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LE
PIED Dü CHBVAL
ET SA FEBEDSB
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A. WATRIN
VÊTÉBIKAIRK MILITAIRE EN EETKAITE, CHEVALIEK Dt LA LÉGION D'HONNEUR
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Ejtamen mutLematique de l'uplomt liu óicd.
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SAINT-liTIENNE
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IMPRIMERIE T H É O LI E R ET c'" V
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Uue Güretitot, 12«
188 1
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Droits de reproduction et de traduction réserves.
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PRÉFACE
Le travail que je présente au public n'est pas
line ceuvre récente, car, depuis vingt ans, je n'ai
rien eu a changer ni a ajouter a mes théories. Je
ne comptais pas le publier; mais après avoir vu
la plupart des idees que j'avais professées et, je
crois pouvoir le dire, découvertes, reparaitre dans
des ouvrages spóciaux, plus ou moins défigurées
par unefausse interpréiation, j'aivoulu en rétablir
la véritable origine et la série logique qui m'ap-
partient. J'avais remis ces notes è. la
Société
Centbale de Médecine Vétérinaire qui, proba-
blement en raison de ses nombreux travaux, ne
put en faire l'examen ou leur donner place dans
son recueil de Vannée 1886. Sur les instances de
mes amis et pour éviter de nouveaux retards, je
me décidai k retirer le manuscrit et a le publier.
Je livre mon oeuvre avec confiance a Vappréciation
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des esprits éclairés et impartiaux. La coupe uni-
que et mathématique du sabot du chcval, les con-
séquences que j'en ai deduites, Iinterprétation
nouvelle de certaines fonctions du pied, sont les
points fondamentaux de mes théories.
L'avenir jugera de leur valeur.
A. W.
i'
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LE PIED Dü CHEVAL
ET SA FEREURE
PRÉLIMIMIRES ET IIISTORIÖÜE DE LA QUESTION
Premières oxpériences. — Lo fcr Defays. — Le Désencas-
tolcur. — Lo Podomctrc. — Expérienceg officiclles a
Versaillcs en 1863. — Rapport de la Commission d'hygiènc
hippique. — Ordre ministeriel. — L'auteur est envoyó a
l'école de cavalerie de Saumur en 1865.
A ma sortie de Técolo d'Alfort (1847), je fus affecté
au 8™° regiment do Hussards, oü je pris, comme
monture, un choval magnifique mais fortement
cagneux. Lo traitement de ce défaut était tout
indiqué : j'avais appris qu'au cheval panard on devait
abattre lo quartier externe, et au cheval cagneux lo
quartier interne. Jo me mis donc a faire ferrer
l'animal dans ces conditions; malheureusement, ce
que j'ignorais alors, mon cheval avait le quartier
^m
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8               LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRUKE
interne trop bas, do sorte que plus j'abattais co
quartior, plus lo défaut s'exagérait. L'animal out dos
bleimes, boita souvent et, malgró ses brillantes
qualitós, nous étions aussi malheureüx l'un quo
l'autre. Je cherchai sur d'autres chovaux des excm-
ples analogues, mais j'avais beau m'appliquer, je
tournais dans un cercle vicieux et je n'obtenais aucun
résultat favorable. Cepondant j'avais a pou pres
acquis la conviction qu'il y avait la quelque cliose a
faire et que Ie principe n'était pas l'oxpression do la
véritó absolue. Je cherchais bion la solution do co
problème dans la limito do mos moycns, mais jo
n'étais, a co moment, qu'un aide et, par conséquent,
il m'était a pou prés impossible de faire quoi que ce
soit par moi-mêmo.
Une fois vétérinaire en 1" (1859), je choisis, au
grand scandalo do mes aides, un certain nombre de
chevaux de différcntes conformations : piods plats,
encastelés, cagnoux, panards, pingards, etc. ; j'en
formai plusieurs lots auxquels j'appliquai les diffé-
rents fors recommandés : fer a plancho, fer a lunotto,
fer a pantoufle, etc.; chaque fer était appliqué a tous
les chevaux du memo lot. Chaque lot, composé do
plusieurs espèces do soi-disant conformations, était
soumis a un fer spécial. Quand un cheval boitait ou
marchait mal, comme je n'en savais pas oncoro la
raison, je changoais la forrure et il m'arrivait sou-
vent ainsi de voir avoc lo nouveau fer ce cheval,
qui était parfois un ancien boiteux, reprendre ses
anciennes allures ; ce résultat, il est vrai, était obtenu
empiriquoment, avec une ignoranco complete du
pourquoi.
Toutes los fois que j'obtenais, par ces tatonno-
ments, un résultat incspéré, au lieu d'en êtro satis-
fait, je n'en étais que plus soucioux, car c'était pour
• V
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HISTORIQUE DE LA QUESTION                        \)
moi la pretive qu'il y avait une vérité a trouvor et
que j'étais loin d'on avoir la clef.
Un jour, c'était a Lyon, et j'appartcnais au 3"°
Lanciers, j'ctudiais Ie fer Defays. Ce fer, comme
chacun sait, est pourvu en éponges de deux pingons
vcrticaux s'appliquant a la face interne des talons.
Deux étranglcmcnts ménages dans les branches per-
mottent, en dilatant Ie fer au moyen d'un étau spé-
cial, d'ócartor les talons. (Tout Ie monde, a ce mo-
ment, ne voyait que leur rétrécissement, et la modo
était alors au désencasteleur.) Mais les chevaux
travaillant sur Ie pavé, les fers se cassaient a l'étran-
glemont de la branche ; eet accident, qui se repro-
duisait assez frcquomment, ne laissait pas que d'êtro
oncreux pour los ouvriers maréchaux abonnataircs.
La première choso a obtenir était donc de supprimer
les étranglcmcnts des branches ; mais il me fallait
un étau asscz puissant pour dilater tous les fers.
C'est alors que j'imaginai Ie mien.
Cet étau se com-
pose d'un coin C,
poussé par une vis
V, entre deux bran-
ches B B, articulées
en AA, sur une barre
transversale M; l'ex-
trémité libre des
branches formc un
T, T.
On place l'ótau a
plat sur Ie fer, lo T
cngagó entre les éponges, et, tournant la vis douce-
ment, lo fer s'ouvre progressivemcnt et sans secousses
de la quantité voulue; a ce moment, on frappe un léger
coup de marteau sur la mamelle du fer, et celui-ci
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10            LE PIED DU CHEVAL ET SA FEHRLRE
restc dans sa position de dilatation, lo coin repré-
sentant avec les branches unc partie compacte et
résistante de fer agissant comme unc enclume. On
peut même, a un moment donné, fermer une branche
du fer et ouvrir l'autre. Supposons qu'on veuille
ouvrir la branche interne d'un fer quelconque et
fermer la branche externe : l'étau est engagó d'un
cóté sur l'éponge interne et de l'autre sur Ie milieu *
de Ia branche externe. On tourne la vis jusqu'au
moment oü la prossion est suffisante, sans déterminer
de dilatation ; puis, posant sous la mamelle interne
un marteau assez lourd pour faire contre-coup, on
frappe avec un marteau a main sur l'éponge externe
qui rentre immédiatement. L'étau n'étant engagé
que dans la partie clouée du fer garantit Ie pied de
toute pression ou tiraillement; les modifications no
s'opèrent que dans la partie libre des branches. Ce
cas, du reste, est fort rare et ne se présente que
pour rectifier une faute d'application et modifier lo
fer sans Ie déclouer.
J'en étais la quandun accident survint a la jument*
de mon colonel : une fenêtre d'écurie, brisóo par Ie
vent, lui tomba sur Ie dos et, la bete piétinant
d'effroi au milieu des débris, un morceau de verre
s'engagea et disparut dans la région tendineusc du
canon. La jument était méchante, hargneuso et sus-
ceptible; ma vue seule suffisait a l'cxaspérer; elle
se livrait a chaque instant a des mouvements désor-
donnés qui pouvaiont amener des accidents graves,
avec la lame de verre enfermée au milieu d'organes
si délicats. J'on fus reduit (c'était la jument de mon
coloncl !) a attendre un commcncemcnt d'elimination
qui ne se produisit, si j'ai bonno mémoirc, qu'un
mois environ après l'accident. A ce moment, la
pointe de verre apparut et je pus arriver a l'extraire.
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HISTORIQUE DE LA QUESTION                      11
on la saisissant a la volée, pendant qu'on détournait
l'attcntion de Tanimal. Mais, en faisant marcher la
bete, dont Ie membre lésé était resté pendant long-
temps soustrait a l'appui, et dont los talons s'étaient
rcsserrés, je m'apergus qu'elle était outrageusement
boiteuse. Je commandai au maréchal un fer Defays
pour remódier a cette situation. L'ouvrier, après
l'avoir confectionné, vint me Ie montrer, en me fai-
sant obsorver que, les lacunes latérales de la four-
chette n'existant pas, il ne pourrait pas loger ses
pingons. La chose était absolument vraie, mais, pour
ne pas en avoir Ie démenti, je lui fis remarquer que
rien n'était plus facile quo de les coucher pour leur
faire prendre la direction de la barre aplatie. A peine
Ie fer était-il appliqué que la boiterio cessait. Au
ronouvellement de la ferrure, les talons ayant poussé
et la lacune s'étant, par conséquent, accusée, les
pingons furent redressés et la boiterie reparut, in-
tense et doulourcuse. Aussitot, Ie fer fut onlevé, les
pingons inclinés a nouveau, et tout rontra dans l'or-
dre. Le résultat inespéré de cette contre-ópreuve si
frappante me surprit et me donna beaucoup a réflé-
chir. Ce fer apingons obliquesfut alors appliquó sur
uno grande échelle a des pieds de conformations
tout a fait disparates, boitoux ou non, et je me mis
a en étudier passionnómentles effots. Je no parlerai
pas des insuccès inhérents a des vices d'application ;
ils furent nombreux, car j'étais encore dans la pé-
riode de tatonnemont : j'étudiais et je chcrchais.
Toutefois, je fus assez surpris de voir que tous
les pieds se modifiaicnt sonsiblement. Une véri-
table rectificntion s'opérait
a la. couronne, et ils
tondaient tous a converger vers un type commun.
Quelle était donc la cause de ce phénomènc ?
Tous les fers désencastcleurs que j'avais vu appli-
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12             LK PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
quer agissaicnt tous d'unc maniere uniforme; on
ne cherchait absolumcnt qu'une chose : Produire
l'écartement des talons.
On ne se rendait pas
compte que, sous les pressions continues dun sabot
racorni, l'os du pied, si souple et si mallcable, se
déformait et que la boite cornéc devait nécossai-
rement revêtir la forme commandée par lo moule
intérieur. Lc fcr que j'appliquais, au licu d'écarter
les talons, les placjait sur deux plans legèrement
inclinés en sens inverse, les mobilisant et produisant
ainsi, approximativement, les mouvemcnts d'élas-
ticité d'un pied non ferré.
Tous les auteurs qui ont écrit sur Ie pied du
cheval ont varió sensiblemcnt dans la description
qu'ils ont faite de l'élasticité. On est surpris de voir
les différences d'opinion de gens tres bons obser-
vateurs, et cependant la plupart d'entre eux avaient
bien étudié la chose et leur description était vraie.
La raison d'un fait si peu vraiserablable est cepen-
dant bien simple : Tous ont étudió lo pied du cheval
sur un type special et atteint, par conséquent, de la
déformation habituelle de cc type. L'un n'étudiait
que des talons trop hauts, tel autre que des pieds
plats, panards, cagneux, etc, etc. Or, comme l'élas-
ticité du pied est une fonction physiologique n'cxis-
tant d'une fagon reguliere que sur Ie pied physiolo-
gique, il en résultc que l'élasticité d'un pied dé-
formé, et par conséquent malade, n'est plus qu'une
fonction pathologique se traduisant souvent par des
effets complètement inverscs, suivant les pieds.
Nous reviendrons plus tard sur les détails de cette
quostion.
Au bout d'un certain temps, j'en arrivai a mo con-
vaincre qu'il n'y a qu'un pied k déformations multi-
ples,
que toutes les phases de cette déformation doi-
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HISTORIQUE DE LA QUESTIOX           ,          13
vent otrc traitées a peu prés de la même fa^on et
qu'il faut parcr tous les pieds, suivant une loi uni-
que,
qu'ils soient panards, cagneux, etc, en un mot
atteints d'unc déformation quclconque, Ie boutoir
étant appelé a remplacer, chez Ie cheval fcrré, Ie
travail d'usuro normale de la nature.
Restait a déterminer cette loi.
En y réfléchissant un peu, je me dis que précé-
dcmmont on avait toujours négligé Ic pied vivant
contenu dans la boite cornéo, pour nc s'occuper que
de ccUe-ci, qui n'est, en somme, qu'une chaussure
produite par une sécrétion modifiable a linfini, que
Ic sabot pare suivant les hasards les plus fantaisistes,
en dedans, en dehors, en avant, en arrière, etc,
n'avait pas une croissance reguliere ; qu'il poussait
plus OU moins, suivant que la partie était soulagée
OU surchargée ; que, pour éviter cela, il devait être
pare d'unc maniere uniforme et mathématique, de
telle fagon que la. face plantaire du sabot fut pa-
rallèle
a la face plantaire du pied. Ceci était la
règle, mais il restait a déterminer des points de
rcpère pour la rendre toujours et facilement appli-
cable.
Les pieds, dans leur rectification, sous l'influencc
de l'élasticité factice produite par mon fcr, se rap-
prochant sensiblement de l'élasticitó normale ctcons-
tituant un véritable massage, revenaient tous a un
type uniforme.
Un cercle saillant énianait du bourrelet formant
une véritable amoroe d'un nouveau sabot. L'ondée
cornéo était uniforme, se rapprochant chaque jour
de la forme cylindrique, et Ie bourrelet lui-mème se
replagait, peu a peu, dans un plan perpendiculaire
a l'axc du pied.
Afin d'avoir un moyen de controle infaillible, je
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14
LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRUBE
fis alors établir un podoniètre spécial, destinó a
mesurer tous les angles et loutes les dimensions du
sabot.
Cepodomètresecom-
pose d'une tige A 13,
graduée, articulée au
point A sur Ie bord
d'une plaque métallique
A C. Un rapporteur,
.'•''                                       fixé a la tige au point D,
passé dans un trou, O, pratiqué dans un prolonge-
ment A ü, du plan de la plaque.
11 est facile de voir, en
examinant l'application de
1'instrument sur un pied,
que la tige A B donnera la
longueur de la pince et Ie
rapporteur son inclinaison
sur l'horizon.
Cette opération, se re-
nouvelant sur les talons et
les deux quartiers, en rcn-
versant Ie podomètre pour
mesurer, au moyen de la tige graduée, les deux dia-
mètres antéro-postérieur et trans verso do la sole,
on a tous les ólómcnts pour reproduire sur Ie papier
Ie profil et une coupe transversale du sabot. En
recommengant a plusieurs reprises, a des époques
différentes, et en reportant Ie résultat sur lo premier
dessin, avec des couleurs différentes, on peut suivre
les modifications successives obtenues.
Au bout d'un ccrtain temps, il était évident, pour
moi, que tous les pieds se rectifiaient dans Ie memo
sens et convergeaient vers un type commun qui
n'ótait plus difiicile a déterminer, puisqu'il était Ie
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mSTORIQUE DE LA QÜESTION                      15
centre et, en quelque sorte, l'idéal vers lequel ten-
daient toutcs les modifications régulières.
J'ajouterai que quelquefois cette loi m'a été pré-
cieuse en me faisant apercevoir, par des effets faux,
la moindre erreur commise dans l'application.
Je dois dire, avant tout, que souvent on m'a re-
prochó d'être exagéró dans mes principes et do
vouloir tout traiter par la ferrure. Ceux qui ont for-
mule cette appréciation n'ont pas voulu réfléchir a
une chose : c'est que, cherchant mon chemin dans
une route assez peu frayée et tres embarrassée, j'ai
été reduit, pour apercevoir la vérité, a mettre de
cóté tous les moyens usités qui auraient pu me venir
en aide pour la guérison de telle ou telle affection
du pied, mais auraient pu aussi me tromper, en me
mettant dans l'impossibilité de déterminer exacte-
ment la cause a laquelle je devais les effets obtenus.
C'est justement a eet exclusivisme forcé que je
dois d'avoir trouvé bien des choses qui, sans cela,
seraient restées, pour moi, dans l'obscurité.
Plus tard, dans les démonstrations que j'ai eu
occasion de faire, j'ai été obligé de suivre les mêmes
crrements, je passerai donc ici sous silence tout ce
qui n'a pas rapport a la ferrure.
Le pied vierge, Ie pied type, n'existe pas en do-
mesticité. On aura beau mettre le poulain dans un
coin de prairie, oxx il sera en liberté comme un poisson
rouge dans un bocal, il n'y a rien la qui ressemble
a la liberté qui ne peut existerqu'a l'état absolument
sauvage ; c'est la seulement que, chaque jour, et de
père en fds, le sabot s'use au fur et a mesure de sa
croissance ot sans intcrvcntion ctrangère aucunc.
Les animaux sauvages a sabot (cerfs, chcvreuils,
sangliers, etc), enfermés dans les parcs les plus
étendus, voient leurs sabots se déformer prompte-
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16             LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
ment et, si dans ces conditions, ils sont poursuivis
par une meute, ilsnetiennent plus que d'une maniere
dérisoire et sont aussitut fourbus et forcés.
Dans les départements de l'Est, il existe des trou-
peaux de porcs passant la plus grande partie do leur
oxistcnce dans les forêts. Ces animaux s'allient
même souvent avec des sangliers, et il semblerait
que, pour ces raisons, leur pied dut se rapprocher
sensiblement du type sauvage ; il n'en est rien copen-
dant, et les piqueurs chargés de démêler ces diffé-
rentes empreintes ne se trompent jamais en prenant
pour un pied de sanglier lo pied d'un cochon, quel
qu'il soit. Il en est de même pour Ie pied du choval
dont Ie type vrai ne peut être observé que dans les
contrccs oü il vit a l'état absolument sauvage.
Lc pied vicrge est un cylindre, coupé ii 55 degrés ;
Ie bourrelet est tout entier dans Ie même plan, do
sorte que toutes les fibres cornées qui en émanent
sont perpendiculaires a leur surface do sécrétion et,
par conséquent, parallèles entre ellcs. Toutes les
fois que je me suis occupó de la régénération d'un
sabot quelconque, je l'ai toujours vu se rectifier dans
lc scns du cylindro indiqué ci-dessus et toujours la
première modification s'ost produite au bourrelet.
Au commencement de l'année 1863, mon regiment
étant sur Ie point de quitter la garnison de Lyon, lo
génóral Mavct vint prendre Ie commandement de la
brigade dont il faisait partie. 11 me confia ses che-
vaux, animaux de grand prix, mais tous plus ou
moins boiteux, avec des aplombs tres faux. Il assis-
tait avec la plus grande attention aux rcctifications
que j'exécutais, au point que l'opération terminée, il
continua journellement ses visites a la forge pour
suivre mes travaux sur les chevaux du regiment.
A mon arrivée a Versailles, je fus mis par lui en
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Le pied type.
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18 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
demeure d'avoir a fournir un rapport sur mes tra-
vaux. J'eus beau objecter que, n'ayant fait qu'en-
trevoir une vérité, il m'était impossible de la for-
muler, rien n'y fit et je dus m'exécutor. J'envoyai
alors une espèce de rapport qui n'était que l'écho de
mes tatonnements et de mes incertitudes, mais a la
suite duquel on me livra dans différents régiments de
la garnison et des environs une centaine de chevaux,
sans distinction d'age, choisis parmi les boiteux et
les estropiés et que je devais rcdresser sous la sur-
veillance de la Commission d'hygiène hippique.
J'étais seul, sans un ouvrier pour m'accompagner;
la mission était fort difficilc, souvent désagréablc;
mais, la nécessité aidant, je découvris en peu do
jours la loi des principes que je cherchais, et il ne
restait plus pour m'embarrasser que quelques points
de détail que je découvris peu a peu.
Les chevaux qui m'avaient été confiés appar-
tenaient tous a des races diverses et se trouvaient
dans des conditions tout a fait différentes : cuiras-
siers, lanciers, artillerie, arabes des chasseurs de la
Garde. Ceux qui savent ce que c'est que l'intérieur
d'un regiment comprendront sans peinc les diffi-
cultés et les désagréments d'une pareille mission,
avec des cavaliers et des ouvriers que je dérangeais
continuellement, presquo tous hostiles et cherchant
par tous les moyons a entraver Ie succes, malgré lo
concours dévouó des vétérinaires désignés pour
suivre mes opérations.
Néanmoins, les résultats furent favorables, comme
Ie constate Ie rapport établi par M. Goux, vétérinaire
principal, président de la Commission qui suivait
mes expériencos.
Les conclusions do ce rapport ayant été tronquées
et, par conséquent, dénaturées dans différentes pu-
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HISTOBIQUE DE LA QUESTION                   19
blications, nous nous voyons dans la nécossité de Ie
rcproduire, in extenso, tel qu'il a óté publié dans lo
numero de mai 1865 du Journal de médecine vété-
rinaire militaire,
page 757 :
Séance du 17 février 1865.
M. Goux, rapportour d'une sous-commission, composéc de
MM. los vétórinaires principaux et chargée de diriger et de
suivre des expóriences sur Ie systèmc de ferrure de M. Watrin,
vétérinaire en 1" au 3™" de Lanciers, rend compte, dans un
rapport tros circonstancié, des résuUafs obtenus a la suite de
cos divers essais, et qu'il résumé en disant :
« Do nos observations directos, des résultats dos expérienccs
faites aux Chasseurs de la Garde, au 2™" regiment de Lanciers,
aux régiments de l'artillerie do la Garde, ainsi que des fails
particuliers qui nous sont connus,il ressort comme conclusions
générales :
« 1° Que Ie systéme do ferrure proposé par M. Watrin, et
dont il est rinvcntcur, est tres rationnel, en cc qu'il fournit un
moycn, sinon infaillible, du moins Irès puissant, pour rendrc
])rogressivement aux picds plus ou moins déformés leurs
niouvements normaux, pour provoquer ainsi plus ou moins
Icntement leur régénération, et alors pour guérir un grand
nombre des altérations dont ils peuvent êtro lo siége ;
« 2° Que la pratique do cetto ferrure, contraircment t.
l'opinion do l'auteur, est loin d'étre exempte de difficultés ;
qu'cllo cxigc de la part des ouvriers maréchaux, mème
cxpérimenlés, une grande altention, une grande habileté ; que
l'usage particulier de l'étau dilatateur demande boaucoup de
circonspcction, bcaucoup d'habitude, sans lesqueües on est
exposé a de séricux inconvénicnts, qui retardent d'autant les
bons effets de la ferrure ; que, pour ces motifs, son applioation
générale ne saurait êlre autorisée, quant a présent, dans
l'armée ; mais que son usage, comme moycn orthopédique,
tres efflcace, doit être, au contraire, tres répandu dans les
ateliers de marcchaleric militaire ;
" 3° Qu'uno i'cinarquo tres importante a été faito par tous
les membres de la Comraission : c'est que les piods d'un grand
nombre de chevaux, surtout de «eux des Chasseurs, sont
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20             LE PIED DU C.IIEVAL ET SA FERRUHE
devenus plus courts, plus réguliéremenl ari'ondis, plus
d'aplomb ; que ce sont Ik des modifications importanles que
robservalion directe a d'abord constatées, mais que les em-
preintes de la face planlaire et les ferrures de M. Watrin
sont venues ensuite confirmer ;
« 4° Que si les résultats obtcnus sur les chevaux du regiment
de Chasseurs ne constituent, en déflnitive, qu'un demi-succès,
los améliorations plus ou moins marquées, qu'on a observces
sur un grand nombre de pieds, sont néanmoins assez signifi-
catives pour que nous soyons disposes a croiro, avec M.
Watrin, que si les expériences avaient été prolongées plusieurs
mois, Ie résultat certainoment eüt cté plus complet, d'aulant
plus qu'il ne faut pas oublier que beaucoup de ces pieds étaient
profondément déformés, et qu'jls ne ])ouvaient être modifiés
que lentemcnl par une régcncration progressive des tissus
sous-cornés ;
« 5° Que, par contre, si les améliorations obtenues sur les
chevaux du 2»» de Lanciers et des régiments d'artillerie de la
Garde ont été plus manifestes, elles ne nous ont cependant pas
paru plus concluantes, parce que, en général, les pieds de ces
animaux étaient loin de présenter les difficultés que M. Watrin
a rencontrées sur les chevaux du regiment do Chasseurs ;
« 6° Que, sans croire ó, rinfaillibilité du système de ferruro
on question, nous n'hésitons pas ó, Ic considérer comme un
véritable progrés réalisé en maréchaleric, comme constituant
un moyen orthopédiquo des plus rationnels, des plus efficaces,
des plus propres k combattro victorieusement les différcntes
déformations que Ie pied peut éprouver et la plupart des altö-
ralions dont il peut étre alteint; enfin, comme étant incontes-
lablement supérieur a tous les autres moyens lour ii tour
préconisés;
« 7° Qu'en conséquence, il y aurait utilité et avanlage a Ie
répandre dans l'armée par lous les moyens dont dispose
l'administration supérieure de la guerre, düt-elle, pour altcin-
dre ce but, envoyer pendant quclque lemps M. Watrin ö,
Saumur, pour initier Ie professeur de maréchaleric, les aides-
vétérinaires stagiaires et les ouvriers maréchaux h la théorio
et au manuel de sa ferruro. »
Maintenant, Messieurs, en vous informant que M. Watrin
a apporté è, la réalisation de son idéé une volonlé, une persis-
tance, un dósintéresaement dignes des plus grands éloges,
-ocr page 19-
HISTORIQUE DE LA QUESTION                   21
nous osons espórer que vous voudrez bien vous joindre è. nous
pour recomnaander ce vétérinaire laborioux et instruit k la
bienveillanco particuliere de M. Ie Ministre de la Guerre, pour
prier Son Excellence de vouloir bien lui adresser une lettre de
félicitations et lui accorder, k titre de récompense, la colleo-
lion des mémoires de la Commission d'hygiène hippique.
A la suite do ce rapport, je fus onvoyó a l'EcoIe
do cavalerie de Saumur, en vertu d'un ordro que je
roproduis textuellemont :
c" DivisioN^MiiiTAinE                                        Colmar, lo 12 mai 1865.
Subdhinon.
ÏSt> J43a
MON CHER COLONEL,
Les cxpéricnccs prescritcs par S. E. lo IVIinistre de la Guerre,
sur un systómo do ferrurc invcnté parM. lo veterinaire Walrin
do votre regiment, ayant róussi, Ie Ministre a décidé que M.
Watrin se rendrait a TEcolc de cavalerie pour inilier les vété-
rinaires profosscurs, los aidcs-vctérinaircs stagiaires ot les
ouvriers maréchaux a. la théorio et au manuol pratiquo do sa
forrure, afin quo, de retour dans les corps, les aidcs-vétéri-
naires et los maréchaux puissent y répandre les connaissanccs
qu'ils auront acquises sous la direction do l'auteur.
En conséquonce, aprés l'installation do votre regiment ó,
Colmar, M. Watrin se rcndra k Saumur, oü il séjournera
pendant lout Ie tcmps que sa présence y sera jugée nécessaire.
Jo vous prie do vouloir bien m'informer du départ de cc vété-
rinaire.
Rccevcz, mon chcr Coloncl, rassuranco de mes sentiments
alTectueux.
Le Général commandant la subdivision,
Signé : Guérin de Waldersbach.
A mon arrivée a Saumur, je fis une ou deux con-
férences aux vótcrinairos stagiaires et aux ólèves
maréchaux. On me dcmanda do faire quelques cxpé-
-ocr page 20-
22             LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
riences démonstratives, ce que j'acceptai volontiers.
Je choisis un certain nombre de chevaux parmi
ceux dont les aplombs étaient Ie plus faussés et les
pieds Ie plus défectueux. J'avais, du roste, trouvé la
un adniirablc champ d'expérience et d'étude, oü
j'acquis bientot la conviction la plus inébranlablo
que j'étais dans Ie vrai.
