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PIED Dü CHBVAL
ET SA FEBEDSB
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A. WATRIN
VÊTÉBIKAIRK MILITAIRE EN EETKAITE, CHEVALIEK Dt LA LÉGION D'HONNEUR
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Ejtamen mutLematique de l'uplomt liu óicd.
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SAINT-liTIENNE
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IMPRIMERIE T H É O LI E R ET c'" V
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Uue Güretitot, 12«
188 1
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Droits de reproduction et de traduction réserves.
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PRÉFACE
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Le travail que je présente au public n'est pas
line ceuvre récente, car, depuis vingt ans, je n'ai rien eu a changer ni a ajouter a mes théories. Je ne comptais pas le publier; mais après avoir vu la plupart des idees que j'avais professées et, je crois pouvoir le dire, découvertes, reparaitre dans des ouvrages spóciaux, plus ou moins défigurées par unefausse interpréiation, j'aivoulu en rétablir la véritable origine et la série logique qui m'ap- partient. J'avais remis ces notes è. la Société Centbale de Médecine Vétérinaire qui, proba- blement en raison de ses nombreux travaux, ne put en faire l'examen ou leur donner place dans son recueil de Vannée 1886. Sur les instances de mes amis et pour éviter de nouveaux retards, je me décidai k retirer le manuscrit et a le publier. Je livre mon oeuvre avec confiance a Vappréciation |
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des esprits éclairés et impartiaux. La coupe uni-
que et mathématique du sabot du chcval, les con- séquences que j'en ai deduites, Iinterprétation nouvelle de certaines fonctions du pied, sont les points fondamentaux de mes théories. L'avenir jugera de leur valeur. A. W.
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LE PIED Dü CHEVAL
ET SA FEREURE
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PRÉLIMIMIRES ET IIISTORIÖÜE DE LA QUESTION
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Premières oxpériences. — Lo fcr Defays. — Le Désencas-
tolcur. — Lo Podomctrc. — Expérienceg officiclles a Versaillcs en 1863. — Rapport de la Commission d'hygiènc hippique. — Ordre ministeriel. — L'auteur est envoyó a l'école de cavalerie de Saumur en 1865. |
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A ma sortie de Técolo d'Alfort (1847), je fus affecté
au 8™° regiment do Hussards, oü je pris, comme monture, un choval magnifique mais fortement cagneux. Lo traitement de ce défaut était tout indiqué : j'avais appris qu'au cheval panard on devait abattre lo quartier externe, et au cheval cagneux lo quartier interne. Jo me mis donc a faire ferrer l'animal dans ces conditions; malheureusement, ce que j'ignorais alors, mon cheval avait le quartier |
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8 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRUKE
interne trop bas, do sorte que plus j'abattais co
quartior, plus lo défaut s'exagérait. L'animal out dos bleimes, boita souvent et, malgró ses brillantes qualitós, nous étions aussi malheureüx l'un quo l'autre. Je cherchai sur d'autres chovaux des excm- ples analogues, mais j'avais beau m'appliquer, je tournais dans un cercle vicieux et je n'obtenais aucun résultat favorable. Cepondant j'avais a pou pres acquis la conviction qu'il y avait la quelque cliose a faire et que Ie principe n'était pas l'oxpression do la véritó absolue. Je cherchais bion la solution do co problème dans la limito do mos moycns, mais jo n'étais, a co moment, qu'un aide et, par conséquent, il m'était a pou prés impossible de faire quoi que ce soit par moi-mêmo. Une fois vétérinaire en 1" (1859), je choisis, au
grand scandalo do mes aides, un certain nombre de chevaux de différcntes conformations : piods plats, encastelés, cagnoux, panards, pingards, etc. ; j'en formai plusieurs lots auxquels j'appliquai les diffé- rents fors recommandés : fer a plancho, fer a lunotto, fer a pantoufle, etc.; chaque fer était appliqué a tous les chevaux du memo lot. Chaque lot, composé do plusieurs espèces do soi-disant conformations, était soumis a un fer spécial. Quand un cheval boitait ou marchait mal, comme je n'en savais pas oncoro la raison, je changoais la forrure et il m'arrivait sou- vent ainsi de voir avoc lo nouveau fer ce cheval, qui était parfois un ancien boiteux, reprendre ses anciennes allures ; ce résultat, il est vrai, était obtenu empiriquoment, avec une ignoranco complete du pourquoi. Toutes los fois que j'obtenais, par ces tatonno-
ments, un résultat incspéré, au lieu d'en êtro satis- fait, je n'en étais que plus soucioux, car c'était pour |
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• V
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HISTORIQUE DE LA QUESTION \)
moi la pretive qu'il y avait une vérité a trouvor et
que j'étais loin d'on avoir la clef. Un jour, c'était a Lyon, et j'appartcnais au 3"°
Lanciers, j'ctudiais Ie fer Defays. Ce fer, comme chacun sait, est pourvu en éponges de deux pingons vcrticaux s'appliquant a la face interne des talons. Deux étranglcmcnts ménages dans les branches per- mottent, en dilatant Ie fer au moyen d'un étau spé- cial, d'ócartor les talons. (Tout Ie monde, a ce mo- ment, ne voyait que leur rétrécissement, et la modo était alors au désencasteleur.) Mais les chevaux travaillant sur Ie pavé, les fers se cassaient a l'étran- glemont de la branche ; eet accident, qui se repro- duisait assez frcquomment, ne laissait pas que d'êtro oncreux pour los ouvriers maréchaux abonnataircs. La première choso a obtenir était donc de supprimer les étranglcmcnts des branches ; mais il me fallait un étau asscz puissant pour dilater tous les fers. C'est alors que j'imaginai Ie mien. Cet étau se com-
pose d'un coin C, poussé par une vis V, entre deux bran- ches B B, articulées en AA, sur une barre transversale M; l'ex- trémité libre des branches formc un T, T. On place l'ótau a
plat sur Ie fer, lo T cngagó entre les éponges, et, tournant la vis douce- ment, lo fer s'ouvre progressivemcnt et sans secousses de la quantité voulue; a ce moment, on frappe un léger coup de marteau sur la mamelle du fer, et celui-ci |
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10 LE PIED DU CHEVAL ET SA FEHRLRE
restc dans sa position de dilatation, lo coin repré-
sentant avec les branches unc partie compacte et résistante de fer agissant comme unc enclume. On peut même, a un moment donné, fermer une branche du fer et ouvrir l'autre. Supposons qu'on veuille ouvrir la branche interne d'un fer quelconque et fermer la branche externe : l'étau est engagó d'un cóté sur l'éponge interne et de l'autre sur Ie milieu * de Ia branche externe. On tourne la vis jusqu'au moment oü la prossion est suffisante, sans déterminer de dilatation ; puis, posant sous la mamelle interne un marteau assez lourd pour faire contre-coup, on frappe avec un marteau a main sur l'éponge externe qui rentre immédiatement. L'étau n'étant engagé que dans la partie clouée du fer garantit Ie pied de toute pression ou tiraillement; les modifications no s'opèrent que dans la partie libre des branches. Ce cas, du reste, est fort rare et ne se présente que pour rectifier une faute d'application et modifier lo fer sans Ie déclouer. J'en étais la quandun accident survint a la jument*
de mon colonel : une fenêtre d'écurie, brisóo par Ie vent, lui tomba sur Ie dos et, la bete piétinant d'effroi au milieu des débris, un morceau de verre s'engagea et disparut dans la région tendineusc du canon. La jument était méchante, hargneuso et sus- ceptible; ma vue seule suffisait a l'cxaspérer; elle se livrait a chaque instant a des mouvements désor- donnés qui pouvaiont amener des accidents graves, avec la lame de verre enfermée au milieu d'organes si délicats. J'on fus reduit (c'était la jument de mon coloncl !) a attendre un commcncemcnt d'elimination qui ne se produisit, si j'ai bonno mémoirc, qu'un mois environ après l'accident. A ce moment, la pointe de verre apparut et je pus arriver a l'extraire. |
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HISTORIQUE DE LA QUESTION 11
on la saisissant a la volée, pendant qu'on détournait
l'attcntion de Tanimal. Mais, en faisant marcher la bete, dont Ie membre lésé était resté pendant long- temps soustrait a l'appui, et dont los talons s'étaient rcsserrés, je m'apergus qu'elle était outrageusement boiteuse. Je commandai au maréchal un fer Defays pour remódier a cette situation. L'ouvrier, après l'avoir confectionné, vint me Ie montrer, en me fai- sant obsorver que, les lacunes latérales de la four- chette n'existant pas, il ne pourrait pas loger ses pingons. La chose était absolument vraie, mais, pour ne pas en avoir Ie démenti, je lui fis remarquer que rien n'était plus facile quo de les coucher pour leur faire prendre la direction de la barre aplatie. A peine Ie fer était-il appliqué que la boiterio cessait. Au ronouvellement de la ferrure, les talons ayant poussé et la lacune s'étant, par conséquent, accusée, les pingons furent redressés et la boiterie reparut, in- tense et doulourcuse. Aussitot, Ie fer fut onlevé, les pingons inclinés a nouveau, et tout rontra dans l'or- dre. Le résultat inespéré de cette contre-ópreuve si frappante me surprit et me donna beaucoup a réflé- chir. Ce fer apingons obliquesfut alors appliquó sur uno grande échelle a des pieds de conformations tout a fait disparates, boitoux ou non, et je me mis a en étudier passionnómentles effots. Je no parlerai pas des insuccès inhérents a des vices d'application ; ils furent nombreux, car j'étais encore dans la pé- riode de tatonnemont : j'étudiais et je chcrchais. Toutefois, je fus assez surpris de voir que tous
les pieds se modifiaicnt sonsiblement. Une véri- table rectificntion s'opérait a la. couronne, et ils tondaient tous a converger vers un type commun. Quelle était donc la cause de ce phénomènc ? Tous les fers désencastcleurs que j'avais vu appli-
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12 LK PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
quer agissaicnt tous d'unc maniere uniforme; on
ne cherchait absolumcnt qu'une chose : Produire l'écartement des talons. On ne se rendait pas compte que, sous les pressions continues dun sabot racorni, l'os du pied, si souple et si mallcable, se déformait et que la boite cornéc devait nécossai- rement revêtir la forme commandée par lo moule intérieur. Lc fcr que j'appliquais, au licu d'écarter les talons, les placjait sur deux plans legèrement inclinés en sens inverse, les mobilisant et produisant ainsi, approximativement, les mouvemcnts d'élas- ticité d'un pied non ferré. Tous les auteurs qui ont écrit sur Ie pied du
cheval ont varió sensiblemcnt dans la description qu'ils ont faite de l'élasticité. On est surpris de voir les différences d'opinion de gens tres bons obser- vateurs, et cependant la plupart d'entre eux avaient bien étudié la chose et leur description était vraie. La raison d'un fait si peu vraiserablable est cepen- dant bien simple : Tous ont étudió lo pied du cheval sur un type special et atteint, par conséquent, de la déformation habituelle de cc type. L'un n'étudiait que des talons trop hauts, tel autre que des pieds plats, panards, cagneux, etc, etc. Or, comme l'élas- ticité du pied est une fonction physiologique n'cxis- tant d'une fagon reguliere que sur Ie pied physiolo- gique, il en résultc que l'élasticité d'un pied dé- formé, et par conséquent malade, n'est plus qu'une fonction pathologique se traduisant souvent par des effets complètement inverscs, suivant les pieds. Nous reviendrons plus tard sur les détails de cette quostion. Au bout d'un certain temps, j'en arrivai a mo con-
vaincre qu'il n'y a qu'un pied k déformations multi- ples, que toutes les phases de cette déformation doi- |
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HISTORIQUE DE LA QUESTIOX , 13
vent otrc traitées a peu prés de la même fa^on et
qu'il faut parcr tous les pieds, suivant une loi uni- que, qu'ils soient panards, cagneux, etc, en un mot atteints d'unc déformation quclconque, Ie boutoir étant appelé a remplacer, chez Ie cheval fcrré, Ie travail d'usuro normale de la nature. Restait a déterminer cette loi.
En y réfléchissant un peu, je me dis que précé-
dcmmont on avait toujours négligé Ic pied vivant contenu dans la boite cornéo, pour nc s'occuper que de ccUe-ci, qui n'est, en somme, qu'une chaussure produite par une sécrétion modifiable a linfini, que Ic sabot pare suivant les hasards les plus fantaisistes, en dedans, en dehors, en avant, en arrière, etc, n'avait pas une croissance reguliere ; qu'il poussait plus OU moins, suivant que la partie était soulagée OU surchargée ; que, pour éviter cela, il devait être pare d'unc maniere uniforme et mathématique, de telle fagon que la. face plantaire du sabot fut pa- rallèle a la face plantaire du pied. Ceci était la règle, mais il restait a déterminer des points de rcpère pour la rendre toujours et facilement appli- cable. Les pieds, dans leur rectification, sous l'influencc
de l'élasticité factice produite par mon fcr, se rap- prochant sensiblement de l'élasticitó normale ctcons- tituant un véritable massage, revenaient tous a un type uniforme. Un cercle saillant énianait du bourrelet formant
une véritable amoroe d'un nouveau sabot. L'ondée cornéo était uniforme, se rapprochant chaque jour de la forme cylindrique, et Ie bourrelet lui-mème se replagait, peu a peu, dans un plan perpendiculaire a l'axc du pied. Afin d'avoir un moyen de controle infaillible, je
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LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRUBE
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fis alors établir un podoniètre spécial, destinó a
mesurer tous les angles et loutes les dimensions du sabot. Cepodomètresecom-
pose d'une tige A 13,
graduée, articulée au
point A sur Ie bord
d'une plaque métallique
A C. Un rapporteur,
.'•'' fixé a la tige au point D,
passé dans un trou, O, pratiqué dans un prolonge-
ment A ü, du plan de la plaque.
11 est facile de voir, en
examinant l'application de 1'instrument sur un pied, que la tige A B donnera la longueur de la pince et Ie rapporteur son inclinaison sur l'horizon. Cette opération, se re-
nouvelant sur les talons et les deux quartiers, en rcn- versant Ie podomètre pour mesurer, au moyen de la tige graduée, les deux dia-
mètres antéro-postérieur et trans verso do la sole, on a tous les ólómcnts pour reproduire sur Ie papier Ie profil et une coupe transversale du sabot. En recommengant a plusieurs reprises, a des époques différentes, et en reportant Ie résultat sur lo premier dessin, avec des couleurs différentes, on peut suivre les modifications successives obtenues. Au bout d'un ccrtain temps, il était évident, pour
moi, que tous les pieds se rectifiaient dans Ie memo sens et convergeaient vers un type commun qui n'ótait plus difiicile a déterminer, puisqu'il était Ie |
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mSTORIQUE DE LA QÜESTION 15
centre et, en quelque sorte, l'idéal vers lequel ten-
daient toutcs les modifications régulières. J'ajouterai que quelquefois cette loi m'a été pré-
cieuse en me faisant apercevoir, par des effets faux, la moindre erreur commise dans l'application. Je dois dire, avant tout, que souvent on m'a re-
prochó d'être exagéró dans mes principes et do vouloir tout traiter par la ferrure. Ceux qui ont for- mule cette appréciation n'ont pas voulu réfléchir a une chose : c'est que, cherchant mon chemin dans une route assez peu frayée et tres embarrassée, j'ai été reduit, pour apercevoir la vérité, a mettre de cóté tous les moyens usités qui auraient pu me venir en aide pour la guérison de telle ou telle affection du pied, mais auraient pu aussi me tromper, en me mettant dans l'impossibilité de déterminer exacte- ment la cause a laquelle je devais les effets obtenus. C'est justement a eet exclusivisme forcé que je
dois d'avoir trouvé bien des choses qui, sans cela, seraient restées, pour moi, dans l'obscurité. Plus tard, dans les démonstrations que j'ai eu
occasion de faire, j'ai été obligé de suivre les mêmes crrements, je passerai donc ici sous silence tout ce qui n'a pas rapport a la ferrure. Le pied vierge, Ie pied type, n'existe pas en do-
mesticité. On aura beau mettre le poulain dans un coin de prairie, oxx il sera en liberté comme un poisson rouge dans un bocal, il n'y a rien la qui ressemble a la liberté qui ne peut existerqu'a l'état absolument sauvage ; c'est la seulement que, chaque jour, et de père en fds, le sabot s'use au fur et a mesure de sa croissance ot sans intcrvcntion ctrangère aucunc. Les animaux sauvages a sabot (cerfs, chcvreuils,
sangliers, etc), enfermés dans les parcs les plus étendus, voient leurs sabots se déformer prompte- |
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16 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
ment et, si dans ces conditions, ils sont poursuivis
par une meute, ilsnetiennent plus que d'une maniere dérisoire et sont aussitut fourbus et forcés. Dans les départements de l'Est, il existe des trou-
peaux de porcs passant la plus grande partie do leur oxistcnce dans les forêts. Ces animaux s'allient même souvent avec des sangliers, et il semblerait que, pour ces raisons, leur pied dut se rapprocher sensiblement du type sauvage ; il n'en est rien copen- dant, et les piqueurs chargés de démêler ces diffé- rentes empreintes ne se trompent jamais en prenant pour un pied de sanglier lo pied d'un cochon, quel qu'il soit. Il en est de même pour Ie pied du choval dont Ie type vrai ne peut être observé que dans les contrccs oü il vit a l'état absolument sauvage. Lc pied vicrge est un cylindre, coupé ii 55 degrés ;
Ie bourrelet est tout entier dans Ie même plan, do sorte que toutes les fibres cornées qui en émanent sont perpendiculaires a leur surface do sécrétion et, par conséquent, parallèles entre ellcs. Toutes les fois que je me suis occupó de la régénération d'un sabot quelconque, je l'ai toujours vu se rectifier dans lc scns du cylindro indiqué ci-dessus et toujours la première modification s'ost produite au bourrelet. Au commencement de l'année 1863, mon regiment
étant sur Ie point de quitter la garnison de Lyon, lo génóral Mavct vint prendre Ie commandement de la brigade dont il faisait partie. 11 me confia ses che- vaux, animaux de grand prix, mais tous plus ou moins boiteux, avec des aplombs tres faux. Il assis- tait avec la plus grande attention aux rcctifications que j'exécutais, au point que l'opération terminée, il continua journellement ses visites a la forge pour suivre mes travaux sur les chevaux du regiment. A mon arrivée a Versailles, je fus mis par lui en
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Le pied type.
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18 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
demeure d'avoir a fournir un rapport sur mes tra-
vaux. J'eus beau objecter que, n'ayant fait qu'en- trevoir une vérité, il m'était impossible de la for- muler, rien n'y fit et je dus m'exécutor. J'envoyai alors une espèce de rapport qui n'était que l'écho de mes tatonnements et de mes incertitudes, mais a la suite duquel on me livra dans différents régiments de la garnison et des environs une centaine de chevaux, sans distinction d'age, choisis parmi les boiteux et les estropiés et que je devais rcdresser sous la sur- veillance de la Commission d'hygiène hippique. J'étais seul, sans un ouvrier pour m'accompagner; la mission était fort difficilc, souvent désagréablc; mais, la nécessité aidant, je découvris en peu do jours la loi des principes que je cherchais, et il ne restait plus pour m'embarrasser que quelques points de détail que je découvris peu a peu. Les chevaux qui m'avaient été confiés appar-
tenaient tous a des races diverses et se trouvaient dans des conditions tout a fait différentes : cuiras- siers, lanciers, artillerie, arabes des chasseurs de la Garde. Ceux qui savent ce que c'est que l'intérieur d'un regiment comprendront sans peinc les diffi- cultés et les désagréments d'une pareille mission, avec des cavaliers et des ouvriers que je dérangeais continuellement, presquo tous hostiles et cherchant par tous les moyons a entraver Ie succes, malgré lo concours dévouó des vétérinaires désignés pour suivre mes opérations. Néanmoins, les résultats furent favorables, comme
Ie constate Ie rapport établi par M. Goux, vétérinaire principal, président de la Commission qui suivait mes expériencos. Les conclusions do ce rapport ayant été tronquées
et, par conséquent, dénaturées dans différentes pu- |
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HISTOBIQUE DE LA QUESTION 19
blications, nous nous voyons dans la nécossité de Ie
rcproduire, in extenso, tel qu'il a óté publié dans lo numero de mai 1865 du Journal de médecine vété- rinaire militaire, page 757 : Séance du 17 février 1865.
M. Goux, rapportour d'une sous-commission, composéc de
MM. los vétórinaires principaux et chargée de diriger et de suivre des expóriences sur Ie systèmc de ferrure de M. Watrin, vétérinaire en 1" au 3™" de Lanciers, rend compte, dans un rapport tros circonstancié, des résuUafs obtenus a la suite de cos divers essais, et qu'il résumé en disant : « Do nos observations directos, des résultats dos expérienccs
faites aux Chasseurs de la Garde, au 2™" regiment de Lanciers, aux régiments de l'artillerie do la Garde, ainsi que des fails particuliers qui nous sont connus,il ressort comme conclusions générales : « 1° Que Ie systéme do ferrure proposé par M. Watrin, et
dont il est rinvcntcur, est tres rationnel, en cc qu'il fournit un moycn, sinon infaillible, du moins Irès puissant, pour rendrc ])rogressivement aux picds plus ou moins déformés leurs niouvements normaux, pour provoquer ainsi plus ou moins Icntement leur régénération, et alors pour guérir un grand nombre des altérations dont ils peuvent êtro lo siége ; « 2° Que la pratique do cetto ferrure, contraircment t.
l'opinion do l'auteur, est loin d'étre exempte de difficultés ; qu'cllo cxigc de la part des ouvriers maréchaux, mème cxpérimenlés, une grande altention, une grande habileté ; que l'usage particulier de l'étau dilatateur demande boaucoup de circonspcction, bcaucoup d'habitude, sans lesqueües on est exposé a de séricux inconvénicnts, qui retardent d'autant les bons effets de la ferrure ; que, pour ces motifs, son applioation générale ne saurait êlre autorisée, quant a présent, dans l'armée ; mais que son usage, comme moycn orthopédique, tres efflcace, doit être, au contraire, tres répandu dans les ateliers de marcchaleric militaire ; " 3° Qu'uno i'cinarquo tres importante a été faito par tous
les membres de la Comraission : c'est que les piods d'un grand nombre de chevaux, surtout de «eux des Chasseurs, sont |
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20 LE PIED DU C.IIEVAL ET SA FERRUHE
devenus plus courts, plus réguliéremenl ari'ondis, plus
d'aplomb ; que ce sont Ik des modifications importanles que robservalion directe a d'abord constatées, mais que les em- preintes de la face planlaire et les ferrures de M. Watrin sont venues ensuite confirmer ; « 4° Que si les résultats obtcnus sur les chevaux du regiment
de Chasseurs ne constituent, en déflnitive, qu'un demi-succès, los améliorations plus ou moins marquées, qu'on a observces sur un grand nombre de pieds, sont néanmoins assez signifi- catives pour que nous soyons disposes a croiro, avec M. Watrin, que si les expériences avaient été prolongées plusieurs mois, Ie résultat certainoment eüt cté plus complet, d'aulant plus qu'il ne faut pas oublier que beaucoup de ces pieds étaient profondément déformés, et qu'jls ne ])ouvaient être modifiés que lentemcnl par une régcncration progressive des tissus sous-cornés ; « 5° Que, par contre, si les améliorations obtenues sur les
chevaux du 2»» de Lanciers et des régiments d'artillerie de la Garde ont été plus manifestes, elles ne nous ont cependant pas paru plus concluantes, parce que, en général, les pieds de ces animaux étaient loin de présenter les difficultés que M. Watrin a rencontrées sur les chevaux du regiment do Chasseurs ; « 6° Que, sans croire ó, rinfaillibilité du système de ferruro
on question, nous n'hésitons pas ó, Ic considérer comme un véritable progrés réalisé en maréchaleric, comme constituant un moyen orthopédiquo des plus rationnels, des plus efficaces, des plus propres k combattro victorieusement les différcntes déformations que Ie pied peut éprouver et la plupart des altö- ralions dont il peut étre alteint; enfin, comme étant incontes- lablement supérieur a tous les autres moyens lour ii tour préconisés; « 7° Qu'en conséquence, il y aurait utilité et avanlage a Ie
répandre dans l'armée par lous les moyens dont dispose l'administration supérieure de la guerre, düt-elle, pour altcin- dre ce but, envoyer pendant quclque lemps M. Watrin ö, Saumur, pour initier Ie professeur de maréchaleric, les aides- vétérinaires stagiaires et les ouvriers maréchaux h la théorio et au manuel de sa ferruro. » Maintenant, Messieurs, en vous informant que M. Watrin
a apporté è, la réalisation de son idéé une volonlé, une persis- tance, un dósintéresaement dignes des plus grands éloges, |
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HISTORIQUE DE LA QUESTION 21
nous osons espórer que vous voudrez bien vous joindre è. nous
pour recomnaander ce vétérinaire laborioux et instruit k la bienveillanco particuliere de M. Ie Ministre de la Guerre, pour prier Son Excellence de vouloir bien lui adresser une lettre de félicitations et lui accorder, k titre de récompense, la colleo- lion des mémoires de la Commission d'hygiène hippique. A la suite do ce rapport, je fus onvoyó a l'EcoIe
do cavalerie de Saumur, en vertu d'un ordro que je roproduis textuellemont : c" DivisioN^MiiiTAinE Colmar, lo 12 mai 1865.
3» Subdhinon.
ÏSt> J43a MON CHER COLONEL,
Les cxpéricnccs prescritcs par S. E. lo IVIinistre de la Guerre,
sur un systómo do ferrurc invcnté parM. lo veterinaire Walrin do votre regiment, ayant róussi, Ie Ministre a décidé que M. Watrin se rendrait a TEcolc de cavalerie pour inilier les vété- rinaires profosscurs, los aidcs-vctérinaircs stagiaires ot les ouvriers maréchaux a. la théorio et au manuol pratiquo do sa forrure, afin quo, de retour dans les corps, les aidcs-vétéri- naires et los maréchaux puissent y répandre les connaissanccs qu'ils auront acquises sous la direction do l'auteur. En conséquonce, aprés l'installation do votre regiment ó,
Colmar, M. Watrin se rcndra k Saumur, oü il séjournera pendant lout Ie tcmps que sa présence y sera jugée nécessaire. Jo vous prie do vouloir bien m'informer du départ de cc vété- rinaire. Rccevcz, mon chcr Coloncl, rassuranco de mes sentiments
alTectueux. Le Général commandant la subdivision,
Signé : Guérin de Waldersbach.
A mon arrivée a Saumur, je fis une ou deux con-
férences aux vótcrinairos stagiaires et aux ólèves maréchaux. On me dcmanda do faire quelques cxpé- |
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22 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
riences démonstratives, ce que j'acceptai volontiers.
