoit encore eu la vanit� d'exag�rer ; il fatisfit � peine fes (snfans, & devint la proie de fes Cr�anciers. Le Prince d'Orange �tant a Londres pour �pou-
fer unePrince�e d'Angleterre, vander Myn com- poia en homme d'elprit une Allegorie fur ce manage ; ce Tableau eft place en Hollande au Chatcau de Loo , & il ett g�n�ralement lou�. Ce Peintre perdit fa deuxieme femme , de laque�e jl avoit encore deux enfans. Tourraent� pour fes dettes, il quitfa Londres en 1756 , & vint avec deux de fes fils en Hollande ; il pr�fenta au Prince �Omnge quelques Portraits de la familie d'Anr
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des Teintres
d'Angieterre : Ie Prince Ie recut tr�s-b�en & Ie? l prot�geaouvertement.On rapporte qu'il en recut quinze eens florins de penfion par an. Il �toit encore temps pour vander Myn de r�tablir fa fortune : mais un troifieme mariage qu'il fit , malgr� les repr�fentations de tous ceux qui lui voulurent du bien , combla fes malheurs ; il per- dit la prote�ion du Prince d'Orange , ce qui l'o- bligea de retourneren Angleterre, o�il demeura avec (es enfans, il ne jouit pas long-temps de ce mariage , il mourut a Londres au mois de No- vembre 1741 , laiffant fa veuve & huit en- fans , dont fept font Peintres. Les d�fauts de eet Artifte �toient une vanit�
exceflive ,une magnificence d�plac�e&c une avi- dit� fordide. Il mourut fans bien , apr�s en avoir gagn� plus qu'aucun Artifte de fon temps. Il �toit tres laborieux , bon Peintre d'Hiftoire ; excel- lent pour Ie Portrait , & pour les Flcurs & les Fruits. Peu d'Artiftes ont r�uffi comme lui dans ces diff�rens genres. Ses Portraits reflemblans font colorics avec force & fans maniere, chaquemo- dele lui donnoit des tons diff�rens : fes �toffes font a tromper 8c bien pli�es , les fonds riches & pleins d'harmonie : il avoit des Artiftes pour 1'aider dans fes draperies , mais il repeignoit tout : fes Tableaux d'Hiftoire m�ritent d'�tre lou�s, ils font moins bien colori�s , la carna- tion eft quelquefois rougeatre , fouvent grife, fon deffein eft peu f<javant , mais affez corred pour laiffer voir qu'il ne faifoit rien fans la na- ture. Les Tableaux de fleurs que nous avons de lui font touches avec l�geret� & avec bien de reelat & de la v�ritc. Nous ne connoiffons point d'Ou-
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Tlamands , Allemmds & HolUndoif. 151
d'Ouvrages de ce Ma�tre en France :voici les plus contius apr�s ceux que nous avons cit�s. On voit chez M. Half-Waffenaer, a la Haye ,
un beau Tableau d'Hiftoire repr�fentant Notre- Seigneur qui marche fur la mer. A Amfterdam , chez M. 'Bmamkamp , une Co-
quette habill�e en fatin blanc; une Bergere bien ajuft�e ; une jolie Brune ; un Homme habill� � 1'Angloife , avec une jeune Fille ; une autre jo- lie Brune. Chez M. Lc'enders de Neufvtlle, deux Portraits , un Homme & une Femme. Chez 1 Ele�eur Palatin , un Enfant entour�
de fleurs, il tient un perroquet furfa maingau- che ; un beau Tableau de Fleurs,' un autre En- fant avec des fleurs. |
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N VAN KESSEL-
NVanKessel, neveu de Ferdinand van
.Kejfel.c� originaire d'une familie qui a don- r� a la Peinture un grand nombre dhabiles Artif- tes. II lesauroit peut- �trefousfurpaff�ss'il ne s'�- toit livr� trop a la crapule , il erl: certain qu'i en juger par quelques-uns de fes Tableaux dans Ie gout de ccnx de Teniers , il auroit �gal� ce Maitre. Une facilit� de deflin�r tont d'apr�s na- ture , fit valoir a tout ce qui fortoit de fa main Ie prix qu'il en demandoit. Il fut a. Paris o� il deffina encore , & ne put affez deflin�r pour r�pondre au gout des Amateurs , fes petits Ta- bleau v, clans lefquels ilrepr�fentoit des Payfans , leurs F�tcs , leur M�nage, &i tout ce qu'il avoit re-i
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H | La Vie des feintres , &c'.
1684. remarqu� dans la vie des Villageois. Il gagna
� beaucoup d'argent, & s'il avoit �t� toujours aufli affidu & aufli mod�r� dans fes paffions , il au- roit �t� un des plus grands Peintres, comme il eft un des Dcffinateurs les plus diftingu�s , mais Ie vin �teint promptement Ie g�nie , comme nous 1'avons fait remarquer plufieursfois. Ses defleins font dans Ie gout de ceux de la lage , il y regne un efprit & un caraftere furprenant. L'argent qu'il avoit apport� de Paris fut d�-
penf� & difperf� a Anvers : il finit alors par �poufer une femme qui aimoit tous fes d�fauts, parce qu'elle les avoit. Ferdtnand van Kejfel , ion oncle , �tant mort a Breda , notre Peintre y tranfporta tout fon m�nage : il h�rita de tous les biens de fon oncle & d'une belle Collec- tionde Tableaux, d'ungrand nombre d'Efquiffes des Maltres Hollandois, & de beaucoup de Def- feins & de Jlecueils complets en Eftampes d'I- talie, de France , &c. Van Kejfel, encore une fois enrichi, m�prifa
Ie genre de Teniers , il voulut faire Ie Portrait; il en fit effe&ivement de ridicules , 1'on fe mo- qua de lui ; il reprit fon train de vie avec tant d'extravagance qu'il tomba de nouveau dans la mifere. On ne nous apprend point fa mort. Nous Ie citons pour fes premiers Ouvrages qui ont un vrai m�rite , & pour fes Deffeins qui ont de la finefle, de 1'efprit & la plus grande libert�. |
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BALTHAZAR
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B ALTH AZAR
D E N N E R>
Amais 1'Artn'apoufle plus loiti
1'imitation de la nature dans fes d�- 168 tails &l'extr�mefinides t�tes que Ie Peintre dont nous allons parier. Bdtbd'^ar �>«7»<>rnaquita Ham- bonrg Ie 15 Novembre 1685 de facob Denner, Miniftre des Minoriftes pendant foixante ans a Altena , & de Cathenne Wiebe , qui virent avec douleur languir leur enfant des fuites d'une ch�te. Continuellement affis ou cou- eh� , les amufemens de 1'enfance ne Ie tou- choient pas autant que celui de copier des ima- |
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154 LdVte dei Veintrei
*~~ ges ou d'autres petites eftampes: il oublioit fort
\' mal quand il deffinoit. Il eut d'abord pour Ma�tre Ie meilleur Pein-
tre d'Altena ; il pafla enfuite dans 1'Ecole d'un autre aDantzik: ce fut celui-ci qui lui enfeigna a peindre ; il Ie quitta & ne fit plus que copier tous les bons Tableaux qu'il put obtenir. 11 paro�t que fes parens ne comptoient pas
affez fur fes progr�s , tont rapides qu'ils ftiflent j pour fonder fur eux 1'efp�rance de fa fortune. lis lui f�rent quitter en 1701 l'attelier du Peintre pour Ie comptoir. U apprit Ie Commerce chez lm oncle , riche N�gociant de Hambourg ; mais en rempliflant fes devoirs avec exa�Htude , il confacroit fes loifirs au Deflein & a la Pein- ture. Il fut envoy� a Berlin en 1707 , 011 Ie Roi
tredene II avoit raffembl� les meilleurs Artif- tes. Penner faifit cette occafion pour copier les plus beaux Tableaux , il deffina afliduement d'a- pr�s Ie modele vivant. Son amour pour notre Art fut fecond� par fes talens : les Artiftes lui confeillerent d'abandonner Ie Commerce pour un Art qui lui �toit naturel; leurs avis s'accordant avec fes inclinations , ils furent bien-t�t �cout�s. En 1708 il quitta Ie Commerce & embrafla la Peinture 1'ann�e iuivante : il peignit en migna- ture Ie Duc Chr�tien Augufte , Adminiftrateur d'Holftein-Gottorp S>C la PrincefTe fa foeur. 11 avoit fi bien r�uffi qu'on 1'invita d'aller aGottorp, o� il peignit dans un feul Tableau vingt-un Por- traits de cette familie illuftre , auxquels il ajou- ta auffi Ie fien. Ce Tableau frapa tellement Ie Czar Pierre Ie Grand , lorfqu'il fit ld conqu�te du
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FUmands j Allemmnds & Hollandois. 2, f <f
3u Holftein , qu'il voulut 1'enlever pour fatis- faire fa curiofit� ; mais ce Monarque s'en d�- tacha , lorfqu'il apprit que Ie Duc &� fa familie verroient avec peine emporter un Ouvrage li pr�cieux. Denner �poufa en 17(2 Mlle Eflher Winter ,
if�iie d'une tr�s-bonne familie , dont il eut f�x enfans. Cette femme aimable a fuivi fon mari dans les difF�rens voyages qu'il a faits. Il peignit alors tr�d�rk IV', Roi de Danemarck. La Prin- cefle de Slefvvick,, Ma�trefTe de ce Monarque , invita Denner d'aller a Huffum : il y peignit plufieurs fois fon Portrait& ceux des principaux Seigneurs de fa Cour ; retourn� a Hambourg , il fit Ie Portrait du Prince Menficof, qui lui donna cent ducats lorfqu'il vit la t�te n'nie. La Pefte qui fit des ravages dans fa Ville, Ie
retint une ann�e entiere a la Campagne ; cepen- dant il fit un voyage a Amfterdam & k Lon- dres, o� il ne refta que peu de temps, mais affez pour y laifTer de fes Ouvrages. En 1717 , Ie Roi de Danemarck Pappella a HuJJum , il y fit plus de vingt Portraits de ce Monarque ; il ne put refufer Ie Roi qui Ie mena a Copenhague , o� il refta dix mois : voyage tres - lucratif & tr�s-honorable ; on voulut l'y tixer , mais il s'en excufa par 1'attachement qu'il avoit pour fa fa- milie. La Duchefle de Wolfembutel Ie fit demander
k fa Cour en 1710 : il y peignit plufieurs fois cette PrincefTe ; de-la appeil� a Hanovre , il fit les Portraits de quelques Milords Sc de Dames: on Ie d�termina au voyage de Londres, o� il arriva 1'ann�e fuivante j il � porta une T�te de vieille
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i 5 6 La Vie des Teititref
*------ vieille femme , qui a fait 1'admiratlon du Che«
168 5. valier vanuer Werffy, de 1'Amateur tlinck^ Lorf-
^555?" que Denner paffe a Rotterdam pour fe rendre en Angleterre, toute cette Nation rendit juftice � fes talens , en em^loyant fon pinceau : on vint Voir cette T�te de Vieille , on en offrit cinq eens guin�es, qu'il refufa ; 1'Empereur Charles VI en donna depuis cinq mille huit eens foixante* quinze florins ; celui qui fut charg� de la lui pr�- fenter , eut 1'honneur de baifer la main de Sa Majeft� qui garda � foigneufement ce Tableau , qu'il n'y avoit que lui feul qui eut la clef de 1'en- droit o� elle �toit renferm�e. Il obtint dans la fuite Ie pendant de cette Vieille que Denner fit pour Ie m�me prix. Apr�s avoir beaucoup tra- vaill� a Londres , il retourna , a la priere de fes parens & de fes amis, a Hambourg. Ce fut la que Ie C�mte de Staremberg, Envoy� de 1'Em- pereur , lui demanda , au nom de fon Maitre ,- Ie pendant de la Vieille , dont il a �t� parl� , &C quelque-temps apr�s il envoya a Sa Majeft� une T�te de Vieillard, dans laquelle eft raflembl� tout ee que la vieilleffe peut offrir de remarquable. Ce font deux Chefs-d'oeuvre de ce Ma�tre. Notre Artifle retourna a Londres, & manqua
de p�rir dans Ie trajet; il y fut recu, avec la plus grande joie, des Grands & des Artiftes ; il fit nombre de Portraits 8c flnit la T�te deftin�e pour 1'Empereur, qui fit 1'admiration de tout Ie mon- de , il la remit au Baron de Palm , fon Envoy� , & quitta Londres, parce qu'il ne put fuppor- ter 1'odeur du charbon de terre. Arriv� a Ham- bourg , fa r�putation bien �tablie par-tout Ie fit appelier en 172,9 a la Cour de Blankenburg, 011 �
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Flamands , Allemands & Hollandoic.
il peignit le Duc & la Ducheffe. L fut a Drefde, , ^ .