J'ajouterai que dans Ia salie des conférences, je
trouvai une rare collection de sabots défectueux ; je
crois que, nuUo part, on ne pourrait trouver ladéfor-
mation poussée a de semblables limitcs. C'est en
examinant ces sabots que je trouvai les points de
repère pour faire une coupe mathématique du sabot
dans Ie sens antéro-postérieur, pour ia pratique de
la ferrure. Jusque-la, j'avais bien mis les deux quar-
tiers a la même hauteur, mais, n'ayant pour me
diriger dans Ie sens antéro-postérieur que l'anglo de
pince, il arrivait que sur ccrtains picds a pince
creuse, ou pingards par exemple, je me trouvais
embarrassé etn'arrivais au résultat qu'empiriquement
et d'une maniere approximative, laissant parfois Ie
talon un peu haut. Séance tenante, mes convictions
furent arrêtées a eet égard, et je n'ai jamais eu
depuis ales modifier, sauf dans quelques cas patho-
logiques tres rares.
Au bout d'un certain temps, je m'apergus que ma
mission d'initiateur était changée : j'ctais réellement
sur la sellette et les expériences que j'exécutais,
loin d'être suivies comme un objet d'ctude, étaient
soumises a un véritable controle. M. Goyau, qui
était alors vétérinaire a Saumur, me demandait sou-
vent des explications et prenait des notes.
Entrainé par mes études, je prolongeai outrc me-
sure cetto situation fausse ; puis, on me demanda un
rapport et je rejoignis mon regiment.
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HISTORIQUE DE LA QUESTION                     23
Quelquo temps après, M. Goyau faisait paraitre
une sorte do roman intituló « Ferrure du cheval »,
dans lequel se trouvait reproduit tout ce que je lui
avais dit. Il est vrai que certaines choses y avaient
été dénaturées, afin que l'auteur put s'attribuer Ie
mérite de les avoir rectiuées ; d'un autro cótó, la
naïveté des contradictions y accuse l'inexpérience
complete de la chose.
A cette époque, M. Goyau m'appelait encore
« l'inventeur du nouveau système deparer Ie pied ».
Depuis, dans son « Traite pratique de raarécha-
lerie
», il reproduit la plupart do ces naïvetés, mais
il daigne m'appeler par mon nom. Maintenant,
comme par Ie passé, je ne ferai pas a M. Goyau
l'honneur de lui répondre, de lui réclamer tout cc
qu'il m'a empruntó, ni de récuser ce qu'il m'a attri-
bué dans son effronté plagiat, oü il n'a fourni que
les phrases et les errours ; mais je proteste avec
indignation contro ce procédé inqualifiable dont j'ai
été la victime.
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J*
*
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# .
%
CHAPITRE I.'
*
m
DES MEMBRES ET DU PIED
Membres antérieurs. — Membres postérieurs. — Le pied.
Nous n'avons pas l'intention do traiter la question
anatomique du pied ; nous nous bornerons a rappclcr
les choscs absolumcnt nécessaires a notrc dcmons-
tration et les points sur lesquels nous dcvrons insister
plus tard. Nous nc parlerons pas des rayons supé-
rieurs des membres, mais nous ferons copendant
observcr que, par un mécanismo semblablo a celui
des rayons inférieurs, dont nous allons nous occupcr,
la flexion des articulations tend a porter rextrcmitó
inférieure du membre en dehors pendant son oscil-
lation.
Membres antérieurs. — Le canon se termine a
sa partio inférieure par deux condyles dont la lon-
gueur est parfaitemont cgalo, mais dont l'épaisseur
est bien différente, le condyle interne étant beaucoup
plus ópais que l'externe.
La mcme inégalité existe dans les cavités qui
constituent la partio supérieure de l'os corrospondant.
Disons de suite que la conséquencc de cette confor-
mation, qui se rctrouve dans los os qui suivont, est
de produire do véritables excentriques rejetant, dans
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26 ? LE PIED DU CHEVAL ET SA FEBRURE
la flcxion, l'extrémité inférieure du mombre tout a
fait en dehors. On peut s'en assurer en pronant sur
un cadavrc un membre antérieur que l'on fcra lléchir
en rapprochant scs extrémités ; on verra alors qu'il
ne se ploie pas dans Ie même plan, mais on formant
une sorte de spirale. Nous aurons, plus tard, a rc-
venir sur ce mécanisme, en nous occupant du cheval
qui se coupe.
La première et la deuxième phalanges sont cons-
truites d'après Ie même principe et concourent au
même mécanisme.
La troisième phalange est un os spongieux, mal-
léable et souple a l'excès, susceptible, sous les
pressions de la boite cornée, de déformations mul-
tiples, jusques et y compris Ia résorption prosquo
complete, sauf la surface articulaire. Cet os, doué
d'une certaine souplesse a sa partic postérieure, est
continue par les cartilages qui doivent normalemcnt
se trouver dans son prolongement, sauf Ie cas de
déviation, et qui contribuent a former, avec l'os du
pied et Ie coussinet plantaire, Ie moulo du sabot, en
dehors duquel ils constituent, a la partic supérieure
du pied, deux légers renflements arrondis et uni-
formes.
Membres postérieurs. — Dans Ie membre posté-
rieur, lo mécanisme est Ie mêmc ; nous n'avons a
signaler que la poulio oblique du tibia, faisant
osciller l'extrémité du membre d'avant en arrière et
de dehors en dedans, c'est-a-dire écartant les mem-
bres en avant, pour óviter les chocs du pied sous la
partie inférieure du tronc et les reportant en arrière
dans lo plan médian, pour pouvoir pousser Ic centre
de gravitc en avant sans Ie faire osciller latéralement.
Les ligaments sont disposes sur les cótés de toutes
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DES MEMBRES ET DU PIED                    '27
ces articulations, de fagon a leur pormettre un mou-
vement de cbarnière; ils pcrmettent aussi aux arti-
culations de la région digitée, quelques mouvements
de latéralité qui deviennent fatigants et douloureux
quand ils sont répétés et exagérés.
Les tendons principaux, cxtenseurs et fléchisseurs,
sont places en avant et en arrière du membro, de
fagon a obtenir son oscillation dans un plan bien
déterminé, sauf les déviations mécaniques dont nous
avons parlé. Il ne faut pas oublier l'extenseur obli-
que destiné a remettre en ligne les phalanges dóviéos
en dehors pendant la flexion. Ce muscle fait alors
cxccuter aux phalanges, au moment de l'extension,
un pivotement d'arrière en avant et de dedans en
dehors, pour effacer Ie mouvement contraire produit
par les condyles dans la flexion.
Citons la bride fibreusc qui, partant de l'apparcil
ligamenteux du boulet, croise Ie paturon d'arrière on
avant et va s'insérer avec lo tendon extenseur a la
partie antérieure de la troisième phalange, brido
absolument relachée, invisible a l'extérieur dans
l'extension normale, faisant fortement saillie sous la
peau, quand elle est distonduc dans l'appui, par ccr-
tains vices d'aplomb ; elle produit, quand elle est
intacte, Ie mouvement automatique d'extension des
phalanges pendant la marche, mouvement connu
sous Ie nom de stepper. Elle empêche aussi, dans
ces conditions, les chutes du cheval sur les genoux.
Rappelons que, dans Ie membre postérieur, lo
tendon du perforó passant sur la pointe du calca-
néum, il est impossible de fléchir Ie jarret sans
fléchir la région digitée, et que, par contre, la flexion
de la région digitée étant impraticable, pour une
cause quelconque, la flexion du jarret ne peut
s'exécutor.
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28 LE PIED DU CHEYAL ET SA FERRURE
Le PIED. — Le sabot est constituó par diverses
pièces cornées, agencées entre elles et constituant la
boite protectrice du pied.
La paroi représente la partie extérieure du cy-
lindre corné ; elle est formée do deux couchcs de
corne, l'une émanant du bourrelet et l'autre des
feuillets podophylleux. La couche externe émanant
du bourrelet est constituóe par des fibrcs, toutes
parallèles entre clles, ainsi qu'a l'axe du pied et
perpendiculaires a leur surface de sécrétion, puis-
que le bourrelet est tout entier dans lo même plan
et perpendiculaire a l'axe du cylindro. Il est de touto
óvidence que, dans ces conditions, les fibres de la
paroi suivant la même direction que les feuillets
podophylleux, l'engrenage entre les deux couchcs do
corne sera complet et la fourmilière impossible.
Le bord plantaire do la paroi s'incrustant dans lo
sol pendant la marche s'use en dedans et en dehors
et devient légèrement tranchant.
Le biscau interne est formc aux dépons des feuil-
lets kéraphylleux, dont la faiblo consistancc facilite
l'usure. Ce fait, du reste, est commun a tous les
animaux a sabot.
Ajoutons que ces explications, mathématiquement
vraies pour le pied antórieur qui est un cylindro, le
sont égalcment pour lo pied postérieur qui est légè-
rement triangulaire.
La barre, formant la partio rentrante et en quel-
que sorte la continuation de la paroi, représente
d'abord on arrière une voute a courbe supérieure
sur laquellc le pied vient s'appuyer et qui, s'affais-
sant sous le poids, détermino l'écartoment des ta-
lons. Elle représente doncl'organe actif dol'élasticité
du pied et, loin de ceder sous la traction des talons
qui s'écartcnt, c'est olie qui, par son affaissement,
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m
m
DES MEMBRES ET DU PIED                        29
les éloigne 1'un de l'autre. Cette barre se prolonge
ensuite sur Ie bord interne de la sole, avec lequel
ellc se confond et semble faire Ie tour de la four-
chette, dont elle est isolée par un sillon asscz pro-
fond.
La sole représente la plus grande partie du plan-
cher du sabot, formant une voute légèrement sur-
baissée, séparée de la paroi sur tout son pourtour
extérieur par un sillon uniforme creusé aux dépens
des feuillets kéraphylleux. Un évidement analogue
l'isole de la fourchette sur tout son bord interne qui
SC trouve renforcé par les fibres terminales do la
barre.
La fourchette est un coin de corne moUe place
dans l'évidement médian de la sole. Elle forme une
pointe en avant, se divise a l'arrière en deux parties
constituant un coussin destiné a amortir les chocs
sur Ie sol et surtout a limiter l'écartement exagéré
des talons. A sa partie externe, elle est suspendue
au bord interne de la barre dont ellc limite l'ex-
tension par un mouvement de charnière que facilite
Ie sillon qui l'entoure.
N'oublions pas que la fourchette est fixéo en avant
sous l'os du pied qui lui donne un point d'appui fixe
et qu'au contraire, dans sa partie postérieure, elle
est iixée sur un point excessivement mobile et modi-
fiable représenté par les cartilages et Ie coussinet
plantaire.
Chez les animaux sauvages de nos forêts ayant
des sabots, il existo derrière Ie boulet deux petits
ergots qui remplissent exactement Ie même but et
dont la forme ressomble tres bien a une coupe trans-
versale de la fourchette. Il est, du reste, facilo do
voir que Ie coin que celle-ci représente a sa pointe,
011 Ic mouvement d'affaissement de la sole est en-
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30             LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
core obscur, se complique en allant vers les partics
postérieures,oü lo mouvement s'accentue davantage,
et qu'elle présente alors deux coins au lieu d'un,
avec trois lacunes complétant Ie mécanisme en rece-
vant la terre qui a étó refoulóe par la fourchette et
les talons. Les animaux a crgots dont nous avons
parló ont, entre ceux-ci, des poils tres raides qui
font matelas et cmpêchent la terre de se fixer entre
les deux ergots.
Chez Ie ba3uf, lorsque les deux doigts sont rap-
prochés, ils représentent, a peu de chose prés, Ie
sabot du cheval : même forme, même inclinaison.
même direction des fibres pcrpendiculaires au bour-
relet. La sole, comme chez Ie cheval, représente
uno voute ne touchant pas a la terre, mais la four-
chette est représentée par deux grosses protubé-
rances molles et élastiques qui, au moment d'un
effort violent et lorsque les doigts s'écartent, vien-
nent s'appuycr sur Ie sol et limitent Ie mouvement
d'écartement.
Si nous avons insisté sur tous les détails du pied
sauvage, c'est qu'il doit nous servir d'idéal et d'ob-
jectif dans la régénération d'un sabot déformé et
nous donner la clef de l'étiologie de la plupart des
boiteries occasionnées par ces déformations. Cepen-
dant, tout co que nous vcnons do dirc a propos du
pied vierge et de ses fonctions est loin d'être la vérité
pour ce que nous voyons journellemcnt.
Le poulain, a sa naissance, a bien Ie bourrclct
dans le même plan, mais presqu'aussitot la défor-
mation s'en empare et le transforme a l'infini. La
race, les milieux, la nature du sol concourent a ces
modifications jusqu'au jour oü le marcchal incons-
cient vicnt raccourcir de travers les sabots du mal-
heureux animal pour achcver l'ceuvre de destruc-
-ocr page 29-
31
DES MEMBRES ET DU PIED
tion. Aussi voyons-nous, chaquejour, dansles prés,
des poulains de quelques mois avec des pieds et des
aplombs completement ridicules, qu'on a l'habitude
de regarder comme des -vices de nature. Pour ma
part, il m'cst arrivé de trouver dans un pré tourbeux,
oü les pieds s'enfon^aient par la pointe, une série
de poulains do prix qui étaient tous pingards et
même rampins des quatre membres. J'ai été obligé,
pour les rodrcsser, do les mottre en liberté a de-
mcure dans une écurie dont lo sol, pa\ó en briques,
était parfaitement horizontal, après toutefois leur
avoir pare los piods convenablement. La plupart do
ces poulains se sont remis tres rapidement, mais les
plus agés et par conséquent les plus malades ont du
êtro gardes pendant plusieurs mois dans ces con-
ditions.
Quant aux proportions du pied, voici a peu pres
commont nous les déterminerons :
Supposons un dia-
mètrc do O'", 11 ; la
pince aura 0'°,10 de
longucur et les talons,
parallèlos a la pince,
auront par consé-
quent Ic quart de
collo-ci, soit 0"',025,
puisque l'angle de pince est de 55°. La fourchette,
parallèle au sol, en est éloignée de 2 ou 3 millimè-
tres, de fac;on a pouvoirlo rencontrer ets'y incruster,
suivant los cas, quand, pour une causo quelconque,
raffaisscmcnt do la sole est trop accentué. Dans ces
conditions, tendons et ligaments sont tous dans une
position et une tonsion normales, sans distension ni
tiraillements.
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1i"
32           LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRüRE
CHAPITRE II.
DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION
«
Talons trop bas ou pince trop longue. — Talons trop haut
OU pinco trop courtc. — Quarticr interne trop bas ou
externe trop haut. — Quarticr externe trop bas ou in-
terne trop haut. — Conformation et déforinalion. —
Action de la ferrure. — De la fourburc.
Nous avons dit que dans un picd normal les poids
étaient répartis d'uno maniere reguliere, sur tout Ie
pourtour de l'ongle, et que la régénération s'en fai-
sait au bourrelet par ondées uniformos et parallèles ;
mals aussitót que Ie cheval est soumis a la domes-
tication, il n'en est plus ainsi : l'usure n'étant plus
en rapport avec la croissance, il y a des différonces
de longueur, de fonctionnement et par conséquent
des différenccs de répartition des poids. Le sabot,
étant un cylindre inclinó sur Thorizon, reporte, en
s'allongeant ehaquc jour, les poids qu'il doit sup-
porter vers ses parties postérieures, en soulageant
d'autant la pince ; mais comme, d'après unc loi
naturelle, la corne pousse d'autant moins qu'elle est
plus chargée, on comprendra que, dans ce cas, le
sabot poussera plus en pinco qu'en talon, que l'on-
dée cornéc qui émanera du bourrelet ne sera jilus
uniforme et que colui-ci sera refoulé dans un sens
qui l'éloignera de sa position primitive. Si, au con-
#              *»                       •
-ocr page 31-
#
DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMAÏION 33
traire, pour une cause quolconque, la pince vient a
être raccourcicou Ie talon trop élevé, ce qui revient
au même, Ie boulet se redressant dans certains cas,
les parties antérieures seront surchargéos et Ie pied
poussera en talons. Que la différence de hauteur se
produise sur l'un ou l'autrc dos quartiers, Ie principe
est Ie mêmc : Ie quartior Ie plus bas ctant surchargé
ne poussera plus ; toute la croissance s'exécutant
dans Ie quartier opposé, la boite cornée déviera de
son axe. Cette loi qui veut qu'un sabot ne puisse
pousser uniformómcnt quand son bourrelet n'est
plus perpendiculaire a l'axe du pied, se manifeste
dans la pratique par des déformations aussi variées
et aussi nombreuses que les causes qui les produi-
sent. Ces divergenccs dans les résultats sont d'autant
plus indéfinies que Ie memo fait ne produit plus les
mêmes rcsultats sur des animaux de conformation
différente et qu'un pied pare de travers, mais de la
même ïaqon, sur un cheval a poitrine étroite avec Ie
coude au corps, ne sera pas déformé de Ia même
maniere que s'il appartient a un animal a vaste
poitrine avec Ie coude en dehors, etc, etc. Nous ne
pouvons mieux cxprimer notre pensee qu'en rappe-
lant que les corncs des ruminants sont d'autant plus
contournées que leur surfacc de sócrétion est plus
inclinée sur leur axe. La cornc du bélier décrit une
véritablc spirale qui est la conséquence de ce fait
poussé a l'excès.
Le bourrelet se trouvant déplacé et éloigné de sa
position normale ne sera plus perpendiculaire aux
fouillets podophylleux, et les fibres cornées ne sui-
vant plus leur direction, il y aura d'abord tirail-
lement, déplacement des parties flexibles et enfin
dcsagrégation des deux couchcs 4ft^corne qui con||-
tituent la paroi.
#
-ocr page 32-
34 LE PIED BU CHEVAL ET SA FERRURE ' ♦
Pour faciliter l'étudo de la déformation qui est
tres complexe, nous prendrons les quatre cas prin-
cipaux avec leurs conséquences les plus ordinaires ;
car, nous l'avons déja dit, la même cause produit
souvent des effets diamétralement opposés sur des
animaux do conformations différentes. Nous vcrrons
donc :
Le talon trop bas ou la pince trop longue ;
Le talon trop haut ou la pince trop courte ;
Le quartier interne trop bas ou externe trop haut;
Le quartier externe trop bas ou interne trop haut.
Répétons que ces cas varicnt a l'infini ; que, par
exemple, un cheval peut avoir le quartier interne
trop bas et les talons trop hauts, qu'il peut être trop
bas de l'un ou de l'autre talon avec une mamollo
trop élevée, etc, etc.
Le mécanisme des membres antérieurs différant
sensiblement de celui des membres postérieurs, il
en résulte que les conséquences do tel défaut d'aplomb
peuvent varier considérablcment lorsqu'il s'agit du
devant ou du derrière. Occupons-nous d'abord des
membres antérieurs.
Talons trop bas ou pince trop longue.
Dans ce défaut d'aplomb, le cylindre s'inclino
davantage sur l'horizon ; le pied, au liou do reposer
sur une semelle horizontale, repose sur un plan
oblique d'avant en arrièro et de haut en bas. Le
talon surchargé poussera d'autant moins que le dé-
faut sera plus exagéré, et la pince soulagée poussera
dans des proportions exactement contraircs. Or,
plusieurs cas peuvent so présenter : si le pied est
large, les talons s'éculeront, la barre s'aplatira, les
quartiers s'évaseront et lo pied deviendra plat. Ccci
est surtout le cas d'un pied a talons courts.
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 35
Si Ie talon est plus long, les fibres s'inclineront,
chassant en haut les cartilages latéraux; Ie bourrelet
prendra une position se rapprochant de l'horizon-
tale ; on aura un pied a talons fuyants.
D'un autre coté, la soupentc tendineuse des ten-
dons fléchisseurs se trouvant distendue, elle redres-
sera les rayons osseux; Ie cheval deviendra droit
sur ses boulets.
Talons trop hauts ou pince trop courte.
Dans ce cas, c'est la pince qui sera surchargée et
les talons qui pousseront ; mais faisons observer,
avant tout, que Ie membre a talons trop hauts repré-
sente Ie commencemont de la flexion, la pince du
sabot se rapproche de la verticale et l'os du pied
participe au même mouvement; puis, en suivant,
on voit la première et la deuxième phalanges fléchies
sur la troisième et décrivant un are de cercle a
concavité inférieure. L'angle formé en avant par Ie
canon et la première phalange se ferme; les inser-
tions extrêmes des tendens fléchisseurs se trouvant
rapprochées, la soupente tendineuse se trouve, par
conséquent, relachée et Ie boulet n'est plus soutenu
que par son ligament suspenseur. Nous en verrons
plus tard les conséquences ; faisons seulement ob-
server, pour Ie moment, que Ie bourrelet décrira une
courbe antéro-postérieure a concavité inférieure. Le
même fait se produira sur la sole ; elle décrira la
même courbe, en l'exagérant plus ou moins, soule-
vant l'os du pied en avant, en le faisant pivoter sur
sa pince. Comme conséqucnce générale, encastelure,
pied dit pingard et en outre boulets affaissés ou re-
lacliés et genoux arqués.
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36             LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
3° Quartier interne trop bas ou externe trop haut.
Dans co cas, Ic cylindrc se trouvc inclinc latóra-
lement sur l'horizon, les deux quartiers ne sont
plus perpendiculaires au sol, Ie quartier interne
formo avec lui un angle aigu qui cntrave sa dilata-
tion dans la marclie, Ie quartier externe, au contraire,
formant un anglc obtus, verra son mouvement d'écar-
tement s'accentuer, il deviendra plus fort au fur et
a mesure que l'autre deviendra plus faible; mais,
tandis que Ie quartier externe se dilatera, pendant
l'appuijdans Ie sens de l'élasticité normale, Ie quar-
tier interne se resserrera a chaque foulée, en com-
primant les parties sous-jacentes. Le cartilage in-
terne, chassé du sabot sous la pression de la paroi,
viendra faire saillie sous la peau a la couronnc, la
barre correspondante se placora de champ, faisant
disparaitre les derniers vestiges d'élasticité dans
cette partie ; le pied deviendra généralement panard.
4" Quartier externe trop bas ou interne trop haut.
Ce cas, de beaucouple plus rare, produit des effets
différents, mais qui sont loin d'être opposés, comme
on pourrait le supposer. En effet, le cheval qui a un
quartier du pied trop bas se trouvc soUicité a unc
flexion transversale des articulations; comme cette
flexion est impossible, le cheval y suppléc par une
torsion et une position du membre qu'il choisit, sui-
vant sa conformation, pour éviter la douleur. L'un,
qui a la poitrine étroite, le coude au corps, les arti-
culations un peu grêles, se soulagera en portant la
pointe du pied en dehors et quelquefois en écartant
un peu les membres ; il fera un panard. L'autre, a
la poitrine large, le coude en dehors, les articu-
lations puissantes et réfractaires aux torsions, se
-ocr page 35-
DK LA DÉFOnMATlON ET DE LA OONFORMATION 37
campcra Icgcremcnt du devant, la pointe du picd en
dcdans ; il icra un cagneux.
Certains chevaux, principalement ceux de gros
trait, a pieds un peu évasés, avec des talons bas ou
éculcs, devonus doulourcux sous l'influencc du fer a
cpongcs qui leur est appliqué la plupart du temps
avec une ajusture entolée, etc, reportent, pour se
soulager, l'api^ui sur la pince ; ils engagent alors Ie
mombre sous la masse et deviennent ce que l'on
appclle Ie cheval sous lui. Je nc veux pas nier ce
dcfaut comme naturel, dans certains cas ; mais il y
a tcllemont d'acquis dans l'état do ceux que nous
observons chaquc jour, et on produit sur eux de
telles amóliorations par la rectiflcation des aplombs
et une ferrure rationnelle, qu'il est bien difïicile
de dire, dans Ie défaut qui nous occupe, quelle est
la part de la nature et celle de la mauvaise ferrure.
Dans les pieds postérieurs, les offets ne sont pas
les mcmes, parco que la conformation étant diffé-
rente, Ie cheval fuit la douleur d'une autre maniere.
Ainsi l'animalpcut, en fléchissant ou redressant son
jarret, tendre plus ou moins les tendens flechisseurs
et se soulagor a volonté. Il arrive même, dans cer-
tains cas, a pouvoir se dispenser de marcher sur la
sole, comme dans Ie pied pingard.
En résumé, on veri'a que les déformations varient
a l'infini, mais qu'elles ne sont qu'une seule et même
affection.
Ainsi, Ie pied dit panard sera encastelé, par
exemple, du quartier interne; Ie pied plat sera en-
castelé du haut et avachi du bas, etc, etc.
Outre cos cas, isolés ou combines, nous verrons
Ic pied et ses cartilages décrire une courbe antéro-
postérieure a concavité inférieure dont l'cxagération
est Ie pied pin^ard (cette déformation existe sur Ie
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38 LE PIED DU CHEVAL ET SA FEBRURE
pied antérieur comme sur Ie pied postérieur, quoi-
que Ie cheval soit forcé de marcher a plat); ou bien
la courbure sera ouverte en haut avec une série de
phénomènes dont la dernière expression constituera
la fourbure chronique.
En tout cas, lorsque l'un des quartiers plus haut
que l'autre force Ie membre a un pivotement quel-
conque, celui-ci n'oscille plus dans un plan parallèle
a l'axe du corps ; il revct une marche spéciale a
chaque cas, qui permet de reconnaitre, a une grande
distance, qu'un cheval en mouvement n'a pas les
pieds parés d'aplomb.
Nous avons vu c[ue l'élasticité normale n'existe
que sur Ie pied vierge. Elle est a peu pres telle que
l'a décrite Bracy-Clarck, sauf la fonction de la barre
qui, s'aplatissant sous la pression du membre, écarté
les talons et devient l'organe actif du mouvement,
au lieu de n'être qu'un organe passif cédant a la
traction des talons qui s'écartent. Or, chaque modi-
fication, si insignifiante qu'elle soit, apportée dans
Ie mécanisme du pied et du sabot, a son retentis-
sement sur les mouvements d'élasticité qui varient
ainsi a l'infini, etarrivent, non-seulement a s'annuler
entièrement, mais a fonctionner dans un sens tout a
fait opposé.
Peur bien se rendre compte do ces modifications,
il est indispensable que nous définissions d'abord,
d'une faQon précise, ce que nous appcUerons la
conformation et la déformation.
Quelle que soit la conformation du poulain qui
nait, cheval de course, boulonnais ou mulassier, Ie
bourrelet» nous Ie répétons a dessein, est perpendi-
culaire a l'axe du sabot — conformation — et ce-
pendant plus tard ces animaux auront des ongles
bien différents :
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 39
L'un, Ie cheval de course, qui a la phalange petite,
une corne épaisse, peu de poids pour affaisser la
voute de son sabot, aura une tendance au resser-
rement, et, selon que cette modification s'exercera
sur tel OU tel quartier, l'animal deviendra panard ou
cagneux ; les barres se redresseront, se placeront do
cliamp, les talons acquerront une grande hauteur, la
voute se creusera, la fourchette s'atrophiera, los
modifications du bourrelet seront évidemment iden-
tiques ; c'est l'encastelure — déformation.
L'autre, Ie mulassier, par suite du volume de son
sabot et de la largeur normale de sa phalange, suite
do la conformation que nous lui avons imposée, ne
pourra jamais subir la même modification ; la barre,
n'ayant pas la même résistance a cause de son apla-
tissement et do son étendue, tend a s'affaisser de
plus en plus, sous Ie poids du corps, la voute s'ava-
chit, Ie bourrelot se rétrécit d'autant, Ie pied devient
conique, les quartiers n'étant plus parallöles, les
fibres do la corne sont divergentes — déformation.
Un poulain vient au monde avoc une poitrino
largo, les coudes en dehors, les pinces seront légè-
rement tournees en dedans; par conséquent l'animal
sera cagneux par conformation, en admettant que
Ic pied reste normal. Mais, a cóté de ce poulain, un
autre nait avec des membres parfaitement paral-
löles ; plus tard, sous l'influence d'une cause quel-
conque, lo quartier se resserre, Ie pied n'est plus
symétrique, l'animal sera cagneux par déformation.
Nous verrons donc que la conformation primitive
du cheval sera une cause presque forcée de telle ou
telle déformation, par exemple qu'un cheval do
course n'aura pas plus de tendance a avoir un pied
plat que Ie mulassier un pied encasteló a talons
hauts.
                                                                     .
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40             LE PIED nu CIIEVAL ET SA FERRURE
Voyons donc quclquos cas parmi los plus sail-
lants :
Supposons un pied a talons fuyants : dans ce pied,
les talons, pour une causo quelconque, se trouvent
éculés; ils s'allongent considérablement, la pincc
devient plus oblique, lo bourrelet se rapproche de
riiorizontalo ; los fibrcs cornécs, par conséquent, nc
sont plus 25orpendicidairos au bourrelet, leur surfacc
de sécrétion; les barres redressées sont a peu prés
de champ et décrivcnt une légere courbe antéro-
postórieurc. Les cartilages, cbassés du sabot par
l'obliquitó du talon, ne forment plus en arrière leur
coussin élastique. Les mouvements dus au méca-
nisme primitif sont complètement annihilés et Fclas-
ticité, dans ce cas, n'est plus qu'unc élasticité do
tissus.