Je choisis un certain nombre de chevaux parmi ceux dont les aplombs étaient Ie plus faussés et les pieds Ie plus défectueux. J'avais, du roste, trouvé la un adniirablc champ d'expérience et d'étude, oü j'acquis bientot la conviction la plus inébranlablo que j'étais dans Ie vrai. J'ajouterai que dans Ia salie des conférences, je
trouvai une rare collection de sabots défectueux ; je crois que, nuUo part, on ne pourrait trouver ladéfor- mation poussée a de semblables limitcs. C'est en examinant ces sabots que je trouvai les points de repère pour faire une coupe mathématique du sabot dans Ie sens antéro-postérieur, pour ia pratique de la ferrure. Jusque-la, j'avais bien mis les deux quar- tiers a la même hauteur, mais, n'ayant pour me diriger dans Ie sens antéro-postérieur que l'anglo de pince, il arrivait que sur ccrtains picds a pince creuse, ou pingards par exemple, je me trouvais embarrassé etn'arrivais au résultat qu'empiriquement et d'une maniere approximative, laissant parfois Ie talon un peu haut. Séance tenante, mes convictions furent arrêtées a eet égard, et je n'ai jamais eu depuis ales modifier, sauf dans quelques cas patho- logiques tres rares. Au bout d'un certain temps, je m'apergus que ma
mission d'initiateur était changée : j'ctais réellement sur la sellette et les expériences que j'exécutais, loin d'être suivies comme un objet d'ctude, étaient soumises a un véritable controle. M. Goyau, qui était alors vétérinaire a Saumur, me demandait sou- vent des explications et prenait des notes. Entrainé par mes études, je prolongeai outrc me-
sure cetto situation fausse ; puis, on me demanda un rapport et je rejoignis mon regiment. |
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HISTORIQUE DE LA QUESTION 23
Quelquo temps après, M. Goyau faisait paraitre
une sorte do roman intituló « Ferrure du cheval », dans lequel se trouvait reproduit tout ce que je lui avais dit. Il est vrai que certaines choses y avaient été dénaturées, afin que l'auteur put s'attribuer Ie mérite de les avoir rectiuées ; d'un autro cótó, la naïveté des contradictions y accuse l'inexpérience complete de la chose. A cette époque, M. Goyau m'appelait encore
« l'inventeur du nouveau système deparer Ie pied ». Depuis, dans son « Traite pratique de raarécha- lerie », il reproduit la plupart do ces naïvetés, mais il daigne m'appeler par mon nom. Maintenant, comme par Ie passé, je ne ferai pas a M. Goyau l'honneur de lui répondre, de lui réclamer tout cc qu'il m'a empruntó, ni de récuser ce qu'il m'a attri- bué dans son effronté plagiat, oü il n'a fourni que les phrases et les errours ; mais je proteste avec indignation contro ce procédé inqualifiable dont j'ai été la victime. |
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DES MEMBRES ET DU PIED
Membres antérieurs. — Membres postérieurs. — Le pied.
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Nous n'avons pas l'intention do traiter la question
anatomique du pied ; nous nous bornerons a rappclcr les choscs absolumcnt nécessaires a notrc dcmons- tration et les points sur lesquels nous dcvrons insister plus tard. Nous nc parlerons pas des rayons supé- rieurs des membres, mais nous ferons copendant observcr que, par un mécanismo semblablo a celui des rayons inférieurs, dont nous allons nous occupcr, la flexion des articulations tend a porter rextrcmitó inférieure du membre en dehors pendant son oscil- lation. Membres antérieurs. — Le canon se termine a
sa partio inférieure par deux condyles dont la lon- gueur est parfaitemont cgalo, mais dont l'épaisseur est bien différente, le condyle interne étant beaucoup plus ópais que l'externe. La mcme inégalité existe dans les cavités qui
constituent la partio supérieure de l'os corrospondant. Disons de suite que la conséquencc de cette confor- mation, qui se rctrouve dans los os qui suivont, est de produire do véritables excentriques rejetant, dans |
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26 ? LE PIED DU CHEVAL ET SA FEBRURE
la flcxion, l'extrémité inférieure du mombre tout a
fait en dehors. On peut s'en assurer en pronant sur un cadavrc un membre antérieur que l'on fcra lléchir en rapprochant scs extrémités ; on verra alors qu'il ne se ploie pas dans Ie même plan, mais on formant une sorte de spirale. Nous aurons, plus tard, a rc- venir sur ce mécanisme, en nous occupant du cheval qui se coupe. La première et la deuxième phalanges sont cons-
truites d'après Ie même principe et concourent au même mécanisme. La troisième phalange est un os spongieux, mal-
léable et souple a l'excès, susceptible, sous les pressions de la boite cornée, de déformations mul- tiples, jusques et y compris Ia résorption prosquo complete, sauf la surface articulaire. Cet os, doué d'une certaine souplesse a sa partic postérieure, est continue par les cartilages qui doivent normalemcnt se trouver dans son prolongement, sauf Ie cas de déviation, et qui contribuent a former, avec l'os du pied et Ie coussinet plantaire, Ie moulo du sabot, en dehors duquel ils constituent, a la partic supérieure du pied, deux légers renflements arrondis et uni- formes. Membres postérieurs. — Dans Ie membre posté-
rieur, lo mécanisme est Ie mêmc ; nous n'avons a signaler que la poulio oblique du tibia, faisant osciller l'extrémité du membre d'avant en arrière et de dehors en dedans, c'est-a-dire écartant les mem- bres en avant, pour óviter les chocs du pied sous la partie inférieure du tronc et les reportant en arrière dans lo plan médian, pour pouvoir pousser Ic centre de gravitc en avant sans Ie faire osciller latéralement. Les ligaments sont disposes sur les cótés de toutes
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DES MEMBRES ET DU PIED '27
ces articulations, de fagon a leur pormettre un mou-
vement de cbarnière; ils pcrmettent aussi aux arti- culations de la région digitée, quelques mouvements de latéralité qui deviennent fatigants et douloureux quand ils sont répétés et exagérés. Les tendons principaux, cxtenseurs et fléchisseurs,
sont places en avant et en arrière du membro, de fagon a obtenir son oscillation dans un plan bien déterminé, sauf les déviations mécaniques dont nous avons parlé. Il ne faut pas oublier l'extenseur obli- que destiné a remettre en ligne les phalanges dóviéos en dehors pendant la flexion. Ce muscle fait alors cxccuter aux phalanges, au moment de l'extension, un pivotement d'arrière en avant et de dedans en dehors, pour effacer Ie mouvement contraire produit par les condyles dans la flexion. Citons la bride fibreusc qui, partant de l'apparcil
ligamenteux du boulet, croise Ie paturon d'arrière on avant et va s'insérer avec lo tendon extenseur a la partie antérieure de la troisième phalange, brido absolument relachée, invisible a l'extérieur dans l'extension normale, faisant fortement saillie sous la peau, quand elle est distonduc dans l'appui, par ccr- tains vices d'aplomb ; elle produit, quand elle est intacte, Ie mouvement automatique d'extension des phalanges pendant la marche, mouvement connu sous Ie nom de stepper. Elle empêche aussi, dans ces conditions, les chutes du cheval sur les genoux. Rappelons que, dans Ie membre postérieur, lo
tendon du perforó passant sur la pointe du calca- néum, il est impossible de fléchir Ie jarret sans fléchir la région digitée, et que, par contre, la flexion de la région digitée étant impraticable, pour une cause quelconque, la flexion du jarret ne peut s'exécutor. |
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28 LE PIED DU CHEYAL ET SA FERRURE
Le PIED. — Le sabot est constituó par diverses
pièces cornées, agencées entre elles et constituant la boite protectrice du pied. La paroi représente la partie extérieure du cy-
lindre corné ; elle est formée do deux couchcs de corne, l'une émanant du bourrelet et l'autre des feuillets podophylleux. La couche externe émanant du bourrelet est constituóe par des fibrcs, toutes parallèles entre clles, ainsi qu'a l'axe du pied et perpendiculaires a leur surface de sécrétion, puis- que le bourrelet est tout entier dans lo même plan et perpendiculaire a l'axe du cylindro. Il est de touto óvidence que, dans ces conditions, les fibres de la paroi suivant la même direction que les feuillets podophylleux, l'engrenage entre les deux couchcs do corne sera complet et la fourmilière impossible. Le bord plantaire do la paroi s'incrustant dans lo
sol pendant la marche s'use en dedans et en dehors et devient légèrement tranchant. Le biscau interne est formc aux dépons des feuil-
lets kéraphylleux, dont la faiblo consistancc facilite l'usure. Ce fait, du reste, est commun a tous les animaux a sabot. Ajoutons que ces explications, mathématiquement
vraies pour le pied antórieur qui est un cylindro, le sont égalcment pour lo pied postérieur qui est légè- rement triangulaire. La barre, formant la partio rentrante et en quel-
que sorte la continuation de la paroi, représente d'abord on arrière une voute a courbe supérieure sur laquellc le pied vient s'appuyer et qui, s'affais- sant sous le poids, détermino l'écartoment des ta- lons. Elle représente doncl'organe actif dol'élasticité du pied et, loin de ceder sous la traction des talons qui s'écartcnt, c'est olie qui, par son affaissement, |
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m DES MEMBRES ET DU PIED 29
les éloigne 1'un de l'autre. Cette barre se prolonge
ensuite sur Ie bord interne de la sole, avec lequel ellc se confond et semble faire Ie tour de la four- chette, dont elle est isolée par un sillon asscz pro- fond. La sole représente la plus grande partie du plan-
cher du sabot, formant une voute légèrement sur- baissée, séparée de la paroi sur tout son pourtour extérieur par un sillon uniforme creusé aux dépens des feuillets kéraphylleux. Un évidement analogue l'isole de la fourchette sur tout son bord interne qui SC trouve renforcé par les fibres terminales do la barre. La fourchette est un coin de corne moUe place
dans l'évidement médian de la sole. Elle forme une pointe en avant, se divise a l'arrière en deux parties constituant un coussin destiné a amortir les chocs sur Ie sol et surtout a limiter l'écartement exagéré des talons. A sa partie externe, elle est suspendue au bord interne de la barre dont ellc limite l'ex- tension par un mouvement de charnière que facilite Ie sillon qui l'entoure. N'oublions pas que la fourchette est fixéo en avant
sous l'os du pied qui lui donne un point d'appui fixe et qu'au contraire, dans sa partie postérieure, elle est iixée sur un point excessivement mobile et modi- fiable représenté par les cartilages et Ie coussinet plantaire. Chez les animaux sauvages de nos forêts ayant
des sabots, il existo derrière Ie boulet deux petits ergots qui remplissent exactement Ie même but et dont la forme ressomble tres bien a une coupe trans- versale de la fourchette. Il est, du reste, facilo do voir que Ie coin que celle-ci représente a sa pointe, 011 Ic mouvement d'affaissement de la sole est en- |
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30 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
core obscur, se complique en allant vers les partics
postérieures,oü lo mouvement s'accentue davantage, et qu'elle présente alors deux coins au lieu d'un, avec trois lacunes complétant Ie mécanisme en rece- vant la terre qui a étó refoulóe par la fourchette et les talons. Les animaux a crgots dont nous avons parló ont, entre ceux-ci, des poils tres raides qui font matelas et cmpêchent la terre de se fixer entre les deux ergots. Chez Ie ba3uf, lorsque les deux doigts sont rap-
prochés, ils représentent, a peu de chose prés, Ie sabot du cheval : même forme, même inclinaison. même direction des fibres pcrpendiculaires au bour- relet. La sole, comme chez Ie cheval, représente uno voute ne touchant pas a la terre, mais la four- chette est représentée par deux grosses protubé- rances molles et élastiques qui, au moment d'un effort violent et lorsque les doigts s'écartent, vien- nent s'appuycr sur Ie sol et limitent Ie mouvement d'écartement. Si nous avons insisté sur tous les détails du pied
sauvage, c'est qu'il doit nous servir d'idéal et d'ob- jectif dans la régénération d'un sabot déformé et nous donner la clef de l'étiologie de la plupart des boiteries occasionnées par ces déformations. Cepen- dant, tout co que nous vcnons do dirc a propos du pied vierge et de ses fonctions est loin d'être la vérité pour ce que nous voyons journellemcnt. Le poulain, a sa naissance, a bien Ie bourrclct
dans le même plan, mais presqu'aussitot la défor- mation s'en empare et le transforme a l'infini. La race, les milieux, la nature du sol concourent a ces modifications jusqu'au jour oü le marcchal incons- cient vicnt raccourcir de travers les sabots du mal- heureux animal pour achcver l'ceuvre de destruc- |
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DES MEMBRES ET DU PIED
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tion. Aussi voyons-nous, chaquejour, dansles prés,
des poulains de quelques mois avec des pieds et des aplombs completement ridicules, qu'on a l'habitude de regarder comme des -vices de nature. Pour ma part, il m'cst arrivé de trouver dans un pré tourbeux, oü les pieds s'enfon^aient par la pointe, une série de poulains do prix qui étaient tous pingards et même rampins des quatre membres. J'ai été obligé, pour les rodrcsser, do les mottre en liberté a de- mcure dans une écurie dont lo sol, pa\ó en briques, était parfaitement horizontal, après toutefois leur avoir pare los piods convenablement. La plupart do ces poulains se sont remis tres rapidement, mais les plus agés et par conséquent les plus malades ont du êtro gardes pendant plusieurs mois dans ces con- ditions. Quant aux proportions du pied, voici a peu pres
commont nous les déterminerons : Supposons un dia-
mètrc do O'", 11 ; la pince aura 0'°,10 de longucur et les talons, parallèlos a la pince, auront par consé- quent Ic quart de collo-ci, soit 0"',025, puisque l'angle de pince est de 55°. La fourchette, parallèle au sol, en est éloignée de 2 ou 3 millimè- tres, de fac;on a pouvoirlo rencontrer ets'y incruster, suivant los cas, quand, pour une causo quelconque, raffaisscmcnt do la sole est trop accentué. Dans ces conditions, tendons et ligaments sont tous dans une position et une tonsion normales, sans distension ni tiraillements. |
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32 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRüRE
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CHAPITRE II.
DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION |
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Talons trop bas ou pince trop longue. — Talons trop haut
OU pinco trop courtc. — Quarticr interne trop bas ou externe trop haut. — Quarticr externe trop bas ou in- terne trop haut. — Conformation et déforinalion. — Action de la ferrure. — De la fourburc. |
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Nous avons dit que dans un picd normal les poids
étaient répartis d'uno maniere reguliere, sur tout Ie pourtour de l'ongle, et que la régénération s'en fai- sait au bourrelet par ondées uniformos et parallèles ; mals aussitót que Ie cheval est soumis a la domes- tication, il n'en est plus ainsi : l'usure n'étant plus en rapport avec la croissance, il y a des différonces de longueur, de fonctionnement et par conséquent des différenccs de répartition des poids. Le sabot, étant un cylindre inclinó sur Thorizon, reporte, en s'allongeant ehaquc jour, les poids qu'il doit sup- porter vers ses parties postérieures, en soulageant d'autant la pince ; mais comme, d'après unc loi naturelle, la corne pousse d'autant moins qu'elle est plus chargée, on comprendra que, dans ce cas, le sabot poussera plus en pinco qu'en talon, que l'on- dée cornéc qui émanera du bourrelet ne sera jilus uniforme et que colui-ci sera refoulé dans un sens qui l'éloignera de sa position primitive. Si, au con- # *» •
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMAÏION 33
traire, pour une cause quolconque, la pince vient a
être raccourcicou Ie talon trop élevé, ce qui revient au même, Ie boulet se redressant dans certains cas, les parties antérieures seront surchargéos et Ie pied poussera en talons. Que la différence de hauteur se produise sur l'un ou l'autrc dos quartiers, Ie principe est Ie mêmc : Ie quartior Ie plus bas ctant surchargé ne poussera plus ; toute la croissance s'exécutant dans Ie quartier opposé, la boite cornée déviera de son axe. Cette loi qui veut qu'un sabot ne puisse pousser uniformómcnt quand son bourrelet n'est plus perpendiculaire a l'axe du pied, se manifeste dans la pratique par des déformations aussi variées et aussi nombreuses que les causes qui les produi- sent. Ces divergenccs dans les résultats sont d'autant plus indéfinies que Ie memo fait ne produit plus les mêmes rcsultats sur des animaux de conformation différente et qu'un pied pare de travers, mais de la même ïaqon, sur un cheval a poitrine étroite avec Ie coude au corps, ne sera pas déformé de Ia même maniere que s'il appartient a un animal a vaste poitrine avec Ie coude en dehors, etc, etc. Nous ne pouvons mieux cxprimer notre pensee qu'en rappe- lant que les corncs des ruminants sont d'autant plus contournées que leur surfacc de sócrétion est plus inclinée sur leur axe. La cornc du bélier décrit une véritablc spirale qui est la conséquence de ce fait poussé a l'excès. Le bourrelet se trouvant déplacé et éloigné de sa
position normale ne sera plus perpendiculaire aux fouillets podophylleux, et les fibres cornées ne sui- vant plus leur direction, il y aura d'abord tirail- lement, déplacement des parties flexibles et enfin dcsagrégation des deux couchcs 4ft^corne qui con||- tituent la paroi. |
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34 LE PIED BU CHEVAL ET SA FERRURE ' ♦
Pour faciliter l'étudo de la déformation qui est
tres complexe, nous prendrons les quatre cas prin- cipaux avec leurs conséquences les plus ordinaires ; car, nous l'avons déja dit, la même cause produit souvent des effets diamétralement opposés sur des animaux do conformations différentes. Nous vcrrons donc : Le talon trop bas ou la pince trop longue ;
Le talon trop haut ou la pince trop courte ;
Le quartier interne trop bas ou externe trop haut;
Le quartier externe trop bas ou interne trop haut.
Répétons que ces cas varicnt a l'infini ; que, par
exemple, un cheval peut avoir le quartier interne trop bas et les talons trop hauts, qu'il peut être trop bas de l'un ou de l'autre talon avec une mamollo trop élevée, etc, etc. Le mécanisme des membres antérieurs différant
sensiblement de celui des membres postérieurs, il en résulte que les conséquences do tel défaut d'aplomb peuvent varier considérablcment lorsqu'il s'agit du devant ou du derrière. Occupons-nous d'abord des membres antérieurs. i° Talons trop bas ou pince trop longue.
Dans ce défaut d'aplomb, le cylindre s'inclino
davantage sur l'horizon ; le pied, au liou do reposer sur une semelle horizontale, repose sur un plan oblique d'avant en arrièro et de haut en bas. Le talon surchargé poussera d'autant moins que le dé- faut sera plus exagéré, et la pince soulagée poussera dans des proportions exactement contraircs. Or, plusieurs cas peuvent so présenter : si le pied est large, les talons s'éculeront, la barre s'aplatira, les quartiers s'évaseront et lo pied deviendra plat. Ccci est surtout le cas d'un pied a talons courts. |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 35
Si Ie talon est plus long, les fibres s'inclineront,
chassant en haut les cartilages latéraux; Ie bourrelet prendra une position se rapprochant de l'horizon- tale ; on aura un pied a talons fuyants. D'un autre coté, la soupentc tendineuse des ten-
dons fléchisseurs se trouvant distendue, elle redres- sera les rayons osseux; Ie cheval deviendra droit sur ses boulets. 2° Talons trop hauts ou pince trop courte.
Dans ce cas, c'est la pince qui sera surchargée et
les talons qui pousseront ; mais faisons observer, avant tout, que Ie membre a talons trop hauts repré- sente Ie commencemont de la flexion, la pince du sabot se rapproche de la verticale et l'os du pied participe au même mouvement; puis, en suivant, on voit la première et la deuxième phalanges fléchies sur la troisième et décrivant un are de cercle a concavité inférieure. L'angle formé en avant par Ie canon et la première phalange se ferme; les inser- tions extrêmes des tendens fléchisseurs se trouvant rapprochées, la soupente tendineuse se trouve, par conséquent, relachée et Ie boulet n'est plus soutenu que par son ligament suspenseur. Nous en verrons plus tard les conséquences ; faisons seulement ob- server, pour Ie moment, que Ie bourrelet décrira une courbe antéro-postérieure a concavité inférieure. Le même fait se produira sur la sole ; elle décrira la même courbe, en l'exagérant plus ou moins, soule- vant l'os du pied en avant, en le faisant pivoter sur sa pince. Comme conséqucnce générale, encastelure, pied dit pingard et en outre boulets affaissés ou re- lacliés et genoux arqués. |
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36 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
3° Quartier interne trop bas ou externe trop haut.
Dans co cas, Ic cylindrc se trouvc inclinc latóra-
lement sur l'horizon, les deux quartiers ne sont plus perpendiculaires au sol, Ie quartier interne formo avec lui un angle aigu qui cntrave sa dilata- tion dans la marclie, Ie quartier externe, au contraire, formant un anglc obtus, verra son mouvement d'écar- tement s'accentuer, il deviendra plus fort au fur et a mesure que l'autre deviendra plus faible; mais, tandis que Ie quartier externe se dilatera, pendant l'appuijdans Ie sens de l'élasticité normale, Ie quar- tier interne se resserrera a chaque foulée, en com- primant les parties sous-jacentes. Le cartilage in- terne, chassé du sabot sous la pression de la paroi, viendra faire saillie sous la peau a la couronnc, la barre correspondante se placora de champ, faisant disparaitre les derniers vestiges d'élasticité dans cette partie ; le pied deviendra généralement panard. 4" Quartier externe trop bas ou interne trop haut.