o� il fit le Portrait du Roi de Pologne qui lui ' " '^ paya cinq eens ducats ; il c�da au Monarque une ou deux t�tes de fa main. Enfin, fatigu� de cette vie errante , il alla a
Amfterdam , & apr�s une ann�e d'abfence , il fe rendit a Hambourg, bien d�termin� a ne plus faire de longs voyages. Le Roi de Danemarck Chr�tien Vj, �tant a Altena en 1734, fe fit peindre par Denner, qui fut aBrunfwic, & s'en- gagea de faire un Tableau pour la Galene de ce Prince , qu'il envoya depuis, & qui fut recu avec admiration & richement pay�. L'ann�e fui- vante il fit les Portraits du Duc Chr�tien Louis de Meklenbourg & de fa familie. Le Duc Ferdi- nand Albrecht deBrunfvvic avoit pris jour pour fe faire peindre, la mortl'enlexa dans le m�me temps , au grand regret de fa Cour. Denner y fit les Portraits de quelques Seigneurs, & fe rendit a fa patrie. Le Roi de Danemarck �tant encore a Altena
avec la Princeffe Sophie-Charlotte fa foenr, Den- ner fit le Portrait de la Princef�e & d'autres Sei- gneurs. Le Roi lui offrit une penfion confid�ra- ble , pour qu'il allat s'�tablir a Copenhague; il s'excufa comme par !e paffe : il avoit effedive- ment, deux ans auparavant, lou� une maifon a Amfterdam , o� il fe rendit pour y demeurer & pour neplus voyager:maisapr�sy avoirdemeur� trois ans & demi fort occup�, il retourna a Ham- bourg. A peine fut-il arriv� que le Duc d'Hol- ftein-Gottorp , Grand-Duc de Ruffie , 1'appella a Kiel, o� il peignit deux fois ce Prince en grand & en pied : on en a fait depuis nombre de co- Tome IV. R pies |
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SjS Za Vie des Peintr&S
�----pies pour envoyer dans les Cours de �'Eurt>pe:
16 ")� les Portraits qu'il fit a Plo�n du Duc & de fa
�� familie lui m�riterent Ie plus grand accueil. L'Imp�ratnce de Ruffie lui fit offrir de Ie d�-
frayer de fon voyage , s'il vouloit fe rendre a fa Cour, & mille diicats pour fon Portrait. Ce grand voyage 1'efFraya , lui qui �toit accoutu- m� a fe tranfporter par-tont facilement, ne put fe r�foudre apartir: il voyoit cependant une fortune certaine ; il c�da a fes craintes , & il re- fufa Thonneur que cette Princeffe lui faifoit. Il peignit , dans Ie temps de ce refus, Ie Roi de Suede, pour lors a Hambourg, & 1'ann�e fui- vante, 1'Ele�eur de Cologne ca petit & en grand. Le Duc de Pioen , en paffant par Hambourg, fit auffl faire fon Portrait. Il fut encore a Brunfwic pour y peindre la
Doiuiriere du Duc Augujie-Guillaume fcchel^�l en fit ph��eurs d'apr�s cette Princeffe & d'apr�s la Duchefle de W'oljembutel & d'autres perfonnes de diftinction : il fut il bien rcc^i dans cette Cour, qu'il fe d�termina a s'y rendre pour s'y fixer. 11 retourna dans cette intention a Hambourg , & pret a partir , la mort 1'enleva le 14 Avril 1747. Nous conful�rons eet Artille comme le pre- mier qui ait fc.11 peindre une t�te avec le plus grand fini : fon expreffion eit vive & naturelle, fa couleur & fa touche fans maniere , fans g�ne, fans roideur : Tharmonie eft r�fl�chie & copi�e, ma�s il eft m�diocre Deffinateur en tout, excep- t�fes t�tes : il compofoit fans gout, fans princi- pes : fes draperies font m�diocres, fans forme de plis & fans v�rit�. C'eft toujours un homme uni- que, mais que nous ne propoferons jamais pour modele:
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Flamands, Allemands & Hollandout
modele : il a cependant fait des Portraits dans __ la maniere cle Jtiembnint, a s'y m�prendre. (■ tels que Ie fien & celui de fa femme , 1'on croa ^ y voir Ie fang circuler , & 1'on appercoit jus- qu'aux pores de la peau ; unemaniere plus libre fuppofe plus d'art, & tient moins de la peine qui eft toujours une marque de pen de genie. Nous ajoutons aux Tableaux nomm�s un petit nom- bre qui nous font connus. ChezM. Lormier, a la Haye, deux T�tes j
un Vieillard & une Vieille, peints fur cuivre : atitre Vieillard affis, avec des mains, peint fur toile. Et chez M. L�enders de Neufville, a Amfter-»
dam , un Hermite aufli d'un beau fini. |
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WINCESLAS-LAURENT
REINER,
�leve de son Pere
J 0 S E P H REINER. WInceslas-Laurent Reiner na-
*^ quit dans la Ville neuve de Prague en 1686, fils de Jofeph Reiner^Sculpteur m�diocre, qui fut d'abord ion Maitre; ce fut chez fon On- cle Diftillateur & Marchand de Tableaux qu'il commenca a faire quelques progr�s. Etant obli- g� de travailler a des Defleins & des Copies pour Ie Commerce de fon oncle , ces effais n'auroient R 2 que
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I6o La Vie des Pe�ntre�
que peu aid� a Ie former , fi les bons Peintresi
Halvvachs & Brandel, amis de la maifon , ne s'�toient port�s a encourager les ta'.ens du jeune Eleve : il profita beaucoup de leurs confeils, ma�s 1'ufage de Prague, encore trop fuivi dans d'autres Villes , lui fit perdre bien du temps; il falloit paffer trois ans fous quelque Maitre Peintre, pour acqu�rir Ie droit de 1'�tre : ufage tyrannique qui ne peut fervir qu'a d�courager les Eleves cu perp�tuer parmi eux Ie mauvais gout. Les Princes les plus �clair�s aujourd'hui ont fubftitu� fagement a eet ufage les �tabliffe- mens des Acad�mies, dont la dire�ion eft con- fi�e a des Maitres habiles , & d'une fageffe re- connue , qui ont la g�n�rofit� d'offnr a leurs Eleves de bons modelcs & 1'heureux don de leur infpirer de r�mulation par des prix & d'autres diftin&ions. Le jeune Reiner, apr�s avoir jou� trois ans
Ie role d'Apprentif chez un barboiiilleur nomm� Schvveiger, devint a la fin libre & fe livra tout entier a fon Art. Ce g�nie heureux, fans �tre jamais forti de fa Patrie, parvint a la c�l�- brit� dans diff�rens genres , tels que THiftoire a Thuile } a Fraifque, le Payfage & les Ratailles; il auroit pu r�ullir & m�me exceller en beau- coup d'autres , tant il avoit �tudi� a fond toutes lesregles de fon Art. Reiner voulut voir Vienne : les beaux Arts
prot�g�s par la Cour furent fon principal objet: il s'y maria & revint dans fa Patrie pour y fatis- faire le gout des Amateurs : il compofa d'abord plufieurs fujets qu'il ex�cuta a Gaeminq, dans la Chartreufe; on affure qu'il a peint une Eglife a
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Flamands, 'Allemands & Il�llandois', 161
a Breflau. Continuellement occup�, toujours p
eftim� pour fes talens & fes moeurs , il fut fin- K _ gulierement regrett� a fa mort, qui arriva en -----
I743 ; fes fun�railles fe firent avec diftinftion ;
il fut enterr� dans 1'Eglife de Saint Gilles de Prague. Les compofitions font abondantes dans les Ti-
bleaux de ce Peintre : fon defiein & fa couleur lui ont m�rit� de grands �loges ; fon Payfage eft colori� & touche avec vigueur & v�rit� : les figures & les animaux, dans fes Bata�les & (es Payfages , font affez dans la maniere de Pierre van Bloemen. Le Roi Ausvfle de Pologne a fait placer les
Tableaux de Reiner dans fa fuperbe Galerie. Le Comte de Brulh, fon Miniftre, poflede plufieurs de fes Ouvrages. |
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R3 JACQUES
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JACQUES
DE R O O R E,
� L E V E
DE VAN OPSTAL.
A.CQUES DE ROORE naquit
a Anvers Ie 20 Juillet 1686. Il per- dit fon pere �tant fort jeune : fa mereleplaca aux Ecoles latines: Ie deffein occupa autant fes mo- mens que les principes d'une lan- gue qu'il n'apprenoit qu'a regret. 11 parvint a la fin a obtenir un Maitre , & il quitca Ie Col- l�ge ; il avoit des partifans de fon gout qui Ie fou-
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La Vie des Peintres, &C. 263
foutenoient dans fon projet aupr�s de fa mere.
Elle �toit du bon Peintre Thierry vander Haege\ elle avoit encore fon frere & fon neven, tous Peintres : on ne doit pas �tre �tonn� fi de Roore aimoit eet Art, & s'il pouvoit compter fur les fecours n�ceffaires a fon avancement. Louis vanden Bofck lui enfeigna pendant deux ans , & clcpuis, vander Schoor lui montra a peindre. - La mort de Ia mere de notre Eleve interrom-
pit fes �tudes : fes Tuteurs Ie forcerent de quit- ter la Peinture pour apprendre l'Orfevrcrie, tnais il ne perdit jamais de vue fon Art favori : fes parens Ie voyant toujours occup� du Deffein & de la Peinture , Fabandoniierent a fon gout. Abraham G�noelsh� donna van Opftal pour
nouveau Maitre: les Tableaux des meilleurs Artiftes furent copi�s. I! avan^a fi bien que ce- lui-ci Ie jugea digne de faire la copie de Saint Chrii�ophe de Rubens pour la Cour de France. De Kooerh fit entierement, au poinr que van Op/lal en fut furpris & ne fit que retoucher l�- gerement quelques endroits. Alors de Roore fe retira chez lui, suivit la
nature en tout: il furprit par fes jolis Tableaux , compof�s tant�t dans Ie gout de van Orley , & tantot dans celui de Teniers. On lui paya ceux- ci trois eens florins Ie couple. A 1'age de dix- neuf ans, il fut recu dans Ie corps des Peintres d'Anvers ; quoiqu'affidu au travail , il ne pou- voit fuffire a la quantit� de Tableaux qu'on lui demandoit. L'envie de voir Pltalie lui fit tout quitter ; il
trouva 1'occafion d'y aller avec Ie jeune van R 4 Lint
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264 La Vie des Peintres
��-� L:nt qui y avoitd�ja demeur�, & qui parloitla
1686. langue Italienne : mais n'ayant que vingt trois 1==^ ans , il ne put forcer fon Tuteur a lui rendre fes comptes: eet obftacle arr�ta de Roore , qui regretta en tout ttmps de n'avoir pas vu Rome. A 1'age de vingt-cinq ans, il peignit en foci�t� avec van �pjtal plufieurs Tableaux, qui ont tous paffe dans les difF�ientes Cours d Allema- gne, & dans Ie m�metemps, Ie Plafond de la Tr�foiie, a 1'H�tel-de-ville d'Anvers: trois au- tres Plafonds & un quatrieme pour la Ville de Louvain. Ces grands Ouvrages lui firent un nom diftingu�, ce qui d�termina M. Zvveerts en 17OO d'inviter de Roore a venir chez lui; il y aila : fon d�but futun Plafond & une Sale entiere; il fit anffi les Efquiffes des principaux �venemens de 1 hiltoire de Bacchus pour M. Pickvat, a Rot- terdam. La mort de fa femme Ie rappella a An- vers : il y r�g'.a fes affaires & retourna s'�tablir a Aniilerdam, il y paffa une ann�e, ainfi qu'a Fotterdam, &rlt un voyage a la Haye en 1722, il y j)eignit un Plafond pourM. Fi�rens, Avocat, & pour MIS Poot & Musketticr: a Leyde , deux Saions orn�s de Tableaux d'Hiftoire, dans 1'un il a repr�fent� lesfujets int�r�flans du Pa/lor Fi- do , dans 1'autre, i'Hiftoire d'Achilles, & dans Ie Plafond , TApoth�ofe de ce H�ros. L'envie de revoir Anvers Ie ramena dans fa
patrie en 1728. Il fut accueilli avec diftin�tion. M. Dubois lui commanda deux Tableaux, &c 1'Amiral dei Campo, trois: fon affiduit�au vail neremp�choit point de voir & de culriver fes amis. Il retourna encore a la Haye, o� Tan- n�e suivante il peignit deux Plafonds pour Ie Receveur
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Flamands, Allemands & Hollanctois.
Receveur des Rentes d'Anvers. Ces grands Ou--------
vrages furent m�l�s de pluficurs Tableaux de j68�.
chevalet. M. Fagel obtint de lui un Tableau bien ■ connu depuis , c'eft Ie Si�ge du Capitoie par Brennus. En 1740, on vit fortirdefamain quatre grands
Tableaux de l'Hiftoire de Pandore , Ie Plafond de cette Sale a vingt-huit pieds fur dix-huit,& eft compof� de pres de cent figures : on y voit Pandore au Confeil des Dieux ; lescompo�tions furent faites pourM. Hajfelaer, Echevin d'Ainf- terdam. Il fitencore un nombre de Tabkaux de chevalet, qui ne manquerent pas de plaire & d'�tre bien vendus : il avoit encore un autre ta- lent qui l'enrichit beaucoup, c'�toit celui c!e mettre en �tat des Tableaux anciens, de les raccommoder ou de les aggrandir. On ne pou- voit diftinguer ce qu'il avoit ajout� de fa main: on nous cite cinq Tableaux appartenans a M. van Slin^elandt,qu��toicnt t�llondekoeter, dans lefquels il eil , dit-on, impoffible de reconnot- tre les parties rapport�es. Un autre objet,qui a augment� la fortune
de de Roore,ce fut Ie commerce de Tableaux qu'il a faits pendant quelque temps en foci�t� avec M. tioet, fils de Guerard Hoet, dont il a �t� parl�. Notre Peintre , �tant devenu inf�rme pendant quelque temps , mourut Ie 17 Juil- let 1747,ag� de foixante-un ans;il avoit �t� marie en fecondes n�ces, mais fa femme �toit morte avant lui: fa fucceilion a paffe a des ne- veux & des nieces. La Vente de fes Tableaux & deceux de fon cabinet futfaite Ie quatre Sep- tembre de la m�me ann�e, & elle monta a trente
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2.66 La Vie des Peintres
.------trente rri�e fl�rins d'Holiande : Je rapporte Ces
1686. petits details pour faire voir combien il faut
�tre fur les gardes, quand on confulte les Hif- toriens. Van Gooi, qui a �crit cetre Vie, eft, comme dans ia plupart des autres, prefque tou- jours en contradi�ion avec lui-m�me. A Ten- tendre, de Roore a peu travaili� , il femble qu'il ait �t� des ann�es fans rien faire ; & il cite un grand nombre d'Ouvrages que nous avons en- core abr�g�s; tant�t il donne a entendre qu'il conlommoit dans Toifivet�ce qu'il avoit an;aff� en rtavaillant: tant�t il ala bont� de Tem iel ir, apparenmient dans des momens de bonne hu- meur. Nous ne releverons point d'autres m�- prif'es fur la Vie de eet Artifte , les particulari- tcs qu'il a rapport�es font fauffes , nous en avons des prtuv.s. De Ronrs avoit c!u g�nie : fes compofitionsen
Hiitoire ('ent tien penf�es & abondantes ,il lui tnanquoit ci'a\ oir vu Rome pour luidonner plus de fineffe c-ans Ie Deffein , quoiqu'il ne loit pas d.; rrauva;s g^ut, parce qu'il confultoit la na- ture. Sa couleur eit g�n�ralement bonne , fes Tableat:x de ch:va!et ont �t� plus pr�cieux a la fin , parce qu'il avoit appris (d'apr�s les beaux Tab'eaux qu'i! ent occafion de voir) a�viterle ton de la palette. Ses tointes font plus locales, il compofoit ficiiement , avec choix & avec ftnti.r:ent : f« exoreffions font vraies & don- nent une preuve de fon efprit. Apr�s ia mort, il lahTa quelques-uns de fes
nieilieur? Tcibieaux a cits amis qu'il nomina fes executeurs teiiamentaires. A M. de Wan&�la�r, a Leyden , un beau Ta- bleau |
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Flamands, Allcmands & Hollandois. l�"J
bleau repr�fentant Antoine qui donne Ie Diadc- - me a C�zar , au milieu d'une Place publique, j a Rome. " J�roboam puni pour avoir ador� les faux
Dieux : a M. Jfannaer, a la Haye. Et celui oii C�zar fut d��fi� dans k champ de
Mars: un des meilleurs de notre Artifte appar- tenoit a fa foeur quidemeuroit a Courtray. On voit encore chez M. Fagel, a la Haye,
Ie fujet qui repr�fente la prife de Rome : & chez M. Versfchuuring, deux Tableaux. Ce font des Bacchantes &des Satyres. |
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J E A N - A B E L
W ASSENBERG,
�LEVE DE JEAN VAN DIEREN.
YV/' Assenberg naquit a Groningue Ie-------
^ 18 F�vrier 1689, nis de Jean Waffenberg, t68q.
Avocat, qui fit placer fon fils au College, & lui fit apprendre a defilner, dans fes momens de loifir. Les exercices des Humanit�s & dn Deffein ne devroient pas �tre f�[>ar�s , fur-rout quand les jeunes gens paroiffent avoir des difpo- fitions fuffifantes , 1'un peut les d�lafl'er de 1'au- tre ; & quand ils renoncent aux Etudes , Ie Deffein devient leur reffource pour embraffer les autres Arts. WaJJenbeift fcut par gout & par devoir remplir
deux exercices avec Ie m�me fucc�s, apr�s avoir deflin�
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268 La Vie des Peintres
deilin� quelque temps, il commenc,a a peindre.'
NOUveau plaifir , qui augmenta lorsqu'il vit acheter affez cher fes Copies. Il abandonna fes �tudes pour fe livrer entierement au talent qu'il aima bien davantage, quand il Ie vit cou- ronner par les fucc�s; il ne quitta fon Maitre, Jean van Dieren, que lorfqu'il �poufa en 1712 Mlle Jeanne van Oijen. Rotterdam lui parut plus propre a Ie f�xer. Sa douceur lui piocura des amis, & fur-tout Ie Chevalier vander Werj, qui 1'aida de fes confeils. Sa grande application & fon afliduit� a fuivre fon Maitre Ie rendirent bien ■ tot tr�s-habile; il fit voir qu'il ne s'�toit ex- patri� que pour slnltruire , car il retourna peu de temps apr�s chez lui: on vit avec plaifir, com- bien ce voyage avoit augment� fon m�rite: on Ie chargea de grands Ouvrages ; divers Plafonds & Salons, entour�s de fes Tableaux d'Hiftoire & de Portraits tr�s-reffemblans & bien colori�s lui procurerent 1'honneur de peindre Ie Prince � O range & prefque toutes les Dames de fa Cour : il fit au/Ii ceux des Bourguemeftres Go- ckinga & Boitenius, & celui duConn�table Trip, & de bien d'autres perfonnes du premier rang: il peignit auffi dans Ie m�me temps la Coupole de rh�tel de M. Sichtermans. Toujours infatigable au travail , ces grands
Ouvrages furent m�l�s de petits Tableaux pr�- cieufement finis, qu'il fit avec la plus grande fineffe. On nous vante de fon bon temps une Naifiance de Jefus-Chrift 5 un autre de Jefus- Chrift encore Enfant. Ces Tableaux de Cabinet �galent en fini ceux des Maitres qui n'ont jamais tra-
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Flamands, Allemands & Hollandois'. l6g
travaill� que dans ce genre. Il femble que eet
Artifte avoit rorce la nature par fes veilles & fon affiduit�. Il fuccomba : une maladie Ie frapa tout-a-coup; il mourut Ie 17 Juillet 1750 , ag� de foixante ans. Il laiffa fa veuve & trois enfans , deux filles & un garcon. FJi\abeth, Genrude & fon frere avancent a grands pas fur les traces de leur pere & donnent de grandes efp�rances. Nous ne connoiflbns pas les Ouvrages de eet
Artifte. Ceux qui les connoiffent les louent beau- coup. |
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FRAN^OIS - PAUL FERG,
�LEVE D'ORIENT.