Cette déformation est, en général, produite par
des talons trop hauts sur un cheval un peu long
jointé. Les talons soulagés ont poussé plus que la
pince, mais comme ils sont gênés par Ie fer dans
leur avalure, les ondées cornées, au lieu de rester
parallèles, ont formé en quelque sorte des coins
antéro-postéricurs dont les pointes convergent a la
pince. Il faudra on pareil cas bien peu de choso
pour produire la fourbure chronique. Sur une autre
conformation, les momes effets auraicnt produit une
autre déformation.
Prenons maintcnant un pied antéricur a talon
interne trop bas, sur un cheval qui se pose en pa-
nard : Ie membrc, dans ce cas, n'est plus parallèle
a l'axe du corps; il fonctionnera d'arrière en avant
el de dedans en dehors. Au moment du poser, la
mamello externe, qui est la partie saillante du pied,
atteindra d'abord Ie sol, il se produira sur ellc un
pivotement qui nc ccsscra qu'a l'appui complet du
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41
DE LA DEFORMATIGN ET DE LA CONFORMATIGN
picd ; Ic poids du corps viendra porter en entier sur
Ic talon interne qui est lo plus bas ; puis, sous l'in-
iluonce de cette surcharge, ce talon ne poussera
plus et s'éculera. Les deux quartiers, qui primitive-
ment formaient chacun un angle droit
avec Thorizon, se déformeront : Ie
quartier interne, dans l'appui, ne fera
plus avcc Ie sol qu'un angle aigu,
qui rendra son écartement impossible
et produira lo redresscment de la
barre; Ie quartier externe, au con-
traire, formant un angle obtus, se
dilatcra outre mesure et, au bout d'un
certain temps, l'élasticité se traduira
par un exhaussement du quartier interne et un
abaissement du quartier externe, produisant entre
eux une espèce de va-et-vient alternatif. Inutile de
dire que lo talon interne, refouló en haut, changera
de place en entrainant avec lui Ie cartilage corres-
pondant. Ce mouvement sera encore facilité par la
fente qui se produira entre les deux talons.
Chez les poulains et les chevaux qui ont Ie pied a
peu prés complet, cette fente n'existe pas; mais
aussitót que lo pied se déforme et surtout se res-
serre, lo bourrelet se trouve trop long pour l'enve-
lopper. Cet exces de longueur vient se noyer dans
un angle rentrant qui se forme entre les talons et les
deux branches de la fourchettc et qui est d'autant
plus profond que Ie rétrécissement duipicd est plus
accentué.
Dans Ie pied a quartier externe trop bas, cas beau-
coup plus rare que Ie precedent, lo pied atteint Ie
sol par sa mamelle interne. Le pivotement se fait,
suivant la conformation, de dehors en dedans ou do
dedans en dehors, mais comme ce mouvomont n'est
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42 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
pas aussi facile quo dans Ic cas precedent, Ie choval
n'est plus aussi a même de se soulager et les consé-
quences en sont habituellement plus graves. Cepen-
dant, il porte ordinairement la pointe du pied en de-
dans et Ie mcmbre se mout tout d'une pièce. Les
conséquences, comme déformation, sont, commo
dans l'autro cas, Ie chevauchement des talons, Ie
redressement de la barre et les déformations du
bourrelet, variables suivant l'intcnsité de la cause et
Ie plus ou moins d'clévation des talons.
Le pied plat, quoique l'opinion contraire soit gó-
néralemcnt admise, est assurément celui qui est le
plus facile a rclablir et a utiliser, parce que tous les
organes qui le composent sont au complet et n'ont
subi qu'une sortc d'affaissement.
Que le pied plat, sauf les cas d'exagération ex-
treme dans la déformation, soit soigné convenable-
ment et ferré intelligemmcnt, l'animal fera assu-
rément sans souffranco un excellent service. Au
bout d'un certain nombro de forrures, le sabot, régé-
néré par le bourrelet, ne sera plus reconnaissable.
Dans le pied plat, la déformation la plus sérieuso
consiste dans la différence du pourtour a la couronne
et au bord plantaire. Le pied étant conique, les
fibres sont divergcntes, les talons sont fortement
reployés en dessous, la fourmilière est forcée, commo
nous le vorrons plus tard ; alors le pied, n'étant plus
soutenu d'une maniere complete, affaisse la voute et
los barres, le bord de la sole se soude avec la four-
chette et le tout ne forme plus qu'une semelle inerte
et sans mouvement; l'élasticité a disparu.
                ,
Dans le pied encastelé, les barres sont de champ,
c'est-a-dire placéos perpendiculairement au sol. Le
pied conserve souvent la forme cylindrique primi-
tive, mals les talons se sont rapprochés, soit d'une
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DE LA DÉFOBMATION ET DE LA CONFORMATION 43
maniere egale, soit d'unc maniere inégalo. La four-
chette est refoulée en avant, la fente du sabot est
tres profonde. La sole placée dans un espace beau-
coup plus restreint est fortement voussée en dessus ;
lo cheval marche par conséquent sur une boulo en
avant et, en arrière, sur deux lames tranchantes. L'os
du pied est profondément modifié. Les extrémités
postérieures sontrapprochóes ; les cartilages, chassés
hors du sabot, forment a l'extérieur deux lames
dures, rigides et plus ou moins tordues en dedans.
Quand un talon se trouve beaucoup plus resserró
quo l'autre, la barre correspondante devient a l'inté-
rieur d'autant plus saillante et plus tranchante, s'in-
crustant dans Ie pied et rendant la marche généra-
loment tres douloureuse.
Le pied encastelé se présente presque toujours
avec des talons tres hauts et verticaux. La courbe
antéro-postérieure formée par les phalanges est tres
prononcée et inévitable a la suite du soulèvement de
l'os du pied par la voussure de la sole. Comme les
barres sont de champ et inflexibles, la pression qui
s'exerce sur le haut des quartiers en dóterminc
1'écartement supérieur et le rapprochemcnt inférieur.
C'ost le mouvement de l'élasticité normale et co que
Perrier, qui n'avait étudió que des talons trop hauts,
appelait la force contentive.
Lo défaut que nous venons d'étudier, lorsqu'il se
produit sur le mcmbre postérieur, rend le cheval
pingard.
Quelle que soit la déformation du sabot, elle a été
généralemcnt amenée par un vice d'aplomb ou un
vice de ferrure, et dans les deux cas il y a, comme
nous l'avons dit, un changement dans la direction du
membre, occasionné mécaniquement par le vice lui-
même ou bien par une douleur dans la marche ou
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44 LE PIEn DU CHEVAL ET SA FERHURE
dans l'appui, doulour que l'animal cherche a óvitor.
Si Ie dófaut d'aplomb amèno la llexion ou Tcxtehsion
exagérée d'une articulation quelconque, l'animal la
rectifie instinctivement et dans la limite du possible,
en rcportant unc partie du mouvement sur unc au-
trc articulation indolore. Il en résulte qu'a première
vue, on voit qu'un cheval marche d'une fagon spé-
ciale, en immobilisant lo jeu d'une ou de plusieurs
articulations douloureuses, co qui fait diro journel-
lement que tel cheval a les ópaules chcvillcos, qu'il
y a de la raideur dans Ie gonou ou Ie boulet, etc.
Si l'on veut un exemple frappant do tout cela, il
sufïït de voir passer un cheval de fiacro fatigué : les
membres antérieurs fonctionnent tout d'une pièce,
on dirait que la moitic des articulations est anky-
losée.
Dans d'autres cas, quand Ie défaut porto sur
l'aplomb latóral, Ie mombre fonctionne en dohors do
son j)lan d'oscillation; Ie choval qui trousse, dont lo
pied part d'un point faux on dohors ou on dedans de
ce plan, y rentre aussitót qu'il est leve, lo dépasse,
y rovient et billardera, par exemple, d'une maniere
exagérée. Uno autre fois, il fauchera, etc, etc. Celui
qui a des actions ordinaires et moins élevées se con-
tente de ployer lo genou en dohors, puis Ie membro
se porte tout d'une picco en avant, attaque Ie sol
par lo point en saillio de son sabot, pivote plus ou
moins, suivant lo cas, ot finit par s'y appuyer tout
cntier, mais tout cela péniblement et avec une
appréhension qui exprime la souffrance redoutée. Ce
mouvement de latéralité et de torsion d'articulation
peut, quand Ie cheval fait un petit service, ne pas
êtro tres doulouroux; mais aussitót que la fatigue se
produit, cettc torsion de l'articulation, toujours dans
lo même scns, amcne des douleurs intolórables. On
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 45
peut s'en rendre comptc en róflcchissant que tel
cheval qui fora, par cxemple, une quarantaine de
kilomètres, en supposant qu'il fasse un mètre a
chaque battue, subira quarante mille fois la même
torsion dans la même articulation, et on s'expliquera
bien facilement alors ces dilatations des capsules
synoviales, ces périostoses aux attaches des liga-
ments tiraillés, etc, etc. Avec un pou d'habitude,
il n'y a rien de plus facilo que de voir, a une grande
distance, sur un cbeval en marche, que Ie pied a
óté pare de travers, sans toutefois pouvoir préciser,
do loin, l'endroit du pied oü réside Ie défaut.
Sur les membres postérieurs, Ie résultat est iden-
tique. La plupart du temps, après une fausse coupe
du pied, Ie cheval rapproche les pointes des jarrets,
en ccartant les pinces du pied. Certains chevaux de
gros trait seuls, dont los fesses tres développées
rendent ce mouvement impossible, rapprochent les
pinces en écartant les jarrets. Presque tous ces
chevaux pivotent sur la pointe du pied et sont plus
OU moins pin^ards.
On remarquera aussi que la conformation du
jarret permettant au cheval, par une flexion plus ou
moins forcée, d'égaliser les tensions des tendens et
de modifier la flexion des articulations, celui-ci en
use presque toujours. En effet, il est assez rare de
voir un cheval, au bout d'un certain temps de ser-
vice, conserver ses aplombs réguliers du derrière.
La plupart ont redressé l'articulation du boulet, de
fagon que la ligne droite antérieure du canon se
prolonge jusqu'a la pince du pied, après avoir fait
disparaitre entièrementl'angle mótatarso-phalangien.
Ceci tient encore a une autre raison que nous ver-
rons plus tard.
Parmi les causes de boiterie, la principale consiste
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46 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
dans les défauts d'aplomb, occasionnés par une
coupe défectueuse du sabot, qui en fausse les fonc-
tions et en amène la déformation. Ce vice, inherent
en quelque sorte a la ferrure frangaise, dépend
surtout de la facjon dont on tient Ie pied pendant
l'opération de la ferrure. Pour parer instinctivement
Ie pied d'une fagon reguliere, celui-ci devrait être
levé dans un plan parallèlc a l'axe du corps, c'est-
a-dire dans son plan d'oscillation, au moins pour Ie
pied antérieur, dont nous nous occupons en ce mo-
ment. Or, ce qui a fait pendant si longtemps l'en-
gouement pour la ferrure anglaise, c'est que l'ou-
vrier, tenant lui-même Ie pied entre ses jambes,
sans l'élever beaucoup, se rapproche sensiblement
de ce principe. Le teneur de picds francais, au
contraire, léve le pied tres haut, et d'autant plus
haut que l'ouvrier est plus grand et le cheval plus
petit, puis le membrc est tiré brutalement en dehors,
pour permettre au ferreur d'oporer. Ce défaut est
encore exagéré par la courroie dont le teneur de
pieds se sert pour se soulager. Il dcvra même tirer
ce pied plus en dehors pour un cheval a cótes rondes
que pour un cheval plat, le ferreur se trouvant, dans
le premier cas, plus éloigné du plan médian. Or,
dans ce mouvement d'abduction forcée, le quartier
interne vient s'offrir en saillie au boutoir du ma-
róchal qui, croyant mettrc son pied d'aplomb, l'abat
outre mesure et de telle fagon que le pied, aban-
donné ensuito a lui-mêmo, se trouve beaucoup plus
bas du dedans que du dehors. Le premier effet de
ce défaut, outre les dóformations qui en seront la
conséquence, est de rendre la plupart des chevaux
panards et de les faire marchcr d'une fagon qu'on
appelle encore « marchcr a la frangaise ». Ajoutons
que le marcchal, maniant son boutoir toujours avec
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 47
la même main, parera les deux pieds plus ou moins
do travers et d'une maniere inégale, suivant qu'il se
sort de sa main droite ou qu'il est gaucher. J'ai vu
des chevaux, ferrés par certains maréchaux, user
moitió plus do fors d'un pied que de l'autre, ce qui
était Ie résultat de ce fait que Ie pied droit ou Ie
pied gauche était toujours plus de travers que
l'autre.
Pour lo pied postérieur, les efïets sont diamétra-
lomont opposés : Ie pied postérieur, qui oscille
normalement d'avant en arrière et de dehors en
dodans, dcvrait otre leve, pour rester dans ce plan,
on lo rapprochant légèroment de l'axe du corps ; au
lieu do cela, Ie membre est tiré violemment et tout
d'une pièce en dehors, la région digitée se pré-
sentant forcément dans la flexion, par suite de la
fermeture do l'anglc du jarret qui en rend l'extension
impossible. La encore, Ie pied sera d'autant plus do
travers que Ie maréchal sera plus grand, qu'il lèvera
par conséquent Ie pied plus haut et Ie portera
davantago dans l'abduction. Nous avons vu, en effet,
que, par suite de la différence d'épaisseur des con-
dyles qui torminent inférieurement les rayons osseux,
chaque articulation du membre, en se fléchissant,
mot en jeu une sorte d'excentrique qui fait porter en
dehors Ie rayon suivant, et cela d'autant plus que
l'articulation est plus fléchie. En outre, une aug-
montation dans la flexion du jarret accentuant
égalemont celle do la région digitée, Ie sabot, porto
de plus en plus en dehors, apparait au maréchal dans
une position tollement fausse qu'il sera fatalement
pare de travers ; mais comme Ie quartier externe,
dans cette torsion du membre, vient s'offrir Ie pre-
mier au boutoir du maréchal, c'est lui qui habituel-
Icment so trouve abattu outre mesure. Ce défaut
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             LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
peut être porté a des limites incroyables, surtout si
Ie maréchal, voyant son cheval l(3gèrement panard,
veut rectifier suivant Ic principe qui prescrit, en
pareil cas, d'abattre lo quartier externe ; il tombe
alors dans un cercle vicieux qui peut l'amener a des
différences de 4 ou 5 centimètres.
Si les chevaux ont des différences excessives
dans l'épaisseur des deux quartiers d'un mcme picd,
il n'y a pas d'autre cause que la différonce de hau-
teur de ces mêmes quartiers. Pourquoi, sans cela,
un cheval, qui a presque toujours Ie quartier externe
du pied antérieur plus fort que l'intcrne, aurait-il Ic
défaut opposé sur Ie pied postérieur ?
Ge que nous vonons de dire, a propos des défauts
d'aplomb, n'aurait encore qu'une gravité relativc, si
Ie mal n'était pas aggravé par la maniere dont la
ferrure est pratiquée. Ce qui préoccupe avant tout lo
maréchal, ce n'est pas que l'animal soit a son aise et
ne souffre pas ; pourvu qu'il no boite pas trop fort
au sortir de la forge (et encore !), Ie reste lui est
fort indifférent. Ce qu'il veut, avant tout, c'est que
son pied soit ferré proprement. Pour y arriver, il
ne se donnera pas la peine d'ajuster un fer ayant la
forme du pied, surtout si ce picd n'a pas une belle
tournure. Son ouvrage naura.it pa.s d'oeil, et puis
il y perdrait du temps, en admettant qu'il put Ie
faire, ce qui n'est pas toujours tres facile.
Voici la plupart du temps comment on procédé :
Chaque ouvrier possède une tournure de fer dont
il se départit peu, a moins de cas exceptionnels. Co
fer se rapproche plus ou moins de la forme circu-
laire, en s'éloignant en proportion de l'ellipse, qui
représente une coupe obliquo a 55" opéróe dans Ie
cylindro corné. La pince du sabot est fortement
óchancrée, lo fer, appliqué a chaud sur Ic pied, est
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 49
remonte autant que possible, en frappant sur la
pince avec les tenaillcs, pendant que les branches
des tricoises Ie maintiennent sur Ie pied ; puis, après
Ie coup de boutoir donnó sur la paroi, pour faire
porter, Ie fer ost rcfroidi, limé et fixé sur Ie pied;
puis, finalement, la rapé vient enlever les deux
mamelles qui font saillie de chaque cóté du pingon,
Ie quartier interne pour empêcher, soi-disant, Ie
choval de se couper, et la paroi externe pour simuler
la garniture. L'opération n'a pas été longue et, aux
ycux du public ignorant, elle a été parfaitement
exécutéc. Or, voici en quelquos mots les principaux
défauts de cette maniere de faire :
La face plantaire d'un sabot, qui n'est pas trop
déformé et qui est pare d'aplomb, représente uno
cllipso dont la paroi forme Ie pourtour ; c'est sur
cette paroi seulc, et dans toute son étendue, que
doit s'opérer l'appui. Chaque partie qui en sera
supprimcc ou affaiblie reportc forcément les poids
sur les portions qui sont restées intactes, et toujours
en proportion du défaut. Dans de telles conditions,
Ie sabot surchargé, dans un point, de toutes les
pressions qui devaient s'exercer sur les parties sup-
primées, se dcformera en comprimant les parties
internes. La douleur, si elle n'est pas tres vive, ou
plutut si cUo s'exerce également sur les deux pieds,
n'occasionnera peut-être pas de boiterie, mais l'ani-
mal, gêne, souffre, fausse ses aplombs, fatigue ses
membres et enfin arrivo a une usure anticipée.
Le fer, comme nous 1'avons dit, se rapprochc
plus ou moins de la circonférence. Il a, en outrc,
tres souvent les óponges nourries, non pas que le fer
ait été toujours forgé ainsi intentionnellement; mais
dans ropération do l'ajusture, après que le pingon a
été leve, que l'ouvrier a ajusté la pince et les ma-
4
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50 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
melles, ces parties se trouvent forcément et incons-
ciemment amincies, Ie fer a des éponges nourries a
la fin de l'opération. Pour arriver a Ie placer, l'ou-
vrier abat la pince et laisse les talons hauts. C'est Ie
défaut que nous avons signalé comme Ie commen-
cement de la flexion et devant amener, par ses
conséquences mécaniques, des chutes sur les ge-
noux. Il est, en outre, augmenté par Ie défaut d'ajus-
ture du fer.
Le sabot a été pare a plat, mais la sole n'a pas étc
évidée et porte en plein sur le fer, a moins que
celui-ci, ajusté en creux ou en bateau, ne represente
des plans inclinés convergeant vers le centre, sur
lesquels les quartiers et les talons glissent en se
rcsserrant, comme au fond d'un entonnoir, annihi-
lant toutc espèce d'élasticitc dans le sens normal et
la faussant de la maniere la plus absolue. La pression
continue et s'exagère par l'affaissement des parties
du sabot qui reposent sur le fer, et les chocs la ren-
dent douloureuse ; pour se soustraire a cette souf-
france, l'animal prend un« position qui le soulage,
mais souvent il redresse son boulet ou porte le
genou en avant. Dans le premier cas il dcvient bou-
leté, et arqué dans le socond.
La fourchette que l'on a respectée porte souvent
sur le .sol, quand la chose est possible. Or la four-
chette, qui n'est qu'un frein destiné a limitcr l'ex-
tension du sabot dans la marcho, ne doit pas servir
de point d'appui. Ce n'est pas en vain qu'on change
la destination d'un organe ; du reste, il est facile de
se rendre compte que, la barre étant obliquc et son
bord supérieur fixé a la fourchette, se servir de celle-
ci comme d'un point d'appui, c'est, a chaque pas,
refouler en liaut la sole et la barre, que l'on re-
dresse, en forgant les talons a s'incurver en dcdans
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 51
pour arriver a l'appui. Or, ce mouvement est Ie ren-
versement complet de l'élasticité normale du sabot;
les inconvénients en sont assurément nombreux et,
parmi eux, on peut placer la seime au premier rang.
Souvent l'ouvrier omet d'évider la sole et de la
soustraire au contact du fer; c'cst une faute, grave
surtout si elle se produit a la partie postérieure de
cette sole engagée entre la barre et la paroi, car elle
y produit habituellement la, bleimo, mcurtrissuro
fort commune des parties internes, dont nous par-
lerons plus tard.
Quand Ie fer a été ajusté sur Ie pied de la fagon
défectueuso et trop ordinaire dont nous avons parlé,
il arrive que l'ouvrier, implantant son clou dans des
parties de paroi amincies, risquo de piquer son
chcval, ce qui n'arrive pas quand la paroi a été
rcspectée et que Ie fer a la tournure du pied.
Les clous, dcvant être implantés dans des direc-
tions souvent tres obliques, déplacent Ie fer, et l'on
voit journellement Ie maréchal, pour Ic remettre en
place, faire un levier avec ses tricoises et frapper a
coups redoublés sur ses bords, s'inquiétant peu des
tiraillements qu'il exerco sur Ie sabot et des com-
pressions qui peuvent en être la conséquence. Sou-
vent Ie fer est étampé jusqu'aux éponges; Ie sabot
est alors immobilisé dans tout son pourtour, et Ie
peu d'élasticité normale qui lui reste sera faussé ou
renversé.
Nous avons dit que lorsqu'un pied est mis de
travers, Ie quartier Ie plus abattu s'ócule et s'amincit.
Dans ces conditions, il repose obliquement sur Ie
fer, et Ie clou qu'on y implantera devra, pour ne pas
piquer Ie chcval, avoir une afïilure tres accentuée
qui lui fora décrire dans la corne, avant de sortir,
une courbe dont la convexitó touchera aux parties
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52             LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
vives et sensibles du pied. Getto courbe s'exagérera
encore quand on rivera Ie clou, qui deviendra ainsi,
pour l'animal, la cause d'une grande douleur et peut-
être d'une boiterie.
11 nous roste les méfaits de la rapc. Celle-ci, au
lieu d'unir simplement les rivets, enlève inintelli-
gemment toutes les portions de paroi qui nuisent h
l'idéal que I'artisan s'est fait du pied et qui auraient
été souvent bien précieuses pour y placer des clous
un peu plus tard. Souvent même toute la paroi est
ainsi dégarnie do son vernis protecteur.
Il est a remarquer que ces faits no sont jamais
plus désastreux que sur des pieds malades, dont la
paroi aurait du être respectée a tout prix.
Nous avons dit que Ie sabot du cheval en domes-
ticité était soumis a une déformation susceptiblo de
se traduiro d'une foule de manières différentes. Elle
représente donc une maladie unique a manifestations
diverses, mais en somme produites a peu prés par
les mêmes causes et reclamant, par conséquent, Ic
même traitement. Quand Ie cheval est jeune, au
sortir des herbages, on peut, par une ferrure bien
faite, conjurer toutes les misères qui s'abattent sur
lui et abrègent si souvent sa carrière. Mais, quand
l'animal a Ie sabot déformé profondément et depuis
longtemps, on ne peut pas espérer lui voir reprendrc
son état primitif. Le role du maréchal ne consiste
qu'a appliquer une ferrure rationnelle faite pour le
pied, quel qu'il soit, avec des aplombs irrópro-
chables. 11 permettra ainsi au sabot de se régénérer,
dans la limite du possible, et au cheval de faire,
sans douleur, un long service. Vouloir, par des
moyens mécaniques quelconques, rendre a un pied
encastelc sa forme primitive est absolument impos-
sible : l'os du pied est déformé, les cartilages dé-
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 53
places et ossifiés a leur base, ne font plus au sabot
qu'un moulo amoindri qui nc permettrait pas la
dilatation du sabot sans désagrégation ni déchirure.
Dans certains pieds avachis, se rapprochant, par
conséquent, du pied plat, il arrive souvent, quand
la déformation n'cst pas poussce a l'excès, que Ton
peut rétablir scnsiblemcnt la formc primitive. C'est
que les organes contenus dans la boite cornée n'ont
pas été ócrasés par la compression du sabot; ils ne
sont que déformés et déplacés.
L'encastclurc, considcrée généralement comme
unc maladic particuliere, n'est donc en réalité qu'une
des formes de la déformation, s'opérant d'une ma-
niere générale, avec rosserremont uniforme sur tout
Ic pourtour du sabot. Le bourrelet, devenu beaucoup
trop long par l'amoindrissement du pied, décrit une
courbe ondulant de haut en bas ; habituellement il
s'abaisse en pince, remonte sur les quartiers et
redcscend en arrière pour s'enfoncer dans la fente
postérieure qui est profondc. Les barres sont com-
plètcmcnt de champ, par conséquent inflexibles ; a
l'intérieur, leur hauteur est inégale si les deux
talons ne sont pas serres d'une maniere uniforme.
Les cartilages, chassés hors du sabot par son rétré-
cissement, viennent faire saillie en dehors.
Dans le pied panard, l'encastelure (si on veut lui
conserver ce nom) ne se produit que du cóté interne,
qui se trouve plus ou moins resscrré. Le bourrelet,
en eet endroit, est beaucoup plus élevé, quoique le
sabot soit trop bas du même cóté : c'est que ce
quartior, surchargé a la suite de son abaissement, ne
pousso plus qu'a sa partie supérieure, sans avalure,
et par une sorte do chevauchement avec l'autre talon.
Inutilo de dire que l'encastelure établie sur le
({uarticr externe produira Ic pied dit cagneux.
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54             LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Le pied plat est généralement produit, sur les
pieds naturellement un pcu grands, par un faux
aplomb et des fers a éponges fortos. Celui-la peut
être considéró comme encastclc .sur son bord supé-
rieur : les barres sont avachies, la voute do la solo
affaissce et les fibres cornécs cmanant du bourrclet,
devant descendre sur un cóne, no sont plus paral-
lèles, prennent une direction autre que les feuillets
podophylleux et ijroduisent forcément la fourmilièro.
Ce pied, comme nous l'avons dit, est le plus faoile a
régénérer d'une maniere asscz complete. Il est bicn
entendu que le parallélisme des fibres n'est pas
détruit par leur divergence en évontail, ce qui est
impossible, mais par le simple enroulement de la
paroi sur un pied plus ou moins coniquo.
Le pied comble, n'étant que rcxagération du pied
plat, procédé des mêmes causes et se traite de la
même fagon.
Le pied pingard existe fréquemmont, aussi bien
sur les pieds de devant que sur les pieds de der-
rière. Mais, le mécanisme du membre n'étant plus le
même, le cheval qui a cette déformation sur un
membre antérieur ne peut pas soustrairo son talon
a l'appui et marche a plat. Ce défaut est produit par
un rapprochement des deux talons qui font vousser
la sole en haut. Cette solo reiirésonte, par consé-
quent, une voute tres élevco et une courbe antéro-
postérieure fortement accontuéo en avant. Si l'on
suit, par la pensee, la direction de la fourchette, on
verra que, dans certains cas, clle vicndrait aboutir,
en pince, dans les environs du bourrclet; par con-
séquent, Tos du pied, au lieu d'occuper sa place
dans le sabot, se trouve refoulé et bascule en avant,
le cartilage continuant Ia courbe en arrière. L'ani-
mal, dans ce cas, marche littéralement sur une boulc
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DE LA, DÉFORMATION ET DE LA GONFORMATION 55
qui comprimé l'articulation et lui cause de grandes
doulcurs.
Quand la déformation se produit sur un mcmbro
antórieur, Ie paturon continuo en arrière la courbc
commcncée dans Ic sabot, Ie boulct desccnd, for-
mant avec la première phalange un angle qui se
rapproche de l'angle droit; lo métacarpien no repo-
sant plus, par conséquent, que sur les sésamoïdcs,
Ie cheval, pour se soulager, porte habitucUcment Ie
genou en avant.
Sur Ie membre postérieur, Ie cheval flcchit Ie
jarret et, par la tension qu'il exerce ainsi sur Ie
tendon fiéchisseur profond, arrive a marcher sur la
pointe du picd.
Ajoutons que la plus grande cause de cette défor-
mation róside dans l'application d'un fer étampé en
cpongos, et que Ie fer dit pingard a du ctre appelé
ainsi parce qu'il a toutes les qualitós requises pour
produire Ie défaut dont il porto Ie nom.