Ce cas, de beaucouple plus rare, produit des effets
différents, mais qui sont loin d'être opposés, comme on pourrait le supposer. En effet, le cheval qui a un quartier du pied trop bas se trouvc soUicité a unc flexion transversale des articulations; comme cette flexion est impossible, le cheval y suppléc par une torsion et une position du membre qu'il choisit, sui- vant sa conformation, pour éviter la douleur. L'un, qui a la poitrine étroite, le coude au corps, les arti- culations un peu grêles, se soulagera en portant la pointe du pied en dehors et quelquefois en écartant un peu les membres ; il fera un panard. L'autre, a la poitrine large, le coude en dehors, les articu- lations puissantes et réfractaires aux torsions, se |
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DK LA DÉFOnMATlON ET DE LA OONFORMATION 37
campcra Icgcremcnt du devant, la pointe du picd en
dcdans ; il icra un cagneux. Certains chevaux, principalement ceux de gros
trait, a pieds un peu évasés, avec des talons bas ou éculcs, devonus doulourcux sous l'influencc du fer a cpongcs qui leur est appliqué la plupart du temps avec une ajusture entolée, etc, reportent, pour se soulager, l'api^ui sur la pince ; ils engagent alors Ie mombre sous la masse et deviennent ce que l'on appclle Ie cheval sous lui. Je nc veux pas nier ce dcfaut comme naturel, dans certains cas ; mais il y a tcllemont d'acquis dans l'état do ceux que nous observons chaquc jour, et on produit sur eux de telles amóliorations par la rectiflcation des aplombs et une ferrure rationnelle, qu'il est bien difïicile de dire, dans Ie défaut qui nous occupe, quelle est la part de la nature et celle de la mauvaise ferrure. Dans les pieds postérieurs, les offets ne sont pas
les mcmes, parco que la conformation étant diffé- rente, Ie cheval fuit la douleur d'une autre maniere. Ainsi l'animalpcut, en fléchissant ou redressant son jarret, tendre plus ou moins les tendens flechisseurs et se soulagor a volonté. Il arrive même, dans cer- tains cas, a pouvoir se dispenser de marcher sur la sole, comme dans Ie pied pingard. En résumé, on veri'a que les déformations varient
a l'infini, mais qu'elles ne sont qu'une seule et même affection. Ainsi, Ie pied dit panard sera encastelé, par
exemple, du quartier interne; Ie pied plat sera en- castelé du haut et avachi du bas, etc, etc. Outre cos cas, isolés ou combines, nous verrons
Ic pied et ses cartilages décrire une courbe antéro- postérieure a concavité inférieure dont l'cxagération est Ie pied pin^ard (cette déformation existe sur Ie |
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38 LE PIED DU CHEVAL ET SA FEBRURE
pied antérieur comme sur Ie pied postérieur, quoi-
que Ie cheval soit forcé de marcher a plat); ou bien la courbure sera ouverte en haut avec une série de phénomènes dont la dernière expression constituera la fourbure chronique. En tout cas, lorsque l'un des quartiers plus haut
que l'autre force Ie membre a un pivotement quel- conque, celui-ci n'oscille plus dans un plan parallèle a l'axe du corps ; il revct une marche spéciale a chaque cas, qui permet de reconnaitre, a une grande distance, qu'un cheval en mouvement n'a pas les pieds parés d'aplomb. Nous avons vu c[ue l'élasticité normale n'existe
que sur Ie pied vierge. Elle est a peu pres telle que l'a décrite Bracy-Clarck, sauf la fonction de la barre qui, s'aplatissant sous la pression du membre, écarté les talons et devient l'organe actif du mouvement, au lieu de n'être qu'un organe passif cédant a la traction des talons qui s'écartent. Or, chaque modi- fication, si insignifiante qu'elle soit, apportée dans Ie mécanisme du pied et du sabot, a son retentis- sement sur les mouvements d'élasticité qui varient ainsi a l'infini, etarrivent, non-seulement a s'annuler entièrement, mais a fonctionner dans un sens tout a fait opposé. Peur bien se rendre compte do ces modifications,
il est indispensable que nous définissions d'abord, d'une faQon précise, ce que nous appcUerons la conformation et la déformation. Quelle que soit la conformation du poulain qui
nait, cheval de course, boulonnais ou mulassier, Ie bourrelet» nous Ie répétons a dessein, est perpendi- culaire a l'axe du sabot — conformation — et ce- pendant plus tard ces animaux auront des ongles bien différents : |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 39
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L'un, Ie cheval de course, qui a la phalange petite,
une corne épaisse, peu de poids pour affaisser la voute de son sabot, aura une tendance au resser- rement, et, selon que cette modification s'exercera sur tel OU tel quartier, l'animal deviendra panard ou cagneux ; les barres se redresseront, se placeront do cliamp, les talons acquerront une grande hauteur, la voute se creusera, la fourchette s'atrophiera, los modifications du bourrelet seront évidemment iden- tiques ; c'est l'encastelure — déformation. L'autre, Ie mulassier, par suite du volume de son
sabot et de la largeur normale de sa phalange, suite do la conformation que nous lui avons imposée, ne pourra jamais subir la même modification ; la barre, n'ayant pas la même résistance a cause de son apla- tissement et do son étendue, tend a s'affaisser de plus en plus, sous Ie poids du corps, la voute s'ava- chit, Ie bourrelot se rétrécit d'autant, Ie pied devient conique, les quartiers n'étant plus parallöles, les fibres do la corne sont divergentes — déformation. Un poulain vient au monde avoc une poitrino
largo, les coudes en dehors, les pinces seront légè- rement tournees en dedans; par conséquent l'animal sera cagneux par conformation, en admettant que Ic pied reste normal. Mais, a cóté de ce poulain, un autre nait avec des membres parfaitement paral- löles ; plus tard, sous l'influence d'une cause quel- conque, lo quartier se resserre, Ie pied n'est plus symétrique, l'animal sera cagneux par déformation. Nous verrons donc que la conformation primitive
du cheval sera une cause presque forcée de telle ou telle déformation, par exemple qu'un cheval do course n'aura pas plus de tendance a avoir un pied plat que Ie mulassier un pied encasteló a talons hauts. . |
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40 LE PIED nu CIIEVAL ET SA FERRURE
Voyons donc quclquos cas parmi los plus sail-
lants : Supposons un pied a talons fuyants : dans ce pied,
les talons, pour une causo quelconque, se trouvent éculés; ils s'allongent considérablement, la pincc devient plus oblique, lo bourrelet se rapproche de riiorizontalo ; los fibrcs cornécs, par conséquent, nc sont plus 25orpendicidairos au bourrelet, leur surfacc de sécrétion; les barres redressées sont a peu prés de champ et décrivcnt une légere courbe antéro- postórieurc. Les cartilages, cbassés du sabot par l'obliquitó du talon, ne forment plus en arrière leur coussin élastique. Les mouvements dus au méca- nisme primitif sont complètement annihilés et Fclas- ticité, dans ce cas, n'est plus qu'unc élasticité do tissus. Cette déformation est, en général, produite par
des talons trop hauts sur un cheval un peu long jointé. Les talons soulagés ont poussé plus que la pince, mais comme ils sont gênés par Ie fer dans leur avalure, les ondées cornées, au lieu de rester parallèles, ont formé en quelque sorte des coins antéro-postéricurs dont les pointes convergent a la pince. Il faudra on pareil cas bien peu de choso pour produire la fourbure chronique. Sur une autre conformation, les momes effets auraicnt produit une autre déformation. Prenons maintcnant un pied antéricur a talon
interne trop bas, sur un cheval qui se pose en pa- nard : Ie membrc, dans ce cas, n'est plus parallèle a l'axe du corps; il fonctionnera d'arrière en avant el de dedans en dehors. Au moment du poser, la mamello externe, qui est la partie saillante du pied, atteindra d'abord Ie sol, il se produira sur ellc un pivotement qui nc ccsscra qu'a l'appui complet du |
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DE LA DEFORMATIGN ET DE LA CONFORMATIGN
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picd ; Ic poids du corps viendra porter en entier sur
Ic talon interne qui est lo plus bas ; puis, sous l'in- iluonce de cette surcharge, ce talon ne poussera plus et s'éculera. Les deux quartiers, qui primitive- ment formaient chacun un angle droit avec Thorizon, se déformeront : Ie quartier interne, dans l'appui, ne fera plus avcc Ie sol qu'un angle aigu, qui rendra son écartement impossible et produira lo redresscment de la barre; Ie quartier externe, au con- traire, formant un angle obtus, se dilatcra outre mesure et, au bout d'un certain temps, l'élasticité se traduira par un exhaussement du quartier interne et un abaissement du quartier externe, produisant entre eux une espèce de va-et-vient alternatif. Inutile de dire que lo talon interne, refouló en haut, changera de place en entrainant avec lui Ie cartilage corres- pondant. Ce mouvement sera encore facilité par la fente qui se produira entre les deux talons. Chez les poulains et les chevaux qui ont Ie pied a
peu prés complet, cette fente n'existe pas; mais aussitót que lo pied se déforme et surtout se res- serre, lo bourrelet se trouve trop long pour l'enve- lopper. Cet exces de longueur vient se noyer dans un angle rentrant qui se forme entre les talons et les deux branches de la fourchettc et qui est d'autant plus profond que Ie rétrécissement duipicd est plus accentué. Dans Ie pied a quartier externe trop bas, cas beau-
coup plus rare que Ie precedent, lo pied atteint Ie sol par sa mamelle interne. Le pivotement se fait, suivant la conformation, de dehors en dedans ou do dedans en dehors, mais comme ce mouvomont n'est |
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42 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
pas aussi facile quo dans Ic cas precedent, Ie choval
n'est plus aussi a même de se soulager et les consé- quences en sont habituellement plus graves. Cepen- dant, il porte ordinairement la pointe du pied en de- dans et Ie mcmbre se mout tout d'une pièce. Les conséquences, comme déformation, sont, commo dans l'autro cas, Ie chevauchement des talons, Ie redressement de la barre et les déformations du bourrelet, variables suivant l'intcnsité de la cause et Ie plus ou moins d'clévation des talons. Le pied plat, quoique l'opinion contraire soit gó-
néralemcnt admise, est assurément celui qui est le plus facile a rclablir et a utiliser, parce que tous les organes qui le composent sont au complet et n'ont subi qu'une sortc d'affaissement. Que le pied plat, sauf les cas d'exagération ex-
treme dans la déformation, soit soigné convenable- ment et ferré intelligemmcnt, l'animal fera assu- rément sans souffranco un excellent service. Au bout d'un certain nombro de forrures, le sabot, régé- néré par le bourrelet, ne sera plus reconnaissable. Dans le pied plat, la déformation la plus sérieuso
consiste dans la différence du pourtour a la couronne et au bord plantaire. Le pied étant conique, les fibres sont divergcntes, les talons sont fortement reployés en dessous, la fourmilière est forcée, commo nous le vorrons plus tard ; alors le pied, n'étant plus soutenu d'une maniere complete, affaisse la voute et los barres, le bord de la sole se soude avec la four- chette et le tout ne forme plus qu'une semelle inerte et sans mouvement; l'élasticité a disparu. , Dans le pied encastelé, les barres sont de champ,
c'est-a-dire placéos perpendiculairement au sol. Le pied conserve souvent la forme cylindrique primi- tive, mals les talons se sont rapprochés, soit d'une |
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DE LA DÉFOBMATION ET DE LA CONFORMATION 43
maniere egale, soit d'unc maniere inégalo. La four-
chette est refoulée en avant, la fente du sabot est tres profonde. La sole placée dans un espace beau- coup plus restreint est fortement voussée en dessus ; lo cheval marche par conséquent sur une boulo en avant et, en arrière, sur deux lames tranchantes. L'os du pied est profondément modifié. Les extrémités postérieures sontrapprochóes ; les cartilages, chassés hors du sabot, forment a l'extérieur deux lames dures, rigides et plus ou moins tordues en dedans. Quand un talon se trouve beaucoup plus resserró quo l'autre, la barre correspondante devient a l'inté- rieur d'autant plus saillante et plus tranchante, s'in- crustant dans Ie pied et rendant la marche généra- loment tres douloureuse. Le pied encastelé se présente presque toujours
avec des talons tres hauts et verticaux. La courbe antéro-postérieure formée par les phalanges est tres prononcée et inévitable a la suite du soulèvement de l'os du pied par la voussure de la sole. Comme les barres sont de champ et inflexibles, la pression qui s'exerce sur le haut des quartiers en dóterminc 1'écartement supérieur et le rapprochemcnt inférieur. C'ost le mouvement de l'élasticité normale et co que Perrier, qui n'avait étudió que des talons trop hauts, appelait la force contentive. Lo défaut que nous venons d'étudier, lorsqu'il se
produit sur le mcmbre postérieur, rend le cheval pingard. Quelle que soit la déformation du sabot, elle a été
généralemcnt amenée par un vice d'aplomb ou un vice de ferrure, et dans les deux cas il y a, comme nous l'avons dit, un changement dans la direction du membre, occasionné mécaniquement par le vice lui- même ou bien par une douleur dans la marche ou |
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44 LE PIEn DU CHEVAL ET SA FERHURE
dans l'appui, doulour que l'animal cherche a óvitor.
Si Ie dófaut d'aplomb amèno la llexion ou Tcxtehsion exagérée d'une articulation quelconque, l'animal la rectifie instinctivement et dans la limite du possible, en rcportant unc partie du mouvement sur unc au- trc articulation indolore. Il en résulte qu'a première vue, on voit qu'un cheval marche d'une fagon spé- ciale, en immobilisant lo jeu d'une ou de plusieurs articulations douloureuses, co qui fait diro journel- lement que tel cheval a les ópaules chcvillcos, qu'il y a de la raideur dans Ie gonou ou Ie boulet, etc. Si l'on veut un exemple frappant do tout cela, il sufïït de voir passer un cheval de fiacro fatigué : les membres antérieurs fonctionnent tout d'une pièce, on dirait que la moitic des articulations est anky- losée. Dans d'autres cas, quand Ie défaut porto sur
l'aplomb latóral, Ie mombre fonctionne en dohors do son j)lan d'oscillation; Ie choval qui trousse, dont lo pied part d'un point faux on dohors ou on dedans de ce plan, y rentre aussitót qu'il est leve, lo dépasse, y rovient et billardera, par exemple, d'une maniere exagérée. Uno autre fois, il fauchera, etc, etc. Celui qui a des actions ordinaires et moins élevées se con- tente de ployer lo genou en dohors, puis Ie membro se porte tout d'une picco en avant, attaque Ie sol par lo point en saillio de son sabot, pivote plus ou moins, suivant lo cas, ot finit par s'y appuyer tout cntier, mais tout cela péniblement et avec une appréhension qui exprime la souffrance redoutée. Ce mouvement de latéralité et de torsion d'articulation peut, quand Ie cheval fait un petit service, ne pas êtro tres doulouroux; mais aussitót que la fatigue se produit, cettc torsion de l'articulation, toujours dans lo même scns, amcne des douleurs intolórables. On |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 45
peut s'en rendre comptc en róflcchissant que tel
cheval qui fora, par cxemple, une quarantaine de kilomètres, en supposant qu'il fasse un mètre a chaque battue, subira quarante mille fois la même torsion dans la même articulation, et on s'expliquera bien facilement alors ces dilatations des capsules synoviales, ces périostoses aux attaches des liga- ments tiraillés, etc, etc. Avec un pou d'habitude, il n'y a rien de plus facilo que de voir, a une grande distance, sur un cbeval en marche, que Ie pied a óté pare de travers, sans toutefois pouvoir préciser, do loin, l'endroit du pied oü réside Ie défaut. Sur les membres postérieurs, Ie résultat est iden-
tique. La plupart du temps, après une fausse coupe du pied, Ie cheval rapproche les pointes des jarrets, en ccartant les pinces du pied. Certains chevaux de gros trait seuls, dont los fesses tres développées rendent ce mouvement impossible, rapprochent les pinces en écartant les jarrets. Presque tous ces chevaux pivotent sur la pointe du pied et sont plus OU moins pin^ards. On remarquera aussi que la conformation du
jarret permettant au cheval, par une flexion plus ou moins forcée, d'égaliser les tensions des tendens et de modifier la flexion des articulations, celui-ci en use presque toujours. En effet, il est assez rare de voir un cheval, au bout d'un certain temps de ser- vice, conserver ses aplombs réguliers du derrière. La plupart ont redressé l'articulation du boulet, de fagon que la ligne droite antérieure du canon se prolonge jusqu'a la pince du pied, après avoir fait disparaitre entièrementl'angle mótatarso-phalangien. Ceci tient encore a une autre raison que nous ver- rons plus tard. Parmi les causes de boiterie, la principale consiste
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46 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
dans les défauts d'aplomb, occasionnés par une
coupe défectueuse du sabot, qui en fausse les fonc- tions et en amène la déformation. Ce vice, inherent en quelque sorte a la ferrure frangaise, dépend surtout de la facjon dont on tient Ie pied pendant l'opération de la ferrure. Pour parer instinctivement Ie pied d'une fagon reguliere, celui-ci devrait être levé dans un plan parallèlc a l'axe du corps, c'est- a-dire dans son plan d'oscillation, au moins pour Ie pied antérieur, dont nous nous occupons en ce mo- ment. Or, ce qui a fait pendant si longtemps l'en- gouement pour la ferrure anglaise, c'est que l'ou- vrier, tenant lui-même Ie pied entre ses jambes, sans l'élever beaucoup, se rapproche sensiblement de ce principe. Le teneur de picds francais, au contraire, léve le pied tres haut, et d'autant plus haut que l'ouvrier est plus grand et le cheval plus petit, puis le membrc est tiré brutalement en dehors, pour permettre au ferreur d'oporer. Ce défaut est encore exagéré par la courroie dont le teneur de pieds se sert pour se soulager. Il dcvra même tirer ce pied plus en dehors pour un cheval a cótes rondes que pour un cheval plat, le ferreur se trouvant, dans le premier cas, plus éloigné du plan médian. Or, dans ce mouvement d'abduction forcée, le quartier interne vient s'offrir en saillie au boutoir du ma- róchal qui, croyant mettrc son pied d'aplomb, l'abat outre mesure et de telle fagon que le pied, aban- donné ensuito a lui-mêmo, se trouve beaucoup plus bas du dedans que du dehors. Le premier effet de ce défaut, outre les dóformations qui en seront la conséquence, est de rendre la plupart des chevaux panards et de les faire marchcr d'une fagon qu'on appelle encore « marchcr a la frangaise ». Ajoutons que le marcchal, maniant son boutoir toujours avec |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 47
la même main, parera les deux pieds plus ou moins
do travers et d'une maniere inégale, suivant qu'il se sort de sa main droite ou qu'il est gaucher. J'ai vu des chevaux, ferrés par certains maréchaux, user moitió plus do fors d'un pied que de l'autre, ce qui était Ie résultat de ce fait que Ie pied droit ou Ie pied gauche était toujours plus de travers que l'autre. Pour lo pied postérieur, les efïets sont diamétra-
lomont opposés : Ie pied postérieur, qui oscille normalement d'avant en arrière et de dehors en dodans, dcvrait otre leve, pour rester dans ce plan, on lo rapprochant légèroment de l'axe du corps ; au lieu do cela, Ie membre est tiré violemment et tout d'une pièce en dehors, la région digitée se pré- sentant forcément dans la flexion, par suite de la fermeture do l'anglc du jarret qui en rend l'extension impossible. La encore, Ie pied sera d'autant plus do travers que Ie maréchal sera plus grand, qu'il lèvera par conséquent Ie pied plus haut et Ie portera davantago dans l'abduction. Nous avons vu, en effet, que, par suite de la différence d'épaisseur des con- dyles qui torminent inférieurement les rayons osseux, chaque articulation du membre, en se fléchissant, mot en jeu une sorte d'excentrique qui fait porter en dehors Ie rayon suivant, et cela d'autant plus que l'articulation est plus fléchie. En outre, une aug- montation dans la flexion du jarret accentuant égalemont celle do la région digitée, Ie sabot, porto de plus en plus en dehors, apparait au maréchal dans une position tollement fausse qu'il sera fatalement pare de travers ; mais comme Ie quartier externe, dans cette torsion du membre, vient s'offrir Ie pre- mier au boutoir du maréchal, c'est lui qui habituel- Icment so trouve abattu outre mesure. Ce défaut |
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4ö LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
peut être porté a des limites incroyables, surtout si
Ie maréchal, voyant son cheval l(3gèrement panard, veut rectifier suivant Ic principe qui prescrit, en pareil cas, d'abattre lo quartier externe ; il tombe alors dans un cercle vicieux qui peut l'amener a des différences de 4 ou 5 centimètres. Si les chevaux ont des différences excessives
dans l'épaisseur des deux quartiers d'un mcme picd, il n'y a pas d'autre cause que la différonce de hau- teur de ces mêmes quartiers. Pourquoi, sans cela, un cheval, qui a presque toujours Ie quartier externe du pied antérieur plus fort que l'intcrne, aurait-il Ic défaut opposé sur Ie pied postérieur ? Ge que nous vonons de dire, a propos des défauts
d'aplomb, n'aurait encore qu'une gravité relativc, si Ie mal n'était pas aggravé par la maniere dont la ferrure est pratiquée. Ce qui préoccupe avant tout lo maréchal, ce n'est pas que l'animal soit a son aise et ne souffre pas ; pourvu qu'il no boite pas trop fort au sortir de la forge (et encore !), Ie reste lui est fort indifférent. Ce qu'il veut, avant tout, c'est que son pied soit ferré proprement. Pour y arriver, il ne se donnera pas la peine d'ajuster un fer ayant la forme du pied, surtout si ce picd n'a pas une belle tournure. Son ouvrage naura.it pa.s d'oeil, et puis il y perdrait du temps, en admettant qu'il put Ie faire, ce qui n'est pas toujours tres facile. Voici la plupart du temps comment on procédé :
Chaque ouvrier possède une tournure de fer dont
il se départit peu, a moins de cas exceptionnels. Co fer se rapproche plus ou moins de la forme circu- laire, en s'éloignant en proportion de l'ellipse, qui représente une coupe obliquo a 55" opéróe dans Ie cylindro corné. La pince du sabot est fortement óchancrée, lo fer, appliqué a chaud sur Ic pied, est |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 49
remonte autant que possible, en frappant sur la
pince avec les tenaillcs, pendant que les branches des tricoises Ie maintiennent sur Ie pied ; puis, après Ie coup de boutoir donnó sur la paroi, pour faire porter, Ie fer ost rcfroidi, limé et fixé sur Ie pied; puis, finalement, la rapé vient enlever les deux mamelles qui font saillie de chaque cóté du pingon, Ie quartier interne pour empêcher, soi-disant, Ie choval de se couper, et la paroi externe pour simuler la garniture. L'opération n'a pas été longue et, aux ycux du public ignorant, elle a été parfaitement exécutéc. Or, voici en quelquos mots les principaux défauts de cette maniere de faire : La face plantaire d'un sabot, qui n'est pas trop
déformé et qui est pare d'aplomb, représente uno cllipso dont la paroi forme Ie pourtour ; c'est sur cette paroi seulc, et dans toute son étendue, que doit s'opérer l'appui. Chaque partie qui en sera supprimcc ou affaiblie reportc forcément les poids sur les portions qui sont restées intactes, et toujours en proportion du défaut. Dans de telles conditions, Ie sabot surchargé, dans un point, de toutes les pressions qui devaient s'exercer sur les parties sup- primées, se dcformera en comprimant les parties internes. La douleur, si elle n'est pas tres vive, ou plutut si cUo s'exerce également sur les deux pieds, n'occasionnera peut-être pas de boiterie, mais l'ani- mal, gêne, souffre, fausse ses aplombs, fatigue ses membres et enfin arrivo a une usure anticipée. Le fer, comme nous 1'avons dit, se rapprochc
plus ou moins de la circonférence. Il a, en outrc, tres souvent les óponges nourries, non pas que le fer ait été toujours forgé ainsi intentionnellement; mais dans ropération do l'ajusture, après que le pingon a été leve, que l'ouvrier a ajusté la pince et les ma- 4
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melles, ces parties se trouvent forcément et incons-
ciemment amincies, Ie fer a des éponges nourries a la fin de l'opération. Pour arriver a Ie placer, l'ou- vrier abat la pince et laisse les talons hauts. C'est Ie défaut que nous avons signalé comme Ie commen- cement de la flexion et devant amener, par ses conséquences mécaniques, des chutes sur les ge- noux. Il est, en outre, augmenté par Ie défaut d'ajus- ture du fer. Le sabot a été pare a plat, mais la sole n'a pas étc
évidée et porte en plein sur le fer, a moins que celui-ci, ajusté en creux ou en bateau, ne represente des plans inclinés convergeant vers le centre, sur lesquels les quartiers et les talons glissent en se rcsserrant, comme au fond d'un entonnoir, annihi- lant toutc espèce d'élasticitc dans le sens normal et la faussant de la maniere la plus absolue. La pression continue et s'exagère par l'affaissement des parties du sabot qui reposent sur le fer, et les chocs la ren- dent douloureuse ; pour se soustraire a cette souf- france, l'animal prend un« position qui le soulage, mais souvent il redresse son boulet ou porte le genou en avant. Dans le premier cas il dcvient bou- leté, et arqué dans le socond. La fourchette que l'on a respectée porte souvent
sur le .sol, quand la chose est possible. Or la four- chette, qui n'est qu'un frein destiné a limitcr l'ex- tension du sabot dans la marcho, ne doit pas servir de point d'appui. Ce n'est pas en vain qu'on change la destination d'un organe ; du reste, il est facile de se rendre compte que, la barre étant obliquc et son bord supérieur fixé a la fourchette, se servir de celle- ci comme d'un point d'appui, c'est, a chaque pas, refouler en liaut la sole et la barre, que l'on re- dresse, en forgant les talons a s'incurver en dcdans |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 51
pour arriver a l'appui. Or, ce mouvement est Ie ren-
versement complet de l'élasticité normale du sabot; les inconvénients en sont assurément nombreux et, parmi eux, on peut placer la seime au premier rang. Souvent l'ouvrier omet d'évider la sole et de la
soustraire au contact du fer; c'cst une faute, grave surtout si elle se produit a la partie postérieure de cette sole engagée entre la barre et la paroi, car elle y produit habituellement la, bleimo, mcurtrissuro fort commune des parties internes, dont nous par- lerons plus tard. Quand Ie fer a été ajusté sur Ie pied de la fagon
défectueuso et trop ordinaire dont nous avons parlé, il arrive que l'ouvrier, implantant son clou dans des parties de paroi amincies, risquo de piquer son chcval, ce qui n'arrive pas quand la paroi a été rcspectée et que Ie fer a la tournure du pied. Les clous, dcvant être implantés dans des direc-
tions souvent tres obliques, déplacent Ie fer, et l'on voit journellement Ie maréchal, pour Ic remettre en place, faire un levier avec ses tricoises et frapper a coups redoublés sur ses bords, s'inquiétant peu des tiraillements qu'il exerco sur Ie sabot et des com- pressions qui peuvent en être la conséquence. Sou- vent Ie fer est étampé jusqu'aux éponges; Ie sabot est alors immobilisé dans tout son pourtour, et Ie peu d'élasticité normale qui lui reste sera faussé ou renversé. Nous avons dit que lorsqu'un pied est mis de
travers, Ie quartier Ie plus abattu s'ócule et s'amincit. Dans ces conditions, il repose obliquement sur Ie fer, et Ie clou qu'on y implantera devra, pour ne pas piquer Ie chcval, avoir une afïilure tres accentuée qui lui fora décrire dans la corne, avant de sortir, une courbe dont la convexitó touchera aux parties |
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52 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
vives et sensibles du pied. Getto courbe s'exagérera
encore quand on rivera Ie clou, qui deviendra ainsi, pour l'animal, la cause d'une grande douleur et peut- être d'une boiterie. 11 nous roste les méfaits de la rapc. Celle-ci, au
lieu d'unir simplement les rivets, enlève inintelli- gemment toutes les portions de paroi qui nuisent h l'idéal que I'artisan s'est fait du pied et qui auraient été souvent bien précieuses pour y placer des clous un peu plus tard. Souvent même toute la paroi est ainsi dégarnie do son vernis protecteur. Il est a remarquer que ces faits no sont jamais
plus désastreux que sur des pieds malades, dont la paroi aurait du être respectée a tout prix. Nous avons dit que Ie sabot du cheval en domes-
ticité était soumis a une déformation susceptiblo de se traduiro d'une foule de manières différentes. Elle représente donc une maladie unique a manifestations diverses, mais en somme produites a peu prés par les mêmes causes et reclamant, par conséquent, Ic même traitement. Quand Ie cheval est jeune, au sortir des herbages, on peut, par une ferrure bien faite, conjurer toutes les misères qui s'abattent sur lui et abrègent si souvent sa carrière. Mais, quand l'animal a Ie sabot déformé profondément et depuis longtemps, on ne peut pas espérer lui voir reprendrc son état primitif. Le role du maréchal ne consiste qu'a appliquer une ferrure rationnelle faite pour le pied, quel qu'il soit, avec des aplombs irrópro- chables. 11 permettra ainsi au sabot de se régénérer, dans la limite du possible, et au cheval de faire, sans douleur, un long service. Vouloir, par des moyens mécaniques quelconques, rendre a un pied encastelc sa forme primitive est absolument impos- sible : l'os du pied est déformé, les cartilages dé- |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 53
places et ossifiés a leur base, ne font plus au sabot
qu'un moulo amoindri qui nc permettrait pas la dilatation du sabot sans désagrégation ni déchirure. Dans certains pieds avachis, se rapprochant, par
conséquent, du pied plat, il arrive souvent, quand la déformation n'cst pas poussce a l'excès, que Ton peut rétablir scnsiblemcnt la formc primitive. C'est que les organes contenus dans la boite cornée n'ont pas été ócrasés par la compression du sabot; ils ne sont que déformés et déplacés. L'encastclurc, considcrée généralement comme
unc maladic particuliere, n'est donc en réalité qu'une des formes de la déformation, s'opérant d'une ma- niere générale, avec rosserremont uniforme sur tout Ic pourtour du sabot. Le bourrelet, devenu beaucoup trop long par l'amoindrissement du pied, décrit une courbe ondulant de haut en bas ; habituellement il s'abaisse en pince, remonte sur les quartiers et redcscend en arrière pour s'enfoncer dans la fente postérieure qui est profondc. Les barres sont com- plètcmcnt de champ, par conséquent inflexibles ; a l'intérieur, leur hauteur est inégale si les deux talons ne sont pas serres d'une maniere uniforme. Les cartilages, chassés hors du sabot par son rétré- cissement, viennent faire saillie en dehors. Dans le pied panard, l'encastelure (si on veut lui
conserver ce nom) ne se produit que du cóté interne, qui se trouve plus ou moins resscrré. Le bourrelet, en eet endroit, est beaucoup plus élevé, quoique le sabot soit trop bas du même cóté : c'est que ce quartior, surchargé a la suite de son abaissement, ne pousso plus qu'a sa partie supérieure, sans avalure, et par une sorte do chevauchement avec l'autre talon. Inutilo de dire que l'encastelure établie sur le
({uarticr externe produira Ic pied dit cagneux. |
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54 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Le pied plat est généralement produit, sur les
pieds naturellement un pcu grands, par un faux aplomb et des fers a éponges fortos. Celui-la peut être considéró comme encastclc .sur son bord supé- rieur : les barres sont avachies, la voute do la solo affaissce et les fibres cornécs cmanant du bourrclet, devant descendre sur un cóne, no sont plus paral- lèles, prennent une direction autre que les feuillets podophylleux et ijroduisent forcément la fourmilièro. Ce pied, comme nous l'avons dit, est le plus faoile a régénérer d'une maniere asscz complete. Il est bicn entendu que le parallélisme des fibres n'est pas détruit par leur divergence en évontail, ce qui est impossible, mais par le simple enroulement de la paroi sur un pied plus ou moins coniquo. Le pied comble, n'étant que rcxagération du pied
plat, procédé des mêmes causes et se traite de la même fagon. Le pied pingard existe fréquemmont, aussi bien
sur les pieds de devant que sur les pieds de der- rière. Mais, le mécanisme du membre n'étant plus le même, le cheval qui a cette déformation sur un membre antérieur ne peut pas soustrairo son talon a l'appui et marche a plat. Ce défaut est produit par un rapprochement des deux talons qui font vousser la sole en haut. Cette solo reiirésonte, par consé- quent, une voute tres élevco et une courbe antéro- postérieure fortement accontuéo en avant. Si l'on suit, par la pensee, la direction de la fourchette, on verra que, dans certains cas, clle vicndrait aboutir, en pince, dans les environs du bourrclet; par con- séquent, Tos du pied, au lieu d'occuper sa place dans le sabot, se trouve refoulé et bascule en avant, le cartilage continuant Ia courbe en arrière. L'ani- mal, dans ce cas, marche littéralement sur une boulc |
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DE LA, DÉFORMATION ET DE LA GONFORMATION 55
qui comprimé l'articulation et lui cause de grandes
doulcurs. Quand la déformation se produit sur un mcmbro
antórieur, Ie paturon continuo en arrière la courbc commcncée dans Ic sabot, Ie boulct desccnd, for- mant avec la première phalange un angle qui se rapproche de l'angle droit; lo métacarpien no repo- sant plus, par conséquent, que sur les sésamoïdcs, Ie cheval, pour se soulager, porte habitucUcment Ie genou en avant. Sur Ie membre postérieur, Ie cheval flcchit Ie
jarret et, par la tension qu'il exerce ainsi sur Ie tendon fiéchisseur profond, arrive a marcher sur la pointe du picd. Ajoutons que la plus grande cause de cette défor-
mation róside dans l'application d'un fer étampé en cpongos, et que Ie fer dit pingard a du ctre appelé ainsi parce qu'il a toutes les qualitós requises pour produire Ie défaut dont il porto Ie nom. Cc n'cst peut-otre pas tout a fait Ie moment de
parlor do la fourbure, mais comme sa conséquence est de bouleverser les fonctions des organes régé- nératcurs du picd et d'amener la plus gravo des dcformations, nous allons en dire quolques mots. Nous ne parlerons pas des différentes causes qui amènent cette maladie a l'état aigu, telles que l'ali- mentation, lo travail, etc. ; nous dirons sculement qu'il existe généralement une prédisposition résul- tant de la conformation, ou plutót des dóformations antérieuros du pied. Ceci reviendrait a dire, par cxemple, que la déformation qui en rósulte, étant contraire a celle occasionnée par Ie pied pingard, nous sommes convaincu qu'il ne serait pas facile de voir succéder l'une de ces maladies a l'autre. La fourbure aiguë passé souvent a l'état chro-
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56 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRUBE
niquc, mais il arrivc tout aussi souvent qu'un
cheval faisant un service tres bénin se trouve tout a coup atteint de fourbure chronique sans cause appréciable. Laissons donc de cotc la fourbure aiguë pour nc
nous occuper que du mécanisme de la fourbure chronique. Le pied prédisposé a la fourbure chronique est un
pied dont la parol engrèno mal avec la corno podo- phylleuse. Dans ccrtains cndroits les feuillets sont longs, dans d'autrcs on rcmarque une fourmilière plus ou moins accentuée. Cet état de choscs est produit par unc dcformation du bourrelet qui, au lieu d'être perpendiculaire au rayon osseux qu'il entoure, se place obliquement en s'abaissant on pince. Dans ces conditions, les fibres cornécs qui émanent du bourrelet et qui, normalement sont per- pendiculaires a leur surface de sécrétion, poussent dans une direction oblique, croisent la direction des feuillets qu'ellcs dcvraient suivre, et ne les accom- pagnent qu'avec des tiraillements et dos désagrc- gations, surtout si le pied, étant plus ou moins plat, revêt la formc conique. Les choses étant ainsi, sup- posons une douleur quelconque dans le pied (et Ie fait est oommun), soit une compression par le fer. L'animal, pour se soulager, rcdrcssera son boulet en le portant en avant. Du mème coup, il accentuera fortement l'obliquité du bourrelet, soulagera les talons qui ne demandont qu'a croitre, et la partie flexible du bourrelet de pince, se trouvant refoulco en avant par le rayon osseux, décrira avec l'ancicnne paroi un angle plus ou moins ouvert qui serait la direction d'une nouvelle ondéc cornée, amorce d'un nouveau sabot, en admcttant que Ia pousse du bourrelet s'exécute sur tout son pourtour d'unc |
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 57
facon egale et uniforme. Mais il n'en est pas ainsi :
la poussée en talons s'établit -vigoureusement, attendu que cette partie du pied est la plus vivante et la plus facilo a congestionner ; de plus, les feuillots podophylleux y reposent sur la partie mal- lóable et flexible du pied représentée par les carti- lagos. Ceux-ci remontent lógèrement pour se mottrc dans la direction du bourrelet, auquel ils rostent perpendiculaircs, et l'avalure, dans eet endroit, peut ainsi se faire facilement. Il n'en est plus do mème dans les autrcs parties du sabot qui reposent sur les parties solides du pied. La, plus on va en avant, plus les deux couches do corno divergent, l'avalure devient presque impossible, la croissance s'arrête et les ondées cornées représentent alors comme une série de coins qu'on empilerait les uns sur les autres, toutes les pointes du même cóté. Mais, a ces phóno- mènes, il vient s'en ajouter d'autres a l'intérieur du sabot; l'os du pied, enlevé en arrière par la crois- sance exagóréc du talon, bascule en avant, appuie sur la solo par sa pointe et la défonce, en écrasant les parties molles intcrposées. Comme conséquenco de ce mouvement do bascule de l'os du pied, il se forme une séparation en avant, entre lui etlaparoi. Si Ic mouvement se produit lentement pour une cause quelconque, il y a une hypersécrction du fcuillet corné qui peut ainsi croitre et s'allonger, la désagrégation nc dépassant pas les limitos de sa croissance ; il se forme alors ce qu'on a appeló Ie coin de corne. Dans Ie cas contraire, il y a une séparation brusque dos deux parties de la corne de paroi et lo pied est enveloppé d'une énorme fourmi- lière. Il n'y a donc qu'une limite de temps comme cause do cos deux phénomènes si différents. Inutilc d'ajouter que Ie traitement, sauf plus ou moins de |
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58 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
difficultés, est exactement lo même. Lorsque la ma-
ladie est ancienne, les pressions, exercées en avant par la partie antérieure de l'os du piod, ont, comme conséquence, des phénomcnes qui viennent cncore aggraver la situation et diminucr les chanccs do guérison complete : c'est la résorption et Ie raccour- cissemont de la troisième phalangc en pincc. Pour ma part, j'ai vu un cas oü il ne restait de eet os que la surface articulaire, avec deux lambeaux insi- gnifiants sur les cótés. Il est facile de comprendre que, dans des conditions analogues, il est impossible de répartir les poids de facon a rectifier la sécrétion cornée et de refaire un sabot sur un moule absent. Lo raccourcissement de la phalange n'est pas, du reste, particulier a la fourbure chronique ; il se remarque dans plusieurs déformations, entre autres dans certains pieds plats, et il se rcconnait a l'abais- sement du bourrclet en pince. lei, comme toujours, toute modiflcation se produisant dans l'intérieur du sabot a son retentissement sur lo bourrelet, qui l'ac- cuse par une déviation particuliere. |
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DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION 59
CHAPITRE III.
DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION |
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La fourchetto cchaufféc. — La bleimo. — La soime. —
L'oignon. — Lc javart cartilagineux. — La forme. — Tarcs osscusos. — Tarcs molles. — Des efforts. — Los crcvassos. — Lc harpcr ou éparvin sec. |
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Après avoir vu tout co qui a trait principalcment
a la dóformation, il nous rcsto a énumérer uno série d'accidents qui on sont plus ou moins la conséquence. Au premier rang se trouve ce que l'on appelle la
fourchette échaiiffée. La fourchette échauffée est uno sécrétion caséuse, a odeur ammoniacale, se pro- duisant dans la fente postérieure du sabot. Nous avons dit que chaque fois que Ie piod se rétrécissait, la diminution d'étendue de son pourtour produisait uno trop grande longueur du bourrelet, que celui-ci dócrivait dans les partics antérioures certaines ondu- lations et qu'a la partie postérieure il se formait un anglc rentrant entre les deux branches de la four- chetto, oü ce supplément de longueur venait se loger. Or, la sécrétion qui s'établit dans cette partie n'est que la manifestation d'une production cornée incomplete. Ainsi, toutes les fois qu'un pied se dóforme et que la fente de la fourchette tend a s'accentucr, les partics qui s'y enfoncent, au lieu de |
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60 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
sccréter uno cornc sainc, ne sécrètent plus qu'unc
corne macérée et en bouillie. Par contre, un jjied qui se régénère et qui, par conséquent, rcmet a jour des parties qui étaient enfoncéos dans la fente du sabot et dont la scerétion ctait tarie, repasse, en scns contraire, par les mêmes phases, et la premicro manifestation do co fait est la production d'uno corne en bouillie qui précèdo cclle de la corne solide. La fourchctte échauffóe nest donc que Ie rcsultat d'une scerétion cornée incomplete ; elle est favorable ou dcfavorablc, suivant qu'ello est la première expres- sion d'une sécrétion qui renait ou la dernière d'unc sécrétion qui s'on va. La bleime est une maladie généralement fort
commune, occasionnée par une pression exagérée du fer sur Ie talon, surtout quand Ie pied est pare de ti'avers et Ie talon interne trop bas ; car il est digne de remarque que c'est presque toujours sur lo talon interne qu'clle se manifeste. En co cas, il se produit, par l'éculoment du talon, un rcnversoment des mouvements naturels d'élasticité, puis un pin- cement des parties molles entre la barre, la paroi déviée et Ie fer. Lo cartilage, refoulé en haut, fait disparaitro Ie tampon d'amortissement des chocs; viennent ensuito Ie redressement de la barre, l'obli- quité des talons, etc. Quoiquo la bleime no se pré- sente pas de la même fagon, suivant l'état du sabot et Ie redressement plus ou moins accentuó do la barre, nous no parlerons pas de cos différontes manifostations d'une même maladie, dont lo trai- tement est identique. Parmi les causes de la bleime, il en est une qui
est ccrtainement la plus frequente et la plus gravo et sur laquelle nous croyons devoir insistor : Aveo un pied a talons trop hauts, Ie quartier
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DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 61
interne plus bas et un fer a éponges fortcs, si un
chcval fait un service aux allures vives et sur un sol dur, les talons, qui sont en saillie, frapperont d'abord a terre, puis, après ce premier choc, ils serviront de point d'appui au pied qui pivotera sur cux d'arrière en avant, pour pouvoir appliquor sa pince sur Ie sol. Le choc se sera donc produit dans un seul endroit. A ce premier phénomène vient s'en ajouter un autre, car le mouvement se trouve décom- posé : en même temps que le pied roule sur lui- même d'arrière en avant pour mettre la pince a l'appui, il so produit un culbutage de dehors en dedans, mouvement de torsion qui fait que le plan médian du membre ne coïncide plus avec le plan d'oscillation. Dans cette position, tout le poids du corps repose sur le talon interne, le quartier se ferme, le cartilage remonte et le fer fait le reste, la meurtrissure se produit. Lorsque le maréchal, dans CCS conditions, a la précaution d'évider le pied, afin qu'il ne porte que par la paroi et l'arc-boutant, le mal n'est pas empêché, mais il se trouve souvent atténué. La bleime est une maladie assez rare quand la
ferrure est bien exécutée et on peut en avoir facile- ment raison, si ellc n'est pas poussée a ses dernières limites ou si le pied n'est pas absolument difforme. 11 suffit, pour cela, de la dégager en parant a fond la sole et la barre, sans toucher a la paroi, de mettre le pied bien d'aplomb et d'appliquer un fer conve- nable quand la plus forte douleur est passée. La seime est une fente du sabot interessant toutc
l'épaisseur de la boite cornée, a l'endroit oü elle se produit, et suivant généralement la direction des fibrcs. Ses lieux d'élection sont le plus souvent la pince, le quartier et la barre. <# , - |
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6$ LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
Cette affection est produite Ie plus souvent par
l'annihilation ou Ie renversement des mouvements normaux d'élasticité. Supposons un pied postérieur plus ou moins pingard ; l'os du pied, bascule en avant par la voussure do la sole, vient faire effort sur la partie supérieure et antérieure de la paroi do pince. Sous l'influonco de la dócomposition de mou- vement produite dans Ia région digitée par l'abais- sement du boulet et lo déplacement du paturon qui s'incurve et se rapproche do l'horizontale, la pros- sion de l'os sur la paroi se trouve encore exagérée. Ajoutons-y un fer étampó fortement en talons, im- mobilisant complètemcnt la boite cornée, la paroi finira par éclater en pince, malgré son épaisseur exagérée dans cette partie qui semblorait devoir lui faciliter la résistance et qui, au contraire, aide en- core a l'accident, par rinflexibilité et la rigidité qu'elle amène. La soime en quartier est la maladio du pied anté-
rieur et l'on pourrait presque dire du quartier in- terne. Que celui-ci soit trop haut, qu'il soit éculé, qu'il porte ainsi des poids exagérós, que les talons soicnt fuyants, Ie pied j^lat, etc, si, en outre, il y a plus OU moins de fourmilicre dans la partie, la seime sera facilitée. Dans la marche, Ie quartier qui peut êtro éculé se resserrera du bas, s'ouvrira du haut, s'amincira et, quand la résistance ne sera plus en rapport avec les pressions qu'il supporte, il se fendra. La seime en barre se produit généralement quand
Ie pied est déformé et doulouroux. En pareil cas, la nature, pour limiter les mouvements d'élasticité et même de flexion de tissus qui produisent toujours une grande souffrance, s'en défend en soudant la sole avec la fourchettc, qui nc forment plus qu'une |
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DES ACCIDENTS CÓNSÉCUTIFS A LA DÉFORMAÏION 63
pièce et immobilisent ainsi les diverses parties du
mécanisme. Los mouvcments du talon ne s'exerce- ront donc plus que jusqu'a la naissance de la sou- dure et, si la barre est redressée ou aplatie, placéo de champ et desséchée par la fièvre du pied, elle perd ainsi la plus grande partie de ses qualités de résistance et do cohésion ; elle se fendra en travers. Le traitement de la seime, sauf Ie cas d'accident
violent qui relcve de la chirurgie, consiste dans la destruction de la cause. A part quelquefois un petit coup de renette, pour Touvrir et empêcher les pin- cements, il n'y aplus qu'a appliquer un ter rationnel, permcttant ou rappclant les mouvements d'élasticitc normale du sabot. Ajoutons que le pincement produit dans la seime
en pince est souvent Ic résultat de l'cpaisseur exa- gérce de la paroi, renforcéo par la nature dans lo but de la défendre contre les pressions exagérées qui s'exercent dans eet endroit et doivont, tot ou tard, on amener l'éclatement. Or, quand la fonto s'est produite, que les deux moitiés du pied sont devonues, en quelque sorte, indépendantes l'une de l'autre, il se produit entre elles un mouvement lors- que le pied s'appuio sur le sol, sous rinfluenco d'uno cause quelconque : clous immobilisant les ta- lons, ajusture on creux, marcho sur la fourchettc, etc, etc, empêchant l'abaissement normal de la sole, le pied s'ouvre par le haut et la sole est béante ; quelquefois la partie externe est fermée, mais la seime est ouverte a l'intérieur comme par un mou- vement d'ouvcrture de compas. C'est donc au moment de l'appui, alors que le
pied rcposant sur le sol, la seime s'ouvre a l'inté- rieur, que les parties molles, refoulées par le pilon osscux, s'engagcnt dans la fcnte qui s'ouvre a l'inté- |
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64 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
rieur. Au moment oü Ie pied quitte Ie sol, les parties
reprcnnent leurposition primitive,la fente intérieure se ferme, en pinyant les partios molles engagócs dans son entre-baillement, amenant ainsi des acci- dents consócutifs. Il suffit souvent, pour combattre ces accidents, de
donner, comme nous l'avons dit, un léger coup de renette dans la longueur de la paroi. Il n'est mème pas bcsoin, sauf Ie cas de suppuration, d'aller jus- qu'au fond; en empêchant les bords extérieurs de la paroi de s'appuyer l'un contre l'autre, on empêchc du même coup Ia seime de s'ouvrir a l'intérieur et conséquemment de pincer les parties molles. Uoignon est une saillie formée sous la sole d'un
pied plat ou comble ; il est produit presque toujours par un fer ajusté en creux, et plus souvent encore par un fer couvert, dont la branche appuie sur la sole. Nous l'avons toujours vu ceder, assez faci- lemcnt, a la pratique d'une ferrure rationnelle. A propos du javart cartilagineux, nous n'avons
qu'unmot a dire : c'est que nous l'avons vu, presque toujours, se présenter sur un quartier resserré, creux, comprimant les parties sous-jacentes. Dans ces conditions, nous dcvons noter la difïicultó ou I'impossibilitó de guérison que nous avons ren- contrée. Par contre, nous avons trouvé une bien plus grande facilité en faisant disparaitre la défor- mation et les compressions. Il est bien entendu que nous ne parlons pas d'une opération. La forme se présente sous deux types différents :
Dans lo premier cas, de beaucouple plus commun,
la forme est produite par une déformation du sabot qui chasseles cartilages en dehorsdela boite cornée, oü ils se gonflent, s'ossifient et constituent ainsi la forme cartila.gineuse. Si, dans ce cas, elle porte |
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DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION 65
sur Ie bord du sabot ou qu'elle soit comprimée
dans son intérieur, les mouvements de la marche, determinant une pression plus forte, amènent une douleur intense. Dans cc cas, la ferrure et l'aplomb laissent presque toujours beaucoup a désirer. Une ferrure rationnellc, qui rcmet a sa place Ie bourrelet dévié OU déplacé, fait cesser habituellement les compressions, la forme devient indolore et la boi- terie cesse ; puis, petit a petit, on voit la forme diminuer de volume, on n'a plus a s'en occuper que pour surveiller la ferrure. La deuxième espèce de forme se produit sur les
os du paturon. Nous sommes convaincu que les tiraillements et les soulèvements du périoste, que les ligaments et les parties fibreuses exercent, sous l'influence des aplombs défectueux, n'y sont pas étrangers. Nous en dirons tout autant sur les exostoses des
membres et des articulations, quand celles-ci sont tordues en travers par un quartier du pied qui a quelquefois plusieurs centimètres de différence avec l'autre CépsLrvin, jarde, courbe, etc). Il existe une autre espèce d'exostose qui se trouve
a la partie interne du canon antérieur. C'est un suros Ijroduit par les chocs du pied opposé dans la marche. Nous en parlerons a propos du cheval qui se coupe. Nous avons dit que lorsqu'un membre n'est pas
d'aplomb, qu'il est dévié ou qu'une douleur vient en cntraver Ie fonctionnement régulier, l'animal trouve, dans une marche spéciale, un moyen de se sou- lager. Par conséquent, telle articulation ne faisant qu'un travail limité, Ie mouvement de l'articulation voisine est souvent exagéré. Il en résulte une grande fatigue, un endolorissoment de la partie, se tradui- sant par des lésions sur les difïérentes pièces du 5^
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66 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
mécanisme, dont les plus ordinaires sont les dila-
tations synoviales, au jarret, au genou et au boulet. Dans cette dernière région, la dilatation synoviale est assez commune, mais comme elle se produit concurremment avec l'effort de tendon, Veffort de boulet, et sous l'influence des mêmes causes, il nous suffira de dire quelques mots de ces causes pour dire du même coup l'étiologie et Ie traitement de ces diverses affections. Lorsqu'un pied est ferré avec des talons trop
hauts et qu'il a, en outre, des quartiers inégaux, il so produit dans Ie mécanisme une série de modifi- cations ayant pour conséquence diverses affections du membre, au nombre desquellcs l'effort de ten- don, l'effort de boulet, la molette se trouvent au premier rang. Quand l'aplomb est normal, c'est-a-dire la région
digitée formant avec Ie sol un angle de 55", lo canon est vertical et repose directemont dans les cavités articulaires de la première phalange. Ces cavités no forment, par Ie fait, qu'une partie de l'articulation, continuée en arrière par les grands sésamoïdes, soutenus en haut par Ie ligament suspenseur du boulet. Disons d'abord que toute cause qui tendra a faire fermer en avant l'angle métacarpo-phalangien rejettera l'appui du canon en dehors de l'articulation et sur les grands sésamoïdes mobiles, tiraillant ainsi Ie ligament suspenseur du boulet qui les sou- tient. Cet angle métacarpo-phalangien venant a se fermer et Ie canon restant vertical, il faudra forcé- ment que la première phalange se rapproche de rhorizontale. Lorsqu'un picd est ferré avec des talons trop
hauts, voici a peu prés ce qui se passé, sauf les mo- |
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DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 67
difications inhérentes a la conformation de I'animal
et a l'état de ses membres. La troisième phalange se trouvant calée et sou-
lovée en arrière, il s'opère, par ce fait, un rappro- chement entre les points terminaux des muscles fléchisseurs, avec relachement dans la tension de leurs tendons ; la soupente qu'ils forment en arrière de toute la région digitée ne soutenant plus qu'im- parfaitemont les parties qui venaient s'appuyer sur elle, il ne reste plus pour maintenir Ie boulet a sa place que lo ligament suspenseur du boulet. Or, celui-ci contenant une certaine quantité de fibres musculaires et du tissu fibreux jaune, ne peut sup- porter de pareilles tractions, il cède et se distend, l'angle mótacarpo-phalangien se ferme en avant, la première phalange se rapproche de l'horizontale, se dérobant ainsi a l'appui du canon qui ne peut plus occuper que la partie postérieure de l'articulation formée par les sésamoïdes. Cette décomposition de mouvement avait probablement échappé aux physio- logistes qui, considérant Ie levier phalangien comme formé d'une seule pièce, avaient formule Ie principe qu'en relevant les talons on soulageait les tendons. Mais, en dehors de l'aplomb normal, l'élévation du talon produit l'effet diamétralement opposé. En effet, Ic premier résultat d'une ferrure a talons trop hauts est un resserrement des talons et une incurvation antéro-postérieurc de la sole. Les barres, placées do champ par lo fait du resserrement et devenues rigides par leur position, continuent en arrière la courbe do la sole, présentant a l'appui Ie tranchant de leur bord supérieur. Il est inutile d'ajouter que Ie bourrelet lui-même participe a cette incurvation et décrit une courbe analogue a cello de la sole. Le cheval alors ne marche plus que sur une boule, la |
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68 LE PIED DU GIIEVAL ET SA FERRURE
troisième phalange est soulovóe en arrière, et la
région digitée tout entière se trouve placée dans unc position de demi-flexion, continuant en arrière l'incurvation présentée par la face plantaire du sabot, et décrivant une courbe antéro-postéricurc qui se terminera, comme nous venons de Ie dire, en rapprochant la première phalange de l'horizontalc et en formant l'angle métacarpo-phalangien. Plus tard, lo ligament suspenseur, place dans
d'aussi mauvaises conditions, s'enflamme violom- ment ou s'allonge seulement. Comme on Ie remar- que dans certains chevaux dits bas-jointés, les ten- dons des fléchisseurs sont a peu prés seuls chargés, dans ce cas, de constituer la soupente tendineuse. En raison de la fermeture de l'angle antérieur du boulet, produite par l'annihilation de l'action du suspenseur, ils se trouvent dans une position défa- vorable et tiraillés d'autant plus que, s'insérant a des longueurs différentes, leur tension n'est pas egale pendant Ie mouvement. L'effort de tendon se produit généralement dans de telles conditions. Ce que nous avons dit du basculement du canon
se rejetant directement ou indirectement sur les sésamoïdes, suivant que les deux talons sont égaux ou inégaux, donnera une explication suffisante, nous l'espérons, de la molette et do l'effort de boulet. Si l'on veut se rendre compte du mécanisme que
nous venons de décrire, la chose est des plus faciles : que l'on prenne un cheval ayant des articulations un peu flexibles, que l'on place sous son talon une forte cale, puis, levant Ie pied opposé, on constatera que, loin de relever Ie boulet, comme on pourrait Ie croire a première vue, l'angle métacarpo-phalangien se fermera, la première phalange se rapprochera de l'horizontale, et Ie boulet s'abaissera. Que, par con- |
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DES AGCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 69
trc, on place cette mème cale, et dans les mêmes
conditions, sous la pince, on verra Ie boulet se relever et Ie paturon se rapprocher de la verticale. 11 reste encore a signaler, comme consóquence du
pied a talons hauts, la distension de la bride liga- menteuse qui vient du boulet, en croisant d'arrière en avant la région phalangienne, bride qui s'insère a la partie antérieure de la troisième phalange, determinant automatiquement l'extension de la ré- gion digitée sur Ie mctacarpe. Cette bride relachóe, l'extension des phalanges perd de son énergie et de sa solidité, Ie pied flotte en quelque sorte au bout du rayon, et les chutes sur les genoux deviennent faciles et fréquentes. Dans l'expérience dont nous avons parlé ci-dessus, il serafacile de remarquer que cette bride sera violemment distendue, avec uno forte saillie sous la peau, quand les talons seront relevés, et qu'elle disparaitra dans Ie cas contraire. Les explications que nous venons de donner pour
lo membre antérieur no sont pas aussi importantes pour Ie membre postérieur. En effet, les tendens fléchisseurs pouvant être tendus par une flexion du jarret, Ie cheval fait de lui-mêmo, et instinctivemcnt, la rectification. C'est pourquoi, chez la plus grande partie des chevaux qui ont un peu de service, l'an- glo métatarso-phalangien a disparu et, a partir du jarret, la ligne droito antérieure du canon se con- tinue jusqu'a l'extrémité du pied. Si les pieds pos- térieurs échappent si souvent a la boiterie, c'est grace a cette disposition qui leur permet do s'en défendre jusqu'a un ccrtain point. Les pieds posté- rieurs sont souvent déformés outre mesure ; ils sont aplatis d'un cóté a l'autre, dans un aplomb généra- lement bien plus faux que les membres antérieurs, leur quartier interne a une épaisseur bien plus |
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70 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRUKE
grande que l'autre, la pince surtout acquiert quel-
quefois des épaissours exagórées ; d'autres marchent absolument sur la pince, leur ferrure laisse souvent beaucoup a désirer ; et malgré tout cela, l'animal marche quand memo, grace au mécanisme du jarret qui lui permet de s'accommoder aux différentes situations plus ou moins fausses qui lui sont faites. Dans certaines déformations, surtout quand Ie cartilage est en partie expulsé du sabot, il se forme en arrière du paturon des plis a la peau qui facili- tent singulièrement les crevasses. Cette prédispo- sition peut être bonne a signaler, car, a certains moments, elle permet de prendre des prócautions pour éviter une maladic souvent fort désagréable. Quelques mots sur Ie harper, autrement dit
épa.i'vin sec. Voila un nom malheureux, semblant localiser,
d'une maniere formello, l'affection dans Ie jarret et qui certainement a bien nui a son étude. Lorsqu'un cheval est atteint d'éparvin sec, a l'ins-
tant OU on Ie met en mouvement, il léve Ie membre postérieur avec une saccade violente, comme s'il venait d'arracher son pied collé sur Ie sol; de plus, Ie pied, par suite de l'effort qui vient d'être opéré, dépasse en hauteur Ie mouvement naturel. Voici dans quelles circonstances j'ai pu faire une étude particu- liere de cette affection : En 1875, mon regiment se trouvant en garnison a
Paris, il y avait dans un escadron un cheval atteint de deux éparvins secs tellement violents que sos pieds, dans la marche, se levaient jusqu'a la paroi abdominale. Cet animal, malgré des qualités sé- rieuses, étant inutilisable a la selle, avait été affecté au service du fourgon. Un jour, je trouvai ce cheval |
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DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 71
a la forge et, sur ma demande, on me répondit
qu'atteint dcpuis plusicurs annóos de crevasscs per- sistantes, on était obligé de lui faire de temps en temps un pansement a la liqueur de Villate. L'aspect de la crevasso me frappa, j'envoyai Ie cheval a l'in- firmerie et je pris dans la fente quolques poils que j'emportai chez moi, pour les examiner au micros- cope. Comme je m'en doutais, j'y trouvai Ie crypto- game caractéristique des eaux aux jambes. Le quartier externe du sabot était fortement éculé
Bt, comme conséquence, la peau du paturon faisait un pli profond a l'endroit de la crevasse. Pour rétablir, dans la limite du possible, le pied dans son état normal, régénérer le bourrelet et tendre par conséquent la peau malade, je supprimai le fer et mis le pied d'aplomb. Au bout de six semaines environ, mon cheval étant guéri de sa crevasse, je lo fis sortir pour l'envoyor a la forge. J'avoue que je fus fortement surpris en constatant la disparition complete de l'éparvin sec sur le pied traite. Il y avait la un problèmc dont je me mis immédiatement a chercher la solution. Je fis rentrer le cheval a l'ecurie et lo suivis. Co que j'avais fait me limitant le lieu occupé par le mal, je n'avais pas a m'égarer ailleurs. En y réfléchissant un peu, volei ce que je trouvai: Lorsque le jarret du cheval se fléchit, le tendon
fléchisseur, qui passé .sur la pointe du calcanéum, force, par la tension qu'il subit a ce moment, la flexion automatique de la région digitée. Par contre, si la région digitée se trouve immobilisée par une cause quelconque (comme dans un cas de crevasse, de priso de longe, etc), la flexion du jarret devient a peu prés impossible. Or, le cartilage latéral ex- terne ayant été expulsé du sabot par la déformation |
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72 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
du quartier ot rouló en volute a son bord supérieur,
vient s'arc-bouter contro Ia phalange correspondante et gênor la flexion; sentant un obstacle au lever du membre, Ie cheval inconscient Ie tire violemment, ie cartilage cède et Ie pied, par Ie fait de l'effort, dó- passe la flexion normale. Au bout de quelques instants, je sortis de mon
infirmerie et je fis part de mon observation aux vótérinaires qui se trouvaient la, MM. Jacoulct, Zimmcrman et Montagnac; je Icurmontrai Ie choval, leur faisant part de ma conviction et croyant pouvoir leur promettre une guérison semblable sur l'autrc membre et dans Ie même temps. Les faits répon- dirent complètement a ma pensee. Au bout de cinq semaines, Ie cheval n'avait plus rien. Je renouvelai I'expérience sur un autre sujet ei obtins Ie même résultat. Depuis, j'ai eu I'occasion d'observer un certain
nombre d'éparvins secs ; tous les membres qui en étaient atteints avaient Ie quartier externe fortement óculó par un faux aplomb ; lo cartilage affectait, chez tous, cette forme spéciale d'enroulemcnt du bord supérieur s'appuyant contre Ia phalange. Avec une certaine habitude, on peut reconnaitro au toucher Ic cheval atteint d'éparvin sec ou en ayant la prédis- position. C'est une erreur de croire qu'un cheval, chez
lequel on a fait disparaitre l'éparvin sec, doit a tout jamais en être preserve. N'oublions pas que, lorsque I'os du pied est aplati latóralement, que les cartilages sont ainsi rapprochés et quelquefois ossi- fiés, Ia maladie est incurable. D'un autre cóté, les modifications que l'on peut obtenir sont souvent si faibles, qu'en admottant qu'on fassc disparaitre l'éparvin en écartant Ie cartilage do la phalange, il |
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DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION 73
en restera tellement pres que la moindro faute dans
la ferrure l'y ramènera en faisant reparaitre tous les symptómes du harper. On voit fort souvent des chevaux a éparvins secs mis au vert en liberté re- venir plus ou moins guéris ; mais la maladie ne tarde pas a reparaitre avec les causes qui l'avaient fait naitre. Le cheval dont j'ai parlé plus haut continua a
marcher sans rechute, mais chaque fois que je voulais faire reparaitre l'affection, il me sufïisait do lui faire appliquer un fer ordinaire avec un clou dans le talon externe ; l'animal se mettait instanta- nément a harper. Le fer enlevó, tout rentrait dans l'ordro au bout de deux ou trois jours. Quelques années après le fait que je viens de
rapporter, je fus a même de faire une observation, incomplete il est vrai, mais qui cependant m'aurait absolument convaincu, si j'avais eu le moindre doute : Me trouvant un jour sur l'avenue des Gobelins,
je vis passer devant moi, se rendant a son service, un cheval cótier des Tramways-Sud, administration a laquelle j'appartenais alors. Ce cheval avait un membre en l'air, dans une immobilité complete, avec toutes les articulations rigides, comme dans le nas de certaines luxations de la rotule. J'arrêtai le conducteur qui, a mes observations, répondit que le cheval était toujours dans eet état, mais que dans le service il s'échauffait et marchait quand même. J'en pris le numero et demandai sa réforme. Deux jours après, je m'informai de eet animal et appris, non sans surprise, qu'il était atteint d'éparvin sec et que, quelque temps auparavant, j'avais manifesté l'in- tention de le mettre en traitement; mais le cheval, faisant tout son service, ne me fut pas présenté et sortit de ma mémoire. Au moment dont je parle, il |
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74 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
était déja vendu; je l'examinai avant son départ et
pus constater que Ie cartilage était enroulé d'une fagon exagérée, contournant la phalange qu'il calait en arrière. La cause était brutalement évidente. A froid, Ie membre était immobilisó et la flexion des articulations ne se rétablissait que sous rinfluenco des tractions énergiques et réitérées, rendant quel- que élasticité au cartilage déformé. Pour n'y plus revenir, j'ajouterai qu'en pareil cas,
je fais déferrer Ie cheval pendant un certain temps, je Ie mets minutieusement d'aplomb ; plus tard, je lui fais adapter un fer a lunette avec unc grande liberté du talon externe. Comme moyen de controle, j'ai fait fabriquer une
espèce de manchette en acier destinée a emboiter solidement Ie paturon d'un cheval pour en empêchor la flexion : en mettant l'animal en marche, il se produisait dans Ie membre les mouvements du harper OU la rigidité des articulations. On a souvent regarde la rayure transverse do
l'astragale et sa transformation éburnée, dans Ie cas d'éparvin sec, comme la cause de cette affection. Je suis absolument convainou que la rayure de l'astra- gale n'est pas une cause, mais un effet. Si l'on veut bien réfléchir que I'éparvin sec est produit par un vice d'aplomb tres grave, qui culbute et déforme Ie pied, on verra que l'appui, dans ce cas, est faussé, que les rayons ne sont plus a leur place (supposons Ie pied fixé au sol avec la pince tout a fait en dehors) et que les articulations ne pouvant pas se fléchir dans Ie sens de la progression, il est absolument logiquo que, dans quelques cas, ces flexions plus ou moins transverses amènent la rayure qui nous occupe sur l'articulation du jarret. |
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LE CHKVAL QUI SE COUPE 75
CHAPITRE IV.