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Ferg naquit a Vienne
en Autriche Ie 2 Mai 1689. Pancrace f erg fon pere �toit un Peintre m�diocre & aflez peu connoiffeur pour confier fon fils au nomm� Baf- chueber, qui ne pouvoit Ie difputer qu'a lui feul en ignorance. Le jeune Eleve eut ia patience & Ie malheur de paffer quatre ann�es dans cette Ecole. Enfin fon pere ouvrit les yeux & rap- pella fon Hls chez lui, il 1'engagca a compofer 1'Hiftoire ; les Eftampes de Calot, de le Clerc furent fes d�lices , il les copia & les �tudia avec foin ; mais on lui fit remarquer que ces. petites figures �toient peu propres a fon avancement , qu'ilfalloir, avant tont, �tudier en grand. Hans- Graf, Peintre habile a Vienne ,� fut fon Maitre pour
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2yO La Vie des Pcintres
' ' ' pour la Figure, mais il lui pr�f�ra Ori�nt, grand
I6�y. iJay('agill:e , chez iequel il fe logea & reita trois " tante, & par la difpofition la plus heureuie , lui m�rita l'eltime de fes Maitres & des Amateurs, qui ne purent Ie fixer dans fa patrie. L'envie de voyager 1'ernporta , il quitta Vienne Ie 18 Oc- tobre 1718 : il reila quelque temps dans la Franconie ; la Cour de Bamberg , fur-tout, lui procura des Amateurs diftingu�s, il y acquit de la gloire & des richelTes. Le Payfagilte Alexan- dre l hi�le, enchant� de rencontrer Bergk Leip- fic, Tengagea a demeurer chez lui a Drelde ; il peignit des figures dans les Tableaux du Payfa- gifle , qui en augmentent le prix. Il refta encore quelque temps dans la bafle
Saxe , d'o� il paffa a Londres , ou ies talens furent �galement eftim�s ; un mariage incon- iid�r� r�pandit lur le refte de les jours une infortune qu'il ne put furmonter par ion affi- duit� au trava�. Des malheurs domeftiques le forcerent d'abord de diminiier le prix de ies Ouvrages : ce difcr�dit augmenta avec fes be- foins, & il fut tel que eet Artiite , dont les Tableaux s'�toient jufqu'alors vendus cher, fe vit forc� de les donner au plus bas prix ; il fut accabl� par fes cr�anciers qifil �vita tant qu'il put, en cachant ia demeure, tant�t dans un quartier de la Ville , tantot dans un autre. La mort feule fcut le d�couvrir & le d�livrer d'une vie fi malheureufe & fi peu m�rir�e. On rap- porte qu'il fut trouv� mort devant fa maifon , fi ext�nu� de froid & de mifere, qu'il n'avoit pu ouvrir fa porte , ce fut en 1740. Ce
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Flamands, Allcmands & Hollandois, VJ\
CePeintre repr�fentoit comme Bcrghem &
Wouwermans, les F�tes agr�ables des campa- ' gnes, les Travaux des Villageois: il ornoit fes �s Payfages de ruines; d'Ardute&ure du me�leur choix; la pierre & Ie marbre y �toient diftinc- tement repr�fent�s, fans f�chereffe & fans froi- deur, Son gout de colorier, dans fes premi�res ann�es, tenoit de la vigueur & de la force des Maitres dltalie. Quand il les quitta & qu'il con- tinua de confulter la nature,il abandonna la pr�jug� de 1'imitation de maniere, & ne iiiivit plus que lav�ritable, qui eft plus clairc & plus vague. Sa couleur eft bonne, & fa touche fa- cile, fes compofitions font d'un homme d'efprit, chaque figure int�reffe dans fes Payfages; il defrmoit bien, mais fes chevanx n'ont pas la fl- nefl'e de ceux de JVouvvermans, qui connoiffoit & rendoit parfaitement la foupiefTe qui doit marquer les infertions & les emboitemens des mufcles & des os. Quant aux Ouvrages de Fzrct, 1'Allemagne
& 1'Angleterre les conicrvent & les eftiment. Heureux � les derniers avoient procur� un fort plus favorable a eet Artifte , dont ils ch�riffent Jes talens apr�s fa morr. Il ne faut pas oublier que F^r^gravoit a 1'eau-
forte avec beaucoup d'intelligence : les �preuves de fes planches font recherch�es & eftim�eSi On voit a la Haye, chez M. Fafrcl, deux
jolss Tableaux : ce font des vues du Rhin. |
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HENRIETTH
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HENRIETTE
W O L T E R S,
�LEVE DE SON PERE
TII�ODORE VAN P�E. Enriette "Wolters a fait
beaucoup d'honneiir a la Ville d'Amfterdam, o� elle naquit Ie 5 D�cembre 1692, de Th�odore van P�e,&. de Cornelie van Baf- feveld. D�s 1'age de fept ans, elle donna des mar-
ques du plus grand defir d'apprendre Ie Def- fein : les refus 1'attrifterent, & c'eft pr�cif�ment ce
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flamands j Altemands & HoUandoht 'vjjf
fee que demandoit fon pere , qui mit alors tous fes foins a lui montrer Ie Deflein. Parvenue a 1'age o� il faut plus que de la theorie , elle fe procura la connoiffance des meilleurs Artiftes : c'�toient autant de Maitres qui veillerent a fon avancement; oh lui apporta des Deffeins, des Tableaux , mais uris copie qu'elle fit dapres Jidrun vanden Felde , montra Combien elle �toit avanc�e , & combien elle devoit donner d'efp�- ir«nce. Il lui tomba dans les mains une Mignature
de Chriftopbe Ie Blond. Ce joli morceau la flatta tellement, qu'elle ne fut point tranquilie jufqu'a ce que let Blond fut appcll� pour lui donner des lecons. Il refufa d'abord , mais il s'y porta vo- lontiers, & m�me avec plaifir , quand elle lui montra fes Ouvrages. Son �tonnement auamen- ta , lorfqu'il vit les progres dans Ie temps qu'il ne lui avoit , pour ain� dire , qu'�bauch� Ja pratique. D�ja en �fat d'aller feulc, elle copia d'apr�s
les grands Maitres ; elle fut agr�ablement fur- prife , quand elle vit des Bijoutiers orner des fcraffelets & d'autres bijoux de fes copies. Elle copia un Portrait d'apr�s van Dyck,, un Saint S�baftien d'apr�s Ie m�me : on ne peut appro- clier de plus pres des deux origina'.ix, m�me cor- �-eftion de deffein , m�me couleur & la m�me touche dans une grandeur bien diff�rente. Ces fucc�s mirent Ie comble a fa gloire : les Artiftes & les Amateurs publierent par-tout la beaut� de ces deux Mignatures. Toujours occup�e de fon Art j elle crut pon-
yoir effayer de copier la nature. Les premier» Tome IV. S d<?
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274 !<<* F** des Peintres
de la Ville fe crurent honor�s de fon pinceau*
1692.. Le Czar Pierre le Grand, ponr lors a Amfter- ~^ dam , fut la voir , & ne put cacher fa furprife; il voulut engager cette fille illuftre de le fuiyre a fa Cour , lui offrit une peni�on de fix mille florins d'Hollande , fans ce qu'clle auroit gagn� a peindre ceux qui ie pr�fenteroient; elle re- fuia poliment : mais forc�e de donner qiielqnes raifons clle r�pondit qu'clle ne pouvoit quitter ja patne , que fa Religion & fes masurs ne lui permettoient pas de vivre au milieu da tourbil- lon & de l'ejcUvage de la Cour. Cette r�ponfe, plus que philofophique , frapa le Czar & ang-< menta fon eftime ; il lui fit peindre trois Prin- ceffes de fa fuite ; il fe feroit fait peindre auffi , mais il ne put fe r�foudre a refter le temps qu'elle ex�2;eoit pour finir une t�te ; elle demandoit ordinairement vingt f�ances, a deux heures cha- cune.
Les talens & les charmes i�Hcnriette attire-
rent pres d'elle une f'oule d'amans qui la deman- derent en manage. Htrman Wohers , qui avoit �t� Eleve de van Pee , fut affez heureux pour �tre pr�f�r� ; il �poufa notre Artifte en 1719. Ce fut dans ce temps qu'il lui arriva une avan- ture facheufe a bicn des egards, fean Gutllaume^, Elefteur Palatin , fit mille inftances pour obtenir un morceau de fa main ; elle en acheva un , dans lequel elle mit tout l'art dont elle �toit capable; ce morceau fut confi� a un N�gociant qui r�pandit dans le public qu'on l'avoit vol� dans la Voiture , elle en eut du chagrin ; mais reprenant courage , elle mit une fecondefois la main au pinceau, 6c quoiqu'elle travaillat diffi- cilement
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Fkmands , Al\emAnd.s & Hollandoisl 2,75
dlement , Ie defir d'�tre eftim�e d'un Pri.nce-------
aufl� connoiffeur , lui f�t encore peindre un au- 1692,.
tre Tableau : fon. Ouvrage �toit prefque fini , -^JF lorfqu'elle eut la douleur d'apprendre la mort d'un Prince qui fera toujours regrett� des Ar« tiftes. Ayant fait trois Portraits du Comts de Lot-
turn , ils furent pr�fent�s au Roi de Pruffe Fr�- d�ric Guiilaume. Ce Prince fut furpris & de la reflemblance & de I'art avec lcquel ils �toient rendus. Dans un voyage qu'il fit en Hollande , il alla incognito vjfiter celle dont les talens lui faifoient tant de plaifir. Son �tonnement augmenta , en parcourant de fes yeux les diff�- fens Ouvrages qu'elle avoit dans les mains. I! lui dit , » qu'il �toit tr�s-bien avec Ie Roi de » Pruffe , & qu'il fe flattoit de lui faire avoir » une forte penfion ; qu'elle feroit affiir�e de n 1'eflime de toute la Cour , & que fa fortune » feroit plus certaine qu'avec les N�gocians » d'Amflerdam. Elle r�pondit froidement & » avec franchife: « Ma Patrie m'eft trop chere & trop agr�a-i
» ble pour la facrifier au defir d'une vaine ^loi» » re, & fttr 1'efp�rance d'une fortune incertaine. » J'ai d'ailleiirs une grande v�n�ration pour les w N�gociansd'Amfterdam,quipaientmieuxque
» les Gens de la Cour. » Le Roi furpris de cette r�poni� l'aflura qu'elle
n'auroit paslieu d'�tre m�contente, qu'elle pou- voit effayer, & qu'il la d�frayeroit de tout. » Je n'irai jamais a ia Cour de Prufle, (dit-
» elle,) fi j'avois voulu quitter , j'aurois choifi » la Cour de Londres & celle de Vienne oi« |
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Ij 6 La Vie des Teinhe�
m
1691. » point un Gouvernement defpotique , 011 les » hommes font efclaves & forc�s au fervice » militaire ; elleajouta qu'un pareil Gouverne- » ment ne pouvoit plaire a des gens bien n�s » auffi libres que les Hollandois ; que d'ailleurs » fon mari 6c ellc �toient trop fimples pour en » faire des courtifans: que la v�rit� & la liber- » t� �tant bannies de la Cour , elle ch�rifloit » tfop I'une & i'autre pour habitcr un Pays dont »> clles �toient exclues. » Le Roi ne diminna point de fon eftitne pour
Mde Wolters. Sa finc�rit� donna de Tinqui�tude a fon mari , qui avoit toujours �t� pr�fent , & qui avoit plufieurs fois fait figne a fa femme de fe mod�rer ; mais elle n'y avoit fait aucune attention. lis apprirent , auffi-to� que le Roi fut forti, qu'il �toit arriv� a Amf- terdam &C qu'il gardoit ^incognito; il fut encore voir deux fois celle dont il aimoittant les Ouvra- ges : ellc le reent �galement bien , fans donner a conno�tre qu'ellc foupconnat que cc fut lui ? ellc fut feulement plus circonfpcftc dans la con- verfation. Le Roi partit fans fc faire pcindre ^ fautedetemps. On vit de fuite fortir de fa main les Portraits
du Baron de Vos , Seigneur Saxon , des deus Bourguemefl-Yesd'Amltcrdam , JHajfeia�r&C Ren- dorp , & destrois freres Santyn ; celui de 1'Ama- teur Tonnemans , &� du Peintre Jacquet de Wit, du Bourguemeftre d'Harlemt-<j» Zypeftcyn^d'Ar- nold de Kaat & de ion �poufe: la lifle feroit trop longue , s'il falloit citer tous les Etrangers �C ceux de la Hollande dont elle a fait les Portraits. |
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It'hmands, Alleman fa & tiollandolt. 177
��le fe faifoit payer , en commenc,ant, foixante florins, enfuite cent vingt Si jufqu'a deux eens & quatre eens florins. Elte pafla une ann�e a la J-laye a peindre les perfonnes les plus diftingu�es, & ellc retourna a Amftcrdam pour y vivre tran- quillement. Elle fit vendre tous les Tablcaux dont fon mari faifoit Ie commerce : Elle n'eut point d'enfans : ayant affez de fortune pour vi- vre commod�ment, elle n'eut point Pambition de chercher a Paugmenter ; ils fe mirenl en pen. fion pour n'�tre point dillraits par les foins d'utt m�nage. Elle choifit u Harlem un quartier oh elle pouvoit vivre entour�e d'Artiftes 6c d'Ama- teurs , qui Peftimcrent autant pour fa douceuf. & fon efprit que pour les grands talens. Au milieu de cc repos, dont ellc a joui trop
peu , elle eut quelques infirmit�s , qui finirent par une chaleur dans la gorge , dont elle mou- rut Ie 3 Oftobre 1741 , a peine ag�e de qua- rante-neuf ans.Cette femme c�lebre a �t� chan- t�e par les meilleurs Po�tes de fon temps. L'�loge , que les Artiftes donnent a fes Ou-»
vrages , eft que tout ce qu'elle a peint en mi- gnature , cft d'un pr�cieux fini , d'un deflein correft , avec la force &C la vigueur des Tar; bleaux peinls a 1'huile. |
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ADRIEM
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2.78 La Vie des feintrer
ADRIEN VANDER BURG l
� L E V E
L'ARNOLD HOVBRAKEN.