Cc n'cst peut-otre pas tout a fait Ie moment de
parlor do la fourbure, mais comme sa conséquence
est de bouleverser les fonctions des organes régé-
nératcurs du picd et d'amener la plus gravo des
dcformations, nous allons en dire quolques mots.
Nous ne parlerons pas des différentes causes qui
amènent cette maladie a l'état aigu, telles que l'ali-
mentation, lo travail, etc. ; nous dirons sculement
qu'il existe généralement une prédisposition résul-
tant de la conformation, ou plutót des dóformations
antérieuros du pied. Ceci reviendrait a dire, par
cxemple, que la déformation qui en rósulte, étant
contraire a celle occasionnée par Ie pied pingard,
nous sommes convaincu qu'il ne serait pas facile de
voir succéder l'une de ces maladies a l'autre.
La fourbure aiguë passé souvent a l'état chro-
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56 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRUBE
niquc, mais il arrivc tout aussi souvent qu'un
cheval faisant un service tres bénin se trouve tout
a coup atteint de fourbure chronique sans cause
appréciable.
Laissons donc de cotc la fourbure aiguë pour nc
nous occuper que du mécanisme de la fourbure
chronique.
Le pied prédisposé a la fourbure chronique est un
pied dont la parol engrèno mal avec la corno podo-
phylleuse. Dans ccrtains cndroits les feuillets sont
longs, dans d'autrcs on rcmarque une fourmilière
plus ou moins accentuée. Cet état de choscs est
produit par unc dcformation du bourrelet qui, au
lieu d'être perpendiculaire au rayon osseux qu'il
entoure, se place obliquement en s'abaissant on
pince. Dans ces conditions, les fibres cornécs qui
émanent du bourrelet et qui, normalement sont per-
pendiculaires a leur surface de sécrétion, poussent
dans une direction oblique, croisent la direction des
feuillets qu'ellcs dcvraient suivre, et ne les accom-
pagnent qu'avec des tiraillements et dos désagrc-
gations, surtout si le pied, étant plus ou moins plat,
revêt la formc conique. Les choses étant ainsi, sup-
posons une douleur quelconque dans le pied (et Ie
fait est oommun), soit une compression par le fer.
L'animal, pour se soulager, rcdrcssera son boulet
en le portant en avant. Du mème coup, il accentuera
fortement l'obliquité du bourrelet, soulagera les
talons qui ne demandont qu'a croitre, et la partie
flexible du bourrelet de pince, se trouvant refoulco
en avant par le rayon osseux, décrira avec l'ancicnne
paroi un angle plus ou moins ouvert qui serait la
direction d'une nouvelle ondéc cornée, amorce d'un
nouveau sabot, en admcttant que Ia pousse du
bourrelet s'exécute sur tout son pourtour d'unc
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DE LA DÉFORMATION ET DE LA CONFORMATION 57
facon egale et uniforme. Mais il n'en est pas ainsi :
la poussée en talons s'établit -vigoureusement,
attendu que cette partie du pied est la plus vivante
et la plus facilo a congestionner ; de plus, les
feuillots podophylleux y reposent sur la partie mal-
lóable et flexible du pied représentée par les carti-
lagos. Ceux-ci remontent lógèrement pour se mottrc
dans la direction du bourrelet, auquel ils rostent
perpendiculaircs, et l'avalure, dans eet endroit, peut
ainsi se faire facilement. Il n'en est plus do mème
dans les autrcs parties du sabot qui reposent sur
les parties solides du pied. La, plus on va en avant,
plus les deux couches do corno divergent, l'avalure
devient presque impossible, la croissance s'arrête et
les ondées cornées représentent alors comme une
série de coins qu'on empilerait les uns sur les autres,
toutes les pointes du même cóté. Mais, a ces phóno-
mènes, il vient s'en ajouter d'autres a l'intérieur du
sabot; l'os du pied, enlevé en arrière par la crois-
sance exagóréc du talon, bascule en avant, appuie
sur la solo par sa pointe et la défonce, en écrasant
les parties molles intcrposées. Comme conséquenco
de ce mouvement do bascule de l'os du pied, il se
forme une séparation en avant, entre lui etlaparoi.
Si Ic mouvement se produit lentement pour une
cause quelconque, il y a une hypersécrction du
fcuillet corné qui peut ainsi croitre et s'allonger,
la désagrégation nc dépassant pas les limitos de sa
croissance ; il se forme alors ce qu'on a appeló Ie
coin de corne.
Dans Ie cas contraire, il y a une
séparation brusque dos deux parties de la corne de
paroi et lo pied est enveloppé d'une énorme fourmi-
lière. Il n'y a donc qu'une limite de temps comme
cause do cos deux phénomènes si différents. Inutilc
d'ajouter que Ie traitement, sauf plus ou moins de
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58 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
difficultés, est exactement lo même. Lorsque la ma-
ladie est ancienne, les pressions, exercées en avant
par la partie antérieure de l'os du piod, ont, comme
conséquence, des phénomcnes qui viennent cncore
aggraver la situation et diminucr les chanccs do
guérison complete : c'est la résorption et Ie raccour-
cissemont de la troisième phalangc en pincc. Pour
ma part, j'ai vu un cas oü il ne restait de eet os que
la surface articulaire, avec deux lambeaux insi-
gnifiants sur les cótés. Il est facile de comprendre
que, dans des conditions analogues, il est impossible
de répartir les poids de facon a rectifier la sécrétion
cornée et de refaire un sabot sur un moule absent.
Lo raccourcissement de la phalange n'est pas, du
reste, particulier a la fourbure chronique ; il se
remarque dans plusieurs déformations, entre autres
dans certains pieds plats, et il se rcconnait a l'abais-
sement du bourrclet en pince. lei, comme toujours,
toute modiflcation se produisant dans l'intérieur du
sabot a son retentissement sur lo bourrelet, qui l'ac-
cuse par une déviation particuliere.
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DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION 59
CHAPITRE III.
DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION
La fourchetto cchaufféc. — La bleimo. — La soime. —
L'oignon. — Lc javart cartilagineux. — La forme. —
Tarcs osscusos. — Tarcs molles. — Des efforts. — Los
crcvassos. — Lc harpcr ou éparvin sec.
Après avoir vu tout co qui a trait principalcment
a la dóformation, il nous rcsto a énumérer uno série
d'accidents qui on sont plus ou moins la conséquence.
Au premier rang se trouve ce que l'on appelle la
fourchette échaiiffée.
La fourchette échauffée est
uno sécrétion caséuse, a odeur ammoniacale, se pro-
duisant dans la fente postérieure du sabot. Nous
avons dit que chaque fois que Ie piod se rétrécissait,
la diminution d'étendue de son pourtour produisait
uno trop grande longueur du bourrelet, que celui-ci
dócrivait dans les partics antérioures certaines ondu-
lations et qu'a la partie postérieure il se formait un
anglc rentrant entre les deux branches de la four-
chetto, oü ce supplément de longueur venait se
loger. Or, la sécrétion qui s'établit dans cette partie
n'est que la manifestation d'une production cornée
incomplete. Ainsi, toutes les fois qu'un pied se
dóforme et que la fente de la fourchette tend a
s'accentucr, les partics qui s'y enfoncent, au lieu de
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60             LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
sccréter uno cornc sainc, ne sécrètent plus qu'unc
corne macérée et en bouillie. Par contre, un jjied
qui se régénère et qui, par conséquent, rcmet a jour
des parties qui étaient enfoncéos dans la fente du
sabot et dont la scerétion ctait tarie, repasse, en
scns contraire, par les mêmes phases, et la premicro
manifestation do co fait est la production d'uno corne
en bouillie qui précèdo cclle de la corne solide. La
fourchctte échauffóe nest donc que Ie rcsultat d'une
scerétion cornée incomplete ; elle est favorable ou
dcfavorablc, suivant qu'ello est la première expres-
sion d'une sécrétion qui renait ou la dernière d'unc
sécrétion qui s'on va.
La bleime est une maladie généralement fort
commune, occasionnée par une pression exagérée
du fer sur Ie talon, surtout quand Ie pied est pare
de ti'avers et Ie talon interne trop bas ; car il est
digne de remarque que c'est presque toujours sur lo
talon interne qu'clle se manifeste. En co cas, il se
produit, par l'éculoment du talon, un rcnversoment
des mouvements naturels d'élasticité, puis un pin-
cement des parties molles entre la barre, la paroi
déviée et Ie fer. Lo cartilage, refoulé en haut, fait
disparaitro Ie tampon d'amortissement des chocs;
viennent ensuito Ie redressement de la barre, l'obli-
quité des talons, etc. Quoiquo la bleime no se pré-
sente pas de la même fagon, suivant l'état du sabot
et Ie redressement plus ou moins accentuó do la
barre, nous no parlerons pas de cos différontes
manifostations d'une même maladie, dont lo trai-
tement est identique.
Parmi les causes de la bleime, il en est une qui
est ccrtainement la plus frequente et la plus gravo
et sur laquelle nous croyons devoir insistor :
Aveo un pied a talons trop hauts, Ie quartier
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DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 61
interne plus bas et un fer a éponges fortcs, si un
chcval fait un service aux allures vives et sur un sol
dur, les talons, qui sont en saillie, frapperont
d'abord a terre, puis, après ce premier choc, ils
serviront de point d'appui au pied qui pivotera sur
cux d'arrière en avant, pour pouvoir appliquor sa
pince sur Ie sol. Le choc se sera donc produit dans
un seul endroit. A ce premier phénomène vient s'en
ajouter un autre, car le mouvement se trouve décom-
posé : en même temps que le pied roule sur lui-
même d'arrière en avant pour mettre la pince a
l'appui, il so produit un culbutage de dehors en
dedans, mouvement de torsion qui fait que le plan
médian du membre ne coïncide plus avec le plan
d'oscillation. Dans cette position, tout le poids du
corps repose sur le talon interne, le quartier se
ferme, le cartilage remonte et le fer fait le reste, la
meurtrissure se produit. Lorsque le maréchal, dans
CCS conditions, a la précaution d'évider le pied, afin
qu'il ne porte que par la paroi et l'arc-boutant, le
mal n'est pas empêché, mais il se trouve souvent
atténué.
La bleime est une maladie assez rare quand la
ferrure est bien exécutée et on peut en avoir facile-
ment raison, si ellc n'est pas poussée a ses dernières
limites ou si le pied n'est pas absolument difforme.
11 suffit, pour cela, de la dégager en parant a fond
la sole et la barre, sans toucher a la paroi, de mettre
le pied bien d'aplomb et d'appliquer un fer conve-
nable quand la plus forte douleur est passée.
La seime est une fente du sabot interessant toutc
l'épaisseur de la boite cornée, a l'endroit oü elle se
produit, et suivant généralement la direction des
fibrcs. Ses lieux d'élection sont le plus souvent la
pince, le quartier et la barre.
                <#            , -
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m
6$             LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
Cette affection est produite Ie plus souvent par
l'annihilation ou Ie renversement des mouvements
normaux d'élasticité. Supposons un pied postérieur
plus ou moins pingard ; l'os du pied, bascule en
avant par la voussure do la sole, vient faire effort
sur la partie supérieure et antérieure de la paroi do
pince. Sous l'influonco de la dócomposition de mou-
vement produite dans Ia région digitée par l'abais-
sement du boulet et lo déplacement du paturon qui
s'incurve et se rapproche do l'horizontale, la pros-
sion de l'os sur la paroi se trouve encore exagérée.
Ajoutons-y un fer étampó fortement en talons, im-
mobilisant complètemcnt la boite cornée, la paroi
finira par éclater en pince, malgré son épaisseur
exagérée dans cette partie qui semblorait devoir lui
faciliter la résistance et qui, au contraire, aide en-
core a l'accident, par rinflexibilité et la rigidité
qu'elle amène.
La soime en quartier est la maladio du pied anté-
rieur et l'on pourrait presque dire du quartier in-
terne. Que celui-ci soit trop haut, qu'il soit éculé,
qu'il porte ainsi des poids exagérós, que les talons
soicnt fuyants, Ie pied j^lat, etc, si, en outre, il y a
plus OU moins de fourmilicre dans la partie, la seime
sera facilitée. Dans la marche, Ie quartier qui peut
êtro éculé se resserrera du bas, s'ouvrira du haut,
s'amincira et, quand la résistance ne sera plus en
rapport avec les pressions qu'il supporte, il se
fendra.
La seime en barre se produit généralement quand
Ie pied est déformé et doulouroux. En pareil cas, la
nature, pour limiter les mouvements d'élasticité et
même de flexion de tissus qui produisent toujours
une grande souffrance, s'en défend en soudant la
sole avec la fourchettc, qui nc forment plus qu'une
-ocr page 61-
DES ACCIDENTS CÓNSÉCUTIFS A LA DÉFORMAÏION 63
pièce et immobilisent ainsi les diverses parties du
mécanisme. Los mouvcments du talon ne s'exerce-
ront donc plus que jusqu'a la naissance de la sou-
dure et, si la barre est redressée ou aplatie, placéo
de champ et desséchée par la fièvre du pied, elle
perd ainsi la plus grande partie de ses qualités de
résistance et do cohésion ; elle se fendra en travers.
Le traitement de la seime, sauf Ie cas d'accident
violent qui relcve de la chirurgie, consiste dans la
destruction de la cause. A part quelquefois un petit
coup de renette, pour Touvrir et empêcher les pin-
cements, il n'y aplus qu'a appliquer un ter rationnel,
permcttant ou rappclant les mouvements d'élasticitc
normale du sabot.
Ajoutons que le pincement produit dans la seime
en pince est souvent Ic résultat de l'cpaisseur exa-
gérce de la paroi, renforcéo par la nature dans lo
but de la défendre contre les pressions exagérées
qui s'exercent dans eet endroit et doivont, tot ou
tard, on amener l'éclatement. Or, quand la fonto
s'est produite, que les deux moitiés du pied sont
devonues, en quelque sorte, indépendantes l'une de
l'autre, il se produit entre elles un mouvement lors-
que le pied s'appuio sur le sol, sous rinfluenco
d'uno cause quelconque : clous immobilisant les ta-
lons, ajusture on creux, marcho sur la fourchettc,
etc, etc, empêchant l'abaissement normal de la
sole, le pied s'ouvre par le haut et la sole est béante ;
quelquefois la partie externe est fermée, mais la
seime est ouverte a l'intérieur comme par un mou-
vement d'ouvcrture de compas.
C'est donc au moment de l'appui, alors que le
pied rcposant sur le sol, la seime s'ouvre a l'inté-
rieur, que les parties molles, refoulées par le pilon
osscux, s'engagcnt dans la fcnte qui s'ouvre a l'inté-
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64 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
rieur. Au moment oü Ie pied quitte Ie sol, les parties
reprcnnent leurposition primitive,la fente intérieure
se ferme, en pinyant les partios molles engagócs
dans son entre-baillement, amenant ainsi des acci-
dents consócutifs.
Il suffit souvent, pour combattre ces accidents, de
donner, comme nous l'avons dit, un léger coup de
renette dans la longueur de la paroi. Il n'est mème
pas bcsoin, sauf Ie cas de suppuration, d'aller jus-
qu'au fond; en empêchant les bords extérieurs de
la paroi de s'appuyer l'un contre l'autre, on empêchc
du même coup Ia seime de s'ouvrir a l'intérieur et
conséquemment de pincer les parties molles.
Uoignon est une saillie formée sous la sole d'un
pied plat ou comble ; il est produit presque toujours
par un fer ajusté en creux, et plus souvent encore
par un fer couvert, dont la branche appuie sur la
sole. Nous l'avons toujours vu ceder, assez faci-
lemcnt, a la pratique d'une ferrure rationnelle.
A propos du javart cartilagineux, nous n'avons
qu'unmot a dire : c'est que nous l'avons vu, presque
toujours, se présenter sur un quartier resserré,
creux, comprimant les parties sous-jacentes. Dans
ces conditions, nous dcvons noter la difïicultó ou
I'impossibilitó de guérison que nous avons ren-
contrée. Par contre, nous avons trouvé une bien
plus grande facilité en faisant disparaitre la défor-
mation et les compressions. Il est bien entendu que
nous ne parlons pas d'une opération.
La forme se présente sous deux types différents :
Dans lo premier cas, de beaucouple plus commun,
la forme est produite par une déformation du sabot
qui chasseles cartilages en dehorsdela boite cornée,
oü ils se gonflent, s'ossifient et constituent ainsi la
forme cartila.gineuse. Si, dans ce cas, elle porte
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DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION 65
sur Ie bord du sabot ou qu'elle soit comprimée
dans son intérieur, les mouvements de la marche,
determinant une pression plus forte, amènent une
douleur intense. Dans cc cas, la ferrure et l'aplomb
laissent presque toujours beaucoup a désirer. Une
ferrure rationnellc, qui rcmet a sa place Ie bourrelet
dévié OU déplacé, fait cesser habituellement les
compressions, la forme devient indolore et la boi-
terie cesse ; puis, petit a petit, on voit la forme
diminuer de volume, on n'a plus a s'en occuper
que pour surveiller la ferrure.
La deuxième espèce de forme se produit sur les
os du paturon. Nous sommes convaincu que les
tiraillements et les soulèvements du périoste, que les
ligaments et les parties fibreuses exercent, sous
l'influence des aplombs défectueux, n'y sont pas
étrangers.
Nous en dirons tout autant sur les exostoses des
membres et des articulations, quand celles-ci sont
tordues en travers par un quartier du pied qui a
quelquefois plusieurs centimètres de différence avec
l'autre CépsLrvin, jarde, courbe, etc).
Il existe une autre espèce d'exostose qui se trouve
a la partie interne du canon antérieur. C'est un suros
Ijroduit par les chocs du pied opposé dans la marche.
Nous en parlerons a propos du cheval qui se coupe.
Nous avons dit que lorsqu'un membre n'est pas
d'aplomb, qu'il est dévié ou qu'une douleur vient en
cntraver Ie fonctionnement régulier, l'animal trouve,
dans une marche spéciale, un moyen de se sou-
lager. Par conséquent, telle articulation ne faisant
qu'un travail limité, Ie mouvement de l'articulation
voisine est souvent exagéré. Il en résulte une grande
fatigue, un endolorissoment de la partie, se tradui-
sant par des lésions sur les difïérentes pièces du
5^
w
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66 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
mécanisme, dont les plus ordinaires sont les dila-
tations synoviales, au jarret, au genou et au boulet.
Dans cette dernière région, la dilatation synoviale
est assez commune, mais comme elle se produit
concurremment avec l'effort de tendon, Veffort de
boulet,
et sous l'influence des mêmes causes, il nous
suffira de dire quelques mots de ces causes pour dire
du même coup l'étiologie et Ie traitement de ces
diverses affections.
Lorsqu'un pied est ferré avec des talons trop
hauts et qu'il a, en outre, des quartiers inégaux, il
so produit dans Ie mécanisme une série de modifi-
cations ayant pour conséquence diverses affections
du membre, au nombre desquellcs l'effort de ten-
don, l'effort de boulet, la molette
se trouvent au
premier rang.
Quand l'aplomb est normal, c'est-a-dire la région
digitée formant avec Ie sol un angle de 55", lo canon
est vertical et repose directemont dans les cavités
articulaires de la première phalange. Ces cavités no
forment, par Ie fait, qu'une partie de l'articulation,
continuée en arrière par les grands sésamoïdes,
soutenus en haut par Ie ligament suspenseur du
boulet. Disons d'abord que toute cause qui tendra a
faire fermer en avant l'angle métacarpo-phalangien
rejettera l'appui du canon en dehors de l'articulation
et sur les grands sésamoïdes mobiles, tiraillant
ainsi Ie ligament suspenseur du boulet qui les sou-
tient. Cet angle métacarpo-phalangien venant a se
fermer et Ie canon restant vertical, il faudra forcé-
ment que la première phalange se rapproche de
rhorizontale.
Lorsqu'un picd est ferré avec des talons trop
hauts, voici a peu prés ce qui se passé, sauf les mo-
-ocr page 65-
DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 67
difications inhérentes a la conformation de I'animal
et a l'état de ses membres.
La troisième phalange se trouvant calée et sou-
lovée en arrière, il s'opère, par ce fait, un rappro-
chement entre les points terminaux des muscles
fléchisseurs, avec relachement dans la tension de
leurs tendons ; la soupente qu'ils forment en arrière
de toute la région digitée ne soutenant plus qu'im-
parfaitemont les parties qui venaient s'appuyer sur
elle, il ne reste plus pour maintenir Ie boulet a sa
place que lo ligament suspenseur du boulet. Or,
celui-ci contenant une certaine quantité de fibres
musculaires et du tissu fibreux jaune, ne peut sup-
porter de pareilles tractions, il cède et se distend,
l'angle mótacarpo-phalangien se ferme en avant, la
première phalange se rapproche de l'horizontale, se
dérobant ainsi a l'appui du canon qui ne peut plus
occuper que la partie postérieure de l'articulation
formée par les sésamoïdes. Cette décomposition de
mouvement avait probablement échappé aux physio-
logistes qui, considérant Ie levier phalangien comme
formé d'une seule pièce, avaient formule Ie principe
qu'en relevant les talons on soulageait les tendons.
Mais, en dehors de l'aplomb normal, l'élévation du
talon produit l'effet diamétralement opposé. En effet,
Ic premier résultat d'une ferrure a talons trop hauts
est un resserrement des talons et une incurvation
antéro-postérieurc de la sole. Les barres, placées
do champ par lo fait du resserrement et devenues
rigides par leur position, continuent en arrière la
courbe do la sole, présentant a l'appui Ie tranchant
de leur bord supérieur. Il est inutile d'ajouter que
Ie bourrelet lui-même participe a cette incurvation
et décrit une courbe analogue a cello de la sole. Le
cheval alors ne marche plus que sur une boule, la
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68             LE PIED DU GIIEVAL ET SA FERRURE
troisième phalange est soulovóe en arrière, et la
région digitée tout entière se trouve placée dans
unc position de demi-flexion, continuant en arrière
l'incurvation présentée par la face plantaire du
sabot, et décrivant une courbe antéro-postéricurc
qui se terminera, comme nous venons de Ie dire, en
rapprochant la première phalange de l'horizontalc et
en formant l'angle métacarpo-phalangien.
Plus tard, lo ligament suspenseur, place dans
d'aussi mauvaises conditions, s'enflamme violom-
ment ou s'allonge seulement. Comme on Ie remar-
que dans certains chevaux dits bas-jointés, les ten-
dons des fléchisseurs sont a peu prés seuls chargés,
dans ce cas, de constituer la soupente tendineuse.
En raison de la fermeture de l'angle antérieur du
boulet, produite par l'annihilation de l'action du
suspenseur, ils se trouvent dans une position défa-
vorable et tiraillés d'autant plus que, s'insérant a
des longueurs différentes, leur tension n'est pas
egale pendant Ie mouvement. L'effort de tendon se
produit généralement dans de telles conditions.
Ce que nous avons dit du basculement du canon
se rejetant directement ou indirectement sur les
sésamoïdes, suivant que les deux talons sont égaux
ou inégaux, donnera une explication suffisante, nous
l'espérons, de la molette et do l'effort de boulet.
Si l'on veut se rendre compte du mécanisme que
nous venons de décrire, la chose est des plus faciles :
que l'on prenne un cheval ayant des articulations un
peu flexibles, que l'on place sous son talon une forte
cale, puis, levant Ie pied opposé, on constatera que,
loin de relever Ie boulet, comme on pourrait Ie
croire a première vue, l'angle métacarpo-phalangien
se fermera, la première phalange se rapprochera de
l'horizontale, et Ie boulet s'abaissera. Que, par con-
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DES AGCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 69
trc, on place cette mème cale, et dans les mêmes
conditions, sous la pince, on verra Ie boulet se
relever et Ie paturon se rapprocher de la verticale.
11 reste encore a signaler, comme consóquence du
pied a talons hauts, la distension de la bride liga-
menteuse qui vient du boulet, en croisant d'arrière
en avant la région phalangienne, bride qui s'insère
a la partie antérieure de la troisième phalange,
determinant automatiquement l'extension de la ré-
gion digitée sur Ie mctacarpe. Cette bride relachóe,
l'extension des phalanges perd de son énergie et de
sa solidité, Ie pied flotte en quelque sorte au bout
du rayon, et les chutes sur les genoux deviennent
faciles et fréquentes. Dans l'expérience dont nous
avons parlé ci-dessus, il serafacile de remarquer que
cette bride sera violemment distendue, avec uno
forte saillie sous la peau, quand les talons seront
relevés, et qu'elle disparaitra dans Ie cas contraire.
Les explications que nous venons de donner pour
lo membre antérieur no sont pas aussi importantes
pour Ie membre postérieur. En effet, les tendens
fléchisseurs pouvant être tendus par une flexion du
jarret, Ie cheval fait de lui-mêmo, et instinctivemcnt,
la rectification. C'est pourquoi, chez la plus grande
partie des chevaux qui ont un peu de service, l'an-
glo métatarso-phalangien a disparu et, a partir du
jarret, la ligne droito antérieure du canon se con-
tinue jusqu'a l'extrémité du pied. Si les pieds pos-
térieurs échappent si souvent a la boiterie, c'est
grace a cette disposition qui leur permet do s'en
défendre jusqu'a un ccrtain point. Les pieds posté-
rieurs sont souvent déformés outre mesure ; ils sont
aplatis d'un cóté a l'autre, dans un aplomb généra-
lement bien plus faux que les membres antérieurs,
leur quartier interne a une épaisseur bien plus
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70 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRUKE
grande que l'autre, la pince surtout acquiert quel-
quefois des épaissours exagórées ; d'autres marchent
absolument sur la pince, leur ferrure laisse souvent
beaucoup a désirer ; et malgré tout cela, l'animal
marche quand memo, grace au mécanisme du jarret
qui lui permet de s'accommoder aux différentes
situations plus ou moins fausses qui lui sont faites.
Dans certaines déformations, surtout quand Ie
cartilage est en partie expulsé du sabot, il se forme
en arrière du paturon des plis a la peau qui facili-
tent singulièrement les crevasses. Cette prédispo-
sition peut être bonne a signaler, car, a certains
moments, elle permet de prendre des prócautions
pour éviter une maladic souvent fort désagréable.
Quelques mots sur Ie harper, autrement dit
épa.i'vin sec.
Voila un nom malheureux, semblant localiser,
d'une maniere formello, l'affection dans Ie jarret et
qui certainement a bien nui a son étude.
Lorsqu'un cheval est atteint d'éparvin sec, a l'ins-
tant OU on Ie met en mouvement, il léve Ie membre
postérieur avec une saccade violente, comme s'il
venait d'arracher son pied collé sur Ie sol; de plus,
Ie pied, par suite de l'effort qui vient d'être opéré,
dépasse en hauteur Ie mouvement naturel. Voici dans
quelles circonstances j'ai pu faire une étude particu-
liere de cette affection :
En 1875, mon regiment se trouvant en garnison a
Paris, il y avait dans un escadron un cheval atteint
de deux éparvins secs tellement violents que sos
pieds, dans la marche, se levaient jusqu'a la paroi
abdominale. Cet animal, malgré des qualités sé-
rieuses, étant inutilisable a la selle, avait été affecté
au service du fourgon. Un jour, je trouvai ce cheval
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DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A LA DÉFORMATION 71
a la forge et, sur ma demande, on me répondit
qu'atteint dcpuis plusicurs annóos de crevasscs per-
sistantes, on était obligé de lui faire de temps en
temps un pansement a la liqueur de Villate. L'aspect
de la crevasso me frappa, j'envoyai Ie cheval a l'in-
firmerie et je pris dans la fente quolques poils que
j'emportai chez moi, pour les examiner au micros-
cope. Comme je m'en doutais, j'y trouvai Ie crypto-
game caractéristique des eaux aux jambes.