LE CHEVAL QUI SE COUPE |
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Membres antérieurs. — Membres posterieurs.
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On dit qu'un cheval se coupe lorsque, pendant la
marche, il se frappe et souvent se blesse en diffé- rentes parties d'un membre, soit antérieur, soit pos- térieur, avec Ie pied ou Ie fer du membre opposé. Ce défaut a des causes multiples et des effets
variés : 1° Sur les membres antérieurs, Ie cheval se coupe
au paturon, au boulet, au canon, au-dessous du genou et quelquefois au-dessus. 2" Sur les membres postérieurs, c'est habituel-
lement en arrière et en dedans du boulet que Ie choc se produit, quelquefois aussi au paturon et a la couronne. Les causes qui amènent Ie cheval a se couper
produisent des effets différents, suivant sa confor- mation, la maniere dont Ie pied est taille, la ferrure qui y est appliquée, ses allures primitives, ses allures acquises, Ie service auquel il est employé, la facon dont il est conduit, Ie sol sur lequel il tra- vaille, son degré d'usure, la nourriture qu'il regoit, son état d'embonpoint ou de maigreur, sa fatigue, etc, etc. |
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76 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Posons d'abord en principe a peu prés absolu que
Ie jeune cheval, quelle que soit sa conformation, abandonné a lui-même, vierge de ferrure, ne se coupe pas; a moins peut-être que l'incurie de son maitre ayant laissó croitre les sabots outre mesure, OU qu'un maréchal inintelligent los ayant rognés de travers, il ne se soit produit dans los deux cas un véritable défaut d'aplomb, avec déformation du sabot; après quoi Ie mécanisme primitif de l'animal se trouvc faussó. Or, quand ce mécanisme est intact, les articulations des membres se fléchissent obli- quement en dehors, disposition qui s'oppose, avec Ic rhythme des allures, a la rencontre des membres pen- dant la progression. Il est vrai que quand ce même poulain aura étó ferré et sera soumis pour les pre- mières fois a un travail quelconquc, inhabile a ces allures que l'on reclame de lui et qu'il exécutera plus tard avec la plus grande facilitc, il se coupe et forge assez généralement. Mais, en dehors do cette cause générale momen-
tanée, il en est d'autres dont nous devons nous occuper, parce qu'elles agissent sur tous les ani- maux, a toutes les époques de leur vie et dans les conditions les plus diverses. Au premier rang, nous devons citer les défauts d'aplomb, c'est-a-dire les coupes du sabot qui ne sont pas parallèles k la, face plantaire du pied vivant. Ajoutons-y la trop grande brièveté ou la longueur exagérco de la boite cornée. Membres antérieurs. — Supposons d'abord les
conditions qui redressent la troisièmc phalange, inclinant sa face plantaire de haut en bas et d'arrière en avant: 1° Pince courte et talons hauts. — Si Ie cheval
est court-jointé et l'appui douloureux en talons, par |
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LE CHEVAL QUl SE COUPE 77
suite du resserrement et du redressement de la
barre se trouvant de champ, Ie paturon, pendant l'appui, se rapprochera de la verticale ; si l'animal est long-jointé, ce mouvement de défense lui sera impossible ; obligé de ceder a la pression, en raison do sa longueur, Ie paturon décrira unc courbe an- téro-postérieure amenée par la flexion des phalanges l'une sur l'autre, et Ie boulet se rapprochera du sol. Dans les deux cas, il aura quitte la place qu'il devait occuper normalement. Si, alors, il se trouve rap- proché du plan d'oscillation de l'autre membre, celui-ci Ie frappera dans un endroit quelconque dc- terminó par les diverses conditions que nous avons énumérées. 2" Pince longue et talons bas. — Si l'animal est
court-jointé, Ie paturon se redressera; s'il est long- jointé, les talons deviennent fuyants et Ie boulet s'abaisse, résultat presque identique a celui du cas precedent. 3" Quartier interne trop bas ou quartier externe
trop haut. — Si lo cheval a les coudes au corps, il se placera en panard, Ie boulet se rapprochant do la ligne médiane. Si, au contraire, l'animal est tres ouvert, il se placera plutót en cagneux. Dans les deux cas, l'axe dos articulations n'est plus perpendi- culaire au plan de la progression; Ie pied, posé en dehors de son appui normal, tordra les articulations en pivotant plus ou moins pendant qu'il est flxé au sol ; abandonné a lui-même au moment de son le- ver, il tendra mécaniquement a reprendre sa position au bout du rayon et dans Ie plan d'oscillation, mais ce plan sera dópassé dans un sens ou dans l'autre et il se produira soit Ie faucher, soit Ie billarder. Il y aura donc deux raisons pour que Ie cheval se |
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78 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
coupe : déplacement dans les diverscs parties du
membre a l'appui venant s'offrir au choc et chan- gement de direction dans les mouvements du mem- bre qui se meut. 4° Quartier externe trop bas ou quartier interne
trop haut. — Avec ce vice de coupe du sabot, le pied est quelquefois panard, le plus souvent ca- gneux; il présente habituellement une mamelle in- terne saillante venant couper outrageusement le membre opposé. Le service auquel est soumis l'animaletles allures
factices qu'on lui donne font varier la hauteur de l'endroit oü il se coupe. On comprendra sans peine qu'un cheval de selle auquel on impose des allures ou des mouvements plus ou moins fantaisistes, sur un terrain curviligne, sera plus exposé a se couper, toutes choses égales d'ailleurs, et se coupera dans d'autres endroits que ce même cheval attelé a une voiture légere, suivant une ligne droite a ses allures naturelles. Le cheval qui se frappe sur le canon y fait naitre des suros, généralement tres douloureux, accident sans gravité qui disparait ou diminue ordi- nairement après la rectification des aplombs et de la ferrure, sans traitement particulier. Membres postérieurs. — Le cheval se coupe sur
les membres antérieurs presquo toujours avec la mamelle, quelquefois avec le quartier, rarement avec le talon, attendu qu'au moment du passage du membre antérieur auprès de son congénère, les phalanges se rapprochent de la position d'extension, ce qui les fait rentrer dans le plan d'oscillation. Le membre postérieur, au contraire, est toujours dans la flexion (il est bien entendu que nous ne parlons pas des animaux estropiés dont lo mécanisme est |
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LE CHEVAL QUI SE COUPE 79
faussé); or, en ce moment, l'axe du cylindre repré-
senté par Ie sabot se rapproche sensiblement de l'horizontale; par conséquent, Ie bourrelet et Ie sabot passeront auprès du membre opposé avant Ie fer. Ce sont eux qui seront les agents actifs du choc ou plutót du frottement. Un fer ne débordant pas en dedans du cylindre corné passera, comme lui, sans toucher, a moins toutefois que son poids exagéré ou un défaut d'aplomb ne fasse dévier Ie plan d'oscil- lation. C'est donc une erreur de croire qu'on empê- chcra un cheval de se couper du derrière en lui mcttant un fer beaucoup trop étroit en dedans; on diminue ainsi la largeur de la base de sustentation, la fixité du pied a l'appui et on Ie fait pivoter sur Ie sol. De plus, ce fer, poussant la paroi en dehors, la fait évaser, la décoUe quelquefois et aggrave Ie défaut auquel il est censé remédier. Le cheval se coupe donc du derrière ou plutót se frotte avec le bourrelet ou la paroi du sabot; il peut se blesser avec un rivet saillant; mais, sauf le cas oü il dé- borde, le fer n'a jamais part aux méfaits dont on l'accuse. Les causes los plus ordinaires qui font couper un
cheval du derrière sont les défauts d'aplomb du sabot. 1" Quartier externe trop bas ou qusirtier interne
trop haut. — Le cheval, dans ce cas, se place le plus souvent on panard ; les jarrets, rapprochés dans la station, sont coudés ou redressés, suivant leur conformation; le boulet du membre a l'appui est tourné, par conséquent, en dedans ; il vient s'offrir au choc du membre opposé qu'il touchera d'autant plus facilement que, partant lui-même d'un point faux, il dépassera en dedans le plan médian. Si le cheval se place en cagneux, le pied a l'appui pivote |
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80 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
sur la pince, il se détermine un mouvement de laté-
ralitó dans lo boulct, et l'autrc membre Ie rencontre. 2° Qua.rtier interne trop bas. — Dans ce défaut
d'aplomb, les membres s'écartent, Ie cheval fauchc, les mouvements sont vacillants et ressemblent a ceux de la vache par l'écartement des membres se plagant l'un après l'autre dans lo plan médian, la croupe se berce et les membres s'entre-choquent aux allures vives. Il ne faut pas oublier, qu'en se ber^ant, un cheval rejette alternativement son centre de gravité sur chaque membre, par une forte oscillation late- rale ; or, ce membre a l'appui, dépassant souvent en dedans Ie plan médian du corps, est frappe au pas- sage du membre opposé. Souvent aussi il y a pivo- tement sur la pince, ou bien encore Ie membre est place en panard. 3° Les pinces trop courtes ou trop longues, les
talons trop hauts ou trop bas exercent, pour les pieds postérieurs, comme pour les pieds antérieurs, une influence importante dans la production du dé- faut qui nous occupe. Nous avons dit en quoi consistait la déformation
du pied pinQard. Ce défaut est Ie résultat Ie plus habituel d'un fer étampé en talons. Quoi qu'il en soit, la déformation qui en résulte fait que l'animal pivote sur sa pince au lieu de poser son pied a plat et Ie boulet, dans ce balancement latéral, vient s'of- frir aux coups du pied opposé. Enfin, touto souffrancc ou tout obstacle au fonc-
tionnement régulier du mécanisme des membres peut amener un cheval a se couper, soit on occa- sionnant un poser défectueux du membre a l'appui, soit en faisant varier les mouvements oscillatoires du membre qui coupe. Il est inutile de s'appesantir |
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LE CHEVAL QUI SE COUPE 81
sur chacunc do cos causes qui variont a l'infini.
Lo tout se résumé a cette simple formule : Re- chercher quelles sont les modifications subies par Ie mécanisme primitif et norma.1 de l'animal et trouver Ie moyen de se rapprocher de ce méca- nisme primitif dans la limite du possible. |
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82 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
CHAPITRE V.
LE CHEVAL QUI FORGE |
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Causes aénérales. — Róle de la ferrure.
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Lorsque, dans la-marche, un cheval entre-choque
ses pieds, on dit qu'il forge. Outre Ie cliquetis désagréable que ce défaut produit, il peut occa- sionner divers accidents, parfois assez graves. Les causes qui font forger un cheval sont nom-
breuses, c'est dire que leurs effets sont également variables, ainsi que les moyens d'y remédier. Etablissons d'abord que tout cc qui peut déranger
l'harmonic des mouvements d'un membre quel- conque, pendant la marche, peut amener lo cheval il forger. En effet, dans Ie mécanisme normal, les membres se meuvent avec un rhythme et une direc- tion fixes s'opposant a leur rencontre. Mais que Ie mouvement de l'un d'eux vienne a êtro accéléré ou ralenti, Ie sabot occupera, a un moment donné, un point autre que celui qu'il eüt occupé a l'état nor- mal ; or, si ce point se trouvc sur la ligne parcourue par l'autre membre, il y aura rencontre et Ie cheval forgera. Le point frappe variera avec la cause occa- sionnelle et mome avec son intensité ; ainsi le cheval atteindra avec la pince du pied postérieur différents |
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LE CHEVAL QUI FORGE 83
points du fer antérieur : la pince, la voute, les ma-
melles, les quartiers ou les éponges. Quand Ie choc a lieu sur la corne ou la peau, il n'est souvent pas perceptiblc a l'oreille, mais n'en est que plus dan- gereux ; il produit alors des atteintes sérieuses. 11 peut se faire que Ie pied antérieur lancé en
arrière et rendu a l'extrémitéde sa course oscillatoire vienne 1'rapper, par la pince de son fer, la partie antérieure de la muraille du pied postérieur venant Ie croiser en dessous, c'est alors ce pied postérieur qui est contusionné; on voit quelquefois, en pareil cas, la muraille de pince disparaitre complètement, et les chocs se produisant sur les parties vives mises a nu, y occasionnent des lésions et méme des gan- grènes de la plus haute gravité.- Tout Ie monde sait que certaines conform ations
prédisposcnt Ie cheval a forger, mais ce défaut est encore produit par tout ce qui peut apporter entrave a l'exercice des allures, de même que par les irré- gularités d'aplomb ou les déformations du pied. C'est presque toujours au trot qu'un cheval forge ;
cctte allure est, du reste, la plus habituelle et celle que l'on chcrche surtout a développer, a exagérer même, chez Ie cheval de service. Pour donner un apergu du grand nombre de
causes qui peuvent amener Ie cheval a forger, nous en énumérerons quelques-unes ; hotons d'abord les prédispositions résultant de la conformation : cheval trop court, membres longs (cortains arabes), crochu, sous lui du devant ou du derrière, épaule mal faite, canons grêles, croupc avalée, articulations faibles, rein défectueux; la fatigue, la faiblesse et la mau- vaise nourriture, Ie manque ou quelquefois même l'cxcès d'énergie ; puis viennent les pieds gros, les fers lourds, la pince trop courte ou trop longue, les |
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84 LE PIED DU CÜEVAL ET SA FERRURE
talons trop hauts ou trop bas, les pieds de travers ou
k talons fuyants; certaines déformations du sabot occasionnant Ie basculement de la troisièmc phalangc dans son intérieur ; certaines ferrures défectueuses ; les allures irrégulières ou exagérécs, surtoutsur une route qui monte ou qui descend. Quelques oxplications sont nécessaires pour faire
comprendrc Ie róle joué par les principales causcs que nous venons d'énumcrer dans la production du dófaut de forger. Plus un cheval sera court, et cela est évident, plus
Ie champ dcstiné au fonctionnement de scs membres sera restreint et plus ceux-ci auront de chances de se rencontrer; en outre, un exces dans la longucur des rayons viendra encore accroitre cette tendance. Si Ie cheval est sous lui du devant, Ie mouvement
du membre, limité en avant, sera d'autant plus pro- noncé en arrière que Ie vice d'aplomb sera exagéré, facilitant ainsi les chocs du pied postérieur, dont il se rapproche davantage. Le cheval sous lui du derrière ou a jarrets coudés
arrivera au même résultat en engageant outre me- sure sous la masse l'extrémité inférieure de scs rayons postérieurs. Une épaule plaquée, une croupe avalée, produi-
ront le même effet; ces vices de conformation ras- semblent plus ou moins, dans la station et, par con- séquent, dans la marche, l'extrémité des rayons anté- rieurs et postérieurs. 11 est une autre série de défauts de conformation
qui peuvent faire forger un cheval, en permettant aux rayons do sortir en dedans ou en dehors du plan d'oscillation : les articulations ou les reins faibles, les canons grêles, les tendons faillis ; ajoutons a ces faiblessos localos les causes générales qui produisent |
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LE CHEVAL QUI FORGE 85
aussi Ic flottement dos membres, telles que la mau-
vaise nourriture, la fatigue, Ie manque de forco ou même quelquefois un surcroit d'ónergie, qui agit alors en exagérant les mouvements normaux, sur- tout quand l'animal est retenu. Un pied gros termine souvent un membre grole,
il lui fait dépasser les limites de son oscillation. Abordons maintenant les méfaits de la marécha-
lerie : Puisquc nous avons établi que tout ce qui peut
déranger l'harmonie du mouvement des membres, soit en accélérant la course de l'un, soit en ralen- tissant celle de l'autre, soit en modifiant la direction de leur oscillation, peut amener leur rencontre, on comprendra facilemcnt que Ie sabot, avant de quittcr Ie sol, décrivant un are de cercle autour d'un point central représenté par l'extrémité de la pince, plus celle-ci sera longue, plus l'arc de cercle sera étendu, et qu'il en sera de même pour Ie temps nécessaire a l'exécution du mouvement. Par contre, une pince courte raccourcira lo rayon, l'étendue de la courbo et Ie temps du parcours. Dans Ie premier cas, Ie mouvement du membre sera retardé, dans Ie second, il sera avance. Des talons bas agiront dans Ic même sens que la
pince longue. Avec dos talons hauts, qui calent Ic sabot en ar-
rière, Ie mouvement du poser ne s'exécutant pas jusqu'au bout, les talons se trouvent déja soulevés au moment oü ils devraient seulement quittor Ie sol, Ie premier mouvement de la rotation du sabot au- tour do sa pince est ébauchó par Ie fait, Ie temps de son exécution supprimé et l'oscillation du membre avancée. Les pie^s parés ou ferrcs de travers, c'cst-a-dire
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86 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
ayant un quartier plus élevó que l'autre, déplacent
complètement la direction des articulations et, par conséquent, Ie plan d'oscillation du membro. La encore, il y aura dérangement dans l'harmonie du mécanisme et Ie cheval pourra forger. Il est bien entendu que tous les défauts d'aplomb
dont nous avons parlé peuvent être produits aussi bien par une coupe défectueuse du sabot que par des inégalités d'épaissour dans les différentes partics du fer: pinces ou branches fortes, éponges, crampons. Un fer trop lourd charge l'extrémité du membro,
s'opposo a son fonctionnement régulier et l'entraine souvent dans sa course hors du champ qu'il devait parcourir. Un fer dont Ie poids des branches est tres inógal
charge un quartier bien plus que l'autre et fait dévier Ie membre do sa direction. Un fer couvert agit par son poids et par la large
surface qu'il offre au choc, surtout si l'animal forge en voute. Un fer étampé trop en talons rend Ie pied dou-
loureux, diminue la franchise de son appui sur Ie sol et la rectitude de ses mouvoments. Un fer a deux pingons latéraux agit dans Ie même
sens, déforme en outre la boite cornée et en amène l'aplatissement latéral; la voute de la sole se creuse et fait basculer l'os du pied ; cepondant cette ferrure est Ie procédé classique employé de temps immé- morial pour empêcher les chevaux de forger, sys- tème défectueux et incendiaire, qui produit ou aggrave Ie mal dont il dissimule simplement la manifestation bruyante ; on a voulu supprimer un léger cliquetis de fer qui était peut-être du au jeune age ou a l'action momentanée de toute autre cause, et on a produit ou enraciné un défaut. |
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LE CHEVAL' QUI FORGE 87
Quand un cheval se déferre en forgeant, il est a
peu prés certain qu'il sera referré avec des fers trop courts, diminuant la base de sustentation, suppri- mant l'appui en arrière et occasionnant des défor- mations, telles que les talons fuyants. D'autres causes pcuvent encore amener un cheval
a forgcr. Il suffit de citer Ie jeune age, la paresse, un temperament lymphatique, etc, en un mot tous les états qui font qu'un cheval s'abandonne plus ou moins pendant la marche et contribuent a la sup- prcssion du tride des allures. Ajoutons l'usure du devant ou du derrière, les chevaux détraqués, les allures défectueuses, causes qui agissent sur Ie rhythme, la cadence ou l'harmonie des mouvements. Tel cheval forge quand il est monté et ne forge
plus a l'attelage et vice versa. Tel autro qui forge aux allures vives ne forge pas aux allures rac- courcics. Nous pouvons en dire autant du cheval qui trotte dans les montées et dans les descentes. Indiquer et expliquer la cause qui fait forger un
cheval, c'est lui donner un remede en permettant do la supprimer. Nous en parlerons au chapitre de la ferrure. |
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88 LK PIED DU CHEVAL ET SA FERUURE
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CHAPITREVI. I,
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DES APLOMBS «
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Coupe transversale. — Coupe antéro-postérieure.