V Ander Burg naquit a Dordrecht en
1693. Arnold Houbraken fut fon Ma�tre jufqu'a ce qu'il put lui-m�me lire dans la nature & apprendre d'elle 1'art de la repr�fenter, fans fe laiffer entra�ner par des manieres qui la d�f�- gurent phit�t que de 1'embellir. D�ja bien inftruit par fon Ma�tre , il retourna chez lui, on Ie re- chercha par-tout pour fe faire peindre. A 1'art de faire reffembler, il ajoutoit des agr�mens. Ce furent ces fucc�s qui engagerent Ie jeune Duc d'' Aremberg a 1'appeller a Bruxelles pour fe faire peindre par lui; diflinftion flatteufe pour vander Burg , parce que cette Ville &c Anvers avoient pour lors des Artiftes qui avoient du m�rite. Son Ouvrage fini avec gloire , il retourna
chez lui , il y trouva toujours Ie m�me gout pour fes Ouvrages. Les Adminiftrateurs de 1'H�- pital des Orphelins fe firent tous peindre dans Ie m�me Tableau pour Ie placer dans une de leurs Sales. Les Dire&eurs de la monnoie , au nombre de dix-fept , en firent faire de m�me. Ce Tableau occupe Ie premier rang parmi ceux qui font dans Ie m�me endroit. Vander "Burg avoit encore Ie talent de faire
$e joljis Tableaux dans Ie gout de Mi�ris &c de
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Flamdtidx, Allemtinds & Hollandoisi jy
He Metz.u. En voici deux dans ce genre bien connus , 1'un repr�fente un Marchand de petits poiffons appell�s Crevettes : Cet hom- me vent embraffer une jeune fille qui eft pres de lui. Ce Tableau eft connu fous Ie nom KAry 'Buurman, ou, Eh ! Voifin ; Tautre repr�fente une jeune Femme ivre , fujet trop libre. Ces deux Tableaux furent faits pour un M. vander LU, Amateur diftingu� qui aimoit les Ouvrages de ce Peintre. On les voit aujourd'hui dans Ie ca- binet de M. Bijfchop , a Rotterdam , Amateur trcs-connu que nous avons fouvent occafion de citer. ,x Cet Artifte recherche par fes talens , les d�-
grada dans la compagnie de ceux qui d�penfent leur bien & leur temps dans 1'oifivet� & dans Ie vin ; il ne peignoit, pour ainfi dire , que dans Ie belbin , il n�g�gea fa mailon , ion talent & fes Elevcs: cette vie, qui n'eft jamais fans exces , lui abr�ga fes jours , il mourut Ie 30 Mai 1733 » a peine ag� de quarante ans. Cet Artifte avoit une belle fac.on pour pein-
dre Ie Portrait, une fonte fans peiner & fans fati- guer fa couleur naturelle & vraie ; fa touche large & facile aide aux formes qui ont l'air d'�tre n�g'.ia�es , mais font arr�t�es avec une finefle furprenante ! fes Tableaux de Cabinet font entierement dans Ie gout de ceux de fon Maitre , finis avec la plus grande propret�: on regrette qu'il en ait fi peu fait, ils fe foutien- nent a c�t� de cenx qui ont Ie premier rang «lans ce genre agr�able. |
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S 4 GUERARD
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BUERARD
MELDERE
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El der naquit a Amfterdam Ie
17 Avril 1693. Il ctoit fils ds Cor-> lld&k�\d4
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Melder, c�lebre dans 1'Art de for?
tifier les Places de guerre , & bierj, connu par deux Oi'vrages publi�s en 1658 & en 1664. Ceft aux defleins de for» grand-pere que les Amateurs doivent les bons Ouvrages de notre Artifte. Ayant perdu ior. pere h 1'age de fix ans, fa uiere vit eet enfant , eu ibrtant des Ecolcs, n�gliger les amuiemcns de (�n agepour deffiner j, elle lui proeura les moyens |
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La Vie des feintres * '&cl 281
#.e fat�sfaire fon gout. Enfin il finit paracqu�-
rir les Livres Sc les Eftampes qui pouvoient fervir a fon pfojet. Il fit lui feul des progr�s qui int�reflTerent les bons Ma�tres , & qui lui valurentdes modeles &: des lecons : ilcommen- ^a a peindre a 1'huile, & ce qu'il y a de fingu- lier pour lui , c'efl: que eet effai fut recherche & pay� affez cher : un encouragement de cette efpece m lui donna point d'orgueil , mais ne fervit qu'a lui faire �couter plus attentivcment les avis que les Amateurs lui donnerent: on lui fit entendre que la Mignature trait�e par un hom- ine de g�nie lui affureroit fa fortune , que les Artiftes dans ce genre �toient rares & bien re- cherches. Alors Melder eopia ce qu'il put trouver de
plus pr�cieux dans ce genre, &c en peu de temps il r�uffit k imiter fur 1'Ivoire , fur Ie V�lin tout ce qui 1'int�reffoit. Un nomm� Wilkins apporta d'Italie plufieiirs Mignatures de la Rujalba. Mel- der les acheta toutes , il en tira un doubl� avan- tage , elles fervirent a former fa belle maniere & a lui procurer un profit confid�rable ; il vit acheter fes copies auffi cher que les originaux', tant il approchoit de fes modeles. Il entreprit alors de copier les Tableaux de Rotenhamer , de vander Werf , &c. II compofa des all�gories & des fujets hiftoriques , avec Ie m�me fu:c�s. Ses Ouvrages furent enlev�^ a grand p rix- II fit un mariage confid�rable avec Mllc Margue- rite van Schalkyiiyk^de Velden ; cette fortine ne diminua point 1'amour de fon Art, mais lui don- yia Ie temps de Ie perfe�ionner & de mieux jfhoifir les fujets. Il fit un grand nombre de Por tit
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18 z La Vle des Veintres, &e2
t traits: on cite ceux du jeune Prince de
1693. Dourla:b , du Prince de Heffe Philipsdhal , des
^5*y principaux de la Cour , &c. Les fujets de fa
compofition flirent toujours traites avec pr�f�-
rence , & recherches pour la d�licateffe & pour
1'efprit.
Ses Payfages avec des Figures , fes Deffeins
lav�s l�gerement furent enlev�s par les Ama- teurs M[S Val\enier Sc Witfen , Echevins d'Amf- terdam , par Mts Bijfchop & Schuttde Rotter- dam , & de Trcvor , Envoy� d'Angleterre. Le Roi Augufie de Pologne lui fit peindrc plufienrs Mignatures qui font plac�es dans la riche Col- lecTion de ce Prince. Melder aflur� de fa r�putation & de fa for-
tune ne s'occupa plus que de 1'�ducation de ion fils; il choifit Utrecht pour le former plus com- mod�ment a fon gout pour les �tudes , il s'y fixa en 1735. On nous allure que eet Artifte y eft mort, fans qu'on fcache en quelle ann�e ; quoi- qu'il en foit, on nous cite les principaux Ama< teurs de cette Ville qui poffedent une grande partie des Ouvrages , tant en Mignature qu'en Deffeins, qu'ils ont pu obtenir de Melder; les principaux font MIS le Bourguemeftre de Reuver, van Manjveld , Wagtendorp & vander Waey. Melder eft un des premiers dans fon genre :
fineffe de deffein, compofitionsing�nieufes, vraie & belle couleur ; voila le m�rite de fes Ouvra- ges. Il peignoit bien en email , mais il �vita cette pratique, dans la crainte que le feu ne nuis�t � fa vue. |
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JACQUES
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J A C Q U E S
DE WIT.
� L E V E
DE JACQI/ES VAN HAL.
A Hollande vient de perdre Ie meil- *
leur des Peintres d'Hiftoire qu'el- l695- Ie ait produit dans cefiecle , c'efl "^^ Jacquet de Wit, n� � Amfterdam en 1695. D�s fon enfance il de- manda a �tre Peintre , & la Peinture fut, pour ainfi dire, fon premier inftinct, & fon premier fentiment ; il ent pour MaJtre Alben Spiers , qui faifoit Ie Portrait k 1'aae de treize ans, n |
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4 La Fie des Peiatret
II fut envoy� a Anvers chez fon oncle , Mar-
chand de vin en gros , Amateur lui-m�me Se poffefTeurd'un richc Cabinet de Tableaux. Ce fut pour fon neven un moyen f�r de devenir ha- pile. Son oncle lui donna pour Ma�tre facques van Hal, Peintre d'Hiftoire. Deux ann�es clans cette Ecole lui fuffirent pour
fe livrer tout entier a 1'�tudc de la nature ; fon oncle lui avoit procur� la permiffion de copier &C de voir tous les principaux Ouvrages de Ru' hens , de van Dyck^, <kc. Toujours Ie premier & Ie dernier a deffiner a 1'Acad�mic , il obtint en 1713 Ie premier prix d'apr�s b modcle vi- vant, & lq premier prix de Peinturc au juge- ment de la m�me Academie. Ces deux prix furent des garans af�ur�s de fa fup�riorit� future fur tous ceux de fon pays. Ce fut dans cc temps qu'il deffina trente-fix Plafonds des Jcfukes , par Rubens & van VycK,, que Ie Tonnerre a d�truits en 1719. Si tant de morceaux pr�cieux ne font pas per»
dus entierement pour Ie public , il en eft rede- vable au dcfir que cc jeune Artifte avoit de s'inrtruire, puifqu'onagrav� les deffeins, & que plufieurs font d�ja entre les mains des Amateurs. Il �toit fi occup� de fon Art , qu'il ne voulut prefque frequenter que ceux qui lui en parloient ou qui poiivoient 1'inftruire. Jamais il ne voyoit un Tableau fans Ie deffiner, c'efl cc qu'il a ex�- cut� d'apr�s prefque tous les Tableaux d'Autcl de Rubens , de van Dyck. & de plufieurs autres grands Ma�tres que les Amateurs s'empreffe�ent � Tenvi de lui fournir pour exercer fon crayor» Si avancer fes �tudes, Comme on ne conno�t t�ea
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'Tlamands, AllcruAttds & Hollandois. J
bien les grands Ecrivains de 1'antiquit� qu'en J , effayant d'en traduire les meilletirs moixeaux , l ^\ Auffi defiroit-il d'allcr a Rome puifer a la four- ce du beau ; mais fon oncle , qui craignoit de Ie perdre, Sc qui Ie troitvoit encore trop jeune pour entreprendre un pareil voyage , Pen em- p�cha. de Wit facriua Ie plaifir de voir cctte Capitale des Arts a la reconnoiffance qu'il avoit pour les bont�s de (on oncle , il en fut un peu d�dommag� par la pennifl�on qu'il eut de revoir fa patrie. A pcine�toit-ilentr�dans Arftflerdamen 171^,
qu'il fut accabl� de Portraits , mais fon g�nie ne pouvoit fe borner a cc genre trop dependant du caprice , de 1'amour - propre & de Pigno- rance ; & comme il aimoit a r�pandre dans fes Ouvrages tont Ie gout de ion efprit & toute la v�rit� de fon ame , il d�daigna la contraintc du Portrait malgrc les �loges dont il fut combl� , & fe livra tout entier a 1'Hiftoire. Ses eflais firent leur efFet: un Amateur c�lebre
& riche > M. Kromhout , Seigneur de Nieuwer» kerek^t qui fc plaifoit a 1'Architeftnre, chargea de Wit d'orner de Plafonds & d'autres Tableaux dans plufieurs Hotels qu'il avoit �lev�s. Des Connoiffeurs tels que Mrs Lammer* Tenkaten , vander Schelling & autres ne lc quitterent point, 1'aiderent de leurs confeils, publierentfes talens , &C Ie placerent au premier degr� des Peintres d'Hiftoire de fon temps. Toiites les Villes de la Hollande remployerent� Ce fut en 1736 que les Bourguemeftres d'Amf-
terdam chargerent de Wit des Ouvrages qui d�- cprent la Sale du Confcil des Tnmt-fix. II re-
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i$6 La Vie dei Veintret
repr�fenta Moyfe , qui choifit les fo�xante-
douze Vieillards pour former fon Confeil: com- pofition immenfe , Ie Tableau a quarante-cinq pieds de long lur dix-neuf de hant ,■ les quatre portes font orn�es de bas-reliefs en rond, fup- port�s par des enfans , 1'ufl repr�fente � c�t� de la chemin�e Ie Sacrifice d'Abraham ; I'autre c�c� un embl�me fur la V�rit� : en face 3 Jofeph qui fait aflembler les Bleds , fymbole de la Pr�voyan- ce ; lequatrieme repr�fente Ie m�pris des Dons , c'eft Ie Prophete Elif�e qui refuie ceux que lui ofFre Naaman Ie Syrien. Des Enfans peints de Ia couleur de marbre imitent ceux de la Frife qui d�corent la chemin�e ,� on diftingue a peine ceux qui font feints. Au - deffous du Sacrifice d'Abraham,on admire d'autresfymboles. Celui de la Fid�lit�efhinChien, desCiefs,uneEp�e, un Bouclier , des Sceaux. La Vigilance eft re- pr�fent�e par une Ruche , un Tamis, un Coq, une Lampe , &c. Sous celui de la Pr�voyance eft la Temp�rance ;ony remarque une Pendu- le , une Bride & un Are. Sous Ie Prophete Eli- f�e eft d�fign�e 1'Eloquence par un Caduc�e , iin Livre & un Sable. Sur les croif�es eft la Religion, connue par
les Tables de la Loi > un Autel , une Bible &c une Lampe , enfuite Punion des Peuples par Ie Faifceau, Ie Chapeau de la libert� , une Corne d'abondance & la Couronne de ch�ne. Le Com- merce par le Caduc�e > des Ballots & une Ba- lance avec des poids: & le quatrieme, pour d�- figner que la Richeffe de cette Ville ne vient que de la mer , le devant d'un Navire , des Ancres r des Cordages, un Pavillon, une Bouflble, &c. Ce�
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Flamands, AHemands & Hollandois. 287
Cet Ouvrage , except� Ie grand Tableau , eft � � * peint en bas-relief & en ronde-bofle de la cou- 1695. leur de la pierre & du marbre a faire illufion. "�-" En deux ann�es tout fut fini & place : on peut, en regardant 1'Ouvrage dont nous ne pouvons donner qu'une l�gere idee , affurer que fa faci- lit� c�. furprenante , &C on peut auffi juger de fonefprit par fes idees ing�nieufes&bien penf�es. Il a d�cor� plufieurs Eglifes Catholiques. Le Tableau du grand Autel de 1'Eg�fe Francoife , & dix bas-reliefs dans la couleur de bois. Sim�on dans le Temple , Tableau d'Autel , dans 1'Eglife des B�guines ,, & d'autres bas-reliefs a Delft. Dans la Chambre Echevinale , a la Haye ,
un Plafond & quatre bas-reliefs dans les angles , & un deffus de Porte. Ce fut au milieu de fes travaux qu'il fe maria en 1724 , mais il ne laiffa point de pofl�rit� ; fa vie fut tran- quille & heureufe , parce que fes defirs furent born�s & que fon amour pour Ia gloire fut tou- jours fubordonn� a la fagefle , enforte que fes rivaux , qui redoutoient (es Ouvrages , ne pou- voicnt s'emp�cher d'aimer fon ca'-aftere & de le regretter lorfqu'il mourut. On pourroit don- ner un petit Volume des vers que les Po�tes ont faits fur fes diff�rens Ouvrages. Quoique de Wit n'eut pas vu Rome , il y
avoit fuppl�� par la belle Colleftion qu'il avoit amaff�e des Deffeins & des Eftampes des Ma�- tres d'Italie , des bas-Reliefs , des Figurcs de rondeboffe , & de la nature qu'il coniulta tou- jours : il avoit une fort bonne couleur; fes com- pofitions plaifent , parce qu'elles font ing�nieu- �es Sc menent k une tr�s-grande maniere. Son pin-
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2,88 Ld Vie des Tethtres
pinceau eft facile , &c fa touche �galement bril-
lante : un meilleur gout do deffein auroit rendu eet Artifte encore plus c�lebre; Ie talent, dans lequel il n'a pas �t� furpafle , efl: fon imitation des bas-reliefs en pierre, marbre, platre , bois , terrecuite, &c. Ces foites d'Ouvrages ont �t� port�s par toute l'E«rope:nons en avonsen Fran- ce ; pluiienrs y ont �t� lou�s par les bons Ar- tiftes. Il repr�fentoit tr�sbien les Enfans. Voici encore quelques �ableaux de lui tr�s-connus. On voit a Amfterdam , chez M. Braamfamp ,
tine Allegorie repr�fentant Ie Commerce 6c la Vigilance, avec ce proverbe , Uborvincit emm- tias ; deux autres , des Bacchanales par des en- fans. Six autres en bas-reliefs , la Peinture , la Po�fie ; des Enfans qui luttent : des Enfans en- dormis; un Peintre repr�fent� par des enfans ; un Medaillon , & un Vafe orn� de fleurs par fean van Huyjum. A Paris, chez M. Ie Comte de Choifeul, deux
deflus de Portes; on y voit des enfans qui agacent des animaux; & a Toulouze, chez M. Cajtel, aflb- ci� ordinaire de 1'Acad�mie de Peinture,&c. de la in�me Ville , on y voit une Niche, dans laquelle font repr�fent�es en marbre blanc cinq Veftales qui entretiennent Ie feu facr� , l'Autel eft eti- tour� d'urnes , de vafes & d'autres meuble? dont les Anciens fe fervoient aux Sacrifices* |
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TH�ODORE
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Flamands, jillemarids & ffollanJoiY. 289
TH�ODORE H A R T Z O EKER;
�LEVE DE BALESTRA.
TTartzoeker, fils du c�lebre Phyfkien____
�*�■*■ de ce nom. Il naquit a Utrecht vers- 1'an 1606.
1696; Ie gout pour la Peinture luiprit dans' fes Peintre Baleflra a Venife : il Ie choifit pour fon Maitre , il ne Ie quitta que pour aller a Rome, toujoursdansle delir d'y continuer fes �tudes. De retour chezlui en 1720 ou 1721, on s'emprefTa de voir des Ouvrages de fa main , fur la r�puta- tion qu'il s'�roit faite en Itali� ; mais comme fa fortune �toit confid�rable , il neparoitpas qu'il ait enrichi beaucoup les Amateurs de fes bons Tableaux : nous n'en avons jamais vu , & nous croyons feulement qu'il avoit des talens �gaux a fa r�putation. Unemaladie de langueur 1'enleva dans la Ville d'Utrecht, o� il eft mort en 1740 ou en 1741. N. BOSSCHAERT,
�LEVE DE CR�PU.