Le quartier externe du sabot était fortement éculé
Bt, comme conséquence, la peau du paturon faisait
un pli profond a l'endroit de la crevasse. Pour
rétablir, dans la limite du possible, le pied dans son
état normal, régénérer le bourrelet et tendre par
conséquent la peau malade, je supprimai le fer et
mis le pied d'aplomb. Au bout de six semaines
environ, mon cheval étant guéri de sa crevasse, je
lo fis sortir pour l'envoyor a la forge. J'avoue que je
fus fortement surpris en constatant la disparition
complete de l'éparvin sec sur le pied traite. Il y
avait la un problèmc dont je me mis immédiatement
a chercher la solution. Je fis rentrer le cheval a
l'ecurie et lo suivis. Co que j'avais fait me limitant
le lieu occupé par le mal, je n'avais pas a m'égarer
ailleurs. En y réfléchissant un peu, volei ce que je
trouvai:
Lorsque le jarret du cheval se fléchit, le tendon
fléchisseur, qui passé .sur la pointe du calcanéum,
force, par la tension qu'il subit a ce moment, la
flexion automatique de la région digitée. Par contre,
si la région digitée se trouve immobilisée par une
cause quelconque (comme dans un cas de crevasse,
de priso de longe, etc), la flexion du jarret devient
a peu prés impossible. Or, le cartilage latéral ex-
terne ayant été expulsé du sabot par la déformation
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72 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
du quartier ot rouló en volute a son bord supérieur,
vient s'arc-bouter contro Ia phalange correspondante
et gênor la flexion; sentant un obstacle au lever du
membre, Ie cheval inconscient Ie tire violemment, ie
cartilage cède et Ie pied, par Ie fait de l'effort, dó-
passe la flexion normale.
Au bout de quelques instants, je sortis de mon
infirmerie et je fis part de mon observation aux
vótérinaires qui se trouvaient la, MM. Jacoulct,
Zimmcrman et Montagnac; je Icurmontrai Ie choval,
leur faisant part de ma conviction et croyant pouvoir
leur promettre une guérison semblable sur l'autrc
membre et dans Ie même temps. Les faits répon-
dirent complètement a ma pensee. Au bout de cinq
semaines, Ie cheval n'avait plus rien. Je renouvelai
I'expérience sur un autre sujet ei obtins Ie même
résultat.
Depuis, j'ai eu I'occasion d'observer un certain
nombre d'éparvins secs ; tous les membres qui en
étaient atteints avaient Ie quartier externe fortement
óculó par un faux aplomb ; lo cartilage affectait, chez
tous, cette forme spéciale d'enroulemcnt du bord
supérieur s'appuyant contre Ia phalange. Avec une
certaine habitude, on peut reconnaitro au toucher Ic
cheval atteint d'éparvin sec ou en ayant la prédis-
position.
C'est une erreur de croire qu'un cheval, chez
lequel on a fait disparaitre l'éparvin sec, doit a
tout jamais en être preserve. N'oublions pas que,
lorsque I'os du pied est aplati latóralement, que les
cartilages sont ainsi rapprochés et quelquefois ossi-
fiés, Ia maladie est incurable. D'un autre cóté, les
modifications que l'on peut obtenir sont souvent si
faibles, qu'en admottant qu'on fassc disparaitre
l'éparvin en écartant Ie cartilage do la phalange, il
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DES ACCIDENTS CONSÉGUTIFS A LA DÉFORMATION 73
en restera tellement pres que la moindro faute dans
la ferrure l'y ramènera en faisant reparaitre tous les
symptómes du harper. On voit fort souvent des
chevaux a éparvins secs mis au vert en liberté re-
venir plus ou moins guéris ; mais la maladie ne
tarde pas a reparaitre avec les causes qui l'avaient
fait naitre.
Le cheval dont j'ai parlé plus haut continua a
marcher sans rechute, mais chaque fois que je
voulais faire reparaitre l'affection, il me sufïisait do
lui faire appliquer un fer ordinaire avec un clou
dans le talon externe ; l'animal se mettait instanta-
nément a harper. Le fer enlevó, tout rentrait dans
l'ordro au bout de deux ou trois jours.
Quelques années après le fait que je viens de
rapporter, je fus a même de faire une observation,
incomplete il est vrai, mais qui cependant m'aurait
absolument convaincu, si j'avais eu le moindre doute :
Me trouvant un jour sur l'avenue des Gobelins,
je vis passer devant moi, se rendant a son service,
un cheval cótier des Tramways-Sud, administration
a laquelle j'appartenais alors. Ce cheval avait un
membre en l'air, dans une immobilité complete,
avec toutes les articulations rigides, comme dans le
nas de certaines luxations de la rotule. J'arrêtai le
conducteur qui, a mes observations, répondit que le
cheval était toujours dans eet état, mais que dans le
service il s'échauffait et marchait quand même. J'en
pris le numero et demandai sa réforme. Deux jours
après, je m'informai de eet animal et appris, non
sans surprise, qu'il était atteint d'éparvin sec et que,
quelque temps auparavant, j'avais manifesté l'in-
tention de le mettre en traitement; mais le cheval,
faisant tout son service, ne me fut pas présenté et
sortit de ma mémoire. Au moment dont je parle, il
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74 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
était déja vendu; je l'examinai avant son départ et
pus constater que Ie cartilage était enroulé d'une
fagon exagérée, contournant la phalange qu'il calait
en arrière. La cause était brutalement évidente. A
froid, Ie membre était immobilisó et la flexion des
articulations ne se rétablissait que sous rinfluenco
des tractions énergiques et réitérées, rendant quel-
que élasticité au cartilage déformé.
Pour n'y plus revenir, j'ajouterai qu'en pareil cas,
je fais déferrer Ie cheval pendant un certain temps,
je Ie mets minutieusement d'aplomb ; plus tard, je
lui fais adapter un fer a lunette avec unc grande
liberté du talon externe.
Comme moyen de controle, j'ai fait fabriquer une
espèce de manchette en acier destinée a emboiter
solidement Ie paturon d'un cheval pour en empêchor
la flexion : en mettant l'animal en marche, il se
produisait dans Ie membre les mouvements du harper
OU la rigidité des articulations.
On a souvent regarde la rayure transverse do
l'astragale et sa transformation éburnée, dans Ie cas
d'éparvin sec, comme la cause de cette affection. Je
suis absolument convainou que la rayure de l'astra-
gale n'est pas une cause, mais un effet. Si l'on veut
bien réfléchir que I'éparvin sec est produit par un
vice d'aplomb tres grave, qui culbute et déforme Ie
pied, on verra que l'appui, dans ce cas, est faussé,
que les rayons ne sont plus a leur place (supposons
Ie pied fixé au sol avec la pince tout a fait en dehors)
et que les articulations ne pouvant pas se fléchir dans
Ie sens de la progression, il est absolument logiquo
que, dans quelques cas, ces flexions plus ou moins
transverses amènent la rayure qui nous occupe sur
l'articulation du jarret.
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LE CHKVAL QUI SE COUPE                        75
CHAPITRE IV.
LE CHEVAL QUI SE COUPE
Membres antérieurs. — Membres posterieurs.
On dit qu'un cheval se coupe lorsque, pendant la
marche, il se frappe et souvent se blesse en diffé-
rentes parties d'un membre, soit antérieur, soit pos-
térieur, avec Ie pied ou Ie fer du membre opposé.
Ce défaut a des causes multiples et des effets
variés :
Sur les membres antérieurs, Ie cheval se coupe
au paturon, au boulet, au canon, au-dessous du
genou et quelquefois au-dessus.
2" Sur les membres postérieurs, c'est habituel-
lement en arrière et en dedans du boulet que Ie
choc se produit, quelquefois aussi au paturon et a la
couronne.
Les causes qui amènent Ie cheval a se couper
produisent des effets différents, suivant sa confor-
mation, la maniere dont Ie pied est taille, la ferrure
qui y est appliquée, ses allures primitives, ses
allures acquises, Ie service auquel il est employé, la
facon dont il est conduit, Ie sol sur lequel il tra-
vaille, son degré d'usure, la nourriture qu'il regoit,
son état d'embonpoint ou de maigreur, sa fatigue,
etc, etc.
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~1
76 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Posons d'abord en principe a peu prés absolu que
Ie jeune cheval, quelle que soit sa conformation,
abandonné a lui-même, vierge de ferrure, ne se
coupe pas; a moins peut-être que l'incurie de son
maitre ayant laissó croitre les sabots outre mesure,
OU qu'un maréchal inintelligent los ayant rognés de
travers, il ne se soit produit dans los deux cas un
véritable défaut d'aplomb, avec déformation du sabot;
après quoi Ie mécanisme primitif de l'animal se
trouvc faussó. Or, quand ce mécanisme est intact,
les articulations des membres se fléchissent obli-
quement en dehors, disposition qui s'oppose, avec Ic
rhythme des allures, a la rencontre des membres pen-
dant la progression. Il est vrai que quand ce même
poulain aura étó ferré et sera soumis pour les pre-
mières fois a un travail quelconquc, inhabile a ces
allures que l'on reclame de lui et qu'il exécutera
plus tard avec la plus grande facilitc, il se coupe et
forge assez généralement.
Mais, en dehors do cette cause générale momen-
tanée, il en est d'autres dont nous devons nous
occuper, parce qu'elles agissent sur tous les ani-
maux, a toutes les époques de leur vie et dans les
conditions les plus diverses. Au premier rang, nous
devons citer les défauts d'aplomb, c'est-a-dire les
coupes du sabot qui ne sont pas parallèles k la, face
plantaire du pied vivant.
Ajoutons-y la trop grande
brièveté ou la longueur exagérco de la boite cornée.
Membres antérieurs. — Supposons d'abord les
conditions qui redressent la troisièmc phalange,
inclinant sa face plantaire de haut en bas et d'arrière
en avant:
Pince courte et talons hauts. — Si Ie cheval
est court-jointé et l'appui douloureux en talons, par
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LE CHEVAL QUl SE COUPE                        77
suite du resserrement et du redressement de la
barre se trouvant de champ, Ie paturon, pendant
l'appui, se rapprochera de la verticale ; si l'animal
est long-jointé, ce mouvement de défense lui sera
impossible ; obligé de ceder a la pression, en raison
do sa longueur, Ie paturon décrira unc courbe an-
téro-postérieure amenée par la flexion des phalanges
l'une sur l'autre, et Ie boulet se rapprochera du sol.
Dans les deux cas, il aura quitte la place qu'il devait
occuper normalement. Si, alors, il se trouve rap-
proché du plan d'oscillation de l'autre membre,
celui-ci Ie frappera dans un endroit quelconque dc-
terminó par les diverses conditions que nous avons
énumérées.
2" Pince longue et talons bas. — Si l'animal est
court-jointé, Ie paturon se redressera; s'il est long-
jointé, les talons deviennent fuyants et Ie boulet
s'abaisse, résultat presque identique a celui du cas
precedent.
3" Quartier interne trop bas ou quartier externe
trop haut.
— Si lo cheval a les coudes au corps, il
se placera en panard, Ie boulet se rapprochant do la
ligne médiane. Si, au contraire, l'animal est tres
ouvert, il se placera plutót en cagneux. Dans les
deux cas, l'axe dos articulations n'est plus perpendi-
culaire au plan de la progression; Ie pied, posé en
dehors de son appui normal, tordra les articulations
en pivotant plus ou moins pendant qu'il est flxé au
sol ; abandonné a lui-même au moment de son le-
ver, il tendra mécaniquement a reprendre sa position
au bout du rayon et dans Ie plan d'oscillation, mais
ce plan sera dópassé dans un sens ou dans l'autre et
il se produira soit Ie faucher, soit Ie billarder. Il
y aura donc deux raisons pour que Ie cheval se
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78 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
coupe : déplacement dans les diverscs parties du
membre a l'appui venant s'offrir au choc et chan-
gement de direction dans les mouvements du mem-
bre qui se meut.
Quartier externe trop bas ou quartier interne
trop haut.
— Avec ce vice de coupe du sabot, le
pied est quelquefois panard, le plus souvent ca-
gneux; il présente habituellement une mamelle in-
terne saillante venant couper outrageusement le
membre opposé.
Le service auquel est soumis l'animaletles allures
factices qu'on lui donne font varier la hauteur de
l'endroit oü il se coupe. On comprendra sans peine
qu'un cheval de selle auquel on impose des allures
ou des mouvements plus ou moins fantaisistes, sur
un terrain curviligne, sera plus exposé a se couper,
toutes choses égales d'ailleurs, et se coupera dans
d'autres endroits que ce même cheval attelé a une
voiture légere, suivant une ligne droite a ses allures
naturelles. Le cheval qui se frappe sur le canon y
fait naitre des suros, généralement tres douloureux,
accident sans gravité qui disparait ou diminue ordi-
nairement après la rectification des aplombs et de la
ferrure, sans traitement particulier.
Membres postérieurs. — Le cheval se coupe sur
les membres antérieurs presquo toujours avec la
mamelle, quelquefois avec le quartier, rarement
avec le talon, attendu qu'au moment du passage du
membre antérieur auprès de son congénère, les
phalanges se rapprochent de la position d'extension,
ce qui les fait rentrer dans le plan d'oscillation. Le
membre postérieur, au contraire, est toujours dans
la flexion (il est bien entendu que nous ne parlons
pas des animaux estropiés dont lo mécanisme est
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LE CHEVAL QUI SE COUPE                      79
faussé); or, en ce moment, l'axe du cylindre repré-
senté par Ie sabot se rapproche sensiblement de
l'horizontale; par conséquent, Ie bourrelet et Ie
sabot passeront auprès du membre opposé avant Ie
fer. Ce sont eux qui seront les agents actifs du choc
ou plutót du frottement. Un fer ne débordant pas en
dedans du cylindre corné passera, comme lui, sans
toucher, a moins toutefois que son poids exagéré ou
un défaut d'aplomb ne fasse dévier Ie plan d'oscil-
lation. C'est donc une erreur de croire qu'on empê-
chcra un cheval de se couper du derrière en lui
mcttant un fer beaucoup trop étroit en dedans; on
diminue ainsi la largeur de la base de sustentation,
la fixité du pied a l'appui et on Ie fait pivoter sur Ie
sol. De plus, ce fer, poussant la paroi en dehors, la
fait évaser, la décoUe quelquefois et aggrave Ie
défaut auquel il est censé remédier. Le cheval se
coupe donc du derrière ou plutót se frotte avec le
bourrelet ou la paroi du sabot; il peut se blesser
avec un rivet saillant; mais, sauf le cas oü il dé-
borde, le fer n'a jamais part aux méfaits dont on
l'accuse.
Les causes los plus ordinaires qui font couper un
cheval du derrière sont les défauts d'aplomb du
sabot.
1" Quartier externe trop bas ou qusirtier interne
trop haut.
— Le cheval, dans ce cas, se place le
plus souvent on panard ; les jarrets, rapprochés dans
la station, sont coudés ou redressés, suivant leur
conformation; le boulet du membre a l'appui est
tourné, par conséquent, en dedans ; il vient s'offrir
au choc du membre opposé qu'il touchera d'autant
plus facilement que, partant lui-même d'un point
faux, il dépassera en dedans le plan médian. Si le
cheval se place en cagneux, le pied a l'appui pivote
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t'
80             LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
sur la pince, il se détermine un mouvement de laté-
ralitó dans lo boulct, et l'autrc membre Ie rencontre.
Qua.rtier interne trop bas. — Dans ce défaut
d'aplomb, les membres s'écartent, Ie cheval fauchc,
les mouvements sont vacillants et ressemblent a ceux
de la vache par l'écartement des membres se plagant
l'un après l'autre dans lo plan médian, la croupe se
berce et les membres s'entre-choquent aux allures
vives. Il ne faut pas oublier, qu'en se ber^ant, un
cheval rejette alternativement son centre de gravité
sur chaque membre, par une forte oscillation late-
rale ; or, ce membre a l'appui, dépassant souvent en
dedans Ie plan médian du corps, est frappe au pas-
sage du membre opposé. Souvent aussi il y a pivo-
tement sur la pince, ou bien encore Ie membre est
place en panard.
3° Les pinces trop courtes ou trop longues, les
talons trop hauts ou trop bas
exercent, pour les
pieds postérieurs, comme pour les pieds antérieurs,
une influence importante dans la production du dé-
faut qui nous occupe.
Nous avons dit en quoi consistait la déformation
du pied pinQard. Ce défaut est Ie résultat Ie plus
habituel d'un fer étampé en talons. Quoi qu'il en soit,
la déformation qui en résulte fait que l'animal
pivote sur sa pince au lieu de poser son pied a plat
et Ie boulet, dans ce balancement latéral, vient s'of-
frir aux coups du pied opposé.
Enfin, touto souffrancc ou tout obstacle au fonc-
tionnement régulier du mécanisme des membres
peut amener un cheval a se couper, soit on occa-
sionnant un poser défectueux du membre a l'appui,
soit en faisant varier les mouvements oscillatoires
du membre qui coupe. Il est inutile de s'appesantir
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%
LE CHEVAL QUI SE COUPE                         81
sur chacunc do cos causes qui variont a l'infini.
Lo tout se résumé a cette simple formule : Re-
chercher quelles sont les modifications subies par
Ie mécanisme primitif et norma.1 de l'animal et
trouver Ie moyen de se rapprocher de
ce méca-
nisme primitif dans la limite du possible.
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82 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
CHAPITRE V.
LE CHEVAL QUI FORGE
Causes aénérales. — Róle de la ferrure.
Lorsque, dans la-marche, un cheval entre-choque
ses pieds, on dit qu'il forge. Outre Ie cliquetis
désagréable que ce défaut produit, il peut occa-
sionner divers accidents, parfois assez graves.
Les causes qui font forger un cheval sont nom-
breuses, c'est dire que leurs effets sont également
variables, ainsi que les moyens d'y remédier.
Etablissons d'abord que tout cc qui peut déranger
l'harmonic des mouvements d'un membre quel-
conque, pendant la marche, peut amener lo cheval
il forger. En effet, dans Ie mécanisme normal, les
membres se meuvent avec un rhythme et une direc-
tion fixes s'opposant a leur rencontre. Mais que Ie
mouvement de l'un d'eux vienne a êtro accéléré ou
ralenti, Ie sabot occupera, a un moment donné, un
point autre que celui qu'il eüt occupé a l'état nor-
mal ; or, si ce point se trouvc sur la ligne parcourue
par l'autre membre, il y aura rencontre et Ie cheval
forgera. Le point frappe variera avec la cause occa-
sionnelle et mome avec son intensité ; ainsi le cheval
atteindra avec la pince du pied postérieur différents
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LE CHEVAL QUI FORGE                            83
points du fer antérieur : la pince, la voute, les ma-
melles, les quartiers ou les éponges. Quand Ie choc
a lieu sur la corne ou la peau, il n'est souvent pas
perceptiblc a l'oreille, mais n'en est que plus dan-
gereux ; il produit alors des atteintes sérieuses.
11 peut se faire que Ie pied antérieur lancé en
arrière et rendu a l'extrémitéde sa course oscillatoire
vienne 1'rapper, par la pince de son fer, la partie
antérieure de la muraille du pied postérieur venant
Ie croiser en dessous, c'est alors ce pied postérieur
qui est contusionné; on voit quelquefois, en pareil
cas, la muraille de pince disparaitre complètement,
et les chocs se produisant sur les parties vives mises
a nu, y occasionnent des lésions et méme des gan-
grènes de la plus haute gravité.-
Tout Ie monde sait que certaines conform ations
prédisposcnt Ie cheval a forger, mais ce défaut est
encore produit par tout ce qui peut apporter entrave
a l'exercice des allures, de même que par les irré-
gularités d'aplomb ou les déformations du pied.
C'est presque toujours au trot qu'un cheval forge ;
cctte allure est, du reste, la plus habituelle et celle
que l'on chcrche surtout a développer, a exagérer
même, chez Ie cheval de service.
Pour donner un apergu du grand nombre de
causes qui peuvent amener Ie cheval a forger, nous
en énumérerons quelques-unes ; hotons d'abord les
prédispositions résultant de la conformation : cheval
trop court, membres longs (cortains arabes), crochu,
sous lui du devant ou du derrière, épaule mal faite,
canons grêles, croupc avalée, articulations faibles,
rein défectueux; la fatigue, la faiblesse et la mau-
vaise nourriture, Ie manque ou quelquefois même
l'cxcès d'énergie ; puis viennent les pieds gros, les
fers lourds, la pince trop courte ou trop longue, les
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84 LE PIED DU CÜEVAL ET SA FERRURE
talons trop hauts ou trop bas, les pieds de travers ou
k talons fuyants; certaines déformations du sabot
occasionnant Ie basculement de la troisièmc phalangc
dans son intérieur ; certaines ferrures défectueuses ;
les allures irrégulières ou exagérécs, surtoutsur une
route qui monte ou qui descend.
Quelques oxplications sont nécessaires pour faire
comprendrc Ie róle joué par les principales causcs
que nous venons d'énumcrer dans la production du
dófaut de forger.
Plus un cheval sera court, et cela est évident, plus
Ie champ dcstiné au fonctionnement de scs membres
sera restreint et plus ceux-ci auront de chances de
se rencontrer; en outre, un exces dans la longucur
des rayons viendra encore accroitre cette tendance.
Si Ie cheval est sous lui du devant, Ie mouvement
du membre, limité en avant, sera d'autant plus pro-
noncé en arrière que Ie vice d'aplomb sera exagéré,
facilitant ainsi les chocs du pied postérieur, dont il
se rapproche davantage.
Le cheval sous lui du derrière ou a jarrets coudés
arrivera au même résultat en engageant outre me-
sure sous la masse l'extrémité inférieure de scs
rayons postérieurs.
Une épaule plaquée, une croupe avalée, produi-
ront le même effet; ces vices de conformation ras-
semblent plus ou moins, dans la station et, par con-
séquent, dans la marche, l'extrémité des rayons anté-
rieurs et postérieurs.
11 est une autre série de défauts de conformation
qui peuvent faire forger un cheval, en permettant
aux rayons do sortir en dedans ou en dehors du plan
d'oscillation : les articulations ou les reins faibles,
les canons grêles, les tendons faillis ; ajoutons a ces
faiblessos localos les causes générales qui produisent
-ocr page 83-
LE CHEVAL QUI FORGE                            85
aussi Ic flottement dos membres, telles que la mau-
vaise nourriture, la fatigue, Ie manque de forco ou
même quelquefois un surcroit d'ónergie, qui agit
alors en exagérant les mouvements normaux, sur-
tout quand l'animal est retenu.
Un pied gros termine souvent un membre grole,
il lui fait dépasser les limites de son oscillation.
Abordons maintenant les méfaits de la marécha-
lerie :
Puisquc nous avons établi que tout ce qui peut
déranger l'harmonie du mouvement des membres,
soit en accélérant la course de l'un, soit en ralen-
tissant celle de l'autre, soit en modifiant la direction
de leur oscillation, peut amener leur rencontre, on
comprendra facilemcnt que Ie sabot, avant de quittcr
Ie sol, décrivant un are de cercle autour d'un point
central représenté par l'extrémité de la pince, plus
celle-ci sera longue, plus l'arc de cercle sera étendu,
et qu'il en sera de même pour Ie temps nécessaire a
l'exécution du mouvement. Par contre, une pince
courte raccourcira lo rayon, l'étendue de la courbo
et Ie temps du parcours. Dans Ie premier cas, Ie
mouvement du membre sera retardé, dans Ie second,
il sera avance.
Des talons bas agiront dans Ic même sens que la
pince longue.
Avec dos talons hauts, qui calent Ic sabot en ar-
rière, Ie mouvement du poser ne s'exécutant pas
jusqu'au bout, les talons se trouvent déja soulevés
au moment oü ils devraient seulement quittor Ie sol,
Ie premier mouvement de la rotation du sabot au-
tour do sa pince est ébauchó par Ie fait, Ie temps de
son exécution supprimé et l'oscillation du membre
avancée.
Les pie^s parés ou ferrcs de travers, c'cst-a-dire
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86 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
ayant un quartier plus élevó que l'autre, déplacent
complètement la direction des articulations et, par
conséquent, Ie plan d'oscillation du membro. La
encore, il y aura dérangement dans l'harmonie du
mécanisme et Ie cheval pourra forger.
Il est bien entendu que tous les défauts d'aplomb
dont nous avons parlé peuvent être produits aussi
bien par une coupe défectueuse du sabot que par
des inégalités d'épaissour dans les différentes partics
du fer: pinces ou branches fortes, éponges, crampons.
Un fer trop lourd charge l'extrémité du membro,
s'opposo a son fonctionnement régulier et l'entraine
souvent dans sa course hors du champ qu'il devait
parcourir.
Un fer dont Ie poids des branches est tres inógal
charge un quartier bien plus que l'autre et fait dévier
Ie membre do sa direction.
Un fer couvert agit par son poids et par la large
surface qu'il offre au choc, surtout si l'animal forge
en voute.
Un fer étampé trop en talons rend Ie pied dou-
loureux, diminue la franchise de son appui sur Ie
sol et la rectitude de ses mouvoments.
Un fer a deux pingons latéraux agit dans Ie même
sens, déforme en outre la boite cornée et en amène
l'aplatissement latéral; la voute de la sole se creuse
et fait basculer l'os du pied ; cepondant cette ferrure
est Ie procédé classique employé de temps immé-
morial pour empêcher les chevaux de forger, sys-
tème défectueux et incendiaire, qui produit ou
aggrave Ie mal dont il dissimule simplement la
manifestation bruyante ; on a voulu supprimer un
léger cliquetis de fer qui était peut-être du au jeune
age ou a l'action momentanée de toute autre cause,
et on a produit ou enraciné un défaut.
-ocr page 85-
LE CHEVAL' QUI FORGE                            87
Quand un cheval se déferre en forgeant, il est a
peu prés certain qu'il sera referré avec des fers trop
courts, diminuant la base de sustentation, suppri-
mant l'appui en arrière et occasionnant des défor-
mations, telles que les talons fuyants.
D'autres causes pcuvent encore amener un cheval
a forgcr. Il suffit de citer Ie jeune age, la paresse,
un temperament lymphatique, etc, en un mot tous
les états qui font qu'un cheval s'abandonne plus ou
moins pendant la marche et contribuent a la sup-
prcssion du tride des allures. Ajoutons l'usure du
devant ou du derrière, les chevaux détraqués, les
allures défectueuses, causes qui agissent sur Ie
rhythme, la cadence ou l'harmonie des mouvements.
Tel cheval forge quand il est monté et ne forge
plus a l'attelage et vice versa. Tel autro qui forge
aux allures vives ne forge pas aux allures rac-
courcics. Nous pouvons en dire autant du cheval
qui trotte dans les montées et dans les descentes.
Indiquer et expliquer la cause qui fait forger un
cheval, c'est lui donner un remede en permettant do
la supprimer. Nous en parlerons au chapitre de la
ferrure.
-ocr page 86-
88 LK PIED DU CHEVAL ET SA FERUURE
CHAPITREVI.                     I,
DES APLOMBS «
Coupe transversale. — Coupe antéro-postérieure.
Membres antérieurs. — Membres postérieurs.
Après avoir posé en principe que Ie sabot du
cheval doit toujours être pare parallèlement a la
face plantaire du pied qui s'y trouoe contenu,
il
fallait indiquer des points de repère pour y arriver
mathématiquement ot sans erreur. Ces donnécs ron-
ferment deux parties distinctes : la première indi-
quera la coupe transversale a faire du sabot, c'cst-
a-dire la hauteur relative des deux quartiers; la
seconde donnera la coupe antéro-postérieure, c'est-
a-dire Ie rapport qui devra exister entre la longueur
de la pince et la hauteur des talons.
Si l'on opérait toujours sur un picd vierge, la
chose serait élémentaire : il s'agirait simplement de
conserver la même hauteur aux deux quartiers pour
obtenir l'aplomb transversal, et un angle de 55"
formé par la pince et Ie sol nous donnerait la coupe
antéro-postérieure. Mais, dans la pratique, il est loin
d'en être ainsi : tels chevaux ont les picds irrégu-
lièrement déformés; chez l'un lo quartior cxtorno
est plus élevé que l'autrc ; chez tel autrc on remar-
-ocr page 87-
DES APLOMBS                                  89
que Ic défaut contraire. La plupart du temps, la
déformation qu'on remarque dans Ie pied antérieur
dst tout a fait différente de cclle qui affecte Ie pied
postérieur; un troisiöme a des pieds inégaux, l'un
plus OU moins évasé, l'aUtre a talons hauts. Le pro-
blcme consistera donc alors a dóterminer la position
du pied, dans un sabot quelconque, et quelle que soit
sa déformation, afin que, dans la coupe qui devra en
être faite, la semelle cornée alt partout la même
épaisseur. Pour nous servir d'une comparaison qui
rende mieux notrc pensee, l'animal se trouvera ainsi
place dans la, mênic position d'aplonib que s'il
était privé de ses subots.