Membres antérieurs. — Membres postérieurs. |
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Après avoir posé en principe que Ie sabot du
cheval doit toujours être pare parallèlement a la face plantaire du pied qui s'y trouoe contenu, il fallait indiquer des points de repère pour y arriver mathématiquement ot sans erreur. Ces donnécs ron- ferment deux parties distinctes : la première indi- quera la coupe transversale a faire du sabot, c'cst- a-dire la hauteur relative des deux quartiers; la seconde donnera la coupe antéro-postérieure, c'est- a-dire Ie rapport qui devra exister entre la longueur de la pince et la hauteur des talons. Si l'on opérait toujours sur un picd vierge, la
chose serait élémentaire : il s'agirait simplement de conserver la même hauteur aux deux quartiers pour obtenir l'aplomb transversal, et un angle de 55" formé par la pince et Ie sol nous donnerait la coupe antéro-postérieure. Mais, dans la pratique, il est loin d'en être ainsi : tels chevaux ont les picds irrégu- lièrement déformés; chez l'un lo quartior cxtorno est plus élevé que l'autrc ; chez tel autrc on remar- |
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DES APLOMBS 89
que Ic défaut contraire. La plupart du temps, la
déformation qu'on remarque dans Ie pied antérieur dst tout a fait différente de cclle qui affecte Ie pied postérieur; un troisiöme a des pieds inégaux, l'un plus OU moins évasé, l'aUtre a talons hauts. Le pro- blcme consistera donc alors a dóterminer la position du pied, dans un sabot quelconque, et quelle que soit sa déformation, afin que, dans la coupe qui devra en être faite, la semelle cornée alt partout la même épaisseur. Pour nous servir d'une comparaison qui rende mieux notrc pensee, l'animal se trouvera ainsi place dans la, mênic position d'aplonib que s'il était privé de ses subots. En effet, on comprondra, dans une hypothese semblable, que si un cheval était posé dans la station sur un sol plan horizontal, les tendons cxtenseurs et fléchisseurs seraient dans leur tension normale, et qu'il en sorait de même des rapports dos articulations, des ligaments, etc, en un mot, que le membre tout entier aurait une po- sition irréprochable pour sa conformation. Il est bien entendu que nous réservons les cas oü des maladios des différentcs parties du mécanisme em- pêcheraient l'appui de s'effectuer régulièrement. Nous avons donc a prendre des points de repèrc oxacts pour arrivor a co résultat et en faire ensuitc l'application. Plus tard, nous déterminorons quel doit être le for qui respectcra, dans la limite du pos- sible, les fonctions physiologiques du pied. Occu- pons-nous d'abord de l'aplomb transversal : Un plan partageant par le milieu, et dans le sens
longitudinal, Vos du canon et les tendons fléchis- seurs, partagera également toute la région digitée placée dans Vextension libre, cest-a-dire sans être appuyée sur le sol et abandonnée completement a elle-même. Ensuite on mènera, par la pensee, per- |
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90 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
pendiculairement a ce plan de flexion du membre,
un plan qui, passant par la face plantaire du pied, déterminera, sur les talons et les quartiers, la coupe qui doit être faite du sabot. La fourchette est parallèle au sol dans Ie pied
vierge; elle est fixée par sa pointe sous los du pied qui lui donne un point d'appui inflexible. Ses branches, au contraire, sont fixées sur les parties postérieures du pied, nayant pour point d'appui que Ie coussinet plantaire et les cartilages latéraux, parties flexibles et tres modifiables. Or, la fourchette, suivant ces parties dans tous leurs déplacements, nous indiquera, par sa direction, la coupe antéro-postérieure que l'on devra faire dans Ie sabot, dont l'angle de pince doit être normalement de 55°. Passons maintenant a l'application de ces prin-
cipes : Membres antérieurs. — Prenons, par exemple,
Ic pied droit. L'opérateur, place a l'épaule du cheval et faisantfaco en arrière, soutiendra horizontalemont |
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de la main gauche, sans efforts et en ouvrant les
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DES APLOMBS 91
doigts, Ie canon par son nmilieu dans la direction du
jarret correspondant, c'est-a-diro parallèlement a l'axe du corps, l'avant-bras du cheval restant, autant que possiblc, vertical; il placera son ceil au-dessus du canon, en Ie rapprochant autant que possible de l'épaulo du cheval, de maniere a mettre Ie rayon visuel dans Ie plan passant par Ie milieu du tendon fléchisseur et du métacarpien principal, qui n'est autre que Ie plan d'oscillation du rayon. Ce plan sera ensuite prolongé, d'un coup-d'cBÜ, jusqu'a la face plantaire du sabot, dont la coupe devra lui être per- pendiculaire. Il va sans dire que l'opérateur changera de main
pour Ie membre opposé. On peut encorc examinor l'aplomb du pied d'une
autre fagon ; c'est Ie procédé que j'employais primi- tivement et que j'ai changé, comme trop incom- mode : Ie teneur de pied, soutenant Ie canon dans la même position que s'il voulait vérifier lui-même l'aplomb, l'opcrateur lui fait face et, mettant les deux mains ouvertes sur chaquo cótó du canon pour avoir Ie sentiment do sa position, il vérifio la coupe du sabot. Mais, pour opérer ainsi, il est obligé de s'accroupir et de se mettre, en partie, sous Ie ventre du cheval, sans quoi il lui faudrait porter Ic membre dans l'abduction, ce qui lui donnerait un renseignement absolument faux. Il reste maintenant a dóterminer et arrêter défini-
tivement un deuxième plan qui, se confondant avec Ie premier, dont nous n'avons, par Ie fait, que deux points, donnera la hauteur respcctive de la pince et des talons. Le but a atteindre est de placer la four- chette parallèlement au sol, dans lo sens longitu- dinal; cellc-ci, dans les diverses dcformations du pied, dovenant convexe, concave, exuberante, atro- |
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92 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
phiée, déviée en dcdans, en dehors, on s'occupcra
exclusivemcnt de sos deux extrémités, afin d'évitor les causes d'crreur : 1° Un point pris sur la pointe de la fourchotte,
parée ou supposée parée a fond ; 2° Un point pris a roxtrémité opposóe de l'organe,
dans Ie plan médian, autrement dit a la partie termi- nale de la fentc du sabot, dans Tendroit oü finit la peau et oü commonce la corne. Ces deux points réunis par la pensee donneront
une direction dont on devra se rapprocher autant que possible dans la coupe antéro-postórieure do la boite cornée. Membres postérieurs. — La coupe du membre
postérieur se fait d'après les memes principes; ce- pendant il y a une légere différence dans l'appli- cation : Ie membre antérieur est examinó dans l'ex- tension, tandis que Ie membre postérieur ne peut s'examiner que dans la flexion, ce qui revient a dire que l'on peut faire une coupe vraie du sabot anté- rieur, tandis que la coupe du sabot postérieur doit ctre légèrement faussée. En effet, nous avons dit que lorsqu'une articulation des membres se fléchis- sait, il y avait une légere déviation en dehors, par suite de l'épaisseur différente des condyles ; or, si l'on faisait une coupe droite dans un membre fléchi, celui-ci, rentré dans l'extension, aurait Ie quartier interne beaucoup trop bas. Voici donc comment il faut opórer : Ie pied est leve par un aide, comme ])our ferrer l'animal, Ie canon tenu vcrtica.lemcnt; l'ocil, place pres de la pointe du jarret, on opérera comme pour Ie membre antérieur, mais en con- Kcrvant au quartier interne un excédent de hauteur de quelques millimètres, qui peut varior légèrement |
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DES APLOMBS
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suivant la maniere dont Ie pied est tenu, et dont on
SC rcnd compte facilement avec un peu d'habitude. |
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VfN-
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S'il était possible de bien placcr Ie jarret du cheval
dans l'cxtension, il est évident que Ie pied devrait êtro pare régulièrement, comme Ie pied antérieur. Tout ceque nous venons de direparaitrapeut-être,
de prime abord, assez compliqué ; mais, dans la pratique, tous ces détails que nous avons été obligé de donner, pour cviter les erreurs, se résument en un simplo coup-d'oeil. Lorsque Ie pied est tenu par l'aide, il arrive que
Ie canon ne se trouve pas dans une direotion verti- cale. Pour Ie redresser, on appuiera une main sur la partie interne du calcanéum et l'autre sur la partie externe de l'extrémité inférieure du canon; puis on fora effort en sens opposé jusqu'a ce que Ie membre soit dans la direction voulue ; mais, dans aucun cas, on ne toucbera aux phalanges, qui doivent toujours rester absolument libres; la pression qu'on exerccrait sur elles les ferait dévier et l'on n'ob- tiendrait plus que des résultats faux. Notons, en outre, que, dans aucun cas, on ne
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94 LE PIEU BU CHEVAL ET SA FEBRURE
fera attention a la place occupée par la fente posté-
rieure du sabot; celle-ci, n'étant qu'un fait patholo- gique, occupo des positions différentes toutes les fois qu'un quartier se trouve plus resserré que l'au- tre ; ceci, aussi bien pour Ie pied antérieur que pour Ie pied postérieur. Cette maniere de parer Ie pied se résumé, comme
nous l'avons dit, en une simple formule : Parer Ie sabot de fagon que la coupe inférieure soit paral- lèle a la face plantaire du pied qiii s'y trouve contenu. Cette maxime est unique et absolument obligatoire. Cependant si, par hasard, on se trouvait en présence de quelquc pied estropié, avec des arti- culations malades et déviées, qu'on nc puisse pas remettre immédiatement d'aplomb sans inconvénient, on ajournerait Ic redressement absolu du membre, MO bornant a y arriver progressivement. Nous ajou- terons que cesménagements, qui peuvent être néces- saires, a un moment donné, dans la coupe antéro- |)Ostérieure du sabot, pour éviter un brusque chan- gement de direction dans la poussée de l'ondée cornée, ne s'appliquent jamais a la coupe transver- sale, qui devra toujours, a tout prix et séance te- nante, être remise dans son état normal, en sup- pléant a un manque de corne par une inégalité correspondante dans l'épaisseur du fer. |
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DU FEft
CHAPITRE VII.
DU FER |
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Forme du fer. — Ajusture. — Garniture. — Des crampons.
— Du pin(,'on. — Fer frangais. — Ferrure Cliarlier. — Fer anglais. — Fer arabe. — Fer russe. — De l'appli- cation du fer. |
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La ferrure étant, comme on l'a dit tres justement,
un mal nécessaire, beaucoup de gens, en lui ch^r- chant des palliatifs, ont inventé une foule de fers plus bizarrcs les uns que les autres, ayant chacun des défauts qui leur sont particuliers et dont les'* qualités plus ou moins négatives au point de vue de la forme, resident surtout dans l'application qui en est faite et les circonstances qui peuvent la favoriser ; cxemple : *; Une boiterie se déclare sur un cheval ferré d'une
maniere quelconque : on lui supprime généralement la ferrure qui Ie faisait souffrir et on lui applique un fer d'un autre systèmo qui, n'ayant pas les mêmes défauts que Ie precedent, soulage l'animal; mais Ie fer de remplacement ayant aiKJsi des défauts qui lui sont particuliers, il n'est pas rare de voir, si on en continuo l'application, succéder a la période de sou- lagement une boiterie plus intense et plus tenace que celle qu'on a fait disparaitre. Les défauts op- |
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96 LE PIED DU CUEVAL ET SA FERRURE
poses des deux fers se sont, en quelquo sorte, neu-
tralisés, jusqu'au moment oü Ie second aura produit la boiteric qui lui est propre. Supposons un cheval ferré avec un fer ordinaire
fortement ajustc sur les branches : les talons, glis- sant l'un vers l'autre sur les plans inclinés conver- gents forméspar les branches, se resscrrent, et l'ani- mal boite. Un fer a planche Ie soulagcra peut-êtrc instantanément, par la seule raison qu'il n'a pas d'ajusture et que son application a supprimé la cause de Ia souffrance ; mais Ie fer a planche a d'autres défauts qui se manifesteront bientót; on aurait donc pu ne pas l'employcr en se bornant a effacer l'ajus- ture du premier. Il y a, en maréchalerie, une règle absolue : eest
que, dans Ie cas de boiterie ou de souffrance, on doit s'adresscr d'abord aux causes, avant de s'occuper des effets qui se trouvent sur un plan secondaire ; et cependant ce n'cst pas toujours ainsi que les choses se passent : tel cheval, par exemplc, a los pieds ■parés de travers, Ie membre se meut alternativement en dedans et en dchors de son plan d'oscillation normal, il se touche a l'intérieur du canon et les chocs réitérés y produisent un suros douloureux, avec boiterie. On cherchera peut-être a faire dispa- raitre l'exostose par des frictions, des fondants, des feux, etc, mais ce sera en vain, puisquc la cause du mal existera toujours. Remettez l'animal dans son aplomb normal : sa marche étant rcctifiée, Ie mem- bre rontrant dans son plan d'oscillation, les chocs ne se produiront plus, Ie suros disparaitra tout seul, a moins que Ie sujet ne soit vieux et la lésion ancienne. En tout cas, la boiterie cessera avec Ia souffrance qui l'avait fait naitre. En sommo, il est parfaitement inutile, sauf quel-
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DU FER 97
ques cas exccptionncls et fort rarcs, do chcrcher,
dans la simple application d'un fer quelconque, la guérison de lésions produites par un autre fer, car un ouvrier habile pourra ferrer un cheval quelconque avec tous les systèmes de ferruro, s'il sait, dans rapplication, faire disparaitre les défauts particuliers inhérents a chacun d'eux. Avant de parier des divers modes de forrure, exa-
minons rapidement les parties du fer qui, dans sa fabrication, sont susceptibles de modifications, in- fluant plus OU moins fortement sur les qualités et les défauts de la ferrure : La forme. — La forme du fer ajusté doit être la
reproduction du pourtour inférieur du sabot, sauf rcxtrémité des éponges qui doit déborder légèrement en dehors pour permettre aux talons, habituellement resserrés, de s'y mouvoir et rétablir ainsi la largeur de la base de sustentation. Il est bien entendu que, Ie fer devant s'adapter a un pied pare d'aplomb, c'est-a-dire représentant une coupe oblique dans un cylindro, cc fer brut dcA'ra lui-même être assez clliptique et s'éloigner de cette forme arrondie que l'on ne voit que trop souvent. La couverture, qui comprend la largeur du fer,
devra toujours être assez restreinte. Le fer couvert a d'énormes défauts qui ne sont compensés par aucune qualité : il est lourd, facilite les glissades, se fausse quand il est un peu usé et vient porter sur la sole ; les glissades qu'il facilite le font user plus vito ; il a toujours besoin d'une grande épaisseur : c'est un mauvais fer. L'épaisseur du fer peut être quelquefois assez
forte sans inconvénient; niais, comme dans ce cas, le cheval frappe du talon, surtout aux allures vives, 7
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98 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
la fer dégagé et épais devra toujours être aminci
progressivement en éponges. L'ajusture, constituant une incurvation de la face
supérieure du fer, devra toujours être réduite a sa plus simple expression et se borner a empêcher Ie fer de porter sur la sole. On a l'habitude de relover légèrement la pince,
ce qui n'a pas une importance aussi grande qu'on Ie suppose. Cette incurvation de la pince est dcstinée, soi-disant, a empêcher Ie cheval do buttor et a lui faciliter la rencontre du sol; mais, si l'on regarde des fers dont l'usure est reguliere, on s'apercevra qu'ils sont usés a plat, et que ceux pour lesquels il en est autrement ont pcché par l'application ou Ic défaut d'intégrité du mécanisme de l'animal qui les a portés. L'ajusture entólée est la chosc la plus désas-
treuse pour Ic pied du cheval, quel que soit Ie cas qui ait motivé son application. Elle présente des plans inclinés convergents, sur lesquels lo picd glisse en se resserrant, laissant en haut du glacis la paroi et les clous; elle fabrique rapidement toutes les déformations les plus graves. L'ajusture en bateau cxiste lorsquo les branches
du fer, au lieu d'être droites d'un bout ii l'autrc, présentent une courbo antéro-postérieure qui fait rouler Ie pied et rond l'aplomb vacillant. Cette ajus- ture peut cependant s'appliqucr quelquefois avec avantage, quand il est impossiblc de parer Ie picd d'aplomb d'un bout a l'autre, mais avec les modifi- cations suivantes : Supposons un sabot ou, pour une causc quel-
conque, la pince vient a manquer; on ménagcra scrupuleusement Ie point oü se fait Ie changement |
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DU FER 99
de direction, parant a plat a partir de eet endroit
jusqu'a rextrémité des talons ; c'est sur cette partie scule que devra marcher Ie cheval. Le fer sera ajusté comme si le sabot était complet d'un bout a l'autre ; puis, a l'endroit oü la pince se relève, les deux branches du fer seront ployóes de fagon a le faire coïncider avec la corne. La partie relevée en avant ne servira qu'a l'implantation des clous et se rcdressera au fur et a mesure que la corne poussera. On se sert tres souvent d'un fer semblable pour les pieds a fourbure chronique. On dit qu'un fer est ajusté a éponges renversées
quand ses branches, au lieu d'être droites jusqu'a l'oxtrémite, sont relevées de fagon a empêcher leur contact avec le talon. Cette pratique, au dire de ccux qui l'exécutent, a pour but d'empêcher les bleimes. Il suffit de considérer la fagon misérable dont marchent les chevaux qui sont ferrés de cette fagon, pour se faire une opinion sur sa valeur. Nous avons dit plusieurs fois, et nous ne saurions trop le répéter : le fer devra toujours avoir, dans la limite du possible, le contact le plus intime et le plus étendu avec la paroi et los talons. L'ajusture anglaise consisto a laisser le fer a plat
et a enlovor au marteau la partie interne de sa face supérieure qui pourrait porter sur la solo. Cette ajusture, faite légèrement sur le fer francais, est une excellente choso. La garniture e.st cette partie du fer qui déborde
autour de la paroi. Dans la pratique ordinaire, on voit souvent des pieds oü la garniture commence au pingon antérieur pour continuer, en s'accentuant, le long du quartier externe jusqu'a l'extrémité de 1'éponge. Sur le quartier interne, au contraire, le |
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100 LE PIED DU CIIEVAL KT SA FEIUU RE
fer est rentré et la paroi qui déborde est enlevée a
la rapé, sous prétexte d'empêchcr Ie cheval de se couper. Nous avons dit que, règle générale, Ie quar- tier interne est plus resserré et plus faible que l'externe ; Ie quartier interne se trouvc, par consé- quent, surchargé (nous admettons même que Ie pied est d'aplomb); dans ce cas, la garnituro en dehors a pour résultat d'élargir cette portion de la base de sustentation, d'accentuer la différcnce qui existe entre les deux moitiés du diametro du pied et, par conséquent, d'augmenter encore la surchargé du quartier interne. Les étampures sont des trous creusés dans Ie fer
pour y implanter des clous qui Ie fixent. Leur forme varie suivant les pays. L'étampure frangaise est carrée et a une forme pyramidalc plus ou moins allongée. Une étampure bien faito doit être assez allongée pour traverser presque complctement Ie fer. Un clou a collet court ne pénètre pas profondément, sa tête s'use rapidement et lo fer, n'étant plus sou- tenu, tombe quand il n'est qu'a moitié usé. Le clou frangais a sur tous les autres un avantage
énorme : la forme de l'étampure permet, a un mo- ment donné, d'incliner le clou pour aller chercher la bonne corne; en outre, les mouvements qu'il peut exécuter dans l'étampure, facilitent les fonc- tions de l'élasticité du pied. On peut se rendre compte de ceci en appliquant convenablement un fer a pingons obliques, qui soUicite les mouvements de va-et-vient du talon : au bout de quelques jours, si on arrache ce fer avec les clous, on verra, qu'a l'ex- ception de ceux de la pince, les clous ont agrandi l'ouverture des contre-pergures, qu'ils sont abso- lument mobiles dans l'étampure et qu'ils tombent seuls, en retournantlc fer, la face inférieure en bas. |
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DU FER 101
Los ctampures dovront toujours être fortement
éloignées des talons, pour no pas entraver Icurs mouvements ; elles ne devront pas dépasser en arrière la partie du sabot occupée par l'os du pied. Dans Ie cas oü l'ótat de la corne s'opposerait a l'im- plantation des clous en pince, les étampures seraient disposces sur une des branches, en laissant toujours un talon libre. Los contre-perQures devront toujours être bien
dóbouchées pour faciliter les mouvements du pied. On appelle crampons les extrémités des branches
du fcr ployées a anglc droit. lis ont pour but prc- tendu de soulager les tendons, en relevant les talons, et d'empêcher Ie cheval de glisser. lis s'appliquent aux piods de devant et aux pieds de derrière, sur les deux branches du fer et quelquefois sur une scule. Sous les pieds de devant, les crampons faussent
los aplombs et, dans la marche, frappant Ie sol avant les autres parties du fer, ils raccourcissent l'allure, en limitant Ie mouvement d'extension. Lors- qu'ils sont déja a l'appui, la pince du fer est encore en l'air et olie n'arrive au contact du sol que par un mouvement de rotation dont les crampons sont Ie pivot; mais, a ce moment, Ie mouvement n'est pas arrêté instantanément et, si l'animal n'est pas assez vigoureux pour se retenir dans eet équilibre ins-' table, la masse du corps, lancée en avant, l'entraine, et il tombe. L'effet qui se produit alors est Ie même que celui provoqué par des talons trop hauts, avec cotto aggravation que, les crampons meurtrissant los talons, Ic cheval, pour fuir la doulour, cherchc a reporter, Ie plus vite possiblo, l'appui en pince. Dans lo cas d'un seul crampon, il suffit do ré-
fléchir un instant au choc qui se produit sur un seul |
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102 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
point du pied, constituant un pivot mobile doulou-
reux, autour duquel s'exécuto une rotation non seulement d'avant en arrière, mais encore d'un cótó a l'autre, pour se rendre compte de tout ce qui peut en résultcr. Les crampons sont appliqués surtout sur les pieds
do derrière pour empêcher la glissade. Si l'animal ne souffre pas des pieds, il appuio franchement un talon sur lo sol et Ie crampon, servant seul a l'appui, disparait en quelques jours. Si Ie sol est dur, Ie crampon n'a pas prise sur lui et sert a peu de choso ; en outro, Ie talon ne tardant pas a devenir doulou- reux, Ie cheval, comme nous l'avons dit, peut sous- traire son talon au contact du sol, en modifiant lógè- rement la flexion de son jarret; il devient alors pingard et Ie crampon, ne portant plus, n'a plus sa raison d'être. En résumé, sous les pieds de dovant, les cram-
pons produisent les bleimes, les défauts d'aplomb, par eux-mêmes et par la hauteur des talons qu'on est obligé de ménager ; ils brisent les allures, amè- nent les déformations du pied et occasionncnt une foule de chutes. Sous les pieds de derrière, ils écrasent les talons
et produisent surtout Ie pied pingard. Le crampon est donc, par lui-même, une fort mau-
vaise chose, amenant une foule d'inconvénients et d'accidents, quand il est doublé; il devient encore plus désastreux quand il n'existe que sous une bran- che du f er. Pour notre compte, nous pensons qu'on peut s'en
passer dans la plupart des cas, le cheval bicn d'aplomb glissant peu. Cependant nous faisons une réserve pour certains limoniers et pour les chevaux qui travaillent par le verglas, ou sur certains sols |
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Dü FER 103
argileux, tres glissants par la pluie ; mais, en pareil
cas, on devra toujours se scrvir d'un crampon mo- bile, tel que Ie clou Delpérier ou Ie crampon Thuillard, tenant dans Ie fer par simplc frottement et no venant pas blesser Ie pied, en dépassant la face supérieure du fer, lorsque celui-ci est a moitié usé. Le pingon est un petit onglot que l'on relève a la
pinco du fer et qui s'applique sur la partie corres- pondante du sabot. Il a pour but d'évitcr l'ébran- lement des clous au moment du choc sur le sol. Le pingon doit toujours être de petite dimension
et s'incruster dans une légere échancrure de la paroi. La plupart des ouvriers relèvent des pingons beau-
coup trop forts; la pince de corne est coupée carré- ment; le fer posé a chaud sur le pied est monté, laissant la paroi faire saillie de chaque cóté du piuQon; plus tard, cette partie sera enlevée avec le rogne-pied et fortement rapée. Cette pratique est presque générale; il est inutile d'insister sur ses inconvénients, au point de vue de l'aplomb et de la régularité de la marche, outre les douleurs qui ré- sultent de l'incrustation dans une corne amincie d'un pingon trop épais, présentant souvent des saillies a sa face interne. On voit souvent appliquer des pingons sur le cóté
du pied, pour empêcher un cheval de se déferrer. Presque toujours, pour ne pas dire toujours, l'animal a un pied de travers qui tord sur le sol et fatigue les clous. En pareil cas, il sufïit de mettre le pied d'aplomb et l'animal ne se déferrera plus ; on pourra alors supprimer un pingon qui gêne les mouvements d'expansion du pied et facilito les déformations. Sur le pied postérieur, on met souvent deux pin-
cons latéraux, sous prétexte d'empêcher le cheval de |
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104 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
forgcr : on supprime lo bruit, mais on cxagèro lo
mal, comme nous l'avons expliqué. Lc fcr do derrière a une formo particuliere clas-
siquo, qui n'ost pas sans inconvéniont. D'abord les étampures n'existent pas a la pince et sont réparties sur los branches; ces branches, elles-mêmes, sont inégales en largeur et souvent en épaisseur. Il a une formo allongée, étroite, avec des branches pres- que droites. Si ce for correspond a la formo du pied, c'est parce que celui-ci a óté déformé par l'appli- cation de ce même fer. Les branches inégales, néces- sitéos par l'usure inégalo d'un pied de travers, n'ont plus do raison d'être quand lo pied est d'aplomb. La branche interne, usant autant que l'autre, devra lui ressembler, et son étroitesse oxagérée qui doit em- pêchcr, soi-disant, Ie cheval de se couper, devicnt absolument inutile. En résumé, si lo pied postérieur diffèro légc-
rement, comme forme, du pied antérieur, et la chose est vraie, la différence n'ost pas aussi grande que I'on pourrait lo croire. J'ai eu, pour ma part, une jument ferrée des quatre picds avec des fers do devant, j^endant des années, et ses pieds postérieurs ressomblaient singulièroment a ceux de dovant. Du roste, Ie cheval marchant d'aplomb, n'a plus besoin de cettc masse de fer en pince, dont on retirait les étampures do peur de l'affaiblir. Nous allons dire maintenant quelques mots dos
différents fers qui sont applicables, laissant do cótó toutes les élucubrations baroques qui ont paru suc- cossivemcnt et ont fini par constituer un véritablo arsenal d'instruments de torture. Le fer francais ordinaire, un peu dégagé et con-
vcnablcment appliqué, est assurément lc meillcur et |
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DU FER 105
lo plus avantageux de tous. Toutofois, il peut avoir
cortains défauts, s'il est employé avcc négligence : 1° Son ajusture, sous peine d'être tres nuisible, ne
devra jamais comprSndre que la pince et les ma- melles; les branches devront toujours être abso- lument a plat. En outre, la maniere dont Ie maréchal frangais tient Ie pied, ainsi que nous l'avons ex- pliqué précédemment, facilite les fausses coupes du sabot et les défauts d'aplomb qui en sont la consé- quence. Parmi ceux-ci, Ic plus frequent est la panar- dise, surtout sur Ie pied droit, Ie maréchal tenant son boutoir do la main droite, qui est alors en dehors et force Ie teneur de pied a tirailler Ie mom- bre, en Ie tordant dans l'abduction ; aussi dit-on encore d'un cheval panard, dans bien des pays, qu'il marche a la frangaise ; 2" Quand la largeur de la branche s'accentuo,
c'cst-a-dire quand Ie fer est couvert, il porto sur la sole et la barre, en produisant Ie pied plat, Ie pied comble, les oignons, la bleime, etc. Lorsqu'il s'usc et s'amincit, son ajusture s'affaisse sous Ie poids du corps, Ie fer s'élargit et les clous déchirent Ie quar- tier. On pretend encore qu'un fer couvert est plus cconomique qu'un fer dógagé et qu'il s'use moins vite. La seule réponse a faire a cela est que Ie fer Ie plus avantageux et Ie mieux appliqué est celui qui a Ie plus perdu de son poids lorsqu'il est usé, et ce n'est pas Ie cas du fer couvert. On peut, du roste, se faire immédiatement une
opinion certaine sur la maniere dont la fcrrurc est pratiquée dans une forge, en cxaminant les vieux fers, qui doivent ètrc usós d'uno maniere uniforme et reguliere; : ; 3° Si les éponges ne sont pas amincies, ellcs re-
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106 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Qoivent lo premier choc quand Ie pied frappe Ie sol,
elles meurtrissent les talons et produisent des bleimes; 4" L'ajusture qui se donne en "tordant les branches
en dcdans pour los creuser, au lieu de s'adresser a leur épaisscur, fait marcher Ie cheval dans une sortc d'entonnoir qui rapproche les talons et produit des accidents et des déformations graves. Co qui n'ompêche pas que, bien appliqué, Ie fer
francais est Ie meilleur et Ie plus inoffensif do tous. Le fer k planche, qui s'ajjplique sur une grande
cchelle, ne mérite assurément pas la faveur dont il jouit encore, attendu qu'il fait marcher le cheval sur la fourchette; or, il la refoulc dans lo fond du pied, en redressant la barre qui lui est fixée par son bord supérieur; il rapproche donc ainsi les talons et, quoi qu'on en dise, produit une déformation qui est ime des formes de l'encastelure. Sauf quelques cas d'accidents assez rares, dans lesquels il manque un cóté du pied, on peut toujours s'en passer, cc qui est fort hcurcux, car c'est peut-être le plus mauvais de tous les fers. Ses effets, se produisant lentoment, passent inapergus. Pour mon comptc, je ne me rap- pelle pas avoir vu un cheval fcrré a planche marcher convenabloment. Le fer a pantoufle, employé pour écarter les
talons, représente deux plans illimités, inclinés en dehors, sur lesquels les talons glissent en effet; mais le bord supérieur des glacis vient bientót portcr sur la solo ou les barres, avcc tout un cortège d'ac- cidents comme conséquence. Le fer a lunette est un excellent fer qui peut rcn-