VOiCi encore un bon Peintre deFleurs, n�
a Anvers 1'an 1696. Il eft Ie meilleur Eleve de Cr�pu, auffi Peintre de Fleurs, dont nous Tome IV. T avons |
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IjCI Vie des Peintres, &C»
�� avons parl�: il avoit Ie pinceau plus d�licat que 1696. Verbruggen, c'eft-a-dire , qu'il donnoit plus de -=�- l�geret� a fes fleurs , beaut� effentielle aux Ou- vrages de cette efpece. Nous n'avons rien appris de eet Artifte; on dit que fes Tableaux ont �t� bien recherches, ce qui ne nous �tonne pas , nous les connoiffons pour �tre tr�s-bons, , c'eft en ce genre un des plus habiles de la Flandre ; il fut quelquefois employ� par d'autres Peintres pour peindre les fleurs dans leurs Ouvrages; nous ne fcavons rien de plus d'unaufli bon Ar- tifte, nous ignorons 1'ann�e de fa mort. |
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CORNILLE
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C O R N I L L E
TROOST,
�LEVE
D'ARNOLD BOONEN. |
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Troost efl encore
un Artifte habile que la Ville d'Amfterdam a vu naitre Ie 8 Ofto- bre 1697. Apr�s deux ans & demi d'�tude fous Arnald Boonen, il fe perfedlionna d'apr�s la nature, Ie feul & Ie vrai modele a fuivre : il devoic fon avancement a 1'amiti� & m�me a. 1'envie; mes envieux, difoit-il, nc trouverent rien de bien dans T2 mes
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i,a Vie des Peintres
-----■ mes Ouvrages; ils m'auroient d�courag�, Jimes
1697. amis,quimefaifoientappercevoirles m�mesd�-
�l fautsfans irien cacher aucun, ne m'euJJ'ent rendu Ie courage. L'envie blefloit fon amour-propre , 1'amiti� gu�riffoit en m�me-temps la bleffure ; mais Ie public , ce juge impartial, en fit Ie plus parfait �loge par l'empreffement qu'il eut a re- chercher fes Ouvrages que 1'on enleva bien-t�t, ils furent places a c�t� de ceux des grands Mai- tres. Nous lui rendons la m�me juftice apr�s fa mort, & nous affurons avec les Artiftes que fes bons Tableaux ont m�rit� de tourmenter & d'irriter l'envie. 11 peignoit a la fois 1'Hiftoire, les Tableaux agr�ables de converfation & des Portraits; ces genres diff�rens eurent beaucoup defucc�s;il d�buta par un grand Tableau qui a fait fortune, il repr�fente enfemble les cinq Infpe&eurs du College des M�decins,en pied, de grandeur de nature. Ce beau Tableau , place en public , ramena ceux-m�mes qui avoient em- ploy� leur cr�dit pour d�crier fes Ouvrages. La pl�part des Dir&eurs des diff�rentes Com-
pagnies fe firent peindre , & ornerent de ieurs Poctraits les Sales publiques. Ils font un Spe&a- cle affez agr�able dans toutes les Villes de la Hollande & dans quelques-unes de la Flandre. Les Dire�eurs de 1'ri�pitaldesOrphelinsfefirent auffi peindre enfemble dans Ie m�me morceau , & ceux des Tonneliers en firent autant & bien d'au- tres. f 11 fit deux Tableaux pour la Sale des Chi- rurgiens ,) mais celui qui m�rite Ie plus 1'atten- tion des Curieux , eft celui o� font repr�fent�s les principaux, de certe Profeffion, affis autour d'une table ,fur laquelle eft un cadavre o� Ie Pro-
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Flamands, Allemands & Hollandois. 293
Profefleur qui eft debout, Ie Scalpel en main,
fait la d�monftration de quelques parties : on _ nepeut donner affez de louange a ce Tableau, qui fut d�s-lors regarde comme un des plus beaux de fon temps, tousfont habill�s fuivant Ie cofhi- me, il y regne une belle harmonie, Ie fond clair donne du mouvement aux objets qui font places deffus. On peut encore compter au nombre de fes beaux
Portraits celui du c�lebre Boerhave, place clans la Sale d'Anatomie. Quant a fes Tableaux, la plu- part de leurs fujets font pris dans ia vie priv�e, 6 encore plus d'apr�s les Sc�nes originales de la
Com�die;il paroit auffi qu'il ne s'attachoit pas toujours a voiler fes fujets , qui font traites avec unelibert�, dont nous ne ferons jamais T�loge. Il avoit encore une vogue pour fes compof�tions en deflein: il exprimoit avec Ie crayon les pen- f�es qui lui furent fugg�r�es, ou qu'il a imagi- n�es lui-m�me ; fon crayon �toit manie tr�s- facilement, quelquefois il y faifoit un travail avec Ie pinceau. Il a peint des Defleins a gouaffe qui font comme des Tableaux, ils furent pay�s cher, & font toujours �galement recherches: peu de vrais Amateurs d'Hollande ont n�glig� 1'occafion de s'en procurer. Trooft avoit Ie plaifir d'�lever une de fes filles
dans fon Art. A dix-fept ans elle �toit d�ja affez avanc�e pour effayer de* peindre des Portraits: elleeut Ie malheur de perdre fon pere qui �toit cruellement tourment� de la goutte. Cette mala- die, apr�s 1'avoir priv� d'un (s\\, 1'enleva Ie 7 Mars 1750. Il laifla fa veuve & cinq filles :
Sara Trooft exerce encore fon talent avec diftinc- T 3 tio'n:
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294 La J^ie des Peintres
^ tion : eet Artifte avoit 1'efprit orn� & agr�able,
1 97' ce qui Ie fit rechercher dans Ie monde, auquel ^ il fe livra peut-�tre trop. Tous fes Tableaux font bien compof�s, d'une bonne couleur & touches avec libert�. Ses Portraits tr�s-refTemblans plai- fent par la fa$on de les ajufter & de les orner de fes fonds, &c. Ses petits Tableaux ont de la finefl'e & font pleins d'int�r�t, mais peut-�tre un peu trop libres; les Cabinets en font orn�s, on a de la peine a les enlever a la Hollande, Sc on n'en voit point en France, ou 1'on en voit tr�s-peu. Voici ceux qui nous font les plus connus.
On voit a la Haye, chez M. van H�t�ren , un
fujet d'une farce nomm� Tbeflickte Svvaende, ou Ie Cigne crott�. Ceil un Deffein au crayon & au pinceau, refiemblant a un Tableau. Chez M. Halj-TFaJfenaer, les quatre Saifons.
Chez M. FerfchuuringiimeFamilieentiere, tous Portraits au dcflein, & la vue d'une Digue avec des f�gures. A Amfterdam, chezM.Braamkamp., un Corps-
<3e-Garde o� font affembl�s des Officiers : Ie Tartuffe, Tableau ing�nieux : une Dame & un jeune Seigneur faifant de la Mufique : & un Deffein un peu plus galant. Et chez M. L�enders de Neufville, dans la
m�me Ville, une Femme en couche. hei talens de ce Peintre ont �t� chant�s par
de bons Po�tes. |
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JEAN
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Flamands, Allemands & Hollandois. 295
JEAN ANTIQU�S,
� L E V E
DE WASSEN BERG IL
A Ntiquus naquit a Groningue Ie II Oc- ��
■**■ tobre 1702. Il a peinr jufqu'a 1'agede vingt I7O2# ans fur Ie verre chez Gu�rardv ander Veen: mais '===' toujour» occup� de 1'amour pour la Peinture a 1'huile, il perdit avec regret une ann�e chcz �enheimein, & enfuite 'chez Jean-Abel TF'affen- bergh, Artifte liabil� , o� il demeura pres de deux ans avec Ie m�rae d�go�t, puifqu'il n'a- voit vu travailler tont au plus que trois ou quatre fois fon Maitre qui fe renfermoit & qui faifoit un fecret de fon Art. Il falloit Ie courage & Ie defir d'apprendre du
jeune Artifte pour ne pas abandon ner un talent qui lui promettoit peu de fucc�s ; il quitta bruf- quement Groningue ag� de vingt-trois ans , & s'embarqua a Amfterdam : il ne paroit pas qu'il fut pour lors difpof� a continuer fon voyage , peut-�tre auffi faute d'argent: ce qu'il y a cle certain, c'eft qu'apr�s avoir parcouru Paris, & y avoir vu les Ouvrages dans les Eglifes & dans les Palais faits par les grands Artiftes, il revint a Amfterdam, o� il pafla quelqucs mois chez Ie Peintre Gimnich, en travaillant avec Ie plus grand courage, mais 1'envie de voyager 1'ernporta encorc fur ion repos. T4 II
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296 La Vie des Peintres
____ II fit Ie projct avec fon frere Lamben, Pay-
1702. fagifte, d'aller en Angleterre ; mais, par un
'.. , t caprice fingulier , au moment de s'embarquer, ils trouverent un Navire deitin� pour G�nes : fans autres arrangemens ils s'y embarquerent. Jean Andquus, occup� de fon Art, remarqua la tere du Capitaine, il y vit des beaut�s, & obtint de la copier. Cetre fingularit� leur valut unereffource, � laquelle ils n'avoient pas pen- f�. Auffi-t�t que Ie Capitaine eut fait voir ce Tableau a fon Equipage , tous fe recrierent fuc Ia grande reffemblance : Ie Capitaine ne voulut rien recevoir pour leur paffage ; ils furent d�s ce moment regardes avec une forte de fatisfac- tion, & c'�toit une bonne fortune, comme il Ie dit apr�s, parce qu'ils n'avoient tous deux que tr�s-peu d'argent. Ils arriverent a G�nes, apr�s avoir effuy� deux orages oii ils manque- rent de p�rir. De G�nes i's partirent pourPife : ils trouve-
rent pres de la Ville une efpece de lac ou marais qu'ils ne purent paffer a pied: un homme vigou- reux les porta fur fes �paules a 1'autre bord, & les conduiiit pendant la nuit dans une des Auberges du Fauxbourg : ce mif�rable leur vola leur argent, fe fauva & ne leur laifla qu'un ducat; ce malheur les obligea de refter, n'ayant pas Ie moyen d'aller plus loin. Andquus trouva beaucoup de Portraits a peindre, & pendant cinq mois qu'ils y refterent, ils y amaflerent affez pour continuer leurs projets d'�tude , & furent enfemble a Florence, trois mois apr�s a Livourne, o� Jean Andquus fut bien accueilli: Ie Grand-Duc lui donna une forte penfion pour refter
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Flamands, Allemands & Hollandois. 297
refter a fon fervice ; il fut admis a 1'Acad�mie de Peinture, il commenca par y peindre un grand Tableau, la ch�te des G�ants, compo- fition tr�s-�tendue & bien rendue. L'Efquiffe fe garde encore dans cette Acad�mie ; il fit une copie d'apr�s Ie Cigoli, c'eft Ie fameux Martyra de Saint Etienne ; il peignit auffi fon Portrait en grifaille que Ie Cavalier Gabouri lui deman- da ; cette copie de Saint Etienne lui fut deman- d�e, & on lui en donna cent ducats. Il paffa fix ann�es dans cette Cour, & fit pendant ce temps quatre voyages a Rome : dans un de fes voya- ges il eut 1'honneur de s'entretenir avec Ie Pa- pe Benoit XIII, qui lui montra fa Bibliothe- que, & qui lui permit de voir & de copier les beaut�s que Ton y confervoit; il fit auffi con- noiffance avec les bons Artiftes, tels que Bena- fiali, Ie Bianci, Ie Trevi^ani, Sebafiien Conca, & bien d'autres , il paffa treize mois a �tudier dans les difF�rentes Acad�mies, & a tout defli- ner; il alla a Naples, o� il recut beaucoup d'ac- cueil de la part de SoUmene , qui lui offrit fa maifon , il n'y refta que Ie temps qu'il falloit pour voir & parcourir ce beau pays encore rempli de veftiges des anciens monumens , & il retourua a Rome. Cette Capitale 1'arr�ta quelque temps pour
y peindre , il fit plufieurs grands Ouvrages , mais Ie bruit de la maladie du Grand-Duc lui fit tout quitter ; il vola a Florence , il trouva cette Ville en deuil, elle venoit de perdre Ie Prince Ie plus ch�ri, & Ie plus attach� aux Arts ; il paffa encore quelque temps a la Cour, dela il alla par Boulogne a Venife , qu'il quitta auffi
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298 La Vic des Peintres
��� auffi pour voir Padoue, Mantoue, Milan &
I702. Turin : il fut arr�t� trois mois dans cette der- � niere Ville par Ie G�n�ral Schuilenburg & d'au- tres Curieux qui employerent fon pinceau ; il partit pour fe rendre en Angieterre , ce voyage n'eut pas lieu , il pafla la mer avec ion frere , & ils arriverent enfemble a Groningue. Scs Compatriotes s'emprefferent a obtenir de
fes Oiivrages; il eut occalion de faire les Por- traits des Principaux: c'�toit fe faire connoitre ; mais il fut encore plus connu par des Tableaux d'Hiftoire ; il eut ordre de peindre la Coupole du Salon d'�t� du Palais du Prince ; il s'en ac- quitta � bien , que Ie Prince 1'engagea d'aller a Breda , lui accorda une penfion annuelle pour qu'il s'attachat auffi a l'inftru�ion de quelques Eleves. Plufieurs bons Oiivrages remplirent les roomens o� il �ioit libre au Chateau de Breda. Il a repr�lent� , fur la porte de la chambre a coucher, Mars deshabill� par les Graces. Les ■ deux deffus des portes de la Sale d'Audience font auffi de ce Peintre , 1'un repr�fente Co- riolan, 1'autrc Scipion 1'Africain. Dans Ie m�me-temps il finit un Plafond de
dix-huit pieds pour M. Landsheer, il y avoit repr�fente Ie Parnaffe. Les figures plus gran- des q 'j nature font d'une grande beaut�, tout fut termin� en vingt«un jours. En 1747 il peignit pour M. tSichiermans, En�e enlev�auCiel,fur un Plafond de vingt-cinq pieds en quarr�. Bien d'autres grands Oiivrages ont affur� a eet Ar- tifte un rang diftingu� dans les faftes de la Pein- ture. Bon Deffinateur, Peintre facile, bon Co- lorifte, il avoit puif� dans 1'Ecole de Rome ce
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Flamands, Allemands & Hollandois.
cego�t fage que Ton rencontre dans tous fes Ouvrages. Il eft mort a peine ag� de quarante- fixans,en 1750. Les Ouvrages de ce bon Peintre font bien
eftim�s en Hollande o� ils font conferv�s. |
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FRANCJOIS KRAUSE,
�LEVE DE P1AZETTA.
"VToiciun Peintre qui a encore augment� \jc6.
▼ Ie grand nombre de ceux qui ont illuftr�
dans Tindigence ; il fut contraint, pour fubfifter dans fajeuneffe, de barbouiller les Appartemens de maifons; mais Ie defird'�tre Peintre lui fit franchir tous les obftacles , il ie pr�ta a tout ce que fes Maitres exigeoient de lui : mais ayant vu que fon extreme docilit� ne Ie conduifoit point affez rapidement a fon but, il quitta fes Maitres, & s'attacha a un Seigneur qui lui trouva du m�rite & lemena aveclui a Venife, o� il Ie placa chez Fia\etta, bon Peintre. Ce fut Ie conduire a la gloire que de lui donner un tel Maitre, il en proflta : les jours & les muts furent employ�s a i'�tude. Parvenu au point de voir les Artiftes m�mes
fe tromper & prendre fes Ouvrages pour <:eux de fon Maitre, il quitta i'Italie & vint a Paris, o� il fut inconnu 3 parce qu'il ne fortit point de fon Attelier; il peignituneSultane au fortir du bain que 1'on pr�iente. au Grand-Seigneur. Ce Ta-
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300 La Vie des Peintres.