En effet, on comprondra,
dans une hypothese semblable, que si un cheval
était posé dans la station sur un sol plan horizontal,
les tendons cxtenseurs et fléchisseurs seraient dans
leur tension normale, et qu'il en sorait de même des
rapports dos articulations, des ligaments, etc, en
un mot, que le membre tout entier aurait une po-
sition irréprochable pour sa conformation. Il est
bien entendu que nous réservons les cas oü des
maladios des différentcs parties du mécanisme em-
pêcheraient l'appui de s'effectuer régulièrement.
Nous avons donc a prendre des points de repèrc
oxacts pour arrivor a co résultat et en faire ensuitc
l'application. Plus tard, nous déterminorons quel
doit être le for qui respectcra, dans la limite du pos-
sible, les fonctions physiologiques du pied. Occu-
pons-nous d'abord de l'aplomb transversal :
Un plan partageant par le milieu, et dans le sens
longitudinal, Vos du canon et les tendons fléchis-
seurs, partagera également toute la région digitée
placée dans Vextension libre, cest-a-dire sans être
appuyée sur le sol et abandonnée completement a
elle-même. Ensuite on mènera, par la pensee, per-
-ocr page 88-
90 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
pendiculairement a ce plan de flexion du membre,
un plan qui, passant par la face plantaire du pied,
déterminera, sur les talons et les quartiers, la coupe
qui doit être faite du sabot.
La fourchette est parallèle au sol dans Ie pied
vierge; elle est fixée par
sa pointe sous los du
pied qui lui donne un point d'appui inflexible.
Ses branches, au contraire, sont fixées sur les
parties postérieures du pied, nayant pour point
d'appui que Ie coussinet plantaire et les cartilages
latéraux, parties flexibles et tres modifiables. Or,
la fourchette, suivant ces parties dans tous leurs
déplacements, nous indiquera, par
sa direction,
la coupe antéro-postérieure que l'on devra faire
dans Ie sabot, dont l'angle de pince doit être
normalement de
55°.
Passons maintenant a l'application de ces prin-
cipes :
Membres antérieurs. — Prenons, par exemple,
Ic pied droit. L'opérateur, place a l'épaule du cheval
et faisantfaco en arrière, soutiendra horizontalemont
de la main gauche, sans efforts et en ouvrant les
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DES APLOMBS                                  91
doigts, Ie canon par son nmilieu dans la direction du
jarret correspondant, c'est-a-diro parallèlement a
l'axe du corps, l'avant-bras du cheval restant, autant
que possiblc, vertical; il placera son ceil au-dessus
du canon, en Ie rapprochant autant que possible de
l'épaulo du cheval, de maniere a mettre Ie rayon
visuel dans Ie plan passant par Ie milieu du tendon
fléchisseur et du métacarpien principal, qui n'est
autre que Ie plan d'oscillation du rayon. Ce plan sera
ensuite prolongé, d'un coup-d'cBÜ, jusqu'a la face
plantaire du sabot, dont la coupe devra lui être per-
pendiculaire.
Il va sans dire que l'opérateur changera de main
pour Ie membre opposé.
On peut encorc examinor l'aplomb du pied d'une
autre fagon ; c'est Ie procédé que j'employais primi-
tivement et que j'ai changé, comme trop incom-
mode : Ie teneur de pied, soutenant Ie canon dans
la même position que s'il voulait vérifier lui-même
l'aplomb, l'opcrateur lui fait face et, mettant les
deux mains ouvertes sur chaquo cótó du canon pour
avoir Ie sentiment do sa position, il vérifio la coupe
du sabot. Mais, pour opérer ainsi, il est obligé de
s'accroupir et de se mettre, en partie, sous Ie
ventre du cheval, sans quoi il lui faudrait porter Ic
membre dans l'abduction, ce qui lui donnerait un
renseignement absolument faux.
Il reste maintenant a dóterminer et arrêter défini-
tivement un deuxième plan qui, se confondant avec
Ie premier, dont nous n'avons, par Ie fait, que deux
points, donnera la hauteur respcctive de la pince et
des talons. Le but a atteindre est de placer la four-
chette parallèlement au sol, dans lo sens longitu-
dinal; cellc-ci, dans les diverses dcformations du
pied, dovenant convexe, concave, exuberante, atro-
-ocr page 90-
92             LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
phiée, déviée en dcdans, en dehors, on s'occupcra
exclusivemcnt de sos deux extrémités, afin d'évitor
les causes d'crreur :
1° Un point pris sur la pointe de la fourchotte,
parée ou supposée parée a fond ;
2° Un point pris a roxtrémité opposóe de l'organe,
dans Ie plan médian, autrement dit a la partie termi-
nale de la fentc du sabot, dans Tendroit oü finit la
peau et oü commonce la corne.
Ces deux points réunis par la pensee donneront
une direction dont on devra se rapprocher autant
que possible dans la coupe antéro-postórieure do la
boite cornée.
Membres postérieurs. — La coupe du membre
postérieur se fait d'après les memes principes; ce-
pendant il y a une légere différence dans l'appli-
cation : Ie membre antérieur est examinó dans l'ex-
tension, tandis que Ie membre postérieur ne peut
s'examiner que dans la flexion, ce qui revient a dire
que l'on peut faire une coupe vraie du sabot anté-
rieur, tandis que la coupe du sabot postérieur doit
ctre légèrement faussée. En effet, nous avons dit
que lorsqu'une articulation des membres se fléchis-
sait, il y avait une légere déviation en dehors, par
suite de l'épaisseur différente des condyles ; or, si
l'on faisait une coupe droite dans un membre fléchi,
celui-ci, rentré dans l'extension, aurait Ie quartier
interne beaucoup trop bas. Voici donc comment il
faut opórer : Ie pied est leve par un aide, comme
])our ferrer l'animal, Ie canon tenu vcrtica.lemcnt;
l'ocil, place pres de la pointe du jarret, on opérera
comme pour Ie membre antérieur, mais en con-
Kcrvant au quartier interne un excédent de hauteur
de quelques millimètres, qui peut varior légèrement
-ocr page 91-
93
DES APLOMBS
suivant la maniere dont Ie pied est tenu, et dont on
SC rcnd compte facilement avec un peu d'habitude.
VfN-
S'il était possible de bien placcr Ie jarret du cheval
dans l'cxtension, il est évident que Ie pied devrait
êtro pare régulièrement, comme Ie pied antérieur.
Tout ceque nous venons de direparaitrapeut-être,
de prime abord, assez compliqué ; mais, dans la
pratique, tous ces détails que nous avons été obligé
de donner, pour cviter les erreurs, se résument en
un simplo coup-d'oeil.
Lorsque Ie pied est tenu par l'aide, il arrive que
Ie canon ne se trouve pas dans une direotion verti-
cale. Pour Ie redresser, on appuiera une main sur
la partie interne du calcanéum et l'autre sur la partie
externe de l'extrémité inférieure du canon; puis on
fora effort en sens opposé jusqu'a ce que Ie membre
soit dans la direction voulue ; mais, dans aucun
cas, on ne toucbera aux phalanges, qui doivent
toujours rester absolument libres; la pression qu'on
exerccrait sur elles les ferait dévier et l'on n'ob-
tiendrait plus que des résultats faux.
Notons, en outre, que, dans aucun cas, on ne
-ocr page 92-
94 LE PIEU BU CHEVAL ET SA FEBRURE
fera attention a la place occupée par la fente posté-
rieure du sabot; celle-ci, n'étant qu'un fait patholo-
gique, occupo des positions différentes toutes les
fois qu'un quartier se trouve plus resserré que l'au-
tre ; ceci, aussi bien pour Ie pied antérieur que pour
Ie pied postérieur.
Cette maniere de parer Ie pied se résumé, comme
nous l'avons dit, en une simple formule : Parer Ie
sabot de fagon que la coupe inférieure soit paral-
lèle
a la face plantaire du pied qiii s'y trouve
contenu.
Cette maxime est unique et absolument
obligatoire. Cependant si, par hasard, on se trouvait
en présence de quelquc pied estropié, avec des arti-
culations malades et déviées, qu'on nc puisse pas
remettre immédiatement d'aplomb sans inconvénient,
on ajournerait Ic redressement absolu du membre,
MO bornant a y arriver progressivement. Nous ajou-
terons que cesménagements, qui peuvent être néces-
saires, a un moment donné, dans la coupe antéro-
|)Ostérieure du sabot, pour éviter un brusque chan-
gement de direction dans la poussée de l'ondée
cornée, ne s'appliquent jamais a la coupe transver-
sale, qui devra toujours, a tout prix et séance te-
nante, être remise dans son état normal, en sup-
pléant a un manque de corne par une inégalité
correspondante dans l'épaisseur du fer.
-ocr page 93-
DU FEft
CHAPITRE VII.
DU FER
Forme du fer. — Ajusture. — Garniture. — Des crampons.
— Du pin(,'on. — Fer frangais. — Ferrure Cliarlier. —
Fer anglais. — Fer arabe. — Fer russe. — De l'appli-
cation du fer.
La ferrure étant, comme on l'a dit tres justement,
un mal nécessaire, beaucoup de gens, en lui ch^r-
chant des palliatifs, ont inventé une foule de fers
plus bizarrcs les uns que les autres, ayant chacun
des défauts qui leur sont particuliers et dont les'*
qualités plus ou moins négatives au point de vue de
la forme, resident surtout dans l'application qui en
est faite et les circonstances qui peuvent la favoriser ;
cxemple :
                                                  *;
Une boiterie se déclare sur un cheval ferré d'une
maniere quelconque : on lui supprime généralement
la ferrure qui Ie faisait souffrir et on lui applique un
fer d'un autre systèmo qui, n'ayant pas les mêmes
défauts que Ie precedent, soulage l'animal; mais Ie
fer de remplacement ayant aiKJsi des défauts qui lui
sont particuliers, il n'est pas rare de voir, si on en
continuo l'application, succéder a la période de sou-
lagement une boiterie plus intense et plus tenace
que celle qu'on a fait disparaitre. Les défauts op-
-ocr page 94-
96 LE PIED DU CUEVAL ET SA FERRURE
poses des deux fers se sont, en quelquo sorte, neu-
tralisés, jusqu'au moment oü Ie second aura produit
la boiteric qui lui est propre.
Supposons un cheval ferré avec un fer ordinaire
fortement ajustc sur les branches : les talons, glis-
sant l'un vers l'autre sur les plans inclinés conver-
gents forméspar les branches, se resscrrent, et l'ani-
mal boite. Un fer a planche Ie soulagcra peut-êtrc
instantanément, par la seule raison qu'il n'a pas
d'ajusture et que son application a supprimé la cause
de Ia souffrance ; mais Ie fer a planche a d'autres
défauts qui se manifesteront bientót; on aurait donc
pu ne pas l'employcr en se bornant a effacer l'ajus-
ture du premier.
Il y a, en maréchalerie, une règle absolue : eest
que, dans Ie cas de boiterie ou de souffrance, on
doit s'adresscr d'abord aux causes, avant de s'occuper
des effets qui se trouvent sur un plan secondaire ; et
cependant ce n'cst pas toujours ainsi que les choses
se passent : tel cheval, par exemplc, a los pieds
■parés de travers, Ie membre se meut alternativement
en dedans et en dchors de son plan d'oscillation
normal, il se touche a l'intérieur du canon et les
chocs réitérés y produisent un suros douloureux,
avec boiterie. On cherchera peut-être a faire dispa-
raitre l'exostose par des frictions, des fondants, des
feux, etc, mais ce sera en vain, puisquc la cause du
mal existera toujours. Remettez l'animal dans son
aplomb normal : sa marche étant rcctifiée, Ie mem-
bre rontrant dans son plan d'oscillation, les chocs ne
se produiront plus, Ie suros disparaitra tout seul, a
moins que Ie sujet ne soit vieux et la lésion ancienne.
En tout cas, la boiterie cessera avec Ia souffrance
qui l'avait fait naitre.
En sommo, il est parfaitement inutile, sauf quel-
-ocr page 95-
DU FER                                      97
ques cas exccptionncls et fort rarcs, do chcrcher,
dans la simple application d'un fer quelconque, la
guérison de lésions produites par un autre fer, car
un ouvrier habile pourra ferrer un cheval quelconque
avec tous les systèmes de ferruro, s'il sait, dans
rapplication, faire disparaitre les défauts particuliers
inhérents a chacun d'eux.
Avant de parier des divers modes de forrure, exa-
minons rapidement les parties du fer qui, dans sa
fabrication, sont susceptibles de modifications, in-
fluant plus OU moins fortement sur les qualités et les
défauts de la ferrure :
La forme. — La forme du fer ajusté doit être la
reproduction du pourtour inférieur du sabot, sauf
rcxtrémité des éponges qui doit déborder légèrement
en dehors pour permettre aux talons, habituellement
resserrés, de s'y mouvoir et rétablir ainsi la largeur
de la base de sustentation. Il est bien entendu que,
Ie fer devant s'adapter a un pied pare d'aplomb,
c'est-a-dire représentant une coupe oblique dans un
cylindro, cc fer brut dcA'ra lui-même être assez
clliptique et s'éloigner de cette forme arrondie que
l'on ne voit que trop souvent.
La couverture, qui comprend la largeur du fer,
devra toujours être assez restreinte. Le fer couvert
a d'énormes défauts qui ne sont compensés par
aucune qualité : il est lourd, facilite les glissades,
se fausse quand il est un peu usé et vient porter sur
la sole ; les glissades qu'il facilite le font user plus
vito ; il a toujours besoin d'une grande épaisseur :
c'est un mauvais fer.
L'épaisseur du fer peut être quelquefois assez
forte sans inconvénient; niais, comme dans ce cas,
le cheval frappe du talon, surtout aux allures vives,
7
-ocr page 96-
98 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
la fer dégagé et épais devra toujours être aminci
progressivement en éponges.
L'ajusture, constituant une incurvation de la face
supérieure du fer, devra toujours être réduite a sa
plus simple expression et se borner a empêcher Ie
fer de porter sur la sole.
On a l'habitude de relover légèrement la pince,
ce qui n'a pas une importance aussi grande qu'on Ie
suppose. Cette incurvation de la pince est dcstinée,
soi-disant, a empêcher Ie cheval do buttor et a lui
faciliter la rencontre du sol; mais, si l'on regarde
des fers dont l'usure est reguliere, on s'apercevra
qu'ils sont usés a plat, et que ceux pour lesquels il
en est autrement ont pcché par l'application ou Ic
défaut d'intégrité du mécanisme de l'animal qui les
a portés.
L'ajusture entólée est la chosc la plus désas-
treuse pour Ic pied du cheval, quel que soit Ie cas
qui ait motivé son application. Elle présente des
plans inclinés convergents, sur lesquels lo picd glisse
en se resserrant, laissant en haut du glacis la paroi
et les clous; elle fabrique rapidement toutes les
déformations les plus graves.
L'ajusture en bateau cxiste lorsquo les branches
du fer, au lieu d'être droites d'un bout ii l'autrc,
présentent une courbo antéro-postérieure qui fait
rouler Ie pied et rond l'aplomb vacillant. Cette ajus-
ture peut cependant s'appliqucr quelquefois avec
avantage, quand il est impossiblc de parer Ie picd
d'aplomb d'un bout a l'autre, mais avec les modifi-
cations suivantes :
Supposons un sabot ou, pour une causc quel-
conque, la pince vient a manquer; on ménagcra
scrupuleusement Ie point oü se fait Ie changement
-ocr page 97-
DU FER                                      99
de direction, parant a plat a partir de eet endroit
jusqu'a rextrémité des talons ; c'est sur cette partie
scule que devra marcher Ie cheval. Le fer sera
ajusté comme si le sabot était complet d'un bout a
l'autre ; puis, a l'endroit oü la pince se relève, les
deux branches du fer seront ployóes de fagon a le
faire coïncider avec la corne. La partie relevée en
avant ne servira qu'a l'implantation des clous et se
rcdressera au fur et a mesure que la corne poussera.
On se sert tres souvent d'un fer semblable pour les
pieds a fourbure chronique.
On dit qu'un fer est ajusté a éponges renversées
quand ses branches, au lieu d'être droites jusqu'a
l'oxtrémite, sont relevées de fagon a empêcher leur
contact avec le talon. Cette pratique, au dire de
ccux qui l'exécutent, a pour but d'empêcher les
bleimes. Il suffit de considérer la fagon misérable
dont marchent les chevaux qui sont ferrés de cette
fagon, pour se faire une opinion sur sa valeur. Nous
avons dit plusieurs fois, et nous ne saurions trop le
répéter : le fer devra toujours avoir, dans la limite
du possible, le contact le plus intime et le plus
étendu avec la paroi et los talons.
L'ajusture anglaise consisto a laisser le fer a plat
et a enlovor au marteau la partie interne de sa face
supérieure qui pourrait porter sur la solo. Cette
ajusture, faite légèrement sur le fer francais, est une
excellente choso.
La garniture e.st cette partie du fer qui déborde
autour de la paroi. Dans la pratique ordinaire, on
voit souvent des pieds oü la garniture commence au
pingon antérieur pour continuer, en s'accentuant, le
long du quartier externe jusqu'a l'extrémité de
1'éponge. Sur le quartier interne, au contraire, le
-ocr page 98-
100          LE PIED DU CIIEVAL KT SA FEIUU RE
fer est rentré et la paroi qui déborde est enlevée a
la rapé, sous prétexte d'empêchcr Ie cheval de se
couper. Nous avons dit que, règle générale, Ie quar-
tier interne est plus resserré et plus faible que
l'externe ; Ie quartier interne se trouvc, par consé-
quent, surchargé (nous admettons même que Ie pied
est d'aplomb); dans ce cas, la garnituro en dehors a
pour résultat d'élargir cette portion de la base de
sustentation, d'accentuer la différcnce qui existe
entre les deux moitiés du diametro du pied et, par
conséquent, d'augmenter encore la surchargé du
quartier interne.
Les étampures sont des trous creusés dans Ie fer
pour y implanter des clous qui Ie fixent. Leur forme
varie suivant les pays. L'étampure frangaise est
carrée et a une forme pyramidalc plus ou moins
allongée. Une étampure bien faito doit être assez
allongée pour traverser presque complctement Ie fer.
Un clou a collet court ne pénètre pas profondément,
sa tête s'use rapidement et lo fer, n'étant plus sou-
tenu, tombe quand il n'est qu'a moitié usé.
Le clou frangais a sur tous les autres un avantage
énorme : la forme de l'étampure permet, a un mo-
ment donné, d'incliner le clou pour aller chercher
la bonne corne; en outre, les mouvements qu'il
peut exécuter dans l'étampure, facilitent les fonc-
tions de l'élasticité du pied. On peut se rendre
compte de ceci en appliquant convenablement un fer
a pingons obliques, qui soUicite les mouvements de
va-et-vient du talon : au bout de quelques jours, si
on arrache ce fer avec les clous, on verra, qu'a l'ex-
ception de ceux de la pince, les clous ont agrandi
l'ouverture des contre-pergures, qu'ils sont abso-
lument mobiles dans l'étampure et qu'ils tombent
seuls, en retournantlc fer, la face inférieure en bas.
-ocr page 99-
DU FER                                     101
Los ctampures dovront toujours être fortement
éloignées des talons, pour no pas entraver Icurs
mouvements ; elles ne devront pas dépasser en
arrière la partie du sabot occupée par l'os du pied.
Dans Ie cas oü l'ótat de la corne s'opposerait a l'im-
plantation des clous en pince, les étampures seraient
disposces sur une des branches, en laissant toujours
un talon libre.
Los contre-perQures devront toujours être bien
dóbouchées pour faciliter les mouvements du pied.
On appelle crampons les extrémités des branches
du fcr ployées a anglc droit. lis ont pour but prc-
tendu de soulager les tendons, en relevant les talons,
et d'empêcher Ie cheval de glisser. lis s'appliquent
aux piods de devant et aux pieds de derrière, sur
les deux branches du fer et quelquefois sur une
scule.
Sous les pieds de devant, les crampons faussent
los aplombs et, dans la marche, frappant Ie sol
avant les autres parties du fer, ils raccourcissent
l'allure, en limitant Ie mouvement d'extension. Lors-
qu'ils sont déja a l'appui, la pince du fer est encore
en l'air et olie n'arrive au contact du sol que par un
mouvement de rotation dont les crampons sont Ie
pivot; mais, a ce moment, Ie mouvement n'est pas
arrêté instantanément et, si l'animal n'est pas assez
vigoureux pour se retenir dans eet équilibre ins-'
table, la masse du corps, lancée en avant, l'entraine,
et il tombe. L'effet qui se produit alors est Ie même
que celui provoqué par des talons trop hauts, avec
cotto aggravation que, les crampons meurtrissant los
talons, Ic cheval, pour fuir la doulour, cherchc a
reporter, Ie plus vite possiblo, l'appui en pince.
Dans lo cas d'un seul crampon, il suffit do ré-
fléchir un instant au choc qui se produit sur un seul
-ocr page 100-
102 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
point du pied, constituant un pivot mobile doulou-
reux, autour duquel s'exécuto une rotation non
seulement d'avant en arrière, mais encore d'un cótó
a l'autre, pour se rendre compte de tout ce qui peut
en résultcr.
Les crampons sont appliqués surtout sur les pieds
do derrière pour empêcher la glissade. Si l'animal ne
souffre pas des pieds, il appuio franchement un
talon sur lo sol et Ie crampon, servant seul a l'appui,
disparait en quelques jours. Si Ie sol est dur, Ie
crampon n'a pas prise sur lui et sert a peu de choso ;
en outro, Ie talon ne tardant pas a devenir doulou-
reux, Ie cheval, comme nous l'avons dit, peut sous-
traire son talon au contact du sol, en modifiant lógè-
rement la flexion de son jarret; il devient alors
pingard et Ie crampon, ne portant plus, n'a plus sa
raison d'être.
En résumé, sous les pieds de dovant, les cram-
pons produisent les bleimes, les défauts d'aplomb,
par eux-mêmes et par la hauteur des talons qu'on
est obligé de ménager ; ils brisent les allures, amè-
nent les déformations du pied et occasionncnt une
foule de chutes.
Sous les pieds de derrière, ils écrasent les talons
et produisent surtout Ie pied pingard.
Le crampon est donc, par lui-même, une fort mau-
vaise chose, amenant une foule d'inconvénients et
d'accidents, quand il est doublé; il devient encore
plus désastreux quand il n'existe que sous une bran-
che du f er.
Pour notre compte, nous pensons qu'on peut s'en
passer dans la plupart des cas, le cheval bicn
d'aplomb glissant peu. Cependant nous faisons une
réserve pour certains limoniers et pour les chevaux
qui travaillent par le verglas, ou sur certains sols
-ocr page 101-
Dü FER                                     103
argileux, tres glissants par la pluie ; mais, en pareil
cas, on devra toujours se scrvir d'un crampon mo-
bile, tel que Ie clou Delpérier ou Ie crampon
Thuillard, tenant dans Ie fer par simplc frottement
et no venant pas blesser Ie pied, en dépassant la face
supérieure du fer, lorsque celui-ci est a moitié usé.
Le pingon est un petit onglot que l'on relève a la
pinco du fer et qui s'applique sur la partie corres-
pondante du sabot. Il a pour but d'évitcr l'ébran-
lement des clous au moment du choc sur le sol.
Le pingon doit toujours être de petite dimension
et s'incruster dans une légere échancrure de la paroi.
La plupart des ouvriers relèvent des pingons beau-
coup trop forts; la pince de corne est coupée carré-
ment; le fer posé a chaud sur le pied est monté,
laissant la paroi faire saillie de chaque cóté du
piuQon; plus tard, cette partie sera enlevée avec le
rogne-pied et fortement rapée. Cette pratique est
presque générale; il est inutile d'insister sur ses
inconvénients, au point de vue de l'aplomb et de la
régularité de la marche, outre les douleurs qui ré-
sultent de l'incrustation dans une corne amincie d'un
pingon trop épais, présentant souvent des saillies a
sa face interne.
On voit souvent appliquer des pingons sur le cóté
du pied, pour empêcher un cheval de se déferrer.
Presque toujours, pour ne pas dire toujours, l'animal
a un pied de travers qui tord sur le sol et fatigue
les clous. En pareil cas, il sufïit de mettre le pied
d'aplomb et l'animal ne se déferrera plus ; on pourra
alors supprimer un pingon qui gêne les mouvements
d'expansion du pied et facilito les déformations.
Sur le pied postérieur, on met souvent deux pin-
cons latéraux, sous prétexte d'empêcher le cheval de
-ocr page 102-
104 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
forgcr : on supprime lo bruit, mais on cxagèro lo
mal, comme nous l'avons expliqué.
Lc fcr do derrière a une formo particuliere clas-
siquo, qui n'ost pas sans inconvéniont. D'abord les
étampures n'existent pas a la pince et sont réparties
sur los branches; ces branches, elles-mêmes, sont
inégales en largeur et souvent en épaisseur. Il a
une formo allongée, étroite, avec des branches pres-
que droites. Si ce for correspond a la formo du pied,
c'est parce que celui-ci a óté déformé par l'appli-
cation de ce même fer. Les branches inégales, néces-
sitéos par l'usure inégalo d'un pied de travers, n'ont
plus do raison d'être quand lo pied est d'aplomb. La
branche interne, usant autant que l'autre, devra lui
ressembler, et son étroitesse oxagérée qui doit em-
pêchcr, soi-disant, Ie cheval de se couper, devicnt
absolument inutile.
En résumé, si lo pied postérieur diffèro légc-
rement, comme forme, du pied antérieur, et la chose
est vraie, la différence n'ost pas aussi grande que
I'on pourrait lo croire. J'ai eu, pour ma part, une
jument ferrée des quatre picds avec des fers do
devant, j^endant des années, et ses pieds postérieurs
ressomblaient singulièroment a ceux de dovant. Du
roste, Ie cheval marchant d'aplomb, n'a plus besoin
de cettc masse de fer en pince, dont on retirait les
étampures do peur de l'affaiblir.
Nous allons dire maintenant quelques mots dos
différents fers qui sont applicables, laissant do cótó
toutes les élucubrations baroques qui ont paru suc-
cossivemcnt et ont fini par constituer un véritablo
arsenal d'instruments de torture.
Le fer francais ordinaire, un peu dégagé et con-
vcnablcment appliqué, est assurément lc meillcur et
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DU FER                                     105
lo plus avantageux de tous. Toutofois, il peut avoir
cortains défauts, s'il est employé avcc négligence :
1° Son ajusture, sous peine d'être tres nuisible, ne
devra jamais comprSndre que la pince et les ma-
melles; les branches devront toujours être abso-
lument a plat. En outre, la maniere dont Ie maréchal
frangais tient Ie pied, ainsi que nous l'avons ex-
pliqué précédemment, facilite les fausses coupes du
sabot et les défauts d'aplomb qui en sont la consé-
quence. Parmi ceux-ci, Ic plus frequent est la panar-
dise, surtout sur Ie pied droit, Ie maréchal tenant
son boutoir do la main droite, qui est alors en
dehors et force Ie teneur de pied a tirailler Ie mom-
bre, en Ie tordant dans l'abduction ; aussi dit-on
encore d'un cheval panard, dans bien des pays, qu'il
marche
a la frangaise ;
2" Quand la largeur de la branche s'accentuo,
c'cst-a-dire quand Ie fer est couvert, il porto sur la
sole et la barre, en produisant Ie pied plat, Ie pied
comble, les oignons, la bleime, etc. Lorsqu'il s'usc
et s'amincit, son ajusture s'affaisse sous Ie poids du
corps, Ie fer s'élargit et les clous déchirent Ie quar-
tier. On pretend encore qu'un fer couvert est plus
cconomique qu'un fer dógagé et qu'il s'use moins
vite. La seule réponse a faire a cela est que Ie fer Ie
plus avantageux et Ie mieux appliqué est celui qui
a Ie plus perdu de son poids lorsqu'il est usé,
et
ce n'est pas Ie cas du fer couvert.
On peut, du roste, se faire immédiatement une
opinion certaine sur la maniere dont la fcrrurc est
pratiquée dans une forge, en cxaminant les vieux
fers, qui doivent ètrc usós d'uno maniere uniforme
et reguliere;
                          : ;
3° Si les éponges ne sont pas amincies, ellcs re-
-ocr page 104-
106 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Qoivent lo premier choc quand Ie pied frappe Ie sol,
elles meurtrissent les talons et produisent des
bleimes;
4" L'ajusture qui se donne en "tordant les branches
en dcdans pour los creuser, au lieu de s'adresser a
leur épaisscur, fait marcher Ie cheval dans une sortc
d'entonnoir qui rapproche les talons et produit des
accidents et des déformations graves.
Co qui n'ompêche pas que, bien appliqué, Ie fer
francais est Ie meilleur et Ie plus inoffensif do tous.