dre de grands services a un moment donné ; mais il |
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DU FER 107
a besoin, pour cola, d'otre modifié et d'aller en dimi-
nuant d'cpaisseur de la pinco aux épongcs, oü répaisseur doit être nulle; sans quoi, il s'incruste dans la corne et blesse Ie pied, si celui-ci est pare a fond. Il faut, on outro, l'appliq.uer sur un pied pare d'uno maniere irróprochablo, sans quoi, celui- ci se déjette d'une fagon déiilorable. Employé par ccrtains ouvriers, on peut diro que c'est « un rasoir dans los mains d'un singo ». Le fer a la turqiic est généralement employé
■pour empêcher le choval de se couper. Nous ne retiendrons de co fer que la fagon dont il est étampé, dont nous nous servirons tres souvent dans les cas oïi il y a inconvénient a dispoaer les étampuros sur les deux cótés du piod, ou pour facilitor un mou- vement do régénération. Quant a sa branche forto et rentree sous la sole, etc, etc, a la maniere fantai- siste dont on doit parer le sabot pour l'appliquer, nous n'en parlerons pas, ne réservant, do tout cela, qu'un for ordinaire, a étampuros unilatéralos. La ferrure Charlier, dont on a fait grand bruit
dans ces derniers tomps, ne sera jamais une fcrruro sérieuse, malgré los corrections et les transfor- mations qu'on lui a fait subir. Ses succes so rédui- scnt a la disparition do quelquos accidonts occa- sionnés par la mauvaise application et l'ajusturo mal faito du for francais et son appui sur la sole. Quant a SOS défauts, nous n'en citerons qu'un : c'est do mettre l'ouvrior dans l'impossibilité de parer son piod d'aplomb ; en effet, il devra toujours conserver une hauteur exagérée des talons, pour ne pas les mourtrir avcc la mince baguette do for qui s'y incrusto et doit leur servir d'appui. |
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108 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Le fer anglais a pour caractère d'avoir sur sa face
supérieure un évidement de la rive interne, qui constitue l'ajusture, aux dépens de son épaisseur. Il ne reste, pour l'appui du pied, qu'une étroite partie plane sur le pourtour de la face supérieure, qui doit coïncider parfaitement avec la forme de la paroi et qu'on appclle « le siège ». Cette ajusture, que nous employons souvent en creusant légèrement le fer, pour éviter simplement son appui sur la sole, cons- titue ici un plan fortement incliné, qui n'est pas sans inconvénient. D'une part, co fer est généraloment arrondi, ce
qui implique un pied a talons hauts ; ensuite, si le fer se trouve un peu large, le pied glisse a l'intérieur sur lo glacis représentant l'ajusture, il se ressorre, les clous arrachent la corne et le pied se dérobe. D'un autre cóté, 1'étampure, au lieu de représenter, comme dans le fer francais, une espèce d'entonnoir, dans lequel lo clou peut ctre incliné a volonté, est pratiquée dans une rainure qui en fixe mécanique- ment la place. Le clou, entrant a frottement dans cette étampure étroite, fait corps avec le fer et resto rigide, incapable de suivro le moindre mouvement d'élasticité du pied ; ces mouvements s'oxécuteront donc autour du clou et la paroi se désagrégera. En résumé, le clou anglais produit los picds dérobés, et la hauteur exagérée qu'on donne aux talons dans cette ferrure, ainsi que les glissements qui arrivent sur le plan incliné de l'ajusture, occasionnent le resserrement des talons, le redressement des barros, la voussure de la sole, son appui sur l'articulation et les maladies qui en sont la conséquence. On peut presque dire que la maladic naviculairc est un pro- duit de la ferrure anglaise. |
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I)U FER 109
Le fer arabe est une sorte de fer a planche, inuti-
lisable chez nous a cause de sa légèreté et de son peu de solidité. Les étampures, beaucoup plus lar- ges que les lames des clous a tête plate qui les traversent, font que la ferrure ballotte sous le pied et peut se déplacer légèrement dans le sens latéral. C'est en quelque sorte une simple plaque interposée entre le sol et la boite cornée, en lui laissant toute sa liberté de mouvement ; or, l'innocuité de son application en Afrique aurait bien du, depuis long- temps, nous éclairer sur les causes des boiteries sans nombro qui s'abattent sur le cheval arabe, le jour oü il quitte son maréchal indigène pour tomber entre les mains des ouvriers frangais. Le fer russe. — En Russie, les chevaux travaillant
toujours sur un sol meuble ou sur la neige, les gros crampons qui garnissent leurs fers n'ont que leur minimum d'inconvénients; mais les chevaux russes qui viennent en France et auxquels on n'a pas soin d'enlever immédiatement ces produits exotiques, se trainent bientót misérablement sur le pavé, leurs membres se ruinent et, au bout de quelques mois, ils ont disparu de la scène. De l'application du feb. — Quand un cheval sera
amené a la forge pour être ferré, le maréchal enlè- vera le vieux fer par les procédés connus, en évitant les tiraillements; il l'examinera, en observant la maniere dont il est usé, ce qui lui donnera déja des renseignements sur la marche de l'animal et la recti- tude de ses aplombs. Alors, s'emparant du membre, s'il n'est pas sur du coup-d'ceil de son teneur de pied, il remarquera les parties du sabot qui sont en saillie et les enlèvera immédiatement; puis, s'il lui reste de la corne a abattre, il continuera a parer au |
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110 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
raême endroit, avant de toucher aux autres parties
du sabot. En procédant autrement, il arriverait qu'un point qui était, dans Ie principe, trop bas, étant pare Ie premier, on ne trouverait plus sur les autres par- ties du sabot la corne nécessaire jiour mettre Ie pied d'aplomb, tandis que la chose sera toujours facile, quand Ie point primitivcment en saillie aura été pare, même a fond. On commencera donc par la pince, si celle-ci était trop longue, ou par los talons, s'ils étaient trop élevés. Toutefois, cette opération dcvra se faire progrcssivement, en nivelant Ie pied au fur et a mesure, pour ne pas s'exposer a man- quer do corne sur un point donné et a ne pas parer Ie pied en bateau. En effct, il existc un grand nom- bre de pieds, ayant été mis précédemment plus ou moins de travers, qui ne peuvcnt pas être remis d'aplomb sans d'assez grandes precautions : Ie sabot a poussé obliquement et, quand un point est pare a fond, il reste encore sous Ie point correspondant une assez grande épaisseur de corne ; la chose peut se présenter d'un quartier a l'autre ou de pince a talon. Nous insistons donc, en pareil cas, pour que lo nivel- lemcnt du pied se commonce par Ie point en saillie ; après quoi, on n'enlèvera plus de la paroi que les parties nécessaires pour établir l'aplomb. Si toute- fois un pied avait été assez déformé pour que la rectification ne puisse pas en être faite, séance tonante, par l'abaissement des parties restóes en saillie, Ie maréchal devra confectionner un for dont les branches, d'épaisseur inégale, compenseront les inégalités do la corne. Il est entendu que ce travail ne sera que momentane et se rectifiera a chaque ferrure, au fur et a mesure que la poussé du sabot permettra d'opérer régulièroment. Aussitot que les dófauts d'aplomb scront rcctiüés, grosso modo, sur |
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DU FER 111
Ia paroi, on enlèvera Ia corne qui recouvre Ia four-
chotte, celle-ci devant être a nu, pour indiquer, par sa direction, Faplomb antéro-postórieur du pied et, par conséquent, Ia partie du sabot a retrancher. En effet, la fourchette, comme nous I'avons dit, repose en arrière sur les parties flexibles et modifiabics du pied, elle les suit dans leurs déformations et c'est elle qui doit servir de guide a l'ouvrier. Dans Ia coupe du pied, Ie maréchal devra toujours
tenir son rogne-pied a plat, pendant tout Ie temps de cette opération. Il n'y a d'exception que lorsqu'il fera sauter la partie exuberante des barros, les pla- ques détachées de la sole et les plans obliques de Ia fourchette. Regie générale, et sauf de tres rares exceptions,
nécessitóes par des cas pathologiques ou unc obli- quité trop grande du bord de Ia paroi, il no sera ricn retranché, en dehors, au pourtour du sabot; on ne fera, vis-a-vis la pointe de Ia fourchette, qu'une toute petite échancrure destinée a incruster Ie piuQon. Lo maréchal choisit alors Ie fer, qui variera sui-
vant Ie service auquel est destiné l'animal. Ce fer devra être, sauf exceptions, légèrement aminci de la pince aux talons. Nous avons expliqué précédem- ment qu'un fer forgé d'une épaisseur egale dans toute son étendue, affaibli ensuito en pince par Ie pin§on, los étampures et l'opération de l'ajusture, se trouve être, quand cette opération est terminée, un véritable fer a éponges, qui s'usera en pince par son affaiblissement dans cette région et les culbu- tages du pied en avant. Frappant alors, dans la marche, sur Ie talon, qui se trouve en saillie, il pro- duira des bleimes, des douleurs vives, que Tanitnal cherchera a évitor en reportant sa base do susten- tation en avant. Pour éviter tous ces inconvénicnts, |
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112 LE PIEÜ DU CUKVAL ET SA FERRURK
nous cmployons un fcr aminci régulièrement do la
pince aux talons, qui no fait point souffrir l'animal, quand il est bien appliqué, puisqu'il pose a plat sur Ie sol et qu'il ne meurtrit pas les talons; il s'use de la maniere la plus reguliere, en sauvegardant les aplombs du membre, en les rectifiant même, s'ils ont été faussés précédemment. Lorsque Ie pied est pare d'aplomb, lo fer est
chauffc et ajustó de faQon a prendre la tournure et lo contour du sabot dans toutes ses parties, sauf Ic cas oü, 1'un des talons étant resserré outre mesure, l'ouvrier dcvra ménager, dans cette partie, une cer- taine garniturc a son fer, pour rétablir, autant que possible, la largcur de la base do sustentation. Le pingon devra occuper la partie de la paroi correspon- dant a la pointe de la fourchette. Aussitót que le fer chaud sera posé sur le sabot,
le maréchal, d'un coup-d'ceil rapide, verra les modi- fications a lui faire subir ; puis, quand il aura obtenu une tournure irréprochable, il s'occupera de sa coaptation avec la boitc cornéo. Pour y arriver, il cnlèTera avec le boutoir les points qui auront été noircis par l'appui du fer rouge. Lo fer sera replBcc sur le pied, le boutoir fera de nouveau son office dans Ic même sens, jusqu'a ce qu'on ait obtenu un contact parfait. Jamais lo fer ne sera maintenu sur la corno de fa^on a faire lui-même son assise; cotte pratique, trop commune, est des plus désastreuses pour le sabot qu'elle dessèche, outre les brülures et les accidents qu'elle occasionnc. Ajoutons que nombre de maréchaux ont la funeste
habitude de mouiller légèrement leur fer avant de l'appliquer sur le pied; ce fer, alors, étant rouge noir, no carbonise plus la corne, son contact est pro- longé et le caloriquc pénètreprofondémentjusqu'aux |
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DU FER 113
parties vives. Quand Ie fer, au contraire, est tres
chaud, il carboniso la corne qu'il touche, donno immédiatement a Touvrier los indications dont il a besoin, en memo temps que Ie charbon produit pro- tégé Ie pied par son pou de conductibilité. Quand lo fer aura cté ainsi porté, on s'occupora de
parer la solo et les barros, dont la corne avait été réservée pour protéger les parties vives contre róchauffemont que produit lo fer. Comme nous l'avons dit, la solo sera enlcvée de fagon a éviter tout contact avec Ie fer, surtout dans la jjartie qui confine aux talons, comprise dans l'angle formé par la barre et la paroi; l'évidement en sera fait jusqu'a l'extrémité compacte du talon ; on óvitera ainsi de nombreuses bleimes. Pourtant nous voyons journel- Icment des fcrs posant sur la sole, sans qu'il semble en résultor d'accidents : cetto immunitó est la consé- quence d'un défaut d'aplomb du pied, i^roduit par une pince trop courte ou des talons trop hauts. Il y a, dans co cas, un renversement complet des mou- vements d'élasticité, qui semblerait heureux si ses conséquences fachcuses, dans un autre sens, n'ame- naient pas des accidents bien plus désastreux. Sauf lo cas do pied dérobó, les étampures seront
disposées rógulièrement sur Ie fer, dont olies n'occu- poront que la moitié antérieure, habitéo par l'os du pied, et los contrc-perguros, assez larges, dovront tomber sur lo bord interne de la paroi. Dans Ie cas OLi l'état du pied ne pormettrait pas une disposition symétriquo des étampures sur les rógions anté- rioures du fer, on pourra en mettre une de plus on talon sur une branche, a condition de laisser 1'autre branche libro. Getto mesure est alors absolument indisponsablc. Dans l'ajusturcj la pince seule sera tres légèrement
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114 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
relevée, les branches seront toujours a plat, de telle
sorte qu'une règle, placée transversalement sur ellcs, soit en contact dans toute leur largeur. Si l'état du pied faisait craindre un appui du fer sur la solc, on donncrait un coup de marteau sur la face supé- rieure du fer, a sa rive interne, de fagon a révidcr légèrement, comme dans la ferrure anglaise, pour empêcher son contact. Les éponges ne seront pas évidées ; ellcs resteront a plat et iront jusqu'a l'ex- trémitó dos talons, qui devront toujours s'y appuyer. Avant de fixer Ie fer, un léger coup de rapé enlè-
vera simplement lo bord tranchant de laparoi, ainsi que les bavurcs qui pourraient s'y trouver, mais on se gardera bien d'en diminuer l'épaisseur. Une recommandation importante est a faire, dans
1'implantation des clous : la pointe de l'afïilure devra toujours attaquer la corne dans Ie centre de la contro- perQure. Grace a cette précaution, Ie fer ne se dépla- cera jamais et l'on évitera ainsi une pratique brutale qui consiste a Ie remettre en place, a chaque clou, a grands coups de brochoir, en faisant levier avec les tricoises et tordant ainsi les lames implantées dans la corne, que l'on déchirc. Un tres léger coup de rapé terminera l'opération,
en enlevant simplement la saillie des rivets. Pour Ie pied de derrière, on devra s'attacher a se
rapprocher, dans la limite du possible, de la forme ellipsoïde, au lieu de la forme aplatie que l'on voit journellement et qui est la cause première d'uno foule d'accidents et de déformations. On donnera au fer la tournure du pied, sans craindre que l'animal se coupe ; mais on devra, pour cela, Ie mettre parfai- tement d'aplomb. Après avoir exposé sommairement les principalcs
précautions a prondre dans la ferrure ordinaire, je |
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115
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DU FER
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dirai un mot du fer a pingons obliques, que j'ai
imaginé, en 1862, et dont j'ai fait rhistoriquc. C'est lui qui a été Ie point de départ de tous mes travaux et, comme il m'a rendu de grands services, je dois donner les moyens de s'en servir, pour en faciliter l'application. |
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LBCEMDE :
1 Kace inférieure du fer.
2 Face supérieure du fer.
3 Epongcs et pin^ous.
4 el 5 Vpplieatiuii du fer.
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Ce fer, comme on Ie sait, est un fer ordinaire, sur
loquel se trouvent, sur la rive interne et a l'extró- mité des branches, deux forts pingons, comme dans Ie for de Defays ; mais cos pingons, au lieu d'otre perpendiculaires pour s'ajuster a la face interne do la muraille, qu'ils tiraillent ctimmobilisent, sont tres obliques. lis correspondent a la face inférieure et interne du ropli compacte des talons et ferment ainsi deux surfaces de glissemcnt, inclinées en sens con- traire, sur lesquelles les talons se meuvent, comme |
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116 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
dans Ie fer a pantoufle, mais dont les actions sont
limitées et ne sont qu'une soUicitation dans Ie sens de l'élasticité normale et un massage continuel du pied. Lorsque Ic mouvement de va-et-vient a usó la corne et Ie fer et qu'il n'y a plus contact, celui-ci est rétabli, sans tiraillements, au moyen de l'étau. Pour Ie fabriquer, on prend un fer ordinaire assoz
dégagó, légèrement aminci en éponges, on l'ajuste, sans garniture, sur Ie pied, après que cclui-ci a óté pare d'une maniere absolument irréprochablo. Si l'aplomb du pied laissait, Ie moins du monde, a dé- sirer, Ie fer ferait plus de mal que de bien ; car, en mobilisant Ie pied et forgant les mouvements d'élas- ticité, il exagérerait Ie défaut, au licu de lo rectifier. Lorsque Ie fer est ajusté, porté sur Ie pied et rogné a la longueur exacte des talons, qu'il n'y a plus, en un mot, qu'a Ie clouer, on chauffe une des éponges et, la plagant sur la bigorne, dans la direction de l'axe du fer, la rive interne en dessus, on frappe sur cette rive, a faux, de fagon a relever a l'intérieur un plan incliné de 20° environ, de un ou deux centi- mètres de longueur et interessant, a peu pres, les deux tiers de la branche, en largeur. Nous rcpétons, a dessein, que l'on devra toujours frapper a faux pour relever Ie pingon, car s'il en était autrement, la bigorne creuserait a la base du plan incliné un sillon plus OU moins profond, dans Icquel Ie talon viendrait se mouler et s'immobiliser. D'un autre cótó, l'opération détcrmine habituellement une tor- sion de la branche que l'on devra rectifier avec soin, sans quoi lo fer ne portcrait plus et Ie pingon serait inutile. Avec ces quefqucs précautions, absolument néces-
saires et de pratiquo courante, oa ne rencontrera pas la moindre difficulté. |
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DU FER 117
On évitera de fabriquer un pingen creux, sa sur-
face de glissement dovant être plane et se relier en mourant avcc la partie de la branche qui reste ho- rizontale. On répète la même opération sur l'autro branche. Ceci fait, on pose Ie fer sur Ie pied, oü les pin-
cjons, chauffés, se moulent. 11 ne reste plus alors qu'a clouer ; mais, ici, on devra prendre une pré- caution, qui s'impose sous peine de non-réussite : la, pointe du clou a implanter devra. toujours attaquer la corne ■perpendiculairement, dans Ie centre de la contre-perqure. En effet, un clou placó d'une autre fagon, qu'il soit incliné ou piqué en dehors du point que nous avons indiqué, déplacera légerement Ie fer et les pingons ne seront plus en contact; l'un forcera et l'autre n'agira plus. Une bonne précaution encore est de ne pas brocher les clous a fond du premier coup ; cette opération se fait quand ils sont tous places. Toutcs les fois qu'un clou déplacera Ie moins du
monde un pingon, il devra être arraché et il ne sera replacé qu'après les autres, sans quoi il retomberait toujours dans l'ancien trou, a moins d'être incliné, ce qui est un autre inconvénient. Au bout d'un certain temps d'application, les pin-
cons ne sont plus en contact avec les talons, soit que ceux-ci se soient ouverts ou que les mouvements de glissement aient usé les surfaces de frottement : on engage alors l'étau entre los branches du fer, contre les pingons, et on tourne légerement la vis, jusqu'a ce que Ie contact soit rétabli ; a ce moment, les pingons faisant effort sur les talons, ceux-ci remon- tent, en produisant un léger écartement entre eux et la partie plane du fer; un léger coup de marteau donné sur la mamelle, en lachant la main, fixe |
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118 LE riED DU CIIEYAL ET SA FERRURE
récartomont dos branches, et l'ótau se détachc tout
seul. Ajoutons cncore (ju'on devra êtro sobre do dila-
tations, quoiqu'elles soient assez inoffensivcs; Ie plus souvent, lo rétablissoment du contact suffira, les véritables régénérations du piod s'opórant prin- cipalcment par Ie bourrelot. |
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DE LA BOITERIE 119
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CHAPITRE Vin.
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DE LA BOITERIE *
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Examen du cheval boiteux. — Etude du pied. — Précau-
tions a prendre. — Pied plat. — Picd comble. — Pied enoastclé. — Pied de travers. — Pied pin§ard. — Picd ' cerclé. — Pied dérobé. — Bleimc. — Scimc. — Cheval
qui se coupe. — Cheval qui forgc. — Fourmilière. — Fourbure chroniquc. |
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On dit qu'un cheval est boiteux lorsqu'on rcmar-
que, choz lui, inégalitc dans Ie fonctionnement du bipède antérieur ou postérieur ; ot cependant, nom- bre de chevaux, qui marchent d'une fa^on a peu pres reguliere, sont boiteux. Ce dernier fait se produit lorsqu'uno douleur quelconque existe dans les deux membres, au lieu de n'en affecter qu'un seul ou d'ètro inégale dans les deux. Ce phénomène, du roste, est absolument commun, et los chevaux en proie a une dóformation ou a une douleur a peu pres uniforme des deux pieds sont dans ce cas. Quand lo fait se produit sur Ie devant ou sur Ie derrière, on en arrive a dire qu'un cheval est usé du devant ou du derrière, suivant Ie bipèdo qui a óté Ic plus éprouvó. Ainsi, tol cheval qui avait do grandes allures, qui attaquait Ie sol avec hardiesso et légè- rcté, arrive, un jour, a marchor comme sur des |
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120 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
épinos, Ie membre ne fonctionne plus que particl-
lement, les allures diminuent notablement, quoique lo cheval «e fasse qu'un petit service. Eh bien ! eet animal est un boiteux et la cliosc est facile a cons- tater : prenez, a volonté, un des membres malades, ferrez-le convenablement, en supprimant les causes de douleur; dans quelques jours, la boiterie se dcclarora sur Ie membre opposé, et cela aussitut que l'inégalité de douleur sera sufïisante. Cette expérience frappante réussitpresquo toujours, quand elle est faite convenablement. Les vieux maréchaux excellent souvent a fabriquer
Ie boiteux des deux pieds ; ils sont routiniers, ont des habitudes souvent déplorables qu'on ne peut pas déraciner, ils conduisent allögrement les chevaux a la réformo et, a toutes les observations, n'ont qu'une réponse : a Le cherml ne boite pas ! » Ceux-la sont assurément les plus dangereux et, pour mon compto, j'ai toujours préféré un jeune ouvrier intelligent et de bon vouloir a tous ces vieux réfractaires incu- rables. La première chosc a faire, lorsqu'on examine un
cheval boiteux, consiste a le déferrer. Après avoir regarde s'il n'a pas une piqürc, une brülure ou uno bleime, choses qui vous sautent aux yeux, on s'as- sure de l'aplomb du sabot et des défauts de coupe qui peuvent y avoir étó produits. 11 est digne do remarque, en pareil cas, que le fer appliqué sur un pied coupé de travers, usant davantage sur le quar- tier le plus bas, lo défaut d'aplomb qui existait a la sortie de la forge s'aggrave de plus en plus, au fur et a mesure que le fer s'use. Cette première opération faite, si l'on n'a pas
trouvé la cause de la boiterie, on examinera la défor- mation du sabot et, avec un peu d'habitude, on arri- |
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DE LA BOITERIE 121
vcra, d'un simple coup-d'ceil, a une grande sürotó
do diagnostic. On vorra que tel cheval a un quartier éculé, qui se ferme du bas dans l'appui, en com- primant les parties sous-jacentes ; que tel autre a lo sabot aplati latéralement; qu'un autre encore a les barres placées de champ, tranchantes et inflexibles, s'incrustant dans les parties vives ; quelquefois, c'est un cartilage expulsó du sabot, forgant Ie cheval a prendre son point d'appui sur l'extrémité de l'os ; ou bien c'est une solo voussée en haut, qui culbute l'os du pied en avant. On remarquera, sur certains pieds, uno soudure anormale de la sole avec la fourchotte : co phónomène se produit naturellement, et la plupart du temps, sur un pied douloureux, de fagon a immo- biliser Ie mécanisme du sabot, dont les mouvements sont une cause de souffrance. L'observation de ce fait no doit jamais être négligée, elle est do la plus grande importance et donne les renseignemenls^ les plus précieux. Il m'est arrivé, nombre de fois, en voyant cotte soudure disparaitre, de pouvoir jorédire, a quelques jours prés, la terminaison d'une boiterie tres ancienne et sans amélioration apparente. Par contre, il m'e.st arrivé, bien souvent aussi, de la voir reparaitre, pour m'avertir d'une faute ou d'une fausse manoeuvre dans Ie traitement d'un pied ma- lade. En un mot, il n'y a rien d'indifférent pour l'obser-
vatcur qui examine un pied boiteux, et il fera bien de s'attarder a chercher parmi ces renseignements fugacos, qui lui échapporont d'abord, les causes d'un mal qu'on croit, trop souvent, trouver dans Ie membre, ou il existe assez rarement. Si une grande partie des boiteries sont dans Ie
pied, il en est encore beaucoup d'autres qui, sans y être, y ent trouvé leur cause. En effet, il est facile |
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122 LK PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
de comprondro qu'une molctto, un cffort de tcndon,
etc, ont Ie plus souvent pour origine un dófaut d'aplomb du pied entrainant la torsion, Ie tiraille- ment et la fatigue des parties supérieures du mem- bre. En pareil cas, Ie redressement du pied, en fai- sant cesser la cause, amènera prcsquc toujours la disparition des accidents consccutifs, sans traitcment préalable. Nous n'en excopterons, peut-être, que l'effort du tendon ou du suspenseur, nécessitant presque toujours l'application du feu. Supposons, par exemple, un cheval de selle ayant
des talons serres d'une maniere inógale, avec des barres de champ : dans certains cas, avec un pou d'habitude, on pourra déclarer au cavalier que son cheval refuse de tourner a droite ou a gauche ; que, s'il boite d'une certaine fagon sur la ligne droite, il boitera moins fort en tournant en cercle dans un certain sens et plus fort dans Ie scns opposé. Ce qu'il y a de curieux dans cette obscrvation, c'est que Ic cheval boite généralemont moins fort ou nc boite pas du tout, en tournant sur Ie membre malade, ce qui est Ie renversement de toutes les idees recues. Voici l'explication de ce phénomène : comme nous l'avons dit, les talons sont serres d'une maniere inégale, les barres sont de champ ; mais il y en a une plus élevéo que l'autre dans l'intérieur du sabot, et celle-la, c'est habituellement la barre interne correspondant au talon Ie plus resserré ; or, cette barre est tranchante et son appui sur les parties vives est tres douloureux (nous raisonnons dans l'hypothcse que la est la cause do la boiterie); alors, quand l'animal tournera avec Ie pied malade en dehors, l'appui se fora dircctcment sur cette barre interne et la doulour en sera plus vivo. Dans Ie cas contraire, en trottant sur lo pied malade. |
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. DE LA nOITERIE 123
1'nppui so fera sur Ie quarticr opposé, ot lo soula-
gcment sera manifeste. Ceci est, bion entendu, un exemple entre mille pour faire comprendre notre pensee. Si l'exploratcur d'un pied boiteux se fourvoio
quelquefois et reohercho ailleurs, après l'avoir cxa- minc, uno douleur qu'il n'y a pas trouvée, il lo doit Ie plus souvent a l'emploi qui est fait généralement des tricoises, comme moyen d'investigation ; car, si la pression que Ton cxcrce avec eet instrument rcussit dans les cas de piqüre, do brülure, de bleime, otc, elle est prcsquo toujours inefficace dans lo cas do déformation, parce qu'oUe peut déterminor unc douleur partout uniforme ou n'en róvéler aucuno. En pareil cas, Ie moindre petit coup frappe sur l'en- droit présumé douloureux, et dans Ie sens oü so l^roduit habituellement la douleur, ne manquera pas d'indiquer que l'on ne s'est pas trompé; mais nous devons ajouter, en outre, qu'avec une certaine habi- tude, on n'a pas besoin de ce moyen pour recher- chor la cause d'uno boiterie, mais plutót pour se convaincre de lajustesse du diagnostic porté. Ainsi, supposons un pied de travers, dont lo
quartier est plus ou moins éculé et creux dans lo milieu de sa hauteur : la douleur, en pareil cas, se trouvo précisément dans 1'endroit correspondant il la partie crouse de la paroi, la courbe tendant a s'accontuer dans 1'appui et la compression s'exagé- rant proportionnellement. Dans ce cas, Ie moindre pctit coup frappe dans cetto partie, avec lo manche d'une renette, par exemple, amènera chez l'animal une manifestation de soufïrance. Si une barre placco do cliamp est incrustée dans lo
pied, eest sur cette barre elle-même que Ie choc amènera la douleur, otc. ; mais, on tout cas, on |
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124 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
devra s'abstenir des coups frappés un peu fort avec
Ie brochoir, car ils ne peuvent être qu'une cause d'erreurs. Pour mon compte, je ne me sers jamais des tricoises et je n'emploie Ie brochoir qu'avec la plus extreme modération. Nous avons énoncé les principes qui doivent pré-
sider a la ferrure rationnolle d'un pied, il nous reste a dire quelques mots pour rappeler les précautions a prendre dans Ie cas de déformations tres accon- tuées, de boiteries ou de maladies. Plus que jamais, en pareil cas, on devra observer
les précautions fondamentales que nous avons indi- quées et dont aucune ne devra être négligée : Aplombs absolus et mathématiques du pied ;
Fer ayant la tournure du sabot et de tout Ie sabot;
Ajusture a plat sur les branches ;
Fer ne portant jamais que sur la paroi et la partie
compacte des arcs-boutants, ce qui s'obtient en pa- rant la sole et on évidant Ie fer ; Fourchette soustraite a l'appui du sol;
Liberté des talons, obtenue par Ie rapprochement
des étampures en pince; en cas d'impossibilité, employer les étampures unilatórales. Ajoutons que, la ferrure étant un mal nécessaire,
on doit toujours la supprimer momentanément, on cas de boiterie intense empêchant 1'utilisation de l'animal. Mais, dans ce cas, Ie sabot devra toujours être pare a fond et mis d'aplomb avec Ie plus grand soin. Enumérons maintenant quelques précautions ré-
clamées par certains cas particuliers : Pied plat. — Mettre Ie pied d'aplomb, parcr la
fourchette a fond pour savoir ce que l'on doit enlever |
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DE LA BOITERIE 125
des talons, qui ne seront pas ménages, surtout s'ils
sont reployós en dessous. Fer assez dógagé, épais, évidé, avec des éponges minoes. Co pied, bien ferré, est celui qui se refait avec la
plus grande facilité et de la maniere la plus com- plete, quand lo mal n'est pas exagéré. Pied comble. — Même cas, mêmes observations.