Tableau fut vu & parut fi beau , qu'on lui con-
I7CO. feji(a (je faire jes d�marches n�cefl'aires pour '------ m�rite r, par fes talens, la place diftingu�e de
Membre de 1'Acad�mie royale de Peinture: il
fit tous fes efForts; il avoit peint la mort d'Ado- nis , Tableau qu'il jugea digne d'�tre pr�fent� ; peut-�tre auroit-il r�uffi, maisil avoit Ie d�faut plus ordinaire encore aux m�diocres Artistes qu'aux excellens, c'�toit de croire queses feuls Ouvragcs �toient parfaits, qu'ils ne laiffoient rien a deilrer, & de blamertous ceux des au- tres fans juftice & fans m�nagement. Cette me- chancct� lui attira Ie m�pris de ceux qui cher- cherent a Ie produire a I'Acad�mie,il s'en ap- percut, mais trop tard : il quitta Paris , & fe retira a Langres. Il eut occafion, dans cette Ville, d'y peindre
pour 1'Eglife de Saint Pierre, il s'y maria; il Paffa a Dijon, o� il fit plufieurs Tableaux pour les Chartrcax; i! d�buta par une grande com- pofition , c'efl la Madeleine chez Simon Ie Pha- rifien : ce bon Tableau place dans Ie r�fectoire eft fon chef d'oeuvre ; il repr�fenta en fept mor- ceanx 1'Hiftoire de la Sainte Vierge, on les voit dans Ie Chapitre des m�mes Religieux. Avec tant de grands Ouvrages , Kraufe ne
pouvoit ni s'enrichir, ni m�me payer fes det- tes. Comme il connoiflbit d'ailleurs Ie gout de la Province Sc fur-tout des petites Villes, il fe mit il peindre Ie Portrait en paftel, il fut tr�s- employ�; il parcourut toutes les Villes de la Bourgogne ; il ne paroit pas qu'il en revint plus opulent : ce fut ce qui Ie d�termina enfin d'aller aLyonj cette Ville riche, o� paffent & ou s'arr�tent
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Flamands, Allemands & Hollandois. 3OI
s'arr�tent fouvent les bons Artiftes, �toit bien1-----~r*
plus capable de juger de fes talens & de les r�-
compenfer. On lui commanda quelques Ta- "' bleaux pour 1'Eglife de Sainte Croix ; foit a caufe de fes fucc�s dans cette entreprife, foit pour Ie m�rite de fes autres Ouvrages, il fut char- g� de peindre 1'Eglife entiere de Notre-Dame des Hermites; c'�toit une occafion de fe diftinguer , il y employa douze ann�es, ce fut Ie terme de fa carri�re : il y mourut vers 1'an I7<f4- Kraufe avoit�t� marie deux fois:il eut de fa premiere femme un fils, & de la feconde une fille. Il avoit Ie d�faut de se trop eftimer & d'efti-
mer trop peu les autres ; cependant 1 avoit de tr�s-grandes parties dans fon Art, il deffinoit bien & fup�rieurement les pieds & les mains ; il n'avoit pas Ie g�nie abondant, mais fa cou- leur eft vigoureufe & dor�e: fon pinceau eft d'une grande facilit�, fa touche eft ferme ,tan- t�t feche , tant�t brillante; quelques-uns de fes Tableaux font outr�s pour Ie noir , parce qu'il en vouloit rendre les effets trop vigoureux;il eft dangereux pour ceux qui ont voulu Timiter. La poft�rit� jouira peu d'une partie de fes Ou- vrages , qui font d�ja chang�s , il employoit par-tout Ie ftile de grain & 1'orpin ; fes Ta- bleaux , en fortant de fa main, avoient une vi- gueur furprenante. Le temps les d�truifoit a vue d'ceil: c'eft toujours un bon Artifte qui a fait - desOiivragesdans la maniere de ("on Maitre , qui ont tromp� & qiii tromperont vrai(emblable- ment encore. Je n'indique point tous les Tableaux de
Kraufe, r�pandus dans les endroits qu'il avoit parcou-
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La Via des Peintres, &c'.
.. parcourus,& o� 1'on m'affure qu'ils font efti- 1706. m�s ; cette l�gere critique n'en doit ni dimi- '^5=? nuer Ie vrai m�rite, ni Ie prix ; c'eft plut�t un avertiffement pour les Artiftes qni pour- roient fe laiffer f�duire par 1'�clat apparant d'une couleur trompeufe qui n'en impofe qu'un inftant, & qui peut nuire a leur gloire par leur peu de dur�e. Fin du quatrieme Tome.
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TABLE
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TABLE
ALPHAB�TIQUE
DES N O MS
DES PEINTRES CONTENUS
DANS CE QUATRIEME VOLUME. A Blond , Chrlflophe Ie , 151
Bodekker, (Bodecqifr), 4
ANTIQUUS, (Anticus) Bockhorft, (Bocorft) Jean
Jean , 295 de , 34 Appel, ( App'1) Jacques , Boonen , ( Boin'n) Arnold,
2I9 J}7
Arlaud , Jacques - Antoine , Boonen , (Boin'n) Gafpard,
116 189
B Boofch, ( Bofg ) Balthaiar
BAan , Jacques de ( Ba'n ) vanden , ijS
172 Bofgaert, (Bofgart) N. 289
Baut, Francois, 2; Boudewyns, ) Boud'ouins )
B�eldemaecher, (B�ldema- 2V. aj
qu'r) Francois, 122 Brandel, (Brand'1, ) Pierre >
Beich , ( Be�g ) Joachim- 13
Francois , 72 Brandenberg, (Brand'nberg)
Bergen ,(Bergu'n) N. 157 Jean, 23
Bloemen, ( Bloum'n ) Nor- Brandmuller, (Brandmull'r)
tere van, 164 Gr�goire, 31
Breda,
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TABLE
Breda, Jean van, 240
Breughel, (Breugu'1) Abra-
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Baptifte, 176 n c T ' ^Z-
BreydV,(Breyd'l)CwL, Graf,/�,, 2l6
190 �
Breydel, (Breyd'1) Francois, n
%
|
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195
^ Hartzoeker, ( Artfouqu'r ),
CTh�odore, 289
Ramer^Cram'r) 150 H�edc, ( Eede ) Vigor &
Cr�pu, N. 224 Guillaume van, 29 Ilelmont, ( Elmont) Segers
�) Jacquesvant 236
Henftenburg, ( Enft'nburg )
�Enhauer, ( Danau'r ), ^J-^ ( ^^ }
Denoer, (Denn-DA-W-H H*{^(O]�t)yicolas, ?J
DuTen�de , M.rc v.P, Houbraken, (Oubraqu'n)
|
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, 228
� �
E Deraa, Ar. 91 JAnffens, ( Janfs'ns ) Ho-
Elliger, ( Elligu'r ) Of- nor�, 60
m«r, 86 ^
FXvErckhove, (Quercove)
Aiftenberger, (Faift'nber- Jofeph vanden, 141 gu'r) Antoine-Jofeph, 200 Keflel, ( Quefs'1)Ferdinand
Ferg, Francois -Paul, 269 ,van, 19 Filius, /w/i, 6 Keffel, ( Quefs'1) N. van.
Franck, (Franc) Conflamin, 251
16 Kraus , (Craus) Francois,
299
Kupetzky |
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T A B
, ( Cupetfqui )
95 Z |
L E.
Overb�ek , (Overb�c) Bo-
naventure van, 7 |
|||||||||||||||||||||||||||
p
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||||||||||||||||||||||||||||
J
|
ean
|
|||||||||||||||||||||||||||
Eepe , Jean - Anto'mt
vander <« Lem , K vander . 11
Leyflens , (LryfVns) 37
|
||||||||||||||||||||||||||||
* Au ^
l ce � < P� ) »
1 '4
Po 1 . ( P- il ) Jurhert, oq
P<ol. ( Poi! ) , Rachd i f h, (Ruifs), 6? |
||||||||||||||||||||||||||||
M
|
||||||||||||||||||||||||||||
Aes, (Ma
|
V)
|
|||||||||||||||||||||||||||
y.
Mcele, ( M�le )
Meer , ( Mair ) han vandV, Melder, (Meld'r) G««^! Mieris , ( Miris ) Jean , Mieriv. f Miris) i
GA
|
||||||||||||||||||||||||||||
Ademacker ( Rade-
maqii rN G tr�-/-(/, 161 Radcmneker, (Rademaqu'r)
Alr..him , 176 *■»«*">. f lUwftin ) M
Re;ner' (Rain>) ^#
|
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, 45
Morel, iV. 63
Moucheron , Ifaac, 153
Myn , 2/^l« vandcr, |
||||||||||||||||||||||||||||
Bo.ore '
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Rugendas , f Ruguendas )
Georgis-PhWppe , 78
Ruifch, ( Ruifg ) Rachel,
|
||||||||||||||||||||||||||||
N
Etfcher , ( Netfgu'r ) Th�odore ,38 Neifcher , (Netfgu'r) Conf- tantin, 155 Nymegen, (Nimegu'n) Elie-
van , ui |
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, Art, CornilU du, 74
Schoor , (S'^oir) A^. van, 91
Sluys, (Sl�s) Jacques van-
aer, 5
Smits, N. 16 j
Son , Jean van, 4a
Spiers, ( Spi'rs) Alben van,
88
y Stampan,
|
||||||||||||||||||||||||||||
O
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Pftal , Gafpard - Jac-
ques van , 14 Oudenaerde, ( Oudenar'd )
Roten van, 49 |
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T A B L E.
Stampart, (Stampa'rt) Fran- Verkolie , (Verkoli'� ) Nico -
gois, 183 las, 168
Straeten , (Stra'ten) N. van- Voet, (Vont) Charles Boff-
der, 226 chaen, 158
Strudel, ( Strud'1) Pierre , Vromans, N. (V'romans )
217 15
T W
1 Erveften , (Teroueft' n) V^ Affer, ( Ouafs'r) An-
Matthieu, 144 ne , 202
Trooft, ( Troift ) Corn�le , Waffenberg, (Ouafs'nberg )
291 267
Tyffens, (Tayfs'ns) N. 27 W�eling, (Ou�ling ) Anfel-
Tyffens , ( Tayfsns) N. me, 181
206 Werf,( Ouerf ) Pierre van-
V der, 70
VWeyerman , ( Ouey'rman )
Alkenburg, (Valqu'n- Jacques Campo, 209
burg j Thierry, 185 Wigmana , ( Ouigmana )
Verbruggen, (Verbrugu,n) Guerard, 171
Gafpard-Pedro , 122 Wit, ( Ouit ) Jacques de ,
Verelft, N. 222 283
Verelft , (Cornllle), 77 Wolters , ( Ouolt'rs ) Hen-
Verelft,(S'imon), 69 nette, 27a
Fin de la Table.
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TABLE
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T A B L E
DES PEINTRES A VEC PORTRAIT
DU QUATRIExME TOME. AX Houbrahen , ( Oubra-
P p E l , ( App'1) q»1") Arnould, i
Jacques, zig Huber Jean-Rudolf, Arlaud, Jacques- An- l2$
toine, 116 Huyfitm, (l)'hm) Jean
van, zz8
BIT
Oonen, (Boinen) Arno/d 137 KUPETZKY, (Gu-
Bnmdeuberg, (Brand n- {} J(an ,
berg ) Jean, zj f ^ ' * J
Brand muller, ( Brand- M
nHill'r) Gr�golre,
31 Melder, (MeWV)
D Guerard, z8o E\ , . Miens, ( Miris ) Guil-
/ENNER,(Dennr) l
|
||||||
Balthaiar, Z�J Mouctieron, Ifaac, 1�3
H Myn,Heromanvander, Hz4b
Elmont, (El- mont) Segers- Jac- ques van, zj6 Vz Netfcher
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T A B L E.
N Ruifch,(Kui(g)RacheU
N6b
Etscher , ( Nets- T gu'r) Th�odore, j8 rp
Njmegen , (Nim�gu'ii) JL Erwesten , ( Te- JElie van , in roueft'n ) Matthieu , 144
O Troofl(Tto'i�)Cornille, Ozgi
Verbeek, (Over- V b�c) Bonaventure -»j-
van, 7 V erkolie , (Verco- li'�)^co/^, 168
P- Voet, (Vout) Charles PBojchaert, ibS
Ool , (Poil; Rachel Ruifch (Ruifg) 6b W Pool, (J?o�\)Juriaen,go ^rrr
W Asser, (Ouafs'r)
R Anne, zoz
Weyerman , (Ouey'r-
JvOEPEL, (Roup'1) man) Jacques-Cam-
Koenraet, igy po, zog
Roore,{Roire)Jacques Wit, (Ouit) Jacques
de, z6z de, 2.83
Rugendas,{Ruguendas) Wolters, ( Ouolt'rs )
Gcorges-Phllippe,y8 Henriette, %yz
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F I N.
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Table
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..
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T A B L E
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, . i
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DU TOME PREMIER-
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Barentfcn , ( Bar'nts'n )
Thierry, 155
Bartels , ( Bart'ls ) Guerard,
269
Beer , (Bair ) Arnold de ,
37
Beer, ( Bair ) Jofeph de , 213
Beerings , ( Bairings ) Gr�-
goire , 9? Beukelaer , ( Beuquelar )
Joachim, 140 Bi e, ( Bi ) Adrien de , 4061
Biefelinghen , ( Bifelingu'n ) Chreftien van, 215 Bles , Henry de , 32
Block , ( Bloc ) Jacques
Reagers , 34J Blocklandt, ( Broclant) An-
tenne de Monfort, 150 Bloemaert , ( Blouraart ) Abraham, 246 Bloemaert , ( Bloumart )
Henry, 404 Blond�el , ( Blondel) Lans-
loot , 94 Bol, Jean , 157 Bom , Pierre, 147 Bos , J�r�me, 19 Bos , Jean-Louis , 21 Borgt, Henry vander , 357 Bramer , { Bram'r ) L�nard , 416 V 3 Bray> |
||||||||||
.A.C H E N , ( Aqu'n ) Jean
van, 219 Achtfchelling , ( Agts'guel-
ling ) Lucas , 266 Aertlen , ( A'rts'n ) Pierre ,
108 Aertz, (A'rtz) Rkhard,
Alsloot, ( Alsloit ) Daniel
van , 275
Antonizo , Cornille, 85
Arents , ( Ar'nts ) Jean, 390
B
ijAbeur, Th�odore , 272
Backer , ( Baqu'r ) Jacques,
de, 141
Badens, ( Bad'ns ) Francois,
280
Badens , ( Bad'ns ) Jean j 292
Bailli , David, 289
Bakereel, ( Baquer�'1) Guil-
laume & Guilles , 268
Balen , ( Bal'n ) Hemy van,
337
Balten, (Balt'n) Pierre, 168
Bamesbicr , ( Bam sbir )
Jean , 91 |
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T A B L �.
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Bray, Salomcn de, 39
Brentel , ^ Bient'1 )'Fr�d�-
tic, 274
Breu. hel , ( Breiigii'1 )
1' icrre , 101
Breughel, (Breugu 1) Jean ,
. '76
Bril , " Matthieu & Paul , Bro�ck� , (Brouque ) C/ir.f-
, p'n f.indcn , �vi BroiifkKorft , ( Broncorft }
., Pierre , J73 Bruu , Aughflln , 274
|
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D
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D Ach , ( Dag ) Jean ,
Dade , ( Dale ) Jean van ,
148 Delft , Jacques - Willems,
276 Delmont , Deodaet , %AJ
Druyvift;yn. ( Dru veftin )
A'tcld Jwjfe, 296 Durer , Alben, 2,4
|
||||||||||||||||
� Lbrught , ( Elbrugt )
Jen van, 92 �ngeltu-echtfen , ( Enguel-
b"reg's"n ) CorAilk , 2j Ehl , (Enguclrams)
|
||||||||||||||||
aeflbon , ( Cla'floin )
. Amaffld , 67 Gt�tf, (Cl�f) Jo/ephvan,
C\�e( , ( Cl�f ) Henry &
Minin de , 106 Ovgriet» Gilles , ^4)
Cool, ( Coi) ) Laurent van ,
127 C��ninxloo , ( Coin'nxloi )
Gilles de, 172 Gofnilf� , dit Ie Cuifinier ,
41
Cofnelt* , Cornille, 240
Cornelifz , Jacques , 48
Cqxcle, Michel, 57 Oaberh, Tuierry - F'ailiicr ,
124 Crabeth , Francais , 90
Crabrth , Adrien , 20S
Oabeth , Vautier , 278
Cranffe', Jean , 32 Craycr, Gafpard de , 350
|
||||||||||||||||
Es , Jacques van , 267
Erafnu-, Didier, 22
Eytk , ( Eyc ) Hubert &
Jean van, x
Elzheimer , ( Elfaym'r )
Adam , 283
|
||||||||||||||||
-TE'ldes, (Faid's) Pierre,
27}
Flore , ( Franc ) Francais
de Vr�'ndt, 11 f
Floris , Cornille , aij
Frans , N. 163
Franck, (.Franc ) Jir�me ,
Frangois & Ambr�ife ,
173
Franck, ( Franc ) Franpis ,
175
Franck, |
||||||||||||||||
T A B L E.