Le fer k planche, qui s'ajjplique sur une grande
cchelle, ne mérite assurément pas la faveur dont il
jouit encore, attendu qu'il fait marcher le cheval sur
la fourchette; or, il la refoulc dans lo fond du pied,
en redressant la barre qui lui est fixée par son bord
supérieur; il rapproche donc ainsi les talons et,
quoi qu'on en dise, produit une déformation qui est
ime des formes de l'encastelure. Sauf quelques cas
d'accidents assez rares, dans lesquels il manque un
cóté du pied, on peut toujours s'en passer, cc qui
est fort hcurcux, car c'est peut-être le plus mauvais
de tous les fers. Ses effets, se produisant lentoment,
passent inapergus. Pour mon comptc, je ne me rap-
pelle pas avoir vu un cheval fcrré a planche marcher
convenabloment.
Le fer a pantoufle, employé pour écarter les
talons, représente deux plans illimités, inclinés en
dehors, sur lesquels les talons glissent en effet;
mais le bord supérieur des glacis vient bientót portcr
sur la solo ou les barres, avcc tout un cortège d'ac-
cidents comme conséquence.
Le fer a lunette est un excellent fer qui peut rcn-
dre de grands services a un moment donné ; mais il
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DU FER                              107
a besoin, pour cola, d'otre modifié et d'aller en dimi-
nuant d'cpaisseur de la pinco aux épongcs, oü
répaisseur doit être nulle; sans quoi, il s'incruste
dans la corne et blesse Ie pied, si celui-ci est pare
a fond. Il faut, on outro, l'appliq.uer sur un pied
pare d'uno maniere irróprochablo, sans quoi, celui-
ci se déjette d'une fagon déiilorable. Employé par
ccrtains ouvriers, on peut diro que c'est « un rasoir
dans los mains d'un singo ».
Le fer a la turqiic est généralement employé
■pour empêcher le choval de se couper. Nous ne
retiendrons de co fer que la fagon dont il est étampé,
dont nous nous servirons tres souvent dans les cas
oïi il y a inconvénient a dispoaer les étampuros sur
les deux cótés du piod, ou pour facilitor un mou-
vement do régénération. Quant a sa branche forto et
rentree sous la sole, etc, etc, a la maniere fantai-
siste dont on doit parer le sabot pour l'appliquer,
nous n'en parlerons pas, ne réservant, do tout cela,
qu'un for ordinaire, a étampuros unilatéralos.
La ferrure Charlier, dont on a fait grand bruit
dans ces derniers tomps, ne sera jamais une fcrruro
sérieuse, malgré los corrections et les transfor-
mations qu'on lui a fait subir. Ses succes so rédui-
scnt a la disparition do quelquos accidonts occa-
sionnés par la mauvaise application et l'ajusturo mal
faito du for francais et son appui sur la sole. Quant
a SOS défauts, nous n'en citerons qu'un : c'est do
mettre l'ouvrior dans l'impossibilité de parer son
piod d'aplomb ; en effet, il devra toujours conserver
une hauteur exagérée des talons, pour ne pas les
mourtrir avcc la mince baguette do for qui s'y
incrusto et doit leur servir d'appui.
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108 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Le fer anglais a pour caractère d'avoir sur sa face
supérieure un évidement de la rive interne, qui
constitue l'ajusture, aux dépens de son épaisseur. Il
ne reste, pour l'appui du pied, qu'une étroite partie
plane sur le pourtour de la face supérieure, qui doit
coïncider parfaitement avec la forme de la paroi et
qu'on appclle « le siège ». Cette ajusture, que nous
employons souvent en creusant légèrement le fer,
pour éviter simplement son appui sur la sole, cons-
titue ici un plan fortement incliné, qui n'est pas
sans inconvénient.
D'une part, co fer est généraloment arrondi, ce
qui implique un pied a talons hauts ; ensuite, si le
fer se trouve un peu large, le pied glisse a l'intérieur
sur lo glacis représentant l'ajusture, il se ressorre,
les clous arrachent la corne et le pied se dérobe.
D'un autre cóté, 1'étampure, au lieu de représenter,
comme dans le fer francais, une espèce d'entonnoir,
dans lequel lo clou peut ctre incliné a volonté, est
pratiquée dans une rainure qui en fixe mécanique-
ment la place. Le clou, entrant a frottement dans
cette étampure étroite, fait corps avec le fer et resto
rigide, incapable de suivro le moindre mouvement
d'élasticité du pied ; ces mouvements s'oxécuteront
donc autour du clou et la paroi se désagrégera. En
résumé, le clou anglais produit los picds dérobés, et
la hauteur exagérée qu'on donne aux talons dans
cette ferrure, ainsi que les glissements qui arrivent
sur le plan incliné de l'ajusture, occasionnent le
resserrement des talons, le redressement des barros,
la voussure de la sole, son appui sur l'articulation et
les maladies qui en sont la conséquence. On peut
presque dire que la maladic naviculairc est un pro-
duit de la ferrure anglaise.
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I)U FER                                     109
Le fer arabe est une sorte de fer a planche, inuti-
lisable chez nous a cause de sa légèreté et de son
peu de solidité. Les étampures, beaucoup plus lar-
ges que les lames des clous a tête plate qui les
traversent, font que la ferrure ballotte sous le pied
et peut se déplacer légèrement dans le sens latéral.
C'est en quelque sorte une simple plaque interposée
entre le sol et la boite cornée, en lui laissant toute
sa liberté de mouvement ; or, l'innocuité de son
application en Afrique aurait bien du, depuis long-
temps, nous éclairer sur les causes des boiteries
sans nombro qui s'abattent sur le cheval arabe, le
jour oü il quitte son maréchal indigène pour tomber
entre les mains des ouvriers frangais.
Le fer russe. — En Russie, les chevaux travaillant
toujours sur un sol meuble ou sur la neige, les gros
crampons qui garnissent leurs fers n'ont que leur
minimum d'inconvénients; mais les chevaux russes
qui viennent en France et auxquels on n'a pas soin
d'enlever immédiatement ces produits exotiques, se
trainent bientót misérablement sur le pavé, leurs
membres se ruinent et, au bout de quelques mois,
ils ont disparu de la scène.
De l'application du feb. — Quand un cheval sera
amené a la forge pour être ferré, le maréchal enlè-
vera le vieux fer par les procédés connus, en évitant
les tiraillements; il l'examinera, en observant la
maniere dont il est usé, ce qui lui donnera déja des
renseignements sur la marche de l'animal et la recti-
tude de ses aplombs. Alors, s'emparant du membre,
s'il n'est pas sur du coup-d'ceil de son teneur de
pied, il remarquera les parties du sabot qui sont en
saillie et les enlèvera immédiatement; puis, s'il lui
reste de la corne a abattre, il continuera a parer au
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110          LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
raême endroit, avant de toucher aux autres parties
du sabot. En procédant autrement, il arriverait qu'un
point qui était, dans Ie principe, trop bas, étant pare
Ie premier, on ne trouverait plus sur les autres par-
ties du sabot la corne nécessaire jiour mettre Ie
pied d'aplomb, tandis que la chose sera toujours
facile, quand Ie point primitivcment en saillie aura
été pare, même a fond. On commencera donc par la
pince, si celle-ci était trop longue, ou par los talons,
s'ils étaient trop élevés. Toutefois, cette opération
dcvra se faire progrcssivement, en nivelant Ie pied
au fur et a mesure, pour ne pas s'exposer a man-
quer do corne sur un point donné et a ne pas parer
Ie pied en bateau. En effct, il existc un grand nom-
bre de pieds, ayant été mis précédemment plus ou
moins de travers, qui ne peuvcnt pas être remis
d'aplomb sans d'assez grandes precautions : Ie sabot
a poussé obliquement et, quand un point est pare a
fond, il reste encore sous Ie point correspondant une
assez grande épaisseur de corne ; la chose peut se
présenter d'un quartier a l'autre ou de pince a talon.
Nous insistons donc, en pareil cas, pour que lo nivel-
lemcnt du pied se commonce par Ie point en saillie ;
après quoi, on n'enlèvera plus de la paroi que les
parties nécessaires pour établir l'aplomb. Si toute-
fois un pied avait été assez déformé pour que la
rectification ne puisse pas en être faite, séance
tonante, par l'abaissement des parties restóes en
saillie, Ie maréchal devra confectionner un for dont
les branches, d'épaisseur inégale, compenseront les
inégalités do la corne. Il est entendu que ce travail
ne sera que momentane et se rectifiera a chaque
ferrure, au fur et a mesure que la poussé du sabot
permettra d'opérer régulièroment. Aussitot que les
dófauts d'aplomb scront rcctiüés, grosso modo, sur
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DU FER                                     111
Ia paroi, on enlèvera Ia corne qui recouvre Ia four-
chotte, celle-ci devant être a nu, pour indiquer, par
sa direction, Faplomb antéro-postórieur du pied et,
par conséquent, Ia partie du sabot a retrancher. En
effet, la fourchette, comme nous I'avons dit, repose
en arrière sur les parties flexibles et modifiabics du
pied, elle les suit dans leurs déformations et c'est
elle qui doit servir de guide a l'ouvrier.
Dans Ia coupe du pied, Ie maréchal devra toujours
tenir son rogne-pied a plat, pendant tout Ie temps
de cette opération. Il n'y a d'exception que lorsqu'il
fera sauter la partie exuberante des barros, les pla-
ques détachées de la sole et les plans obliques de Ia
fourchette.
Regie générale, et sauf de tres rares exceptions,
nécessitóes par des cas pathologiques ou unc obli-
quité trop grande du bord de Ia paroi, il no sera ricn
retranché, en dehors, au pourtour du sabot; on ne
fera, vis-a-vis la pointe de Ia fourchette, qu'une
toute petite échancrure destinée a incruster Ie piuQon.
Lo maréchal choisit alors Ie fer, qui variera sui-
vant Ie service auquel est destiné l'animal. Ce fer
devra être, sauf exceptions, légèrement aminci de
la pince aux talons. Nous avons expliqué précédem-
ment qu'un fer forgé d'une épaisseur egale dans
toute son étendue, affaibli ensuito en pince par Ie
pin§on, los étampures et l'opération de l'ajusture,
se trouve être, quand cette opération est terminée,
un véritable fer a éponges, qui s'usera en pince par
son affaiblissement dans cette région et les culbu-
tages du pied en avant. Frappant alors, dans la
marche, sur Ie talon, qui se trouve en saillie, il pro-
duira des bleimes, des douleurs vives, que Tanitnal
cherchera a évitor en reportant sa base do susten-
tation en avant. Pour éviter tous ces inconvénicnts,
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112          LE PIEÜ DU CUKVAL ET SA FERRURK
nous cmployons un fcr aminci régulièrement do la
pince aux talons, qui no fait point souffrir l'animal,
quand il est bien appliqué, puisqu'il pose a plat sur
Ie sol et qu'il ne meurtrit pas les talons; il s'use de
la maniere la plus reguliere, en sauvegardant les
aplombs du membre, en les rectifiant même, s'ils
ont été faussés précédemment.
Lorsque Ie pied est pare d'aplomb, lo fer est
chauffc et ajustó de faQon a prendre la tournure et
lo contour du sabot dans toutes ses parties, sauf Ic
cas oü, 1'un des talons étant resserré outre mesure,
l'ouvrier dcvra ménager, dans cette partie, une cer-
taine garniturc a son fer, pour rétablir, autant que
possible, la largcur de la base do sustentation. Le
pingon devra occuper la partie de la paroi correspon-
dant a la pointe de la fourchette.
Aussitót que le fer chaud sera posé sur le sabot,
le maréchal, d'un coup-d'ceil rapide, verra les modi-
fications a lui faire subir ; puis, quand il aura obtenu
une tournure irréprochable, il s'occupera de sa
coaptation avec la boitc cornéo. Pour y arriver, il
cnlèTera avec le boutoir les points qui auront été
noircis par l'appui du fer rouge. Lo fer sera replBcc
sur le pied, le boutoir fera de nouveau son office
dans Ic même sens, jusqu'a ce qu'on ait obtenu un
contact parfait. Jamais lo fer ne sera maintenu sur
la corno de fa^on a faire lui-même son assise; cotte
pratique, trop commune, est des plus désastreuses
pour le sabot qu'elle dessèche, outre les brülures et
les accidents qu'elle occasionnc.
Ajoutons que nombre de maréchaux ont la funeste
habitude de mouiller légèrement leur fer avant de
l'appliquer sur le pied; ce fer, alors, étant rouge
noir, no carbonise plus la corne, son contact est pro-
longé et le caloriquc pénètreprofondémentjusqu'aux
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DU FER                                     113
parties vives. Quand Ie fer, au contraire, est tres
chaud, il carboniso la corne qu'il touche, donno
immédiatement a Touvrier los indications dont il a
besoin, en memo temps que Ie charbon produit pro-
tégé Ie pied par son pou de conductibilité.
Quand lo fer aura cté ainsi porté, on s'occupora de
parer la solo et les barros, dont la corne avait été
réservée pour protéger les parties vives contre
róchauffemont que produit lo fer. Comme nous
l'avons dit, la solo sera enlcvée de fagon a éviter
tout contact avec Ie fer, surtout dans la jjartie qui
confine aux talons, comprise dans l'angle formé par
la barre et la paroi; l'évidement en sera fait jusqu'a
l'extrémité compacte du talon ; on óvitera ainsi de
nombreuses bleimes. Pourtant nous voyons journel-
Icment des fcrs posant sur la sole, sans qu'il semble
en résultor d'accidents : cetto immunitó est la consé-
quence d'un défaut d'aplomb du pied, i^roduit par
une pince trop courte ou des talons trop hauts. Il y
a, dans co cas, un renversement complet des mou-
vements d'élasticité, qui semblerait heureux si ses
conséquences fachcuses, dans un autre sens, n'ame-
naient pas des accidents bien plus désastreux.
Sauf lo cas do pied dérobó, les étampures seront
disposées rógulièrement sur Ie fer, dont olies n'occu-
poront que la moitié antérieure, habitéo par l'os du
pied, et los contrc-perguros, assez larges, dovront
tomber sur lo bord interne de la paroi. Dans Ie cas
OLi l'état du pied ne pormettrait pas une disposition
symétriquo des étampures sur les rógions anté-
rioures du fer, on pourra en mettre une de plus on
talon sur une branche, a condition de laisser 1'autre
branche libro. Getto mesure est alors absolument
indisponsablc.
Dans l'ajusturcj la pince seule sera tres légèrement
8
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114           LE PIED DU CIIEVAL ET SA FERRURE
relevée, les branches seront toujours a plat, de telle
sorte qu'une règle, placée transversalement sur ellcs,
soit en contact dans toute leur largeur. Si l'état du
pied faisait craindre un appui du fer sur la solc, on
donncrait un coup de marteau sur la face supé-
rieure du fer, a sa rive interne, de fagon a révidcr
légèrement, comme dans la ferrure anglaise, pour
empêcher son contact. Les éponges ne seront pas
évidées ; ellcs resteront a plat et iront jusqu'a l'ex-
trémitó dos talons, qui devront toujours s'y appuyer.
Avant de fixer Ie fer, un léger coup de rapé enlè-
vera simplement lo bord tranchant de laparoi, ainsi
que les bavurcs qui pourraient s'y trouver, mais on
se gardera bien d'en diminuer l'épaisseur.
Une recommandation importante est a faire, dans
1'implantation des clous : la pointe de l'afïilure devra
toujours attaquer la corne dans Ie centre de la contro-
perQure. Grace a cette précaution, Ie fer ne se dépla-
cera jamais et l'on évitera ainsi une pratique brutale
qui consiste a Ie remettre en place, a chaque clou, a
grands coups de brochoir, en faisant levier avec les
tricoises et tordant ainsi les lames implantées dans
la corne, que l'on déchirc.
Un tres léger coup de rapé terminera l'opération,
en enlevant simplement la saillie des rivets.
Pour Ie pied de derrière, on devra s'attacher a se
rapprocher, dans la limite du possible, de la forme
ellipsoïde, au lieu de la forme aplatie que l'on voit
journellement et qui est la cause première d'uno
foule d'accidents et de déformations. On donnera au
fer la tournure du pied, sans craindre que l'animal
se coupe ; mais on devra, pour cela, Ie mettre parfai-
tement d'aplomb.
Après avoir exposé sommairement les principalcs
précautions a prondre dans la ferrure ordinaire, je
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115
DU FER
dirai un mot du fer a pingons obliques, que j'ai
imaginé, en 1862, et dont j'ai fait rhistoriquc. C'est
lui qui a été Ie point de départ de tous mes travaux
et, comme il m'a rendu de grands services, je dois
donner les moyens de s'en servir, pour en faciliter
l'application.
LBCEMDE :
1   Kace inférieure du fer.
2   Face supérieure du fer.
3  Epongcs et pin^ous.
4  el 5 Vpplieatiuii du fer.
Ce fer, comme on Ie sait, est un fer ordinaire, sur
loquel se trouvent, sur la rive interne et a l'extró-
mité des branches, deux forts pingons, comme dans
Ie for de Defays ; mais cos pingons, au lieu d'otre
perpendiculaires pour s'ajuster a la face interne do
la muraille, qu'ils tiraillent ctimmobilisent, sont tres
obliques. lis correspondent a la face inférieure et
interne du ropli compacte des talons et ferment ainsi
deux surfaces de glissemcnt, inclinées en sens con-
traire, sur lesquelles les talons se meuvent, comme
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116         LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
dans Ie fer a pantoufle, mais dont les actions sont
limitées et ne sont qu'une soUicitation dans Ie sens
de l'élasticité normale et un massage continuel du
pied. Lorsque Ic mouvement de va-et-vient a usó la
corne et Ie fer et qu'il n'y a plus contact, celui-ci
est rétabli, sans tiraillements, au moyen de l'étau.
Pour Ie fabriquer, on prend un fer ordinaire assoz
dégagó, légèrement aminci en éponges, on l'ajuste,
sans garniture, sur Ie pied, après que cclui-ci a óté
pare d'une maniere absolument irréprochablo. Si
l'aplomb du pied laissait, Ie moins du monde, a dé-
sirer, Ie fer ferait plus de mal que de bien ; car, en
mobilisant Ie pied et forgant les mouvements d'élas-
ticité, il exagérerait Ie défaut, au licu de lo rectifier.
Lorsque Ie fer est ajusté, porté sur Ie pied et rogné
a la longueur exacte des talons, qu'il n'y a plus, en
un mot, qu'a Ie clouer, on chauffe une des éponges
et, la plagant sur la bigorne, dans la direction de
l'axe du fer, la rive interne en dessus, on frappe sur
cette rive, a faux, de fagon a relever a l'intérieur un
plan incliné de 20° environ, de un ou deux centi-
mètres de longueur et interessant, a peu pres, les
deux tiers de la branche, en largeur. Nous rcpétons,
a dessein, que l'on devra toujours frapper a faux
pour relever Ie pingon, car s'il en était autrement,
la bigorne creuserait a la base du plan incliné un
sillon plus OU moins profond, dans Icquel Ie talon
viendrait se mouler et s'immobiliser. D'un autre
cótó, l'opération détcrmine habituellement une tor-
sion de la branche que l'on devra rectifier avec soin,
sans quoi lo fer ne portcrait plus et Ie pingon serait
inutile.
Avec ces quefqucs précautions, absolument néces-
saires et de pratiquo courante, oa ne rencontrera
pas la moindre difficulté.
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DU FER                                     117
On évitera de fabriquer un pingen creux, sa sur-
face de glissement dovant être plane et se relier en
mourant avcc la partie de la branche qui reste ho-
rizontale. On répète la même opération sur l'autro
branche.
Ceci fait, on pose Ie fer sur Ie pied, oü les pin-
cjons, chauffés, se moulent. 11 ne reste plus alors
qu'a clouer ; mais, ici, on devra prendre une pré-
caution, qui s'impose sous peine de non-réussite :
la, pointe du clou a implanter devra. toujours
attaquer la corne ■perpendiculairement, dans Ie
centre de la contre-perqure.
En effet, un clou placó
d'une autre fagon, qu'il soit incliné ou piqué en
dehors du point que nous avons indiqué, déplacera
légerement Ie fer et les pingons ne seront plus en
contact; l'un forcera et l'autre n'agira plus. Une
bonne précaution encore est de ne pas brocher les
clous a fond du premier coup ; cette opération se fait
quand ils sont tous places.
Toutcs les fois qu'un clou déplacera Ie moins du
monde un pingon, il devra être arraché et il ne sera
replacé qu'après les autres, sans quoi il retomberait
toujours dans l'ancien trou, a moins d'être incliné,
ce qui est un autre inconvénient.
Au bout d'un certain temps d'application, les pin-
cons ne sont plus en contact avec les talons, soit que
ceux-ci se soient ouverts ou que les mouvements de
glissement aient usé les surfaces de frottement : on
engage alors l'étau entre los branches du fer, contre
les pingons, et on tourne légerement la vis, jusqu'a
ce que Ie contact soit rétabli ; a ce moment, les
pingons faisant effort sur les talons, ceux-ci remon-
tent, en produisant un léger écartement entre eux et
la partie plane du fer; un léger coup de marteau
donné sur la mamelle, en lachant la main, fixe
-ocr page 116-
118           LE riED DU CIIEYAL ET SA FERRURE
récartomont dos branches, et l'ótau se détachc tout
seul.
Ajoutons cncore (ju'on devra êtro sobre do dila-
tations, quoiqu'elles soient assez inoffensivcs; Ie
plus souvent, lo rétablissoment du contact suffira,
les véritables régénérations du piod s'opórant prin-
cipalcment par Ie bourrelot.
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DE LA BOITERIE                                 119
CHAPITRE Vin.
DE LA BOITERIE *
Examen du cheval boiteux. — Etude du pied. — Précau-
tions a prendre. — Pied plat. — Picd comble. — Pied
enoastclé. — Pied de travers. — Pied pin§ard. — Picd
' cerclé. — Pied dérobé. — Bleimc. — Scimc. — Cheval
qui se coupe. — Cheval qui forgc. — Fourmilière. —
Fourbure chroniquc.
On dit qu'un cheval est boiteux lorsqu'on rcmar-
que, choz lui, inégalitc dans Ie fonctionnement du
bipède antérieur ou postérieur ; ot cependant, nom-
bre de chevaux, qui marchent d'une fa^on a peu pres
reguliere, sont boiteux. Ce dernier fait se produit
lorsqu'uno douleur quelconque existe dans les deux
membres, au lieu de n'en affecter qu'un seul ou
d'ètro inégale dans les deux. Ce phénomène, du
roste, est absolument commun, et los chevaux en
proie a une dóformation ou a une douleur a peu pres
uniforme des deux pieds sont dans ce cas. Quand
lo fait se produit sur Ie devant ou sur Ie derrière, on
en arrive a dire qu'un cheval est usé du devant ou
du derrière, suivant Ie bipèdo qui a óté Ic plus
éprouvó. Ainsi, tol cheval qui avait do grandes
allures, qui attaquait Ie sol avec hardiesso et légè-
rcté, arrive, un jour, a marchor comme sur des
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120 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
épinos, Ie membre ne fonctionne plus que particl-
lement, les allures diminuent notablement, quoique
lo cheval «e fasse qu'un petit service. Eh bien ! eet
animal est un boiteux et la cliosc est facile a cons-
tater : prenez, a volonté, un des membres malades,
ferrez-le convenablement, en supprimant les causes
de douleur; dans quelques jours, la boiterie se
dcclarora sur Ie membre opposé, et cela aussitut
que l'inégalité de douleur sera sufïisante. Cette
expérience frappante réussitpresquo toujours, quand
elle est faite convenablement.
Les vieux maréchaux excellent souvent a fabriquer
Ie boiteux des deux pieds ; ils sont routiniers, ont
des habitudes souvent déplorables qu'on ne peut pas
déraciner, ils conduisent allögrement les chevaux a
la réformo et, a toutes les observations, n'ont qu'une
réponse : a Le cherml ne boite pas ! » Ceux-la sont
assurément les plus dangereux et, pour mon compto,
j'ai toujours préféré un jeune ouvrier intelligent et
de bon vouloir a tous ces vieux réfractaires incu-
rables.
La première chosc a faire, lorsqu'on examine un
cheval boiteux, consiste a le déferrer. Après avoir
regarde s'il n'a pas une piqürc, une brülure ou uno
bleime, choses qui vous sautent aux yeux, on s'as-
sure de l'aplomb du sabot et des défauts de coupe
qui peuvent y avoir étó produits. 11 est digne do
remarque, en pareil cas, que le fer appliqué sur un
pied coupé de travers, usant davantage sur le quar-
tier le plus bas, lo défaut d'aplomb qui existait a la
sortie de la forge s'aggrave de plus en plus, au fur
et a mesure que le fer s'use.
Cette première opération faite, si l'on n'a pas
trouvé la cause de la boiterie, on examinera la défor-
mation du sabot et, avec un peu d'habitude, on arri-
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t
DE LA BOITERIE                             121
vcra, d'un simple coup-d'ceil, a une grande sürotó
do diagnostic. On vorra que tel cheval a un quartier
éculé, qui se ferme du bas dans l'appui, en com-
primant les parties sous-jacentes ; que tel autre a lo
sabot aplati latéralement; qu'un autre encore a les
barres placées de champ, tranchantes et inflexibles,
s'incrustant dans les parties vives ; quelquefois, c'est
un cartilage expulsó du sabot, forgant Ie cheval a
prendre son point d'appui sur l'extrémité de l'os ; ou
bien c'est une solo voussée en haut, qui culbute l'os
du pied en avant. On remarquera, sur certains pieds,
uno soudure anormale de la sole avec la fourchotte :
co phónomène se produit naturellement, et la plupart
du temps, sur un pied douloureux, de fagon a immo-
biliser Ie mécanisme du sabot, dont les mouvements
sont une cause de souffrance. L'observation de ce
fait no doit jamais être négligée, elle est do la plus
grande importance et donne les renseignemenls^ les
plus précieux. Il m'est arrivé, nombre de fois, en
voyant cotte soudure disparaitre, de pouvoir jorédire,
a quelques jours prés, la terminaison d'une boiterie
tres ancienne et sans amélioration apparente. Par
contre, il m'e.st arrivé, bien souvent aussi, de la voir
reparaitre, pour m'avertir d'une faute ou d'une
fausse manoeuvre dans Ie traitement d'un pied ma-
lade.
En un mot, il n'y a rien d'indifférent pour l'obser-
vatcur qui examine un pied boiteux, et il fera bien
de s'attarder a chercher parmi ces renseignements
fugacos, qui lui échapporont d'abord, les causes
d'un mal qu'on croit, trop souvent, trouver dans Ie
membre, ou il existe assez rarement.
Si une grande partie des boiteries sont dans Ie
pied, il en est encore beaucoup d'autres qui, sans y
être, y ent trouvé leur cause. En effet, il est facile
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122          LK PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
de comprondro qu'une molctto, un cffort de tcndon,
etc, ont Ie plus souvent pour origine un dófaut
d'aplomb du pied entrainant la torsion, Ie tiraille-
ment et la fatigue des parties supérieures du mem-
bre. En pareil cas, Ie redressement du pied, en fai-
sant cesser la cause, amènera prcsquc toujours la
disparition des accidents consccutifs, sans traitcment
préalable. Nous n'en excopterons, peut-être, que
l'effort du tendon ou du suspenseur, nécessitant
presque toujours l'application du feu.
Supposons, par exemple, un cheval de selle ayant
des talons serres d'une maniere inógale, avec des
barres de champ : dans certains cas, avec un pou
d'habitude, on pourra déclarer au cavalier que son
cheval refuse de tourner a droite ou a gauche ; que,
s'il boite d'une certaine fagon sur la ligne droite, il
boitera moins fort en tournant en cercle dans un
certain sens et plus fort dans Ie scns opposé. Ce
qu'il y a de curieux dans cette obscrvation, c'est que
Ic cheval boite généralemont moins fort ou nc boite
pas du tout, en tournant sur Ie membre malade, ce
qui est Ie renversement de toutes les idees recues.
Voici l'explication de ce phénomène : comme nous
l'avons dit, les talons sont serres d'une maniere
inégale, les barres sont de champ ; mais il y en a
une plus élevéo que l'autre dans l'intérieur du sabot,
et celle-la, c'est habituellement la barre interne
correspondant au talon Ie plus resserré ; or, cette
barre est tranchante et son appui sur les parties
vives est tres douloureux (nous raisonnons dans
l'hypothcse que la est la cause do la boiterie);
alors, quand l'animal tournera avec Ie pied malade
en dehors, l'appui se fora dircctcment sur cette
barre interne et la doulour en sera plus vivo. Dans
Ie cas contraire, en trottant sur lo pied malade.