Mais on est quelquefois obligé d'employer un fer dégagé, mais plus épais, pour empêcher Ie cheval de marcher sur la sole. Il est bien entendu que dans Ie cas présent, comme dans tous les autres, Tindication d'abattre les talons ne s'étend qu'aux parties dépas- sant l'aplomb régulier ; toutefois il est digne de remarque qu'on voit généralement dans Ie pied plat un manque de talons auquel il faut remédier a tout prix ; pour cela on se garde bien d'y toucher et on y adapte même des éponges, des crampons, etc, etc. Il y a la une erreur sur Ie peu d'élévation du talon dans Ie pied plat ; sa véritable cause réside dans l'aplatissement de la barre, inclinant Ie bas de la paroi correspondante et Ie talon de haut en bas et de dehors en dedans; dans ces conditions, ces parties s'éculent, surtout si on leur laisse trop do hauteur, et leur régénération est impossible. On devra donc enlever les parties de talon éculé
en saillie sur la fourchette parée et s'occuper uni- quement du relèvement de la barre avachie. Pied encastelé, a talons hauts, a pince courte, k
quartier resserré, etc. — Mettre Ie pied d'aplomb, en abattant les talons, ce qui se fera séance te- nante, amoinsque l'état des articulations ne reclame un certain ménagement ; on fait alors l'opération on deux fois. Fer mince en éponges, avec beaucoup de liberté en talons. |
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126 LE PIED DU CIIEVAL ET SA FEHRUHE
Pied de travers (panard ou cagneux). — Parer
lo cóté Ie plus élevé en commengant par les parties exubérantes. Mais il arrive souVent que, ce quartier étant a fond, il manquo cncore de la corne du cótó opposé : on devra alors y suppleer au moyen du fcr qui portera une branche compensatrice, de fagon a mettre Ie pied parfaitement d'aplomb, après son application. Il ne faut pas oublicr qu'un pied ne se redresso
pas par Ie talon, mais paria mamclle et que la partic saillante du fer devra se trouver sous cette mamellc, en diminuant progressivement d'épaisseur jusqu'ii l'éponge, qui sera mince comme sa congénère. Pour laisser autant de liberté que possible a la branche forle, on y mettra sculement deux étampures prés de la pince, et les autrcs seront réparties sur l'autre branche. On peut même, sans inconvénicnt, les rapprocher un peu plus du talon qu'on ne Ie fait ordinairement. Pied pingard. — Fer a lunette ou plutót a étam-
pures unilatérales. Si Ie pied n'a pas une mobilitó complete, la guérison est impossible, tandis qu'en permettant aux talons de s'ouvrir et, par conséquent, a la sole de s'affaisser, Ie pied desccnd de lui-même, et lo défaut disparait avec la plus grande facilité. Il est bien entendu qu'un crampon, qui rendrait
Ie talon douloureux, empêcherait Ie cheval de s'y appuyer, et Ie défaut s'exagérerait au lieu de dispa- raitre. Pied cerclé. — Les cercles sur un pied étant la
plupart du temps Ic résultat du peu d'uniformiló dans la ferrure et les aplombs, il suffit do ferrcr convenablemont un cheval a ferrure ou a pied dé- fectueux pour voir un cerclc saillant se produirc au |
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DE LA BOITERIE 127
bourrelet ; mais ce ccrcle est l'amorce d'un nouveau
sabot qui continuera a descendre uniformément, sans rétrécissements, si la ferrure ne laisse rien a désirer pendant ce temps. Pied dérobé. — Lorsqu'un cheval se déferre, il
laisse souvent après les clous des morceaux de la paroi; Ie pourtour du sabot ne se trouve plus alors constitué que par une cornc déchirée et manquant par places. Quelle que soit la cause qui a i^roduit Ie pied dérobé, on commencera par parer Ie pied a plat, en respectant, autant que possible, les parties pouvant servir a l'implantation des clous. On dispose les étampures en conséquence et Ie défaut a disparu a la première ferrure. Los maréchaux, en pareil cas, enlèvent toutes les portions de corne qui restent, font un fer trop étroit qu'ils fixent de fagon a con- tenter l'ceil, mais a faire souffrir l'animal. Pour mon compte, jo respecte toujours autant que possible, dans un sabot, les portions de corne pouvant servir a placer un clou ou être utiles a l'appui. Bleime. — Quand un cheval a une bleime, quelle
qu'elle soit, Ie pied sera mis d'aplomb, la sole paréo a fond, pour assouplir Ie sabot ; la bleime sera dégagée, en enlevant profondément la barre et la pointe do la sole, sans toucher a la paroi, attendu que la compression étant produite, soit entre la barre et la paroi ou entre celles-ci et Ie fer, en gardant la paroi soule, il n'y a plus de compression possible ; partant, aucune nécessitó de Tenlevcr et d'occa- sionner ainsi certaines déformations du sabot. On ajustera, sur tout Ie pied, un fer a éponges
tres minccs, avec une branche tres libre du cóté malade. Si l'animal ne peut pas être utilisé, il sera déferré. . . ,■,,■• |
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128 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Le fer a lunette réussit aussi fort bien dans nom-
bre de cas ; mais, nous l'avons dit, il devra toujours aller en s'amincissant de la pince aux éponges, qui n'auront pas plus d'épaisseur qu'une lame de cou- teau. Seime : 1° Seime en quartier. — Mêmes précau-
tions, a peu prés, que pour la bleime : aplombs réguliers, fer a étampures unilatérales, fer a lunette, fer a pingons obliques, en un mot, tous les moyens qui peuvent servir a rappeler, dans la limite du pos- sible, les mouvements d'ólasticitó normale du pied. 2° Sebyie en pince. — Obtcnir, par tous les
moyens, la régénération du bourrelot et la destruc- tion des causes qui ont produit l'accident : fer a étampures unilatérales, a lunette, quelquefois, comme nous l'avons dit, un léger coup de renette en long et même en travers au bourrelet, pour détruire le commencement de la fente. On peut aussi enlever, dans cette partie, un petit triangle de corne, dont la base est au bourrelet. Généralement, je ne fais rien. Le cheval qui se coupe. — Quand un cheval se
coupe, la première cliose a rechcrchcr est la cause du défaut, afin de pouvoir la supprimcr, condition sine qua non de la réussitc. Avant tout, et règle sans exception, le cheval sera
mis parfaitement d'aplomb. Si Ic pied so trouvait tellement de travers qu'il fut impossible do le re- dresser complètemcnt dans une séancc, on y sup- pléera par la différence d'épaisseur des branches du fer. Les clous seront supprimés en talons, quelque- fois on les supprimera sur toute la branche interne, exceptó a la pince ; mais cetto branche suivra néan- moins le contour du pied, et l'on s'absticndra sur- tout do cette affreuse habitude qui consistc a sup- |
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DE LA BOITERIE " 129
primer avec la rapo l'épaisseur du quartier interne.
Dans Ic cas d'une mamelle interne saillante, sur un pied antérieur, on appliquera un fer ordinaire, au- qucl on aura retiré une ou même deux étampures sur la mamelle, afin de pouvoir tenir cette partie plus étroite et retrancher la portion de paroi corres- pondante. Il est bien entendu que Ic fer ne subira que cette
légere modification et qu'on se gardera bien de reporter vers les talons les deux étampures sup- primóes. Avant de faire cette opération, on fera mar- cher l'animal pour se rendre compte de la partie du for qui touche. En cas de doute, on pourra appliquer sur la partie Icsée un peu d'onguent de pied noir, que l'on retrouvera sur Ie fer, au point a modifier. 11 est inutile de répéter ce que nous avons déja dit
sur la suppression des causes du défaut qui nous occupe : régularisation dos allures faussées, sup- pression des fers trop lourds, etc. ; mais, en em- ployant méthodiquement les moyens que nous ve- nons d'indiquer, on peut être assuré d'empêcher, dans un temps donné, un cheval de se couper; ce- pondant, comme Ie succes n'est pas toujours instan- tane, on pourra, en l'attendant, mettre a l'animal une bottine quelconque pour préserver la partie malade de nouvelles blessures, jusqu'au jour oü Ie défaut aura disparu. Quant au fer a la turque et autres procédés plus
OU moins ingénieux, ils sont, Ie plus souvent, im- puissants, quand Ie résultat de leur emploi n'est pas la perte des allures et la ruine prématurée de l'animal. Le cheval qui forge. — Les défauts d'aplomb
scront rectifiés ; si le cheval, par exemple, forge on voute sur un fer trop couvert, on lui mettra un fer* 9
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130 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
dégagé ; si, au contraire, il forge en éponges, colles-
ci seront amincies ou taillées en biseau; sur un autre, c'est la garniture qu'il faut supprimer, etc, etc. Dans tousles cas, on s'appliquera a employer une ferrure aussi irréprochable que possiblo, qui permettra la rectification du mccanismc faussé et rétablira son harmonie. Les fers devront être légers et les pieds postérieurs seront ferrés avec beaucoup de soin ; aplombs irréprochables avec une branche libre. La fourmüière. — La fourmilière, produite par
les mêmes phénomènes que la foui'bure chronique, est, en petit, la même affection. Sauf les difficultés d'application, elle reclame Ie même traitemcnt : rectification du bourrelctparles ai^lombs et Ie rappel de l'élasticité; puis fabrication d'un sabot neuf, dans ces conditions. Fourbure chronique. — Si cette maladie est cu-
rable dans un grand nombre de cas, elle nécessite, néanmoins, une surveillance constante ot une tres grande habitudc ; car, ne l'oublions pas, la moindre erreur, au cours du traitement, remet tout en causo et l'opération est a recommencer complètement, avec des difficultés de plus en plus grandcs. La première chose a faire est de parer Ie sabot
parallèlement a la face plantaire du pied ; mais, pour cela, on est obligé d'abattrc Ie talon, suivant une coupe parallèle a la fourchcttc. 11 est inutile de dire que cette coupe n'intéressera que la partie posté- rieure du sabot, faisant avec la coupe primitive un angle tres accentué. Lorsqu'on abandonnera Ie pied, Ie cheval reposera sur la nouvelle coupe et la pince sera en l'air, distante quclquefois du sol de plusieurs centimètres. |
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DE LA BOITERIE 131
Lorsque la chose est possible, Ie meilleur moyen
est d'abandonner, dans ces conditions, Ie cheval, non ferró, dans un pré, en ayant soin de venir tres sou- vent parer Ie pied, pour enlever la corno qui pousse en talons. Les ondées cornées qui émanent du bour- relet se rectifieront peu a peu, leur divcrgence dimi- nuera ; la croissance, qui était exagérée en talons, so ralentira sous rinfluenco de la surcharge qui l'en- travera; parcontre, elle sera sollicitée sur lesparties antérieures soulagées. Lorsque l'ondée cornóe est arrivée a l'uniformité,
on a l'amorce du nouveau sabot, qui se refera com- plètement; mais, nous Ie répétons a dessein, il faut uno surveillance continuelle et des rectifications tres fréquentcs, attondu que Ie sabot, ayant une tendancc a pousser d'une maniere inégale, la moindre négli- gence amène une rechute. lei, nous devons nous souvenir d'un principe, dont
l'oubli scrait la cause de nombreux mécomptes : nous avons dit que, lorsqu'un cheval souffre, il prend, comme aplomb. Ia position qui Ie soulage. Nous avons dit aussi que l'abaissement exagéró du talon produit Ie redressement du boulet et du pa- turon ; or, si pareille chose venait a se produire, ce mouvement accentuerait l'obliquité du bourrelet vis- a-vis du rayon; les phalanges, en se redressant, culbuteraient a nouveau lo bourrelet en avant, et l'opóration, qui devait sauver l'animal, produirait exactemont l'effct contraire. 11 arrive, en outre, que des chevaux en traitement ont déja une certaine raideur des articulations; d'autres, fortement cons- truits, ont les charnières peu flcxibles. Toutos ces choses devront faire l'objet d'une observation sé- rieuse, pour se rendro compte de la direction a donner au membre et ne plus s'en départir. 11 est |
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132 LE PIKD DU CIIEVAL ET SA FERRURE
donc facile de comprendre qu'un cheval atteint do
fourbure chronique sera dans de meilleures condi- tions de guérison, s'il a Ie membre un peu mince, avec des articulations flexibles, toutes choses égalcs d'ailleurs, qu'un autre ayantla conformationopposée. Toutc la corne de pince devra être conservée, car
elle pourra, quelle qu'elle soit, devenir tres utile, a un moment donné, pour l'implantation des clous. Au fur et a mesure que Ie pied pousse, la partic
qui sert a l'appui s'agrandira; mais on devra tou- jours parer a plat, sans s'occuper des parties du sabot qui seront désagrégées et relevées en avant; on se guidera uniquement sur la direction de la fourchette. Si l'animal doit être ferré,il est bien entcndu quo
la ferrure doit se bomer a obtenir les effets que nous venons d'indiquer; c'est dire qu'il n'y a pas de fcr spécial pour la fourbure chronique et que l'on devra s'inspirer des phases de la maladie, des circons- tances particulicres et des ressources dont on dis- pose. Quelquefois, on applique un fer a lunette, d'uno
tres grande épaisseur en pince, tres fortement dc- gagé et muni de deux petites éponges minces, s'en- gageant sous les parties antérieures do la nouvelle coupe du sabot et destinées surtout a protéger l'an- gle formé par les deux coupes divergentes, a en empêcher l'usure et, par conséquent, Ie culbutage du pied en avant. Inutile de dire que, dans certains cas, l'épaisseur du fer en pince doit être calculée de fagon a remplir Ie vide existant entre Ie sol et la pince du sabot. On sera forcé de faire quelquefois des clous d'unc
grande longueur, si l'on ne pratique pas sur Ie bord du fer un petit épaulement pour pouvoir los placcr. |
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DE LA BOITERIE 133
D'autres fois, on confcctionne un fer tros long ; il
est porto sur la partie relevée du pied et les bran- ches sont coudées ensuite, de maniere a leur faire prendre la direction de la nouvelle coupe du sabot. Quelquefois encore, ce fer peut porter deux petites
bosses sur les mamelles, de fagon a prolonger on avant la longueur de la base de sustentation. La pince du fer sera mince, pour y mettre des clous ; mais, nous répétons encore d'une maniere formelle, qu'il ne doit jamais y avoir de clous vers les talons. Ce que nous venons de dire sufïira pour faire
comprendre tous les moyens que l'on peut employer, suivant les cas ; souvent même, le fer devra être changó, d'après les modiflcations subies par le pied. Le seul but a atteindre, le seul objectif a avoir, c'est de tailler le sabot parallèlement a la face plantairo du pied et de ne pas entraver les mouvements d'élasticité du sabot. |
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134 LE PIED DU CUE VAL ET SA FERRURE
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DE L'ORTHOIÈTEE
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Quand on examino l'aplomb d'un pied, il est de la
plus grande importanco do se placer dans la po- sition que nous avons indiquée, car, dans toute autre position, Ie membre serait vu de travers et l'aplomb faux. C'est pour démontrer cette vérité et la faire, en quelque soi'te, toucher du doigt, que j'ai imaginé un instrument spécial, l'orthomètre, qui n'ost autre chose qu'une équerre, inutile dans la pratique, mais destinée a servir de moyen de controle et de démons- tration. T
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Une règle plate RR, dcvant être placóe dans Ie
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DE L ORTIIOMETRE
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plan médian du canon, c'ost-a-diro dans Ie plan par-
tageant par la moitié Ic canon et les tondons, ainsi
que toute la région digitée,
dans l'extension, et abandon-
née a elle-mêmo, est munie
d'arcs mobiles, A A', pour
cmboiter Ie membre et la
fixer, Ces arcs sont comman-
dés par une vis spéciale, V V,
qui les ouvre ou les ferme
d'uno maniere egale. Cette
règle est prolongée par une
tige, T T, articulée dans Ie
même plan et inflexible dans
les autres sens ; enfin, a l'ex-
trémité de cette tige se trouve une autrc règle, MN,
qui lui est perpendiculaire. C'est cette derniero pièce
qui doit se rabattre sur lo sabot et s'y appliquer
complètement, quand il est pare d'aplomb.
On peut voir, dans l'application, que Ie moindre
mouvement de cóté imprimé a la règle directrice, qui doit rcprésenter Ic rayon visuel de l'observateur, imprime a la règle inférieure des changemcnts d'aplomb ónormos, et l'on comprendra quelle est l'importancc de la position que l'on est forcó de prendre pour examiner les aplombs d'un chcval. |
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136 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
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DE L'ANE ET DU MULET
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L'homme fabriquant des vaches sans corncs, des
chiens sans queue ou des bassets a jambes torses, il est encore plus facile do faire a l'ane et au mulet Ie pied hétéroclite que nous lui connaissons. Pour- tant, on est généralement persuadó que ce pied est normal et que la ferruro qui lui est universellement infligée est la seule qui lui convient. Eh bien ! j'ai vu, dans Ie Poitou, pratiquer en grand l'élevage du mulet; j'ai vu, dans los cours dos fermes, nombrc de jeunes animaux, errant en liberté autour de la meulo do paillo qui leur sort de nourrituro, ayant des sabots comparables a ceux de bien des poulains places dans les mêmes conditions ; j'ajouterai que beaucoup de ces animaux ont un trot fort remar- quable qu'ils perdent, du reste, plus ou moins, aus- sitót qu'ils ont passé par la forge et que leur pied so déformo. Pourquoi Ie mulet no serait-il pas ferré rationnel-
lement, comme Ie cheval, avec un fer fagonné pour son pied et suivant les mêmes principes ? Pourquoi Ie condamner a cette informe chaussuro qui Ie tor- ture et avec laquelle il ne marche que grace k sa |
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DE l'ane et du mulet 137
rusticitó et a son endurance ? Les regies qui régis-
sont la ferrure du cheval doivent lui être appliquées, et il est bien certain qu'un mulet ne serait pas plus mauvais si son pied était moins pingard et moins atrophié. Nous terminerons ces réflexions sur l'ane et Ie
mulet par quelques mots sur une question, en appa- rencc bien étrangère a notre sujet, mais qui s'y rat- tache cependant d'une maniere sérieuse : Comment se fait-il que les beaux mulets du Poitou
soient d'assez tristes animaux de bat ? Et la choso est incontestable, pour qui les a vus, en campagne, en concurrence avec les petits mulets arabes, par exemple. Ne serait-ce pas parce que Ie baudet repro- ducteur, enfermé dans une cage, dont il ne sort que pour la saillie et ayant, comme conséquenco, des pieds encastelés et do longueur démesurée, atrophiés et rendant leur possesseur incapable de la moindrc marche, il est nécessaire, pour corriger un sem- blable défaut, do fabriqucr une jument spéciale, dito mulassière, et dont Ie premier mérite est d'avoir des pieds plats d'une largeur extraordinaire ? Comme complément de conformation, cette jument a un gros ventre et un dos plongé, qu'elle transmet a son produit. No pourrait-il donc pas se faire qu'un bau- det, avec des pieds ordinaires, nécessitat une jument du même genre, mais mieux conformée ?..... |
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138 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
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CONCLUSION
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En résumé, nous sommes convaincu que la maré-
chalerie est une question tres importante et grosso de conséquences. En mottant en pratique quelques données, dont l'application n'offre aucuno diiïiculté, on peut maintenir rintégritó des allures d'un grand nombre de chevaux et prolonger leurs services jus- qu'a un age qui constitue actuellement presque un cas exceptionnel. En outre,onpout, lorsqu'un animal est atteint de déformations et de maladies des pieds, dont une ruine prématurée est la conséquonce pres- que forcée, on peut, dis-je, par une ferruro ration- nelle, amener, dans son état, de grandes amélio- rations et, avec quelques précautions, Ie mettre a même, dans la plupart des cas, de travailler sans douleur, comme un animal sain. Cependant, on ne devra pas se dissimuler qu'il
existe des animaux dont les pieds sont déformés et douloureux depuis des années, et que quelques jours ne suffisent pas pour remédier a des accidents aussi anciens. 11 y a même des sabots qui doivent être refaits complètoment. Toutefois, il est rare qu'on n'obtionne pas, au bout de quelques jours, uno amélioration notable, qui ira en s'accentuant jusqu'a guérison complete. |
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CONCLUSION 139
Ajoutons qu'un animal en traitemont travaillera,
et dolt même travailler, autant que la chosc sera possible, attendu que Ie repos est Ie plus grand enncmi du pied du cheval, et que la première con- dition de son intégrité ou de sa régénération est lo rétablissement et Ie fonctionnement de ses mou- vements normaux. Il existe assurément des boiteries dont on ne
triomphe pas, mais elles sont beaucoup plus rares qu'on ne croit. On pourra s'en convaincre en prati- quant minutieusementet avec suite tousles principes que nous venons d'émettre ; les resultats que l'on obticndra dépasseront assurément toutes les prévi- sions. Les ouvriers appliquent la ferrure beaucoup trop
par a peu pres ; ils en font une affaire de métier, quand elle devrait être une question d'art, et l'art ne souffre pas la médiocrité. A. WATRIN,
Vétérinaire militaire en retraite,
Chevalier de la Légion d'Honneur. |
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TA6LE DES MATIÈRES
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—<i.'BNa*-V^^>—
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# Pagea.
Préface....................................... 5
plléliminaires et hlstoriquk de la question___ 7
Premières expériences. LeferDefays. Le Désencas-
teleur. Le Podomètre. Expériences offlcielles a Versailles en 1863. Rapport de la Commission d'hygiène hippique. Ordre ministeriel. L'auteur est envoyé a l'école de cavalerie de Saumur en 1865. Chapitre I. — Des Membres et du Pied......... 25
Membres antérieurs. Membres postérieurs. Le Pied.
Chapitre IL — De la Déformation et de la Oon- FORMATION.................................. 32
Talons trop bas ou pince trop longue. Talons trop
hauts ou pince trop courte. Quartier interne trop bas ou externe trop haut. Quartier externe trop bas OU interne trop haut. Conformation et défor- mation. Action de la ferrure. De la fourbure. Chapitre III. — Des Accidents consécutifs a la
Déformation............................... 59
La fourchette échauffée. La bleime. La seime. L'oi-
gnon. Le javart cartilagineux. La forme. Tares osseuses. Tares molles. Des efforts. Les crevasses. Le harper ou éparvin sec. Chapitre IV. — Le Oheval qui se coupe........ 75
Membres antérieurs. Membres postérieurs.
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142 TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Chapithe V. — Le Oheval qui forge............ 82
Causes générales. Rólc de la ferrure.
Chapithe VI. — Des Aplombs................... 88
Coupe transversale. Coupe antéro-postérieure. Mem-
bres antérieurs. Membres postérieurs. Chapithe VII. — Du Fer....................... 95
Forme du fer. Ajusture. Garniture. Des crampons.
Du pinQon. Fer frangais. Ferrure Charlier. Fer anglais. Fer arabe. Fer russe. De rapplication du fer. Chapithe VIII. — De la Boiterie............... 119
Examen du cheval boiteux. Etude du pied. Précau-
tions a prendre. Pied plat. Pied comble. Pied en- castelé. Pied de travers. Pied pingard. Pied cerclé. Pied dérobé. Bleime. Scime. Cheval qui se coupe. Cheval qui forge. Fourmilière. Fourbure chro- nique. ^ * De l'Orthomètbe............................... 134
De l'Ane et du Mulet......................... 136
conclusion..................................... 138
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■■'K'
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SAINT-ÉTIENNE, IMPRIMERIE THEOLIER BT C'",
llue Gérentet, 12. |
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|tt
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j3ér
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