Franck , ( Franc ) Ambro'i- Harlcm , ( A'rlem ) Thierry
fe, 176 cT, 11
Franck, (Franc) S�baf�un , Heek , ( Ec ) Nicolas van*
281 der, 346
Franck, (Franc ) Francois , Heere , ( Eire ) Lucas de,
334 '52
Francois,Lucas , 282 Helmont , (Ehnont) Lucas
Francquacrt, ( Francart ( Gaffel van, 3 3
Jacques , 413 Hemmelinck , ( Emmelinc )
Jean, 1 2
q Hemskerck , ( �mfquerc )
_, Martin , 60
(jA� , Mkhel de, 111 Herder, (Erd'r) 215
Gelderfman, ( Gudd'rfman) Heuvic, ( Euvic ) Gafpard,
Vincent , 164 . , . 2I4
Gheyn , ( Gain ) Jacques Heyden , (Eyd'n ) Jacques
de, 240 vander, 274
Gheeft , ( Gu�'ft ) Jacques Holbcen , ( Olb�n ) Jean,
de , 269 71
Gheeft, ( Gu�'ft ) Wibrand Hollandois , Jean l', 47
de , 402 Hoey , ( Ouay ) Jean de ,
Goes , ( Gous ) Hugues I^°
vander, 8 Hoefnaeghel, ( Oufnagu'1 )
Goltzius , (Goltfius) Hu- Georges, 180
ten t 128 Ilollman , ( Ollman ) Jean ,
Goltzius. (Goltfius) Henry, 274
230 Honthorft , ( Ontorft ) Gue-
Gortzius, (Gortfius) Gual- Tard» 4OJ
dorp, dit Geldorp, 217 Hooghenberg , (Oigu'n-
Gouda, Cornille van, 107 berg) Jean. 9»
Goyen , ( Go�'n ) Jean van, Hooghftraeten , ( Oigftra-
410 tn) Thierry van, 411
Grimmer, Jacques, <)7 Horebout , ( Orebout )
Grobbcr , Francois , 33-j Guerard, 77
Guerards , Mare , 14 j HjAcobs, ( J�cops) Simon,
Aen, (A'n)Davidde, 131
275 Janflens, ( Janfs'ns ) Abra*
Hals,(Als) Francois, 360 ham, 261
V 4 Jesn,
|
||||
T A B L E.
Jean , Guerard de Sc. 10
Joris , ( G, oi is ) David , *■
3° T
Joris , ( Georis ) Auguft.n , L Aenen , ( Lan'n) Chnf-
1 4 tophe Jidn vander , 27a
Ifacs , Pierre, 259 Laftnan , Pierre, 242 LeyJen , ( Leyd'n ) Lucas
]� van, 43 Lierre , ( Lire ) Jofeph
A'ker , ( Ca'qu'r ) �'( Uy$ ) Jean ( *6|
Jean van, 8o L;einascker, ( Liemaqu'r )
Kamphuvlen,(Orap�S'n) NkoUs A fimommi
Theodorc, Raphael Rooft. > 2g7
. _. . , XJ"9 Linf hooten , ( L'ms'gor'n )
Knvnot, ( Qaainot) Nico- ^dln van, 394 vUs.Rr°SeA &.Z*f**r -1,/2 Lombart , Lambert , 36
Ketel, ( Quet i) Corntlle , ' '99 at
Keulen , ( Queul'n ) Jan- M
fons van , 344 -» ir .
Key , ( Quey ) Guillaume , jYl Abufe , Jean de ,
'33 83
Kierings , (Quirings) JU- Mah�e , ( MaU2 ) Guillau-
xandre, 4°° me , 274 Klerck , (Cle-q) Hcnry de , Mandyn , ( Mandin ) Jean,
*7) 16 Koek , ( Coq ) Matthieu Mander, ( Mand'r ) Char-
& Jir�me , ! 3 /« van , 194 Koeck , ( Couq ) Pierre , Mathiflens , ( Matifs'ns )
88 Abraham , 27 u Koeberger, ( Coubergu'r ) Mwire , Guerard vander ,
Fencefl-ius, 205 ij Kryns , ( Crins) Everard, Men on , Frangois , 212
2 58 Meffis . Qutntin , 17
Kunft , ( Cunft ) Corni�e, Mirevelt, ( Mirev'lt ) Mi- 40 chel, 256
Kuyck, ( Cuyq ) Jean van, Molenaer , ( Molenar) Cor-
144 nille , 169
M >lyn , (Molin) Pierre, 429
Monfort , Antoine Block-
landtdt, M°
Moreelze,
|
||||
T A B L E.
Moreelze, ( Mor�lfe ) Paul, Pieters , ( Pi't'rs) Arnold,
279 212
Moto, Antoinc, 98 Pierers, ( P*'trs ) ( Dirk )
JJoftaitt, ( Moftart) Fran- Thierry , 219
fois & Gilles, I22 Pieters, ( Pi'trs ) Gueratd,
Mcytens , (Mayt'ns) Ar- ^39
nold, 169 Pinas, Jean, 428
-. Pla* , Pierre vander, 26$
^ Poel nburg, ( Poul'nburg )
, ( N�fi ) Pierre , v C°7Ue \ . ^ \
' v ' ,' Poi-.drc , Jacques de, 139
xt t -v � \ n- j Porbus , Pierre, 9?
Neyn , ( Nam ) iW <& p^ ' ^*
|
|||||||||
Nicolas,/yW, 164 Ptata»fM"PlJ'« ^
Nieulant, Jean, 259 ^
Nieulant, Guillaume, 3G3 Nop, Gerr'u, -if>% T> _
F' ' r( Av-fteyn, ( Raveftin)
O Jean van, 341
Rheni , ( R�ni) Remi van , jmey, ( Orlay ) Ber- a-6
nard van , ',8 Rlc:ke» ( Ri(lue ) Bernard
Oorr, ( Oirt ) Lambrccht de, _ 132
i-an , «121 Roger, fumomm� de Bru-
Oort, ( Oirt ) Adam van, xell:s > 7
228 Rogman , Rolant, 424
Ottovenius , ( Chtavio ) Romboius , Th�odore , 425
vanFten, 22-5 R^odtfeus , ( Roitf�us )
Ouwmer, ( Ouat'r ) Alben Jean . , _ ,397
Van , 9 Roofe , ( Roife ) Nuolas de
p Lumaecher , 287
Rofenhaiiier, (Rotenam'r) |
|||||||||
Parcelles, (Parcell's) Jean, ^f{ R�q
Parcdles, (Parcel', ) jff ^�\ Ricart) |
|||||||||
^p., 326 'in' a66
Pieters , ( Pi't'rs ) Pierre ,
171 Sameling,
|
|||||||||
T A B L E.
|
|||||||||
X Eniers, ( Tenirs) Da-
vidIe Vieux, 349
Terbrugghen, (Terbrugu'n)
Henry, 371
Thoman , ( Toman ) Jac- '
ques Ernefl, 372
Tilburg , jEgidiusvan , 276
Toeput, ( Touput ) Louis,
213
Torrcntius , Jean , 382
|
|||||||||
jAmelIng , Benjamin , 116
Salaert, ( Salart) Antoine,
273
Savery , Roland, 293
Schooreelj ( S'goir'1 ) Jean ,
5°
Schooten , ( S'goit'n ) Geor-
ges van , "\J0
Schut , ( Sgut ) CormlU ,
398
Seeu , Marin de , 116
Scghers , ( S�gu'rs ) Gue-
rard, 386
Seghers , (S�gu'is) Danid,
391
Shigher , ( Singu'r ) Jean , 91
Snellinck, ( Snellinc ) Jean ,
179 Sneyders, ( Snayd'rs) Fran-
cais , 230 Snayers , ( Snay'rs) Pierre , 4° �
Soens , (Souns) Jean, 218
Someren , ( Somei'n ) Ber- nard & Paul Van , 333
Soutman , Pierre, 395 Spelt, Adnen vander, 147
Spranger , ( Sprangu'r ) Bar- tholom�, 184
Srradanus , Jean , 159
Stecnwicfc , ( St�nouic )
Henry, 384
Swart , ( Souart ) Jean ,
Swarts , ( Souarts ) Chrifto-
pke, 167
Switfer, ( Souits'r) Jofepk ,
260
|
|||||||||
V Adder , ( Vad'r ) Louis
de, 236
Vakkenburg , ( Valqu'n-
burg ) Lucas & Martin ,
149
Vaclks , ( Vales ) Pierre ,
3 58
Valkaert, ( Valcart ) Waer-
naert vanden, 291
Velde , Ifaye vande , 396
Veen , (V�n) OElavio ^p»,
223
Vereycke , ( Verayque )
Jean, 96
Verhaegt, ( Vera'gt) Tobie ,
251
Vcrmryen , ( Vermay'n )
Jean-Cornilh , 86
Vinckenbooms , ( Vinqu'n-
boims ) David , 327
Viflcher , ( Vis'gu'r , ) Cor-
nille de, ■ 131
Vlrrick , ( Vcl�ric ) Pierre ,
161
Vliet, ( V�lit) Henry van ,
364
Vliet,
|
|||||||||
T A B L �.
Vliet, ( V�h't ) Gulllaume Wael, (Oua'l, Lucas de,
van, 5 64 400
Vo'ckaert, (Volcart) 16 Wa^l, ( Oiu'1 ) Cormlle de,
Voort, ( Voirt ) Cormlle 407
vander, 345 Weyde , ( O.iayde ) Roger
Vos, Martin de , 117 vander, 33
Vofraer, Jucques Wouters, We^rdt', ( Oiuirt ) AJrien
-° de, 97
TT 11 __ _ /*"w ■'
|
|||||||||
VrL-ndt, ( Verint ) Frangols W.llcms, (Oaill msl
de, in
Vries , ( Veris ) Jean Fre- Winden , ( (
demande, i3? Jofephvm, l77
Vnc, (V,rie) Thlerry de, Witte, ( �aitte ) Lhvl
Vroom ( Vroim ) J5f«ry- Witte , (�u�rte) Pierre de]
CormlU, 2J4 >
Witte, (Ouitte) Cornillede,
203 TTV , ■� Wildens,(Ouildens)/^,
l^ Ytenwael, ( Utenoual) �6
lUnM%A> ^ r 2�2 Willaer�,(OulUarts)^,
Uden, (Ud'n ) Lucas van, 2 <j
408 Y
|
|||||||||
el , ( Oua'l ) Jean YPr«, ( d'IpV ) ', 91
217
Fin de la Table du premier Tome.
|
|||||||||
TABLE
|
|||||||||
T A B L E
|
||||||
DU TOME SECOND.
|
||||||
A Beek, ( B�c ) David, 313
ADriaensens, Bemmel, ( Bemm'1 ) Guil-
(Adria'iis'ns) Akxan- laume, 285
dre , 364 Berckmans , ( Bercmans }
Aelft , ( A'ifl: ) Evrard van , Hcnrj, 424
70 Berg , Matthieu vanden ,
Aclft , ( A'ift ) Guillaume 244
van, 277 Berghem , ( Bergu'm ) NU
ArHneiTns, ( Andrifs'ns) colas, 340
H*.nry , furnomm� Man- Bifluhop ,(Bifgop ) Cornille,
k<:nheyn , ( Manquenin ) 433
42 Bizet , Charles - Emmanuel,
Artois , Jacqnes van , 313 469
Afch , ( Ai'g ) Pkrre-Jean Block , ( Bloc ) Benjamin,
van, 76 457
Affen , ( Afi'n ) Jean van, Blankhof, ( Blancof) Jean-
441 Anto'ine, 409
B Bokhorft, ( Bocorft ) Jean Bvan , ou ( Langu'n , Jan ,
Aan , ( Ba'n ) Jean de , 170
471 Boel, ( Boul) Pierre, 349
Backcr , ( Baqu'r ) Jacques Bol , Ferdlnand , 280
de , 141 Borght , ( Borgt ) Pierre
Baelen, ( Ba'len ) Jean van , vander, 366
193 Boffchaert , ( Bofs'gard )
Bakhuifen, (Bacuis'n) Louis, Thomas, dit Willeborts ,
442 2Ot
Bamboche, Pierre de Laar, Both _, (Bot) Jean & An~ ou, 205 dr�, 302
Bauer, (Bau'r) Guillaume, Boucquet, Vi&or , 275
49 Brauwer, (Brau'r) Adrien,
Bega, CorniUe, 283 129
Bredael,
|
||||||
T A B L E.
Bredael, ( Br�dal ) Pierre Dyck , (Dayc) Floris van',
van, 433 46
Br�enberg , Bartholom� , g
299 Bronkhorft, ( Bronccrft ) � Eckhout, ( �cout) G,r-
Jeanvan 72 brantvandm 3^
Bylert, (B.l'rt) Jean, 77 �gmont _ ('A-^mJt }
� Juflevan, 71
Elger , ( Elgu'r ) Ottomar, CHampagne , Philip- Emelr?et/(Em'lra't.) 197
dc vd», ^ Everdineen^ (Everdingu'n)
v>hatel, Ftuticois du 5 37^ /°'
Coning , 5-ifoiiw«, M9 EveXgen', (Everdingu'n°)
Coques , ( Coqu s ) Gouw- ^/forf ViJ�',
|
||||||
r*P ,r*ir ^ r Everdyck, (Everdic)
Cofliers , (Coffirs) �«» , , ' 'v �O
Craesb�ke , ( Cra'sb�que ) Eyck' ^^ GasPard van>
Joseph van 138 � fc (� } ^^^ ^59
Creeten , (Cr�tn) CAar- 4 ' ' v ' ■* ^'
les> 365 Eyckens, (Eyqu'ns) Jtan
j) & Frangois, 365
Eyckens, (Eyqu'ns) Pierre, Iepenb�ke , (Dip'nb�- 3 S
que ) Abraham van , F
IIO T-l
Deynum, (Daynum) Jca/z- Jf Aes , ( Fa's ) Pierre
Baptijle van, 297 vander, 011 , Lefy 356
Does , ( Dous ) Jacques Flemael , ( Flema'1 )' Bar-
vander, 333 tholet, 226
Doudyns (Doudins) Guil- Flinck , (Flinc ) Govaert,
laume, 434 246
Douw , ( Dou ) G�rard , Fouchier , Bemand, 142
216 Franck , ( Franc ) Jean-
Drillenburg (Dril'nburg ) Baptijle, 47
Guillaume van , 377 Frangois, Pierre, 81
Duiven , ( Duv'n ) Jean , Fruitiers , ( Fruti'rs ) Phi-
193 lippes, 360
Dyck, (Dayc) Antoine Fyt, (Fayt) Jean, 35a
van t 8
Gabron
|
||||||
T A B L E.
Hoogftad , (Oigftat) Gut-
G rardvan, 367 GHocgft'-�.eten , (OigftraYn)
Abron , Guillaume , Jean van, 407 368 Hoi�, (Orft) Nicolas van-
Gentil , Louis primo, fur- der, 30 nomm�, 8 a »
Goebouw, (Goubau) An-
6 |
|
||||||||||
r j r r- � > */ Arobs, (Jacopsj furnom-
Gouedaert , ( Gonom) "^.Grtoini, J 36
VT/ G' ) BdJaCobs > ( JaCO0 A*
|
||||||||||
G
|
||||||||||
Grauw, ( Grau ) ffwtj! Janflens' (J^'ns) ^
|
||||||||||
Grebber, (Grebb'r) PiJr,! J*fens' (Janfs'ns
|
||||||||||
Jong , ( Yong ) Ludolf de,
H 154
Jorc'nens, ( Jorda'ns ) Jac- Anneman, fAnneman) T f"'* . T ,, T r
^t�n, 186 Jordaens, (Jprda'ns)/M«,
Heek , (Ec) Jean van . 25'
, 3.85 X
Heem , ( �m ) Jean David, -r-r
de, * 37 JS. Abel , (Cab'1) ^t�/z
Heil , ( Ayl ) Daniel van, vander, 439
78 Kager, (Csgu'r) Ma.tth.ieu,
Heil , ( Ayl ) Jtan-Baptifte 31
van, ijo Kalf, ( Calf) Guillaume,
Helmlm'ktr , ( Elmbr�qu'r ) 4 \ 1
Th�odort, �)j Keffel , ( Quefi'1 ) Jean
Helft , ( Eifl) Banholom� van, 381
vander, 195 Knufer , ( Cnuf'r) Nicolas ,
Hoeck , (,Ouc ) /««! "<3/z, 73
*9 Koogen , ( roigu'n ) ifo-
Hoeck, ( Ouc ) Roten van , natd vander , 179
150 Kauwci burg, (Cau'nberg),
Hofman, (Ofman) Samuel, Chreflien van, 7&
29 Kuyp , ( C�p ) Jlbtrt ,
Hoogfttaeten , (Qigfti.a't'i ) ' 7-9
Samuel van, 383 Laar,
|
||||||||||
T A B L E.