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. DE LA nOITERIE                              123
1'nppui so fera sur Ie quarticr opposé, ot lo soula-
gcment sera manifeste. Ceci est, bion entendu, un
exemple entre mille pour faire comprendre notre
pensee.
Si l'exploratcur d'un pied boiteux se fourvoio
quelquefois et reohercho ailleurs, après l'avoir cxa-
minc, uno douleur qu'il n'y a pas trouvée, il lo doit
Ie plus souvent a l'emploi qui est fait généralement
des tricoises, comme moyen d'investigation ; car, si
la pression que Ton cxcrce avec eet instrument
rcussit dans les cas de piqüre, do brülure, de bleime,
otc, elle est prcsquo toujours inefficace dans lo cas
do déformation, parce qu'oUe peut déterminor unc
douleur partout uniforme ou n'en róvéler aucuno.
En pareil cas, Ie moindre petit coup frappe sur l'en-
droit présumé douloureux, et dans Ie sens oü so
l^roduit habituellement la douleur, ne manquera pas
d'indiquer que l'on ne s'est pas trompé; mais nous
devons ajouter, en outre, qu'avec une certaine habi-
tude, on n'a pas besoin de ce moyen pour recher-
chor la cause d'uno boiterie, mais plutót pour se
convaincre de lajustesse du diagnostic porté.
Ainsi, supposons un pied de travers, dont lo
quartier est plus ou moins éculé et creux dans lo
milieu de sa hauteur : la douleur, en pareil cas,
se trouvo précisément dans 1'endroit correspondant
il la partie crouse de la paroi, la courbe tendant a
s'accontuer dans 1'appui et la compression s'exagé-
rant proportionnellement. Dans ce cas, Ie moindre
pctit coup frappe dans cetto partie, avec lo manche
d'une renette, par exemple, amènera chez l'animal
une manifestation de soufïrance.
Si une barre placco do cliamp est incrustée dans lo
pied, eest sur cette barre elle-même que Ie choc
amènera la douleur, otc. ; mais, on tout cas, on
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124 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
devra s'abstenir des coups frappés un peu fort avec
Ie brochoir, car ils ne peuvent être qu'une cause
d'erreurs. Pour mon compte, je ne me sers jamais
des tricoises et je n'emploie Ie brochoir qu'avec la
plus extreme modération.
Nous avons énoncé les principes qui doivent pré-
sider a la ferrure rationnolle d'un pied, il nous reste
a dire quelques mots pour rappeler les précautions
a prendre dans Ie cas de déformations tres accon-
tuées, de boiteries ou de maladies.
Plus que jamais, en pareil cas, on devra observer
les précautions fondamentales que nous avons indi-
quées et dont aucune ne devra être négligée :
Aplombs absolus et mathématiques du pied ;
Fer ayant la tournure du sabot et de tout Ie sabot;
Ajusture a plat sur les branches ;
Fer ne portant jamais que sur la paroi et la partie
compacte des arcs-boutants, ce qui s'obtient en pa-
rant la sole et on évidant Ie fer ;
Fourchette soustraite a l'appui du sol;
Liberté des talons, obtenue par Ie rapprochement
des étampures en pince; en cas d'impossibilité,
employer les étampures unilatórales.
Ajoutons que, la ferrure étant un mal nécessaire,
on doit toujours la supprimer momentanément, on
cas de boiterie intense empêchant 1'utilisation de
l'animal. Mais, dans ce cas, Ie sabot devra toujours
être pare a fond et mis d'aplomb avec Ie plus grand
soin.
Enumérons maintenant quelques précautions ré-
clamées par certains cas particuliers :
Pied plat. — Mettre Ie pied d'aplomb, parcr la
fourchette a fond pour savoir ce que l'on doit enlever
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DE LA BOITERIE                             125
des talons, qui ne seront pas ménages, surtout s'ils
sont reployós en dessous. Fer assez dógagé, épais,
évidé, avec des éponges minoes.
Co pied, bien ferré, est celui qui se refait avec la
plus grande facilité et de la maniere la plus com-
plete, quand lo mal n'est pas exagéré.
Pied comble. — Même cas, mêmes observations.
Mais on est quelquefois obligé d'employer un fer
dégagé, mais plus épais, pour empêcher Ie cheval de
marcher sur la sole. Il est bien entendu que dans Ie
cas présent, comme dans tous les autres, Tindication
d'abattre les talons ne s'étend qu'aux parties dépas-
sant l'aplomb régulier ; toutefois il est digne de
remarque qu'on voit généralement dans Ie pied plat
un manque de talons auquel il faut remédier a tout
prix ; pour cela on se garde bien d'y toucher et on
y adapte même des éponges, des crampons, etc, etc.
Il y a la une erreur sur Ie peu d'élévation du talon
dans Ie pied plat ; sa véritable cause réside dans
l'aplatissement de la barre, inclinant Ie bas de la
paroi correspondante et Ie talon de haut en bas et
de dehors en dedans; dans ces conditions, ces
parties s'éculent, surtout si on leur laisse trop do
hauteur, et leur régénération est impossible.
On devra donc enlever les parties de talon éculé
en saillie sur la fourchette parée et s'occuper uni-
quement du relèvement de la barre avachie.
Pied encastelé, a talons hauts, a pince courte, k
quartier resserré, etc.
— Mettre Ie pied d'aplomb,
en abattant les talons, ce qui se fera séance te-
nante, amoinsque l'état des articulations ne reclame
un certain ménagement ; on fait alors l'opération on
deux fois. Fer mince en éponges, avec beaucoup de
liberté en talons.
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126          LE PIED DU CIIEVAL ET SA FEHRUHE
Pied de travers (panard ou cagneux). — Parer
lo cóté Ie plus élevé en commengant par les parties
exubérantes. Mais il arrive souVent que, ce quartier
étant a fond, il manquo cncore de la corne du cótó
opposé : on devra alors y suppleer au moyen du fcr
qui portera une branche compensatrice, de fagon a
mettre Ie pied parfaitement d'aplomb, après son
application.
Il ne faut pas oublicr qu'un pied ne se redresso
pas par Ie talon, mais paria mamclle et que la partic
saillante du fer devra se trouver sous cette mamellc,
en diminuant progressivement d'épaisseur jusqu'ii
l'éponge, qui sera mince comme sa congénère. Pour
laisser autant de liberté que possible a la branche
forle, on y mettra sculement deux étampures prés
de la pince, et les autrcs seront réparties sur l'autre
branche. On peut même, sans inconvénicnt, les
rapprocher un peu plus du talon qu'on ne Ie fait
ordinairement.
Pied pingard. — Fer a lunette ou plutót a étam-
pures unilatérales. Si Ie pied n'a pas une mobilitó
complete, la guérison est impossible, tandis qu'en
permettant aux talons de s'ouvrir et, par conséquent,
a la sole de s'affaisser, Ie pied desccnd de lui-même,
et lo défaut disparait avec la plus grande facilité.
Il est bien entendu qu'un crampon, qui rendrait
Ie talon douloureux, empêcherait Ie cheval de s'y
appuyer, et Ie défaut s'exagérerait au lieu de dispa-
raitre.
Pied cerclé. — Les cercles sur un pied étant la
plupart du temps Ic résultat du peu d'uniformiló
dans la ferrure et les aplombs, il suffit do ferrcr
convenablemont un cheval a ferrure ou a pied dé-
fectueux pour voir un cerclc saillant se produirc au
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DE LA BOITERIE                             127
bourrelet ; mais ce ccrcle est l'amorce d'un nouveau
sabot qui continuera a descendre uniformément, sans
rétrécissements, si la ferrure ne laisse rien a désirer
pendant ce temps.
Pied dérobé. — Lorsqu'un cheval se déferre, il
laisse souvent après les clous des morceaux de la
paroi; Ie pourtour du sabot ne se trouve plus alors
constitué que par une cornc déchirée et manquant
par places. Quelle que soit la cause qui a i^roduit Ie
pied dérobé, on commencera par parer Ie pied a
plat, en respectant, autant que possible, les parties
pouvant servir a l'implantation des clous. On dispose
les étampures en conséquence et Ie défaut a disparu
a la première ferrure. Los maréchaux, en pareil cas,
enlèvent toutes les portions de corne qui restent,
font un fer trop étroit qu'ils fixent de fagon a con-
tenter l'ceil, mais a faire souffrir l'animal. Pour mon
compte, jo respecte toujours autant que possible,
dans un sabot, les portions de corne pouvant servir
a placer un clou ou être utiles a l'appui.
Bleime. — Quand un cheval a une bleime, quelle
qu'elle soit, Ie pied sera mis d'aplomb, la sole paréo
a fond, pour assouplir Ie sabot ; la bleime sera
dégagée, en enlevant profondément la barre et la
pointe do la sole, sans toucher a la paroi, attendu
que la compression étant produite, soit entre la barre
et la paroi ou entre celles-ci et Ie fer, en gardant la
paroi soule, il n'y a plus de compression possible ;
partant, aucune nécessitó de Tenlevcr et d'occa-
sionner ainsi certaines déformations du sabot.
On ajustera, sur tout Ie pied, un fer a éponges
tres minccs, avec une branche tres libre du cóté
malade. Si l'animal ne peut pas être utilisé, il sera
déferré.                          .                 .                 ,■,,■•
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128 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
Le fer a lunette réussit aussi fort bien dans nom-
bre de cas ; mais, nous l'avons dit, il devra toujours
aller en s'amincissant de la pince aux éponges, qui
n'auront pas plus d'épaisseur qu'une lame de cou-
teau.
Seime : Seime en quartier. — Mêmes précau-
tions, a peu prés, que pour la bleime : aplombs
réguliers, fer a étampures unilatérales, fer a lunette,
fer a pingons obliques, en un mot, tous les moyens
qui peuvent servir a rappeler, dans la limite du pos-
sible, les mouvements d'ólasticitó normale du pied.
Sebyie en pince. — Obtcnir, par tous les
moyens, la régénération du bourrelot et la destruc-
tion des causes qui ont produit l'accident : fer a
étampures unilatérales, a lunette, quelquefois, comme
nous l'avons dit, un léger coup de renette en long et
même en travers au bourrelet, pour détruire le
commencement de la fente. On peut aussi enlever,
dans cette partie, un petit triangle de corne, dont la
base est au bourrelet. Généralement, je ne fais rien.
Le cheval qui se coupe. — Quand un cheval se
coupe, la première cliose a rechcrchcr est la cause
du défaut, afin de pouvoir la supprimcr, condition
sine qua non de la réussitc.
Avant tout, et règle sans exception, le cheval sera
mis parfaitement d'aplomb. Si Ic pied so trouvait
tellement de travers qu'il fut impossible do le re-
dresser complètemcnt dans une séancc, on y sup-
pléera par la différence d'épaisseur des branches du
fer. Les clous seront supprimés en talons, quelque-
fois on les supprimera sur toute la branche interne,
exceptó a la pince ; mais cetto branche suivra néan-
moins le contour du pied, et l'on s'absticndra sur-
tout
do cette affreuse habitude qui consistc a sup-
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DE LA BOITERIE            "                129
primer avec la rapo l'épaisseur du quartier interne.
Dans Ic cas d'une mamelle interne saillante, sur un
pied antérieur, on appliquera un fer ordinaire, au-
qucl on aura retiré une ou même deux étampures
sur la mamelle, afin de pouvoir tenir cette partie
plus étroite et retrancher la portion de paroi corres-
pondante.
Il est bien entendu que Ic fer ne subira que cette
légere modification et qu'on se gardera bien de
reporter vers les talons les deux étampures sup-
primóes. Avant de faire cette opération, on fera mar-
cher l'animal pour se rendre compte de la partie du
for qui touche. En cas de doute, on pourra appliquer
sur la partie Icsée un peu d'onguent de pied noir,
que l'on retrouvera sur Ie fer, au point a modifier.
11 est inutile de répéter ce que nous avons déja dit
sur la suppression des causes du défaut qui nous
occupe : régularisation dos allures faussées, sup-
pression des fers trop lourds, etc. ; mais, en em-
ployant méthodiquement les moyens que nous ve-
nons d'indiquer, on peut être assuré d'empêcher,
dans un temps donné, un cheval de se couper; ce-
pondant, comme Ie succes n'est pas toujours instan-
tane, on pourra, en l'attendant, mettre a l'animal
une bottine quelconque pour préserver la partie
malade de nouvelles blessures, jusqu'au jour oü Ie
défaut aura disparu.
Quant au fer a la turque et autres procédés plus
OU moins ingénieux, ils sont, Ie plus souvent, im-
puissants, quand Ie résultat de leur emploi n'est
pas la perte des allures et la ruine prématurée
de l'animal.
Le cheval qui forge. — Les défauts d'aplomb
scront rectifiés ; si le cheval, par exemple, forge on
voute sur un fer trop couvert, on lui mettra un fer*
9
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130 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
dégagé ; si, au contraire, il forge en éponges, colles-
ci seront amincies ou taillées en biseau; sur un
autre, c'est la garniture qu'il faut supprimer, etc,
etc. Dans tousles cas, on s'appliquera a employer
une ferrure aussi irréprochable que possiblo, qui
permettra la rectification du mccanismc faussé et
rétablira son harmonie. Les fers devront être légers
et les pieds postérieurs seront ferrés avec beaucoup
de soin ; aplombs irréprochables avec une branche
libre.
La fourmüière. — La fourmilière, produite par
les mêmes phénomènes que la foui'bure chronique,
est, en petit, la même affection. Sauf les difficultés
d'application, elle reclame Ie même traitemcnt :
rectification du bourrelctparles ai^lombs et Ie rappel
de l'élasticité; puis fabrication d'un sabot neuf, dans
ces conditions.
Fourbure chronique. — Si cette maladie est cu-
rable dans un grand nombre de cas, elle nécessite,
néanmoins, une surveillance constante ot une tres
grande habitudc ; car, ne l'oublions pas, la moindre
erreur, au cours du traitement, remet tout en causo
et l'opération est a recommencer complètement, avec
des difficultés de plus en plus grandcs.
La première chose a faire est de parer Ie sabot
parallèlement a la face plantaire du pied ; mais, pour
cela, on est obligé d'abattrc Ie talon, suivant une
coupe parallèle a la fourchcttc. 11 est inutile de dire
que cette coupe n'intéressera que la partie posté-
rieure du sabot, faisant avec la coupe primitive un
angle tres accentué. Lorsqu'on abandonnera Ie pied,
Ie cheval reposera sur la nouvelle coupe et la pince
sera en l'air, distante quclquefois du sol de plusieurs
centimètres.
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DE LA BOITERIE                             131
Lorsque la chose est possible, Ie meilleur moyen
est d'abandonner, dans ces conditions, Ie cheval, non
ferró, dans un pré, en ayant soin de venir tres sou-
vent parer Ie pied, pour enlever la corno qui pousse
en talons. Les ondées cornées qui émanent du bour-
relet se rectifieront peu a peu, leur divcrgence dimi-
nuera ; la croissance, qui était exagérée en talons,
so ralentira sous rinfluenco de la surcharge qui l'en-
travera; parcontre, elle sera sollicitée sur lesparties
antérieures soulagées.
Lorsque l'ondée cornóe est arrivée a l'uniformité,
on a l'amorce du nouveau sabot, qui se refera com-
plètement; mais, nous Ie répétons a dessein, il faut
uno surveillance continuelle et des rectifications tres
fréquentcs, attondu que Ie sabot, ayant une tendancc
a pousser d'une maniere inégale, la moindre négli-
gence amène une rechute.
lei, nous devons nous souvenir d'un principe, dont
l'oubli scrait la cause de nombreux mécomptes :
nous avons dit que, lorsqu'un cheval souffre, il
prend, comme aplomb. Ia position qui Ie soulage.
Nous avons dit aussi que l'abaissement exagéró du
talon produit Ie redressement du boulet et du pa-
turon ; or, si pareille chose venait a se produire, ce
mouvement accentuerait l'obliquité du bourrelet vis-
a-vis du rayon; les phalanges, en se redressant,
culbuteraient a nouveau lo bourrelet en avant, et
l'opóration, qui devait sauver l'animal, produirait
exactemont l'effct contraire. 11 arrive, en outre, que
des chevaux en traitement ont déja une certaine
raideur des articulations; d'autres, fortement cons-
truits, ont les charnières peu flcxibles. Toutos ces
choses devront faire l'objet d'une observation sé-
rieuse, pour se rendro compte de la direction a
donner au membre et ne plus s'en départir. 11 est
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132          LE PIKD DU CIIEVAL ET SA FERRURE
donc facile de comprendre qu'un cheval atteint do
fourbure chronique sera dans de meilleures condi-
tions de guérison, s'il a Ie membre un peu mince,
avec des articulations flexibles, toutes choses égalcs
d'ailleurs, qu'un autre ayantla conformationopposée.
Toutc la corne de pince devra être conservée, car
elle pourra, quelle qu'elle soit, devenir tres utile, a
un moment donné, pour l'implantation des clous.
Au fur et a mesure que Ie pied pousse, la partic
qui sert a l'appui s'agrandira; mais on devra tou-
jours parer a plat, sans s'occuper des parties du
sabot qui seront désagrégées et relevées en avant;
on se guidera uniquement sur la direction de la
fourchette.
Si l'animal doit être ferré,il est bien entcndu quo
la ferrure doit se bomer a obtenir les effets que nous
venons d'indiquer; c'est dire qu'il n'y a pas de fcr
spécial pour la fourbure chronique et que l'on devra
s'inspirer des phases de la maladie, des circons-
tances particulicres et des ressources dont on dis-
pose.
Quelquefois, on applique un fer a lunette, d'uno
tres grande épaisseur en pince, tres fortement dc-
gagé et muni de deux petites éponges minces, s'en-
gageant sous les parties antérieures do la nouvelle
coupe du sabot et destinées surtout a protéger l'an-
gle formé par les deux coupes divergentes, a en
empêcher l'usure et, par conséquent, Ie culbutage du
pied en avant. Inutile de dire que, dans certains
cas, l'épaisseur du fer en pince doit être calculée de
fagon a remplir Ie vide existant entre Ie sol et la
pince du sabot.
On sera forcé de faire quelquefois des clous d'unc
grande longueur, si l'on ne pratique pas sur Ie bord
du fer un petit épaulement pour pouvoir los placcr.
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DE LA BOITERIE                             133
D'autres fois, on confcctionne un fer tros long ; il
est porto sur la partie relevée du pied et les bran-
ches sont coudées ensuite, de maniere a leur faire
prendre la direction de la nouvelle coupe du sabot.
Quelquefois encore, ce fer peut porter deux petites
bosses sur les mamelles, de fagon a prolonger on
avant la longueur de la base de sustentation. La
pince du fer sera mince, pour y mettre des clous ;
mais, nous répétons encore d'une maniere formelle,
qu'il ne doit jamais y avoir de clous vers les talons.
Ce que nous venons de dire sufïira pour faire
comprendre tous les moyens que l'on peut employer,
suivant les cas ; souvent même, le fer devra être
changó, d'après les modiflcations subies par le pied.
Le seul but a atteindre, le seul objectif a avoir, c'est
de tailler le sabot parallèlement a la face plantairo
du pied et de ne pas entraver les mouvements
d'élasticité du sabot.
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134          LE PIED DU CUE VAL ET SA FERRURE
DE L'ORTHOIÈTEE
Quand on examino l'aplomb d'un pied, il est de la
plus grande importanco do se placer dans la po-
sition que nous avons indiquée, car, dans toute autre
position, Ie membre serait vu de travers et l'aplomb
faux. C'est pour démontrer cette vérité et la faire,
en quelque soi'te, toucher du doigt, que j'ai imaginé
un instrument spécial, l'orthomètre, qui n'ost autre
chose qu'une équerre, inutile dans la pratique, mais
destinée a servir de moyen de controle et de démons-
tration.
T
Une règle plate RR, dcvant être placóe dans Ie
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135
DE L ORTIIOMETRE
plan médian du canon, c'ost-a-diro dans Ie plan par-
tageant par la moitié Ic canon et les tondons, ainsi
que toute la région digitée,
dans l'extension, et abandon-
née a elle-mêmo, est munie
d'arcs mobiles, A A', pour
cmboiter Ie membre et la
fixer, Ces arcs sont comman-
dés par une vis spéciale, V V,
qui les ouvre ou les ferme
d'uno maniere egale. Cette
règle est prolongée par une
tige, T T, articulée dans Ie
même plan et inflexible dans
les autres sens ; enfin, a l'ex-
trémité de cette tige se trouve une autrc règle, MN,
qui lui est perpendiculaire. C'est cette derniero pièce
qui doit se rabattre sur lo sabot et s'y appliquer
complètement, quand il est pare d'aplomb.
On peut voir, dans l'application, que Ie moindre
mouvement de cóté imprimé a la règle directrice,
qui doit rcprésenter Ic rayon visuel de l'observateur,
imprime a la règle inférieure des changemcnts
d'aplomb ónormos, et l'on comprendra quelle est
l'importancc de la position que l'on est forcó de
prendre pour examiner les aplombs d'un chcval.
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136          LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
DE L'ANE ET DU MULET
L'homme fabriquant des vaches sans corncs, des
chiens sans queue ou des bassets a jambes torses, il
est encore plus facile do faire a l'ane et au mulet
Ie pied hétéroclite que nous lui connaissons. Pour-
tant, on est généralement persuadó que ce pied est
normal et que la ferruro qui lui est universellement
infligée est la seule qui lui convient. Eh bien ! j'ai
vu, dans Ie Poitou, pratiquer en grand l'élevage du
mulet; j'ai vu, dans los cours dos fermes, nombrc
de jeunes animaux, errant en liberté autour de la
meulo do paillo qui leur sort de nourrituro, ayant
des sabots comparables a ceux de bien des poulains
places dans les mêmes conditions ; j'ajouterai que
beaucoup de ces animaux ont un trot fort remar-
quable qu'ils perdent, du reste, plus ou moins, aus-
sitót qu'ils ont passé par la forge et que leur pied so
déformo.
Pourquoi Ie mulet no serait-il pas ferré rationnel-
lement, comme Ie cheval, avec un fer fagonné pour
son pied et suivant les mêmes principes ? Pourquoi
Ie condamner a cette informe chaussuro qui Ie tor-
ture et avec laquelle il ne marche que grace k sa
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DE l'ane et du mulet                  137
rusticitó et a son endurance ? Les regies qui régis-
sont la ferrure du cheval doivent lui être appliquées,
et il est bien certain qu'un mulet ne serait pas plus
mauvais si son pied était moins pingard et moins
atrophié.
Nous terminerons ces réflexions sur l'ane et Ie
mulet par quelques mots sur une question, en appa-
rencc bien étrangère a notre sujet, mais qui s'y rat-
tache cependant d'une maniere sérieuse :
Comment se fait-il que les beaux mulets du Poitou
soient d'assez tristes animaux de bat ? Et la choso
est incontestable, pour qui les a vus, en campagne,
en concurrence avec les petits mulets arabes, par
exemple. Ne serait-ce pas parce que Ie baudet repro-
ducteur, enfermé dans une cage, dont il ne sort que
pour la saillie et ayant, comme conséquenco, des pieds
encastelés et do longueur démesurée, atrophiés et
rendant leur possesseur incapable de la moindrc
marche, il est nécessaire, pour corriger un sem-
blable défaut, do fabriqucr une jument spéciale, dito
mulassière, et dont Ie premier mérite est d'avoir
des pieds plats d'une largeur extraordinaire ? Comme
complément de conformation, cette jument a un
gros ventre et un dos plongé, qu'elle transmet a son
produit. No pourrait-il donc pas se faire qu'un bau-
det, avec des pieds ordinaires, nécessitat une jument
du même genre, mais mieux conformée ?.....
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138 LE PIED DU CHEVAL ET SA FERRURE
CONCLUSION
En résumé, nous sommes convaincu que la maré-
chalerie est une question tres importante et grosso
de conséquences. En mottant en pratique quelques
données, dont l'application n'offre aucuno diiïiculté,
on peut maintenir rintégritó des allures d'un grand
nombre de chevaux et prolonger leurs services jus-
qu'a un age qui constitue actuellement presque un
cas exceptionnel. En outre,onpout, lorsqu'un animal
est atteint de déformations et de maladies des pieds,
dont une ruine prématurée est la conséquonce pres-
que forcée, on peut, dis-je, par une ferruro ration-
nelle, amener, dans son état, de grandes amélio-
rations et, avec quelques précautions, Ie mettre a
même, dans la plupart des cas, de travailler sans
douleur, comme un animal sain.
Cependant, on ne devra pas se dissimuler qu'il
existe des animaux dont les pieds sont déformés et
douloureux depuis des années, et que quelques
jours ne suffisent pas pour remédier a des accidents
aussi anciens. 11 y a même des sabots qui doivent
être refaits complètoment. Toutefois, il est rare
qu'on n'obtionne pas, au bout de quelques jours,
uno amélioration notable, qui ira en s'accentuant
jusqu'a guérison complete.
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CONCLUSION                                 139
Ajoutons qu'un animal en traitemont travaillera,
et dolt même travailler, autant que la chosc sera
possible, attendu que Ie repos est Ie plus grand
enncmi du pied du cheval, et que la première con-
dition de son intégrité ou de sa régénération est lo
rétablissement et Ie fonctionnement de ses mou-
vements normaux.
Il existe assurément des boiteries dont on ne
triomphe pas, mais elles sont beaucoup plus rares
qu'on ne croit. On pourra s'en convaincre en prati-
quant minutieusementet avec suite tousles principes
que nous venons d'émettre ; les resultats que l'on
obticndra dépasseront assurément toutes les prévi-
sions.
Les ouvriers appliquent la ferrure beaucoup trop
par a peu pres ; ils en font une affaire de métier,
quand elle devrait être une question d'art, et l'art
ne souffre pas la médiocrité.
A. WATRIN,
Vétérinaire militaire en retraite,
Chevalier de la Légion d'Honneur.
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TA6LE DES MATIÈRES
—<i.'BNa*-V^^>—
#                                                                        Pagea.
Préface....................................... 5
plléliminaires et hlstoriquk de la question___ 7
Premières expériences. LeferDefays. Le Désencas-
teleur. Le Podomètre. Expériences offlcielles a
Versailles en 1863. Rapport de la Commission
d'hygiène hippique. Ordre ministeriel. L'auteur
est envoyé a l'école de cavalerie de Saumur en
1865.
Chapitre I. — Des Membres et du Pied......... 25
Membres antérieurs. Membres postérieurs. Le Pied.
Chapitre IL — De la Déformation et de la Oon-
FORMATION..................................       32
Talons trop bas ou pince trop longue. Talons trop
hauts ou pince trop courte. Quartier interne trop
bas ou externe trop haut. Quartier externe trop
bas OU interne trop haut. Conformation et défor-
mation. Action de la ferrure. De la fourbure.
Chapitre III. — Des Accidents consécutifs a la
Déformation............................... 59
La fourchette échauffée. La bleime. La seime. L'oi-
gnon. Le javart cartilagineux. La forme. Tares
osseuses. Tares molles. Des efforts. Les crevasses.
Le harper ou éparvin sec.
Chapitre IV. — Le Oheval qui se coupe........ 75
Membres antérieurs. Membres postérieurs.
-ocr page 140-
142                        TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Chapithe V. — Le Oheval qui forge............ 82
Causes générales. Rólc de la ferrure.
Chapithe VI. — Des Aplombs................... 88
Coupe transversale. Coupe antéro-postérieure. Mem-
bres antérieurs. Membres postérieurs.
Chapithe VII. — Du Fer....................... 95
Forme du fer. Ajusture. Garniture. Des crampons.
Du pinQon. Fer frangais. Ferrure Charlier. Fer
anglais. Fer arabe. Fer russe. De rapplication du
fer.
Chapithe VIII. — De la Boiterie............... 119
Examen du cheval boiteux. Etude du pied. Précau-
tions a prendre. Pied plat. Pied comble. Pied en-
castelé. Pied de travers. Pied pingard. Pied cerclé.
Pied dérobé. Bleime. Scime. Cheval qui se coupe.
Cheval qui forge. Fourmilière. Fourbure chro-
nique.
                                            ^                        *
De l'Orthomètbe............................... 134
De l'Ane et du Mulet......................... 136
conclusion..................................... 138
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SAINT-ÉTIENNE, IMPRIMERIE THEOLIER BT C'",
llue Gérentet, 12.
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