L Miei, Jean Meel (M�l),
L32
Aar , ( La'r ) Reduit Monnix, ,.99 van 180 Moucheron, Fr�dmc, 478
Laar ,' ( La'r ) Pierre de, Murant, Emmanuel, 328
OU Bamboclie, 205
Langhenjan, (Langii'n�ant) -W
Jean van Bockhorft , "jk t
( Bocorft ) furnomm� , i\Edeck, (Nedec) P'ier-
|
||||||||
7 , ^
Lely, Pierre vander Faes , N�ve, Francais de, 361
(Fa's) surnomm�, 256
Langel�, ( Lenguel�) Afar- O
H/z, 188 y^v
Lieyens , ( Liv'ns ) Jean , \^J Oft , ( Oift ) Jacques
372 van, _ 51
Lint, Pierre van, 143 Oflberwyc , ( Oift'rou�c )
Loon , ( Loin ) Th�odore Marie van, 427
van, 426 Offenb�eck , (Ofs'nbe'c) N.
Loyer , ( Loy'r ) Nicolas, 287
368 Oftade , Adrien van, 173
Luyks , (L�cs) iV. 304 Ovens, ( Ov'ns ) Jurien,
Lys, (Lays) Jean vander, 279
61 P
m
|
||||||||
MXAuluz , ( Paulus) Za-
Aes, (Ma's) Arnoidd char'u, 41
van, 281 Paudits, 2^9
Maes , (Ma's) Nicolas, Peters, Bonaventure, 225
463 Pierson , (Pirflbn) Chriflophe,
Man, Cornille de, 324 459
Marcellis , OMo , 203 Pieters , ( Pi'ters ) Jean ,
Meel, (M�l) Jean Miei, 348
ou, 32 Pot, Henry, 4$
Meerkerck , ( Meirqu'rc ) Potma , Jacques , 151
Thierry, 282 Potter,(Pott'r) Paul, 351
Meert, ( Meirt ) Pierre, Primo, Louis, 82
260 Pynakcr, (Pinaqu'r) Adam,
Metzu, Gabriel, 239 317
M�yffens , ( Meyfs'ns ) Jean t 196 Quellyn,
|
||||||||
T A B L E,
Q Sibrechts, ( Sibregts ) Jean,
\^ Uellyn , ( Cuelain ) Son , Georges van , 3 -28
�mfme, 108 Spierings , ( Spirings) N.
Que^yn, (Cuelain) Jean- 470
Erafme, 420 Sp'lberg, Jean, 171
Sprong, Guerard, 41
R Stcenr�e, (St�nr�e) Guil-
Rlaume, 47
Avefteyn , ( Raveftin ) Steven , ( St�v'rs ) Pnla-
Arnoldvan, 2:7 medes, 118
Rembrant, van Ryn , 84 Stokade, (Stocade ) Nico-
Reyn , (Rein) Jean de, las de Helt, 21 r
189 Streeck , ( Srec ) Juriaen
Roeftraeten, (Rouftrat'n) van, "" 467
2V. 3V2 Suftermans , (Suft'rmans)
Roos, ( Roi's ) Jean Hen- J�fte, 44
ry, 4X7 Swanevelt , ( Souanevelt )
Roz�e , (Rof�) Mademoi- Herman, 196
felle, 4^'i
Ry , ( Rei) Pierre Dankerts
de, 79 T
Ryckaert , (Reicart) Da- rr-.
vid, 237 J Empel, (T'mp'1) Abra-
Ryfen , (Reis'n) Warnard ham vanden, 266
van , 46 Teniers , ( Tenirs ) David
U jeune, ij;j
■* Terbnrg, G�rard, 123
SThielen , ( Til'n ) Jean-
Andrart, Joacliim, 101 PJiilippes van, 269
Savoyen , ( Savoy'n ) Char- Thomas , Jean , if>9
les van, 277 Thulden , (Tuld'n) Th�odore
Schagen , (S gagu'n) Gil- van, 112
les, 252 Thys , ( Tys ) Gysbreclit,
Schellirks , ( S'guellincs ) i(rf
Gu�laume, 462 Tilborgh, (Tilborg) Gilles
Schentk, (S'guenc) Simon- van, 375
Pierre T'llenians , 69 Tillemans , Simon-Pierre ,
Schuur, (S'g�r) Th�odore, 69
vander, 400 Tombe, N-la , 350
Schuurmans , (S"gurmans) Tyffens, (Tayfs'ns) Pierre,
jinne-Marie, 119 363
VaiUant,
|
||||
T A B L �.
Wieringeti, ( Ouiringu'n )
V Cornille, 4? V .... Willaerts, (Ouillarrs) Abra-
* Aillam , lVallerant , ham, 112 _. ... _ 3 3° W�lingen ( Ouil�ngu'n )
Vailant, Jean, 380 Pierre vander, 114
Vaiant.AmW, 386 Withoos, ( Ouitois ) Mat-
Vaillant, Jacques , 405 th'ieu , 388 Vaillant ,Andri\ 424 Witte , ( Ouitte ) Emanue l
Vecq, Jacquts la, 378 </« , Io?
Velde, Gullaume vande , Witte,( Owtte) Pierre de
Velde , Gudlaume vanden , Witte , ( Ouitte ) Gaspard
182 <fe , or(5
Verdoel, (Verdoul) Adrien, Wolfarts, ( Ouolfarts ) Ar-
298 lus , 0(5,
Verfchuuring , ( Vers'gu- Worft, ( Ouorft ) Jean,
ring )�/«�, 394 ^ Vertangen , ( \ ertangn'n ) Wouters, ( Ouout'rs) F««-
Danul, 2l} co}s> Verwilt, C Verouilt)�■««- Wouwermans, ( OuauV-
v f�"' . a8 mans ) Philippes, 286
V inne , Vincent vander , Wouwermans, ( Ouaa'r-
v n , 4>7 mans ) Pierre, 2OZ
Vos.P^/^, 43 Wouwermans, (Ouau'r-
yos, Simon de, 7? mans) Jean, 291
Wulfliagen , ( Ouulfagu'n )
UU Francois, 2?g
., � Wyck, (Ouic) Thomas,
J-.it , Jacques vander , 2,.
Utrecht, ^</rifra V<W2 ^ 3I ry
*~ Acht - L�ven , ( S'aet-
^rr 1V l�v'n) Herman, 146
\VA . /rt Zaftl�ven , ( S'aftleVn )
V* Aterloo, (Ouat'rloi) Cornille, ,�,
Antome, 26o Zcghers , ( S�gu'rs ) Hercu-
Weeninx , ( Ou�nincs ) les, ,f7
Jean-Baptisu , 3 60 Zorg, (Sorg') Jfcmy J?^� \
322
Fin de la Table du second Tome.
Tem IV. X TABLE |
||||
TA B L E
DU TOME TROISIEME.
|
||||||
A Broek , ( Brouc ) El'ie vatl'
Aden, vj%
Ppelman , (App'lman) Bronkhorft, ( Broncorft )
Adrien, lo� Jean, 239
Bruyn , ( Bruin ) Corn�le
B di, 297
BBunnick , ( Bunic ) Jean
Acker, (Baqu'r) Adricn, van, 313
151 C
Backer ( Baqu'r ) AT. de , s^
214 VjAI , Je.m van, 317
Beeklemaecksr , ( BcUejna- Can� , ( Quai� ) Francois
qu'r) Jean, 32 van, 31
Begyn)( Beguin ) Abraham, Carru , ( Quar� ) Hmry ,
291 360
Bent, Jean vander, 2.64 Carr�, ( Quar� ) Michel,
Bcrckheyden , ( Bcrceid'n ) ^65
Job & Guerard, 15} Champagne, Jean-Baptiste ,
Biskop ou Biffchop, ( Bil- 161
cop ) Jeandt, i84 Cleef, ( Cl�f ) Jean van ,
Blekers , ( Bl�qu'rs ) A'. 191
7 Colyns, (Colins) David,
Block , ( Bloc ; Joanne ' 283
Koerten, 173 Coninck, ( Coninc ) David
Bloemen, (Bloum'n ) Jean- de , 37
Francois van , 7 f8 D
Bloemen, (Bloum'n ) Pierre, ipv
van, 39 L/Alcns ( DaPns ) Thier-
Botscbilt, (Bctfgu�t) Sa ry , 397
muel, 98 Danks, ( Dancs ) Francois ,
Brakenburg, ( Brsqu'nbura; ) 282
Reinier, 2^3 D�lcn , ( P�l'n ) Thierry
^riz�, CurniUei 7 van, 23
Penys,
|
||||||
, T A B L E;
*>enys, ( Den�s ) Jacques, Glauber, Jean , ify
U n ,r 2l° Glauber , Jean Gotlieb,
Deyfter, ( Dayft'r ) Louis �j
r»"' , r^ x 3-6 Griffier, ( Grifir) Jean ,
|
|||||||||||||||||||||
Does , ( Dous ) Simon van-
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35*
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der, 304
D°es , ( Dous ) Jacques
vander, 3,<5
Douven , ( Douv'n ) Jean-
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Dullaert, (Dullart)«y-
i7j
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Hakken,(Aqu'rt )
Haring, ( Aring) |
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34
Heus , ( Eus) Guillaume de > 7*
Heus , ( Eus ) Jacques de » 3 66
Heufch , ( Eufg ) Abraham
de, 27a
Heydcn , ( Eyd'n ) Jean
vander, 48
Heyden , ( Eyd'n ) Francois-
Pierre ver, 364
Hoet , ( Out ) Guerard t
232
Holfteyn , ( Olffin ) Cornil-
le, 303 Hondekoeter, (Onclecout'r)
Melchior, 44 Hondius, ( Ondius ) Abra-
ham , a8o Hooge , ( Oigue ) Pierre de, 162 H�ogfaet, (Oigfa't) Jean y 31a Hugtenburg, ( Ugtenburg )
jean van ,- 196
X a Huyfliin,
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JLLEckhoute ( Ecoute )
Antoine vanden, 345
Elias , Matthieu , 377 Eyckens, ( Eyqu'ns ) Pierre
Ie Vieux, 286
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F
Ehling, (F�ling), Henry- Christopke, 311 Freres, ( Frerais ) Th�odore,
149 Frits, Pierre, 23 |
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G
Aal, Bernard, 284
Gelder, ( Gueld'r) Arnout
de, ijii
Genoels, ( Jenouls ) Abra-
ham, 92
Oillig, (Guil�g) 42
|
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T A B l �.
Huysum , ( Usum ) Jufie Madderfteg , ( Maderfteg )
van, 39S Mie lul, 398
Huift, (Ulfl) Pierre vander, Marienhof , ( Mari'nof )
295 265
Huysmans, (Ufmans ) Cor- Meer, (Meir) Jean van-
mik, 241 der, i(>j J Mertan , Marie - Siby�e , J200
Ardin, Car/e du, m Meulen, (Mwl'n) Antoi- Ingen , ( Ingu'ji ) Guillau- ne-Frangois vander , 1 me van, 276 Meyer, ( Mey'r ) F�lix, 307
Jl Meyring, Alben, 179 KMierhop , ( Mirop ) Fran*
Alraat, ( Calra't ) Abra- fois van Cuyck de, 11 ^ ham van , 147 Mieris , ( Mi'ris ) Francois Kalraat, ( Calra't ) Bernard ym , 13
van, 268 Mignon, Abraham, 52
Kic, (Quic) Cormlic, 6 Mil�, Frandfquc , 169
Kloofterman , ( Cloift'nnan) Minderhout , ( Mind'rout)
N. 3«(i 5^ Kneller , ( Cnell'r ) Gode- Molyn , ( Molin ) Pierre ,
froy, 225 148 Koene , ( Coune ) Ifaac , Moor, ( Moir ) Charles de,
284 318 Koets, ( Couts ) Roelof, Moortel, ( Moirt'1) Jean ,
326 191 Koning, (Coning) Jacques , Muffcher, ( Mufgu'r ) Mi-
262. ehel van, 181
Meytens , ( Mayt'ns ) Da-
L niel, 35
J-jAfresse, G�rard, 101 iV
Leeuw , ( L�ou ) Pierre
t lander\- , t vi '68 NEck , ( Nee ) Jean
Lubienetski, ( Lubienets- yan ^ qui) Tl�odorc et Chrlflo- Neer/(N�er) E�on van-
Ph<> M 305 de/, .133 Nes, /«iin van, 22
MNetfcher , ( Netfgu'r ) Gaf-
Ac», (Ma's) FAwr- PW, 7» ry, 362 Neveu, Matthieu, --05
Notell,
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T A B L E.
Nollet, Dominique, 90 '
O Schalcken, ( Sgalqu'n )
Godefroy, 139
Ooft , (Oift ) Jaeguei Schendel, (Sguend'1) Ber-
CMey', ( Orlay ) Rkhard Schoonjans , ( S'goinians )
i ,m Antoine, 288
V<J/Z' 3 Slingelandt, ( Slinguelant )
Pierrt van, 98
' Spalthof, (Spaltof). 42
PStarenberg , ( Star'nberg )
Au�n, Horact , 151 Jean, 271
Peuteman , N. 284 Steen , ( St�'n ) Jean, 26
Piemont, Nicolas , 401 Steenwyck , ( St�'nouic )
Pieters, (Pit'rs) N. 220 {f, 109»
Plas, Davidvander, 213 Storck, (Store) Abraham,
Poorter, (Poirt'r ) 42 a8i
Poft, Francois , 8 Stuven , ( Stuv'n ) Ernejl,
372
R Syder , ( Cid'r ) Dan'ul,
Jt\ Euven , ( Reuv'n ) f
Pierre, 266
Rietfchof, (Ritfgof) Jean, ^Erl�e, (Terl�') 41
o r x> \ t i9 Terweften , ( Teroueft'n )
Roer ( Rour ) Jacquet -
t, ; « � > t, � � *3 Terwc�en , ( Teroueft'n )
Roos, ( Rois ) Theodore, �lie ^ ^
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Torenvliet } fafart )
Roos, (Rois) AT. 4^0 Jac1ues> '"
Ruyfdael, ( Ruifda'l) Jac-
ques, 9 *
Ruyfdael, ( Ruifda'l ) Sak- -r-r
mon, 11 V Al , Robtrt du, 17»
Ryckx , ( Rics ) Nicolas , Veen, ( V�'n ) Roch van ,
60 269
Rysbraeck , ( Risbrac ) Velde , Adiien vanden ,
Pierre, 374 7 ft
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T A B L E.
Verbuis, (Verb�s) Arnould, Jean, 50?
186 Voftermans, ( Voft'rmans j
Verendael, ( V�r'ndal) N. Jean, 157
799 W
Verheyden , ( Verayd'n ) -yxr/
Franfois-Pierre, 364 \V Ithoos , ( Ouitois )
Verkolie, (Vercoliai) Jean, Jean, 302
259 Withoos, (Ouitois) Pier-
Vernertam , ( Vern'rtam ) re, 31$
Frangou, 376 Withoos, ( Ouitois ) Fran-
Vtrfthuuring, (Verf'guring) cois, 375
Gu'Uaume , 368 Wolf, ( Ouolf) Jacqu.es,
Viffcher, (Vis'gu'r) Theo- de, i7i
dore , a9o Wulfraat, (Ouulfra't) Mat-
Voys, Aride, 118 th'uu, 217
Votlevens , ( Vollev'ns ) Wyck, ( Ouic ) Jean, 118
Jean , 151 Wytman, (Ouitman ) JWa-
Voorhout , ( Voirout ) thitu, 164
Fin de Ja Table du troisi�me Tome,
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